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Revue de Presse

de la Conférence régionale
sur l’Utilisation pédagogique de l’Histoire
générale de l’Afrique dans les écoles africaines
(Tripoli, 10 – 17 juin 2010)

1
INDEX DES ARTICLES

¾ Cliquer sur les intitulés pour accéder directement aux articles :

PANAPRESS ‐L'UNESCO veut développer l'enseignement de l'Histoire générale de l'Afrique ........................... 4

PANAPRESS ‐ UNESCO quer desenvolver ensino da História Geral de África ..................................................... 6

LE SOLEIL‐ CONFÉRENCE DE L’UNESCO A TRIPOLI : La rénovation de l’enseignement de l’histoire, principal


objectif................................................................................................................................................................. 8

LE MONDE ‐ Les Africains veulent transmettre leur histoire ............................................................................ 10

PANAPRESS – C onférence régionale sur l'utilisation pédagogique de l'HGA à Tripoli..................................... 12

UN NewsCentre Africa: UN Backs Production of New History Syllabus for African Students........................... 14

Centre d’Actualités de l’ONU ‐ Afrique : UNESCO : élaboration d'un nouveau programme d'histoire de
l'Afrique ............................................................................................................................................................. 16

LE SOLEIL ‐ Afrique : Projet pédagogique de l'histoire générale de l'Afrique ‐ Enseigner l'histoire du continent
sans falsification ni manipulation idéologique .................................................................................................. 17

MUTATIONS ‐ Education : L’histoire africaine bientôt à l’école........................................................................ 19

PANAPRESS ‐ Un responsable libyen plaide pour l'enseignement du HGA ...................................................... 21

PANAPRESS ‐ Tamsir Niane évoque l'importance de la HGA pour l'avenir de l'Afrique ................................... 23

PANAPRESS ‐ Libyan official advocates teaching of General History of Africa.................................................. 25

LE SOLEIL ‐ Sénégal : Pr ELIKIA MBOKOLO, président du Comité scientifique du Projet « Utilisation


pédagogique de l’Histoire générale de l’Afrique dans les écoles africaines » : « Nous voulons transmettre aux
jeunes la connaissance, la passion et la fierté de leur passé » ......................................................................... 27

PANAPRESS ‐ Escritor conakry‐guineense destaca importância da História Geral de África ............................ 32

LE SOLEIL ‐ TROIS QUESTIONS A... DOULAYE KONATE, PRESIDENT DE L’ASSOCIATION DES HISTORIENS
AFRICAINS : « La Charte du Mandé relève de la mémoire » ............................................................................. 34

LE SOLEIL ‐ PROJET PÉDAGOGIQUE DE L’HISTOIRE GÉNÉRALE DE L’AFRIQUE : Réussir l’intégration à travers


l’école ................................................................................................................................................................ 36

PANAPRESS ‐ Un universitaire congolais campe les enjeux de l'Histoire générale de l'Afrique ....................... 39
2
PANAPRESS ‐ Congolese academic sets standards of HGA ............................................................................... 41

LE SOLEIL ‐ Sénégal: Enseignement de l'histoire générale ‐ Quand le Brésil montre la voie au continent....... 43

LE SOLEIL ‐ Pr DJIBRIL TAMSIR NIANE, HISTORIEN : « L’Histoire générale de l’Afrique n’est pas une œuvre
définitive »......................................................................................................................................................... 45

PANAPRESS ‐ Conference on General History of Africa ends............................................................................ 48

PANAPRESS ‐ Fin de la conférence sur l'Histoire générale de l'Afrique à Tripoli .............................................. 49

LES DÉPÊCHES DE BRAZZAVILLE ‐ Martin Itoua restitue les conclusions de la conférence sur l'utilisation
pédagogique de l'histoire générale de l'Afrique ............................................................................................... 50

SIDWAYA ‐ Pr Elikia Mbokolo : « Dans 40 ans, nos enfants risquent de penser Macintosh, Coca‐cola, Mac
Donald » ............................................................................................................................................................ 51

FRENCH.NEWS.CN ‐ UNESCO : élaboration d'un nouveau programme d'histoire de l'Afrique ........................ 55

MUTATIONS ‐ ÉTATS MEMBRES DE LA CEDEAO : Près de 7 milliards de FCfa pour 45 centres d’enseignement
à distance........................................................................................................................................................... 57

MUTATIONS ‐ Éducation : L’histoire africaine frappe à la porte des établissements scolaires ........................ 59

MUTATIONS ‐ Doulaye Konaté : Il faut rénover l’enseignement de l’histoire en Afrique ................................ 66

QUOTIDIEN MUTATIONS INFOS ‐ INTERVIEW DE CATHERINE COQUERY‐VIDROVITCH.................................... 75

DIPLOMATIE HORS‐SÉRIE ‐ UNE HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'AFRIQUE…………………………………………………………….78

3
L'UNESCO veut développer l'enseignement de l'Histoire
générale de l'Afrique

Paris, France - 06/06/2010 - Le responsable du Dialogue interculturel à l'UNESCO, Ali


Moussa-Iye, a soutenu qu'il est indispensable d'introduire l'Histoire générale de l'Afrique
(HGA) dans les différents cycles d'enseignement sur le continent.

Présentant samedi à Paris les enjeux d'une conférence internationale sur l'utilisation
pédagogique de l'HGA, prévue du 10 au 17 juin à Tripoli, M. Moussa-Iye a indiqué que
l'UNESCO accorde une attention particulière à la diffusion du travail accompli par des
historiens réputés pour réécrire l'histoire du continent en huit volumes.

"Des contraintes économiques notamment ont rendu l'HGA inaccessible sur le continent.
C'est surtout le cas dans les universités et les différents cycles d'enseignement. En
concertation avec les dirigeants africains, l'UNESCO a obtenu en 2008 un financement
libyen de 2 millions de dollars US pour démarrer le projet sur l'utilisation pédagogique de
l'HGA", a-t-il expliqué.

Près de 150 personnes entameront dans la capitale libyenne des discussions portant sur la
production au profit des écoles africaines des supports pédagogiques standardisés tirés
des huit volumes de l'HGA.

Lors de leurs travaux en ateliers et en plénières, les participants examineront également


les conditions du développement des supports pédagogiques dont un Atlas, un DVD et des
outils de formation pour les professeurs.

"C'est une rencontre cruciale que nous aurons à Tripoli. Avec ces discussions, nous allons
franchir un cran supérieur décisif dans la mise en oeuvre du projet démarré en 2008. A
Tripoli, nous allons valider, après discussions, les esquisses déjà faites pour l'utilisation
pédagogique de l'HGA", a poursuivi le responsable du Dialogue interculturel de l'UNESCO.

4
Il a par ailleurs insisté sur la ferme volonté politique apportée par les chefs d'Etat
africains à ce projet, estimant que son aboutissement serait "une première mondiale".

"L'Union africaine soutient entièrement ce projet. L'organisation panafricaine souhaite


baser l'intégration régionale sur l'histoire commune du continent. C'est une démarche
unique au monde qui bénéficie du soutien sans réserve de l'UNESCO", a souligné M.
Moussa-Iye.

Selon lui, les résultats de la conférence régionale de Tripoli sur l'utilisation pédagogique
de l'Histoire générale de l'Afrique seront ultérieurement soumis aux ministres africains de
l'Education nationale pour une ultime validation.

"C'est un processus qui va se poursuivre étape par étape. Il sera d'une grande utilité pour
la connaissance et la diffusion de l'HGA, une Histoire différente, écrite par les Africains
eux-mêmes sur une base scientifique, loin du prisme colonial. Il s'agit d'un enjeu
essentiel, sachant le rôle de l'Histoire dans la construction d'une identité", a encore
déclaré le responsable à l'UNESCO.

Dix éminentes personnalités africaines issues des cinq régions géographiques du continent
composent le Comité scientifique pour l'utilisation pédagogique de l'HGA, que préside le
professeur congolais Elikia M'Bokolo.

Huit volumes de l'HGA ont été écrits de 1964 à 1999, sous l'égide d'un Comité scientifique
de 39 membres parmi lesquels d'éminents historiens africains comme Cheikh Anta Diop
(Sénégal), Joseph Ki-Zerbo (Burkina Faso), Hampaté Bâ (Mali), Mohammed El Fasi (Maroc)
et Aklilu Habte (Ethiopie).

5
VERSION PORTUGAISE

UNESCO quer desenvolver ensino da História Geral de África

Paris, França - 06/06/2010 - O responsável do Diálogo Intercultural da Organização das


Nações Unidas para a Educação, Ciência e Cultura (UNESCO), Ali Moussa-Iye, considerou
indispensável introduzir a História Geral de África (HGA) nos diferentes ciclos de ensino
no continente.

Apresentando sábado em Paris uma conferência internacional sobre a utilização


pedagógica da HGA, prevista para 10 a 17 de Junho em Tripoli, na Líbia, Moussa-Iye
indicou que a UNESCO presta uma atenção particular à difusão do trabalho realizado por
historiadores reputados para reescrever a história do continente em oito volumes.

"Coerções económicas, nomeadamente, tornaram a HGA inacessível no continente. É


sobretudo o caso nas universidades e nos diferentes ciclos de ensino. Em concertação
com os dirigentes africanos, a UNESCO obteve, em 2008, um financiamento líbio de dois
milhões de dólares americanos para começar o projeto sobre a utilização pedagógica da
HGA", explicou.

Perto de 150 pessoas vão iniciar, na capital líbia, discussões relativas à produção em
benefício das escolas africanas dos suportes pedagógicos estandardizados extraídos dos
oito volumes da HGA.

Durante os seus trabalhos em ateliês e plenárias, os participantes examinarão igualmente


as condições de desenvolvimento dos suportes pedagógicos incluindo um Atlas, um DVD e
instrumentos de formação para os professores.

"É uma reunião crucial que teremos em Tripoli. Com estas discussões, vamos atravessar
uma parte superior decisiva na aplicação do projeto iniciado em 2008. Em Tripoli, vamos
validar, depois das discussões, os esboços já feitos para a utilização pedagógica da HGA",
prosseguiu o responsável do Diálogo Intercultural da UNESCO.

6
Ele insistiu também na firme vontade política dos chefes de Estado africanos sobre este
projeto, notando que a sua conclusão seria "uma primeira mundial".

"A União Africana apoia inteiramente este projecto. A organização panafricana deseja
basear a integração regional na história comum do continente. É um procedimento único
no mundo que beneficia do apoio sem reserva da UNESCO", sublinhou Moussa-Iye.

Segundo ele, os resultados da conferência regional de Tripoli sobre a utilização


pedagógica da História Geral de África serão ulteriormente submetidos aos ministros
africanos da Educação Nacional com vista a uma última validação.

"É um procedimento que vai prosseguir etapa por etapa. Será duma grande utilidade para
o conhecimento e a difusão da HGA, uma História diferente, escrita pelos Africanos numa
base científica, longe do prisma colonial. Trata- se duma aposta essencial, sabendo o
papel da História na construção duma identidade", declarou o responsável da UNESCO.

Dez eminentes personalidades africanas saídas das cinco regiões geográficas do


continente compõem o Comité Científico para a Utilização Pedagógica da HGA, presidido
pelo docente congolês Elikia M'Bokolo.

Oito volumes da HGA foram escritos de 1964 a 1999, sob a égide dum Comité Científico
de 39 membros entre os quais emientes historiadores africanos como Cheikh Anta Diop
(Senegal), Joseph Ki-Zerbo (Burkina Faso), Hampaté Bâ (Mali), Mohammed El Fasi
(Marrocos) e Akilu Habte (Etiópia).

7
Lundi 7 juin 2010

CONFÉRENCE DE L’UNESCO A TRIPOLI : La rénovation de


l’enseignement de l’histoire, principal objectif
La capitale libyenne abrite du 10 au 17 juin 2010, la conférence régionale sur l’utilisation
pédagogique de l’Histoire générale de l’Afrique. L’objectif étant de développer des outils
pédagogiques pour les écoles africaines sur la base des volumes de « L’Histoire générale
de l’Afrique ».

Le projet, qui s’inscrit dans le cadre de la Deuxième décennie pour l’éducation en


Afrique (2006-2015) et qui met l’accent sur le renforcement des liens entre l’éducation
et la culture et de la qualité des contenus pédagogiques, a été conçu, selon le document
parvenu à notre rédaction, sur la base des recommandations des différentes réunions
d’experts que l’Unesco a organisées, ainsi que des études qu’elle a initiées avant et après
la fin de la première phase du projet. Cela, « pour réfléchir à l’utilisation des volumes à
des fins pédagogiques ».

Aussi, l’objectif de cette conférence, qui réunira 150 personnes dont des historiens,
spécialistes de l’enseignement de l’histoire, didacticiens de l’histoire, archéologues,
anthropologues, spécialistes de la pédagogie, de la psychologie, du développement de
curricula et matériels didactiques, des politiques éducatives, « est de définir le cadre, les
conditions et les modalités de l’élaboration des contenus communs pour les écoles
primaires et secondaires africaines ainsi que les matériels pédagogiques
d’accompagnement », lit-on dans la note conceptuelle rédigée par notre compatriote,
Mamadou Ndoye.

Les participants auront à évaluer la situation actuelle de l’enseignement de l’histoire en


général et de l’histoire africaine en particulier, dans les pays africains ; définir les grands
thèmes à aborder et les grandes lignes pour la rédaction des contenus communs pour le
primaire et le secondaire mais aussi les grandes lignes pour l’élaboration des guides et
autres supports pédagogiques devant aider les enseignants d’histoire à atteindre les
objectifs cognitifs visés et une stratégie pour la production et la diffusion de ces
contenus une fois élaborés.

8
Il s’agira également d’identifier les défis posés par l’intégration des contenus communs
qui seront développés dans les programmes scolaires des pays africains ; de désigner les
groupes d’auteurs qui seront chargés de la rédaction des contenus communs et de
l’élaboration de l’atlas historique et du DVD éducatif...

Cette 2è phase sur « L’utilisation pédagogique de l’Histoire générale de l’Afrique » a


été lancée par l’Unesco en mars 2009. La première phase, achevée en 1999, a consisté
en la préparation, la rédaction et la publication de l’Histoire de l’Afrique en 8 volumes
avec une édition principale en anglais, français et arabe. De même, 12 études et
documents traitant de questions et de thèmes particuliers, ont été publiés dans le
cadre de ce travail. Par ailleurs, une version abrégée de cet ouvrage a été publiée en
anglais, français, kiswahili, hausa et peul. A noter que c’est en 1964 que les États
africains avaient requis l’assistance de l’Unesco pour une réécriture de l’histoire du
continent. Le but étant de permettre « une réappropriation, par l’Afrique, de son
histoire, tout en assurant une meilleure compréhension de l’apport du continent au
progrès général de l’humanité ».

Daouda MANE

9
Paris, 11 juin 2010

Les Africains veulent transmettre leur histoire


Décoloniser l'histoire : tel était le sens et l'ambition des auteurs de l'Histoire générale de
l'Afrique, un vaste projet lancé en 1964 par l'Unesco au lendemain des indépendances, "
pour remédier à l'ignorance généralisée sur le passé de ce continent et rompre avec les
préjugés raciaux ". Ce grand oeuvre, dont le fil conducteur était de " considérer l'Afrique
comme un tout ", a été orchestré, entre autres, par l'historien sénégalais, Cheikh Anta
Diop, ou l'ethnologue malien, Amadou Hampâté Bâ, a mis plus de trente ans à se
concrétiser.
Toutes les questions délicates, dont certaines sont encore débattues aujourd'hui, comme
l'origine africaine de la civilisation égyptienne ou la traite négrière, ont été posées pour
parvenir à un relatif consensus entre les africanistes.
Le chantier, auquel plus de 350 historiens (dont 80 % d'Africains) ont participé, a abouti à
la publication, de 1980 à 1999, de huit volumes, allant de la Méthodologie et préhistoire
africaine à L'Afrique depuis 1935. Traduits en sept ou huit langues, certains d'entre eux
ont été publiés en version abrégée, souvent traduits en kiswahili, la plus courante des
langues africaines mais aussi en hawsa et en peul, pour les mettre à la portée des
enseignants africains.
Sur les étagères
Sans succès. Le panafricanisme militant ayant cédé la place aux nationalismes de choc,
ce travail de titan est resté dans les mémoires et sur les étagères des ministères. Et rien
ou presque n'a été fait pour transcrire ces travaux dans les programmes scolaires des
pays. C'est à cette tâche monumentale que veut s'atteler l'Unesco : concevoir une "
utilisation pédagogique " de l'Histoire générale de l'Afrique.
Le coup d'envoi de l'initiative a été donné en mars 2009, après que l'Unesco s'est assuré
du soutien politique de l'Union africaine et de celui, financier, de la Libye, qui s'est
engagée à consacrer 1,66 million d'euros à l'opération.
Les travaux pratiques ont commencé, jeudi 10 juin, à Tripoli (Libye), avec une première
conférence qui réunira, pendant une semaine, historiens, pédagogues, représentants des
ministères de l'éducation, sous l'égide d'un comité scientifique d'une dizaine de membres
dont les professeurs Elikia M'Bokolo (République démocratique du Congo) et Shamil
Jeppie (Afrique du Sud). Objectif : élaborer, d'ici à 2012, des programmes pour le

10
primaire et le secondaire, qui intègrent cette histoire panafricaine si peu enseignée dans
les établissements.
En amont de la conférence, un questionnaire a été envoyé aux pays pour faire " l'état des
lieux " de l'enseignement de l'histoire. Un premier exploit : 44 sur 53 pays de l'Union
africaine ont répondu. Un seul indique avoir utilisé l'Histoire générale de l'Afrique dans
ses programmes : l'Afrique du Sud qui, après la suppression de l'apartheid, a éprouvé le
besoin de reconsidérer cet enseignement stratégique à des fins de réconciliation
nationale.
Br. P.

11
Conférence régionale sur l'utilisation pédagogique de l'HGA à
Tripoli

Tripoli, Libye - 12/06/2010 -La Conférence régionale sur "l'utilisation pédagogique de


l'Histoire générale de l'Afrique (HGA) dans les écoles africaines", un projet exécuté par
l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) a
démarré, samedi, à Tripoli, avec la participation d'historiens, pédagogues, enseignants,
planificateurs de l'éducation et décideurs politiques de différents pays africains.

