Vous êtes sur la page 1sur 15

Chapitre I Généralités sur les barrages en remblai

I.1. Introduction

Le mot barrage est défini par le dictionnaire du Petit Larousse comme un ouvrage artificiel
barrant un cours d'eau. Le caractère artificiel de l'ouvrage permet d'exclure les barrages naturels
qui peuvent parfois se former par exemple derrière une moraine glacière ou un effondrement
d'un pan de montagne (Chetatha, 2016).
En géotechnique, un barrage est un ouvrage hydraulique d'art construit en travers d'un cours
d'eau pour créer une retenue ou exhausser le niveau en amont, qui barre sur toute la largeur de la
section d’une vallée et créer ainsi une cuvette artificielle géologiquement étanche. Cet ouvrage
hydraulique est destiné à : réguler le débit et/ou à stocker de l'eau, notamment pour le contrôle
des crues, l'irrigation, l'industrie, l'hydroélectricité, la pisciculture, une réserve, le tourisme et les
loisirs, les travaux de navigation, la pêche (élevage des poissons) d’eau potable (Bonelli, 2001).
I.2.Historique sur les barrages
Les premiers barrages sont nés avec les premières civilisations de l’antiquité, en particulier
dans la vallée du Nil, Mésopotamie, en chine et en Asie du sud. Ce sont certainement les traces
de ces anciennes civilisations que les archéologues retrouvent facilement. Le rythme de la
croissance démographique et du développement économique dans le XXème siècle a été marqué
par un taux très élevé de construction de barrages sur la planète, dont à la fin du XXème siècle le
total de retenues a atteint les 45000, distribuées sur plus de 140 pays. L’apogée de la
construction de ces ouvrages remonte aux années 1960 et 1970, dont la plupart sont concentrés
dans les pays les plus industrialisés (Alberge et als, 2004).
I.3. Utilisation des barrages
Les barrages peuvent être construits pour plusieurs objectifs :
1) Produire de l'électricité à partir d'une énergie renouvelable, celle de l'eau, avec des usines
hydroélectriques accolées au barrage ou situées plus bas dans la vallée et alimentées par des
conduites forcées.
2) Créer des réserves d'eau pour l'alimentation en eau potable des villes. L'eau peut également
être nécessaire pour des besoins industriels.
3) Irriguer des zones agricoles ayant de gros besoins en eau lors des périodes sèches.
4) Maintenir dans les rivières un débit minimum suffisant lors des étiages, pour assurer à la fois
une qualité écologique satisfaisante des rivières et permettre les prélèvements par pompage à
l'aval (pour des besoins d'alimentation en eau, d'irrigation…).
5) Réduire l'effet des crues en retardant l'eau grâce au stockage dans la retenue qui se remplit
pour la relâcher après le passage de la crue
I.4. Classification des barrages
Dans nombreux pays la taille d'un barrage est caractérisée par sa hauteur par rapport au point
le plus bas des fondations, comme le barrage est encastré dans le sol, la hauteur sur sa fondation
est supérieure à la hauteur au-dessus du terrain naturel. La Commission Internationale des
Grands Barrages (CIGB, ICOLD en anglais) maintient un grand barrage commence à partir d'une
hauteur sur fondations supérieure ou égale à 15 m.
La classification des barrages peut être effectuée selon plusieurs critères comme : les
caractéristiques physiques (la hauteur, le volume de la retenue derrière le barrage), la forme ou
les matériaux qui les constituent, l’utilisation principale (l'irrigation, l'industrie...etc.)

2
Chapitre I Généralités sur les barrages en remblai

Les barrages peuvent être classés en deux grandes familles, selon les matériaux utilisés dans
leur construction (Fig. I.1) :
1) Les barrages rigides (en béton ou maçonnerie) : barrage poids, voute et contreforts
2) Les barrages en remblai : barrage en terre et en enrochement.

