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Chapitre 5 : Macromolécules

1. Généralités
• Les macromolécules (polymères, protéines, …) sont des molécules de grande taille massique et
dimensionnelle. Par exemple, la masse molaire de l’hémoglobine est 68000 g/mol ; elle est très grande par
rapport à celle d’une micromolécule telle que l’urée : 60 g/mol.
Les polymères artificiels : sont des macromolécules caractérisées par la répartition d’un motif structural de
base. Les polymères formés de motifs chimiquement identiques sont des homopolymères. Les polymères
formés de plusieurs types d’unités de base unies entre elles ; sont les copolymères.
Les polymères naturels (biopolymères) : sont d’une extrême variété à savoir : les protéines ; les acides
nucléiques ; les polyosides ; les copolymères biologiques et les polymères isopréniques.
• Les colloïdes sont des solutions formées des macromolécules de masse molaire supérieur à 5000 g/mol ou
d’agrégat atomique dont les propriétés physico-chimiques sont différentes des solutions micromoléculaires
(solutions homogènes). Il s’agit d’un mélange hétérogène de particules dont les dimensions vont du
nanomètre au micromètre. Exemples : le lait est une suspension colloïdale de globules gras dans l’eau ;
certaines protéines telle que la gélatine, les glucides tels l’amidon ou la cellulose.
Sols et gels : Un colloïde à l’état liquide est souvent appelé sol d’où les molécules de la solution ne sont
pas totalement indépendantes les unes des autres (exemple : la gélatine). Le refroidissement du gel
augmente les liaisons intermoléculaires et conduit à la formation d’un réseau doué d’une certaine rigidité.
Celui-ci emprisonne dans ses mailles, le liquide (solvant). Le processus continu et le sol s’est transformé
en gel. La quantité du solvant dans le gel est considérable et peut atteindre 99% du poids total.
• Une suspension (solution hétérogène) : c’est la dispersion d’un solide dans un liquide (suspension liquide)
ou d’un solide dans un solide (suspension solide). Exemples : farine suspendue dans l’eau ; la poussière
suspendue dans l’eau ; le sang est une suspension de cellules (globules rouges) dans le plasma.
• Tableau : Comparaison entre les trois grandes classes des solutions
Solutions micromoléculaires Colloïdes et solutions Suspension
macromoléculaires
Traversent les filtres/ultrafiltres Traversent les filtres ordinaire Ne traverse pas un filtre simple
Dialysables Retenu par les ultrafiltres et les Non dialysable
membranes dialysantes.
Sédimentation très faible Sédimentation lente Sédimentation rapide
Invisible à l’ultramicroscope Visible à l’ultramicroscope Visible au microscope
Dimension < 10𝐴° 10𝐴° à 1000𝐴° > 1000𝐴°
Nombres d’atomes < 103 atomes Entre 103 𝑒𝑡 109 atomes > 109

• La solubilité des colloïdes est variable : elle dépend en particulier de la force ionique et le PH.

(1)
• En solution : les colloïdes développant une énorme surface de contact.
• La molarité des macromoléculaires est faible à cause de leur grande taille (pour une de solution de Cp=70g/l
d’albumine de M= 70000g/mol, Cm = 1mM). Il en résulte que les techniques de tonométrie ou la cryoscopie,
sont inutilisables.
• Au contraire dans de nombreux cas la mesure de la pression osmotique s’avère d’une très grande utilité.
Par exemple, la pression oncotique qui représente la pression osmotique créée uniquement par des protéines
(macromolécules) : 𝜋 = 𝑅𝑇𝐶𝑃 . Avec : 𝐶𝑃 : est la concentration en protéines (en mol/m3).
• La diffusion des macromolécules est lente : pour les macromolécules à température ordinaire :
1
𝐷 = 3,21. 10−5 3 ; Avec : M : masse moléculaire de la substance diffusante.
√𝑀

2. Propriétés cinétiques des macromolécules


2.1. Vitesse de sédimentation dans le champ de la pesanteur « 𝑔⃗ »

Il est possible de réaliser une formation de dépôt macromoléculaire sous


l’action du champ de pesanteur 𝑔⃗. On dit que les molécules sédimentent.