Le secrétaire du Comité populaire général libyen de l'Enseignement et de la recherche


scientifiques, Dr Abdelkebir Fakhri, le sous-directeur général de l'UNESCO pour l'Afrique,
Noureini Tidjani-Serpos, le président du Comité scientifique pour l'utilisation pédagogique
de l'HGA, le Pr Elikia Mbokolo, le Pr Djibril Tamsir Niane, membre du comité scientifique,
plusieurs présidents d'université libyenne et professeurs d'histoire ont pris part à la
cérémonie inaugurale.

Cette rencontre de cinq jours, la première d'une série de trois, vise à définir le cadre, les
conditions et les modalités de l'élaboration des contenus communs pour les écoles
primaires et secondaires africaines ainsi que les matériels pédagogiques
d'accompagnement.

Il s'agit, selon les organisateurs d'évaluer la situation actuelle de l'enseignement de


l'histoire en général et de l'histoire africaine, en particulier, dans les pays africains, de
définir les grands thèmes à aborder et les grandes lignes pour la rédaction des contenus
communs pour le primaire et le secondaire, de définir les grandes lignes pour
l'élaboration des guides et autres supports pédagogiques devant aider les enseignants
d'histoire à atteindre les objectifs cognitifs visés.

12
La conception d'une stratégie pour la production et la diffusion de ces contenus une fois
élaborés, l'identification des défis posés par l'intégration des contenus communs qui
seront développés dans les programmes scolaires des pays africains figurent parmi les
objectifs de cette conférence.

Le projet "d'utilisation pédagogique de l'Histoire générale de l'Afrique (HGA) », qui a reçu


un soutien financier de deux millions de dollars de la Libye, intervient, rappelle-t-on,
après la première phase de l'HGA achevée en 1999 et qui a consisté en la préparation, la
rédaction et la publication de l'histoire de l'Afrique en huit volumes avec une édition
principale en anglais, français et arabe.

L'objectif visé est d'élaborer trois contenus communs pour les niveaux primaire et
secondaire en Afrique, de produire un atlas historique, un DVD éducatif et des outils
didactiques, ainsi que des guides pédagogiques à l'usage des enseignants d'histoire de
renforcer la formation initiale et continue de ces derniers pour un enseignement rénové
de l'histoire.

Ce projet s'inscrit dans le cadre de la Deuxième décennie pour l'éducation en Afrique


(2006-2015) qui met l'accent sur le renforcement des liens entre l'éducation et la culture
et de la qualité des contenus pédagogiques.

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Africa: UN Backs Production of New History Syllabus for
African Students
United Nations (New York) - 10 June 2010- In an effort to ensure that African youth
learn about their common heritage, the United Nations agency responsible for cultural
issues said today it is working with historians, education specialists and government
representatives to develop a history syllabus for African schools.
The new syllabus is to be based on the book entitled General History of Africa, an eight-
volume series written from the African perspective and published by the UN Educational,
Scientific and Cultural Organization (UNESCO). It will be the first such programme
designed for the entire continent.

The project will be discussed at a seven-day conference organized by UNESCO and


dubbed "Regional Conference on the Pedagogical Use of the General History of Africa in
African Schools" that began today in the Libyan capital, Tripoli.

"UNESCO's publication of the General History of Africa, launched in 1964 and completed
in 1999, marked a revolution in the recognition of Africa's cultural heritage," said Irina
Bokova, UNESCO's Director-General.
"This conference is part of the next phase of the project, which calls for promoting the
General History's use in African schools. Making this scholarly history accessible and
available to students through such educational tools as an atlas and a DVD will ensure
that young people all over the continent are able to learn about their common heritage,"
said Ms. Bokova.

The conference brings together 150 participants to plan the production of standardized
educational materials for use in African schools. Three core components will be
developed for primary and secondary schools - a historical atlas, a DVD and training tools
for history teachers.

The GHA pedagogical project, overseen by a 10-member scientific committee


representing the continent's five sub-regions, has received $2 million in funding from
Libya. It aims to enhance history teaching in African Union (AU) countries with a view to
promoting regional integration.

The conference will define the framework, terms and conditions for the development of
the educational materials.

14
"The GHA pedagogical project reflects the priority given to Africa by UNESCO and is
implemented as part of the Second Decade of Education for Africa (2006-2015), which
stresses the links between education and culture and the quality of educational content,"
the agency said in a statement.

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Afrique : UNESCO : élaboration d'un nouveau programme
d'histoire de l'Afrique

Nations-Unies (New-York) - 10 juin 2010 -L'Organisation des Nations Unies pour


l'éducation, la science et la culture (UNESCO) s'est entourée d'historiens et de
spécialistes de l'éducation pour développer un programme d'histoire destiné aux écoles
africaines. Ce programme scolaire s'appuie sur l'Histoire générale de l'Afrique (HGA), une
série de huit volumes qui retrace l'histoire du continent de la préhistoire à l'Afrique
contemporaine.

L'originalité et l'innovation du projet reposent sur une approche « africaine » de l'histoire.


Le programme est « le premier du genre conçu pour l'ensemble du continent », estime
l'UNESCO.
Cette nouvelle histoire de l'Afrique est au centre de la « Conférence régionale sur
l'utilisation pédagogique de l'Histoire générale de l'Afrique dans les écoles africaines » qui
se déroule depuis le 10 juin et jusqu'au 17 juin à Tripoli, en Libye.

La conférence réunit 150 participants qui doivent conceptualiser les supports


pédagogiques standardisés destinés aux écoles de tout le continent. Les outils
pédagogiques s'articuleront autour de trois instruments clés : un atlas historique, un DVD
et des outils de formation pour les professeurs d'histoire.

« La publication par l'UNESCO de l'Histoire générale de l'Afrique, un projet entamé en


1964 et achevé en 1999, représente une révolution dans la reconnaissance de l'héritage
culturel de l'Afrique », a rappelé la Directrice générale de l'UNESCO, Irina Bokova, dans
un communiqué de presse.

« Cette Conférence s'inscrit dans la deuxième phase du projet qui appelle à la promotion
de l'utilisation de l'Histoire générale dans les écoles africaines. En développant des outils
éducatifs pour rendre cette histoire érudite accessible, nous permettons aux jeunes gens
de tout le continent de mieux connaître leur héritage commun », a-t-elle ajouté.
Le projet pédagogique est supervisé par un comité scientifique composé de dix membres
représentant les cinq sous-régions du continent. Irina Bokova, sera présente lors de la
session de clôture.

16
Afrique : Projet pédagogique de l'histoire générale de l'Afrique -
Enseigner l'histoire du continent sans falsification ni
manipulation idéologique
11 juin 2010 –Par Daouda Mane, envoyé spécial

La conférence sur le projet pédagogique de l'histoire générale de l'Afrique a démarré,


hier, par la réunion du comité scientifique. L'objectif est d'élaborer, pour nos écoles, des
contenus en termes de connaissances, de compétences et de comportements à
développer en fonction de choix épistémologiques, éthiques et pédagogiques sans
surtout verser dans la falsification.

Tripoli - Après plus d'un an de réflexion (le lancement a eu lieu en mars 2009), le projet
pédagogique de l'histoire générale de l'Afrique entre dans sa phase active. Au total, 150
historiens, didacticiens de l'histoire, spécialistes de l'enseignement de l'histoire,
archéologues, anthropologues, spécialistes de la pédagogie de la psychologie, du
développement des curricula et matériels didactiques, des politiques éducatives,
décideurs politiques, éminents spécialistes contributeurs (Djibril Tamsir Niane, par
exemple), représentants des maisons d'édition, la Société civile, journalistes, participent
à ce projet important. « C'est un projet futur pour le continent », soulignent les
organisateurs.

Car, à l'exception de quelques pays, la place de l'histoire de l'Afrique en général, de nos


peuples à l'intérieur de nos Etats, en particulier, reste insuffisante dans les programmes
éducatifs, notamment au plan du crédit horaire. C'est dire qu'une réorientation, voire une
rénovation de l'enseignement de l'histoire s'impose. D'autant plus que le rôle de l'histoire
dans la construction de nos Etats et de l'unité africaine est avéré. Il est même affirmé
dans la Charte de la renaissance culturelle africaine puisque l'histoire nourrit les prises de
conscience, les sentiments et les engagements d'appartenir à une même nation, à un
même continent, facilitant ainsi les brassages, partages et solidarité cimentant la société
au-delà des divergences et heurts engendrés à des périodes et circonstances déterminés.

D'où cette formule condensée de la Charte de la renaissance culturelle africaine : «


L'unité africaine trouve son fondement d'abord et surtout dans son histoire ».

17
Le comité scientifique a comme mission « d'élaborer des contenus communs en prenant
en compte les particularités locales et régionales à travers une approche spiralaire des
problématiques de l'Histoire générale de l'Afrique (Hga) (c'est-à-dire prenant comme
point de départ le milieu immédiat pour remonter par étapes vers des niveaux plus larges
et plus abstraits) qui peut être combinée à une approche des contenus en termes de
connaissances, de compétences et de comportements à développer en fonction de choix
épistémologiques, éthiques et pédagogiques », indique notre compatriote Mamadou
Ndoye dans la note conceptuelle. Il reviendra ensuite à la conférence régionale de valider
les orientations.

Ni propagande, ni falsification

Cependant, force est de reconnaître que le projet, explique Mamadou Ndoye, n'a
nullement l'intention de verser dans la manipulation idéologique, la propagande, la
promotion d'antivaleurs humaines et démocratiques (racisme, xénophobie, intolérance,
violences, dénis de droits humains) ; ni d'être un outil de diffusion de falsifications, de
déformations, de ratures et d'omissions de faits historiques au nom d'une cause ou d'un
pouvoir, quels qu'ils soient ; ni d'être encore une source de préjugés et de méfiance,
encore moins de discorde et de haine entre groupes, peuples et Etats africains et surtout
pas un répertoire de savoirs encyclopédiques.

Il s'agit plutôt, explique-t-il, de poursuivre l'articulation de l'histoire du continent à celle


des régions et des pays, la formation des jeunes dans la perspective de l'intégration
africaine en leur assurant la connaissance et la compréhension du passé africain et de son
rapport au présent et au futur du continent ; former des citoyens panafricanistes
conscients, responsables, actifs et exigeants sur le respect et la promotion des valeurs de
liberté et de démocratie ; asseoir un socle commun de connaissances, de compétences,
de valeurs et d'attitudes, etc.

M. Ndoye affirme que l'intégration projetée de ces contenus dans les systèmes éducatifs
africains se veut « circonstanciée » au regard de la diversité et de l'évolution des
contextes, mais également systémique dans la mesure où elle porte aussi bien sur les
intrants matériels, curriculaires et humains que sur les processus d'enseignement-
apprentissage et leurs résultats.

Les 8 tomes de l'Hga feront l'objet d'une analyse. La conférence doit permettre
l'élaboration d'un guide pour l'intégration des contenus communs dans les programmes des
systèmes éducatifs, la conception de manuels et autres supports pédagogiques pour
l'enseignement de l'Hga dans les établissements primaires et secondaires, agir sur la
formation initiale des enseignants ; développer des stratégies pour l'éducation non
scolaire (voir comment inclure les cibles non scolarisées dans une politique éducative qui
vise toutes les catégories) et renforcer l'exploitation et la diffusion de l'Hga dans
l'Enseignement supérieur, tout en y promouvant l'harmonisation et son enseignement.
18
Cameroun - 11 juin 2010

Education : L’histoire africaine bientôt à l’école


Des experts réunis par l’Unesco planchent sur sa faisabilité depuis hier à Tripoli en Libye.

Les huit volumes de l’Histoire générale de l’Afrique (Hga) édités par l’Unesco
connaîtront-ils bientôt une nouvelle jeunesse ? La question est au centre d’une
conférence internationale qui s’est ouvert hier à Tripoli en Libye. Une conférence dont
l’objectif principal est «l’élaboration des contenus communs» de l’enseignement de
l’histoire sur le continent.

Un objectif que l’on pense pouvoir atteindre à la fin de cette rencontre qui souhaite aussi
déterminer la nature du matériel pédagogique d’accompagnement à l’usage des écoles
primaires et secondaires d’Afrique.

Hier déjà, le comité scientifique a tenu une session au cours de laquelle il a été question,
entre autres, de répartir les tâches des participants qui viennent d’horizons divers, de
désigner les modérateurs et les rapporteurs des différents ateliers ainsi que les membres
des équipes chargés de la rédaction des contenus et du matériel pédagogique.

Au sortir de cette réunion d’une journée, Elikia Mbokolo, qui préside le comité, a tenu à
faire savoir l’importance que les historiens accordaient à cette conférence. Il a aussi
indiqué que c’était là «une étape cruciale dans un processus qui a commencé depuis
longtemps». Car si le dernier volume des Hga est paru en 1999, il reste que le projet a vu
le jour dans les années 60 «en même temps que le projet du panafricanisme», a ajouté
l’historien et chroniqueur.

En entrant donc l’aboutissement de cette deuxième phase de «l’utilisation pédagogique


de l’Hga», ce projet qui est orienté vers l’appui à la réalisation de l’unité africaine vise
selon l’historien Mamadou Ndoye, à «développer des contenus communs pour les
programmes et manuels d’histoire des pays africains (à) renforcer la formation initiale et
continuée des enseignants pour un enseignement rénové de l’histoire, à promouvoir et
harmoniser l’Hga dans l’enseignement supérieur», etc.

19
D’où la présence à Tripoli de représentants des ministères africains de l’éducation, des
experts de l’histoire africaine, de l’enseignement de l’histoire, de la pédagogie, de
l’élaboration de programmes, des politiques éducatives et de la formation des
enseignants, des représentants de l’Union africaine, d’organisations régionales et sous-
régionales, d’associations professionnelles, d’organisations de la société civile, des
médias et de maisons d’édition. Soit quelque 200 participants. Le Cameroun y est
représenté par Michel Biock, un cadre du ministère de l’Education de base.

Parfait Tabapsi, à Tripoli

20
Un responsable libyen plaide pour l'enseignement du HGA

Tripoli, Libye - 12/06/2010 - La révision de l'Histoire générale de l'Afrique (HGA) et son


enseignement à l'école sont devenus une nécessité lancinante, a affirmé samedi à Tripoli
le secrétaire du comité populaire général libyen de l'Enseignement et de la Recherche
scientifique, Abdelkebir Fakhri.

Ouvrant les travaux de la conférence régionale sur "l'utilisation pédagogique de l'Histoire


générale de l'Afrique (HGA) dans les écoles africaines", il a déclaré que les historiens et
les écrivains occidentaux ont formé une image sur l'Afrique axée sur l'exclusion, la
spoliation et ont inventé des prétextes rejetant tout ce qui est non occidental.

M. Fakhri a soutenu que bien que l'Afrique soit le berceau de l'humanité, elle fut classée
dans l'optique occidentale en dehors de l'histoire tout comme ses réalisations et son
apport réel à la civilisation universelle ont été dans les meilleurs des cas édulcorés ou
ignorés.

Selon lui, l'Europe a commis l'un des plus grands crimes de l'histoire lorsqu'elle a envahi
l'Afrique, exploité ses ressources naturelles, affirmant que les écrivains occidentaux ont
utilisé l'histoire pour déformer le système économique, social, culturel et religieux afin
de ternir et d'effacer l'identité de l'Afrique et ses particularismes.

Le responsable libyen a souligné qu'en vertu de cette dure expérience humaine, la


révolution libyenne a depuis son avènement, le 1er septembre1969, apporté son soutien
aux mouvements de libération de l'Afrique et accordé un grand intérêt pour l'histoire vu
que le guide Mouammar Kadhafi a souligné l'importance de l'écriture de l'histoire
commune de l'Afrique, sa libération des procédés qui la ternissent par rapport au modèle
occidental en vue d'approfondir l'identité culturelle, l'ancrage du sentiment
d'appartenance et de la fierté à l'égard de l'amour-propre africain.

21
Il a rappelé l'appel du guide Kadhafi pour l'édification des Etats-Unis d'Afrique afin de
réaliser le développement, la stabilité, la prospérité, la dignité au sein d'un seul espace
capable de s'imposer parmi les autres espaces qui composent le monde aujourd'hui.

M. Fakhri a également rappelé l'agrément, signé en 1977 avec l'UNESCO, pour une
révision équitable de l'histoire de l'Afrique, affirmant que le projet d'utilisation
pédagogique de l'Histoire générale de l'Afrique (HGA) dans les écoles africaines a été
entièrement financé par la Libye qui a apporté son soutien intellectuel, administratif et
politique à ce projet.

22
Tamsir Niane évoque l'importance de la HGA pour l'avenir de
l'Afrique

Tripoli, Libye - 12/06/2010 - L'utilisation pédagogique du "monumental" ouvrage


scientifique de l'Histoire générale de l'Afrique (HGA) vise essentiellement à armer les
jeunes africains en vue de la construction des Etats-Unis d'Afrique sur le fondement des
valeurs communes que les Africains partagent, a affirmé samedi à Tripoli le Pr Djibril
Tamsir Niane.

S'exprimant devant la Conférence régionale sur "l'utilisation pédagogique de l'Histoire


générale de l'Afrique dans les écoles africaines", il a affirmé que l'HGA a été écrite en
prenant l'Afrique comme une entité unie dont l'unité s'impose aux hommes.

Membre du comité scientifique de l’HGA, le Pr Niane a affirmé que l'existence de thèmes


fédérateurs tels que la citoyenneté panafricaine se construira par l'enseignement de
l'histoire.

L'écrivain et historien guinéen a indiqué que la conférence de Tripoli marque le début de


la deuxième phase de l’oeuvre de l'UNESCO consistant au passage à l'utilisation
pédagogique de l’HGA écrite en 8 volumes.

Il a salué les 300 contributeurs réunis par l'UNESCO et rendu hommage au guide
Mouammar Kadhafi pour les deux millions de dollars américains de contribution de son
pays qui ont permis de traduire en fait concret le voeu de l'Union africaine (UA) de
réaliser des manuels scolaires permettant aux jeunes africains de connaître le passé de
leur continent pour mieux tracer leur avenir.

Il a plaidé pour l'utilisation des nouveaux procédés de technologie et de l'image et appelé


à l'usage de guides, CD-Rom didactiques et autres bandes dessinées (BD) qui sortiront des
présents ateliers comme supports d'apprentissage de l’HGA afin de contribuer à une
réelle appropriation de l'histoire et de la culture africaines.

23
L'auteur de l'Epopée de Soundjata a rendu hommage à titre posthume aux membres du
comité scientifique et aux directeurs de volumes qui ont quitté ce bas monde, les
qualifiant "d'équipe d'hommes de foi qui ont porté l'Histoire générale de l'Afrique sur les
fonts baptismaux".

