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Mécanique quantique relativiste

Nathalie Debergh

Docteur en Sciences Mathématiques

Haute Ecole Charlemagne

Département d’agronomie

nathalie.debergh@hech.be

Avertissement : ce portfolio a pour unique but d’expliquer, de la manière la plus pédagogique possible, les fondements de la
mécanique quantique ; en aucun cas, il ne prétend être une présentation exhaustive de la physique quantique ; il reprend
certains standards qui sont entrés dans l’histoire de la physique quantique depuis si longtemps et à de si fréquentes reprises
que nous n’avons volontairement pas cité de références précises, hormis quand un élément original apparaissait.

Bonne lecture à tous !

Table des matières


Mécanique quantique relativiste ............................................................................................................ 1
L’équation de Klein-Gordon ................................................................................................................ 2
L’équation de Dirac ............................................................................................................................. 5
Les énergies négatives....................................................................................................................... 11
L’équation de Dirac avec interaction électromagnétique ............................................................. 24
Les opérateurs de symétrie discrète ................................................................................................. 28
Inversion de masse, hélicité et chiralité ........................................................................................... 33
Webographie ..................................................................................................................................... 40
Annexe : la version diagonale de l’équation de Dirac (représentation de Newton-Wigner) ........... 41

1
Nous l’avons noté dans un portfolio précédent : l’équation de Schrödinger n’est pas relativiste, elle
n’est pas invariante sous les transformations de Lorentz.

Comment dès lors tenter de marier la mécanique quantique et l’invariance relativiste ?

On présente ici les deux propositions habituelles : celle de Klein-Gordon qui fût bien vite abandonnée
(on verra pourquoi) et celle de Dirac.

Les conventions sont les suivantes1 :

⃗ ) = (𝑖𝜕𝑡 , 𝑖𝜕𝑥 , 𝑖𝜕𝑦 , 𝑖𝜕𝑧 ) ; 𝑝𝜇 = 𝑔𝜇𝜈 𝑝𝜈 = 𝑖 𝜕𝜇 → (𝑖 𝜕𝑡 , −𝑖 ∇


𝑝𝜇 = 𝑖 𝜕𝜇 → (𝑖𝜕𝑡 , 𝑖 ∇ ⃗ ); 𝑝 = −𝑖 ∇

𝑔 = 𝑑𝑖𝑎𝑔(1, −1, −1, −1)

L’équation de Klein-Gordon
L’équation de Klein-Gordon a été mise en évidence en tenant compte de deux étapes.

D’une part, on garde le principe de correspondance de la mécanique quantique non relativiste


(portfolio 1), en quantifiant l’énergie et l’impulsion :
𝜕
𝐸 ⇌ 𝑖 ℎ̅ 𝜕𝑡
; 𝑝 ⇌ −i ℎ̅ ∇

D’autre part, on garde l’invariance de la pseudo-norme du quadrivecteur impulsion-énergie quand la


particule est en mouvement ou quand elle est au repos

𝐸 2 𝐸0 2
( ) − 𝑝2 = ( ) = (𝑚𝑐)2
𝑐 𝑐
donnant lieu à l’énergie relativiste2

𝐸 2 = 𝑐 2 𝑝2 + 𝑚2 𝑐 4
En quantifiant cette dernière relation et en l’appliquant sur une fonction d’onde ψ, on obtient
l’équation de Klein-Gordon

𝜕2
− ℎ̅2 𝜓 = − ℎ̅2 𝑐 2 ∆ 𝜓 + 𝑚2 𝑐 4 𝜓
𝜕𝑡 2
ou, en posant ℎ̅ = 𝑐 = 1,

𝜕2
− 𝜓 = − ∆ 𝜓 + 𝑚2 𝜓
𝜕𝑡 2
Cette équation s’écrit aussi

𝜕𝜇 𝜕𝜇 𝜓 = −𝑚2 𝜓

C’est une équation relativiste car l’invariance sous les transformations de Lorentz est assurée. En effet :

𝜕′𝜇 𝜕′𝜇 = (𝛬𝜇 𝛼 𝜕𝛼 )(𝛬𝜇𝛽 𝜕𝛽 ) = 𝛬𝜇 𝛼 𝛬𝜇𝛽 𝜕𝛼 𝜕𝛽 = 𝑔𝛼 𝛽 𝜕𝛼 𝜕𝛽 = 𝜕𝛼 𝜕 𝛼

Voyons maintenant pourquoi cette équation fût vite abandonnée.

1
Les notations sont ainsi simplifiées. Normalement il faudrait écrire la dérivée partielle par rapport à t, par
𝜕
exemple, en lieu et place de 𝜕𝑡 .
𝜕𝑡
2
Si on a un photon, m = 0, et E = c p = h c / λ = h ν

2
Il y a quatre raisons majeures.

1) La première raison concerne l’interprétation probabiliste.

On peut en effet montrer qu’il existe un courant conservé3, c’est-à-dire un 𝑗𝜇 tel que 𝜕𝜇 𝑗𝜇 = 0. Ce
courant est donné par
𝑖
𝑗𝜇 = (𝜓 ∗ 𝜕𝜇 𝜓 − 𝜓 𝜕𝜇 𝜓 ∗ )
2𝑚
où ψ est solution de l’équation de Klein-Gordon et 𝜓 ∗ , sa complexe conjuguée.

Vérification :
𝑖 𝑖
𝜕𝜇 𝑗𝜇 = (𝜕𝜇 𝜓 ∗ 𝜕𝜇 𝜓 + 𝜓 ∗ 𝜕𝜇 𝜕𝜇 𝜓 − 𝜕𝜇 𝜓 𝜕𝜇 𝜓 ∗ − 𝜓𝜕𝜇 𝜕𝜇 𝜓 ∗ ) = (𝜓 ∗ 𝜕𝜇 𝜕𝜇 𝜓 − 𝜓𝜕𝜇 𝜕𝜇 𝜓 ∗ )
2𝑚 2𝑚
𝑖
= − 𝑚 (𝜓 ∗ 𝜓 − 𝜓 𝜓 ∗ ) = 0
2
Or ce courant donne lieu à une probabilité négative !

Explication :
On définit la densité de probabilité de présence par la composante « 0 » de ce courant :
𝑖
𝑗0 = (𝜓 ∗ 𝜕𝑡 𝜓 − 𝜓 𝜕𝑡 𝜓 ∗ )
2𝑚

Or, l’équation de Klein-Gordon admet des solutions du type ondes planes

⃗⃗ 𝑡) = 𝑁 𝑒 −𝑖(𝐸 𝑡− 𝑝𝑟 )
𝜓(𝑟,

(N = nombre pour assurer à ψ d’être de norme égale à 1, ce qui assure la certitude de trouver
la particule quelque part)

En effet,
𝜕𝜓 𝜕2𝜓
= −𝑖 𝐸 𝜓 → − = 𝐸2 𝜓
𝜕𝑡 𝜕𝑡 2
𝜕𝜓
= 𝑖 𝑝𝑥 𝜓 → − ∆ 𝜓 = 𝑝2 𝜓
𝜕𝑥

Remarquons que ce ne sont guère les seules possibilités de solutions du type ondes planes. Il y a en tout
quatre solutions possibles
⃗⃗ 𝑡) = 𝑁1 𝑒 −𝑖(𝐸 𝑡− 𝑝𝑟 ) , 𝜓2 (𝑟,
𝜓1 (𝑟, ⃗⃗ 𝑡) = 𝑁2 𝑒 𝑖(𝐸 𝑡− 𝑝𝑟 )

qui sont des ondes progressives (se déplaçant de la gauche vers la droite) et

⃗⃗ 𝑡) = 𝑁3 𝑒 −𝑖(𝐸 𝑡+ 𝑝𝑟 ) , 𝜓4 (𝑟,
𝜓3 (𝑟, ⃗⃗ 𝑡) = 𝑁4 𝑒 𝑖(𝐸 𝑡+ 𝑝𝑟 )

3
Rappelons, cf. le 1er portfolio, que le courant conservé sert à calculer les coefficients de transmission ou de
réflexion, donc à connaître la probabilité qu’une particule passe ou ne passe pas un « obstacle ».

3
qui sont des ondes régressives (se déplaçant de la droite vers la gauche).
Les physiciens privilégient 𝜓1 (𝑟,
⃗⃗ 𝑡) car, des ondes progressives, c’est la seule à satisfaire
𝑖 𝜕𝑡 𝜓 = 𝐸 𝜓
soit la quantification habituelle de l’énergie.

Donc, pour la solution du type ondes planes choisie, la densité de probabilité de présence est
égale à
𝑖 |𝑁|2
(𝜓 ∗ (−𝑖 𝐸 𝜓) − 𝜓 (𝑖 𝐸 𝜓 ∗ ) = 𝐸
2𝑚 𝑚

Quant à la densité de courant


𝑖
𝑗= (𝜓 ∗ ⃗∇ 𝜓 − 𝜓 ⃗∇ 𝜓 ∗ )
2𝑚
elle donne lieu, pour des solutions du type ondes planes, à
1
𝑗 = − 𝑚 |𝑁|2 𝑝

Au total, pour les solutions du type « ondes planes », le courant est

|𝑁|2
𝑗𝜇 = 𝑝
𝑚 𝜇

Tour de passe-passe, les physiciens modifient alors la forme du courant conservé en introduisant une
charge q (étant un nombre, cela ne modifie en rien la conservation déjà démontrée...mais cela modifie
en tout l’interprétation du courant : la composante 0 ne sera plus une densité de probabilité mais une
densité de charge...et là, ça peut être négatif)
𝑖𝑞 𝑖𝑞
𝑗𝜇 (𝑞) = (𝜓 ∗ 𝜕𝜇 𝜓 − 𝜓 𝜕𝜇 𝜓 ∗ ) → 𝑗 0 (𝑞) = (𝜓 ∗ 𝜕𝑡 𝜓 − 𝜓 𝜕𝑡 𝜓 ∗ )
2𝑚 2𝑚

Cela mène, pour une solution du type ondes planes

⃗⃗ 𝑡) = 𝑁 𝑒 −𝑖(|𝐸| 𝑡− 𝑝𝑟 )
𝜓(𝑟,

si E = |E| > 0 et
⃗⃗ 𝑡) = 𝑁 𝑒 −𝑖(−|𝐸| 𝑡− 𝑝𝑟 )
𝜓(𝑟,
si E = - |E| < 0

|𝑁|2
𝑗 0 (𝑞) = ± 𝑞 |𝐸|
𝑚

Autrement dit, les états qui étaient associés à des énergies négatives deviennent maintenant des états
associés à des charges qui ont changé de signe. Cela annonce bien sûr la notion d’antiparticule que
l’on discutera dans la section suivante : un électron d’énergie négative et de charge négative va être
réinterprété comme un antiélectron d’énergie positive et de charge positive.

4
Au total, on a

|𝑁|2
𝑗𝜇 (𝑞) = 𝑞 𝑝
𝑚 𝜇

2) Le deuxième « inconvénient » de l’équation de Klein-Gordon est la possibilité d’avoir des


énergies négatives (𝐸 = − √𝑝2 + 𝑚2 ). On y reviendra.

3) Le troisième argument en défaveur de cette équation est le fait qu’elle soit du second ordre
au niveau de la dérivée temporelle.

Pour déterminer l’évolution temporelle de la fonction d’onde, il faudra donc deux conditions initiales.

4) L’absence de spin est le quatrième inconvénient de l’équation de KG

Le deuxième portfolio a dû nous convaincre que les « rotations » que subit une particule de spin s sont
réalisées à travers des matrices de dimension (2 s + 1) (cf. m = -j, -j +1, ..., j-1, j dans la théorie du
moment angulaire (su(2,C)), j= s ici). Dans l’équation de Klein-Gordon, point de matrices ! Cela signifie
que soit le spin est absent, soit le spin ne peut être qu’égal à 0. Or, toutes les particules de matière ont
un spin égal à ½...

Toutes ces raisons ont amené les physiciens à abandonner l’équation de Klein-Gordon...pour ne plus
considérer que l’équation de Dirac. Elle va régler trois problèmes sur les quatre mentionnés : les
énergies négatives vont en effet subsister.

L’équation de Dirac

Pour consulter le papier original de Dirac :


http://rspa.royalsocietypublishing.org/content/117/778/610

Dirac comprend donc qu’il doit proposer une équation matricielle4 pour tenir compte du spin :

𝜕𝜓
𝑖 = 𝐻 𝜓 = (−𝑖 𝛼 ⃗∇ + 𝑚 𝛽)𝜓 = ( 𝛼 p
⃗ + 𝑚 𝛽)𝜓
𝜕𝑡
Elle est du premier ordre et elle fait intervenir quatre matrices : 𝛼 et 𝛽.

D’une manière générale, elle se veut comme une « racine carrée » de l’équation de Klein-Gordon5.

On aura ainsi :

4
Pour une version diagonalisée de cette équation, voir l’annexe 1. On y confirme que changer le signe de la
masse ainsi que celui de l’énergie, conjointement, ne modifie pas l’équation.
5
Et des racines carrées, en général, il y en a deux, de signes opposés ! Voir l’équation de Dirac sous forme
covariante, page 7

5
𝜕2𝜓
− = (−𝑖 𝛼 𝑗 ∇𝑗 + 𝑚 𝛽)(−𝑖 𝛼 𝑘 ∇𝑘 + 𝑚 𝛽)𝜓 = (−𝛼 𝑗 𝛼 𝑘 ∇𝑗 ∇𝑘 − 𝑖 𝑚{𝛼 𝑗 , 𝛽} + 𝑚2 𝛽2 )𝜓
𝜕𝑡 2
Dans la dernière égalité, nous avons utilisé l’anticommutateur de deux matrices défini par {A,B} = AB
+ BA.

On obtient alors

𝜕2𝜓 1 1
− 2
= (− {𝛼 𝑗 , 𝛼 𝑘 }∇𝑗 ∇𝑘 − [𝛼 𝑗 , 𝛼 𝑘 ]∇𝑗 ∇𝑘 − 𝑖 𝑚{𝛼 𝑗 , 𝛽} + 𝑚2 𝛽 2 )𝜓
𝜕𝑡 2 2
ou

𝜕2𝜓 1
− 2
= (− {𝛼 𝑗 , 𝛼 𝑘 }∇𝑗 ∇𝑘 − 𝑖 𝑚{𝛼 𝑗 , 𝛽} + 𝑚2 𝛽2 )𝜓
𝜕𝑡 2
1
puisque la contraction d’un tenseur antisymétrique [𝛼 𝑗 , 𝛼 𝑘 ] avec un tenseur symétrique ∇𝑗 ∇𝑘 (les
2
dérivées commutant) est nulle.

