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Unité de Surveillance et

d’Épidémiologie Nutritionnelle (USEN)

Etude ABENA
Alimentation et Etat Nutritionnel des
Bénéficiaires de l’Aide Alimentaire

Caroline Méjean
UMR MoISA «Montpellier Interdisciplinary research center on Sustainable Agri-food systems »
INRAE, Montpellier
caroline.mejean@inrae.fr

1
Alimentation et inégalités sociales de santé

• Multiples voies causales


 Facteurs distaux (position socioéconomique, contexte sociétal,...)
 Facteurs intermédiaires (facteurs psychosociaux, comportements de santé,...)
 Facteurs proximaux (facteurs biologiques, recours aux soins,...)
 Inégalités sociales pour morbidité et mortalité cardiovasculaires et par
cancers (Marmot et al., 2008)

• Combinaisons de facteurs comportementaux modifiables (tabagisme,


alcool, alimentation, activité physique) explique 19% à 77% des
disparités sociales de mortalité (Schrijvers et al., 1999; Van Oort et al., 2005)
• Consommations alimentaires contribuent jusqu'à 66% à l'impact de la
position socioéconomique sur la mortalité (Méjean et al., Int J Cardiol, 2013)
 Importance des disparités socioéconomiques de l’alimentation
2
Etudes en population générale
• Disparités de consommations selon position
économique (PSE) varient en fonction de:
– Contexte et population de l’étude (adultes / enfants)
– Indicateurs de PSE utilisés
– Dimensions de l’alimentation individuelle considérées
(apports nutritionnels, consommations alimentaires,
alimentation globale…)

3
Position socioéconomique (PSE)

Indicateurs non interchangeables (Galobardes 2001, Braveman 2005)

Effets relatifs potentiellement synergiques, cumulatifs ou inverses (Lalulluka 2007, Turell 2003)

 Nécessité de les considérer ensemble pour comprendre leurs effets indépendants


Indicateurs socio-économiques et les apports en nutriments

20%
Différences relatives entre catégories la plus haute et la plus basse
15,6
femmes hommes
15% 13,6
11,5 11,8
8,6 9,2 9,0
10% 7,76,9
6,5 7,1 6,6 6,8
6,0 5,3 5,2 5,3 6,0 5,8
5%

0%

-5%
-5,6 -5,1
-6,3 -5,9
-10% -7,6
-9,2

-15%

PCS Revenus Education


Indicateurs socio-économiques et journées alimentaires
Si Hassen W et al., IJNBPA, 2018
Si Hassen W et al., Nutrients 2018

Occurrence du snacking (68% d’échantillon)

Faible niveau d’études


inversement associé

Pas d’association avec


le niveau de revenus

Femmes employées et
professions
indépendantes :
association inverse
Professions
intermédiaires:
association positive
PSE et temps passé à cuisiner
Niveau d’études faibles
Revenus faibles Temps passé à cuisiner↗
Femmes autres catégories de PCS (/ aux cadres)
PROFESSION EDUCATION REVENUS

40

35

30

25

20

15

10

0
Primaire Secondaire ≤ Bac + 2 > Bac + 2

Femmes Hommes
Indicateurs socio-économiques et comportements alimentaires

• Sauter les repas principaux


• Qualité nutritionnelle du snacking
• Temps passé à cuisiner élevé (♀)

Niveau Profession et
Niveau de
catégorie socio-
revenus d’études professionnelle

- Apports en protéines,
Apports en vitamines, viande, fibres, - Apports en alcool
fruits, féculents, vitamines (Dubois 2001, Kant (Dubois 2001, Smith 1992)
glucides complexes (Bates 2007, Novakovic 2014) - Occurrence du
1999 ; De Mestral 2017 Dubois 2001 ;
Roos1996). - Effet modificateur snacking (Ovaskainen
2006)
entre revenus et
apports en nutriments
- Occurrence du snacking
Profession et comportements
Profession alimentaires
et comportements alimentaires

PCS

Environnement social,
réseaux et relations, en
particulier dans le monde
du travail (Galobardes 2006)

Liberté dans
l’organisation du Moments de
travail convivialité,
organisations des
Occasions de modes de travail
snacking ? (Liu 2015)
Revenus et comportements alimentaires

Niveau de revenus

Accessibilité financière à des aliments


nutritionnellement plus denses,
généralement plus coûteux, et à modes
de préparation (Maillot 2012, Darmon 2015)

Consommation de Consommation de
fruits et de légumes Equipements produits peu chers
-> mais nourrissants
Apports plus Pratiques alimentaires ->
importants en plus favorables? Plus de Apports plus importants
vitamines & praticité et de rapidité ? en glucides complexes
(Mejean 2017)
magnésium
Education et comportements alimentaires

Niveau d’études

+
Nutrition literacy
connaissances santé, alimentation,
compétences nutritionnelles (Velardo 2015)

Effets santé des


fruits et légumes, Stratégies pour
produits complets Effets santé des dépasser la barrière que
Consommations ↗ produits animaux représente le coût de
-> Consommations ↘ certains aliments
Apports plus ->
importants en fibres Apports plus faibles en (effet modificateur
vitamines, beta protéines, cholestérol vitamines et minéraux)
carotène
PSE & alimentation chez les enfants (1)
– Etudes existantes en France*
• Alimentation décrite selon les prises alimentaires, les apports en
aliments et nutriments, profils de consommation…
• PSE décrite principalement par le niveau d’éducation parental

– Principales conclusions
• Consommations en fruits et légumes augmentés lorsque la PSE
augmente (écarts plus grands pour éducation/ revenus et PCS)
• Profils défavorables à la santé (« fast-food »/« snacking ») et
absence de petit déjeuner plus fréquents chez les enfants de PSE
basse
• Pratiques de l’allaitement maternel (initiation et maintien) variables
selon la PSE