24
Libyan official advocates teaching of General History of Africa

Tripoli, Libya - 12/06/2010 - A Libyan official on Saturday stressed the need for the
review and the teaching of the General History of Africa saying European historians and
writers have shaped an image of Africa based on exclusion, and invented pretexts
scorning anything which is non-European.

The Libyan secretary of the popular general committee for Education and Scientific
Research, Dr Abdelkebir Fakhri said this at the opening of the regional conference on the
"Pedagogic use of the General History of Africa (GHA) in African schools" in Tripoli.

Dr Fakhri stressed that although Africa is the cradle of mankind, its achievements and
real contribution to universal civilization have been in the best of cases toned down or
ignored.

According to him, Europe committed one of the biggest crimes in history when it invaded
Africa and exploited its natural resources.

Dr Fakhri said European writers had used history to distort the economic, social, cultural
and religious system so as to tarnish and to obliterate Africa's identity and
distinctivenesses.

The Libyan official stressed that in accordance with this hard human experience, the
Libyan revolution has since its completion, on 1 September 1969, supported African
movements of liberation and interest for history, considering that the Libyan guide
Moummar Kadhafi has stressed the importance of the common written African history.

This common written history is its liberation from processes which tarnish it compared
with the European model, so as to deepen cultural identity, the sense of belonging and
pride regarding African self-esteem.

25
He recalled the appeal made by the Libyan guide for the United States of Africa in order
to accomplish development, stability, prosperity and dignity in a unique space capable of
imposing itself among the other entities around world.

26
Sénégal : Pr ELIKIA MBOKOLO, président du Comité
scientifique du Projet « Utilisation pédagogique de l’Histoire
générale de l’Afrique dans les écoles africaines » : « Nous
voulons transmettre aux jeunes la connaissance, la passion et
la fierté de leur passé »
Entretien réalisé par Daouda MANE (Envoyé spécial)
12 juin 2010

INTERVIEW

Président du Conseil scientifique du Projet pédagogique de l'Histoire générale de


l'Afrique, le Pr Elikia Mbokolo, historien et chroniqueur, explique, dans cet entretien,
les enjeux de cette « importante rencontre intellectuelle ». Pour lui, il s'agit d'avoir une
pédagogie renouvelée afin de transmettre aux jeunes la connaissance, la passion et la
fierté de leur passé et de former des citoyens africains.

Quel est l'objectif principal de cette conférence ?

Nous sommes réunis à Tripoli pour un gros projet appelé : « Utilisation pédagogique de
l'Histoire générale de l'Afrique (Hga) ». L'Hga est composée de 8 volumes dont la
publication s'est étalée jusqu'en 1999. Elle est la première aventure intellectuelle
collective de la première génération d'historiens scientifiques et universitaires africains.
Ce qui est une chose colossale, parce qu'ils étaient d'anciennes colonies françaises
d'Afrique de l'Ouest, centrale, de Madagascar ou anglaise, ce sont eux qui ont posé, dans
le contexte des indépendances, la question de l'histoire des sociétés africaines montrant
que l'Afrique a une histoire, ont donné les caractéristiques majeures de cette histoire
affirmant qu'elle n'est pas venue de l'extérieur mais bien partie de l'intérieur du
continent. Ils ont expliqué que les indépendances n'étaient pas un cadeau ou une
concession des autorités colossales, mais le résultat des luttes de résistance menées par
les Africains depuis les empiètements extérieurs.

Ce qu'il y a encore de plus remarquable dans leur travail, ils ont convaincu les meilleurs
historiens du moment non-Africains, mais qui avaient des compétences sur l'Afrique à
participer à cette histoire collective. Cela a pris du temps, coûté de l'argent, mais c'est
une entreprise intellectuelle unique, parce que jusqu'à ce jour, ni l'Océanie, ni en Asie,
27
ni le continent américain, encore moins l'Europe, n'ont une histoire générale de cette
envergure.

Mais, cela a été fait dans un contexte particulier. Peut-on rester dans cette optique
car entre-temps trop de choses se sont passées dans le continent ?

C'est vrai que c'était un contexte particulier avec une vision panafricaine.
Malheureusement, le projet panafricain, d'une part, a souffert de l'évolution générale du
panafricanisme dans le cadre de l'Oua et des difficultés des premières décennies des
indépendances et d'autre part, à ce projet panafricain, s'est juxtaposé le projet national.
Des Etats devenus indépendants voulaient se constituer en nations et développer un
enseignement, des programmes historiques, mémoriels et muséaux d'histoire nationale.
Donc, les 8 volumes de l'Hga publiés en Europe font des centaines voire 1.000 pages. Ils
coûtent ainsi chers par rapport au budget européen et à plus forte raison africain.
L'ouvrage est alors resté le compagnon des universitaires, encore que tous les professeurs
n'ont pas ces livres. L'Hga n'a donc pas eu le retentissement qu'elle devait avoir. Un
premier pas a été fait grâce à l'effort de Présence africaine. On a pensé faire une
collection de poche, plus pratique, moins chère. Cependant, même ces volumes n'ont pas
eu le succès escompté. Nous autres historiens sommes restés sur cette vision panafricaine
en ayant créé l'association des historiens africains.

Notre aîné Joseph Ki-Zerbo a assuré la présidence à une époque. Il incarnait l'Hga et
l'association est, aujourd'hui, dirigée par Doulaye Konaté, un historien de la nouvelle
génération. Nous avons défriché des terrains nouveaux, élaboré de nouvelles
problématiques. Lorsque l'Organisation de l'unité africaine (Oua) est devenue Union
africaine (Ua), changement qu'il faut saluer, parallèlement au développement
institutionnel de l'Ua, aux différents projets économiques, il était nécessaire de
reprendre la problématique identitaire, culturelle, mémorielle et historique du continent
parce que toute organisation sociale, pour durer, s'accompagne d'une prise en charge
mémorielle. Les chefs d'Etat africains ont souhaité que ces 8 volumes entrent
effectivement dans les programmes d'enseignement.

C'est l'Ua qui a donc sollicité l'Unesco ?

Oui. Il lui a été confié la mission de rechercher les nouvelles compétences africaines en
histoire. Elle nous a convoqués. Nous avons entamé, depuis l'année dernière, un gros
travail à Paris. C'est une deuxième aventure intellectuelle collective. Un conseil
scientifique a été monté. Vous savez, le dernier volume a été publié en 1999. Cela veut
dire que le travail a été fini à la fin des années 1970, depuis 1980. Or, depuis cette date,
il s'est passé beaucoup de choses, à commencer par les changements en Afrique australe,
la démocratisation, la nature du pouvoir, toutes les choses que les historiens ont déjà
traitées. Cela nous donne l'occasion de replacer les évolutions actuelles dans une lecture
actuelle et faussement internationale, notamment celle qui consisterait à dire que la
28
démocratisation en Afrique, c'est le discours de La Baule, la chute du Mur de Berlin, que
notre stratégie de décentralisation, c'est le modèle allemand ou américain alors que
l'Empire du Mali, le Royaume songhay, le Congo, sont des exemples de gestion d'espaces
énormes avec des populations, langues et cultures différentes, mais dans un système qui
a su durer plusieurs siècles. Le gouvernement libyen a mis à la disposition de l'Unesco des
moyens. Les travaux techniques ont été faits. Le comité scientifique a défini le cadre
conceptuel. 44 pays ont répondu aux questionnements. Les 9 qui ne l'ont pas fait sont en
crise politico-militaire ou en cours de reconstruction. Les plénières et les ateliers doivent
permettre d'arriver à des résultats.

Lesquels ?

C'est qu'en sortant d'ici, nous seront d'accord qu'il faut introduire l'Hga dans les
programmes, qu'il va falloir trouver des procédures concrètes pour que le contenu soit
disponible et mettre au travail les différents spécialistes. J'étais jeune historien du
travail précédent, je suis maintenant l'aîné. Les historiens retenus, avec la modestie des
chercheurs qui se montrent extrêmement prudents, se montrent passionnés de participer
à cette aventure exceptionnelle.

La place de l'enseignement de l'histoire reste jusque-là très insuffisante dans nos


programmes. Ne va-t-on pas tomber dans les mêmes travers ?

Certains Etats ont de bons programmes en histoire, notamment les derniers qui se sont
libérés ou du racisme ou de la colonisation en Afrique australe où l'histoire a une place
importante. Dans d'autres, je ne sais pas pour quelle raison, on a pensé avoir besoin de
développement dans un sens étroitement économique, technique et financier et tout ce
qui est historique est laissé un peu de côté. Ainsi, dans beaucoup de disciplines, des gens
ont été formés sans aucune connaissance de l'histoire. Aujourd'hui, il apparaît bien que
toutes les puissances émergentes (Chine, Inde, Brésil) sont celles dans lesquelles la
personnalité nationale est forte, l'histoire nationale très connue et les références pour
aller vers l'avenir tirées de l'histoire du pays. Pour la Chine, par exemple, la chose qui fait
aller de l'avant, c'est la fameuse fable tirée du fin fond de l'histoire chinoise : « Comment
Yu kon déplaça les montagnes ». Donc les Chinois savent qu'ils peuvent déplacer les
montagnes à partir de leur histoire. Si nous faisons cela, nous allons croire que pour se
développer, il faut faire comme l'Europe, que ce dont nous avons besoin, c'est le fameux
Document de stratégie de réduction de la pauvreté comme programme.

Alors que dans notre propre histoire, il n'a jamais été question de réduire la pauvreté
mais de produire des richesses. Si vous ajoutez à cela toute la problématique de la
Mondialisation qui est à la fois financière, économique et culturelle, dans 40 ans, nos
enfants penseront Mac Do, Coca Cola, etc. Et quand vous leur parlerez de Soundjata, de
Kankan Moussa, ils ne le sauront pas. Aujourd'hui, il est vraiment nécessaire de prendre
tout cela en charge, d'autant plus que les Etats commencent à se poser des questions,
29
dans le cadre des festivités des 50 ans. Les historiens diront qu'il faut interroger les 50
ans, mais ne pas aussi oublier que nous avons des millénaires d'histoire derrière nous et
qu'il ne faut pas que les ratés éventuels de ces 50 ans ne fassent pas oublier cette longue
durée de l'histoire africaine.

L'enseignement de l'histoire vise la formation d'une pensée historique et non une


accumulation de savoirs. Pourtant on assiste, dans nos écoles, à une sorte de guidage
de l'élève ?

C'est vrai. Dans la première réunion, nous avons noté que ce n'est pas seulement le
contenu des manuels qui doit changer ni la répartition des matières, mais probablement
les méthodes pédagogiques doivent évoluer, notamment la pédagogie verticale (de haut
en bas) où l'élève reçoit, apprend par coeur et recrache. Il faut des documents et pas
seulement les produits des recherches pour que les élèves et étudiants s'en accaparent,
solliciter aussi les Tic, faire des bandes dessinées afin que l'histoire ne devienne pas
barbante. Lorsque l'on regarde les séries américaines, c'est l'histoire des Usa qui est mise
en scène. Nous devons aussi mettre en scène notre histoire avec une pédagogie
renouvelée. Dans cette réunion, il y aura à la fois des représentants des ministères, des
parents d'élèves, des didacticiens, des spécialistes de la pédagogie, etc. Et je pense que
nous allons vers ce renouveau.

Vous allez rénover l'histoire africaine mais sans falsification, ni manipulation ?

Rassurez-vous. Nos aînés étaient passionnés d'histoire, ils étaient très critiques
notamment à l'égard de l'idéologie issue du colonialisme, de la traite négrière. Nous
restons d'abord dans cette même posture, d'autant plus que dans les pays du Nord, cette
vieille idéologie n'est pas morte. Elle se reproduit, s'énonce constamment dans des
discours de politique (on se rappelle du Discours de Dakar) ou dans certains musées où
l'art africain, c'est du fétichisme, sans histoire là, au mieux, c'est de l'ethnographie. Nous
sommes attentifs à cela. Mais, nous savons aussi que nos propres sociétés africaines
peuvent être confrontées à des dénis, des déformations de cette nature. Tout le monde
cite l'Afrique du Sud qui a fait le choix de garder sur son territoire, les Blancs, Indiens,
Chinois, tous ceux qui sont venus, en ayant en charge comment construire cette nation
dont l'histoire est celle de la fabrication des races et des conflits entre les races. Si nous
prenons d'autres pays, le problème est tout entier.

En Afrique centrale, nous avons des populations qu'on dit pygmée (un mot qui, en soi, est
infamant) dont on ne parle presque jamais dans les livres d'histoire. Les périodes que
nous avons vécues, notamment sous les régimes des partis uniques souvent reposaient sur
la capitalisation de l'histoire et du passé par les pouvoirs. Donc, nous traquons toutes ces
déformations et en même temps, nous ne sommes pas dans une position défensive. Ce
que nous voulons, c'est de transmettre aux jeunes la connaissance, la passion et la fierté
de leur passé. Plutôt que d'être simplement en position de combattre, nous sommes en
30
position de création et de stimulation vers l'avant parce que l'Union africaine demande la
formation de citoyens africains et non des citoyens de chacun des 53 Etats.

31
Escritor conakry-guineense destaca importância da História
Geral de África

Tripoli, Líbia -- 13/06/2010 - A utilização pedagógica da "monumental" obra científica da


História Geral de África (HGA) visa essencialmente armar os jovens africanos com vista à
construção dos Estados Unidos de África com base nos valores comuns que os Africanos
partilham, afirmou sábado em Tripoli o escritor conakry-guineense Djibril Tamsir Niane.

Falando numa conferência regional sobre a "utilização pedagógica da História Geral de


África nas escolas africanas", ele afrimou que a HGA foi escrita tomando África como uma
entidade unida cuja união se impõe aos homens.

Membro do Comité Científico para a Utilização Pedagógica da HGA, Niane afirmou que a
existência de temas federativos, tais como a cidadania panafricana, se construirá pelo
ensino da história.

O escritor e historiador conakry-guineense indicou que a conferência de Tripoli marca o


início da segunda fase da obra da Organização das Nações Unidas para a Educação,
Ciência e Cultura (UNESCO) que consiste na utilização pedagógica da HGA escrita em oito
volumes.

Ele saudou os 300 contribuintes reunidos pela UNESCO e rendeu homenagem ao líder
líbio, Muamar Kadafi, pelos dois milhões de dólares americanos de contribuição do seu
país que permitiram traduzir em facto concreto o desejo da União Africana (UA) de
realizar manuais escolares que permitam aos jovens africanos conhecer o passado do seu
continente para melhor traçar o seu futuro.

Ele defendeu a utilização de novos métodos de tecnologia e de imagem e apelou para o


uso de guias, CD-Rom didáticos e outros desenhos animados que sairão dos ateliês como
suportes de aprendizagem da HGA a fim de contribuir para uma real apropriação da
história e da cultura africanas.
32
O autor de "L'Epopée de Soundjata (A Epopeia de Soundjata)" rendeu homenagem, a título
póstumo, aos membros do Comité Científico e diretores de volume que deixaram este
baixo mundo, qualificando-os "de equipas de homens de fé que criaram a História Geral
de África".
Entre eles figuram o Senegalês Cheikh Anta Diop e o Burkinabe Joseph Ki-Zerbo.

33
Lundi 14 juin 2010

TROIS QUESTIONS A... DOULAYE KONATE, PRESIDENT DE


L’ASSOCIATION DES HISTORIENS AFRICAINS : « La Charte du
Mandé relève de la mémoire »

Président de l’Association des historiens africains, Doulaye Konaté était chargé, par le
comité scientifique, de lire l’œuvre imposante que constitue l’Histoire générale de
l’Afrique (Hga) et de procéder à l’évaluation de l’enseignement et à l’analyse critique
des contenus. Il estime que la Charte du Mandé de Kurunga Fuga relève de la mémoire et
qu’il faut pousser davantage la recherche sur le sujet.

En tant que président de l’Association des historiens africains, vous avez été chargé
d’effectuer une
lecture critique de l’Hga. Quelles sont les lignes-force ?

L’Hga est une œuvre élaborée par des têtes bien faites, avec beaucoup de
professionnalisme et toutes les nuances que les scientifiques apportent dans le
traitement de telles questions. Faire donc le résumé n’est pas chose facile. On nous a
demandé de lire sans prétention cette œuvre tellement imposante de gens engagés. Nous
avons essayé de voir quelles étaient les lignes-force, les actualisations à apporter. Nous
avons accédé à beaucoup de sources nouvelles (archéologie comme Djene Djeno).

Ce renouvellement est nécessaire parce qu’il y a toujours un décalage entre


l’enseignement et la recherche. Par exemple, dans l’Enseignement supérieur, tous les
acquis de la recherche ne sont pas pris en compte. On continue à enseigner
tranquillement que des empires comme le Ghana, le Mali, le Songhay, doivent leur
développement à celui du commerce transsaharien. Or, aujourd’hui, beaucoup de
recherches montrent qu’on avait des sociétés complexes qui s’y étaient développées bien
avant les relations avec le Nord. Donc, si le commerce avec le Nord a impulsé cet effort,
il n’en est pas la raison. On enseigne aussi que nos villes sont nées du commerce avec le
Nord, alors que les découvertes à Djene Djeno, qui date du IIIème siècle avant J-C.,
prouvent le contraire. On pensait aussi que la fabrication du fer, un marqueur important
qui donne la possibilité de faire des armes, développer l’agriculture, est une invention
venue d’ailleurs comme le prétendaient les Blancs.
34
C’est cela le point de départ, c’est-à-dire que nous avons été exclus. Vous connaissez le
pensif hégélien, qui est un déni, a influencé toute la pensée européenne sur l’Afrique. Le
continent n’a pas d’histoire et même si elle en avait, cela ne vaut pas la peine de
l’étudier. On considère que les Africains n’ont rien inventé et qu’ils sont des
consommateurs de civilisations. Pourtant, eux ont reçu le fer de Méroé (Soudan) ou
d’Afrique du Nord. Ils n’ont pas pu l’inventer. Il a été pendant longtemps dit que la
civilisation swahili était d’origine asiatique. C’est le cas des fameuses statues d’Ife
connues pour leur beauté et raffinement. C’est aussi pareil pour les formations
politiques. Delafosse a écrit que l’empire du Ghana (Wagadu) n’était pas l’œuvre
d’Africains mais des Judéo-syriens. Nous avons tenté de prendre tout cela en compte.

L’Hga renouvelle les paradigmes, une certaine façon de raisonner. Et puis il y a les
mythes que nous-mêmes Africains avons nourris et amplifiés. Pour ce travail, nous avons
défini le cadre conceptuel qui montre comment il faut procéder à l’évaluation de
l’enseignement et à l’analyse critique des contenus. Il s’agira, au cours de cette
conférence, d’indiquer les orientations, de choisir les équipes et le travail se poursuivra
avec les didacticiens.