Pour retrouver en la dernière équation celle de Klein-Gordon il suffit alors d’imposer

{𝛼 𝑗 , 𝛼 𝑘 } = 2 𝛿 𝑗𝑘 𝐼, {𝛼 𝑗 , 𝛽} = 0, 𝛽 2 = 𝐼

On doit donc trouver quatre matrices qui anticommutent, dont le carré vaut l’identité et qui sont
hermitiennes (pour assurer le caractère hermitien de H et donc des énergies réelles).

Les plus petites matrices assurant ces demandes sont de dimension 46.

On en connait plusieurs réalisations :

• La représentation de Dirac

0 0 0 1 0 0 0 −𝑖 0 0 1 0 1 0 0 0
1 0 0 1 0 2 0 0 𝑖 0 3 0 0 0 −1 0 1 0 0
𝛼 =( ),𝛼 = ( ),𝛼 = ( ),𝛽 = ( )
0 1 0 0 0 −𝑖 0 0 1 0 0 0 0 0 −1 0
1 0 0 0 𝑖 0 0 0 0 −1 0 0 0 0 0 −1
Ce que l’on va écrire

𝛼 = (0 𝜎) , 𝛽 = ( 𝐼 0 )
𝜎 0 0 −𝐼
N.B. : la possibilité d’avoir m > 0 ou m < 0 est donc à nouveau présente, cf. les valeurs propres de β
• La représentation de Majorana

0 0 0 1 1 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 −𝑖
0 0 1 0 0 1 0 0 0 0 0 −1 0 0 𝑖 0
𝛼1 = ( ) , 𝛼2 = ( ) , 𝛼3 = ( ),𝛽 = ( )
0 1 0 0 0 0 −1 0 1 0 0 0 0 −𝑖 0 0
1 0 0 0 0 0 0 −1 0 −1 0 0 𝑖 0 0 0
On a donc juste permuté deux matrices.

6
Et là, ça sent déjà l’oignon puisque cette équation qui était censée décrire des particules de spin ½ aurait dû se
contenter de matrices de dimension 2 (=2 ½ + 1). A noter que c’est réellement la 4e matrice (c’est-à-dire celle qui
multiplie la masse...) qui implique cette dimension 4. Les trois autres auraient rempli les conditions en étant de
dimension 2.

6
Ici aussi, les valeurs propres de β sont +1 (deux fois) et -1 (deux fois). Donc masses positives et négatives peuvent être envisagées.

• La représentation de Weyl

0 −1 0 0 0 𝑖 0 0 −1 0 0 0 0 0 1 0
−1 0 0 0 −𝑖 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 1
𝛼1 = ( ) , 𝛼2 = ( ) , 𝛼3 = ( ),𝛽 = ( )
0 0 0 1 0 0 0 −𝑖 0 0 1 0 1 0 0 0
0 0 1 0 0 0 𝑖 0 0 0 0 −1 0 1 0 0
Ce que l’on va écrire

𝛼 = (−𝜎 0) , 𝛽 = (0 𝐼
)
0 𝜎 𝐼 0
Pareil : les valeurs propres de β sont +1 et -1 (deux fois chacune)

Ces réalisations sont toutes unitairement équivalentes mais ont des actions différentes sur les fonctions d’ondes
selon ce que l’on veut en faire.

La présence de matrices dans l’équation de Dirac va donc impliquer que la particule décrite par cette équation a un
spin.
Pour s’en convaincre, l’équation étant relativiste, elle doit être invariante sous les rotations notamment. Or les
opérateurs de rotation « traditionnels » :
𝐿⃗ = 𝑥 ∧ 𝑝
ne commutent pas avec le Hamiltonien de Dirac :

[𝛼 p
⃗ + 𝑚 𝛽, 𝑥 ∧ 𝑝] = [𝛼 p
⃗ , 𝑥 ∧ 𝑝] = 𝛼𝑗 [𝑝𝑗, 𝑥𝑙 ]𝜀𝑘𝑙𝑟 𝑝𝑟 = −𝑖 𝜀𝑘𝑙𝑟 𝛼𝑙 𝑝𝑟 = −𝑖 𝛼 ∧ 𝑝 ≠ 0

Pour restaurer l’invariance du Hamiltonien de Dirac vis-à-vis des rotations, il faut modifier ces dernières et
introduire un opérateur de spin, 𝑆, purement matriciel :
𝐽 = 𝐿⃗ + 𝑆
qui sera tel que
[𝛼 p
⃗ + 𝑚 𝛽, 𝑆 ] = 𝑖 𝛼 ∧ 𝑝

Cette relation est satisfaite avec


𝑖 2 3 2 𝑖 𝑖
𝑆1 = − 𝛼 𝛼 , 𝑆 = − 𝛼 3 𝛼1 , 𝑆 3 = − 𝛼 1 𝛼 2
2 2 2
Comme
2 2 2 3 1 1
𝑆 2 = 𝑆1 + 𝑆 2 + 𝑆 3 = = ( + 1)
4 2 2

les valeurs propres de l’opérateur de spin 𝑆 mènent à une valeur du spin égale à ½ . Ce sont donc des fermions de
spin ½ qui sont décrits par l’équation de Dirac.
C’est dans les représentations de Dirac et de Weyl que l’opérateur de spin prend la forme la plus simple, à savoir :

1 𝜎 0)
𝑆= (
2 0 𝜎

Il peut être commode d’écrire l’équation de Dirac

7
𝜕𝜓
𝑖 = 𝐻 𝜓 = (−𝑖 𝛼 ⃗∇ + 𝑚 𝛽)𝜓
𝜕𝑡
sous une autre forme dite covariante en la multipliant par β et en introduisant les matrices

𝛾 0 = 𝛾0 = 𝛽, 𝛾 𝑗 = −𝛾𝑗 = 𝛽 𝛼 𝑗

En effet :
𝜕𝜓
𝑖 𝛾0 = (−𝑖 𝛾 𝑗 𝜕𝑗 + 𝑚 )𝜓 → (𝑖 𝛾 𝜇 𝜕𝜇 − 𝑚)𝜓 = 0 → (𝛾 𝜇 𝑝𝜇 − 𝑚)𝜓 = 0
𝜕𝑡
si
𝜕 𝜕 𝜕 𝜕
𝜕0 = , 𝜕1 = , 𝜕2 = , 𝜕3 =
𝜕𝑡 𝜕𝑥 𝜕𝑦 𝜕𝑧
L’équation

(𝛾 𝜇 𝑝𝜇 − 𝑚)𝜓 = 0

est l’équation de Dirac sous forme covariante.

Les nouvelles matrices sont soit hermitienne (𝛾 0 ), soit antihermitiennes (𝛾 𝑗 ) et sont telles que

{𝛾 𝜇 , 𝛾 𝜈 } = 2 𝑔𝜇𝜈 𝐼

Dans la représentation de Dirac :

𝛾= (0 𝜎) , 𝛾 = ( 𝐼 0 )
0
−𝜎 0 0 −𝐼
Dans la représentation de Majorana :

𝛾1 = (𝑖𝜎
3
0 ) , 𝛾2 = ( 0 −𝜎 2 ) , 𝛾 3 = (−𝑖𝜎 1 0 ),𝛾 = ( 0 𝜎2)
0
0 𝑖𝜎 3 𝜎2 0 0 −𝑖𝜎 1 𝜎2 0
Dans la représentation de Weyl :

𝛾= ( 0 𝜎) , 𝛾 = (0 𝐼
)
0
−𝜎 0 𝐼 0
Note : on sera aussi amené à considérer une autre matrice :

𝛾 5 = 𝑖 𝛾 0 𝛾1 𝛾 2 𝛾 3

qui prendra les différentes formes suivantes selon la représentation


0 𝐼 2
𝛾5 = ( ) , 𝛾 5 = (𝜎 0 ) , 𝛾 5 = (−𝐼 0
)
𝐼 0 0 −𝜎 2 0 𝐼

Puisque l’équation de Dirac, qu’elle soit sous forme hamiltonienne ou covariante, fait intervenir des matrices de
dimension 4, ses solutions seront des fonctions d’ondes à 4 composantes :

8
𝜓1
𝜓2
𝜓=( )
𝜓3
𝜓4
Ces fonctions d’onde portent alors le nom de bi-spineurs.

On a vu que ces matrices modifiaient les rotations :


𝜕 𝜕 1 1 2
𝑀12 = 𝑖 (𝑥 −𝑦 + 𝛾 𝛾 )
𝜕𝑦 𝜕𝑥 2
𝜕 𝜕 1 3 1
𝑀31 = 𝑖 (𝑧 −𝑥 + 𝛾 𝛾 )
𝜕𝑥 𝜕𝑧 2
𝜕 𝜕 1 2 3
𝑀23 = 𝑖 (𝑦 −𝑧 + 𝛾 𝛾 )
𝜕𝑧 𝜕𝑦 2

Elles apparaissent également au niveau des boosts :


𝜕 𝜕 1 0 1
𝑀01 = −𝑖 ( 𝑥 + 𝑡 + 𝛾 𝛾 )
𝜕𝑡 𝜕𝑥 2
𝜕 𝜕 1 0 2
𝑀02 = −𝑖 ( 𝑦 + 𝑡 + 𝛾 𝛾 )
𝜕𝑡 𝜕𝑦 2
𝜕 𝜕 1 0 3
𝑀03 = −𝑖 ( 𝑧 + 𝑡 + 𝛾 𝛾 )
𝜕𝑡 𝜕𝑧 2
𝜕 𝜕 𝜕 𝜕
Avec les quatre opérateurs habituels de translations (i 𝜕𝑡
, −𝑖 𝜕𝑥 , −𝑖 𝜕𝑦 , −𝑖 𝜕𝑧) ces six générateurs
forment l’algèbre de Poincaré qui laisse l’équation de Dirac inchangée.

Nous avons donc une équation matricielle du premier ordre qui fait apparaître le spin de la particule décrite : ce
sera un fermion de spin ½. Déjà deux avantages sur quatre par rapport à l‘équation de KG.

Avant de passer aux deux autres points, disons un mot de l’énantiomorphisme de l’équation de Dirac, au sens
chiral du terme (pour une définition de la chiralité au sens de la mécanique quantique et son implication dans les
masses négatives, voir la dernière section).
Nous savons ainsi (cf. deuxième portfolio) qu’en définissant

1 1 1
𝑀1 = (𝑀23 + 𝑖 𝑀01 ), 𝑀2 = (𝑀31 + 𝑖 𝑀02 ), 𝑀3 = (𝑀12 + 𝑖 𝑀03 )
2 2 2
1 1 1
𝑁1 = (𝑀23 − 𝑖 𝑀01 ), 𝑁 2 = (𝑀31 − 𝑖 𝑀02 ), 𝑁 3 = (𝑀12 − 𝑖 𝑀03 )
2 2 2
on est amené à

[𝑀1 , 𝑀2 ] = 𝑖 𝑀3 , [𝑀3 , 𝑀1 ] = 𝑖 𝑀2 , [𝑀2 , 𝑀3 ] = 𝑖 𝑀1

[𝑁 1 , 𝑁 2 ] = 𝑖 𝑁 3 , [𝑁 3 , 𝑁 1 ] = 𝑖 𝑁 2 , [𝑁 2 , 𝑁 3 ] = 𝑖 𝑁 1

[𝑀 𝑗 , 𝑁 𝑘 ] = 0

c’est-à-dire, deux algèbres su(2,C) en somme directe.

9
Si on s’occupe de la partie matricielle uniquement, on a

• dans la représentation de Dirac :


1 𝜎 −𝜎) , 𝑁 1 1 𝑖
⃗⃗ =
𝑀 ( ⃗ = (𝜎 𝜎) → 𝑅𝑜𝑡𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛𝑠 → 𝑀 ⃗ = (𝜎
⃗⃗ + 𝑁 0 ) , 𝐵𝑜𝑜𝑠𝑡𝑠 → −𝑖𝑀 ⃗ = (0
⃗⃗ + 𝑖𝑁 𝜎)
4 −𝜎 𝜎 4 𝜎 𝜎 2 0 𝜎 2 𝜎 0

• dans la représentation de Weyl :


1 𝜎 1 1 𝑖
⃗⃗ =
𝑀 ( ⃗ = (0
0) , 𝑁 0 ⃗ = (𝜎
⃗⃗ + 𝑁
) → 𝑅𝑜𝑡𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛𝑠 → 𝑀 0) , 𝐵𝑜𝑜𝑠𝑡𝑠 → −𝑖𝑀 ⃗ = (−𝜎
⃗⃗ + 𝑖𝑁 0)
2 0 0 2 0 𝜎 2 0 𝜎 2 0 𝜎
Cela amène à caractériser les représentations de l’algèbre de Lorentz comme nous l’avons vu dans un portfolio
précédent. En effet, au premier su(2,C), généré par 𝑀⃗⃗ , correspond un premier nombre j1 et au deuxième su(2,C),
généré par 𝑁⃗ , correspond un deuxième nombre j2. On associera donc les deux nombres aux représentations de
Lorentz et on parlera des représentations D( j1, j2). Celles-ci sont de dimension (2 j1 + 1) (2 j2 +1).
1
⃗⃗ =
Ainsi, si j1 = ½ et j2 = 0, on a j=1/2 et 𝑀 ⃗ = 0 impliquant
𝜎,𝑁
2

1 3 1 1 𝑖 𝑖 𝑖
𝑀12 = 𝜎 , 𝑀31 = 𝜎 2 , 𝑀23 = 𝜎 1 , 𝑀01 = − 𝜎 1 , 𝑀02 = − 𝜎 2 , 𝑀03 = − 𝜎 3
2 2 2 2 2 2
C’est le représentation D(1/2, 0) de l’algèbre de Lorentz. Elle est aussi notée 2.
1
⃗⃗ = 0 , 𝑁
Si j1 = 0 et j2 = ½ , on a j=1/2 et 𝑀 ⃗ = 𝜎 impliquant
2

1 3 1 1 𝑖 𝑖 𝑖
𝑀12 = 𝜎 , 𝑀31 = 𝜎 2 , 𝑀23 = 𝜎 1 , 𝑀01 = 𝜎 1 , 𝑀02 = 𝜎 2 , 𝑀03 = 𝜎 3
2 2 2 2 2 2
̅.
C’est le représentation D(0,1/2) de l’algèbre de Lorentz. Elle est aussi notée 𝟐

Considérer ces deux représentations simultanément, c’est tenir compte des deux possibilités qu’offre la
dimension 4 des matrices de l’équation de Dirac.

Et c’est ce que fait l’équation de Dirac : elle cumule ces deux représentations ! C’est très clair dans la
représentation de Weyl. Ce l’est moins dans la représentation de Dirac : il faut l’intervention d’une matrice
unitaire pour s’en convaincre.

La représentation de l’algèbre de Lorentz induite par l’équation de Dirac est donc l’union des deux précédentes
(chacune de dimension 2)
1 1
𝐷 ( , 0) ⊕ 𝐷(0, )
2 2
Cette « symétrie » dans les représentations traduit l’énantiomorphisme de l’équation de Dirac.