Fig. I.1. Les familles des barrages selon les matériaux de leurs constructions (Bellaabed, 2019)

I.5. Barrages en remblai


Les barrages en remblai sont considérés comme des structures souples, dont ils sont
construits par des matériaux naturels comme l’argile, les roches et les pierres. Ce type d’ouvrage
est choisi lorsque la vallée est trop large, avec la disponibilité des matériaux de construction sur
place ou à faible distance.
Les principales composantes d’un barrage en remblai sont :
1) Le noyau : se compose par les sols fins pour assure l’étanchéité du barrage, sa
position est variée : verticale, inclinée, centrée…etc.
2) Les recharges : elles sont construites par différents types de sols comme ceux du
noyau pour supporter et protéger le noyau.
3) Les drains : à partir de son nom, il assure l’écoulement de l’eau dans le sol et
diminue-la pression interstitielle pour cela il doit contenir des sols très perméables.
4) Les filtres : ce sont des parties peu épaisses, placés entre les différentes parties du
barrage contre l’infiltration des eaux et pour éviter le phénomène de renard (l’érosion
interne).
5) Le rip-rap : couche superficielle constitué par des blocs d’enrochements sur les côtes
du remblai pour protèges contre les vagues.

3
Chapitre I Généralités sur les barrages en remblai

Fig. I.2. Coupe schématique d’un barrage en remblai (Millogo Founémé, 2009)
I.6. Types des barrages en remblai
Il existe deux grandes catégories des barrages en remblai sont (Fig. I.3) :
1) Barrages en terre : ils sont réalisés essentiellement à la partie de sol naturel meuble
prélève dans des gravières.
2) Barrages en enrochements : dont la majeure partie est constituée de carrière concassée.

Fig. I.3.Les différents types des barrages en remblai (Amara, 2018)

4
Chapitre I Généralités sur les barrages en remblai

I.6.1. Barrages en terre


Les barrages en terre sont des murs de retenue d’eaux suffisamment étanches. À la
différence des barrages en béton ou même en enrochements dont les matériaux constitutifs
restent contenus dans des fourchettes beaucoup plus étroites, les barrages en terres ont construit
avec la terre et les matériaux du site, de caractéristiques diverses, suivant des mélanges et des
proportions bien définies (Anton.Schles& Henri ,2009). Il existe trois principaux types de
structure des barrages en terre : homogène, zonés avec noyau étanche et à masque amont.
I.6.1.1. Barrage en terre homogène
Ce type de barrage est constitué d’un massif en terre compacté imperméable, muni d’un
dispositif de drains dans sa partie aval et d’une protection mécanique contre l’effet du batillage
dans sa partie amont même (Fig. I.4).

Fig. I.4. Barrage en terre homogène (Heragmi, 2009 et Bellaabed, 2019)


I.6.1.2. Barrage zoné avec noyau étanche
Lorsque les caractéristiques géotechniques des matériaux disponibles ne permettent pas
d’envisager un barrage homogène, alors le profil zoné est adopté. Chaque zone est constituée par
un matériau différent, choisi en fonction du rôle qu’il doit jouer. Les matériaux imperméables
sont disposés dans la partie centrale et les matériaux semi-imperméable et perméable dans les
parties amont et aval (recharges) qui ont un rôle stabilisateur (Fig. I.5).

Fig. I.5. Barrage zoné avec noyau vertical (Bellaabed, 2019)


Le nombre et la disposition des zones qui constituent le barrage à zone peuvent varier selon
des schémas très divers, mais la plupart des barrages de ce type ne comportent pas plus de quatre
zones de caractéristiques différentes. Le noyau peut être disposé verticalement ou incliné
(Bayou, 2016).

5
Chapitre I Généralités sur les barrages en remblai

I.6.1.3. Barrage à masque amont


Les barrages à masque amont sont constitués d’un remblai plus ou moins perméable assurant
la stabilité d’ensemble. Un écran imperméable, appelé masque, est mis en place sue le parement
amont de façon à rendre le barrage étanche et lui permettre de retenir l’eau du réservoir (Fig.I.6).
Le masque qui constitue l’organe d’étanchéité amont est classiquement réalisé en béton, avec des
produits bitumineux ou encore au moyen d’une géo membrane (Heragmi, 2009).