Castetbon, K. Colloque autour de l’expertise collective de l’Inserm Inégalités sociales de santé et nutrition. Juin 2013, Paris
Résultats d’analyses des études ENNS, INCA2, cycle triennal d’enquêtes en milieu scolaire
Lioret et coll., 2008; Deschamps et coll., 2010; Guignon et coll., 2010 ; Chardon et coll., 2015; Castetbon et coll., 2009 12
PSE & alimentation chez les enfants (2)
Apports en g/j chez les enfants de 3-10 ans selon niveau d’études du représentant

Chez les adolescents de 11-17 ans, lorsque niveau d’études


augmente :
• Apports en fruits & légumes, yaourts, fromage, et desserts glacés
augmentent
• Apports en charcuteries, boissons sucrées et crèmes desserts diminuent

Castetbon, K. Colloque autour de l’expertise collective de l’Inserm Inégalités sociales de santé et nutrition. Juin 2013, Paris
Etude Inca-2, Anses, avis n°2012-SA-0085. 13
PSE et alimentation en population générale

• Situation française en concordance avec les études en Europe


et dans pays anglo-saxons
 Alimentation des personnes de faible PSE moins favorables à la santé que celles de plus
haut niveau, en particulier pour le niveau d’éducation
Mais certaines variations d’une ampleur sans effet notable sur la
santé
• Analyses approfondies sur les relations « indépendantes » et
« cumulatives » de ces trois indicateurs avec les
consommations alimentaires
• Importants effets modificateurs (génération, âge, sexe)
 variations différentes dans sous-groupes
Cependant, les analyses fines manquent à ce sujet pour conclure

14
Alimentation des populations précaires
• Approche en population générale décrit gradients sociaux, MAIS,
certains groupes vulnérables n’y participent pas

• Raisons de non participation : modalités de recrutement, contribution


de la langue et l’écrit, aspects culturels, moindre disponibilité a priori
pour répondre à des études de santé publiques, accueil à domicile,
intérêt pour questions de santé…

• Informations sur ces groupes via méthodes d’enquêtes différentes :


questionnaires allégés, lieux de recrutement appropriés, adaptation
culturelle et linguistique des questions…

Prolongement de la compréhension des disparités socioéconomiques


des consommations alimentaires
15
Qu’est ce qu’un précaire ?

Définition officielle de l'État français

– « La précarité est l'absence d'une ou plusieurs des sécurités


permettant aux personnes et aux familles d'assumer leurs
responsabilités élémentaires et de jouir de leurs droits
fondamentaux. L'insécurité qui en résulte peut être plus ou
moins étendue et avoir des conséquences plus ou moins graves
et définitives.

– Elle conduit le plus souvent à la grande pauvreté quand elle


affecte plusieurs domaines de l'existence qu'elle tend à se
prolonger dans le temps et devient persistante, qu'elle
compromet gravement les chances de reconquérir ses droits et
de ré-assumer ses responsabilités par soi-même dans un avenir
prévisible. »

16
Alimentation des populations précaires

• En France, approche retenue : accès par les


programmes d’aide sociale
– Personnes recourant à l’aide alimentaire : études Abena en
2004-2005 (Bellin-Lestienne et coll., 2007 ; Castetbon et coll., 2011) et en 2011-
2012 (Grange et coll., 2013)
– Personnes fréquentant des centres d’examen de santé de
l’Assurance Maladie après une invitation ciblée selon des
indicateurs de précarité (Bihan et coll., 2010)
– Limite : toutes les personnes présentant des difficultés
économiques ne fréquentent pas ces programmes =
population cible partielle
17
ABENA – Contexte (1)
• Etudes antérieures internationales sur bénéficiaires de l’aide
sociale (programme WIC, USA)
– Alimentation & pauvreté :
• Moindre consommation de fruits et légumes, poisson,
fromages
• Consommation relativement élevée de produits
transformés
– Etat nutritionnel & pauvreté :
• Prévalences élevées de surpoids et d’obésité
• Fréquences relatives élevées des maladies chroniques
liées à la nutrition : cancers, maladies cardiovasculaires,
diabète,…
• En France, l’aide alimentaire n’est pas conçue pour répondre
à l’ensemble des besoins nutritionnels
18
ABENA – Contexte (2)
• Programme national nutrition santé (PNNS)
– Lutte contre les déficiences vitaminiques et minérales et
les dénutritions des personnes en situation de précarité
– Réalisation d’études sur alimentation et pauvreté

• Programme alimentation insertion (PAI 2003) / Programme


interministériel d’amélioration de l’aide alimentaire (2006)
– Lancé par le secrétariat d’État à la lutte contre l’exclusion
et la précarité
– Formation des bénévoles des associations d’aide
alimentaire pour promouvoir des conseils nutritionnels
– Manque de connaissances de la situation nutritionnelle
des bénéficiaires  demande d’étude
19
ABENA – Contexte (3)
Ou enquêter ?
• Saisine du 4 juin 2003 du secrétariat d’Etat à la lutte contre
l’exclusion et la précarité
– Réalisation d’une étude portant sur la situation nutritionnelle des
personnes recourant à l’aide alimentaire

• Désir des structures d’aide alimentaire


– Mieux connaître leurs bénéficiaires, afin d’adapter leur organisation et
les aliments distribués

• De plus …
– Étant donné les difficultés de recrutement que représentait une étude
sur l’ensemble de la population vivant sous le seuil de pauvreté
– + existence d’étude spécifique sur les SDF
=> Décision d’exclusion du recrutement en centre d’hébergement

20
Objectifs de l’étude ABENA 1 (2004-2005)

• Objectif principal
Décrire l’état nutritionnel et les consommations
alimentaires des personnes ayant recours à l’aide
alimentaire

• Objectifs spécifiques
Décrire les sujets d’un point de vue socio-démographique et
sociologique