L’équation de Dirac est alors considérée comme celle associée à un fermion de spin ½ , ainsi que déjà mentionné
via l’opérateur de spin 𝑆.

Mais c’est mieux que cela : il y aura la place pour les particules (représentation 2) et pour les antiparticules
̅).
(représentation 𝟐

L’avantage suivant de l’équation de Dirac est qu’elle permet une densité de probabilité définie par
𝜓 † 𝜓 et donc positive.

En effet, le courant conservé est, cette fois

10
𝑗𝜇 = 𝜓 † 𝛾 0 𝛾 𝜇 𝜓
car

𝜕𝜇 𝑗𝜇 = (𝜕𝜇 𝜓 † ) 𝛾 0 𝛾 𝜇 𝜓 + 𝜓 † 𝛾 0 𝛾 𝜇 ( 𝜕𝜇 𝜓) = 𝑖𝑚 𝜓 † 𝛾 𝜇 𝛾 0 𝛾 𝜇 𝜓 − 𝑖𝑚 𝜓 † 𝛾 0 𝜓 = 0

Spin inclus, dérivée temporelle du premier ordre, densité de probabilité positive...tout semble aller
pour le mieux...
𝛼
D’autant que si on insère au Hamiltonien de Dirac un potentiel du type − 𝑟 (avec la constante de
structure fine α = 1/137), on corrige l’énergie de l’atome d’hydrogène obtenue via l’équation de
Schrödinger par (le premier terme est l’énergie relativiste au repos, le deuxième la contribution de
Schrödinger, les suivants sont les corrections apportées)

𝑚 𝛼2 𝑚 𝛼4 𝑛 3
𝐸 =𝑚− − ( − )…
2𝑛 2 2𝑛 2 1
𝑗+2 4

(j est ici le j du moment angulaire total) et cette nouvelle énergie est encore davantage en accord avec
l’expérience.

Sauf que...il reste cependant des états d’énergie négative. Nous allons nous en persuader mais avant
cela, signalons que cette caractéristique n’a absolument pas gêné Dirac : pour lui, son équation était
mathématiquement belle et ce qui est mathématiquement élégant ne peut que décrire la nature...
Cependant, les physiciens de l’époque ne pensaient pas de la même façon et ces états d’énergie
négative valurent à Dirac d’être mis à l’écart de la communauté scientifique pendant des années...

Les énergies négatives


Mettons donc en évidence les quatre solutions (𝜓1 , 𝜓2 , 𝜓3 , 𝜓4 ) de l’équation de Dirac. Nous verrons
alors que deux d’entre elles seront caractérisées par une énergie positive tandis que les deux autres
seront associées à une énergie négative.

Pour se faciliter la vie, on va poser

𝑢(𝑝) 𝑖(𝑝 ̇
𝑥−𝐸𝑡)
𝜓= ( )𝑒
𝑣(𝑝)
c’est-à-dire que l’on va décomposer la fonction d’ondes en deux spineurs7 (𝑢 et 𝑣), fonctions des
impulsions uniquement, et une solution du type onde plane.

7
Un spineur est un vecteur colonne à deux composantes. Mais pas que. Ce n’est qu’au bout d’une rotation de
720° qu’il revient à son état initial et c’est typique d’un fermion de spin ½. Comment est-il possible de devoir
faire deux tours pour revenir au point de départ ? Il suffit de penser à une rotation d’un bras qui tiendrait une
tasse de café :

11
Pourquoi fait-on cela ? Parce que, pour une particule au repos, l’équation de Dirac est
𝜕𝜓
𝑖 𝛾0 =𝑚𝜓
𝜕𝑡
𝑢
et donc, si 𝜓 est du type ondes planes, c’est-à-dire si 𝜓 = 𝑒 −𝑖 𝐸 𝑡 ( ) et en se rappelant que, dans la
𝑣
représentation de Dirac qui celle que nous allons considérer,
𝐼 0
𝛾0 = ( )
0 −𝐼
on aura
𝐸 0 𝑢 𝑢
( )( ) = 𝑚( )
0 −𝐸 𝑣 𝑣
et donc, des énergies positives comme des énergies négatives.

On aura ainsi deux états d’énergie positive


1 0
0 1
𝜓(1) = 𝑒 −𝑖 𝐸 𝑡 ( ) , 𝜓(2) = 𝑒 −𝑖 𝐸 𝑡 ( )
0 0
0 0
et deux états d’énergie négative

Au bout d’un seul tour, la main est en « miroir », il faudra deux tours pour qu’elle se
replace. Voir aussi dans la Webographie : réalisation d’un spineur à l’aide d’une bandelette de papier.
Mathématiquement, cela est dû au fait que les représentations de dimension 2 des rotations ne peuvent être
dues à SO(3) mais à son groupe homomorphe SU(2,C) et au fait que l’angle de rotation est alors divisé par deux
(donc, il faut qu’il soit double pour se ramener à l’identité) (voir portfolio 2).
Autre façon de voir les choses : la rotation d'un spineur correspond au glissement d'un vecteur vertical sur un
ruban de Möbius

12
0 0
−𝑖 𝐸 𝑡 0 −𝑖 𝐸 𝑡 0
𝜓(3) = 𝑒 ( ) , 𝜓(4) = 𝑒 ( )
1 0
0 1

Pour interpréter ces deux fois deux états, on se rappelle que la troisième composante de l’opérateur
de spin est
1 0 0 0
1 0 −1 0 0
𝑆3 = ( )
2 0 0 1 0
0 0 0 −1
et donc
1 1 1 1
𝑆 3 𝜓(1) = 𝜓(1) , 𝑆 3 𝜓(2) = − 𝜓(2) , 𝑆 3 𝜓(3) = 𝜓(3) , 𝑆 3 𝜓(4) = − 𝜓(4)
2 2 2 2
Les bispineurs 𝜓(1) et 𝜓(2) sont alors interprétés comme les deux états de spin (up et down) d’un
fermion de spin ½ d’énergie positive tandis que les bispineurs 𝜓(3) et 𝜓(4) sont interprétés comme
les deux états de spin d’un fermion de spin ½ d’énergie négative.

On retiendra :
𝑢1 E>0
𝑢 2
𝑒 −𝑖 𝐸 𝑡 (𝑣 )
1
𝑣2 E<0

Imaginons à présent une particule non plus au repos mais animée d’une impulsion selon l’axe des x
uniquement. L'équation de Dirac sous forme hamiltonienne s’écrit dans la représentation de Dirac
𝑖 𝜕𝑡 𝜓1 = −𝑖 𝜕𝑥 𝜓4 + 𝑚 𝜓1 𝜓1
𝑖 𝜕𝑡 𝜓2 = −𝑖 𝜕𝑥 𝜓3 + 𝑚 𝜓2 𝜓2
{ 𝑠𝑖 𝜓 = ( )
𝑖 𝜕𝑡 𝜓3 = −𝑖 𝜕𝑥 𝜓2 − 𝑚 𝜓3 𝜓3
𝑖 𝜕𝑡 𝜓4 = −𝑖 𝜕𝑥 𝜓1 − 𝑚 𝜓4 𝜓4

On constate qu’il y a un « mélange » des ψi : le système se découple en deux systèmes de deux


équations à deux inconnues, 𝜓1 , 𝜓4 d’un côté et 𝜓2 , 𝜓3 de l’autre.

Ce mix va amener à poser le premier état, a priori d’énergie positive et de spin up comme un mélange
de d’énergie positive et spin up (= 𝜓1 ) et d’énergie négative et spin down (= 𝜓4 ) :
1
𝑖 (𝑝1 𝑥−𝐸 𝑡) 0
𝜓= 𝑒 ( )
0
𝑋
!!! Attention, on va faire ici un tour de passe-passe typique de la mécanique quantique. En effet, on peut soit
travailler dans l’espace des « x » et voir les impulsions quantifiées comme des dérivées par rapport à x –ce qu’on
a toujours fait jusqu’à présent-, ou, de manière équivalente, travailler dans l’espace des impulsions, l’espace des
« p » et voir les impulsions comme de simples multiplications...

13
𝜕
𝑒𝑠𝑝𝑎𝑐𝑒 𝑑𝑒𝑠 𝑝𝑜𝑠𝑖𝑡𝑖𝑜𝑛𝑠 ∶ 𝑥𝑗 𝜓 = 𝑥𝑗 𝜓, 𝑝𝑗 𝜓 = −𝑖 𝜓
𝜕𝑥𝑗

𝜕
𝑒𝑠𝑝𝑎𝑐𝑒 𝑑𝑒𝑠 𝑖𝑚𝑝𝑢𝑙𝑠𝑖𝑜𝑛𝑠 ∶ 𝑥𝑗 𝜓 = 𝑖 𝜓, 𝑝𝑗 𝜓 = 𝑝𝑗 𝜓
𝜕𝑝𝑗

Dans les deux cas, on satisfait à la relation de commutation de base de la mécanique quantique

[𝑥𝑗 , 𝑝𝑘 ] = 𝑖 𝛿𝑗𝑘

C’est beaucoup plus facile de passer à l’espace des impulsions quand il s’agit de résoudre des équations où ces
impulsions interviennent, bien sûr ! C’est ce qu’on va faire ici et dans la suite.

Attention, garder à l’esprit que ce n’est qu’au niveau du Hamiltonien que ce changement va avoir lieu : les x et p
présents dans la fonction d’onde sont tous des nombres et non des opérateurs (c’est ce qui différencie la
première quantification, dans laquelle nous nous plaçons, de la deuxième quantification).

Pour cela, on agit d’abord sur l’exponentielle et puis, on va l’oublier.

𝑖 𝜕𝑡 𝜓1 = −𝑖 𝜕𝑥 𝜓4 + 𝑚 𝜓1 → 𝐸 𝑒𝑖 (𝑝1 𝑥−𝐸 𝑡) = 𝑝1 𝑒𝑖 (𝑝1 𝑥−𝐸 𝑡) 𝑋 + 𝑒𝑖 (𝑝1 𝑥−𝐸 𝑡) (−𝑖 𝜕𝑥 𝑋) + 𝑚 𝑒𝑖 (𝑝1 𝑥−𝐸 𝑡)

Les spineurs sont supposés être des fonctions de p1, p2, p3 (p1 uniquement ici), dans cet espace des impulsions.
Cela entraîne que 𝜕𝑥 𝑋 = 0.

Le sous-système sous-tendant 𝜓1 et 𝜓4 s’écrit alors


𝐸 = 𝑝1 𝑋 + 𝑚
{
𝐸 𝑋 = 𝑝1 − 𝑚 𝑋
On obtient la solution
𝑝1
𝑋=
𝐸+𝑚
avec

𝐸 2 = 𝑝12 + 𝑚2
Et donc, la première solution dite d’énergie positive est
1
0
𝜓 = 𝑒 𝑖 (𝑝1 𝑥−𝐸 𝑡) 0
𝑝1
(𝐸 + 𝑚)
Même si elle a deux composantes non nulles, l’une appartenant au secteur « énergie positive, spin
up », l’autre appartenant au secteur « énergie négative, spin down », cette solution est associée à une
énergie positive car c’est le cas lorsqu’elle est au repos (p1=0).
Le fait que E > 0 et m > 0 assure qu’il n’y aura pas de singularité.

Passons à présent au cas général.

Dans la représentation de Dirac,


𝐼 0 𝐼 0 0 𝜎) = ( 0 𝜎)
𝛽 = 𝛾0 = ( ),𝛾 = 𝛽 𝛼 = ( )(
0 −𝐼 0 −𝐼 𝜎 0 −𝜎 0
l’équation de Dirac s’écrit

14
𝐸−𝑚 −𝜎. 𝑝 𝑢
( )( ) = 0
𝜎. 𝑝 −𝐸 − 𝑚 𝑣
On a travaillé de la même façon que précédemment en agissant d’abord sur l’exponentielle pour la supprimer
ensuite, puisqu’elle est présente partout. On considère ensuite, en étant dans l’espace des impulsions que les
« p » agissent sur les spineurs, fonctions de p, en les multipliant.

⃗⃗ 𝑡) = 𝑁1 𝑒 −𝑖(𝐸 𝑡− 𝑝𝑟 ) des ondes planes. A quoi mèneraient les autres


Cette équation est basée sur le choix 𝜓1 (𝑟,
choix ?

𝐸+𝑚 −𝜎. 𝑝 𝑢
⃗⃗ 𝑡) = 𝑁2 𝑒 𝑖(𝐸 𝑡− 𝑝𝑟 ) → (
𝜓2 (𝑟, ) ( ) = 0 →𝑖𝑛𝑣𝑒𝑟𝑠𝑖𝑜𝑛 𝑑𝑒 𝑚 𝑜𝑢 𝑖𝑛𝑣𝑒𝑟𝑠𝑖𝑜𝑛 𝑑𝑒 𝐸 𝑒𝑡 𝑑𝑒 𝑝
𝜎. 𝑝 −𝐸 + 𝑚 𝑣

Inverser 𝐸 et 𝑝 revient à inverser t et 𝑟 au niveau de l’exponentielle.

Il va s’avérer que 𝑁2 𝑒 𝑖(𝐸 𝑡− 𝑝𝑟 ) sera l’onde plane typique des antiparticules (voir plus loin). Comment peut-elle
s’obtenir à partir de 𝑁1 𝑒 −𝑖(𝐸 𝑡− 𝑝𝑟 ) ? De trois façons différentes

• en effectuant la conjugaison complexe (et c’est ce que proposera l’opération « conjugaison de charge »
de Dirac, voir plus loin)
• en opérant les transformations 𝐸 → −𝐸, 𝑝 → − 𝑝 (et c’est ce que proposera la version attribuée à
Feynman)
• en opérant les transformations 𝑡 → −𝑡, 𝑟 → − 𝑟 (soit la transformation PT considérée comme unitaire
puisqu’elle ne modifie pas le signe de i)

N.B. : Une transformation unitaire U est telle que

𝑈 (𝑎 𝑓(𝑥) + 𝑏 𝑔(𝑥)) = 𝑎 𝑈 𝑓(𝑥) + 𝑏 𝑈 𝑔(𝑥)

Une transformation antiunitaire A est telle que

𝐴 (𝑎 𝑓(𝑥) + 𝑏 𝑔(𝑥)) = 𝑎∗ 𝐴 𝑓(𝑥) + 𝑏 ∗ 𝐴 𝑔(𝑥)

Dans le premier cas, la transformation sera nécessairement antiunitaire tandis que dans les deux autres cas, elle
sera unitaire.