Parlant des faits ignorés, peut-on prendre le cas de la Charte du Mandé qui a existé
bien avant toutes les révolutions connues en Occident ?

Il faut être prudent. On ne peut élaborer des contenus d’enseignement sans tenir compte
de l’autre aspect des choses. L’histoire et la mémoire sont totalement différentes.
L’histoire, c’est le fait que nous essayons d’établir à partir des sources et de méthodes
avérées. La mémoire, c’est la façon dont les gens peuvent s’imaginer que les choses ont
été faites. Il y a donc nuance. Pour moi, Kurungan Fuga relève du domaine de la
mémoire, c’est-à-dire que c’est un évènement sur lequel il faut se donner les moyens et
le temps de l’étudier pour ne pas prêter le flanc à d’autres critiques. Car, l’histoire se
fait à partir de sources, avec une méthode. Mais, il est important qu’on tienne compte du
travail mémoriel. Nous autres historiens savons qu’après Kirina, quelque chose
d’important s’est passée mais que nous ne pouvons pas la reconstituer à partir de ce que
l’on croit. Il nous faut arriver à des sources qui nous permettent d’établir les faits.

Evidemment, il n’y a pas d’histoire sans mémoire. C’est elle qui nourrit l’histoire, mais
celle-ci est une œuvre qui ne peut pas s’accommoder des faits de l’esprit.

Et pourtant c’est écrit par un historien !

Bien sûr. Mais, la question n’est pas de contester. Vous avez des documents oraux sur
Kurangan Fuga. Ce sont les fameuses versions de la Charte. Il y en a sept au total qu’il
faudrait confronter et dater. On n’a pas le droit d’en parler à la légère. Il faut
enseigner des choses sur lesquelles on a des sources écrites comme orales.
35
PROJET PÉDAGOGIQUE DE L’HISTOIRE GÉNÉRALE DE
L’AFRIQUE : Réussir l’intégration à travers l’école

(Tripoli) - Familiariser les Africains avec leur histoire, armer la jeunesse et construire
une citoyenneté panafricaine. Tels sont les objectifs de la conférence sur l’utilisation
pédagogique de l’Histoire générale de l’Afrique (Hga). L’ouverture, qui a lieu ce samedi à
Tripoli, a été présidée par le Secrétaire général du Comité populaire de l’Education et de
la Recherche de la Jamahiriya arabe libyenne, Dr Abdulkabir Alfakhry.

« La citoyenneté panafricaine se construira par l’enseignement de l’histoire ». Ces propos


du Pr Djibril Tamsir Niane, membre du comité international scientifique pour l’écriture
de l’Hga, montre tout l’intérêt porté à ce projet continental d’élaboration de contenus
pédagogiques et de programmes scolaires en histoire.
Le Pr Niane a estimé que la connaissance du passé du continent permettra d’armer la
jeunesse. En ayant une pensée pieuse pour ses anciens camarades (Pr Cheikh Anta Diop,
directeur de publication du volume II, Pr Joseph Ki-Zerbo, directeur de publication du
volume I, Pr El Fassi, P. A. Habte, directeur du volume III, Pr Adu Boahen, etc.), il a
fortement suggéré aux compétences mobilisées pour cette « importante entreprise », de
favoriser l’utilisation de l’image.

« Privilégions l’image, faisons des reconstitutions (les grandes figures doivent paraître),
des bandes dessinées, des CD, des albums. La réappropriation passera par là », a-t-il
souligné. Surtout qu’a affirmé le Secrétaire général du comité populaire de l’Education et
de la Recherche de la Libye, « l’orgueil, le mépris et une vision oppressive ont été le
soubassement de la pensée occidentale ».

Ce qui, a-t-il poursuivi, « a favorisé le pillage du continent », mettant l’accent sur


l’importance de ce projet qui « cherche à affirmer l’identité africaine ».

Président du comité scientifique actuel, le Pr Elikia Mbokolo a rappelé que l’Hga est née
dans un « contexte politique (celui des indépendances) et intellectuel et non pas dans
une posture de protestation mais scientifique sur des questions de fond : les sources
(utilisation des sources orales), les méthodes, les caractères philosophiques, voire
idéologiques ». C’est pourquoi, il a qualifié l’aventure collective transnationale et
transcontinentale, « d’œuvre scientifique fondatrice ». Puisque, « 40 ans après, a-t-il
ajouté, elle conserve toute sa validité ». A son avis, l’Hga a montré « l’historicité des

36
sociétés africaines (ce n’était pas des sociétés froides), l’africanité de cette historicité
(elle est propre à nos sociétés et non importée), sa continuité (car malgré les ruptures
dues aux intrusions violentes, les sociétés n’ont pas péri), elles sont entreprenantes,
résistantes avec une capacité de réappropriation et d’invention, etc. ».

En cela l’Hga est la base de la « Renaissance africaine », comme l’a souligné Nnamdi
Azikiwe. Cependant, a-t-il fait remarquer, cette « œuvre gigantesque n’a pas reçu la
transposition pédagogique, même s’il y a eu des efforts d’édition en langues africaines
(arabe, pulaar, swahili, haussa) et l’existence d’une édition de poche ».

« Cela est un constat et non un jugement de valeur », a-t-il noté, expliquant le


phénomène par les conditions d’édition (livres édités en Europe), le coût des livres. D’où
toute l’utilité du projet, d’autant plus que le contexte actuel nécessite « la promotion
d’une identité nationale et panafricaine pour relever les défis scientifiques et
techniques », a estimé le Pr Elikia Mbokolo.

Les acteurs auront donc à renouveler les problématiques, s’interroger sur les sources,
méthodes, paradigmes, les questions sensibles et incontournables (nationalisme
territorial, race, groupes humains marginalisés ...) Autrement dit, « il existe un besoin
d’actualisation et d’infléchissements ponctuels », a affirmé le Pr Mbokolo. Insistant sur le
travail qui attend les participants dont des historiens, pédagogues, enseignants,
planificateurs de l’éducation et décideurs politiques, il a précisé que le propre du savant
est de produire des savoirs et connaissances scientifiques, celui du pédagogue est de les
transmettre. Les deux vont de pair. Mais, « le pédagogue ne saurait oublier l’état des
connaissances qui ont évolué depuis lors », a-t-il averti. D’où la nécessité de
réactualisation des contenus.

Une idée largement partagée par le sous-directeur général de l’Unesco pour l’Afrique,
Noureini Tidjani-Serpos.

« Jusqu’ici, les décideurs ont pensé que c’est par la politique et l’économie que se fera
l’intégration. Vous allez leur montrer que c’est par l’école qu’elle se réalisera », dit-il.
Saluant l’engagement de la Libye, M. Tidjani-Serpos a noté que le projet, « processus
participatif, évolutif et de longue haleine » est une « étape importante vers
l’harmonisation des curricula afin de répondre aux attentes d’intégration des Etats
membres de l’Ua qui l’ont initié ».

MARTIN ITOUA, PRESIDENT DE LA FÉDÉRATION PANAFRICAINE DES PARENTS D’ÉLÈVES :


« Nous allons accompagner le projet » « Je salue l’avènement d’un tel projet qui vient
comme pour rattraper une démarche. Chacun de nous doit comprendre qu’il faut
s’approprier notre histoire, que les enfants sachent d’où ils viennent et où ils vont. Avoir
une Histoire générale de l’Afrique dans nos écoles, c’est une façon pour le continent de
se retrouver. Nous sommes venus appuyer et accompagner le projet, puisque nous
37
sommes les principaux consommateurs. Nous ferons en sorte que, dans chaque pays où la
Fédération panafricaine des parents d’élèves (Fape) est représentée, les ministres de
l’Education puissent faire de ce projet une priorité. Cela, à travers le plaidoyer que nous
ne cessons de mener. Déjà, lors de la réunion, en octobre prochain du Conseil
d’administration de la Fape à Tunis, nous ferons une communication sur le projet pour
que nos membres puissent comprendre et assurer le suivi ».

Daouda MANE

38
Un universitaire congolais campe les enjeux de l'Histoire
générale de l'Afrique

Tripoli, Libye - 15/06/2010 - Les outils didactiques du projet "d'utilisation pédagogique


de l'Histoire générale de l'Afrique (HGA) dans les écoles africaines" mettront l'accent sur
les moyens de doter l'enfant africain d'instruments à même de lui permettre d'assimiler
les éléments historiques qui favorisent son ouverture d'esprit et sa curiosité pour l'histoire
africaine, a estimé mardi à Tripoli un universitaire congolais, Jean-Michel Mabeko-Tali.

S'exprimant au cours d'un entretien accordé à la PANA, le Pr Mabeko-Tali a indiqué que


les recommandations de la Conférence sur l'utilisation pédagogique de l'HGA dans les
écoles africaines soulignent la nécessité de tenir compte des différents contextes
africains, des diverses tranches d'âge de manière à ce que chaque programme soit adopté
à chaque catégorie d'âge, et de trouver des éléments qui permettent à l'enfant, dès son
bas âge, d'assimiler l'histoire africaine.

Membre du comité scientifique pour l'utilisation pédagogique de l'HGA, le Pr Mabeko-Tali


enseigne l'histoire de l'Afrique à l'Université Howard à Washington, aux Etats-Unis.

Selon lui, le projet d'utilisation pédagogique de l'HGA vise aussi à aider à la création d'une
citoyenneté intégrée africaine qui a besoin d'un socle historique.

Le Pr Mabeko-Tali a souligné l'importance d'utiliser toutes les informations accumulées


dans les huit volumes de l'HGA pour essayer d'en faire des produits et supports
didactiques en tenant compte des techniques d'enseignement de pointe utilisées dans le
monde.

Il a indiqué que ce projet a pour objectif de montrer aux enfants africains que l'Afrique
est le berceau de l'humanité et le fondement de tout depuis l'élément biologique jusqu'à
l'élément technologique, affirmant que tout a commencé sur le continent africain et que
l'Afrique s'est faite d'abord comme un tout et ensuite dans une diversité progressive.

39
Le Pr Mabeko-Tali a souligné que les supports pédagogiques qui sortiront de cette
conférence veilleront à ne pas privilégier une partie de l'histoire du continent par rapport
à une autre ou une région vis-à-vis d'une autre, autrement on retomberait dans le
discours colonial qui a crée des divisions très artificielles.

Il a cité, à titre d'exemple, celles entre l'Afrique du Nord et l'Afrique subsaharienne


comme si aucune de ces deux régions n'avait eu de contacts avec l'autre alors que le
Sahara n'a jamais été un obstacle ni une barrière absolue entre leurs sociétés.

Selon l'universitaire congolais, il s'agit de démontrer qu'il y a toujours eu des contacts


entre les différentes régions africaines et que le continent n'a jamais été absolument
isolé du reste du monde.

"L'objectif est de montrer l'Afrique dans sa diversité mais aussi en même temps dans son
unité", a déclaré le Pr Mabeko-Tali.

40
Congolese academic sets standards of HGA

Tripoli, Libya - 15/06/2010 - The tools used in the teaching of the General History of
Africa (HGA) in African schools will be the means to give African children the instruments
likely to help them assimilate the historical elements shaping their open-minded spirit
and curiosity about African history, a Congolese academic, Jean-Michel Mabeko-Tali, said
Tuesday in Tripoli.

Speaking in a PANA interview, he said the recommendations from the Conference on the
pedagogical use of HGA in African schools stressed the need to take into consideration
the various African contexts, the various age brackets so much so that each programme is
adapted to each age group and to find the elements that would enable children, in their
early childhood, to assimilate African history.

Mabeko-Tali, who is a member of the scientific committee for the pedagogical use of
HGA, teaches History of Africa at Howard university in Washington, USA.

According to him, the project on the pedagogical use of HGA also aims at helping to
establish an African integrated citizenship that needs historic basis .

Mabeko-Tali stressed the importance to use all information collected in the eight volumes
of HGA to try to make them didactic products and backup materials by taking into
consideration the advanced teaching techniques used in the world.

He said the project aims at showing children that Africa is the cradle of humanity and the
basis of everything from the biological element to the technological one, adding that
everything begins with the African continent and that Africa first made itself into a single
thing before becoming progressive diversity.

Mabeko-Tali said the pedagogical backup materials that will come out from the
conference will see to it that half of the continent's history will not have priority over

41
another or a region compared to another, otherwise one would return to colonial speech
which created very arbitrary divisions.

By way of examples, he cited those between North Africa and sub-Saharan Africa as if
none of these regions had had contacts with the other, while Sahara had ever been
neither an obstacle nor absolute barrier between their societies.

This will consist in showing that contacts had always existed between the various African
regions and that the continent had never been absolutely isolated from the outside
world.

“The objective is to show Africa through both its diversity and unity,” Mabeko-Tali said.

42
Sénégal: Enseignement de l'histoire générale - Quand le Brésil
montre la voie au continent

15 juin 2010 - Daouda MANE

Alors que les Africains cherchent à enseigner l'imposante collection Histoire générale de
l'Afrique (Hga), le Brésil a bien montré que le projet est bien possible. Le pays l'a déjà
entamé depuis novembre 2007.

Le projet intitulé « Le Brésil et l'Afrique : Histoires croisées » est né dans le contexte du


mouvement social noir au Brésil (Movimento negro) lancé par la Société civile. Ce
mouvement a abouti, en 2003, par le gouvernement de Luis Inacio Lula da Silva, avec
l'approbation de la Loi 10.639 sur l'enseignement obligatoire de l'histoire et de la culture
afro-brésilienne et africaine dans l'enseignement (de 4 à 17 ans) et de son Règlement
(2004), ont expliqué l'historienne-chercheur, Mariana Blanco Rincon et Marilza Machado
Gomes Regattieri.

Elles ont présenté, ce dimanche, le projet aux participants à la conférence de Tripoli. En


2007, dans le cadre du partenariat entre l'Unesco et le ministère de l'Education, un
diagnostic a été fait sur la situation de l'enseignement de l'histoire dans le pays. Il a
montré un besoin d'un matériel didactique approprié au nouveau contexte de formation
des enseignants, d'accompagnement et d'évaluation de la mise en place de la loi et enfin
de construction d'indicateurs pour évaluer le degré de la mise en place de la loi. Outre le
manque de matériel didactique, il a été constaté qu'il existait de nombreuses distorsions
dans l'histoire où les Noirs Brésiliens étaient considérés comme des peuples sans histoire.

« Le projet est né à partir de ce diagnostic et le pays s'est inspiré de l'Hga pour la


réhabilitation du Noir », ont affirmé les présentatrices.

Il s'agit donc, à travers un tel projet, ont poursuivi Mmes Rincon et Ragattieri, « de
reconnaître l'identité du Noir Brésilien qui vient d'un continent qui a bel et bien une
histoire, contrairement à ce qui a été véhiculé. Il est bien un acteur de l'histoire »,
précisant que l'enseignement est « effectif inégalement ».

Cependant, ont-elles rappelé, le pays a déjà pris un ensemble de dispositions législatives


pour la réussite du projet. « Quoiqu'il en soit, cet enseignement est obligatoire », ont-

43
elles souligné. Car, en plus de la Loi et du Règlement, un plan national d'application du
règlement de l'éducation des relations ethno-raciales et de la mise en place de la loi a
été adopté en 2009. « Nous essayons aussi de donner du matériel et d'établir des
indicateurs pour savoir comment l'appliquer », ont-elles ajouté. Déjà, « le projet a
traduit, en portugais, la collection Hga tout en actualisant la cartographie. Le projet
prévoit aussi la publication de 10.000 collections de la traduction portugaise de l'Hga, la
publication du livre de synthèse et s'engage à livrer le contenu du matériel didactique.
Tout cela en novembre 2010 », ont commenté Mariana Blanco Rincon et Marilza Machado
Gomes Regattieri. Pour elles, les enfants ont accueilli le projet « positivement »,
affirmant que les principales difficultés du projet sont la grande superficie du pays, la
complexité de l'administration brésilienne et le coût.

44
Lundi 16 juin 2010GA
LAIS

Pr DJIBRIL TAMSIR NIANE, HISTORIEN : « L’Histoire générale


de l’Afrique n’est pas une œuvre définitive »

Tenant compte du caractère de l’histoire qui est en devenir permanent comme


l’attestent les nouvelles découvertes et problématiques, le Pr Djibril Tamsir Niane, dans
le cadre de ce projet pédagogique, fait remarquer que l’Histoire générale de l’Afrique,
qui n’est pas une œuvre définitive, est appelée à être révisée et enrichie.

Vous avez été l’un des membres actifs de la première aventure de l’Histoire générale
de l’Afrique (Hga) que l’Union africaine décide d’enseigner, aujourd’hui, dans nos
écoles. Que vous inspire une telle démarche ?

La rédaction de l’Hga sous l’égide de l’Unesco a été une grande entreprise. Elle a été
faite par des historiens africains appuyés par des chercheurs d’autres pays. Les
professeurs Cheikh Anta Diop, Joseph Ki-Zerbo, entre autre, avaient fait partie du comité
scientifique international. Par ce travail monumental, l’Afrique cherche à se réapproprier
son histoire. Cependant, c’est un ouvrage d’un niveau scientifique très élevé qui a certes
comblé le monde scientifique et culturel africain et international. Mais, il n’était pas à la
portée de tout le monde. La deuxième phase de cette entreprise, c’est de passer à la
rédaction de manuels scolaires à partir de cette Hga pour que les jeunes se l’approprient.
Ce qui est important à souligner ici, c’est que ce projet est celui de l’Union africaine (Ua)
qui a pour objectif de faire l’intégration du continent, la constitution d’une union
politique véritable. Or, un tel processus, pour être bien assis dans l’esprit des gens, doit
passer par l’enseignement de l’Hga. C’est tout le sens de cette rencontre de Tripoli. Il
s’agira de faire des manuels scolaires à caractères régionaux. Cela est important parce
qu’il y aura une unification de l’enseignement de l’histoire pour les différentes sous-
régions du continent. C’est déjà formateur, un thème intégrateur.

Est-ce à dire qu’il faut rénover les contenus de nos enseignements, puisque depuis
lors beaucoup d’eau a coulé sous les ponts ?

