Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Assurez-vous d’avoir lu les épisodes précédents de notre série sur les esséniens :
cliquez sur les liens suivants pour lire le premier volet, le deuxième, le troisième,
ainsi que le quatrième.
Voilà pour une première explication. Elle ne convainc toutefois pas totalement
Michael Langlois. « Les parallèles entre certains des écrits du Nouveau
Testament et ce que l’on sait des esséniens sont tout de même flagrants. Jésus,
après tout, est le messie, c’est un guérisseur, il prêche le baptême. Le Nouveau
Testament est lui truffé de références à la fin du monde, à la résurrection des
corps, et même aux anges et à l’ésotérisme. C’est ainsi un ange qui vient
annoncer à Marie qu’elle est enceinte. Dans l’Épître aux Hébreux, on qualifie
Jésus de “prêtre selon l’ordre de Melkisédèq” ; l’Épître de Jude mentionne à deux
reprises l’archange Michel… Or l’intérêt pour l’angélologie, pour l’ésotérisme, est
l’une des particularités qui distinguent les esséniens des pharisiens et des
sadducéens, si l’on en croit les écrits de Flavius Josèphe et de Philon
d’Alexandrie. »
Une omission volontaire
De même, le vocabulaire utilisé par les rédacteurs du Nouveau Testament fait
écho à celui de certains des manuscrits de la mer Morte, dont la parenté est pour
beaucoup d’entre eux attribuée aux esséniens. « Quand on aligne une à une ces
similitudes, ces affinités théologiques, il devient de plus en plus difficile
d’imaginer que les auteurs du Nouveau Testament aient purement et simplement
oublié les esséniens », poursuit Michael Langlois.
Dès lors, estime le chercheur, l’on peut émettre une autre hypothèse.
« L’explication qui me semble plus convaincante, bien qu’elle reste spéculative,
est que cette omission est en fait volontaire. Les auteurs du Nouveau Testament
ne mentionnent pas les esséniens, parce qu’il n’ont pas de réserves à leur égard,
et cela pour une bonne raison : ils sont issus pour la plupart du mouvement
essénien ! Choisir de ne pas parler des esséniens, dans ces conditions, permet de
ne pas inviter au rapprochement avec ces derniers. Pourquoi ? Parce qu’il s’agit
d’insister sur la nouveauté que constitue le christianisme, une religion que l’on
veut universelle et dont on veut élargir l’audience, au-delà des seuls Juifs. »
Aujourd’hui tombés dans l’oubli, les esséniens n’ont donc pas dit leur dernier mot.