21
Contexte et objectifs de l’étude Abena 2 (2011-2012)
• Contexte
– Besoin de connaissances sur la situation nutritionnelle des bénéficiaires
depuis étude Abena 1 en 2004-2005
– Adaptation de l’aide aux besoins identifiés
– Mise en place d’actions (programme alimentation et insertion, 2003 ;
programme interministériel d’amélioration de l’aide alimentaire, 2006)

• Objectifs
– Décrire les profils sociodémographiques, les habitudes alimentaires et
l’état nutritionnel des personnes ayant recours à l’aide alimentaire en
2011-2012
– Comparer la situation avec celle observée en 2004-2005 (étude Abena 1)

22
La règle d’or : le règne de l’aléatoire

• Tirage au sort à tous les niveaux


– des zones à enquêter
– des structures ou réaliser les enquêtes
– des personnes à interroger

• Nécessité de stratification
– zone d’enquête
– type d’association (colis, épicerie sociale,
repas)

23
Echantillonnage (1)
• Stratification :
– Zones :
• Difficultés +++ de disposer d’une liste « à jour » des associations
distribuant de l’aide alimentaire tant en terme d’existence que de lieu
de résidence
 Utilisation des données recueillies dans le cadre de l’étude « Enquête
auprès des Associations d’Aide Alimentaire (E3A) » sur la qualité des
paniers et le type de structure réalisées dans 4 zones pour ABENA 1
(Marseille, Dijon, Paris, Seine Saint Denis)

• Taille de l’échantillon et sélection aléatoire des


structures:
4 structures sélectionnées pour chacune des 12 strates (48 si possible)
– Base de sondage 140 structures
– Probabilité d’inclusion de chaque structure : fonction du nombre moyen de
personnes servies par jour dans la structure
24
Echantillonnage (2)

Sélection aléatoire des personnes enquêtées


– dépend du type d’organisation de la structure
• Si prise de rendez vous : liste de nombre au hasard
• Sans rendez vous : selon place d’arrivée avec pas de sondage

– dans tous les cas aucune intervention du personnel de


l’association dans le processus de recrutement

25
Sur le terrain Abena 1
– 34 associations enquêtées dans 4 régions sur 48
prévues
– Durée du recueil d’information
• Campagne d’hiver de novembre 2004 et mai 2005
– Une équipe :
• 1 chef de projet
• 2 monitrices d’études
• 4 enquêteurs :
– enquêtes en face à face,
– mesures anthropométriques dans les
associations
– orientations vers les CES

26
Associations enquêtées Abena 1*

Paris Seine St Marseille Dijon


Denis
Colis 4 4 4 3

Repas 3 2 2 -

Libre Service 3 4 3 2

Total 10 10 9 5

* Associations sélectionnées, ayant donné leur accord et dans lesquelles l’enquête


est matériellement possible. 27
Bénéficiaires de l’aide alimentaire – Abena 1
Tirage au sort des bénéficiaires enquêtés

4 zones géographiques

Marseille Grand-Dijon Paris Seine-Saint-Denis

3 types d’aide alimentaire

Colis Epicerie sociale Distribution de repas

1164 entretiens en face-à-face (participation : 77%)


257 examens de santé en centre de santé (participation : 26%)

Grange D et al. Congrès des Observatoires régionaux de la santé, 4-5 avril 2013, Bordeaux, France
28
Participation au questionnaire Abena 1

Seine St
Paris Marseille Dijon Total
Denis
Nombre de questionnaires
Proposés 473 324 379 330 1506
Réalisés 364 258 279 263 1164
Taux de participation (%) 77 80 74 80 77

29
Participation au bilan nutritionnel Abena 1

Seine St
Paris Marseille Dijon Total
Denis
Nombre de questionnaires
Proposés 306 196 240 209 951
Réalisés 86 50 68 53 257
Taux de participation (%) 25 26 28 25 26

* Pas de différences significatives des caractéristiques socio-démographiques entre les sujets


inclus et les sujets ayant refusé de participer au bilan nutritionnel

30
Non inclusions et causes de refus
• 160 sujets non incluables pour la partie questionnaire :
– Ne parle pas et ne comprend pas le français : 72 %
– N’est pas le bénéficiaire inscrit dans la structure : 17 %
• 342 refus pour le questionnaire :
– Manque de temps : 42 %
– Ne veut pas donner d’informations sur son alimentation ou sa
santé : 29 %
• 694 personnes n’ont pas réalisé le bilan nutritionnel:
– Accord initial mais pas venu : 54 %
– Est déjà suivi par un médecin traitant : 16 %
– Ne veut rien savoir sur son état de santé : 14 %
31
Bénéficiaires de l’aide alimentaire - Abena 2
Tirage au sort des bénéficiaires enquêtés

6 zones géographiques

Marseille Grand-Dijon Paris Seine-Saint-Denis Hauts-de-Seine Val-de-Marne

2 types d’aide alimentaire

Distribution de denrées à emporter Distribution de repas

2 019 entretiens en face-à-face (participation : 45%)


422 examens de santé en centre de santé

Grange D et al. Congrès des Observatoires régionaux de la santé, 4-5 avril 2013, Bordeaux, France
32
Critères d’inclusion et questionnaires
• Population cible, critères d’inclusion
– Personnes majeures (1 seule personne par foyer)
– Comprendre le contenu et les enjeux de l’étude et pouvoir répondre au questionnaire (langue,
capacité physique et psychologique)

• Deux parties
– Questionnaires posés au sein des associations :
• Données socio-démographiques
– Age, sexe, situation familiale, activité professionnelle, niveau d’étude, sources de revenus du
foyer
– Logement, indicateurs de condition de vie
– Fréquentation des centres d’aide alimentaire : type, temps, fréquence, améliorations
souhaitées
• Sédentarité, activité physique
• Approvisionnement et consommations alimentaires (ci après)