Fig. I.6.Barrage à masque amont (Heragmi, 2009)

I.6.2. Les barrages en enrochement


Un barrage en enrochement n’est pas autre chose qu’un tas de cailloux à grande échelle, qui
résiste par sa masse aux efforts auxquels il est soumis (Fig. I.7). Mais n’étant pas étanche par lui-
même, il faut lui adjoindre un organe d’étanchéité qui constitue la partie la plus délicate, aussi
bien au stade du projet qu’à celui de la réalisation (Labiodi, 2015).

Fig.I.7. Profil d’un barrage en enrochement (Zenagui, 2014)

I.7. Conception et construction des barrages en remblais


Plusieurs facteurs sont pris en compte lors la conception et la construction d’un barrage en
remblai tel que : la forme de la vallée, le type de sol de site, les matériaux disponibles sur le site,
le mode de résistance à la pression exercée par l’eau, topographie de site …etc.
I.7.1. Choix de site du barrage
La recherche d’un site apte à la réalisation d’un ouvrage répondant à des caractéristiques
spécifiques, puis à l’étude de sa faisabilité sur ce site (Chetatha, 2016).

6
Chapitre I Généralités sur les barrages en remblai

La décision sur le choix du site nécessite une connaissance plus précise sur leurs caractéristiques
techniques propres qui sont :
1) Garantir la demande en eau à crée par la retenue.
2) Géologie d’éventuel emplacement du barrage et de la retenue.
3) Un resserrement de la gorge liant les deux rives souhaitées.
4) Choisir l’emplacement rapproché des zones d’accès existantes, faciles pour éviter la
création d’autres voies importantes pour engin et main d’œuvre.
5) Un site convenant à l’emplacement des ouvrages annexe
I.7.2. Choix du type de barrage
Les principaux paramètres à prendre en considération dans le choix du type de barrage sont :
la topographie du site, la morphologie de la vallée, les conditions géologiques et géotechniques
et les matériaux de construction.
I.7.3. Disponibilité des matériaux
La construction d’un barrage en remblai nécessite la mise en place de grandes quantités de
matériaux. Les zones d’emprunt devront donc se trouver le plus près possibles du lieu
d’exécution pour optimiser les coûts de réalisation. La quantité et la qualité des matériaux
localisés au niveau du site de l’ouvrage influencent fortement le type de barrage et le mode de
construction (Lehbab, 2015).
I.7.4. Fondation
La nature du terrain de fondation a une influence sur la conception du barrage. Une
fondation rocheuse perméable implique la nécessité d'injection pour remédier aux problèmes de
perméabilité, de fissuration et de faille. En revanche, un sol mou et perméable implique la
nécessité d'utilisation de tapis d’étanchéité, de réaliser des talus de pente plus douce pour élargir
le flux de filtration, réduire les débits et remédier aux problèmes de tassement (Alonso, 2008)
(Fig. I.8).

Fig.I.8. Influence des terrains de fondation sur la conception du barrage (Schleiss, 2004)