A mettre en parallèle avec ce qu’écrit Feynman :

https://www.cambridge.org/core/books/elementary-particles-and-the-laws-of-physics/the-reason-for-
antiparticles/9D72E7C9045A9C0797DD952678F03C75

En gros, si on est dans le demi-cône du futur, c’est l’exponentielle


avec le (-i) qui prévaut, soit ce que tout le monde a fait jusqu’à
présent. Si, par contre, on est dans le demi-cône du passé
(inversion du temps), c’est l’exponentielle avec le (+i) qui doit être
privilégiée.

Dans la région extérieure au cône de lumière, les deux


exponentielles sont équivalentes.

15
On revient au cas « normal ».

Autrement dit,

𝜎. 𝑝 𝑣 = (𝐸 − 𝑚)𝑢 ; 𝜎. 𝑝 𝑢 = (𝐸 + 𝑚)𝑣
On tire alors8

(𝜎. 𝑝)(𝜎. 𝑝)𝑣 = (𝐸 2 − 𝑚2 )𝑣, (𝜎. 𝑝)(𝜎. 𝑝)𝑢 = (𝐸 2 − 𝑚2 )𝑢,

Et en se rappelant que

(𝜎. 𝑝)(𝜎. 𝑝) = 𝜎𝑗𝜎𝑘 𝑝𝑗 𝑝𝑘 = (𝛿𝑗𝑘 + 𝑖 𝜀𝑗𝑘𝑙 𝜎𝑙)𝑝𝑗 𝑝𝑘 = 𝛿𝑗𝑘 𝑝𝑗 𝑝𝑘 = 𝑝2

on retrouve effectivement le fait que chacun des u, v satisfait la relation relativiste :

(𝑝2 + 𝑚2 )𝑣 = 𝐸 2 𝑣 ; (𝑝2 + 𝑚2 )𝑢 = 𝐸 2 𝑢

On retrouve donc des énergies positives et négatives :

𝐸 = ±√𝑝2 + 𝑚2 = ±𝜀
Pour la même raison que précédemment les états associés aux énergies positives (𝐸 = 𝜀) sont
𝑢
( . 𝑝 𝑢)
𝜎
𝜀+𝑚
1 0
En choisissant les deux possibilités les plus simples de spineur normé : 𝑢 = ( ) , 𝑢 = ( ) , on
0 1
obtient explicitement :
1 0
0 1
𝑝3 𝑝1 − 𝑖 𝑝2
𝑢1 = , 𝑢2 =
𝜀+𝑚 𝜀+𝑚
𝑝1 + 𝑖 𝑝2 −𝑝3
( 𝜀+𝑚 ) ( 𝜀+𝑚 )

Ceux associés aux énergies négatives (𝐸 = −𝜀) sont

𝜎. 𝑝
(− 𝜀 + 𝑚 𝑣 )
𝑣
1 0
En choisissant à nouveau les deux possibilités les plus simples de spineur normé : 𝑣 = ( ) , 𝑣 = ( ) , on
0 1
obtient explicitement :

8 𝑝2
Remarquons que ces équations s’écrivent aussi (𝐸 − 𝑚)𝑢 = 𝑢. Dans le premier membre, on retrouve la
𝐸+𝑚
différence entre l’énergie totale et celle au repos tandis que le second membre coïncide avec Schrödinger aux
petites vitesses (E = m)

16
−𝑝3 −𝑝1 + 𝑖 𝑝2
𝜀+𝑚 𝜀+𝑚
−𝑝1 − 𝑖 𝑝2 𝑝3
𝑢3 = , 𝑢4 =
𝜀+𝑚 𝜀+𝑚
1 0
( 0 ) ( 1 )
Il manque encore les facteurs de normalisation9 :

𝑝2 2𝜀
𝑢1⧾ 𝑢1 = 1 + 2
= = 𝑢2⧾ 𝑢2 = 𝑢3⧾ 𝑢3 = 𝑢4⧾ 𝑢4
(𝜀 + 𝑚) 𝜀+𝑚

Au total, on a donc les deux solutions correspondant à l’énergie positive 𝐸 = 𝜀 = √𝑝2 + 𝑚2


1 0
0 1
𝐸 + 𝑚 𝑖(𝑝 ̇ 𝑝3 𝐸 + 𝑚 𝑖(𝑝 ̇ 𝑝1 − 𝑖 𝑝2
𝜓1+ = √ 𝑒 𝑥−𝐸 𝑡)
, 𝜓2+ = √ 𝑒 𝑥 −𝐸 𝑡)
2𝐸 𝐸+𝑚 2𝐸 𝐸+𝑚
𝑝1 + 𝑖 𝑝2 −𝑝3
( 𝐸+𝑚 ) ( 𝐸+𝑚 )

et les deux solutions correspondant à l’énergie négative 𝐸 = −𝜀 = −√𝑝2 + 𝑚2


𝑝3 𝑝1 − 𝑖 𝑝2
𝐸−𝑚 𝐸−𝑚
𝐸 − 𝑚 𝑖(𝑝 𝑥−𝐸̇ 𝑡) 𝑝1 + 𝑖 𝑝2 𝐸 − 𝑚 𝑖(𝑝 𝑥 −𝐸̇ 𝑡) −𝑝3
𝜓1− = √ 𝑒 , 𝜓2− = √ 𝑒
2𝐸 𝐸−𝑚 2𝐸 𝐸−𝑚
1 0
( 0 ) ( 1 )

⃗⃗ 𝑡) = 𝑁2 𝑒 𝑖(𝐸 𝑡− 𝑝𝑟 ) en lieu et place de 𝜓1 (𝑟,


Si on travaille avec 𝜓2 (𝑟, ⃗⃗ 𝑡) = 𝑁2 𝑒 −𝑖(𝐸 𝑡− 𝑝𝑟 ) , on va avoir quatre
solutions différentes. Elles sont toutes relatives à des masses négatives puisqu’il y a inversion de la masse dès le
départ.

les deux solutions correspondant à l’énergie positive 𝐸 = 𝜀 = √𝑝 2 + 𝑚2

1 0
0 1
𝐸 − 𝑚 −𝑖(𝑝 ̇ 𝑝3 𝐸 − 𝑚 −𝑖(𝑝 ̇ 𝑝1 − 𝑖 𝑝2
∧1+ = √ 𝑒 𝑥−𝐸 𝑡)
,∧+
2= √ 𝑒 𝑥−𝐸 𝑡)
2𝐸 𝐸−𝑚 2𝐸 𝐸−𝑚
𝑝1 + 𝑖 𝑝2 −𝑝3
( 𝐸−𝑚 ) ( 𝐸−𝑚 )

et les deux solutions correspondant à l’énergie négative 𝐸 = −𝜀 = −√𝑝2 + 𝑚2

9
Il arrive que l’on demande aux états de donner lieu à 2𝜀 et non 1 comme norme. Dans ce cas, le facteur de
normalisation est simplement √𝜀 + 𝑚

17
𝑝3 𝑝1 − 𝑖 𝑝2
𝐸+𝑚 𝐸+𝑚
𝐸 + 𝑚 −𝑖(𝑝 𝑥−𝐸̇ 𝑡) 𝑝1 + 𝑖 𝑝2 𝐸 + 𝑚 −𝑖(𝑝 𝑥−𝐸̇ 𝑡) −𝑝3
∧1− = √ 𝑒 ,∧−
2= √ 𝑒
2𝐸 𝐸+𝑚 2𝐸 𝐸+𝑚
1 0
( 0 ) ( 1 )

Dirac a donc solutionné tous les soucis détectés dans l’équation de Klein-Gordon sauf les énergies
négatives qui subsistent. Mais nous l’avons déjà dit : ces énergies négatives ne sont pas un souci pour
Dirac.

Néanmoins, comme la communauté scientifique n’est pas du même avis que lui et le met à l’écart, il
pense finalement à sauver son équation en interprétant ces énergies négatives.

Voici ce qu’il propose.

Il y a des énergies positives dont la plus basse est E = m et il y a des énergies négatives dont la plus
élevée est E = -m. Entre ces deux valeurs, aucune énergie n’est accessible : c’est un trou, un gap.

Ce gap n’est pas infranchissable pour un électron quantique (cf. premier portfolio). Chaque électron
d’énergie positive peut, en descendant de niveau en niveau –ce qui s ‘accompagne de l’émission d’un
photon-, occuper un état quantique correspondant à une énergie négative. Les électrons vont donc
occuper les états d’énergie négative dans l’ordre croissant de leurs valeurs. Ils ne tombent pas tous
dans l’état d’énergie le plus bas car le principe de Pauli les en empêche : si le rez-de-chaussée est déjà
occupé, les électrons –grands solitaires devant l’Eternel- doivent grimper au premier étage et quand
celui-ci est occupé par son unique électron, le deuxième etc. Du côté des énergies négatives, on aura
donc ce que Dirac appelle une « mer » d’électrons d’énergie négative, indétectables. Une fois cette
mer saturée, les électrons peuvent occuper les états d’énergie positive et devenir de « vrais » électrons
que l’on peut observer.

Dans la mer, tous les états sont occupés sauf éventuellement quelques-uns. Ces quelques états
inoccupés proviendraient de l’action de photons qui, bombardés sur la mer, donneraient l’énergie
suffisante aux électrons d’énergie négative touchés pour passer du côté positif. On a donc des « trous »
dans la mer d’électrons d’énergie négative.
Dirac : “We shall have an infinite number of electrons in negative-energy states, and indeed an infinite number per unit volume all
over the world, but if their distribution is exact uniform we should expect them to be completely unobservable. Only the small
departures from exact uniformity, brought about by some of the negative-energy states being unoccupied, can we hope to
observe.”

18
Ces trous correspondent à des particules de charge positive (cf. ce qu’on a écrit sur l’équation de Klein-
Gordon : la charge est multipliée par l’énergie, donc qE < 0 peut se voir comme q < 0 et E > 0 ou comme
q > 0 et E < 0). Dirac a d’abord pensé que ces particules pourraient être des protons... Mais cela ne
tient pas la route car le proton est 1836 fois plus lourd que l’électron...Or la valeur (absolue...) de la
masse doit être la même de part et d’autre de la frontière E = 0.

Dirac prédit donc l’existence d’une particule de même masse que celle de l’électron mais de charge
positive. Cette particule va recevoir le nom d’antiélectron, soit l’antiparticule de l’électron.

Or, en 1932, Carl Anderson découvre que les photons de haute énergie (au moins 2 x 0,51 MeV)
provenant des rayons cosmiques produisent, quand ils heurtent un écran en plomb, des électrons mais
aussi des particules de même masse et de charge opposée. Ces dernières peuvent s’annihiler avec des
électrons pour produire, à nouveau, des photons. C’est la confirmation expérimentale de l’antiélectron
-qui s’appellera désormais le positron- et de l’équation de Dirac.

Depuis, on a confirmé en 1955 l’existence de l’antiproton (qui avec le positron va former de l’anti-
hydrogène, produit expérimentalement en labo en 1995, cf. l’expérience LEAR du CERN), de
l’antineutron en 1956 etc.

Le succès est donc total pour Dirac. Cependant, en tant que telle, son équation en s’appliquant à des
fonctions d’ondes ne permet pas de décrire des processus où particules/antiparticules apparaissent
ou disparaissent. Par exemple, le processus

𝑒− + 𝑒+ → 2 𝛾

durant lequel matière et antimatière se rencontrent pour donner un rayonnement ne peut être décrit
par l’équation de Dirac (qui se contente d’inclure un électron et un positron). Il faudra alors modifier
cette équation en faisant en sorte qu’elle ne s’applique plus à une fonction d’onde mais à un opérateur

19
que l’on va appeler « champ ». C’est la seconde quantification ou théorie quantique des champs. Je
n’en dirai rien ici.

Quoiqu’il en soit, et même avec cette théorie quantique des champs, tout n’est pas clair, loin s’en faut.
En effet, la théorie admise généralement stipule, qu’ une micro-seconde après l’explosion du big bang,
la température en diminuant a permis la création de quarks, d’anti-quarks et de gluons qui se sont unis
pour former les hadrons et donc les protons, antiprotons, électrons, positrons,.... Les protons et
antiprotons se sont annihilés10 en produisant des photons, lesquels n’ont pas eu une densité suffisante
pour recréer des paires protons/antiprotons. Pour une raison que tout le monde ignore, il y aurait eu
au départ plus de protons que d’antiprotons...résultat : il ne reste plus d’antiprotons et un proton sur
un milliard a survécu. Au temps égal à une seconde, le processus s’est répété sur les
électrons/positrons : plus de positron et un électron sur un milliard a survécu. Pourquoi ? Et pourquoi
le même rapport ? Personne ne sait...

On ne sait même pas si ce scénario qui expliquerait le fait que l’on ne trouve actuellement pas
d’antimatière dans l’univers mais seulement de la matière est correct. Il se pourrait que dans des
régions très éloignées de nous (si éloignées que le rayonnement serait toujours invisible pour nous) se
trouve effectivement des amas d’antimatière qui rencontrent la matière en produisant des photons
ou de l’antimatière qui ne rencontre pas la matière...

Quoi qu’il en soit, pour Dirac, l’énergie négative est donc possible, même si elle concerne des états
indiscernables.

Il faudra attendre son livre, The principles of quantum mechanics, (http://digbib.ubka.uni-


karlsruhe.de/volltexte/wasbleibt/57355817/57355817.pdf ) pour qu’il mentionne le fait qu’il existe
une transformation qui permette de connecter ses états d’énergie négative à des états d’énergie
positive...(voir le lien de son livre, à la page 272). Cette transformation est la conjugaison
complexe...tout simplement parce qu’il s’est mis dans la représentation de Majorana. Mais on tient là
la première apparition de l’opérateur conjugaison de charge ! On y reviendra.

Donc voilà la philosophie de Dirac : son équation admet des solutions d’énergies positives et négatives
et si on n’est pas content de l’apparition de ces dernières, on utilise un opérateur antiunitaire (cf. la
conjugaison complexe) qui va transformer les états d’énergie négative en états d’énergie positive.

Il existe une autre approche et celle-là, elle consiste à modifier le signe de l’énergie au sein des états
d’énergie négative. En effet, si l’on remplace les bi-spineurs d’énergie négative (𝐸 = −𝜀)

10
Et ça, on le sait à travers le fond de radiation fossile, soit la lumière produite par la rencontre matière-
antimatière, lumière qui s’est refroidie au cours du temps pour atteindre 2,7 K.