Bien sûr. C’est pour dire que l’Hga est une grande œuvre certes, mais ce n’est pas une
histoire définitive. Chaque génération écrit et réécrit l’histoire. Il y a 40-50 ans, bien des
points d’histoire ont été mieux éclairés. Mais, cette histoire est appelée à être révisée,

45
enrichie. Il est certain que beaucoup de découvertes ont été faites dans le domaine
archéologique. On a ouvert des chantiers archéologiques, trouvé des restes, constitué et
reconstitué des palais, retrouvé d’anciennes villes. Ne serait-ce que pour la préhistoire,
au Tchad, on a découvert des restes plus anciens que ceux, jusque-là, trouvés en Afrique
de l’Est. C’est dire que la science historique est en devenir permanent.

Histoire sous-régionale, histoire continentale et celle locale dans tout cela ?

Non. Je veux souligner ici que si l’on parle d’histoire régionale ou continentale, cela ne
nie pas l’histoire de chaque pays. L’Hga n’est pas une histoire des nations, elle est celle
des peuples. Elle est continentale, sous-régionale.

Mais l’histoire de nos peuples est souvent pleine de mythes et de falsifications. Elle est
plus celle des dominateurs que des dominés !

Tout cela sera pris en compte. Il faut souligner que l’Hga est avant tout une entreprise de
réhabilitation du passé africain. Et dans ce travail, des éléments nouveaux ont été pris en
compte par les Africains, ce sont les traditions orales. Jusqu’avant la rédaction de l’Hga,
l’Europe n’accordait aucune importance à la tradition orale africaine. Les Africains ont
montré que la tradition orale est une véritable science structurée.
L’histoire de l’Afrique n’est pas faite que de simples racontars des griots. C’est une
histoire construite, élaborée qui se transmet avec ses méthodes pédagogiques.

Vous avez semblé dire dans l’Hga que ce qu’elle a accepté pour elle, elle l’a refusé à
l’Afrique à propos de la tradition orale ?

Avant que les hommes n’écrivent, ils ont parlé. Et ce sont les propos qui ont été transmis
de génération en génération. Qu’est-ce que la Bible, sinon une transmission orale
transmise de génération en génération jusqu’au moment où on a fixé les textes sur papier
ou sur pierre. C’est la même chose pour les grandes épopées que nous connaissons. C’est
une tradition orale transmise de génération en génération jusqu’au moment où on l’a
fixée. Donc, la parole n’est pas cette chose qui s’envole, comme on le dit en Occident.
Elle est organisée et se traduit avec beaucoup de fidélité.

Au commencement, c’était le verbe ?

Au commencement, c’était le verbe. Aujourd’hui, grâce à la science, la parole ne


s’envole plus. Nous avions fait la collecte de la tradition orale dans les années 60 et la
voix des griots décédés a été conservée.

Parlons de l’histoire de la Charte du Mandé de Kurankan Fuga. Nombreux historiens


africains pensent qu’elle relève de la mémoire et non de l’histoire, parce qu’il existe
plusieurs versions qui n’ont pas été confrontées comme le veut le travail historique ?
46
Il faut bien s’entendre. La tradition orale nous a transmis la Charte de Kurankan Fuga, du
Mandé. Ce sont des propos recueillis auprès des griots. Nous les avons transcrits.
Evidemment, les travaux se poursuivent parce qu’il y a des variantes que nous allons
rassembler. L’important est que ces variantes existent et que c’est le même esprit
véhiculé. Donc, ces lois sont là. Elles établissent qu’au XIIIème siècle, Soundjata Keïta a
réuni une grande assemblée pour organiser la société, garantir l’individu, la famille et
surtout il a réussi à prévenir les conflits en établissant le « Sanankuya » « Kal en wolof »
(la parenté à plaisanterie) pour créer l’alliance entre les clans, entre les ethnies. Plus
qu’une simple plaisanterie, il s’agit d’établir un lien, une relation entre ces clans pour
éviter tout conflit. Cela prouve l’esprit de paix, sa recherche permanente par Soundjata.

Et le respect des droits de l’Homme ?

Et le respect des droits de l’Homme. Je vous citerai un article. Quand la Charte dit que :
« tout homme a droit à son intégrité physique », on croirait entendre un législateur
moderne parler. Et pourtant, ceci a été énoncé par Soundjata en 1236.

47
Conference on General History of Africa ends

Tripoli, Libya - 16/06/2010 - The regional conference on “The pedagogical use of the
General History of Africa (GHA) in African schools” ended on Wednesday in Tripoli, the
Libyan capital, with the adoption by the scientific committee of the pedagogical use of
GHA of the content, pedagogical tools and didactic backup materials for the teaching of
African history.

The closing ceremony was attended by the secretary of the Libyan general people's
committee for Education and Scientific research, Dr Abdelkebir Al-Fakhri and the
Director-General of the UN Educational, Scientific and Cultural Organization (UNESCO),
Irina Bokova.

The participants at the meeting, which focused on the project implemented by UNESCO
with a Libyan financing, re-examined the GHA in view of updating it and analysed the
situation regarding the teaching of history and the African educational systems.

They also studied the conceptual framework that outline the major directions, purposes,
goals and objectives, as well as the pedagogical principles for the choice of content.

48
Fin de la conférence sur l'Histoire générale de l'Afrique à Tripoli

Tripoli, Libye - 16/06/2010 - La conférence régionale sur "l'utilisation pédagogique de


l'Histoire générale de l'Afrique (HGA) dans les écoles africaines" a clôturé ses travaux
mercredi soir à Tripoli, par l'adoption par le comité scientifique pour l'utilisation
pédagogique de l'HGA du contenu, des outils pédagogiques et supports didactiques pour
l'enseignement de l'histoire africaine.

La cérémonie de clôture de cette conférence s'est déroulée en présence du secrétaire du


comité populaire général libyen de l'Enseignement et de la Recherche scientifique Dr
Abdelkebir Al-Fakhri et la directrice de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation,
la science et la culture (UNESCO), Irina Bokova.

Les participants à cette rencontre axée sur ce projet exécuté par l'UNESCO avec le
financement de la Libye, ont fait une relecture de l'Histoire générale de l'Afrique en vue
de son actualisation, procédé à une analyse de la situation de l'enseignement de l'histoire
et des systèmes éducatifs africains et étudié le cadre conceptuel esquissant les
orientations et finalités, les buts et objectifs généraux, ainsi que les principes
pédagogiques pour le choix des contenus.

49
Flash-Education
Jeudi 17 juin 2010 à 13:00:00
(Congo-Brazza, Libye)

Martin Itoua restitue les conclusions de la conférence sur


l'utilisation pédagogique de l'histoire générale de l'Afrique
Tenue à Tripoli du 10 au 16 juin, une conférence sur l'utilisation pédagogique de l'histoire
générale de l'Afrique, a connu la participation de pédagogues, de spécialistes de l'histoire
africaine et de représentants des associations de la société civile oeuvrant dans le
domaine de l'éducation, dont Martin Itoua, président en exercice de la Fédération
africaine des associations des parents d'élèves et d'étudiants (Fape). Ce dernier a fait ce
17 juin, au siège de la fédération, une communication devant la presse sur les
conclusions de la conférence. Celle-ci était conjointement organisée par l'Unesco et le
gouvernement libyen.
Ces assises, qui ont réuni au total 150 personnes, de profils différents, avaient pour
principal objectif de contribuer à la rénovation de l'enseignement de l'histoire dans les
pays de l'Union africaine en vue de promouvoir le processus de l'intégration régionale.
Au cours de la conférence, Martin Itoua a pu définir le cadre, les conditions et les
modalités des contenus communs des curricula pour les écoles primaires et secondaires
africaines ainsi que les outils ou matériels pédagogiques d'accompagnement.
C'est en effet, trente cinq ans après 1999, avec l'appui de l'Unesco, que furent achevés
les huit volumes de l'histoire générale de l'Afrique avec la contribution de 350 experts de
l'Afrique et du reste du monde. Pour mémoire, le projet de la préparation, la rédaction
et la publication de l'histoire générale de l'Afrique en huit volumes avait été lancé en
1964 soit un an après la création de l'OUA en 1963. L'objectif était de permettre la
réappropriation par l'Afrique de son histoire tout en assurant un meilleur apport du
continent au progrès de l'humanité.
Faustin Akono

50
Burkina Faso - Jeudi 17 juin 2010

Pr Elikia Mbokolo : « Dans 40 ans, nos enfants risquent de


penser Macintosh, Coca-cola, Mac Donald »

Présent à Tripoli dans le cadre de la conférence régionale sur l’utilisation pédagogique de


l’Histoire générale de l’Afrique, le Pr Elikia Mbokolo (E.M.), président du comité
scientifique, situe à Sidwaya les enjeux de ce projet, ainsi que le rôle de l’histoire dans
le développement du continent.

Sidwaya (S.) : Qu’est-ce que l’Histoire générale de l’Afrique (Hga) ?

E.M. : L’Histoire générale de l’Afrique (HGA) est une collection de huit volumes dont la
publication s’est étalée jusqu’en 1999. C’est la première aventure intellectuelle
collective de la première génération des historiens, scientifiques et universitaires
africains qui visait à montrer que l’Afrique a une histoire et que cette histoire n’est pas
venue d’ailleurs.

Ils ont expliqué également que l’indépendance n’était pas un cadeau, une concession
mais le résultat de luttes menées par les Africains depuis les empiétements extérieurs.
51
Ce qui est encore plus remarquable, et pour éviter des discussions à l’avenir, ils ont
convaincu les meilleurs historiens non africains du moment qui avaient des compétences
sur l’Afrique à participer au projet.

Cela a pris du temps et coûté de l’argent. C’est une entreprise intellectuelle unique en
son genre. Le travail a été fait dans un contexte particulier avec une vision panafricaine.
Malheureusement, le projet africain a souffert de l’évolution générale du panafricanisme
dans le cadre de l’OUA et des difficultés des premiers moments de l’indépendance.
D’autre part, à ce projet africain se sont greffés les projets nationaux. Tous les Etats
devenus indépendants ambitionnaient de se constituer en nations et de développer leurs
systèmes éducatifs avec des programmes historiques, mémoriels, muséaux, etc.

S. : Les livres demeurent méconnus du grand public. Peut-on savoir pourquoi ?

E.M. : Ces livres ont été publiés en Europe, coûtent donc cher et sont très volumineux.
Donc l’ouvrage est resté le compagnon des universitaires, encore que tous les professeurs
d’université n’en disposent pas. Donc le projet n’a pas connu le retentissement espéré.
Cependant, Présence africaine a fait un pas en publiant une collection de poche. Ces
volumes n’ont pas non plus reçu le succès escompté. Mais les historiens sont restés dans
la vision panafricaine du projet : ils ont créé l’Association des historiens d’Afrique qui a
pendant longtemps été dirigé par le Pr Joseph Ki-Zerbo.

S. : Quel a été l’apport de la nouvelle génération dans cette aventure ?

E.M. : Le défi lancé par nos aînés nous obligeait à avancer dans la voie de l’histoire, sans
quoi nous aurions manqué notre vocation d’historiens. Le défi pour nous était : qu’est-ce
que nous pouvons dire de plus que nos aînés ? Sans vouloir rivaliser avec eux, nous avons
défriché des terrains nouveaux, élaboré des problématiques nouvelles. Aujourd’hui, nous
sommes allés un peu plus loin et nous avons ouvert des chemins plus nombreux.

S. : De quand date l’idée de la transposition pédagogique ?

E.M. : Quand l’OUA est devenue l’Union africaine, parallèlement aux différents projets
économiques, il était nécessaire de reprendre la question identitaire, culturelle,
mémorielle et historique du continent. Ainsi, les chefs d’Etat ont souhaité que les huit
volumes de l’HGA entrent effectivement dans les programmes scolaires.

L’Union africaine a saisi pour cela l’Unesco qui, à son tour, a réuni les historiens autour
de ce projet. C’est ainsi qu’après la rencontre de Paris, nous avons mis en place un
comité scientifique et avons demandé à l’Association des historiens d’Afrique de faire
une revue critique des huit volumes : des problèmes de mise à jour, des reformulations
des méthodes, des contenus, des approches.

52
Nous sommes conscients que nous n’allons pas réinventer la roue. Le dernier volume date
de 1999, ce qui suppose que ce travail a été effectué dans les années 70-80. Beaucoup de
choses se sont passées entre-temps, à savoir les changements en Afrique australe, la
démocratie, etc. Nous avions là, l’occasion de placer les évolutions actuelles dans une
lecture africaine et non une lecture forcément internationale.

Lecture qui consisterait à dire, par exemple, que la démocratisation de l’Afrique vient du
discours de la Baule, de la chute du mur de Berlin ou encore que notre stratégie de
décentralisation est inspirée du modèle allemand ou américain, alors que nos anciens
empires (Mali, Kongo, Loango, etc.) sont des exemples de gestion des espaces énormes
avec des populations différentes, parfois des langues et cultures différentes, mais qui ont
tenu sur plusieurs siècles.

S. : Comment explique-t-on que le financement de ce projet d’envergure


panafricaine soit fait par la Libye uniquement ?

E.M. : Le gouvernement libyen dont on connaît le rôle dans la relance de l’Union


africaine a mis quelques moyens à notre disposition. Les travaux techniques ont été
effectués et nous sommes à l’élaboration du cadre conceptuel, à savoir ce qu’il faut faire
pour obtenir des résultats au niveau des citoyens qui seront formés.

S. : Combien de pays sont impliqués dans ce projet ?

E.M. : 44 pays ont répondu au questionnaire que nous avons élaboré. Les neuf autres
Etats qui n’ont pas répondu sont ceux qui sont dans des situations de coup d’Etat ou de
crise politico-militaire ou en cours de reconstruction.

S. : Quelle stratégie comptez-vous développer afin que notre histoire soit enseignée
dans nos écoles ?

E.M. : Certains Etats ont de bons programmes en histoire. Je pense notamment aux
derniers Etats qui se sont libérés soit du racisme, soit de la colonisation en Afrique
centrale et pour qui l’histoire a une place importante. D’autres pensent que le
développement est purement économique. Ils ont alors mis de côté tout ce qui est
historique, ce qui a d’ailleurs fait penser à certains que l’Afrique était contre le
développement. Aussi, nous avons vu des générations formées à la médecine,
architecture, aux sciences sans aucune connaissance de l’histoire.

S. : Peut-être qu’il faut expliquer aux gens en quoi l’histoire participe au


développement d’un pays !

53
E.M. : Aujourd’hui, toutes les puissantes émergentes (Chine, Inde, Brésil) sont des Etats
dans lesquels la personnalité nationale est fortement ancrée, l’histoire nationale très
bien connue et les références pour aller vers l’avenir sont tirées du passé. En Chine par
exemple, la fable « Comment You Kong déplaça la montagne » tirée du fin fond de
l’histoire a montré aux Chinois qu’ils peuvent déplacer des montagnes ! Si nous ne
parvenons pas à ce genre de réalité en Afrique, nous allons penser que pour se
développer, il faut singer l’Europe. Nous risquons de croire que ce dont nous avons besoin
c’est le fameux document de stratégie de la réduction de la pauvreté comme programme
de développement, alors que dans notre histoire, il n’a jamais été question de réduire la
pauvreté, mais de créer des richesses. Si nous n’y parvenons pas, dans 40 ans, nos
enfants penseront Macintosh, Coca-cola, Mac Donald et ne saurons rien de Soundiata
Keita, de Chaka, etc.

S. : Suffit-il alors de changer les programmes pour produire un homme nouveau,


étant donné que l’histoire de plus en plus ne s’apprend qu’à l’école ?

E.M. : Nous sommes convaincus que ce ne sont pas seulement les contenus des manuels
qui doivent changer, ni la répartition des matières, mais surtout les méthodes
pédagogiques. La pédagogie verticale qui consiste à apprendre par cœur et à recracher
doit être revue. L’histoire est une discipline passionnante dont l’enseignement va
désormais s’appuyer sur les bandes dessinées, les technologies de l’information et de la
communication, etc. Les gens ne se rendent pas compte par exemple en regardant un
film western que c’est l’histoire des Etats-Unis qui est racontée. Nous devons nous aussi
mettre en scène notre histoire avec une pédagogie renouvelée. Il nous faut à très moyen
terme, des citoyens africains.

S. : Pouvez-vous y parvenir sans manipulation ni falsification de l’histoire ?

E.M. : Rassurez-vous ! Nos aînés étaient très passionnés de l’histoire mais étaient très
critiques à l’égard de l’idéologie issue du colonialisme, de la traite négrière. Nous restons
dans la même posture. Nous traquons toutes les déformations car notre souhait est de
transmettre aux jeunes la connaissance, la passion et la fierté de leur passé. Nous ne
sommes pas en position de combattre, mais de création et de stimulation vers l’avenir.

Interview réalisée à Tripoli par Assétou BADOH

54
UNESCO : élaboration d'un nouveau programme d'histoire de
l'Afrique

17-06- 2010 - L'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture
(UNESCO) s'est entourée d'historiens et de spécialistes de l'éducation pour développer un
programme d'histoire destiné aux écoles africaines. Ce programme scolaire s'appuie sur
l'Histoire générale de l'Afrique (HGA), une série de huit volumes qui retrace l'histoire du
continent de la préhistoire à l'Afrique contemporaine.

L'originalité et l'innovation du projet reposent sur une approche « africaine » de l'histoire.


Le programme est « le premier du genre conçu pour l'ensemble du continent », estime
l'UNESCO.

Cette nouvelle histoire de l'Afrique est au centre de la « Conférence régionale sur


l'utilisation pédagogique de l'Histoire générale de l'Afrique dans les écoles africaines » qui
se déroule depuis le 10 juin et jusqu'au 17 juin à Tripoli, en Libye.

La conférence réunit 150 participants qui doivent conceptualiser les supports


pédagogiques standardisés destinés aux écoles de tout le continent. Les outils
pédagogiques s'articuleront autour de trois instruments clés : un atlas historique, un DVD
et des outils de formation pour les professeurs d'histoire.

« La publication par l'UNESCO de l'Histoire générale de l'Afrique, un projet entamé en


1964 et achevé en 1999, représente une révolution dans la reconnaissance de l'héritage
culturel de l'Afrique », a rappelé la directrice générale de l'UNESCO, Irina Bokova dans un
communiqué de presse.

« Cette Conférence s'inscrit dans la deuxième phase du projet qui appelle à la promotion
de l'utilisation de l'Histoire générale dans les écoles africaines. En développant des outils
éducatifs pour rendre cette histoire érudite accessible, nous permettons aux jeunes gens
de tout le continent de mieux connaître leur héritage commun », a-t-elle ajouté.

55
Le projet pédagogique est supervisé par un comité scientifique composé de dix membres
représentant les cinq sous-régions du continent. Irina Bokova, sera présente lors de la
session de clôture.