7
Chapitre I Généralités sur les barrages en remblai

I.7.5. Action des vagues


Le recouvrement du talus de la digue doit être dimensionné pour palier à l’action des
vagues. Le site de réalisation est choisi de sorte qu’il soit protégé du vent et diminuer ainsi l’effet
des vagues (Bertram, 1967).
I.7.6. Climat
La teneur en eau étant le critère le plus important dans le compactage optimal des matériaux,
les travaux sont souvent interrompus dans les zones où les précipitations sont élevées. Dans ces
zones, la conception de digue avec un noyau incliné ou avec un volume minimal de matériaux
argileux est préférable (Bouzid, 2010).
I.7.7. Séismicité
De par leurs capacités à supporter les grandes déformations, les barrages en remblai sont les
plus résistants aux sollicitations dynamiques. Néanmoins les barrages situés dans des zones
sismiques doivent être conçues avec des talus moins abrupts, des crêtes plus larges, des filtres et
des drains plus importants (SChalosse, 1988).
I.8. Dimensionnement géométrique des barrages en remblai
Après le choix du type de barrage, le profil général du barrage doit être défini comme : la
hauteur, la largeur de crête …etc.
I.8.1. Hauteur du barrage
La hauteur totale du barrage est égale à la hauteur normale de la retenue majorée par la
charge maximale au-dessus du seuil déversoir et la revanche. Pour calculer cette hauteur il est
donc nécessaire de connaitre le Niveau normale de retenue (NR) et le Niveau des plus hautes
eaux (PHE) (Fig.I.9) (Lehbab ; 2015).
 Le Niveau normale de retenue (NR) : Cette hauteur est calculée en fonction de la capacité
utile à stocker, du volume mort prévu et du volume des pertes par infiltration et évaporation.
Elle correspond au niveau d’arase du déversoir.
 Niveau des plus hautes eaux (PHE) : Cette hauteur représente le niveau maximal du plan
d’eau lors d’une crue. Elle correspond au niveau normal de retenue (RN) majorée de la
charge (H) sur le déversoir de crue.

Fig.I.9. Définition des côtes RN et PHE

I.8.2. Largeur en crête du barrage


La largeur en crête du barrage doit être au moins égale à 3m pour permettre le passage
des engins de terrassement pendant la réalisation et ultérieurement pour son entretien (Lahbab,
2015).

8
Chapitre I Généralités sur les barrages en remblai

I.8.3. Pente des talus


L’inclinaison des talus est exprimée par les termes "pente" ou "fruit" (Fig. I.10) Dans le cas
des barrages en remblai, le terme pente (inverse du fruit) est communément utilisé (Rolley,
Kreitmann et al, 1977).

m1 : talus amont
m2 : talus aval
b : largeur en crête

Fig. I.10. Profil général d’’un barrage en terre


I.8.4. Drains et filtres dans les barrages en remblai
Afin d’assurer la stabilité d’un barrage en remblai, il faut contrôler les infiltrations à travers
le remblai du barrage par des dispositifs drainant et filtrant.
I.8.4.1. Les filtres
Le filtre est un organe de peu l’eau, épais et placé entre les différentes parties du barrage
(Rolley et al, 1977). Il est destiné à bloquer l’infiltration des eaux et la migration des particules
fines éventuellement entrainées par la circulation de l’eau dans un massif pour éviter le
phénomène de renard (l’érosion interne).
Les filtres sont constitués des couches successives des matériaux perméables, de
granulométries de plus en plus fines assurant la transition entre le drain et les éléments fins des
terres drainées. Dans un filtre, chaque couche doit jouer le rôle de filtre vis-à-vis de la précédente
dans le sens de l’écoulement.

Remblai (1) Filtre (2) Drain (3)


d D ∆

Fig. I.11. Filtres répondant aux conditions de Terzaghi (Durand, et al, 1999).
(1) à drainer et (3) drainant, d : pour le remblai, D : pour le filtre, ∆ : pour le drain

9
Chapitre I Généralités sur les barrages en remblai

I.8.4.2. Les drains


Le drain est un organe qui évacue les eaux prévenant d’une infiltration à travers un massif
ou d’un ressuyage pour protéger le talus aval contre les sous pressions et l’érosion, ainsi pour
éviter la surface de suintement et avoir un débit minimum

Fig. I.12. Digue homogène équipée des dispositifs de drainage.


Le drain est constitué soit de graviers perméables, soit d’éléments de tuyaux en béton poreux
ou en plastique perforé également entourés d’une couche de graviers. (Amara 2018). Les drains
sont protégés par des filtres pour empêcher le sol de se déplacer. Le choix du type de drain
dépend de plusieurs facteurs tels que : la hauteur du barrage, la perméabilité de la fondation, la
disponibilité et le cout du matériau.Les principaux types des drains sont les drains cheminés, les
tapis drainants aval et le prisme de drainage (Femmam et als, 2014).
I.8.4.2.1. Drain cheminé (vertical)
Ce type de drain est placé verticalement au centre de la digue. Il est constitué d’un rideau
d’une largeur minimale de 1 mètre en matériau grossier dont la granularité est choisie de manière
à ce que les conditions de filtre soient réalisées (Fig.13).

