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Chapitre 1.

Structure des céramiques

I.I. Introduction

La céramique (du grec keramikos, « argile cuite ») est le premier matériau qui fût fabriqué
par l’homme en transformant les matières premières. C’est l’art dont les procédés ont le
moins changé : on façonne une pâte que l’on cuit dans un four pour effectuer la
transmutation de matière qui aboutira à un objet de céramique. Les céramiques doivent
leurs qualités distinctives tant à la composition de la pâte qu’aux modalités de cuisson.
Les premières céramiques employées étaient les silicates. Elles étaient utilisées pour les
poteries émaillées. Elles ont connu ensuite une utilisation plus étendue allant de la
porcelaine aux appareils sanitaires.
Les oxydes purs, les carbures, les borures, les nitrures, les siliciures, les sulfures ont été
successivement inclus dans la catégorie des céramiques.

I.2. Classification des céramiques

La multitude de variétés des céramiques fait appel à la classification en des catégories ou


des types.

CERAMIQUES

Céramiques Traditionnelles Céramiques Techniques

Issues de matières premières Composées de métal-métalloïde et


naturelles (argile, feldspath, kaolin, obtenues le plus souvent par frittage
quartz) et généralement mises en (traitement thermomécanique) ou
œuvre par coulée (barbotine) électrofusion (Moulage).

Les exigences en termes de performance et de fiabilité font que la catégorie des


céramiques techniques soit la plus importante de tous les céramiques puisqu’elles
présentent de diverses propriétés qui puissent être largement exploitées en industrie
surtout. Le tableau suivant regroupe les céramiques techniques les plus utilisées.

Fonctions d’utilisation Propriétés exploitées Composé chimique


Fonctions électriques Isolant (substrats électroniques) Al2O3, BeO, AlN
Ferroélectricité (condensateurs) BaTiO3, SrTiO3
Piézo-électricité ( filtres, transducteurs) PZT (PbZrTiO)
Semi-conductivité (thermistances, varistances) BaTiO3, SiC, ZnO
Fonctions électroniques
Conductivité ionique (sondes à oxygène) ZrO2, Al2O3
Conductivité électronique ReO2, ReO3, Cr2O3, VO, TiO
Supraconductivité YBaCuO, LaSrCuO
Ferrites douces ( têtes magnétiques, capteurs ) Fe3O4, ZnO - Fe2O3
Ferrites dures (aimants, unité de mémoire) (Pb, Sr)O - 6 Fe2O3
Fonctions magnétiques
Bandes et disques magnétiques Fe2O3, CrO2
Détecteurs de gaz ZnO, Fe2O3, SnO2
Fonction chimique Catalyseurs Cordiérite, zéolithe
Micro - filtration, membrane Al2O3, ZrO2
Fonctions thermiques Réfractarité (radiateurs IR) ZrO2, TiO2 ZrO2, TiO2
Réfractarité (échangeurs de chaleur) SiC SiC
Tenue mécanique (outils de coupe, filières) WC - Co, TiC, TiN
Bon comportement à l’usure et au frottement Al2O3, ZrO2, Si2N4, SiC, B4C
Fonctions mécaniques
(joints d’étanchéité, buses, paliers, oulements)
tenue mécanique (abrasifs) SiO2, Al2O3, SiC
Fonctions Résistance aux contraintes à haute température Al2O3, ZrO2, Si3N4, SiC, composites
Thermomécaniques (turbines, moteurs, aubes, soupapes, tuyères)
Réflexion optique TiO2
Eclairage, fenêtres transmission IR Mullite, Al2O3
Fonctions optiques Détection IR SeZn, SZn
Lasers Y2O3 / ThO2
Luminescence oxydes terres rares
Biocompatibilité (ciments, prothèses dentaires Al2O3, ZrO2,C/C
Domaine biomédical et articulaires)
Biocompatibilité (comblement osseux) Hydroxyapatite HA
Combustibles) UO2, UO2 / PuO2
Domaine nucléaire Protection Al2O3, B4C, SiC, C
Dispositifs de contrôle BN, EuO2, Gd2O3
Résistance au choc (blindage, écrans Al2O3, SiC
Domaine militaire
thermiques, détection) Al2O3, SiC

I.3. Structure des céramiques

A l’échelle atomique une céramique possède une structure cristalline ou amorphe. De même à
échelle macroscopique elle présente une structure sous forme de grains ou de phases, également
elle possède la taille et la fraction volumique des pores qu’elle contient. Suivant la nature de la
liaison entre les atomes composant les céramiques, on peut les diviser en deux grandes classes :
Céramiques ioniques et céramiques covalentes.