56
ÉTATS MEMBRES DE LA CEDEAO : Près de 7 milliards de FCfa
pour 45 centres d’enseignement à distance

Tripoli - Vendredi 18 juin 2010 - Le coordonnateur du Campus virtuel africain (Cva)


Avicenne a annoncé, ce mardi, que les 15 Etats membres de la Cedeao bénéficieront de
45 centres d’enseignement à distance. Le projet, fruit d’un partenariat entre le Cva et la
Cedeao, a le soutien financier de la Banque africaine de développement (Bad). Le coût
du projet est de 13 millions de dollars. Soit près de 7 milliards de FCfa.

Les Etats membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest


(Cedeao) semblent déterminés à utiliser le maximum possible l’enseignement à distance
et donc les Tic dans l’Education. Ce mardi, à Tripoli, le coordonnateur du Cva, Mohamed
Miloudi, a informé que grâce à un partenariat entre la Cedeao et sa structure, 45 centres
d’enseignement à distance seront créés dans les 15 Etats membres de l’Union, à raison de
3 centres par pays : enseignement général, enseignement supérieur et enseignement
professionnel. Déjà, a-t-il indiqué, la Banque africaine de développement (Bad) a donné
son accord de principe de prendre en charge le projet dont le coût est de 13 millions de
dollars (environ 7 milliards de FCfa).

M. Miloudi faisait une présentation sur l’utilisation des Tic dans l’Education. M. Miloudi a
rappelé que le Cva cherche à améliorer l’enseignement et l’apprentissage des étudiants
par la mise en place d’outils pédagogiques. Il a déjà créé 14 centres opérationnels en
Méditerranée, 4 en Afrique de l’Ouest (Sénégal, Côte d’Ivoire, Bénin et Cap-Vert) et 3 en
Irak, soit 21 au total.

Projet inclusif, le Cva a permis à 1.500 handicapés visuels (non voyants) de bénéficier
d’une formation. En outre, pour protéger les cours, il a développé un contrat de droit
d’auteur pour les enseignants, a expliqué M. Miloudi, précisant que tout cours, avant
qu’il ne soit mis en ligne, est validé par le conseil scientifique.

Le centre de Dakar a été qualifié de très actif. Selon Abdou Sow, ancien doyen de la
Fastef, il est d’un apport « inestimable » dans la formation des enseignants vacataires.
« A la Fastef, on ne recrutait que 700, toutes sections confondues. Or, 8.000 à 9.000
vacataires, sans diplôme pédagogique, sont dans l’enseignement. Nous sommes chargés
57
de les former en 3 ans. Au départ, on utilisait le papier ou le Cd qui n’étaient pas
accessibles à tous. Et comme pratiquement tous les lycées et collèges du pays sont dotés
de salle informatique, nous assurons, à présent, la formation, à distance. Dans les
établissements qui n’ont pas encore bénéficié de salle informatique, nous utilisons
toujours le papier et le Cd », a expliqué Abdou Sow.

Projet Afreestory

Auparavant, Jean-Philippe Omotunde de l’Institut Africamat a présenté le projet


Afreestory qui cherche à mettre à disposition des enseignants et élèves, « des supports
numériques interactifs à vocation pédagogique et ludique, réalisés dans le cadre de
l’exploitation scolaire de la collection Hga afin d’enrichir l’environnement de
l’apprentissage des jeunes ». Il a indiqué que l’avantage est que l’utilisation croisée du
savoir historique et de la réalité virtuelle permet de « valoriser, sans limite », un contenu
original et inédit, en offrant aux enseignants et élèves du continent, des outils
pédagogiques modernes et simples d’utilisation, accessibles sur Dvd ou consoles (Off line)
et par Internet (Online). Cette équipe basée en Martinique disposant d’une expertise de
« longue date » dans la confection d’outils Tic à usage pédagogique et également
composée d’infographes et de techniciens, « offre des outils d’accompagnement scolaire
par classe d’âge, des outils pédagogiques pour l’enseignant et pour sa formation ainsi que
des thématiques pour les chercheurs et le grand public ». M. Otomunde de faire
remarquer que l’élaboration des contenus revient aux équipes pédagogiques.
Daouda MANE

58
Enquête

12 juillet 2010

Education : L’histoire africaine frappe à la porte des


établissements scolaires

Du 12 au 16 juin dernier, Tripoli a accueilli les travaux de la Conférence régionale de


l’Unesco sur l’utilisation pédagogique de l’histoire africaine dans les écoles africaines.
Une initiative née de la volonté de l’Oua, puis de l’Union africaine dans leur projet
d’intégration continentale. Des travaux dont le but essentiel était de traduire en
manuels scolaires et guides pédagogique les huit volumes de l’Histoire générale de
l’Afrique commis entre 1964 et 1999. Occasion aussi pour Mutations, seul média
camerounais accrédité à cette conférence, de revenir sur les origines de ce projet, ses
différentes phases, ses principaux acteurs ainsi que les résolutions et recommandations
prises à Tripoli.

1- Au commencement était l’intégration africaine

C’est sur une note de satisfaction et d’espoir que s’est achevée à la conférence de Tripoli
mercredi 16 juin dernier. Une conférence organisée à la demande de l’Union africaine et
qui avait pour but d’étudier la possibilité de l’utilisation pédagogique des huit volumes de
l’Histoire générale de l’Afrique dans les écoles et universités africaines. S’il est trop tôt
pour dire si ce moment rentrera dans les annales de l’histoire du continent, il demeure
que les cinq jours de travaux des chercheurs, enseignants, pédagogues et acteurs de la
société civile africaine dans la capitale libyenne sonnent comme un temps fort de la vie
africaine de ces cinquante dernière années. Surtout en cette période de célébration de la
libération officielle du joug colonial qui longtemps dénia aux Africains quelque histoire
que ce soit.

Ce qui s’est passé à Tripoli, comme l’a rappelé le chercheur congolais Elikia Mbokolo, le
président du comité scientifique des travaux, n’est que la continuité d’un travail dont la
première phase remonte à 1964 c’est-à-dire au lendemain de la naissance de
l’Organisation de l’unité africaine (Oua) intervenue l’année d’avant. En ces années-là, et
59
après d’âpres luttes pour la reconnaissance de son existence, l’Africain avait le challenge
de relever un autre défi non moins important : faire savoir à l’humanité qu’elle fait
partie de l’histoire. Car jusqu’à cette date là, l’histoire africaine, comme l’a rappelé le
chercheur zimbabwéen Bhebe, n’était que présentation «des vies et des activités des
explorateurs, commerçants, missionnaires et soldats conquérants européens ainsi que des
administrateurs et autres gouverneurs coloniaux».

Un projet donc d’écriture de l’histoire de l’Afrique que l’Oua confia à l’Unesco qui
rapidement se mit à l’ouvrage en invitant la première génération d’historiens africains à
faire montre de leur savoir-faire.

Ce qu’ils firent avec d’autant plus d’entrain que, et comme le relevait l’un d’eux (le
Burkinabé Joseph Ki-Zerbo), «sauf à vivre dans un état d’inconscience et d’aliénation, nul
ne saurait vivre sans mémoire ou avec une mémoire qui appartient à quelqu’un d’autre».
Un point de vue que n’aurait pas renié son compère Cheik Anta Diop pour qui «la
conscience d’une histoire commune est le plus solide rempart qu’un peuple puisse
construire contre les agressions culturelles ou autres venant de l’extérieur».

L’autre enjeu était à cette époque la question d’identité africaine que la colonisation
avait plus que malmenée comme on avait pu le voir en filigrane des revendications
d’indépendance. Une identité qui passait alors selon le Pr. Bhebe par la connaissance de
sa propre histoire. Il fallait donc «une histoire de l’intérieur, qui donne toute sa
dimension et sa place à l’Afrique dans l’histoire mondiale» ; une histoire dépouillée en
somme des scories chauvines de la version coloniale triomphante.

Unesco

Des fils d’Afrique comme Joseph Ki-Zerbo, El Fasi ou Djibril Tamsir Niane travailleront
donc 35 ans durant à écrire une histoire «de l’intérieur» qui tiendra en huit volumes de
ce qu’ils ont appelé «L’histoire générale de l’Afrique» (Hga). Un travail titanesque qui
révéla au passage la place importante que le continent joua sur la place mondiale à
travers des millénaires ; travail qui permis aussi de découvrir comme l’a dit Irina Bokova,
la directrice générale de l’Unesco, à la clôture des travaux de Tripoli que «l’Afrique est
le berceau de l’humanité». Comme quoi l’histoire avait naturellement commencé en
Afrique, puisque c’est là-bas que le premier homme a vu le jour. Un travail qui prit aussi
bien en compte l’histoire des idées, les traditions orales et toute la richesse artistique du
continent. Ce faisant, et toujours selon Mme Bokova, cette histoire a démontré que
l’Afrique était une, richement diversifiée, loin des stéréotypes qui avaient établi une
dichotomie entre l’Afrique du Nord et l’Afrique subsaharienne.

En attendant que le continent canonise un jour ces 39 historiens, dont 26 étaient


africains, qui formèrent le comité scientifique de cette entreprise intellectuelle et les
350 experts venus des quatre coins de l’Afrique qui les accompagnèrent jusqu’en 1999,
60
l’on se doit de faire savoir que ce projet de dialogue intensif, de passionnantes
discussions était sans précédent dans l’histoire de l’humanité. Un projet qui
malheureusement n’allait pas avoir la suite que ses initiateurs lui avaient promise.

Car comment expliquer que près de cinq décennies après son commencement, et plus de
dix ans après la sortie du dernier volume, beaucoup en Afrique ne sachent pas
l’existence, encore moins le contenu de cette Hga ? Y compris les enseignants d’histoire !
Une situation pour le moins gravissime si l’on prend en compte que cette Hga avait
«clairement démontré la participation active de l’Afrique dans la marche de la
civilisation humaine depuis la capacité technologique de cette humanité à assurer une vie
décente à partir de son environnement naturel» pour reprendre le Pr. Behbe.

Deuxième phase

La note d’espoir allait venir de l’évolution même de l’Oua qui, dans sa mutation en Union
africaine au tournant de l’actuel siècle, allait une fois de plus penser à son histoire. Pour
s’en remettre encore à l’Unesco. Non plus pour mieux connaître son passé, mais pour
«contribuer à la réappropriation par l’Afrique de son histoire tout en assurant une
meilleure compréhension de l’apport du continent au progrès de l’humanité», selon le
mot de l’historien sénégalais Mamadou Ndoye. Qui au passage insiste pour faire savoir
que les huit volumes de l’Hga ont permis entre autres de rétablir certaines vérités sur le
passé du continent comme celle qui veut que «l’histoire peut être écrite non seulement à
partir des sources écrites, mais aussi en faisant appel aux traditions orales» ; ou encore
que «l’Afrique a non seulement une histoire, mais une histoire qui est même plus longue
que celle des autres continents car elle porte sur plus de trois millions d’années» ; ou
enfin que «les civilisations les plus anciennes, y compris celle de l’Egypte ancienne, ont
trouvé leurs origines et leur inspiration dans les peuples africains eux-mêmes et ont été
les fruits de leur évolution face aux défis de leur existence».

Dans sa mutation en Union africaine, le rassemblement des nations africaines allait aussi
lancer la seconde décennie de l’éducation en Afrique. Une initiative qui puisait sa source
dans les conclusions et recommandations de plusieurs réunions d’experts (Dakar 1986,
Nairobi 1989, Tripoli 1989, Dakar 2001) et de différentes études dont celles de Dramane
Issifou ou de Pierre Kipré. Dans cette nouvelle orientation de rénovation de
l’enseignement de l’histoire africaine dans les écoles et universités africaines, l’Unesco
va reconduire le même attelage qu’en 1964.

C’est ainsi qu’un deuxième comité scientifique de dix membres choisis pour leur
expertise et leur expérience dans les domaines de l’histoire africaine, des politiques
éducatives, de l’enseignement de l’histoire, de l’élaboration des curricula et de la
formation des enseignants a été constitué avec à sa tête l’historien congolais Elikia
Mbokolo que l’on ne présente plus. Avec son équipe, il va entamer une deuxième phase
qui a connu trois principales étapes. Mamadou Ndoye en dévoile les grandes lignes : «il y
61
a d’abord eu la relecture des huit volumes de l’Hga en vue de leur actualisation rendue
nécessaire par de nouvelles découvertes ; s’est ensuivie l’analyse de la situation de
l’enseignement de l’histoire et des systèmes éducatifs africains dans leur diversité pour
diagnostiquer les contraintes, les besoins et les ressources qui vont influencer
l’intégration de l’Hga ; et enfin le cadre conceptuel esquissant les orientations et
finalités, les buts et objectifs généraux ainsi que les principes pédagogiques qui doivent
guider le choix des contenus et la transformation didactique du savoir académique en
apprentissage des élèves aux différents niveaux des systèmes éducatifs».

2- Le rôle de l’Unesco et de la Libye

Durant les travaux de Tripoli, nombreux sont ceux qui se sont demandé quelles étaient
les vraies intentions libyennes en apportant un support financier et logistique aux travaux
? Question d’autant plus justifiée que l’Etat libyen a dépensé pas moins de deux millions
de dollars Us pour l’organisation des travaux en plus de loger et de nourrir la forte
délégation présente à Tripoli durant la semaine entière de la conférence. Une délégation
de près de deux cents personnes constituées de chercheurs, pédagogues, société civile,
etc. venu de 46 pays africains et de sa diaspora (Brésil, Etats-Unis, France).

Sur cette question, le ministre libyen en charge de l’éducation au cours de la conférence


de presse qui a sanctionné les travaux mercredi dernier a clairement fait savoir que cet
apport de son pays n’était pas nouveau. Que depuis la fin des années 60, la Libye avait
déjà montré son intérêt et qu’elle continuera de le faire.

Car si le projet de l’utilisation pédagogique de l’Histoire générale de l’Afrique (Hga) a


bien connu un bon démarrage, il reste qu’il lui faudra une suite dans laquelle la Libye
compte jouer un grand rôle. Un intérêt qui, à en croire des indiscrétions glanées dans les
couloirs de la conférence, ont permis la publication des huit volumes de l’Hga dont la
sortie de la dernière a été célébré ici même en 1999.

Pour sa part, l’Unesco a été «d’un grand apport dans l’accomplissement des phases du
projet de rédaction de l’Hga et de son utilisation dans les programmes scolaires
africains», comme n’a pas manqué de le mentionner Mamadou Ndoye, le vice-président
du comité scientifique. Qui dans son allocution à la clôture de la conférence de Tripoli a
une fois de plus jeté son regard vers l’organisation des Nations unies pour ce qui est du
suivi des résolutions des travaux. Et cela pourrait commencer par le sommet des chefs
d’Etat de l’Union africaine prévu en juillet prochain à Kampala où les chercheurs
espèrent que la présence de Mme Bokova permettra de «rendre compte aux chefs d’Etat
de l’avancement du projet à la lumière des résultats de cette conférence et pour leur
demander de prendre les décisions politiques nécessaires à sa mise en œuvre».

Un souhait qui a toutes les chances d’aboutir, tant l’Unesco a depuis le départ fait partie
du projet de l’Hga. C’est en effet vers elle que s’est tournée l’Oua au moment de la mise
62
en route technique du projet qui visait selon Mme Bokova la réappropriation «de
l’interprétation et de l’écriture de leur histoire et de démontrer la contribution des
cultures africaines au passé et au présent». C’est l’Unesco qui réunira les experts qui
formeront le comité scientifique de l’Hga.

Son effort ne s’arrêtera cependant pas avec le dernier volume de l’Hga paru en 1999. Car
l’Unesco sera appelée «une fois encore à collaborer avec les pays africains dans la
promotion de l’utilisation pédagogique de cette collection» selon Mme Bokova. Ce qui va
permettre à l’organisation de mettre sur pied la seconde phase dont Tripoli constitue le
deuxième temps fort après la réunion du nouveau comité scientifique de Paris en mars
2009. Une phase dont le but selon Mme Bokova est «d’élaborer de nouveaux programmes
d’histoire et des matériels d’apprentissage pour les établissements primaires et
secondaires en soulignant le patrimoine commun aux peuples d’Afrique.»

Projet pour lequel la formation des enseignants, la recherche et les avancées les plus
récentes dans le domaine de l’enseignement de l’histoire sont indépassables. Toutes
choses qui tiennent à cœur la directrice génale de l’Unesco dont le penchant pour
l’Afrique est connu depuis son arrivée à la tête de l’organisation. Mais au sortir de
Tripoli, elle a tenu à faire savoir que son organisation ne fera pas tout, car d’autres
maillons comme le comité scientifique, les points focaux au sein des ministères en charge
de l’éducation ou encore les experts et autres érudits doivent chacun jouer sa partition.
Non sans indiquer que l’action de l’Unesco doit être accompagnée d’une volonté
politique forte de la part des Africains.

Mais en attendant, le sous-directeur Afrique Tidjani-Serpos a indiqué que «cette


conférence est la première d’une série de rencontres destinées à mobiliser pendant au
moins deux ans historiens pédagogues, enseignants, planificateurs de l’éducation et
décideurs politiques africains pour traduire en contenus pédagogiques la masse de
connaissances figurant dans les huit volumes de l’Hga». Une Unesco déterminée à
poursuivre son «rôle d’impulsion, de coordination et de soutien technique» pour les
temps à venir.

3- Les résolutions et recommandations de Tripoli

A l’issue des travaux, le vice-président du comité scientifique Mamadou Ndoye n’est pas
allé par quatre chemins pour indiquer le sillon à creuser pour la réussite du projet de
l’utilisation pédagogique de l’Hga dans les écoles du continent.

C’est ainsi que «Pour les moins de 10 ans, les fondations de l’enseignement de l’Hga
seront bâties à travers des activités d’éveil, de développement et d’éducation de la
petite enfance. Dans les premières années du primaire, cette phase d’initiation sera
poursuivie et développée pour promouvoir l’identité individuelle et collective, les valeurs
sociales, les droits et responsabilités. Cette approche de l’histoire sera basée sur
63
l’observation et l’étude de l’environnement proche et tiendra compte des modes
instructifs d’appréhension des faits historiques à travers les images, les récits vivants et
l’alimentation de l’imaginaire de l’enfant.

Concernant les 10-12 ans, le choix des huit thèmes retenus s’articule aux huit volumes de
l’Hga. Il s’agit d’offrir aux élèves qui quittent l’enseignement primaire un aperçu global
de l’Hga qu’ils pourront plus tard approfondir par eux-mêmes ou avec la poursuite des
études. Cet aperçu part des origines de l’humanité en Afrique jusqu’aux relations
actuelles de l’Afrique avec le reste du monde. Il y est particulièrement souligné d’abord
le génie créateur des peuples africains et les objets civilisationnels qu’ils ont produits
dans divers environnements et époques ; ensuite la réalité et les enjeux de la liberté et
de l’alimentation ; et enfin les fondements du panafricanisme et de la citoyenneté
africaine.