Fig. I.13.Drain vertical (Durand, et al. 1999)


I.8.4.2.2. Prisme de drainage
Les prismes sont les éléments les plus utilisés pour le drainage. Dans la partie centrale du
barrage, ils sont construits en pierres et un filtre est placé à l’envers au niveau de la zone de
contact du remblai et la fondation (Fig. I.14). La position du prisme de drainage est particulière

10
Chapitre I Généralités sur les barrages en remblai

dans la partie du remblai qui passe par la voie de la vallée. Ses dimensions du prisme peut
déterminer comme suit (Rodriguez et al, 2004):
1) La hauteur du prisme est calculée selon la relation suivante : 0.2 H où H est la
hauteur du barrage, dont sa hauteur minimale est choisie en fonction du niveau
d'eau dans le talus en aval.
2) La stabilité du prisme est dépendue eaux critères du concepteur.
3) La largeur du prisme dans sa partie supérieure (berme) doit être de 3 m pour qu'il
puisse être placé et compacté avec les engins de compactage.

Fig. I.14. Prisme de drainage (CIGB, 1993).


m’dr et m’’dr : pente des talus aval et amont du prisme de drainage, m2 : pente du talus aval du
barrage, hdr : hauteur du prisme de drainage, H2 : hauteur d’eau a l’aval
I.8.4.2.3. Drainage de surface
Ce type de drainage est employé dans la construction de petites retenues collinaires. Il
présente l’avantage de ne pas exiger de grandes quantités d’enrochement pour sa construction et
d’être facilement réparable en cas d’avaries. Il présente l’inconvénient de ne pas influencer la
ligne de saturation qui peut débaucher sur le talus aval du barrage (Figure. I.15).

Fig. I.15.Drainage de surface (CETMEF. 2014)


M2 : pente du talus de barrage, H2 : hauteur d’eau a l’aval du barrage, Hdr : hauteur du drain de surface

11
Chapitre I Généralités sur les barrages en remblai

I.8.4.2.4. Le drain tapis interne (drainant)


Le tapis drainant interne est une bande drainante disposée dans la partie aval du massif et au
contact avec sa fondation. Ce type de drainage assure le drainage du massif et de sa fondation et
il présente l’avantage de rabattre la ligne de saturation à l’intérieur du massif. Sa réalisation est
très facile mais sa réparation en cas d’avaries est impossible (Figure.

Fig. I.16.Le drain tapis interne (Durand, et al. 1999)


M2 : pente du talus de barrage, ldr : longueur du drain de surface
L’épaisseur du drain tapis interne est choisie pour pouvoir évacuer le débit d’infiltration à
travers le massif et sa fondation sans débordement. La longueur du drain interne (ldr) est
habituellement prise égale à (1/4 à 1/3) de l’emprise du barrage.
I.8.4.2.5. Prisme de drainage avec drain tapis interne
Le plus souvent et pour des raisons de sécurité de l’ouvrage, les deux variantes du prisme de
drainage et du tapis interne sont associés. Ainsi le prisme de drainage est prolongé à l’intérieur
du massif par un drain tapis interne. Suivant que les fondations sont perméables ou non deux
variantes sont déterminés (Fig. I.17, I.18) (Foster, 1999).
Le dimensionnement d’un tel drainage se fait de la même manière que pour le prisme et
drain tapis interne séparéme

Fig. I.17. Prisme de drainage avec drain tapis interne sur fondations imperméable
12
Chapitre I Généralités sur les barrages en remblai

Fig. I.18. Prisme de drainage avec drain tapis interne sur fondations perméable
I.8.4.2.6. Drainage à bande
C’est une variante du drain tapis interne mais la bande drainante n’est pas continue sur sa
partie aval. Celle-ci est remplacée par des bandes discontinues (Figure. I.19). Ce type de
drainage est prévu quand la quantité des enrochements et graviers n’est pas suffisante et que la
fondation est imperméable. La bande drainante peut être remplacée par des drains tuyaux.
(Durand, et al, 1999).