I.3.1. Céramiques ioniques

La liaison établie entre un métal A et un métalloïde B est basée sur le transfert d’un ou plus
d’électrons de la couche périphérique du métal à la couche périphérique du métalloïde.
A  A+ + é (Oxydation)
B + é  B- (Réduction)
La combinaison ionique est constituée donc d’un cation A+ et d’un anion B- qui s’attirent sous
l’effet de la force électrostatique.
Les ions adoptent un empilement dense afin de minimiser les distances entre charges de signes
opposés d’une part, et d’autre part cet empilement est aussi contrôlé par une limitation qui
empêche les charges de même signe de se toucher. La structure de ce type de céramique est
généralement cristalline.
Exemples :
A) Le chlorure de sodium (NaCl)
Le chlorure de sodium NaCl est le modèle typique de la céramique ionique. Chaque atome de
sodium perd un électron au profit d'un atome de chlore, la cohésion est assurée par l'attraction
électrostatique entre Na+et Cl-. Au maximum d'interaction électrostatique, chaque Na+ possède 6
voisins Cl- et réciproquement (Fig. I.1). Les positions des atomes Na+ et Cl sont équivalentes dans
ce réseau.
Figure I.1. Maille du chlorure de sodium.

B) La magnésie (MgO)
La Magnésie (MgO) ou oxyde de magnésium est une céramique d’usage industriel (céramique
technique), elle est utilisée comme réfractaire dans les fours, et sa structure est exactement celle
du sel de cuisine (NaCl) ; l’empilement des atomes est tel que la densité est maximisée, et en
même temps la contrainte que des ions de même nature ne doivent pas être proches voisins. La
structure de la magnésie peur être décrite comme un empilement de deux réseaux CFC oxygène et
magnésium ou comme un réseau CFC d'oxygène avec un atome de magnésium dans chaque
interstice octaédrique (Fig. I.2).

Figure I.2. Maille de la magnésie.


C) La zircone (ZrO2)
La zircone (ZrO2) est une céramique technique, son utilisation industrielle se répand de plus en
plus. Sa structure cristallographique est constituée d'un empilement CFC des ions de Zr2+, avec des
ions O2- dans les sites tétraédriques. Comme il existe 2 sites tétraédriques par atome de réseau, la
formule de la zircone est ZrO2 (Fig. I.3).

Figure I.3. Structure de la zircone.

D) L'alumine (Al2O3)
L'alumine est une céramique structurale utilisée dans les outils de coupe et les meules, et qui
entre également dans la composition des briques et des poteries. Sa structure cristallographique
est constituée d'un empilement HC d'ions oxygène O2- avec des ions Al3+ situés dans les sites
octaédriques. La structure HC présente un site octaédrique et deux sites tétraédriques (comme les
CFC). Les ions Al3+ sont entourés par 6 ions O2-, mais pour que le cristal soit électro neutre, le
nombre d'ions Al correspond au remplissage des deux tiers des sites. Donc un site sur trois
demeures vide (Fig. I.4).

Figure I.4. Structure de l’alumine.

I.3.2. Céramiques covalentes

Une liaison covalente entre atomes se base sur la mise d’une ou plus de paires d’électrons en
commun. (Fig. I.5)
A + B  AB

Figure I.5. Liaison covalente.