– Bilan nutritionnel (anthropométrie, pression artérielle et dosages


biologiques) dans les CES
Remarque : participation possible à seulement une partie de l’étude

• Volet sociologique (Abena 1)


35 entretiens semi directifs avec les familles à domicile 33
Spécificité des questionnaires
• Consommations alimentaires
Spécificité de la population
• Population « volatile » : cad que l’on ne peut partir avec l’ apriori de plusieurs
interrogatoires alimentaires
• Nécessité de questionnement court
• Problème de grosses fluctuations des consommations dans le temps (à distance ou pas
des distributions par exemple)
 Choix
- Fréquence de consommation des groupes d’aliments selon les repères de consommation
du PNNS sur une semaine type
- Questions de comportement : critères de choix des aliments, fréquence et
lieux d’approvisionnement, moyen de transport, accès aux équipements de cuisine,
perception de la qualité du régime, perception du manque alimentaire en qualité et
quantité

• Bilan nutritionnel
En pratique pour palier à la perte des participants entre les 2 parties, les diététiciennes
disposaient du matériel nécessaire pour peser, mesurer et prendre la pression artérielle des
personnes dans les associations
34
Choix des enquêteurs
• Volonté de l’ESEN de travailler avec des professionnels de santé et
spécialistes de la nutrition

• Préparation pratique et méthodologique


– Familiarisation avec les questionnaires utilisés et le logiciel de saisie
– Emporter le portable dans les associations
– Formation aux mesures anthropométriques, pression artérielle

• Préparation psychologique: des jeux de rôles pour mise en situation


– Réalisés avec la sociologue de l’étude
– Prise de connaissance des rites
– S’adapter à tous types d’auditoires
– Savoir se présenter et se faire accepter
– Transmettre des messages simples et compréhensibles

• Une journée d’observation et de découverte des structures d’aide


alimentaire parisiennes
35
Rôle des diététiciennes

• Réalisation d’un bilan nutritionnel


– Enquête alimentaire
Mesures
– Mesures anthropométriques : poids, taille réalisées par les
diététiciennes
– Mesure de la tension artérielle Mesures
réalisées par les
diététiciennes
• Proposition d’un bilan médical complémentaire
– Bilan sanguin :
• Hémoglobine : résultat rendu immédiatement Centre d’Examens
• Cholestérol, triglycéride de santé
(CES)
– Biothèque : statut vitaminique et minéral

36
Profils sociodémographique Abena 1
• Age moyen : 42 ans
• Femmes : 52 %
• Vie en couple : 35 %
• Enfant(s) à charge : 52 %

• Logement
– Appartement, maison, chez un proche : 65 %
– CHU, CHUR, etc. : 15 %
– Hôtel, hôtel social : 9%
– Sans domicile fixe : 9%

• Aucun diplôme ou niveau primaire : 58 %

37
Caractéristiques liées à l’emploi et aux revenus
(Abena 1)
• Emploi
– Occupe un emploi 5%
– Sans emploi 71 %
– Situation administrative ne permettant pas de travailler : 24 %

• Principale source de revenus


– RMI, allocation parents isolés 27 %
– Autres allocations (familiales, APL…) 21 %
– Salaire / travail 13 %
– Aucun revenu 12 %
– Indemnités chômage 8%

• Durée de chômage (N = 437)


– 0 – 12 mois 41 %
– 25 mois et plus 37 %

38
Profils sociodémographiques Abena 2
Sexe: 65 % femmes (++ /2004-2005)
Age : 22% des bénéficiaires de 55 ans et plus (++ /2004-2005)
Pays de naissance : 39% France 29% Maghreb
54% ont enfant(s) à charge et 26% familles monoparentales

Logement
Appartement, maison, chez un proche : 80 % (++ /2004-2005)
CHU, CHUR, hôtel, hôtel social, etc. : 10 %
Sans domicile fixe : 10 %

44% sans diplôme ou niveau primaire (-- /2004-2005)


23% avec baccalauréat général ou plus

10% sans couverture maladie


39
Caractéristiques liées à l’emploi et aux revenus
(Abena 2)
• Emploi
– Occupe un emploi: 11% (double / 2004-2005)
– Sans emploi : 79% (+ en 2004-2005)
– ne permet pas de travailler : 10% (- en 2004-2005)

• Principale source de revenus


– RSA, allocation parents isolés 27%
– Autres allocations (familiales, APL…) 23%
– Salaire / travail 17%
– Aucun revenu 11%
– Indemnités chômage 9%
– Retraites : 9%

• Durée de chômage (n = 437)


– 0-12 mois 45%
– 25 mois et plus 35%
40
Diversité des profils sociodémographiques

• Selon la zone d’étude


– Paris : hommes, seuls, sans enfants à charge, sans logement fixe
– Seine-St-Denis : femmes, avec enfants, logement fixe, chômage
– Marseille : ½ hommes ½ femmes, seuls, Maghreb, RMI ou API
– Dijon : femmes, originaires de France, seuls, logement, chômage

• Selon la structure d’aide alimentaire


– Repas : hommes, seuls, sans logement
– Colis : femmes, avec enfants, logement
– Libre-service : femmes, avec enfants, logement

41
Accès à l’alimentation – Abena 1
• Dépense alimentaire moyenne :
– 2,6 euros / personne x jour
– 3,5 € sont nécessaires pour manger équilibré (INSERM)
• Sources d’approvisionnement
– Aide alimentaire (> 70 %) / autres sources (< 15 %) : conserves, lait UHT ;
produits laitiers et œufs ; fromage ; poisson ; fruits et légumes frais ;
produits surgelés ; produits non périssables
– Viande et charcuterie : aide alimentaire (67 %), commerces locaux (20 %)
– Boissons : aide alimentaire (43 %), Hard Discount (37 %)
– Pain : commerces locaux (44 %), aide alimentaire (39 %)
• Durée d’utilisation de l’aide alimentaire
– moins de 6 mois : 39 %
– entre 7 et 24 mois : 26 %
– depuis plus de deux ans : 35 %