Fig. I.19.Drainage à bande (Bekkouche, 2016)


I.9. Rupture des barrages en remblai
Une rupture de barrage est définie comme étant une destruction totale ou partielle de
l'ouvrage, de ses appuis ou de ses fondations le rendant complètement inopérant.
Le milieu naturel étant, d'une part, difficile à déterminer, les crues et les séismes qui sont des
phénomènes aléatoires rendent difficile l'appréciation de leurs intensités extrêmes possibles sur
la durée de vie des ouvrages. D’autre part, les connaissances et les matériaux intervenant dans la
construction des ouvrages imparfaits, malgré les progrès technologiques rapides en matière de
conception et de réalisation de ces ouvrages survenus ces dernières décennies. Pour toutes ces

13
Chapitre I Généralités sur les barrages en remblai

raisons, il est facile de comprendre comment il y a eu ce nombre important de ruptures


d'ouvrages et admettre aussi qu'il y en aura d'autres dans le futur.
I.9.1. Mécanismes de rupture des barrages en remblai
Le risque de rupture brusque et inopinée des barrages en remblai est considéré comme très
faible, voire nul. La situation de rupture paraît plutôt liée à une évolution plus ou moins rapide
d’une dégradation de l’ouvrage susceptible d’être détectée par la surveillance et l’auscultation
(Durand ; 1997).

Pour les barrages en remblai, quatre mécanismes de rupture sont classiquement considérés :
l’érosion externe, l’érosion interne, l’instabilité externe et la liquéfaction (Fig. I.20).

Fig. I.20. Mécanismes de rupture des barrages en terre


I.9.1.1. Érosion externe
Le phénomène d’érosion externe est engendré par des circulations d’eau, même peu
importantes, sur la crête des barrages. Elle s’amorce à partir du bord aval de la crête et progresse
jusqu’à ce qu’une brèche soit ouverte. Ce phénomène peut durer quelques minutes à quelques
heures selon la taille des matériaux, leur cohésion, le revêtement de la crête, la hauteur de l’eau
qui s’écoule au-dessus du barrage. D’autres phénomènes, tel que le ruissellement des eaux de
pluies, peuvent également être à l’origine de l’érosion externe. Trois mécanismes d’érosion
externe peuvent être produits :
1) Le mécanisme d’affouillement.
2) Le mécanisme d’érosion externe lié au courant et aux chocs d’embâcles.
3) Le mécanisme de sur versé « du cours d’eau vers le val protégé ».
I.9.1.1.1. Affouillement
L’affouillement correspond à l’érosion externe du pied de la berge en raison de la vitesse
importante de l’eau, puis à l’érosion externe de la digue si celle-ci est proche de la berge. Cette
érosion est aggravée éventuellement par la fragilité des berges, l’absence de protection ou
d’ancrage des berges » Fig. I.21 (Chetatha, 2016).
Les facteurs de sensibilité au mécanisme d’affouillement sont de trois ordres :
1) La vitesse moyenne de l’eau le long du talus de digue.
2) Les perturbations hydrauliques locales. Ainsi des arbres, des piles ou toute construction
sont la source de telles discontinuités hydrauliques.

14
Chapitre I Généralités sur les barrages en remblai

3) La nature et état de la protection du talus de la digue côté fleuve.