Pour les 13-16 ans, l’approche de l’histoire de l’Afrique s’approfondit en devenant plus
analytique dans une perspective diachronique. L’aperçu général est maintenu mais part
cette fois-ci des méthodologies, de la préhistoire et des civilisations anciennes pour
déboucher sur des organisations régionales africaines et internationales. Les fondements
historiques de l’unité et de la diversité des cultures, langues et objets civilisationnels de
l’Afrique seront mis en exergue.

Pour les 17-19 ans, l’approche des complexifie en croisant la perspective diachronique et
la perspective thématique dans l’étude de l’Hga du volume I jusqu’à la décolonisation, la
construction nationale et le panafricanisme.

Les travaux sur l’élaboration des guides pédagogiques correspondants aux étapes
considérées ont défini les principes et les repères qui doivent présider à leur écriture. Les
guides doivent être faciles d’utilisation ; définir les principes didactiques de
l’enseignement de l’histoire en relation avec des pédagogies actives, participatives,
coopératives et qui mettent l’élève au centre de l’apprentissage.

Les guides doivent recommander une entrée prenant en compte les connaissances, les
compétences, les valeurs et les comportements à promouvoir ; offrir un condensé des
nécessaires savoirs historiques aux enseignants en même temps que des références
bibliographiques pertinentes, voire un glossaire des concepts-clefs de l’Hga ; fournir des
indications pédagogiques sur la construction et la mise en œuvre de séquences
d’enseignement-apprentissage mettant le principe d’apprentissage actif avec quelques
exemples illustratifs ; orienter vers des outils techniques et exercices d’évaluation pour à
la fois mesure les pré requis et les acquis des apprentissages historiques au regard des
différents domaines et niveaux taxonomiques».

Par ailleurs, les participants ont tenu à souligner la nécessité d’une continuation du
travail d’actualisation de l’Hga ; du travail de «décolonisation» linguistique et
64
conceptuelle à travers «une analyse critique des présupposés idéologiques et des
paradigmes épistémologiques qui alimentent des regards aliénants sur l’Afrique» ; ou
encore le «développement d’une stratégie éditoriale qui renforce toute la chaîne
éditoriale tout en offrant un marché captif aux éditeurs africains».

65
Interview

15 juillet 2010

Doulaye Konaté : Il faut rénover l’enseignement de l’histoire en


Afrique
Plus d’une fois, nous avons cru que cet entretien n’aurait pas lieu. La faute à des
impondérables survenus au cours de la rencontre. Une conférence internationale
organisée par l’Unesco à la demande de l’Union africaine et qui avait pour objectif
l’utilisation de l’Histoire générale de l’Afrique dans les écoles du continent. Mais c’était
sans compter avec le respect de la parole donnée de celui qui trône à la tête de
l’association des historiens d’Afrique depuis 2001. C’est donc avec plaisir qu’il nous a
accordé cet entretien où il revient sur les enjeux de l’histoire africaine dans le
développement du continent, la longue marche de son association et son appréciation de
ce qui a été fait et dit du 12 au 16 juin dernier à Tripoli ainsi que la vie du projet au
lendemain de la conférence. Des propos justes, mesurés et sages de celui qui prépare
actuellement sa succession qui devrait intervenir l’année prochaine.

Quelle image garder de cette conférence?

Permettez-moi, avant toute chose de remercier votre quotidien de


m’accorder cet entretien. Pour moi, l’image à retenir de cette
rencontre est celle de ces discussions dans les ateliers. Discussions
au cours desquelles j’ai ressenti, en faisant le tour des six ateliers,
une espèce d’enthousiasme qui comme on le sait est à la base de
tout puisque sans elle, on ne fait rien. Un enthousiasme qui s’est
manifesté chez nos jeunes collègues du secondaire qui ont fait le
déplacement de Tripoli et qui constituent l’épine dorsale de cette
affaire. Donc cet enthousiasme et cette volonté de voir que ce projet d’utilisation
pédagogique de l’Histoire générale de l’Afrique (Hga) répond effectivement à une attente
d’historiens qui ont quelques fois une formation très solide mais qui n’ont pas toujours
l’opportunité de tirer le meilleur profit de leur expérience à travers une rénovation de
l’enseignement de leur histoire. Car c’est en fait de la rénovation du système
d’enseignement de cette discipline qu’il s’agit. Je me suis rendu compte qu’il y a une
forte attente chez les enseignants d’histoire africains, et donc c’est cette image qui me

66
reste en mémoire au sortir de ces travaux.

Quelles sont les principales résolutions et recommandations qui ont été prises à
l’issue de cette conférence d’une semaine ?

Une des recommandations fortes c’est la question politique. J’entends par là la question
de la volonté politique. J’ai senti, toujours chez nos jeunes collègues, une espèce de
scepticisme quant à l’application dans les faits des résolutions prises ici. Je crois
d’ailleurs qu’en Afrique, pour dire les choses telles qu’elles sont, les gens sont un peu
désabusées face à l’institutionnel. Et tout ce qu’on fait, elles se demandent si après un si
dur labeur, les politiques vont tenir parole. Je me dois à ce niveau, pour rendre à César
ce qui est à lui, de dire que ce projet n’est pas celui de l’Unesco qui n’est qu’un
facilitateur. C’est en effet à la demande expresse de l’Union africaine, c’est-à-dire nos
chefs d’Etat, que ce projet est à l’œuvre pour favoriser l’intégration africaine. C’est
donc la question de l’unité africaine qui est en jeu ; une unité par l’entrée culturelle. Ce
faisant, je crois que les chefs d’Etats ont vu juste, car ailleurs, et même avant en
Afrique, on est souvent entré dans la question de l’intégration régionale par le biais
économique. Ce qui a donné des résultats mitigés. Nos dirigeants ont décidé de mettre à
profit cette entrée culturelle, celle de faire de l’histoire un des leviers de l’intégration
dans la mesure où sans conscience collective, sans conscience d’appartenance, il est
difficile de mener à bon port le projet de l’intégration africaine.

Vous parliez du scepticisme de vos jeunes collègues ?

Oui. Je pense que par rapport à cela, nos jeunes collègues, comme beaucoup de citoyens
de nos pays, sont souvent habitués à des résolutions tout à fait lumineuses mais qui
posent presque toujours problème dans leur mise en œuvre. J’ai bien perçu cette
inquiétude chez nos jeunes collègues. Comme vous avez dû le constater, la rencontre a
fait beaucoup de recommandations à l’endroit de l’Unesco. Mais ce n’est pas à cette
dernière qu’il faut les faire ; c’est plutôt en direction des Etats qu’il faille les faire, ce
d’autant plus que c’est eux qui ont commandé le travail, l’Unesco n’étant qu’un
facilitateur.

L’un des points forts de cette rencontre aura été l’expérience brésilienne qui semble
avoir devancé le continent dans l’enseignement des huit volumes de l’Hga dans leurs
écoles. Comment mesurez-vous en tant qu’historien cette avance brésilienne ?

Tout d’abord, je dois dire que j’ai trouvé cette expérience brésilienne formidable. C’est
un peu l’ironie de l’histoire tout en étant un peu logique. Car la question qui se pose est
celle de l’identité, et je pense que nos parents de la diaspora la ressentent plus
vivement. Pour le cas du Brésil, et puisque je parlais de volonté politique tout à l’heure,
67
il y a là bas une loi qui rend obligatoire l’enseignement de l’histoire de l’Afrique à l’école
et pas n’importe quel enseignement ! Ils ont un projet structuré qui nous paraît
exemplaire. Ce qui a aussi été intéressant au cours de cette conférence était de voir que
nos parents de la diaspora nous apportait leur expérience pour nous permettre de nous
réapproprier notre histoire.

En avez-vous alors profité pour jeter les bases d’une synergie pouvant déboucher à
terme sur une relation irriguée et bénéfique pour les deux parties ?

Oui ! Je dois d’ailleurs dire que la première phase de leur projet d’utilisation
pédagogique de l’Hga voudrait que nous fassions le déplacement du Brésil. Leur présence
ici leur a aussi permis de mettre à jour leurs connaissances. Il y a une attente de leur
part par rapport au contenu de l’Hga. Vous êtes sans ignorer que cette histoire de
l’Afrique n’est pas perçue de la même manière à l’intérieur du continent et dans sa
diaspora, ce qui est tout à fait normal. Nos expériences respectives sont appelées à se
mutualiser. J’en profite pour revenir une fois de plus à la question de la volonté
politique. Il serait malheureux que tout s’arrête au niveau de la déclaration. Les
ministères en charge de l’éducation de nos différents pays doivent se donner les moyens
légaux de la traduire dans les faits.

Y a-t-il d’autres résolutions importantes à faire ressortir ?

Oui. Toujours au plan institutionnel, il s’agit de rénover entièrement l’enseignement de


l’histoire et non de procéder à des réformettes. Une telle entreprise demande
d’actionner plusieurs leviers. Vous avez vu que durant cette conférence, les parents
d’élèves étaient représentés, tout comme les associations professionnelles comme la
nôtre, la société civile, les institutions… On a beaucoup insisté pour que les institutions
pédagogiques nationaux soient impliquées de manière forte dans le processus qui est
désormais sur les rails. Surtout dans l’élaboration des guides et des manuels scolaires. On
a aussi demandé que la dynamique soit entretenue au niveau de toutes les institutions qui
ont vocation à travailler sur ces questions.

Une autre recommandation qui me paraît importante est, au plan scientifique,


l’actualisation des huit volumes de l’Hga qui malgré leur solidité qui tient bon au fil du
temps, comprennent des zones qui doivent être revues en tenant compte des nouvelles
découvertes. D’ailleurs, nos aînés dans leur travail ont prévu cela, ce qui est formidable
car ils n’ont pas fermé la porte, mais ont laissé les possibilités d’approfondissement du
travail. C’est là une belle leçon de recherche scientifique. Au cours de nos discussions en
atelier, on a beaucoup insisté sur des points précis, car il ne faut pas continuer à
véhiculer des connaissances périmées. Pour ne citer qu’un exemple, je pense qu’il est
important aujourd’hui d’aborder les questions de la métallurgie du fer de manière
différente de ce qu’on faisait il y a une vingtaine d’années ; on a tellement avancée dans
ce champ qu’il est loin d’être banal, car pendant longtemps, l’Afrique a été exclu de
68
l’invention du fer. C’est une question parmi d’autres qui mérite une mise au point.

Sur le plan scientifique, que prévoit l’agenda post Tripoli ?

Sur le plan scientifique, c’est le plus difficile qui va commencer maintenant. Au vu du


brainstorming qu’il y a eu ici, notamment sur l’approche pédagogique, les questions
scientifiques et organisationnelles, le comité scientifique a examiné les prochaines
phases. Des phases qui vont être en gros l’élaboration des contenus et des guides. Une
phase très délicate comme vous pouvez l’imaginer.

On va l’entamer par le recrutement des compétences nécessaires. Pour être plus précis,
je dirais qu’aujourd’hui, le plus immédiat c’est de trouver les procédures les plus
objectives d’identification de ces ressources humaines là. Pour la suite, il va falloir
planifier les autres activités, car on ne peut pas tout faire en même temps. Il faut donc
s’organiser pour voir la question des contenus et en tirer les leçons pour les guides qui
sont très importants, car beaucoup de choses se jouent au niveau de ces guides. Il ne
suffit pas de faire un programme, encore faut-il accompagner, expliquer à l’enseignant
comment il va animer sa classe. Il faut donc lui indiquer des orientations claires assorties
de maté riels pédagogiques adaptées aux différentes leçons. Sans cela, l’enseignant
navigue à vue. Bien sûr qu’il faudra lui laisser une marge de manœuvre.

Il y a donc un problème de formation ou à tout le moins de recyclage ?

Oui. Vous savez sans doute que dans nombre de nos pays, beaucoup d’enseignants sont
recrutés sans formation d’enseignant. Ils ont tous des diplômes de faculté, mais cela ne
suffit pas. Entre connaître quelque chose et la transmettre, il y a une différence.
D’ailleurs, nombre de collègues chercheurs ont rappelé ici qu’ils n’étaient pas les mieux
indiqués pour la transmission des savoirs. On a souvent tendance à oublier que parmi les
enseignants du supérieur, il y a d’excellents pédagogues certes, mais, et pour rester dans
le système Cames, en dehors des médecins et juristes, nous en sciences sociales ne
sommes pas évalués sur la pédagogie , mais sur la qualité de nos publications. Donc n’est
pas forcément pédagogue tout chercheur brillant.

Quelle est votre définition de l’histoire ?

Il ne faut pas percevoir l’histoire comme la discipline du passé uniquement ; ce serait


alors une définition non seulement restrictive, mais pauvre. Il faut voir l’histoire comme
une discipline qui étudie le changement. L’historien essaye dans son travail de saisir les
sociétés dans leur dynamique. L’histoire n’est donc pas seulement une étude du passé,
mais une étude du passé inscrit dans une chaîne, un continuum. Si l’histoire se contente
d’étudier le passé sans en étudier les dynamiques, alors ce n’est plus l’histoire. L’histoire
pour moi c’est l’étude du changement en ce sens qu’elle doit se situer dans les trois
catégories du temps à savoir le passé, le présent et l’avenir.
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En scrutant les programmes en vigueur dans les systèmes éducatifs africains, l’on
constate que l’histoire a du mal à s’affranchir des autres disciplines qui cheminent
avec elle pour se positionner comme discipline autonome au même titre que la
physique ou les maths par exemple. Est-ce un problème ?

Vous soulevez là un vrai débat qui n’est pas nouveau à savoir le rapport de l’histoire à
d’autres disciplines. Au cours de la conférence de Tripoli, on a beaucoup débattu de la
régionalisation, du découpage régional et cela a suscité beaucoup de débats et de
commentaires, surtout avec des cas comme le Tchad ou la Mauritanie qui sont à cheval
sur plusieurs régions. On voit là la nécessité pour l’historien d’avoir le sens de la
géographie ; j’entends par là la nécessité pour lui de comprendre les usages qu’on peut
faire de la géographie. C’est un peu comme avec la statistique, il en existe plusieurs
usages. Au cours des débats, le géographe français Cocquery nous a rappelé qu’il fallait
faire attention à ces dérapages cardinaux qui peuvent entraîner beaucoup de problèmes.

Mais le fait d’accoler à l’histoire d’autres disciplines à l’instar de l’éducation civique


ou la géographie dans un programme scolaire n’est-il pas un problème ?

L’histoire ne peut pas être une discipline autonome. Je ne sais pas ce que vous entendez
par discipline autonome, mais l’histoire est au carrefour de plusieurs disciplines. Je ne
peux donc imaginer un seul instants l’histoire en train d’être enseignée comme discipline
isolée. Et l’un des points forts justement de l’Hga c’est l’interdisciplinarité. Et oui ! Dans
le premier volume par exemple, le Pr. Joseph Ki-Zerbo a consacré de longs
développements sur l’interdisciplinarité qui va au-delà de la pluridisciplinarité, car quand
on parle d’interdisciplinarité, il s’agit pour un chercheur d’une discipline donnée de sortir
de sa perspective pour tenir compte de celle de l’autre. C’est comme avec cette histoire
de la tolérance. Il ne suffit pas de dire «je vous tolère» et basta ! Il faut en plus faire
l’effort de sortir de sa propre perspective pour essayer de comprendre l’autre.
L’historien doit cet effort sans pour autant qu’il devienne spécialiste d’une autre
discipline. Quand on entreprend cette démarche là, on voit bien qu’on a, tort de traiter
la même matière de façon isolée. L’histoire est un tout. Chacune de ses spécialités
l’aborde sous cet angle.

L’actualité sur le continent à côté de la coupe du monde de la Fifa est constituée par
cette célébration du cinquantenaire des indépendances, qui s’adosse au passage sur
des phantasmes politiques. Dans ce brouhaha festif, on n’a pas beaucoup entendu les
historiens. Et du coup, on se demande s’ils ont voix au chapitre dans les projets de
développement du continent. Quelle place l’histoire occupe-t-elle dans le
développement de l’Afrique ?

70
(Il soupire) Je crois qu’il y a un vrai problème là. En parlant de phantasme, vous n’avez
guère tort. Je crois que nos devanciers dans le champ de l’histoire avaient posé
clairement ce problème. Quand vous lisez par exemple la préface d’Amadou Mahtar
Mbow dans l’un des volumes de l’Hga, l’histoire y est prise comme levier. La question qui
se pose est celle de la conscience historique qu’il est important de bien comprendre.
Question sans laquelle il est difficile pour un individu, a fortiori pour une collectivité, de
bouger. Depuis 1960, on a épuisé tout un lexique dans l’optique du développement sans
toutefois avancer ou obtenir des résultats probants. Il me semble que le temps est venu
de réfléchir profondément à comment pourrait-on donner aux Africains les ressources, les
ressorts nécessaires pour affronter l’avenir. On voit bien que les politiques sont en panne
à ce niveau.

Devant un projet comme les Etats-Unis d’Afrique, cette panne saute aux yeux. Nos Etats
ne sont pas encore rendus au point de s’accorder sur la bonne formule. Je ne reviendrai
pas ici sur les différentes chapelles de pensées sur la question. Face à cette panne, c’est
bien la société civile qui va imposer, et j’insiste sur le mot imposer, la voie à suivre. Cela
ne peut pas se faire en dehors de l’histoire. C’est la conscience historique des Africains,
le fait de se dire «nous ne sommes pas là par hasard, nous avons par le passé fait des
choses ensemble jusqu’à ce qu’une certaine rupture intervienne dans notre histoire
comme la traite atlantique ou la colonisation.»

C’est cette conscience là qui est impérative. Elle peut parfois être brouillée par certains
facteurs, mais le rôle de l’histoire c’est de restituer cette conscience. Quand vous
regardez la façon dont les peuples vivent, notamment dans les zones frontalières, vous
voyez que cette conscience existe bel et bien chez les Africains. C’est à partir de ce
sentiment d’appartenance là que nous pouvons aussi dire «mais c’est pas possible !»
Regardez la géopolitique et vous verrez que presque partout, de grands ensembles
existent sauf en Afrique ! Comment se fait-il que notre continent soit le seul où pour aller
d’un pays à un autre, dans un espace qui est le même, il faut d’abord prendre un visa ? Il
faut arrêter cela. Cela ne se fera pas spontanément, mais sur la base d’une prise de
conscience. Pour tous ceux qui travaillent aujourd’hui à renforcer le projet des Etats-Unis
d’Afrique, la question de la conscience historique, c’est-à-dire amener les Africains à
articuler les trois catégories du temps, est l’un des moyens les plus efficaces.