42
Accès à l’alimentation Abena 2
Des approvisionnements caractérisés par la place importante de
l’aide alimentaire
• Plus de la moitié des bénéficiaires des structures denrées avaient
uniquement recours à l’aide alimentaire pour :
– Les conserves et le lait UHT (55% ; ++/ 2004-2005)
– Les denrées non périssables (54% ; ++/ 2004-2005)
• Pour les fruits et légumes frais, 77% avait recours à l’aide
alimentaire et à d’autres sources
• Pour la viande, la charcuterie et le poisson, plus de 40% n’avaient
jamais recours à l’aide alimentaire pour s’en procurer

• Dépenses alimentaires moyennes (euros/pers/jour) : 2.3


€/pers/jour
• IA : 32% déclarent « souvent/parfois de ne pas avoir assez à
manger » (contre 49% en 2004-2005)

Grange D et al. Congrès des Observatoires régionaux de la santé, 4-5 avril 2013, Bordeaux, France
43
Insécurité alimentaire

44
Un allongement de la durée du recours à l’aide alimentaire

Pourcentage d’usagers selon la durée du recours à l’aide alimentaire

≥ 2 ans

6 mois à 2 ans

< 6 mois

Abena 2004-2005
Recours ≥ 2 ans 35,4% 33,1% 34,5%

45
Equipements disponibles – Abena 1
Seine St
Paris Mars. Dijon Total
Denis
Réfrigérateur 46 62 92 97 70
Congélateur 21 45 81 68 52
Four à micro-ondes 15 35 44 66 32
Four classique 30 47 47 79 41
Plaques chauffantes 52 65 85 97 70
Bouilloire électrique ou résistance chauffante 6 13 13 20 10
Espace de stockage suffisants pour les aliments 23 43 77 76 51
Caddie pour faire les courses 23 30 70 33 44

• Taux d’équipement pour la conservation des aliments et la cuisson


très inférieur dans les grandes villes
46
Vision de l’aide alimentaire (1) – Abena 1
Changements considérés comme importants ou très importants
%
(N=1164)

Avoir plus de diversité dans les aliments proposés 64


Avoir plus de temps entre la date de distribution et la date limite
40
de consommation des aliments
Proposer des aliments qui correspondent à vos habitudes
37
culturelles
Heures d’ouverture plus larges 36
Pouvoir choisir ce que vous emportez chez vous 35
Avoir des conseils et des plats adaptés pour les enfants 32
Avoir des recettes ou des guides pour savoir quoi manger 28
Pouvoir venir sans rendez-vous 26
Avoir une livraison à domicile 5
47
Vision de l’aide alimentaire (2) – Abena 1
Changements souhaités par la majorité des sujets :
• Repas :
– Avoir plus de diversité dans les aliments proposés : 69 %
– Avoir des heures d’ouverture plus larges : 57 %
• Colis :
– Avoir plus de diversité dans les aliments proposés : 56 %
• Libre Service :
– Avoir plus de diversité dans les aliments proposés : 73 %
– Avoir plus de temps entre la distribution et la DLC : 70 %
– Pouvoir choisir ce que vous emportez chez vous : 67 %
– Proposer des aliments qui correspondent à vos habitudes
culturelles : 56 %
48
Consommation des produits distribués par l’AA

Total (N=1164)

Non consommation de certains produits car :


Vos traditions en vous y encouragent pas 35
Vous en les aimez pas ou n’avez pas l’habitude d’en consommer 16
Vous en les supportez pas, ils vous provoquent des allergies, pour
4
des raisons de santé
Vous ne pouvez pas les cuisiner 3
Vous ne savez pas les cuisiner 1

49
Entretiens approfondis - Abena 1

• Quelques résultats
– Des populations peu visibles : les personnes sans ressources, les
travailleurs pauvres
– Existence d’une population dépendante exclusivement de l’AA
– Une hiérarchie négociée des priorités
– Des fluctuations de pratiques liées aux aléas de contraintes
budgétaires
– Des problèmes de santé

• Hypothèse
– Des stratégies d’organisation alimentaire étroitement liées à la densité
des réseaux (supports) sociaux

50
Entretiens approfondis - Abena 1
• Profils de bénéficiaires
– Dépendance à l’aide alimentaire
• Migrants, demandeurs d’asile, sans papiers
• Pas d’accès au travail, hébergement en hôtels
• Très peu d’achats hors de l’aide alimentaire
– Assistance par l’aide alimentaire
• Migrants « anciens », déclassés sociaux
• Recours au hard discount, marchés spécialisés
• Deux pôles : transformation des produits ou peu de cuisine
– Complément par l’aide alimentaire
• Travailleurs pauvres, hébergement par famille
• Diversification des sources d’approvisionnement
• Réattribution du budget sur d’autres postes
51
Sur le terrain (1) :
Des bénévoles investis et professionnels
• Sensibilisés à l’équilibre alimentaire même si les colis/repas ne
sont pas systématiquement équilibrés
Ex: des colis parfois pauvres en fruits et légumes frais

• Gestion professionnelle des approvisionnements


Gestion des stocks, préparation sur place en liaison chaude
Ex : Foyer de la Trinité : 160 repas chauds par jour de novembre à avril

• Prise en compte des convictions religieuses dans la mesure du


possible

• Responsabilisation des bénéficiaires


Ex : CASIM : épicerie sociale (variété, produits cacher, fruits et légumes frais)
dans laquelle le bénéficiaire ne paie que 10% du panier