Fig. I.21.Mécanismes d’érosion externe par l’affouillement


I.9.1.1.2. Courant et chocs de corps flottants
Le mécanisme d’érosion externe lié au courant et aux chocs de corps flottants est un peu
fréquent. Toutefois lors des crues, elles sont susceptibles d’être érodées par ce mécanisme, et ce
même si les digues sont éloignées de la rivière.
I.9.1.1.3. La sur versé
La sur verse est un mécanisme de rupture par submersion, durant la crue l’eau déborde et
conduit généralement et rapidement à la brèche par érosion régressive du talus côté aval protégé,
puis de la crête. L’érosion par la sur versé se déroule en deux phases :
1) Érosion progressive : l’eau s’écoulant par-dessus des digues, érode la digue.
2) Basculement : le profil en travers de la digue ne résiste plus à la poussée de l’eau.
I.9.1.2. Glissement des talus : instabilité externe
Il existe deux mécanismes de glissement peuvent provoquer l’instabilité externes des
barrages en remblai qui sont :
1) Le glissement du talus côté aval qui se produisant le plus souvent durant la crue.
2) Le glissement du talus côté fleuve qui se produisant lors de la décrue.
I.9.1.3. Liquéfaction
Le phénomène de liquéfaction est connu sous le nom de liquéfaction statique ou cyclique.
La liquéfaction statique c’est une perte importante et brutale de la résistance au cisaillement
des matériaux type granulaires, tels que les sables, lâches et saturés.
La liquéfaction cyclique caractérise les sables lâches et très lâches contractants. Elle se
définit par une augmentation progressive de la pression interstitielle au cours des cycles de
charge-décharge (Tremblement de terre) sans augmentation considérable des déformations
(Zeina Finge, 2004).
I.9.1.4. Rupture par érosion interne (effet de renard hydraulique)
Les hétérogénéités de la perméabilité dans le corps du barrage peuvent être à l’origine de
circulation d’eau. Selon la nature des matériaux et la charge hydraulique, le gradient hydraulique
critique peut atteindre et provoque localement l’érosion interne pendant un tremblement de terre.
De part en part, cette érosion peut se propager jusqu’à former une vraie galerie qui provoque une
brèche dans la digue par effondrement des matériaux (Bilge 2008, et Haydar 2008).

15
Chapitre I Généralités sur les barrages en remblai

I.9.2. Causes des ruptures des barrages en remblai


Les causes de rupture des barrages en remblai peuvent être de différents ordres et se
résument dans les points suivants :
I.9.2.1. Causes techniques
Il peut s’agir d’un défaut de fonctionnement des vannes permettant l’évacuation des crues ou
bien d’un vice de conception, de construction ou de matériaux. Le type de barrage, les matériaux
utilisés, la nature des fondations ainsi que l’âge de l’ouvrage vont avoir une influence sur
l’apparition de ces problèmes. Cependant, l’évolution des techniques de construction rend les
barrages modernes beaucoup plus sûrs.
I.9.2.2. Causes naturelles
Il en est ainsi des crues exceptionnelles, d’intensité supérieure à celle retenue pour le
dimensionnement des ouvrages évacuateurs, appelée crue de projet. Le niveau de sécurité retenu
est généralement compris entre la crue millénaire et la crue déca millénaire. Les barrages en
remblai ne supportent pas la submersion et sont donc plus vulnérables aux débordements.
Les glissements de terrains, soit de l’ouvrage lui-même, soit des terrains entourant la retenue
sont également une cause de rupture. Enfin les séismes peuvent causer des dommages mineurs à
ne pas négliger (déformations, tassements, fissures, etc.).
I.9.2.3. Causes humaines
Des études préalables pas assez approfondies, contrôle d’exécution insuffisant, erreurs
d’exploitation, défaut de surveillance et d’entretien ou encore actes de malveillance, sabotage,
attentat, guerre peuvent enfin être à l’origine d’accidents.
I.10. Conclusion
Au terme de ce chapitre consacré aux différents types de barrages en terre, il importe de
souligner l’extrême diversité de leur forme, ainsi le type de dispositif d’étanchéité adopté. On a
souligné également les différents modes de ruptures de barrages et leurs causes.

16

Vous aimerez peut-être aussi