Les céramiques covalentes sont composées de deux non-métaux comme la silice SiO2, ou
simplement des éléments purs comme le diamant C, ou le silicium Si. Un atome d’une céramique
de ce type se lie en partageant des électrons avec ses voisins pour produire un nombre fixé de
liaisons directionnelles. L'énergie est minimale, non par le développement d'un empilement dense
comme pour les céramiques ioniques, mais par la formation de chaînes, feuillets ou réseaux. Les
céramiques à liaisons covalentes sont plus fréquemment amorphes.
Exemples :
(A) Le diamant (C)
Le diamant est la céramique covalente typique, d’usage très répandu pour sa bonne tenue à
l’usure et sa très grande résistance mécanique. Sa structure correspond à un arrangement à
coordinance 4 des atomes à l’intérieur de la maille élémentaire : chaque atome est lié à 4 voisins.
Il se trouve au centre d'un tétraèdre et ses 4 liaisons sont dirigées vers les 4 sommets du
tétraèdre. La densité du diamant est relativement faible car les atomes de carbones sont peu
massifs. Cette densité, très supérieure à celle du graphite, traduit cependant un état bien
ordonné. (Fig. I.6)

Figure I.6. Structure du diamant.

B) Le carbure de silicium (SiC)


Le carbure de silicium a une structure proche du diamant, on remplace un atome de carbone sur 2
par du silicium. Les carbures de silicium sont des substances très dures, ils se classent après le
diamant. Ils sont utilisés généralement pour des pièces soumises à de fortes sollicitations telles
que les paliers fonctionnant à haute température ou les pièces de moteurs.

Figure I.7. Structure du carbure de silicium.


C) Nitrure de silicium Si3N4
Le nitrure de silicium (Si3N4) est la forme la plus stable thermodynamiquement de tous les nitrures
de silicium, à cause de sa haute stabilité thermique il est largement utilisé en optique, industrie
d’automobiles, paliers, Outillages de coupe……
Deux variétés allotropiques les plus courantes du nitrure de silicium sont Si3N4α (trigonale) et
Si3N4β (Hexagonale) qui peuvent être produites sous des pressions normales. La variété Si3N4γ
(cubique) est difficile à obtenir (sous hautes pressions). (Fig. I.8)
Figure I.8. Structure du nitrure de silicium a) Variété α (trigonale), b) Variété β hexagonale

A retenir

CERAMIQUES

Céramiques ioniques Céramiques covalentes

Structure cristalline Structure amorphe


(Ordre à longue distance) (Ordre à courte distance)

I.4. Propriétés des céramiques

Le tableau ci-dessous illustres les propriétés mécaniques y comprises la densité et la taille du grain
de quelques céramiques
Densité Résistance en Module Young Dureté
Taille du Résistance en Tenacité Coefficient
Céramique volumique compression
grain (μm) flexion (MPa) (MPa.m1/2) Poisson (GPa) Vickers
(g/cm3) (MPa)
Alumine de pureté 3.75 4±1 300 2500 4 0.23 350 1500
96%
Alumine de pureté 3.85 4±2 400 3500 4 0.23 400 1700
99.7%
Alumine de pureté 3.95 3±1 500 4000 4 0.23 400 1900
99.9%
Alumine 99.9% Al2O3 3.97 3±1 550 4000 5 0.23 400 1900
hippé
Zircone ZrO2-3Y-TZP 6.06 0.5±0.1 1200 2200 8 0.3 210 1200
Zircone ZrO2-3Y-TZP
6.07 0.5±0.1 1700 2000 9 0.3 210 1300
hippé
Zircone ZrO2-Mg-PSZ 5.74 20±5 400 1600 8 0.3 210 1200
Zircone Ce-TZP 6.2 1±0.5 600 2000 8 0.25 200 800
Composite (alumine-
zircone) ATZ (80%3Y- 5.40 0.5±0.1 1000 2500 5 0.26 250 1400
TZP - 20%Al2O3)
Composite (alumine-
zircone)ATZ 80%3Y- 5.43 0.5±0.1 1600 2500 5 0.25 250 1400
TZP-20%Al2O3 hippé
Composite (alumine-
zircone) ZTA 90%Al2O3 5.70 0.5±0.1 1000 2500 12 0.26 250 1200
-10%3Y-TZP

Carbure de silicium SiC 6 - 850 3000 7 0.25 300 1600

Nitrure de silicium
3.21 - 850 3000 7 0.25 300 1600
Si3N4
Saphir/rubis
3.99 - 200 2000 - - 400 2000
(Al2O3/CRO3)
Rubis polycristallin
3.99 3±1 600 4000 4 0.23 400 2000
hippé
Carbure de Bore B4C 2.5 - 425 >1500 3à4 0.15 440 2800

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