52
Sur le terrain (2) :
Des bénéficiaires qui font face
(les stratégies de contournement)
• Troc de denrées à la sortie des structures :
Ex : viande non hallal échangée contre des pâtes

• Importance des enfants :


– Le Jeûne
Les mères nourrissent en priorité leur(s) enfant(s) au détriment de leur
propre santé => elles sont capables de jeûne prolongé
– Choix alimentaires
Les mères privilégient souvent les aliments à forte densité énergétique et
faible coût, au détriment des apports en macro-nutriments et micro-
nutriments
Importance du rôle social des aliments « transformés »: consommation
des boissons sucrées par ex)
53
Fréquences de consommations alimentaires (1)
Population générale
Fruits et légumes < 3,5 fois 3,5 à 5 fois ≥ 5 fois par jour (Esteban 2015)
petits
consommateurs
36,9%

Produits laitiers < 3 fois 3 fois > 3 fois par jour

61,5%

Viande, poisson, œufs < 1 fois 1 à 2 fois > 2 fois par jour

27,3%

Grange D et al. Congrès des Observatoires régionaux de la santé, 4-5 avril 2013, Bordeaux, France
54
Fréquences de consommations alimentaires (2)
Fruits et légumes < 3,5 fois 3,5 à 5 fois ≥ 5 fois par jour Abena 2004-2005

0,6%

1,6%

Produits laitiers < 3 fois 3 fois > 3 fois par jour

3,3%

12,8%

Viande, poisson, œufs < 1 fois 1 à 2 fois > 2 fois par jour

37,4%

57,0%

Grange D et al. Congrès des Observatoires régionaux de la santé, 4-5 avril 2013, Bordeaux, France
55
Caractéristiques socioéconomiques et démographiques
associées aux faibles consommations alimentaires (1)*

Objectif:
Identifier des profils démographiques et
socioéconomiques à haut risque nutritionnel spécifiques
à ces populations défavorisées
 Meilleure connaissance sur la prévention de l’obésité,
dans un contexte d’accroissement des inégalités sociales
en santé
Analyses statistiques:
Modèles logistiques multivariés, pas à pas descendant, ajustés sur le sexe,
prenant en compte le poids d’échantillonnage
 OR (95% IC) : force de l’association entre le fait d’être faible consommateur et
les caractéristiques individuelles
*Méjean et al., Eur J Clin Nutr, 2010; Méjean et al., Prev Med; 2010

56
Caractéristiques socioéconomiques et démographiques
associées aux faibles consommations alimentaires (2)

• Contrairement aux études en population générale (Perrin et al., 2002; Kesse-


Guyot et al., 2008), pas d’association avec sexe, âge, statut marital ou
éducation
 influence des facteurs sociodémographiques classiques atténuée par
différences de profils économiques et niveaux d’insuffisance alimentaire

57
Caractéristiques socioéconomiques et démographiques
associées aux faibles consommations alimentaires (3)
• Fruits et légumes (< 3.5 fois /jour; 94%)
– Migration nord-africaine vs. France OR=2.93 (1.01-8.54)
– Autres migrations vs. France OR=7.38 (2.36-23.10)

• Produits laitiers (< 2 fois/jour; 61% ) :


– Migration sub-saharienne vs. France OR=2.42 (1.03-5.70)
– Migration d’Europe de l’Est vs. France OR=0.15 (0.03-0.69)

• Influence importante du pays de naissance sur consommations: pas


d’étude en population générale, excepté pour migration Nord-Africaine
 Reflète dans population précaire plutôt barrières économiques que des
caractéristiques culturelles, permettant de maintenir des habitudes
alimentaires traditionnelles saines (Méjean et al. J Nutr, 2009)

58
Caractéristiques socioéconomiques et démographiques
associées aux faibles consommations alimentaires (4)
• Insuffisance alimentaire sévère vs. suffisance
• Fruits et légumes (<3.5 fois/jour; 94%) OR=5.77 (1.49-22.33)
• Viande, poisson, œufs (<1 fois/jour; 43%) OR=2.06 (1.33-3.18)
• Produits laitiers (<2 fois/jour; 61% ) OR=4.93 (1.56-15.52)

• Concordant avec études en populations précaires (Cristofar et Basiotis 1992; Dixon et al,
2001;. Tarasuk, 2001), insuffisance alimentaire associée à faibles consommations

Indépendamment de leur situation très précaire commune, certains usagers se


considèrent en situation de suffisance

Insuffisance sévère : personnes déclarant avoir souvent/parfois pas assez à manger (Townsend, 2001;
Radimer, 2002)

59
Caractéristiques socioéconomiques et démographiques
associées aux faibles consommations alimentaires (5)
• Fréquence de repas < 3/j vs. au moins 3/j
• Produits céréaliers (<3 fois/jour; 49%) OR=2.85 (1.86-4.37)
• Viande, poisson, œufs (<1 fois/jour; 43%) OR=3.30 (2.15-5.04)
• Poisson (<2 fois/sem; 27%) OR=2.47 (1.40-4.36)
• Produits laitiers (<2 fois/jour; 61% ) OR=3.74 (2.27-6.14)

• Différentes stratégies utilisées contre l'insuffisance alimentaire: stratégies de


recherche de nourriture et de rationnement (sauter des repas et ne pas
manger des jours entiers) (Oldewage-Theron et al., 2006)
 Aide alimentaire ne permet pas de surmonter l’insuffisance alimentaire: 50%
des utilisateurs ont sauté un des trois repas quotidiens (Bellin-Lestienne et al., 2006)
Donc, faible fréquence de repas associée à faibles consommations

60
Caractéristiques socioéconomiques et démographiques
associées aux faibles consommations alimentaires (6)
• Produits laitiers (< 2 fois/jour; 61% ) :
– Situation administrative ne permettant pas de travailler OR=8.30 (2.57-
26.80) et sans emploi (OR=4.37 (1.58-12.08)) vs. Emploi