20
−𝑝3 −𝑝1 + 𝑖 𝑝2
𝜀+𝑚 𝜀+𝑚
𝜀 + 𝑚 𝑖(𝑝 𝑥+𝜀̇ 𝑡) −𝑝1 − 𝑖 𝑝2 𝜀 + 𝑚 𝑖(𝑝 ̇ 𝑝3
𝜓1− = √ 𝑒 , 𝜓2− = √ 𝑒 𝑥+𝜀 𝑡)
2𝜀 𝜀+𝑚 2𝜀 𝜀+𝑚
1 0
( 0 ) ( 1 )
ou, en les rassemblant et en posant 𝐸 = −𝜀

𝜀 + 𝑚 𝑖(𝑝 𝜎. 𝑝 𝐸 − 𝑚 𝑖(𝑝 𝜎. 𝑝
𝑥 +𝜀̇ 𝑡) 𝑥−𝐸̇ 𝑡)
√ 𝑒 (− 𝜀 + 𝑚 𝑣 ) = √ 𝑒 (𝐸 − 𝑚 𝑣 )
2𝜀 2𝐸
𝑣 𝑣

par de nouveaux bi-spineurs obtenus à partir des précédents via les changements :

𝐸 → −𝐸, 𝑝 → −𝑝
c’est-à-dire

𝐸 + 𝑚 −𝑖(𝑝 𝜎. 𝑝
𝑥 −𝐸̇ 𝑡)
√ 𝑒 (𝐸 + 𝑚 𝑣 )
2𝐸
𝑣
Ils sont donc associés à des énergies positives.

On aura ainsi, en plus de


1 0
0 1
𝜀 + 𝑚 𝑖(𝑝 𝑥−𝜀̇ 𝑡)
𝑝3 𝜀 + 𝑚 𝑖(𝑝 𝑥−𝜀̇ 𝑡)
𝑝1 − 𝑖 𝑝2
𝜓1+ = √ 𝑒 , 𝜓2+ = √ 𝑒
2𝜀 𝜀+𝑚 2𝜀 𝜀+𝑚
𝑝1 + 𝑖 𝑝2 −𝑝3
( 𝜀+𝑚 ) ( 𝜀+𝑚 )
c’est-à-dire deux états de spin d’un fermion de spin ½ d’énergie positive, les fonctions d’ondes qui
remplacent 𝜓1− et 𝜓2− , à savoir
𝑝3 𝑝1 − 𝑖 𝑝2
𝜀+𝑚 𝜀+𝑚
𝜀 + 𝑚 −𝑖(𝑝 𝑥 −𝜀̇ 𝑡) 𝑝1 + 𝑖 𝑝2 𝜀 + 𝑚 −𝑖(𝑝 ̇ −𝑝3
𝜒1+ = √ 𝑒 , 𝜒2+ = √ 𝑒 𝑥−𝜀 𝑡)
2𝜀 𝜀+𝑚 2𝜀 𝜀+𝑚
1 0
( 0 ) ( 1 )

C’est-à-dire deux états de spin d’un anti-fermion de spin ½ d’énergie positive (= ε) aussi.

Ces deux derniers états obéissent à une équation légèrement différente de celle de Dirac.

−𝜀 − 𝑚 𝜎. 𝑝 𝑢
( )( ) = 0
−𝜎. 𝑝 𝜀−𝑚 𝑣
Ce changement de signe partout (sauf au niveau de m) est dû au changement de signe de l’argument
de l’exponentielle et au fait qu’on travaille dans l’espace des impulsions.

L’équation satisfaite par les fonctions 𝜒1+ et 𝜒2+ est donc

21
(𝛾 𝜇 𝑝𝜇 + 𝑚) 𝜒 = 0
Changement de signe au niveau de la masse !

A noter que, puisque 𝑝 a changé de signe dans cette interprétation, le moment angulaire 𝐿⃗ = 𝑟 ∧ 𝑝
change de signe aussi. Pour être cohérent, on propose alors au moment angulaire intrinsèque, le spin,
de changer de signe également. Donc, ici
−1 0 0 0
1 0 1 0 0
𝑆3 = ( )
2 0 0 −1 0
0 0 0 1
Si bien que 𝜒1+ est associé à un spin down et 𝜒2+ à un spin up.

Ces solutions correspondent aussi à des antiparticules ainsi que nous le verrons dans la section
suivante.

On attribue généralement ce changement d’interprétation à Feynman et Stueckelberg... Voici les


articles originaux :

https://authors.library.caltech.edu/3520/1/FEYpr49b.pdf

https://www.e-periodica.ch/cntmng?pid=hpa-001:1942:15::790

Ils se situent en fait dans des contextes très différents : la théorie des champs pour Feynman et la
relativité pour Stueckelberg... Ils ne présentent donc pas leurs résultats de la façon décrite ci-dessus
comme voudraient nous le faire croire la plupart des écrits... Par contre, on retrouve le fait qu’ils
parlent de renversement temporel tous les deux afin d’éviter les énergies négatives pour ne plus
considérer que quatre solutions d’énergie positive. Ce dernier point s’explique très simplement :

Du reste, les physiciens ont, quand ils considèrent la question des énergies négatives, quitté depuis longtemps
le contexte de l’équation de Dirac. Pour eux, Feynman en tête, ce qui compte c’est de décrire non pas une
particule mais des créations/annihilations/collisions de particules...soit le terrain de jeu de la théorie quantique
des champs.

Ces physiciens, vont attribuer un caractère antiunitaire au renversement temporel (voir Weinberg)...d’où le
changement du signe de l’argument de l’exponentielle ci-dessus : au lieu de considérer directement 𝐸 → −𝐸
comme expliqué avant, ils appliquent un renversement temporel qui va opérer la transformation 𝑡 → −𝑡 mais
aussi, parce que ce renversement temporel est antiunitaire, la transformation 𝑖 → −𝑖 et l’énergie reste négative.
C’est la première exponentielle ci-dessus. Et comme, bien sûr, un produit de deux nombres négatifs vaut le
produit de leurs valeurs absolues, cela va être équivalent à la deuxième exponentielle. D’où leur credo : un
électron d’énergie négative qui remonte le temps équivaut à une particule (qui va être identifiée au positron)
d’énergie positive qui suit le cours du temps.

22
D’où les deux raisonnements possibles :

Interprétation 1 : un faisceau de photons génère une paire électron-positron à l’instant t0. L’électron émis s’échappe en
direction de A. A l’instant t1, le positron rencontre un électron qui provient de B. Leur annihilation génère deux photons. C’est
l’interprétation classique.

Interprétation 2 : Un électron provient de B. Il émet des photons à l’instant t1. Cet événement lui fait remonter le temps parce
qu’il a dépensé plus d’énergie qu’il n’en avait en émettant ses deux photons...il est donc pourvu d’une énergie négative.. Il
prend le chemin inverse de celui emprunté par le positron dans l’interprétation 1. Au temps t0 antérieur à t1, ce même
électron entre en interaction avec des photons très énergiques. Il reprend alors le cours normal du temps et s’échappe en
direction de A. C’est l’interprétation non conventionnelle des événements. Elle est autorisée par la théorie : un positron et
un électron orienté en sens inverse et qui remonte le temps sont représentés par la même équation.

On peut donc voir les particules d’énergie négative remontant le temps comme des antiparticules d’énergie positive allant
du passé vers le futur. L’émission (respectivement l’absorption) d’une particule d’énergie négative est ainsi interprétée
comme l’absorption (respectivement l’émission) d’une antiparticule d’énergie positive.

Voir : https://www.youtube.com/watch?v=rst9EcF9ryk

Ce raisonnement va être réitéré au niveau de la partie spatiale de l’exponentielle : changer le signe de 𝑝 revient
à changer le signe de 𝑥 , soit l’action de la parité. Cette dernière sera considérée comme unitaire étant donné
que le renversement temporel aura déjà changé le signe de l’exponentielle...on ne peut donc pas le faire une
deuxième fois.

Donc, l’approche Feynman-Stueckelberg, c’est PT avec P unitaire et T antiunitaire.

Résumé :

CE QUI EST COMMUN A TOUT LE MONDE : 𝜀+𝑚


𝑁=√ 2𝜀
; 𝜀 = √𝑝2 + 𝑚2

1 0
0 1
𝐸 + 𝑚 ̇ 𝑝3 𝐸 + 𝑚 ̇ 𝑝1 − 𝑖 𝑝2
𝜓1+ = √ 𝑒 𝑖(𝑝 𝑥−𝐸 𝑡) 𝜓2+ = √ 𝑒 𝑖(𝑝 𝑥−𝐸 𝑡)
2𝐸 𝐸+𝑚 2𝐸 𝐸+𝑚
𝑝1 + 𝑖 𝑝2 −𝑝3
( 𝐸+𝑚 ) ( 𝐸+𝑚 )
Fermion E = ε > 0, m > 0, spin up Fermion E = ε > 0, m > 0, spin down
(𝛾 𝜇 𝑝𝜇 − 𝑚) 𝜓 = 0 (𝛾 𝜇 𝑝𝜇 − 𝑚) 𝜓 = 0

DIRAC : C antiunitaire (première quantification)

23
𝑝3 𝑝1 − 𝑖 𝑝2
𝐸−𝑚 𝐸−𝑚
𝐸 − 𝑚 𝑖(𝑝 𝑥−𝐸̇ 𝑡) 𝑝1 + 𝑖 𝑝2 −
𝐸 − 𝑚 𝑖(𝑝 𝑥−𝐸̇ 𝑡) −𝑝3
𝜓1− = √ 𝑒 𝜓2 = √ 𝑒
2𝐸 𝐸−𝑚 2𝐸 𝐸−𝑚
1 0
( 0 ) ( 1 )
E = -ε < 0, m > 0, spin up E = -ε < 0, m > 0, spin down
(𝛾 𝜇 𝑝𝜇 − 𝑚) 𝜓 = 0 (𝛾 𝜇 𝑝𝜇 − 𝑚) 𝜓 = 0

FEYNMAN : PT antiunitaire (deuxième quantification)


𝑝3 𝑝1 − 𝑖 𝑝2
𝐸+𝑚 𝐸+𝑚
+
𝐸 + 𝑚 −𝑖(𝑝 𝑥−𝐸̇ 𝑡) 𝑝1 + 𝑖 𝑝2 +
𝐸 + 𝑚 −𝑖(𝑝 𝑥−𝐸̇ 𝑡) −𝑝3
𝜒1 = √ 𝑒 𝜒2 = √ 𝑒
2𝐸 𝐸+𝑚 2𝐸 𝐸+𝑚
1 0
( 0 ) ( 1 )
Anti-fermion E = ε > 0, m > 0, spin down Anti-fermion E = ε > 0, m > 0, spin up
(𝛾 𝜇 𝑝𝜇 + 𝑚) 𝜒 = 0 (𝛾 𝜇 𝑝𝜇 + 𝑚) 𝜒 = 0

JANUS : PT unitaire (première quantification)


𝑝3 𝑝1 − 𝑖 𝑝2
𝐸+𝑚 𝐸+𝑚
− √
𝐸 + 𝑚 −𝑖(𝑝 𝑥−𝐸̇ 𝑡) 𝑝1 + 𝑖 𝑝2 − √
𝐸 + 𝑚 −𝑖(𝑝 𝑥−𝐸̇ 𝑡) −𝑝3
∧1 = 𝑒 ∧2 = 𝑒
2𝐸 𝐸+𝑚 2𝐸 𝐸+𝑚
1 0
( 0 ) ( 1 )
Anti-fermion E = -ε < 0, m < 0, spin up Anti-fermion E = ε < 0, m < 0, spin down
(𝛾 𝜇 𝑝𝜇 − 𝑚) ∧ = 0 (𝛾 𝜇 𝑝𝜇 − 𝑚) ∧ = 0

On remarquera que les états d’énergie négative de Dirac ne sont pas associés, dans le tableau, à des
antiparticules… L’explication se trouve dans la section suivante. Il faudra l’intervention de la
conjugaison de charge pour y arriver.

On remarquera également que les états d’énergie et masse négatives sont identiques aux états de
Feynman....au fait près que TOUT a été inversé (masse, énergie et spin)

L’équation de Dirac avec interaction électromagnétique


C’est le contexte même de l’antimatière : la charge électrique apparait alors dans l’équation de Dirac.

Dans le cas d’une interaction avec un champ électromagnétique, l’équation de Dirac devient en effet

(𝛾 𝜇 (𝑝𝜇 − 𝑞 𝐴𝜇 ) − 𝑚)𝜓 = 0

L’équation libre a donc été modifiée en introduisant le quadrivecteur potentiel

𝐴𝜇 = (𝑉, −𝐴 )

Sur des bispineurs du type


𝜓𝑎
𝜓= ( )
𝜓𝑏
24
cette équation devient, dans l’espace des impulsions et en ayant considéré l’exponentielle onde plane

𝐸 − 𝑚 − 𝑞 𝑉 −𝜎. (𝑝 − 𝑞 𝐴 ) 𝜓𝑎
( )( ) = 0
𝜎. (𝑝 − 𝑞 𝐴 ) −𝐸 − 𝑚 + 𝑞 𝑉 𝜓𝑏
ou encore

𝐸 𝜓𝑎 = 𝜎. (𝑝 − 𝑞 𝐴 )𝜓𝑏 + (𝑚 + 𝑞 𝑉)𝜓𝑎
{
𝐸 𝜓𝑏 = 𝜎. (𝑝 − 𝑞 𝐴 )𝜓𝑎 + (−𝑚 + 𝑞 𝑉)𝜓𝑏

A la limite non relativiste où l’on peut négliger q V face à m, on aura

𝜎. (𝑝 − 𝑞 𝐴 )
𝜓𝑏 = 𝜓𝑎
𝐸+𝑚
Et, dans la première équation

𝜎. (𝑝 − 𝑞 𝐴 )𝜎. (𝑝 − 𝑞 𝐴 )
(𝐸 − 𝑚)𝜓𝑎 = 𝜓𝑎 + 𝑞 𝑉 𝜓𝑎
𝐸+𝑚
On remarque alors que

𝜎. (𝑝 − 𝑞 𝐴 )𝜎. (𝑝 − 𝑞 𝐴 ) = (𝛿𝑗𝑙 + 𝑖 𝜀𝑗𝑙𝑘 𝜎𝑘 )(𝑝𝑗 − 𝑞 𝐴𝑗 )(𝑝𝑙 − 𝑞 𝐴𝑙 )

et ensuite que

𝑝𝑗 𝐴𝑙 − 𝐴𝑗 𝑝𝑙 = −𝑖 𝜕𝑗 𝐴𝑙 + 𝐴𝑙 𝑝𝑗 − 𝐴𝑗 𝑝𝑙

pour obtenir
2 2

𝜎. (𝑝 − 𝑞 𝐴 )𝜎. (𝑝 − 𝑞 𝐴 ) = (𝑝 − 𝑞 𝐴 ) − 𝑞 𝜀𝑗𝑙𝑘 𝜎𝑘 𝜕𝑗 𝐴𝑙 = (𝑝 − 𝑞 𝐴 ) − 𝑞 𝜎 𝐵

La dernière contribution fait intervenir le champ magnétique.

