La musique, langage universel.

Au cours d’un été nous campions au bord d’un lac canadien. La nuit était tombée,
nous avions dîné. Nous étions neuf en tout : cinq adolescents, mon mari Jean Pierre, moi et
nos deux filles, Charlotte qui avait seize ans et Dorothée qui en avait douze.

J’avais sommeil. Je les ai laissés autour du feu et je suis allée dans la tente. Pendant
que je me préparais à me coucher j’ai entendu une suite formidable de détonations. Nous
campions dans le creux d’une grande dune de sable qui descendait jusqu’à l’eau. Je suis
sortie et j’ai vu un spectacle incroyable : trois puissantes motocyclettes qui absorbaient la
pente raide de la dune dans des tourbillons de sable et un cataclysme de bruits. La panique
m’a prise. Je croyais que c’était la police qui venait faire éteindre notre feu, ou Dieu sait
quoi. Les motos se sont arrêtées à dix mètres de notre campement. Ce n’était pas la police
mais trois très jeunes hommes, dans les vingt-deux ans, habillés de cuir noir, avec de gros
dessins colorés sur leurs blousons.

Les machines étaient magnifiques, les flammes faisaient briller leurs chromes par
éclats, les garçons étaient effrayants, dangereux, les yeux froids dans des visages
enveloppés de casques et de mentonnières. J’étais en retrait, je voyais la scène. Je
m’attendais au pire.

Les enfants sentant le danger, s’étaient levés. Ils restaient immobiles. Jean Pierre
avait fait un pas vers eux : « Hello, Good evening. »
Pas de réponse. Ils sont venus près du feu. Tout le monde était debout. Cela a duré
un moment. Puis les enfants ont commencé à s’asseoir. Les trois motocyclistes aussi.
Grégoire a pris son banjo, Alain sa guitare, ils se sont mis à gratter. Charlotte a fredonné la
chanson « One more blue and one more grey. » Les trois motocyclistes ont souri. On a
offert des oranges. Alors a suivi l’une des soirées les plus intéressantes que j’ai vécues ces
dernières années. Ils ont raconté qu’ils étaient tous les trois des électroniciens, qu’ils
habitaient Detroit et que chaque vendredi soir ils partaient sur leurs engins le plus loin
possible, à toute vitesse. En général le soir ils essayaient de trouver des campeurs avec un
feu allumé pour faire cuire leur dîner. Mais c’était difficile. Ils étaient généralement mal
reçus. Les campeurs sont souvent armés et dangereux. Ils ont parlé de leur vie, de ce qu’ils
voulaient, de ce qu’était l’Amérique pour eux.

Le matin ils ont tenu à faire la vaisselle et le ménage du camp. Puis, pour nous
remercier, ils ont organisé dans les dunes le plus fantastique carrousel. Leurs motos se
cabraient comme des chevaux, dévalaient les pentes, faisaient naître des feux d’artifice de
sable, jusqu'à ce que nous les ayons perdus de vue. Ils étaient magnifiques.

Marie Cardinal, La Clé sur la porte, Grasset.

Questions de compréhension. (10pts)

1- a) Où et quand se passe l’action? (1pt)

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b) Qui en sont les personnages ? (1pt)

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2- a) Quelle est, au début, la réaction des campeurs devant les nouveaux arrivants ?
(1pt)

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b) Qu’est-ce qui a provoqué cette réaction ? (1pt)

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3- a- Relisez la phrase aux lignes 20 et 21. Quel est le sujet du verbe « a suivi » ? (1pt)

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b- Ils passent tous la soirée ensemble. Que font-ils durant cette soirée ? (donnez 3
réponses). (1.5pt)

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c- Qu’est- ce qui avait changé ainsi l’atmosphère ? (1pt)

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4- a) Comment les motocyclistes ont-ils remercié les campeurs ? (1.5pt)

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b)De quoi voulaient-ils les remercier ? (1pt)

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Bon Travail 