• Poisson (< 2 fois/semaine; 27%) :


– Hébergement temporaire vs. logement OR=0.46 (0.25-0.83)
– Aucun revenu vs. allocations OR=0.31 (0.12-0.77)

• Emploi associé à consommation de produits laitiers, comme en population


générale
• Usagers en foyer et ceux sans aucun revenu consomment plus de poisson et
dépendent fortement de l'aide alimentaire pour leur approvisionnement en
poisson
 Poisson (en conserve) est plus accessible à l'aide alimentaire que par d'autres
sources d’approvisionnement
61
Caractéristiques socioéconomiques et démographiques
associées aux faibles consommations alimentaires (7)
• Poisson (< 2 fois/semaine; 27%) :
– Repas vs. Denrées OR=3.42 (1.61-7.29)
– Budget alimentaire <60€/pers/mois vs. >120€ OR=3.37 (1.64-6.79)
– Durée de l’aide <1an vs. 3ans OR=3.59 (1.72-6.72)

• Seul aliment associé au budget alimentaire


 Usagers ont peut-être restreint leurs choix par une consommation plus faible
de produits alimentaires chers (Maillot et al., 2007)

• Plus durée de l'aide longue, plus consommation élevée


 Utilisateurs de l'aide à long terme ont meilleure connaissance du système et
savent comment et où obtenir du poisson

62
Caractéristiques socioéconomiques et démographiques
associées aux faibles consommations alimentaires (5)

• Accès à un régime alimentaire favorable à la santé dépend d’un gradient


économique au sein même de cette population très précaire

• Surpoids et obésité chez les femmes: déterminants sociaux identifiés proche


de ceux observés en population générale (âge, niveau d’éducation, pays de
naissance…)

Aide politiques de santé publique et associations d’aide alimentaire à mettre en


place des stratégies spécifiques pour améliorer qualité de l’aide alimentaire et
prévention de l’obésité

63
Des indicateurs de santé qui n’évoluent pas favorablement…

Augmentation de la fréquence de l’obésité et de l’hypertension artérielle (Abena 2004-2005)

11,5% 29,6% 36,6% 24,2%

80 80 80
71,4

60 53,2 60 60
35,1 48,5
17,6 39,3
% 40 % 40 % 40

20 35,6 36,3 20 20
11,9
8,9

0 0 0
Hommes Femmes Hommes Femmes Hommes Femmes
Surpoids Obésité Hypertension artérielle Diabète

64
…Et qui restent préoccupants en 2011-2012…

Population générale (Esteban 2015)


53,9% 44,2% 34,2% 27,8% 6,2% 3,3%
(obés. : 16,8%) (obés. : 17,4%)

80 80 80
71,4

60 53,2 60 60
35,1 48,5
17,6 39,3
% 40 % 40 % 40

20 35,6 36,3 20 20
11,9
8,9

0 0 0
Hommes Femmes Hommes Femmes Hommes Femmes
Surpoids Obésité Hypertension artérielle Diabète

Grange D et al. Congrès des Observatoires régionaux de la santé, 4-5 avril 2013, Bordeaux, France
65
…Mais des évolutions encourageantes
Etat nutritionnel et état de santé (3)
• Baisse de la fréquence de l’anémie ferriprive :
• 7,6% chez les femmes en âge de procréer
 16,1% en 2004-2005
 3,5% en population générale (Esteban 2015)
• Baisse de la fréquence des déficits sévères en vitamine D (<10ng/ml)

60

40
Hommes Femmes
46,6
% 45,3
Abena 2004-2005 : 69,3% 80,5%
20
Population générale* : 2,0% 5,1%

0 * Esteban 2015
Hommes Femmes

Grange D et al. Congrès des Observatoires régionaux de la santé, 4-5 avril 2013, Bordeaux, France
66
Fréquences des dyslipidémies - Abena 2

< 40 ans ≥ 40 ans


Abena Autres études Abena Autres études
Min. Max. Min. Max.
Hypercholestérolémie ≥ 7 mM/L
Hommes 20,7 1,5 5,8 1,4 5,6 10,3
Femmes 0,4 1,4 2,3 7,9 3,0 20,0

Hypertriglycéridémie ≥ 2,3 mM/L

Hommes 11,3 4,4 8,8 1,2 5,5 11,7

Femmes 0,6 1,4 2,1 10,9 1,0 5,5

67
Vitamine C – Abena 2
– Déficit associé à des faibles apports en fruits et légumes
– Lorsque déficit sévère avec manifestations cliniques : scorbut
– Résultats Abena
• Déficit sévère (< 12 M) : Hommes : 16,3% ; femmes : 6,9%
• Déficit modéré (12 – 20 M) : Hommes : 16,3% ; femmes : 8,8%
• Plus fréquents :
– En Seine St Denis et libre-service
– Chez les 35 – 44 ans
– Chez les personnes sans enfants et celles à qui il arrive souvent/parfois de
ne pas avoir assez à manger

– Suvimax (< 11,4 M) :


• hommes : 1,9% contre 14,1% dans Abena
• femmes : 0,5% contre 6,3% dans Abena

68
Vitamine B9 (folates) – Abena 2
– Déficit associé à des faibles apports en légumes à feuilles
vertes, foie, céréales complètes…
– Résultats Abena (folates sériques)
• Déficit sévère (< 5 M) : Hommes : 40,7% ; femmes : 39,0%
• Déficit modéré (5 - 7 M) : Hommes : 39,6% ; femmes : 36,5%
• Plus fréquents :
– En Seine St Denis et libre-service
– Chez les 35 – 44 ans
– Chez les personnes sans enfants
– Chez les personnes à qui il arrive souvent/parfois de ne pas avoir assez à
manger

– Esteban (< 6,81 M)


• Hommes : « rare » contre 79,1% dans Abena
• Femmes : « rare » contre 74,2% dans Abena