Considérons une particule macromoléculaire de forme sphérique de rayon r et de masse volumique  lâchée
sans vitesse initiale dans un milieu de masse volumique 0 et de viscosité . La particule est donc soumise à
son poids P, à la poussée d’Archimède FA et à la force de frottement de Stockes F = f.v. La vitesse de
2 𝑟2
sédimentation vs (ou vitesse limite vl) de la particule est atteinte très rapidement : v𝑠 = (𝜌 − 𝜌0 ). g
9 η

(Démonstration : voir le cours de l’hydrodynamique).

2.2. Vitesse de sédimentation dans le champ centrifuge « 𝑎⃗𝑐 »


a) Centrifugation : pour augmenter la vitesse de sédimentation calculé précédemment il faut augmenter
l’accélération pesanteur 𝑔⃗. Cela est réalisable en substituant 𝑔⃗ par une accélération centrifuge 𝑎⃗𝑐 .
Les forces agissant sur une seule macromolécule à séparer, située à une distance x du l’axe de rotation sont :
- La force de poids ou de pesanteur (descendante) : P
- La poussée d'Archimède (ascendante) : FA
- La force de friction : Fv
- La force centripète : F'c
- La force centrifuge Fc
Remarque : Fc = F'c => elle est suivant l’axe horizontale (x)

(2)
La macromolécule est soumise à un mouvant circulaire uniforme de vitesse angulaire de rotation 𝜔 en rad/s :

𝜔 = 2N, où N est le nombre de tours par minute : Tr/min.

Centrifugation : si la vitesse 𝜔 est inférieure à 104 rd/min.

Ultracentrifugation : si la vitesse 𝜔 est supérieure à 104 rd/min.

La séparation s'opère par l'action de la force centrifuge Fc sur les composés. Cette force centrifuge, exprimée
en newtons, est donnée par la relation : ‖𝐹⃗𝑐 ‖ = 𝑚∗ . 𝑎𝑐

𝑎𝑐 = 𝜔2 . 𝑥 : est l’accélération centrifuge (en m/s2)

𝑚∗ : est la masse apparente de la macromolécule dans le milieu considéré.

La force apparente : 𝐹 ∗ = 𝑃 − 𝐹𝐴

𝐹∗ 𝜌0
La masse apparente 𝑚∗ est « le poids apparent divisé par g » => 𝑚∗ = => 𝑚∗ = 𝑚 − 𝑚0 = 𝑚 (1 − )
𝑔 𝜌

𝑚: masse réelle de la macromolécule (dans le vide) ; et 𝑚0 sa masse associée à la poussée d’Archimède.

𝜌0
Donc : 𝐹𝑐 = 𝑚 (1 − ) 𝜔2 𝑥
𝜌

Suivant la direction horizontale (x) : le régime permanent est atteint lorsque la force de frottement Fv équilibre
la force centrifuge Fc, fonction de x, abscisse de la particule :

𝜌0
𝐹𝑐 = 𝐹v => 𝑚 (1 − ) 𝜔2 𝑥 = 𝑓. v : c’est la condition du régime permanent.
𝜌

b) Constante de Svedberg (notée S) : la constante de Svedberg ou constante de sédimentation est définie par
𝜌0
𝑚(1 − ) v
𝜌
le rapport suivant : 𝑆 = = 𝜔2𝑥
𝑓

Il s’exprime en seconde (s) ou en Svedberg (Sv) tel que : 1𝑆v = 10−13 𝑠

Exemples : Pour l’hémoglobine M=68000g/mol => S = 4,4s ; pour la myosine M= 493000g/mol => S = 7,24s

Remarque : S ne dépend que de la nature de la particule et du milieu dans lequel elle baigne.

La condition du régime permanent s’écrit donc en fonction de S comme suit :

v 𝑑𝑥 𝑑𝑥 𝑥2 𝑑𝑥 𝑡2
𝑆 = 𝜔2𝑥 => 𝑆𝜔2 𝑥 = v = => = 𝑆𝜔2 𝑑𝑡 => ∫𝑥1 = 𝑆𝜔2 ∫𝑡1 𝑑𝑡
𝑑𝑡 𝑥 𝑥

𝑥
 𝐿𝑛 (𝑥2) = 𝑆𝜔2 (𝑡2 − 𝑡1 ) => pour t d’ultracentrifugation, l’abscisse x de la particule varie de x1 à x2.
1