On a finalement (en approximant E à m au dénominateur)


2
(𝑝 − 𝑞 𝐴 ) 𝑞𝜎𝐵⃗
(𝐸 − 𝑚)𝜓𝑎 = 𝜓𝑎 − 𝜓𝑎 + 𝑞 𝑉 𝜓𝑎
2𝑚 2𝑚
Soit, dans le second membre, l’équation de Pauli ( équation –postulée- non-relativiste de la mécanique
quantique qui correspond à celle de Schrödinger pour les particules de spin 1/2 dans un champ
électromagnétique).

C’est considéré comme un autre succès de l’équation de Dirac.

Et du côté des énergies négatives ?

Si E = - ε, le système donne lieu à

𝜎. (𝑝 − 𝑞 𝐴 )
𝜓𝑎 = 𝜓𝑏
−𝜀 − 𝑚
et à

𝜎. (𝑝 − 𝑞 𝐴 )𝜎. (𝑝 − 𝑞 𝐴 )
(−𝜀 + 𝑚)𝜓𝑏 = 𝜓𝑏 + 𝑞 𝑉 𝜓𝑏
−𝜀 − 𝑚

25
Donc,
2
(𝑝 − 𝑞 𝐴 ) 𝑞𝜎𝐵⃗
(𝜀 − 𝑚)𝜓𝑏 == 𝜓𝑏 − 𝜓𝑏 − 𝑞 𝑉 𝜓𝑏
2𝑚 2𝑚
Pour le moment, cela ne donne pas grand-chose : q a changé de signe dans certains termes mais l’a
conservé dans d’autres...

D’où l’idée de Dirac de prendre le conjugué complexe qui va tout arranger...

On repart donc de l’équation de Dirac avec interaction

(𝛾 𝜇 (𝑝𝜇 − 𝑞 𝐴𝜇 ) − 𝑚)𝜓 = 0

On en prend ensuite le conjugué complexe et on multiplie le tout par 𝑖 𝛾 2 à gauche

(𝑖 𝛾 2 (𝛾𝜇 )∗ (−𝑝𝜇 − 𝑞 𝐴𝜇 ) − 𝑖 𝑚 𝛾 2 )𝜓 ∗ = 0

Or, dans la réalisation de Dirac

𝛾 2 (𝛾 0 )∗ = 𝛾 2 𝛾 0 = − 𝛾 0 𝛾 2 , 𝛾 2 (𝛾1 )∗ = 𝛾 2 𝛾1 = − 𝛾1 𝛾 2

𝛾 2 (𝛾 2 )∗ = − 𝛾 2 𝛾 2 , 𝛾 2 (𝛾 3 )∗ = 𝛾 2 𝛾 3 = − 𝛾 3 𝛾 2
Donc

𝛾 2 (𝛾𝜇 )∗ = − 𝛾 𝜇 𝛾 2
et l’équation devient

(𝛾 𝜇 (𝑝𝜇 + 𝑞 𝐴𝜇 ) − 𝑚)𝑖 𝛾 2 𝜓 ∗ = 0

L’opérateur11

𝐶 = 𝑖 𝛾2 𝑪

où le 𝑪 en gras signifie la conjugaison complexe, a modifié le signe de la charge dans l’équation de


Dirac. Pour cette raison, l’opérateur C va être associé à la conjugaison de charge.

Notons que l’opérateur conjugaison de charge change selon la réalisation des matrices γ : 𝑖 𝛾 2 𝐶 dans
la réalisation de Dirac, 𝐶 dans celle de Majorana....

Voyons son action sur une fonction d’onde du type


𝑢𝑎
𝜓 = (𝑢 ) 𝑒 −𝑖 (𝐸 𝑡− 𝑝 𝑥)
𝑏

Elle devient
𝑖 𝜎2 𝑢𝑏∗
𝑖 𝛾2 𝜓∗ = ( ) 𝑒 𝑖 (𝐸 𝑡− 𝑝 𝑥)
−𝑖 𝜎2 𝑢𝑎∗
! Ceci suppose de nouveau que l’on travaille dans l’espace des impulsions !

L’équation de Dirac s’écrit alors

11
Le i est simplement là pour garantir que C2 = I.

26
−𝐸 − 𝑚 + 𝑞 𝑉 −𝜎. (𝑝 + 𝑞 𝐴 ) 𝑖 𝜎2 𝑢𝑏∗
( )( )=0
𝜎. (𝑝 + 𝑞 𝐴 ) 𝐸−𝑚−𝑞𝑉 −𝑖 𝜎2 𝑢𝑎∗

Soit

(−𝐸 − 𝑚) 𝑖 𝜎2 𝑢𝑏∗ = 𝜎. (𝑝 + 𝑞 𝐴 )(−𝑖 𝜎2 𝑢𝑎∗ ) − 𝑞 𝑉 𝑖 𝜎2 𝑢𝑏∗


{
(−𝐸 + 𝑚) (−𝑖 𝜎2 𝑢𝑎∗ ) = 𝜎. (𝑝 + 𝑞 𝐴 )(𝑖 𝜎2 𝑢𝑏∗ ) + 𝑞 𝑉 𝑖 𝜎2 𝑢𝑎∗

On obtient alors en considérant 𝐸 = − 𝜀

𝜎. (𝑝 + 𝑞 𝐴 )
−𝑖 𝜎2 𝑢𝑎∗ = 𝑖 𝜎2 𝑢𝑏∗
𝜀+𝑚
et

𝜎. (𝑝 + 𝑞 𝐴 )
(𝜀 − 𝑚) 𝑖 𝜎2 𝑢𝑏∗ = 𝜎. (𝑝 + 𝑞 𝐴 ) 𝑖 𝜎2 𝑢𝑏∗ − 𝑞 𝑉 𝑖 𝜎2 𝑢𝑏∗
𝜀+𝑚
Au final, la limite non relativiste sera
2
(𝑝 + 𝑞 𝐴 ) 𝑞𝜎𝐵⃗
(𝜀 − 𝑚) 𝑖 𝜎2 𝑢𝑏∗ =( + − 𝑞 𝑉) 𝑖 𝜎2 𝑢𝑏∗
2𝑚 2𝑚

Soit l’équation de Pauli avec le signe de la charge inversé partout, cette fois.

C’est l’antimatière selon Dirac : elle résulte de l’application de l’opérateur antiunitaire conjugaison de
charge réalisé par

𝐶 = 𝑖 𝛾2 𝑪

Au niveau des solutions d’énergie positive, il est aisé de voir que


1 𝑝1 − 𝑖 𝑝2
0 0 0 1 0 𝐸+𝑚
𝑥−𝐸̇ 𝑡) 0 0 −1 0 𝑝3 𝑥−𝐸̇ 𝑡) 𝑝3
𝐶 𝜓1+ = 𝑁 𝑒 −𝑖(𝑝 ( ) = 𝑁 𝑒 −𝑖(𝑝 − = 𝜒2+
0 −1 0 0 𝐸+𝑚 𝐸+𝑚
1 0 0 0 𝑝1 − 𝑖 𝑝2 0
( 𝐸+𝑚 ) ( 1 )
0 𝑝3
1 −
0 0 0 1 𝐸+𝑚
̇ 0 0 −1 0 𝑝1 + 𝑖 𝑝2 ̇ 𝑝1 + 𝑖 𝑝2
𝐶 𝜓2+ = 𝑁 𝑒 −𝑖(𝑝 𝑥−𝐸 𝑡)
( ) = 𝑁 𝑒 −𝑖(𝑝 𝑥−𝐸 𝑡)
− = −𝜒1+
0 −1 0 0 𝐸+𝑚 𝐸+𝑚
1 0 0 0 −𝑝3 −1
( 𝐸+𝑚 ) ( 0 )
On voit ainsi la confirmation que C permet de relier les deux états d’énergie positive de Dirac avec les
deux états d’énergie positive de Feynman remplaçant les deux états d’énergie négative de Dirac.

Donc, pour avoir des antiparticules, que faut-il ?

1) Changer le signe des 𝑝𝜇 : on peut l’imaginer à travers une conjugaison complexe comme ici,
ou à travers un changement de signe direct, typique d’une symétrie PT

27
2) Une matrice qui va anticommuter avec les quatre γ (conjugués ou non...selon l’approche).
Cette matrice va alors rétablir le signe correct de la masse dans l’équation de Dirac et agir sur
la fonction d’onde. Dans le cas de la conjugaison de charge, c’est la matrice 𝑖 𝛾 2 .

Les opérateurs de symétrie discrète


On examine ici toutes les possibilités (unitaires, antiunitaires) des opérateurs P et T.

D’abord l’opérateur de parité :

𝑥(𝑡, 𝑥 ) → 𝑥′(𝑡, −𝑥 )
Dans le cas où P est unitaire (et linéaire), l’équation de Dirac est modifiée comme suit :

(𝑖 𝛾 0 𝜕𝑡 + 𝑖 𝛾 𝑗 𝜕𝑗 − 𝑚 )𝜓(𝑥) = 0 → 𝑃𝑈 (𝑖 𝛾 0 𝜕𝑡 + 𝑖 𝛾 𝑗 𝜕𝑗 − 𝑚 )𝑃𝑈−1 𝑃𝑈 𝜓(𝑥) = 0


→ (𝑖 𝛾 0 𝜕𝑡 − 𝑖 𝛾 𝑗 𝜕𝑗 − 𝑚 ) 𝜓(𝑥′) = 0

Il s’agit donc de trouver une matrice 𝑃𝑈 qui commute avec 𝛾 0 et qui anticommute avec 𝛾 𝑗 . Cette matrice est
𝛾 0 (à un facteur de phase près)

L’action de la parité, opérateur unitaire, se marque donc par

𝜓 (𝑡, 𝑥 ) → 𝜂𝑃𝑈 𝛾 0 𝜓 (𝑡, − 𝑥 )

Dans le cas où P est antiunitaire (et anti-linéaire), l’opérateur parité se présente comme la composition d’une
matrice 𝑃𝐴𝑈 et de la conjugaison complexe.

L’équation de Dirac conjuguée est


∗ ∗
(−𝑖 𝛾 0 𝜕𝑡 − 𝑖 𝛾 𝑗 𝜕𝑗 − 𝑚 )𝜓(𝑥)∗ = 0

En la multipliant à gauche par 𝑃𝐴𝑈 , on a


∗−1 −1 ∗
(−𝑖𝑃𝐴𝑈 𝛾 0 𝑃𝐴𝑈 𝜕𝑡 − 𝑖𝑃𝐴𝑈 𝛾 𝑗 𝑃𝐴𝑈 𝜕𝑗 − 𝑚 )𝑃𝐴𝑈 𝜓(𝑥)∗ = 0

Cela doit coïncider avec l’action concrète de la parité :

(𝑖 𝛾 0 𝜕𝑡 − 𝑖 𝛾 𝑗 𝜕𝑗 − 𝑚 )𝑃𝐴𝑈 𝜓(𝑥)∗ = 0

Il s’agit donc de trouver une matrice 𝑃𝐴𝑈 qui est telle que
∗−1 ∗
−1
𝑃𝐴𝑈 𝛾 0 𝑃𝐴𝑈 = −𝛾 0 , 𝑃𝐴𝑈 𝛾 𝑗 𝑃𝐴𝑈 = 𝛾𝑗

Cette matrice doit donc anticommuter avec 𝛾 0 , 𝛾 2 et commuter avec 𝛾1 , 𝛾 3 . Elle est égale à 𝛾 0 𝛾 2 (à un facteur
de phase près)

L’action de la parité, opérateur antiunitaire, se marque donc par

𝜓 (𝑡, 𝑥 ) → 𝜂𝑃𝐴𝑈 𝛾 0 𝛾 2 𝜓(𝑡, −𝑥 )∗

Ensuite, on passe à l’opérateur responsable du renversement temporel

𝑥(𝑡, 𝑥 ) → 𝑥′(−𝑡, 𝑥 )
Donc l’action de T s’il est considéré comme unitaire sur l’équation de Dirac va être :

28
(𝑖 𝛾 0 𝜕𝑡 + 𝑖 𝛾 𝑗 𝜕𝑗 − 𝑚 )𝜓(𝑥) = 0 → 𝑇𝑈 (𝑖 𝛾 0 𝜕𝑡 + 𝑖 𝛾 𝑗 𝜕𝑗 − 𝑚 )𝑇𝑈−1 𝑇𝑈 𝜓(𝑥) = 0
→ (−𝑖 𝛾 0 𝜕𝑡 + 𝑖 𝛾 𝑗 𝜕𝑗 − 𝑚 ) 𝜓(𝑥′) = 0

Il s’agit donc de trouver une matrice 𝑇𝑈 qui anticommute avec 𝛾 0 et qui commute avec 𝛾 𝑗 . Cette matrice est
𝛾1 𝛾 2 𝛾 3 (à un facteur de phase près).

L’action du renversement temporel, opérateur unitaire, se marque donc par

𝜓 (𝑡, 𝑥 ) → 𝜂 𝑇𝑈 𝛾1 𝛾 2 𝛾 3 𝜓 (−𝑡, 𝑥 )

Si T est antiunitaire, il va être le produit d’une matrice 𝑇𝐴𝑈 et de l’opérateur de conjugaison complexe

L’équation de Dirac conjuguée est


∗ ∗
(−𝑖 𝛾 0 𝜕𝑡 − 𝑖 𝛾 𝑗 𝜕𝑗 − 𝑚 )𝜓(𝑥)∗ = 0

En la multipliant à gauche par 𝑇𝐴𝑈 , on a



−1 −1 ∗
(−𝑖𝑇𝐴𝑈 𝛾 0 𝑇𝐴𝑈 𝜕𝑡 − 𝑖𝑇𝐴𝑈 𝛾 𝑗 𝑇𝐴𝑈 𝜕𝑗 − 𝑚 )𝑇𝐴𝑈 𝜓(𝑥)∗ = 0

Cela doit coïncider avec l’action concrète du renversement temporel :

(−𝑖 𝛾 0 𝜕𝑡 + 𝑖 𝛾 𝑗 𝜕𝑗 − 𝑚 )𝑇𝐴𝑈 𝜓(𝑥)∗ = 0

Il s’agit donc de trouver une matrice 𝑇𝐴𝑈 qui est telle que
∗−1 ∗
−1
𝑇𝐴𝑈 𝛾 0 𝑇𝐴𝑈 = 𝛾 0 , 𝑇𝐴𝑈 𝛾 𝑗 𝑇𝐴𝑈 = − 𝛾𝑗

Cette matrice doit donc anticommuter avec 𝛾1 , 𝛾 3 et commuter avec 𝛾 0 , 𝛾 2 . Elle est égale à 𝛾1 𝛾 3 (à un facteur
de phase près).