69
Santé perçue, accès aux soins,
activité physique et sédentarité
%

Etat de santé perçu pour l’âge


Excellent / Bon 55
Moyen / Mauvais 45

Renoncement d’un des membres du foyer à des


17
soins de santé pour des raisons financières

• 98% des sujets marchant plus de 10 minutes consécutives au moins un jour par
semaine
• Temps moyen de marche par jour : 1h47
• Temps moyen passé devant la télévision par jour de repos : 2h49
70
Caractéristiques sociodémographiques en
fonction de l’HTA et de la corpulence
• Présence d’hypertension :
– Plus d’hommes (48% vs. 34%)
– Plus âgés (+ 8,5 ans)
– Moins de personnes avec des enfants à charge (47 % vs. 62 %)
– Plus de personnes déclarant être en mauvaise santé (53% vs. 45%)
• Corpulence :
– Proportion de femmes augmente avec le niveau de corpulence
(poids normal : 49% ; surpoids : 62% ; obésité : 72%)
– Âge augmente avec le niveau de corpulence
(poids normal : 40,5 ; surpoids : 44,5 ; obésité : 45,1)
– Proportion de personnes avec des enfants à charge augmente avec le
niveau de corpulence (poids normal : 48% ; surpoids : 57% ; obésité : 74%)
– Proportion de personnes se déclarant en bonne santé varie en fonction de
l’IMC (maigreur : 39% ; poids normal : 60% ; surpoids : 53% ; obésité : 44%)
– Pas de différence sur l’accès à l’alimentation perçu et sur la capacité
financière du foyer
71
Conclusion (1)
Situation nutritionnelle plus critique qu’anticipé
– Une dépendance quasi exclusive de l’aide alimentaire
– De faibles apports en fruits et légumes, produits laitiers,
viandes/poissons/œufs, une consommation en féculents adéquats
– Des marqueurs l‘état nutritionnel délétère (Obésité, HTA, dyslipidémies,
anémie)

Variations de consommations au sein d’une population précaire


Identification de déterminants: pourquoi certains individus parviennent, en
dépit des difficultés importantes, à maintenir une alimentation favorable à la
santé?
 complète connaissances pour comprendre inégalités sociales de santé en lien
avec l’alimentation

72
Conclusion (2)
• Quelques améliorations encourageantes entre Abena 1 et 2…
– Evolution favorable de certains marqueurs biologiques de l’état
nutritionnel
– Légères améliorations de la consommation de certains aliments
favorables à la santé
• Mais des motifs de préoccupation qui persistent…
– Prévalences des pathologies liées à la nutrition particulièrement élevées
– Ecarts importants entre les consommations alimentaires et les
recommandations nutritionnelles
• Qui incitent à renforcer les actions menées auprès de ces
populations, notamment en poursuivant l’amélioration de l’aide
alimentaire

73
Conclusion (3)
• Limites :
– Exclusion probable des personnes les plus démunies

Situation réelle probablement pire qu’ABENA

• Perspectives
– Cohérents avec les données de la littérature
– Importants pour les associations d’aide alimentaire
• Données non disponibles jusqu’à présent
• Adaptation de l’aide aux besoins identifiés (dépendance)
– Implications de santé publique

9,3 millions d’habitants en 2018 en dessous du seuil de


pauvreté en France soit 15% de la population
(selon insee, <60 % du niveau de vie médian)

74
Conclusion (4)
• Une enquête qui « laisse des traces »
– Un contact quotidien avec des situations humaines
extrêmes :
• alcoolisme,
• drogue,
• violence,
• misère,
• troubles psychiatriques…
– Qui nécessite d’aller au-delà de la simple mission
d’enquêteur
• en étant particulièrement à l’écoute des bénéficiaires
• en faisant preuve de tolérance
• et surtout de psychologie

• Une enquête qui a fournit de nombreux résultats….


75
Pour en savoir plus…
 Rapports ABENA complets disponibles sur :
2004-2005 : http://invs.sante.fr (dossier « Nutrition et Santé »)
2011-2012 : sites de l’ORS-IDF, de l’InVS et de l’Inpes
 Méjean C, Deschamps V, Bellin-Lestienne C, Oleko A, Darmon N, Serge H, Katia C. Associations of
socioeconomic factors with inadequate dietary intake in food aid users in France (The ABENA study
2004-2005). European Journal of Clinical Nutrition. 2010; 64:374-82.
 Méjean C, Deschamps V, Bellin-Lestienne C, Oleko A, Darmon N, Serge H, Katia C. Sociodemographic
and economic determinants of overweight and obesity in female food-aid users in France (the
ABENA study 2004-2005). Preventive Medicine. 2010; 51:517-8.
 Castetbon K, Méjean C, Deschamps V, Bellin-Lestienne C, Oleko A, Darmon N, Hercberg S. Dietary
behaviour and nutritional status in underprivileged people using food aid (ABENA study, 2004-2005).
Journal of Human Nutrition Dietetics. 2011; 24: 560-71.
 Castetbon K, Méjean C, Grange d, Guibert G, Escalon H, Vincelet C, et al. insécurité alimentaire chez
les femmes recourant à l’aide alimentaire : prévalences et associations avec l’obésité. Étude abena
2011-2012, France. bull Epidémiol Hebd. 2014;(18-19):326-33.
http://www.invs.sante.fr/beh/2014/18-19/2014_18-19_3.html
 Vernay M, Grange d, Méjean C, Guibert G, Escalon H, Vincelet C, et al. Facteurs socioéconomiques
associés à l’obésité parmi les femmes ayant recours à l’aide alimentaire en France. Étude abena
2011-2012. bull Epidémiol Hebd. 2014;(18-19):317-25.
http://www.invs.sante.fr/beh/2014/1819/2014_18-19_2.html

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