(3)
c) Masse molaire moléculaire : il est connu que la masse molaire d’une seule particule est : 𝑀 = 𝑚. 𝑁𝐴
Avec : NA est le nombre d’Avogadro

𝐾𝐵 𝑇 𝑅𝑇 𝑅𝑇
Le coefficient de diffusion D est donné par la relation d’Einstein : 𝐷 = =𝑁 => 𝑓 = 𝑁
𝑓 𝐴 𝑓 𝐴 𝐷

𝜌 𝜌
𝑚(1 − 0 ) 𝑀(1 − 0 )𝐷
𝜌 𝜌
On remplace dans : 𝑆 = => On trouve : 𝑆 =
𝑓 𝑅𝑇

𝑅𝑇 𝑆
D’où la masse molaire moléculaire de la macromolécule : 𝑀 = 𝜌
(1 − 0 ) 𝐷
𝜌

3. Diffusion des particules chargées


• Le flux total résultant de la diffusion des particules chargées est : ∅ 𝑇 =∅ + ∅𝐸

𝜕𝐶 𝜕𝐶
∅ = −𝐷 𝜕𝑥  Effet d’un gradient de concentration : 𝜕𝑥

𝑍𝐹 𝜕𝑉 𝜕𝑉
∅𝐸 = −𝐷 𝑅𝑇 𝐶 𝜕𝑥 (Flux électrique)  Effet d’un gradient de potentiel électrique : 𝜕𝑥

Z : valence ; V : potentiel électrique ; R : Cte des gaz parfaits ; T : température.

F : est le Faraday ; F = 9,652. 104 𝐶. 𝑚𝑜𝑙 −1 ; représente la charge portée par une mole.

• Equation de Nernst-Planck : elle permet de calculer la différence de potentiel (d.d.p) entre les deux faces
d’une membrane dialysante séparant deux solutions ioniques.
Considérons deux compartiments (I) et (II) séparés par une membrane dialysante : (I) contient une solution
ionique seulement, et (II) contient de l’eau pure. La diffusion se fait de (I) vers (II), et l’équilibre
électrochimique se réalise quand le flux total (passif et électrique) est nul : ∅ 𝑇 = ∅ + ∅𝐸 = 0 ; ce qui
conduit à l’équation de Nernst-Planck :
𝑅𝑇 𝐶1
∆𝑉 = 𝑉1 − 𝑉2 = − 𝐿𝑛 ( )
𝑍𝐹 𝐶2
L’Eq. de Nernst-Planck indique que l’effet de la ddp (ΔV) compense l’effet de la concentration (ΔC)
C-à-d. : à l’état l’équilibre de diffusion des ions diffusibles :
- Les ions sont repartis de part et d’autre de la membrane de façon homogène => C2 = C1 => ΔC = 0
𝑅𝑇
- L’équation de Nernst-Planck => 𝑉1 − 𝑉2 = − 𝑍𝐹 𝐿𝑛(1) = 0 => 𝑉2 = 𝑉1 => ΔV = 0

𝐿𝑛(𝑥)
En pratique : 𝐿𝑜𝑔10 (𝑥) = 𝐿𝑛(10)  𝐿𝑛(𝑥) = 2,3𝐿𝑜𝑔10 (𝑥)

𝑅𝑇 𝑅𝑇
On pose : 𝐵 = ( 𝐹 ) 𝐿𝑛(10) = 2,3 ( 𝐹 )

À T = 20 °C = 293 K  B  58 mV ; À T = 37 °C = 310 K  B  61.5 mV


𝐵 𝐶
∆𝑉 = 𝑉1 − 𝑉2 = − (𝑍 ) 𝑙𝑜𝑔10 (𝐶1)  V (en mV)  est le Potentiel membranaire
2

(4)
• Effet de Donnan : Supposons qu’il y a une protéine chargée dans l’un des deux compartiments (I) ou (II).
La protéine chargée (ne traverse pas la membrane) a alors tendance à retenir les ions de signes opposés
créant ainsi des inégalités des concentrations ioniques entre les deux compartiments : ΔC ≠ 0. Il en résulte
un équilibre caractérisé par une différence de potentiel membranaire non nulle : ΔV ≠ 0 (potentiel de
Donnan) => C’est l’effet Donnan.