L’action du renversement temporel, opérateur antiunitaire, se marque donc par

𝜓 (𝑡, 𝑥 ) → 𝜂 𝑇𝐴𝑈 𝛾1 𝛾 3 𝜓(𝑡, −𝑥 )∗

Si on couple les actions, on peut avoir

• P unitaire et T antiunitaire
𝜓 (𝑡, 𝑥 ) → 𝜂𝑃𝑇 𝛾 0 𝛾1 𝛾 3 𝜓 (−𝑡, − 𝑥 )∗
• P antiunitaire et T unitaire

𝜓 (𝑡, 𝑥 ) → 𝜂𝑃𝑇 𝛾 0 𝛾 2 𝛾1 𝛾 2 𝛾 3 𝜓 (−𝑡, − 𝑥 )∗ = 𝜂𝑃𝑇 𝛾 0 𝛾1 𝛾 3 𝜓 (−𝑡, − 𝑥 )∗


L’action est donc la même dans les deux cas.

On peut raisonnablement supposer que PT appliqué deux fois redonne l’identité et donc
2 2
𝜂𝑃𝑇 𝛾 0 𝛾1 𝛾 3 𝛾 0 𝛾 1 𝛾 3 = −𝜂𝑃𝑇 =1
Le facteur de phase 𝜂𝑃𝑇 peut donc être choisi comme étant égal à i.

Que se passe-t-il si les deux opérateurs ont la même unitarité ?

• P unitaire et T unitaire
𝜓 (𝑡, 𝑥 ) → 𝜂𝑃𝑇 𝛾 0 𝛾1 𝛾 2 𝛾 3 𝜓 (−𝑡, − 𝑥 ) = 𝜂𝑃𝑇 𝛾 5 𝜓 (−𝑡, − 𝑥 )

29
• P antiunitaire et T antiunitaire

𝜓 (𝑡, 𝑥 ) → 𝜂𝑃𝑇 𝛾 0 𝛾 2 𝛾1 𝛾 3 𝜓(−𝑡, −𝑥 ) = 𝜂𝑃𝑇 𝛾 5 𝜓 (−𝑡, − 𝑥 )


Donc, là aussi, les actions sont identiques.

Le facteur de phase 𝜂𝑃𝑇 peut être choisi comme étant égal à 1.

En résumé,

• PT est unitaire
𝜓 (𝑡, 𝑥 ) → 𝛾 5 𝜓 (−𝑡, − 𝑥 )
• PT est antiunitaire
𝜓 (𝑡, 𝑥 ) → 𝑖 𝛾 0 𝛾1 𝛾 3 𝜓 (−𝑡, − 𝑥 )∗ = 𝑖 𝛾 5 𝛾 2 𝜓 (−𝑡, − 𝑥 )∗
• C antiunitaire
𝜓 (𝑡, 𝑥 ) → 𝑖 𝛾 2 𝜓 (𝑡, 𝑥 )∗
• L’inversion de masse unitaire
𝜓 (𝑡, 𝑥 ) → 𝛾 5 𝜓 (𝑡, 𝑥 )

La matrice 𝛾 5 traduit une inversion de masse... donc effectuer la symétrie PT unitaire, ce n’est pas simplement
transformer t en –t, 𝑥 en −𝑥... c’est AUSSI inverser la masse.

Cf. la conférence de Feynman : https://www.cambridge.org/core/services/aop-cambridge-


core/content/view/9D72E7C9045A9C0797DD952678F03C75/9781107590076c1_p1-
60_CBO.pdf/reason_for_antiparticles.pdf

30
Si on applique la transformation PT unitaire sur les états d’énergie positive de Dirac :
1 𝑝3
0 0 1 0 0 𝐸+𝑚
𝐸 + 𝑚 −𝑖(𝑝 𝑥−𝐸̇ 𝑡) 0 0 0 1 𝑝3 𝐸 + 𝑚 −𝑖(𝑝 𝑥−𝐸̇ 𝑡) 𝑝1 + 𝑖𝑝2
𝛾 5
𝜓1+ (−𝑥) =√ 𝑒 ( ) =√ 𝑒
2𝐸 1 0 0 0 𝐸+𝑚 2𝐸 𝐸+𝑚
0 1 0 0 𝑝1 + 𝑖 𝑝2 1
( 𝐸+𝑚 ) ( 0 )

Donc,

𝛾 5 𝜓1+ (−𝑥) = 𝜒1+ (𝑥)


0 𝑝1 − 𝑖𝑝2
0 0 1 0 1 𝐸+𝑚
𝐸 + 𝑚 −𝑖(𝑝 𝑥−𝐸̇ 𝑡) 0 0 0 1 𝑝1 − 𝑖𝑝2 𝐸 + 𝑚 −𝑖(𝑝 𝑥−𝐸̇ 𝑡) 𝑝3
𝛾 5
𝜓2+ (−𝑥) =√ 𝑒 ( ) =√ 𝑒 −
2𝐸 1 0 0 0 𝐸+𝑚 2𝐸 𝐸+𝑚
0 1 0 0 −𝑝3 0
( 𝐸+𝑚 ) ( 1 )
Donc,

𝛾 5 𝜓2+ (−𝑥) = 𝜒2+ (𝑥)


Inversement :
𝑝3 1
0 0 1 0 𝐸+𝑚 0
𝐸 + 𝑚 𝑖(𝑝 𝑥−𝐸̇ 𝑡) 0 0 0 1 𝑝1 + 𝑖 𝑝2 𝐸 + 𝑚 𝑖(𝑝 𝑥−𝐸̇ 𝑡)
𝑝3
𝛾 5
𝜒1+ (−𝑥) =√ 𝑒 ( ) =√ 𝑒
2𝐸 1 0 0 0 𝐸+𝑚 2𝐸 𝐸+𝑚
0 1 0 0 1 𝑝1 + 𝑖𝑝2
( 0 ) ( 𝐸+𝑚 )
Donc

𝛾 5 𝜒1+ (−𝑥) = 𝜓1+ (𝑥)


𝑝1 − 𝑖𝑝2 0
0 0 1 0 𝐸+𝑚 1
𝐸 + 𝑚 𝑖(𝑝 𝑥−𝐸̇ 𝑡) 0 0 0 1 − 𝑝3 𝐸 + 𝑚 𝑖(𝑝 ̇ 𝑝1 − 𝑖𝑝2
𝛾 5 𝜒2+ (−𝑥) = √ 𝑒 ( ) =√ 𝑒 𝑥−𝐸 𝑡)
2𝐸 1 0 0 0 𝐸+𝑚 2𝐸 𝐸+𝑚
0 1 0 0 0 𝑝3
( ) −
( 𝐸 + 𝑚)
1
Donc

𝛾 5 𝜒2+ (−𝑥) = 𝜓2+ (𝑥)

On remarque qu’on obtient les mêmes états qu’on applique la conjugaison de charge ou la symétrie PT à condition
qu’elle soit unitaire. La différence est le fait qu’avec la symétrie PT le spin up correspond au spin up, le spin down
correspond au spin down tandis qu’avec la conjugaison de charge le spin up est envoyé sur le spin down et
réciproquement.

31
Un tel résultat ne s’obtient pas avec la symétrie PT antiunitaire de Feynman12 :

𝜓 (𝑡, 𝑥 ) → 𝜂𝑃𝑈 𝛾 0 𝜓 (𝑡, − 𝑥 ), 𝜓 (𝑡, 𝑥 ) → 𝜂 𝑇𝐴𝑈 𝛾1 𝛾 3 𝜓 (−𝑡, 𝑥 ) → 𝜓 (𝑡, 𝑥 ) → 𝜂𝑃𝑇 𝛾 0 𝛾1 𝛾 3 𝜓 (−𝑡, − 𝑥 )∗


1
0 1 0 0 0
𝐸 + 𝑚 𝑖(𝑝 𝑥−𝐸̇ 𝑡) −1 0 0 0 𝑝3
𝛾 0 𝛾1 𝛾 3 𝜓1+ (−𝑥)∗ = √ 𝑒 ( )
2𝐸 0 0 0 −1 𝐸+𝑚
0 0 1 0 𝑝1 − 𝑖 𝑝2
( 𝐸+𝑚 )
0
−1
𝐸 + 𝑚 𝑖(𝑝 𝑥 −𝐸̇ 𝑡)
𝑝1 − 𝑖 𝑝2
=√ 𝑒 −
2𝐸 𝐸+𝑚
𝑝3
( 𝐸+𝑚 )
Donc,

𝛾 0 𝛾1 𝛾 3 𝜓1+ (−𝑥)∗ = −𝜓2+ (𝑥)


0 1
0 1 0 0 1 0
𝐸 + 𝑚 𝑖(𝑝 𝑥−𝐸̇ 𝑡) −1 0 0 0 𝑝1 + 𝑖𝑝2 𝐸 + 𝑚 𝑖(𝑝 𝑥−𝐸̇ 𝑡)
𝑝3
𝛾 0 𝛾1 𝛾 3 𝜓2+ (−𝑥)∗ = √ 𝑒 ( ) =√ 𝑒
2𝐸 0 0 0 −1 𝐸+𝑚 2𝐸 𝐸+𝑚
0 0 1 0 − 𝑝3 𝑝1 + 𝑖𝑝2
( 𝐸+𝑚 ) ( 𝐸+𝑚 )
Donc,

𝛾 0 𝛾1 𝛾 3 𝜓2+ (−𝑥)∗ = 𝜓1+ (𝑥)

Et voilà ! On reste confiné dans le demi-cône des énergies positives...

RESUME

Dirac : « Feynman » : Janus :


𝐶 = 𝑖 𝛾2 𝑪 𝑃𝑇𝐴𝑈 = 𝑖 𝛾 0 𝛾 1 𝛾 3 𝑪 𝑃𝑇𝑈 = 𝛾 5

Conjugaison de charge PT PT
ANTIUNITAIRE ANTIUNITAIRE UNITAIRE
𝜓1+ (𝑥) → 𝜒2+ (𝑥) 𝜓1+ (−𝑥) → −𝜓2+ (𝑥) 𝜓1+ (−𝑥) → 𝜒1+ (𝑥)
𝜓2+ (𝑥) → −𝜒1+ (𝑥) 𝜓2+ (−𝑥) → 𝜓1+ (𝑥) 𝜓2+ (−𝑥) → 𝜒2+ (𝑥)

12
Je dis Feynman pour situer. Mais il n’a clairement pas fait cela. C’est simplement ce qui découle de ses
considérations si on les applique à l’équation de Dirac.

32
Remarque :

T transforme 𝑟 en 𝑟 et 𝑝 en −𝑝 en théorie classique (du fait que 𝑝 est, à la masse près, la dérivée
temporelle de 𝑟 ) ; T transforme donc le moment angulaire orbital 𝑟 ∧ 𝑝 en son opposé. On a décidé
de garder cette caractéristique en théorie quantique...ce qui est assuré avec T antiunitaire puisque la
quantification de 𝑝 fait intervenir un i.

Maintenant, si on inverse la masse en même temps que le temps, 𝑝 garde son signe sous renversement
temporel en théorie classique. Si on demande la même chose en quantique, cela suppose que T doit
être unitaire ! Et ni 𝑝, ni le moment angulaire orbital, pas plus que le spin ne doivent changer de signe...

Un autre argument en faveur de T antiunitaire peut être ainsi démonté. En effet, les physiciens
demandent à T d’être antiunitaire pour conserver la relation de la mécanique quantique :

[𝑥𝑗 , 𝑝𝑘 ] = 𝑖 𝛿𝑗𝑘

Rappelons que, pour eux, la masse est positive, donc 𝑝𝑘 change de signe sous T ; du coup, le deuxième
membre doit aussi changer de signe... ce qui impose à T d’être antiunitaire.

Pour Janus, la masse est négative, donc 𝑝𝑘 ne change pas de signe sous T ; le premier membre de
l’égalité ne changeant pas de signe, le second n’a nul besoin de le faire et...on peut avoir T unitaire !

C’est l’apport majeur des masses négatives : l’opérateur T peut être unitaire !

Grandeurs P T unitaire T antiunitaire PT unitaire PT antiunitaire


E < 0, m < 0 permis E < 0, m < 0 interdit
𝑡 𝑡 −𝑡 −𝑡 −𝑡 −𝑡
𝑟 −𝑟 𝑟 𝑟 −𝑟 −𝑟
𝑝 −𝑝 𝑝 −𝑝 −𝑝 𝑝
𝐿⃗ 𝐿⃗ ⃗𝐿 −𝐿⃗ ⃗
𝐿 −𝐿⃗
𝑆 𝑆 𝑆 −𝑆 𝑆 −𝑆

Inversion de masse, hélicité et chiralité


On exploite ici le fait que l’inversion de masse se traduit par la matrice 𝛾 5 ... qui n’est autre que
l’opérateur de chiralité.

Encore faut-il savoir ce qu’est la chiralité quantique...

En mécanique quantique, il y a deux façons de dire qu’une particule est « droite » ou « gauche ».

La première d’entre elles est l’hélicité. Elle est réservée aux particules de masse nulle (ou supposée
telle).

En général, qu’est-ce que l’hélicité ?

Considérons un mouvement de rotation autour d’un axe :

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Dans le premier cas, on parle de rotation droite : si la paume droite
vient entourer le mouvement de rotation, le pouce droit, levé, suit
automatiquement le sens de l’axe de rotation.

Dans le deuxième cas, on parle de rotation gauche : si la paume


gauche vient entourer le mouvement de rotation, le pouce gauche,
levé, sui automatiquement le sens de l’axe de rotation.

Ajoutons à ce mouvement de rotation, un déplacement le long de l’axe de rotation :


On parle alors d’hélicité : droite dans le premier cas, gauche
dans le second.

Un tire-bouchon est un objet d’hélicité droite : si on tourne le


tire-bouchon dans le sens indiqué dans la première figure, il
remonte.

⃗ (parallèle
La traduction mathématique de ce concept passe par la considération du vecteur rotation 𝛺
à l’axe de rotation et dont la norme est la vitesse angulaire) :
Dans le cas de l’hélicité droite (première figure) : la rotation est droite,
donc le vecteur rotation est dirigé vers le haut, le mouvement de
déplacement est aussi dirigé vers le haut ;

Dans le cas de l’hélicité gauche (deuxième figure) : la rotation est


gauche, donc le vecteur rotation est dirigé vers le bas tandis que le
mouvement de déplacement est dirigé vers le haut.

L’hélicité droite (ou positive) se traduira donc par :

⃗ 𝑝𝑎𝑟𝑎𝑙𝑙è𝑙𝑒 𝑒𝑡 𝑑𝑒 𝑚ê𝑚𝑒 𝑠𝑒𝑛𝑠 𝑞𝑢𝑒 𝑣 → 𝛺


𝛺 ⃗ .𝑣 > 0

L’hélicité gauche (ou négative) se traduira, quant à elle, par :

⃗ 𝑝𝑎𝑟𝑎𝑙𝑙è𝑙𝑒 𝑒𝑡 𝑑𝑒 𝑠𝑒𝑛𝑠 𝑜𝑝𝑝𝑜𝑠é à 𝑣 → 𝛺


𝛺 ⃗ .𝑣 < 0

Ca, c’est pour l’hélicité classique.