«Nous avons été ensemble, nous sommes toujours ensemble et nous devons
construire un avenir commun» doit constituer un leitmotiv chez tous les Africains
alors ?

Oui. Car si on n’arrive pas à articuler ces trois catégories du temps, il deviendra difficile
de se réaliser. Une projection, même individuelle suppose que vous sachiez d’où vous
venez, où est-ce que vous en êtes aujourd’hui et où est-ce que vous voulez aller. Si vous
ne vous inscrivez pas dans cette progression là, alors il devient difficile de fonctionner.
Je crois que notre problème actuellement en Afrique est celui-là. Regardez les Asiatiques
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par exemple. Il y a 50 ans, nous étions au même niveau de développement. Le ressort qui
leur a permis de rebondir c’est cette conscience historique. C’est pourquoi la question
actuelle de l’apprentissage de l’histoire est essentielle. Aux Etats-Unis, l’histoire est
intégrée à l’enseignement de l’instruction civique. Un individu qui n’a pas la conscience
historique ne peut pas être un acteur de développement.

Vous êtes depuis 2001 le président de l’Association des historiens africains. Qu’est-ce
que c’est ?

L’Association des historiens africains (Asha) qui a été créé en 1972 à Dakar participait de
la même dynamique que l’Histoire générale de l’Afrique. C’était la même idée à savoir
mettre les historiens africains en synergie, éviter l’isolement parce qu’il n’y a pas plus
terrible que l’isolement pour un chercheur. Car figurez-vous que même aujourd’hui, en
cette heure d’Internet, il est très difficile de communiquer. Pour tout vous dire, cette
étude que j’ai coordonnée sur l’Hga n’a pas été simple. J’ai travaillé avec votre
compatriote Issa Saïbou de l’Université de Maroua et il pouvait arriver que, lorsque
j’attendais un texte de lui, il y ait des problèmes de connexion. Tout ça pour dire que nos
devanciers avaient pris conscience de ce danger-là en mettant sur pied cette espèce de
réseau non seulement de solidarité entre les historiens, mais aussi pour mettre en
congruence leurs travaux. Et ce faisant, ils restaient dans la perspective panafricaine, de
l’histoire africaine et non pas de l’histoire tribale.

Il nous est revenu que le Cameroun a joué un rôle de premier plan au sein de votre
association. Est-ce vrai ?

Tout à fait ! Et je tiens à le souligner puisque vous m’en donnez l’occasion. Je salue et
rends hommages aux autorités camerounaises de l’époque. Parce que votre pays a
accueilli le deuxième congrès de l’association en 1978. Ce fut d’ailleurs un événement de
très grande ampleur à l’époque.

Avec notamment cette sortie inoubliable de Cheik Anta Diop ?

Oui. Il avait fait une conférence mémorable à Yaoundé. Pour en revenir aux autorités
camerounaises, elles nous ont soutenu dans nos moments difficiles car entre 1972 et le
congrès de la renaissance en 2001, l’Asha a connu une léthargie pour des raisons que je
ne peux pas évoquer ici. Vos autorités ont donc donné asile à Afrika Zamani, notre revue
qui est en fait l’âme de l’association. J’en profite pour rendre hommage appuyé à des
collègues de chez vous comme Thierno Bah ou Emmanuel Nghomsi. Parce que pendant les
20 ans de traversée du désert, cette revue a continué de paraître grâce aux subsides du
gouvernement camerounais.

Quels sont aujourd’hui les acquis de l’Asha ?


72
Le premier il est au niveau humain. Vous avez remarqué que lors de la conférence de
Tripoli, les collègues se reconnaissaient, ce qui n’est point un hasard parce qu’on n’a pas
fait les mêmes universités. On est dans un réseautage. Et ça aussi, je crois qu’il faut que
les Africains fonctionnent comme les autres.

Aujourd’hui, la communication est la base de tous. Les gens ne se sentent plus seuls dans
leur coin. Votre compatriote Issa Saïbou par exemple, nous sommes en communication
presque tout le temps. Nous venons par exemple de perdre l’un de nos doyens, votre
compatriote Zachary Njeuma qui était l’un des acteurs de l’association. Lors de mon
élection à Bamako en 2001 à l’issue du congrès de refondation, il est venu me féliciter en
me disant «Konaté, nous te faisons confiance, nous tenons beaucoup à l’association».
C’est un propos qui m’a ému et m’est resté en mémoire.

En dehors de cet aspect humain, il y a le travail. Nous avons cependant beaucoup de


problème comme celui d’un secrétariat permanent que nous avons réclamé car le
volontariat a ses limites. Sinon en terme d’acquis, nous avons publié tous les congrès que
nous avons tenus. Entre les congrès, nous avons des activités comme la revue de l’Hga qui
est la plus récente. On a des programmes qui sont arrêtés à chaque congrès avec des
activités précises, mais nous avons beaucoup de mal à financer les activités.

A chaque fois, nous nous adressons aux Etats pour ce qui est du financement, et
malheureusement ces derniers ont beaucoup de problèmes. Nous essayons d’avoir des
subsides là où c’est possibles comme avec l’Unesco qui elle-même est plus facilitateur
que financeur. On s’efforce néanmoins de mener nos à bien nos activités. Nous avons un
certain nombre de projets phares. Nous sommes par exemple très attaché à la question
de l’intégration et avons un projet qui a pour but de faire le point au niveau de chaque
région et de voir comment l’historien peut apporter sa contribution à la question.

A voir l’implication de la Libye dans l’organisation de cette conférence, on se


demande si ce pays ne va pas interférer dans la suite des travaux et même empiéter
sur le domaine scientifique. En tant que membre du comité scientifique, avez-vous
une réponse à cette inquiétude ?

C’est un peu pour éviter toute sorte de confusion que nous avons insisté pour que les
médias soient présents ici à Tripoli. Vous avez pu interroger qui vous vouliez, fréquenter
toutes les sessions, accéder à tous les débats et vous avez vu que nous avons invité des
collègues non africains. Je peux donc vous donner des assurances à ce niveau. Je pense
aussi qu’il faut rendre justice à nos hôtes qui ont financé l’œuvre elle-même, car c’est
eux qui ont financé la publication des volumes, ce que les gens ne savent peut-être pas.
C’est toujours ici que nos devanciers sont venus fêter la fin de la première phase avec la
publication du 8è volume en 1999. Il ne faut pas toujours chercher le mal là où il n’est
pas. Bien plus, la composition du comité scientifique est une indication que la science ne
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cèdera pas. Les enjeux ici sont simplement d’ordre scientifiques. Il faut simplement que
nous puissions tous en être à la hauteur. On ne pourra jamais faire fi des soupçons
idéologiques, mais il reste aux scientifiques de tenir bon. L’équipe du comité scientifique
est inflexible et vous ne voyez pas son président Elikia Mbokolo tergiverser ou faire des
compromis sur des questions scientifiques, car ce n’est pas son style. On est décidé à
maintenir le cap de ce qui est l’indépendance scientifique de cette opération. Vous
pouvez nous faire confiance.

A partir de quand peut-on s’attendre à voir l’utilisation pédagogique de l’Hga


effective dans les écoles africaines ?

C’est difficile à dire, car c’est l’Unesco qui est le maître d’œuvre de cette affaire. C’est
elle qui établit l’agenda sous les indications du comité scientifique. Mais tout dépendra
de la volonté politique qui va se manifester. Il faut que nos dirigeants aillent au-delà de
la commande et prennent la décision que nous souhaitons tous. La Libye a une fois encore
mis la main à la poche cette fois, mais d’autres Etats du continent doivent faire de même
car il s’agit là d’une opération très lourde. Il est donc difficile aujourd’hui de donner des
délais. Plus tôt on financera les différentes étapes, plus vite ça ira. Le volontarisme a ses
limites. Quand vous demandez à des collègues de rédiger les manuels, quelque soit leur
engagement, il piochent sur leur temps de travail, sacrifient d’autres choses à faire et
doivent pour cela être motivés. Il y a ensuite la formation qui nécessite des fonds pour
payer les formateurs. Etc. Toutes ces opérations nécessitent de l’argent. Le comité
scientifique fera son travail.

Entretien mené à Tripoli par Parfait Tabapsi

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22 Jul 2010

INTERVIEW DE CATHERINE COQUERY-VIDROVITCH


Depuis 1962, la septuagénaire a bravé nombre d’obstacles et de
tabous en France pour donner corps à une passion qui est loin de
prendre fin.

A l’aéroport international de Tripoli le 18 juin dernier, c’est une


Catherine Coquery-Vidrovitch claudicante que l’on a vu à
l’embarquement. Où au bras de son mari elle accomplissait les
formalités de départ. Départ après une après dix jours de résidence
dans la Jamahiriya où elle était venue avec des collègues africains
et français participer à la conférence de l’Unesco sur l’utilisation
pédagogique dans les écoles du continent des huit volumes de
l’Histoire générale de l’Afrique (hga) éditées par l’Unesco à la
demande de l’Oua entre 1964 et 1999.
A ceux qui s’inquiétaient de sa cheville endolorie, elle n’aura que
ces propos emprunts d’optimisme : «ce n’est rien ; je me suis foulé
la cheville en visitant un site historique ici. Je suis sûr que dans
quelques jours, ce ne sera plus que de l’histoire ancienne». Avant de fondre dans un rire sarcastique qui
passe pour être une signature que beaucoup en Afrique connaissent déjà. Puis de prendre son avion à
destination de Paris avec escale à Tunis, et où ses élèves de Paris VII Diderot doivent avoir rendez-vous
avec elle pour des séminaires de thèse.

A eux, comme à d’autres, elle ne manquera pas de dévoiler son amour pour l’Afrique, du moins son histoire.
Car cette dame d’un certain âge -qui a arpenté durant les cinq jours les couloirs de conférence de Tripoli avec
son sac d’écolier en bandoulière- en connaît un rayon sur une histoire qui au lendemain des indépendances
n’emballait pas ses collègues français, à l’exception sans doute de Yves Coppens qui «fut l’un des tout
premiers, sinon le premier à faire découvrir au monde que l’histoire de l’Afrique n’était pas une Afrique
première, mais bien la première histoire du monde, à tout le moins chronologiquement, et donc aussi la plus
longue du monde - même s’il ne s’agit que de quelques millions d’années de plus que les autres.»
En ces années-là, celle qui était prof au lycée de Chartres ne se doutait pas qu’elle prendrait bientôt le
chemin de ce continent. Et ce bien qu’elle ait toujours su «depuis 10 ou 11 ans» qu’elle serait historienne. Et
pour avoir grandi dans une famille où les sciences dures étaient la chose la mieux partagée, ce ne fût pas
mince comme vocation. Mais en ce début de 1960, c’est sa thèse sur l’histoire médiévale française qui la
préoccupe. Jusqu’à ce que son mari, géographe, soit envoyé en service militaire à Oran en Algérie où la
France fait face à une résistance farouche d’indépendantistes prêts à en découdre pour retrouver leur dignité
bafouée par une colonisation dure agrémentée de massacres comme celles de Sétif. Elle se rend donc aux
côtés de son chéri pour lui apporter cette chaleur manquante à tout combattant.

Une fois sur place, elle décide de se consacrer à l’histoire de l’Algérie. Sans doute du fait de la souffrance
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qu’enduraient les populations et qui lui rappelaient son histoire. Une histoire personnelle des plus cruelles, car
la deuxième guerre lui a arraché son père et ses deux grands-pères dont l’un fut «gazé à Auschwitz», un
camp nazi. Car durant l’occupation, elle fût considérée comme étrangère en France, son pays. Cela du fait
d’un délit de faciès parce que sa famille d’ascendance juive venait de la Russie.
Mais à Oran, la vie n’est pas facile pour la chercheure. Qui doit faire aux Oas qui sabotent le peu d’archives
existantes. Alors, elle se débrouille sans toutefois aboutir à quelque résultat, car déjà, les accords d’Evian
sonnent l’hallali d’une guerre qui n’avait que trop duré.
Le couple Coquery retourne donc au bercail où le destin va lui envoyer un signal. Signal qui prendra le visage
de Henri Brunschwig alors directeur d’études à l’Ecole pratiques des hautes études -qui deviendra l’Ecole des
hautes études en sciences sociales (Ehess) en 1975. «Il cherchait un assistant. Je me suis dit pourquoi pas
moi ?». Elle quittera donc Chartres pour aller s’abreuver à cette nouvelle source qu’elle n’a plus quittée
depuis.

Passion africaine
A Tripoli durant la conférence, elle ne manquait pas d’aller au contact, découvrant toujours avec beaucoup de
plaisir ceux des rares confrères du continent qu’elle ne connaissait pas jusqu’ici. Comme le Camerounais
Michel Biok qui, bien que l’ayant lue et appréciée, n’avait pas jusqu’ici croisé sa route et découvert toute «la
simplicité» d’une dame qui arpente pourtant le continent sans discontinuer depuis son premier voyage
d’Alger.
Une passion qui lui a permis de découvrir que «l’homme - enfin disons l’être humain, car Lucy était une fille -,
a commencé à penser par les pieds, puisque c’est en descendant de son arbre qu’il a dû se dresser de toute
sa hauteur pour chasser, ce qui lui a fait découvrir l’horizon, et donc se poser des questions existentielles sur
ce qu’il ne comprenait pas». A Tripoli aussi, elle continuait de donner corps à une idée qui ne l’a plus quitté
depuis 1962 et qui veut que «on a beau lire sur un pays, mais si on ne le visite pas, on ne le connaîtra pas
vraiment».
C’est pourquoi elle ne rechigne jamais à faire un tour en Afrique. Et depuis 1972, elle y vient pratiquement
tous les ans. Avant cela, elle venait par à coups. Comme en 1965 quand elle fit son premier voyage en
Afrique noire. Après un premier séjour à Niamey, elle passa quatre mois entre Libreville et Brazzaville dans le
cadre de sa thèse sur «Le Congo au temps des grandes compagnies concessionnaires 1899-1930» qu’elle
allait achever en 1970. Un travail de terrain qui allait aussi l’amener aux Archives nationales de Yaoundé en
1967 pour son premier voyage au Cameroun.

Même les événements de mai 1968 ne l’arrêteront pas puisque après l’éclatement de l’université, elle
prendra, avec d’autres collègues, le chemin de Paris VII qui avait pris l’option de la pluridisciplinarité avec
cette section «Géographie, Histoire et Sciences de la société» qui donna l’occasion à «une conjonction
exceptionnelle de spécialistes des pays du Sud, qui nous a permis, et qui m’a permis en première ligne de
lutter pour ce que nous voulions faire et qui n’était reconnu alors ni par les disciplines ni par le Cnrs :
l’interdisciplinarité et le comparatisme», explique-t-elle. Profitant de cette embellie, elle mettra d’ailleurs sur
pied le fameux laboratoire dénommé «Sciences en développement études transdisciplinaires» (Sedet). Une
approche qui ne plaît pas aux autorités administratives, mais qui va favoriser le rapprochement avec les
départements d’histoire des universités africaines avec la naissance des conventions directes.
Des conventions qui ouvriront la voie à la formation d’une nouvelle race d’historiens africains dont les
universités du continent noir avaient le plus grand besoin. Une race avec laquelle elle restera en contact et
dont elle a rencontré une partie à Tripoli. En cette décennie 70, elle multiplie des écrits aussi bien sous la
forme d’articles pour des revues comme le Cahier des études africaines. Une occupation qui ne passe pas
inaperçu aux yeux de confrères outre-atlantique comme Immanuel Wallerstein qui lui offrira l’occasion, à partir
de 1981, de séjourner six semaines par an à la New York State university (Nysu) pour les 27 années
suivantes. Endroit où elle donnera sa contribution dans les études en cours là-bas sur les pays du Sud.

Souffrances
Dans le même temps en France, une ségrégation fait rage. Eclairage : «j’ai eu pendant peut-être les ? de ma
carrière le sentiment, peut-être exagéré, de faire partie d’une minorité apparemment négligeable, et
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assurément négligée. Mes collègues et moi étions, et nous sommes encore pour beaucoup restés
collectivement minoritaires dans la conception de notre discipline et de nos recherches». Ce à quoi il faut
ajouter le fait qu’elles n’étaient pas nombreuses les femmes intéressées par la recherche. Déjà, au lendemain
de l’éclatement de la Sorbonne, elle avait été qualifiée avec les collègues de Paris VII de «Rouge» pour son
franc parler et son choix durant la guerre d’Algérie. «Cette réputation plutôt incendiaire et, à mon avis, surfaite
m’a poursuivie longtemps.

Comme m’en a informée gentiment un jour un membre du Comité scientifique de l’Université de l’époque, je
le cite : je «traînais une casserole», en l’occurrence en m’étant positionnée contre le recrutement de Bernard
Lugan, historien africaniste révisionniste (pour ne pas dire plus) pourtant bien connu dans la profession»,
explique-t-elle aujourd’hui. Si elle n’a pas foulé le sol du Cameroun depuis quelques années, il reste que le
pays l’intéresse. «Je me suis souvent demandé comment les intellectuels camerounais pouvaient être si
percutants en vivant et en travaillant dans des conditions aussi difficiles. Leur qualité d’historien me marque».
Sur l’Afrique, elle pense que le salut viendra du panafricanisme. Quoiqu’il en soit, «le 21è siècle ne sera pas
européen, sauf s’ils reçoivent plein d’étrangers. Ce siècle a toutes les chances d’être africain, surtout avec
des potentialités non négligeables comme la démographie, la créativité. Dans le court terme, c’est difficile,
mais sur le long terme tout est possible. Ce siècle va être très intéressant en Afrique, ça peut aller très vite».
Un pari insensé ?

Repères

Professeur émérite à Paris VII-Diderot


74 ans
1962 : premier voyage en Afrique
1970 : thèse sur «Le Congo au temps des grandes compagnies concessionnaires 1899-1930»
1999 : Distinguished Africanist Award par l'African Studies Association
14 avril 2008 : Commandeur dans l'Ordre National de la Légion d'Honneur
2002-2005 : Membre du bureau du Congrès international des Sciences historiques (Cish)

Parfait Tabapsi

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Diplomatie Hors Série 12

Juin-juillet 2010

Une histoire générale de l’Afrique

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