Equilibre de Donnan : A l’équilibre électrochimique, la d.d.p (c-à-d : ΔV de Donnan) compense exactement


tous les mouvements de la diffusion passive dû aux différences de concentrations (ΔC) des ions diffusibles
(𝛼, 𝛽, … , 𝛾) :

𝑅𝑇 [𝛼]2
∆𝑽 = 𝑉2 − 𝑉1 = − 𝐿𝑛
𝑍𝛼 𝐹 [𝛼]1
𝑅𝑇 [𝛽]2 1 1 1
=− 𝐿𝑛 [𝛼] 𝑍𝛼 [𝛽] 𝑍𝛽 [𝛾] 𝑍𝛾
𝑍𝛽 𝐹 [𝛽]1 1 1 1
( ) =( ) = ⋯⋯ = ( )
⋮ [𝛼] 2 [𝛽] 2 [𝛾] 2

𝑅𝑇 [𝛾]2
=− 𝐿𝑛
𝑍𝛾 𝐹 [𝛾]1 }

Caractéristiques de l’effet Donnan :

- La membrane doit être dialysante.

- Les petits ions en présence sont soumis à un transport passif.

- Chacun des petits ions en présence vérifie l’équilibre de Donnan à travers son potentiel :

Pour les ions diffusibles les plus courants tels que :

K+ (Z = +1) ; Na+ (Z = +1) ; Cl- (Z = -1) ; Ca++ (Z = +2)

L’équilibre de Donnan s’écrit :

[K + ]1 [Na+ ]1 [Cl− ]2 [Ca++ ]1


= = = √
[K + ]2 [Na+ ]2 [Cl− ]1 [Ca++ ]2

(5)
4. Electrophorèse (ou propriétés électriques des macromolécules)
Définition : est un phénomène de déplacement de macromolécules chargées en solution sous l’effet d’un
champ électrique (ou d.d.p électrique).
L’électrophorèse est utilisée en biologie et en sciences médicales comme technique d’analyse et de
séparation.

L’anaphorèse : c’est la migration des ions vers l’anode

La cataphorèse : c’est la migration des ions vers la cathode

Mobilité électrique : Une solution électrolytique est une solution contenant des ions, et sous l’effet d’une
d.d.p, les ions entre en mouvement et génèrent un courant électrique.

La charge totale d’un ion chargé est : 𝑄 = Zq (q : est la charge élémentaire de l’électron).

A l’équilibre : la force électrostatique 𝐹𝑒 = 𝑄𝐸 est égale à la force de fortement 𝐹𝑓 = 𝑓v

v 𝑍𝑞
Donc : 𝑄𝐸 = 𝑓v => 𝐸 = .
𝑓

v 𝑍𝑞 𝑍𝑞
Ce rapport représente la mobilité électrique de l’ion chargé (de forme sphérique) : 𝜇𝑒 = 𝐸 = = 6𝜋ɳ𝑟
𝑓

Relation entre mobilité 𝜇𝑒 et coefficient de diffusion D :

KB T 𝐾𝐵 𝑇
On a: 𝐷=  𝐷 = 𝜇𝑒
𝑓 𝑍𝑞

R 𝑅𝑇
KB = N  𝐷 = 𝜇𝑒
A NA 𝑍𝑞

RT
F = q. NA  D = μe ZF

Unités : R = 8.314 J𝐾 −1 𝑚𝑜𝑙 −1 ; q = 1,6. 10−19 C ; NA = 6,023. 1023 𝑚𝑜𝑙 −1 ; F = 9,652. 104 𝐶. 𝑚𝑜𝑙 −1 ;
D ∶ 𝑚2 𝑠 −1 ; T en K ; Z : valence de l’ion ; μe ∶ 𝑚2 . 𝑉 −1 . 𝑠 −1.

Electrophorèse en phase liquide : elle est basée sur le déplacement des macromolécules chargés en phase
liquide sous l’effet d’un champ électrique. Cette technique permet de mesurer les mobilités des différents
constituants en présence, séparation des substances (plus lentes, plus rapides), et identification et
détermination des concentrations des substances. A noter pour cette technique que le phénomène de diffusion
est inévitable et l’électrophorèse ne peut être applicable que pour des grosses molécules.

Electrophorèse sur support : pour éliminer le phénomène de diffusion observé dans l’électrophorèse libre,
on utilise l’électrophorèse sur support soit sur papier, sur lame, ou sur gel. Ces supports vont permettre une
bonne observation des substances séparées.

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