Au niveau de la mécanique quantique, le vecteur de rotation n’a pas vraiment de sens ; aussi le
remplace-t-on par ce qui y ressemble le plus, soit le vecteur de spin. Le vecteur vitesse fait la place au
vecteur impulsion et il est coutume de diviser le tout par la norme de cette impulsion.

La version quantique de l’hélicité est donc :

⃗⃗⃗⃗⃗
𝑝
ℎé𝑙𝑖𝑐𝑖𝑡é 𝑑𝑟𝑜𝑖𝑡𝑒 → 2 𝑆 . >0
|𝑝|

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⃗⃗⃗⃗⃗
𝑝
ℎé𝑙𝑖𝑐𝑖𝑡é 𝑔𝑎𝑢𝑐ℎ𝑒 → 2 𝑆 . <0
|𝑝|
Avec des dessins ce sera plus parlant (ils sont tirés de

http://www.quantumdiaries.org/2011/06/19/helicity-chirality-mass-and-the-higgs/ )

L’hélicité droite d’une particule se traduit par le fait que la particule « tourne » sur elle-même (=spin)
selon une rotation droite si elle avance vers la droite. Ou « tourne » selon une rotation droite si elle
avance vers la gauche...enrouler la flèche rouge de rotation avec sa paume droite et le pouce droit est
dirigé selon l’axe gris...

L’hélicité gauche, c’est tout le contraire : c’est notre main gauche qui travaille

On le voit : l’hélicité dépend de la vitesse de la particule. Et cette vitesse, si la particule est massive,
dépend du système de référence dans lequel on travaille et on mesure cette vitesse.

Cette métaphore pour comprendre : la particule est une voiture d’une certaine masse et elle roule à
une certaine vitesse. Si le système de référence représente une autre voiture en mouvement, il est
toujours possible de choisir cette voiture, ce système de référence, de façon à ce que sa propre vitesse
dépasse celle de la voiture-particule puisque celle-ci est nécessairement inférieure à celle de la lumière.
Il suffit d’avoir roulé sur une autoroute pour savoir que quand on dépasse un véhicule, celui-ci a l’air
de rouler dans l’autre sens... C’est exactement ce qui se passe pour la particule massive : son sens de
mouvement, et donc son hélicité, dépend du système de référence dans lequel on travaille.

Pour cette raison, l’hélicité n’est pas une caractéristique que l’on va garder pour les particules qui ont
une masse.

Par contre, si la particule n’a pas de masse, elle voyage à la vitesse maximale qui est celle de la lumière.
Donc, quel que soit le système de référence, l’hélicité sera la même. C’est comme si on était à bord
d’une voiture qui a la vitesse maximale autorisée et qui roule à côté d’une autre voiture ayant la même
vitesse maximale autorisée : l’une par rapport à l’autre, elles ont l’air de ne pas se déplacer. Et donc
aucun sens de mouvement n’est privilégié.

L’hélicité sera donc la caractéristique gauche-droite d’une particule sans masse, exclusivement.

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L’action de PT sur l’hélicité est la même que cette transformation soit unitaire ou antiunitaire. Les deux états d’hélicité du
photon (+1 et -1) sont donc conservés que l’on aborde l’hélicité par le caractère unitaire ou antiunitaire. Janus ne modifie
donc pas les particules comme le photon ou les neutrinos (du moins tant qu’on considère qu’elles sont sans masse...)

La seconde façon de traduire les notions de « droite-gauche » en mécanique quantique est la chiralité.
Elle est donc réservée aux particules de masse non nulle.

Cette dernière est une notion d’abord classique : être chiral, c’est ne pas coïncider avec son image
dans le miroir
Notre main est chirale ; notre pied aussi.

On distingue donc notre main gauche de notre main


droite.

La réunion des deux, l’objet chiral et son image miroir,


est dite énantiomorphe.

En mécanique quantique, la chiralité fait référence à une représentation de l’algèbre de Lorentz (et
partant de l’algèbre de Poincaré).

Elle est traduite par la matrice 𝛾 5 dans le cas de l’équation de Dirac.

Pour le comprendre, revenons un instant au cas de masse nulle. L’équation de Dirac s’écrit alors :

(𝛾 𝜇 𝑝𝜇 )𝜓 = 0 → 𝛾 0 𝑝0 𝜓 = − 𝛾 𝑗 𝑝𝑗 𝜓

Multiplions-la par 𝛾 5 𝛾 0 :

𝛾 5 𝑝0 𝜓 = − 𝛾 5 𝛾 0 𝛾 𝑗 𝑝𝑗 𝜓

Or,

𝛾 5 𝛾 0 𝛾1 = 𝑖 𝛾 0 𝛾1 𝛾 2 𝛾 3 𝛾 0 𝛾1 = −𝑖 𝛾1 𝛾 2 𝛾 3 𝛾1 = 𝑖 𝛾 2 𝛾 3
Soit, à un ½ près, la première composante du vecteur de spin (cf. page 9-10).

Il en est de même pour les autres composantes et nous avons ainsi

𝛾 5 𝑝0 𝜓 = − 2 𝑆𝑗 𝑝𝑗 𝜓 = 2 𝑆 . 𝑝 𝜓

Sur un état d’énergie positive


𝑢 ̇
𝜓 = ( ) 𝑒 𝑖(𝑝 𝑥−𝐸𝑡)
𝑣
cela donne
𝑢 𝑢
𝛾5 𝐸 ( ) = 2 𝑆 . 𝑝 ( )
𝑣 𝑣
Or, puisque la particule est de masse nulle, nous savons que

𝐸 2 = 𝑝2
Une façon de réaliser cela est

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𝐸 = |𝑝| ; 𝑝 = |𝑝| 𝑘⃗

où 𝑘⃗ est un vecteur unitaire.

On aura alors finalement

𝑢 2 𝑆 .𝑝 𝑢
𝛾5 ( ) = ( )
𝑣 |𝑝| 𝑣

Sur les particules de masse nulle et d’énergie positive, l’hélicité est donc égale à la matrice 𝛾 5 , soit
l’opérateur de chiralité.

Dans le cas de particules de masse nulle et d’énergie négative, on a les changements


𝑢 ̇
𝜓 = ( ) 𝑒 −𝑖(𝑝 𝑥−𝐸𝑡)
; 𝐸 = − |𝑝|
𝑣
Et ce double changement de signe apporte encore l’égalité finale, soit l’égalité de l’hélicité et de la
chiralité.

Au niveau des représentations de l’algèbre de Poincaré relative à l’équation de Dirac, la représentation


D( ½ , 0) est qualifiée de « gauche » tandis que la représentation D(0, ½ ) est qualifiée de « droite » :

𝜓1 0
𝜓2 0
( ) → 𝑐ℎ𝑖𝑟𝑎𝑙𝑖𝑡é 𝑔𝑎𝑢𝑐ℎ𝑒, (𝜓3) → 𝑐ℎ𝑖𝑟𝑎𝑙𝑖𝑡é 𝑑𝑟𝑜𝑖𝑡𝑒,
0
0 𝜓4
L’opérateur de chiralité
0 𝐼
𝛾5 = ( )
𝐼 0
permet effectivement de passer de l’un à l’autre.

La représentation D( ½ , 0) est un objet chiral car elle ne coïncide pas avec son objet « miroir », à savoir
la représentation D (0, ½ ). La réunion des deux est énantiomorphe...et c’est la représentation sous-
tendue par l’équation de Dirac.

On peut ainsi former des opérateurs de projection


1 1
𝑃+ = (1 − 𝛾 5 ), 𝑃− = (1 + 𝛾 5 )
2 2
qui vont chercher les spineurs à chiralité gauche ou les spineurs à chiralité droite, respectivement,
quand ils sont appliqués au bi-spineur de Dirac.

Comme le spineur à chiralité gauche est typique des fermions d’énergie positive, on parle de fermions
gauches tandis que, comme le spineur à chiralité droite est typique des fermions d’énergie négative,
ou, de manière similaire, des anti-fermions d’énergie positive, on parle d’anti-fermions droits.

Que signifie concrètement cette chiralité quantique ?

Tout d’abord, on remarque que la matrice 𝛾 5 , anticommutant avec chaque 𝛾 𝜇 , va commuter avec
l’ensemble des dix générateurs de l’algèbre de Poincaré puisque ceux-ci s’expriment à l’aide de

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produits de deux matrices 𝛾 𝜇 . Elle est donc conservée par le groupe de Poincaré. On peut ainsi
assimiler la chiralité à une caractéristique intrinsèque de la particule.

Ensuite, on se rappelle (et c’est dû à su(2,C) et à son angle de rotation divisé en deux) qu’un fermion
de spin ½ doit faire deux tours sur lui-même pour revenir à son état initial. Un seul tour, une rotation
de 360°, le fait revenir à (-1) fois son état initial.

Un fermion, qu’il ait la chiralité gauche ou la chiralité droite, revient à (-1) fois son état initial après un
tour sur lui-même. C’est la façon d’y arriver qui va différer selon la chiralité : si la chiralité est droite, il
passe par i dans le plan complexe, si la chiralité est gauche, il passe par (-i).

Cette différence est due à la possibilité d’un facteur de phase qui peut multiplier la fonction d’onde
sans modifier la physique (rappelons-nous : la physique ne dépend que de la probabilité qui est le
produit de la fonction d’onde et de sa conjuguée complexe dans le cas d’une équation scalaire ou de
sa conjuguée hermitique dans le cas d’une équation matricielle). Ce facteur de phase est différent
selon la chiralité de la particule :

Nous avons dit que la chiralité est une caractéristique intrinsèque d’une particule : autrement, dit, un
fermion de chiralité gauche n’est pas le même qu’un fermion qui possède les mêmes caractéristiques
mais est de chiralité droite !

Ainsi, un électron et un anti-positron sont tous deux des particules de spin 1/2, de charge identique
mais leur chiralité est différente (gauche pour l’électron, droit pour l’anti-positron), ce qui en fait des

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particules différentes. Elles vont d’ailleurs se comporter différemment : l’électron peut se coupler à un
neutrino à travers un boson W tandis que l’anti-positron en est incapable.

De même, le positron et l’anti-électron sont de même spin, ont la même charge mais des chiralités
différentes...ce qui en fait des (anti)particules différentes.

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Webographie
Voici quelques (pas tous...) sites que le lecteur intéressé pourra consulter.

https://cel.archives-ouvertes.fr/cel-00092970/document

https://www.cppm.in2p3.fr/~mtalby/Phys_Particules/M1/Chapitre-2.pdf

https://physics.stackexchange.com/questions/153415/feynman-stueckelberg-interpretation

http://www.globenet.org/transversales/grit/matiere.htm

https://philarchive.org/archive/DIKROD

https://warwick.ac.uk/fac/sci/physics/staff/academic/boyd/stuff/dirac.pdf

https://www.youtube.com/watch?v=OCuaBmAzqek

http://www.bibnum.education.fr/sites/default/files/Dirac-analyse.pdf

https://www.southampton.ac.uk/~doug/ft1/ft113.pdf

Construction d’un spineur avec du papier : http://chaours.rv.pagesperso-


orange.fr/physique/Quant/qannex.htm

http://www.sciences.ch/htmlfr/algebre/algebrecalcspinoriel01.php

http://tpcsf.ihep.ac.cn/TALKS/peccei.pdf

http://bibliotheque.clermont-universite.fr/sites/default/files/SupportConf/Monteil.pdf

http://www.astrosurf.com/agerard/quesako/antimatiere.html

http://cosmosgate.free.fr/index.php?page=antimatiere

https://www.nikhef.nl/pub/theory/academiclectures/QFT2012-Majorana.pdf

https://fermedesetoiles.com/documents/supports/equation-de-dirac.pdf

http://ysagnier.free.fr/science/helicite.htm

http://ysagnier.free.fr/science/symetrie.htm

https://arxiv.org/pdf/1206.0355.pdf

http://gps.ijl.univ-lorraine.fr/Groupe_Physique_Statistique/PDF/2012-10-19-
Fermion%20de%20Majorana,%20Weyl%20et%20Dirac.pdf

https://www.nature.com/articles/ncomms8917.pdf?origin=ppub

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Annexe : la version diagonale de l’équation de Dirac (représentation de Newton-
Wigner)
Soit l’équation de Dirac

𝑖 𝜕𝑡 𝜓 = 𝐻𝐷 𝜓
Nous allons appliquer une transformation unitaire à la fois sur la fonction d’onde

𝜒=𝑈𝜓
et sur le Hamiltonien

𝑖 𝜕𝑡 (𝑈 𝜓) = 𝑈 𝐻𝐷 𝜓 = (𝑈 𝐻𝐷 𝑈 † )𝑈 𝜓 → 𝑖 𝜕𝑡 𝜒 = 𝐻 ′ 𝜒

telle que H’ est diagonal.

Cette transformation est donnée par

1 2𝜀 𝐻𝐷
𝑈= √ (1 + 𝛽 )
2 𝜀+𝑚 𝜀

𝜀 = √𝑝2 + 𝑚2
Pour le vérifier, on note d’abord que

1 2𝜀
𝑈= √ (𝜀 + 𝑚 + 𝛽 𝛼 𝑝 )
2𝜀 𝜀 + 𝑚

et donc

1 2𝜀
𝑈† = √ (𝜀 + 𝑚 − 𝛽 𝛼 𝑝 )
2𝜀 𝜀 + 𝑚

L’unitarité de U est alors immédiate puisque


1 1 1 1
𝑈 𝑈† = (𝜀 2 + 2 𝜀 𝑚 + 𝑚2 + 𝑝2 ) = = (2 𝜀 2 + 2 𝜀 𝑚) = 1
2𝜀 𝜀 + 𝑚 2𝜀 𝜀 + 𝑚
On obtient finalement la forme de H’ via
1 1
𝐻 ′ = 𝑈 𝐻𝐷 𝑈 † = (𝜀 + 𝑚 + 𝛽 𝛼 𝑝 )(𝛼 𝑝 + 𝑚 𝛽)(𝜀 + 𝑚 − 𝛽 𝛼 𝑝 )
2𝜀 𝜀 + 𝑚
1 1
𝐻′ = (𝛼 𝑝 (𝜀 2 + 𝜀𝑚 − 𝜀𝑚 − 𝑚2 − 𝑝2 ) + 𝛽(𝜀 𝑝2 + 𝑚 𝜀 2 + 2 𝑚2 𝜀 + 𝑚3 + 𝜀 𝑝2
2𝜀 𝜀 + 𝑚
+ 𝑚 𝑝2 )
1 1
𝐻′ = 𝛽 (2 𝜀 3 + 2 𝜀 2 𝑚) = 𝛽 𝜀
2𝜀 𝜀 + 𝑚

41

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