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Alfred Wahl

Gilbert Andrieu, L'Éducation physique au XXe siècle : une


histoire des pratiques, Paris, Librairie du sport, 1990, (Les
cahiers de l'EPS)
In: Histoire de l'éducation, N. 53, 1992. pp. 136-137.

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Wahl Alfred. Gilbert Andrieu, L'Éducation physique au XXe siècle : une histoire des pratiques, Paris, Librairie du sport, 1990,
(Les cahiers de l'EPS) . In: Histoire de l'éducation, N. 53, 1992. pp. 136-137.

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136 Comptes rendus

groupe apparaissent comme les valeurs dominantes mises en avant


par les réponses ; C. Dufrasne estime qu'elles ont, depuis, imprégné
la jeunesse tout entière, et que le mouvement ajiste a donc été, en
quelque sorte, victime du succès de ses idéaux.

Pierre Caspard

ANDRIEU (Gilbert). L'Education physique au XXe siècle : une


histoire des pratiques. Paris : Librairie du sport, 1990. 126 p.
(Les cahiers de l'EPS)

Les enseignants des UFRAPS affectionnent de se pencher sur


l'histoire des pratiques de l'éducation physique à l'école, donc sur le
passé du métier de professeur d'éducation physique et sportive.
Gilbert Andrieu a le mérite d'annoncer clairement la couleur ; dans
son petit livre figurent de nombreux éléments de son expérience per
sonnelle, ce qui atteste un haut degré d'implication dans son sujet.
L'histoire de l'EPS s'articule autour de quatre parties globale
ment équilibrées. La première rend compte des multiples courants
visant à améliorer « le capital humain » entre 1880 et 1913. La
seconde s'étend jusqu'en 1935 ; la tutelle scientifique, celle des
médecins, s'est imposée aux dépens de la tutelle militaire, avec pour
conséquence la mise en place d'une formation des cadres. De même,
un fossé provisoire s'est creusé entre les sportifs et l'éducation phy
sique. La troisième période s'ouvre avec l'oeuvre du Front popul
aire, puis celle de Vichy ; elle s'achève en même temps que la
Quatrième République. C'est dire ici le rôle du facteur politique.
Pour finir, l'auteur analyse les tendances et les actes mis en oeuvre à
l'ère gaullienne : déjà confondu avec l'éducation physique lors de la
période précédente, le sport devient alors l'essentiel du contenu.
L'auteur est très à l'aise dans l'exposé des courants et des ten
dances de la discipline qu'il résume magistralement. Il a su faire un
choix des textes essentiels, les plus significatifs. Peut-être aurait-il
pu en renvoyer en note pour alléger les démonstrations. Il a, par
contre, rencontré quelques difficultés à inscrire le développement de
l'EPS dans le contexte et dans l'esprit du XIXe siècle. Les touches
historiques générales paraissent parfois plaquées arbitrairement au
milieu d'une démonstration. Rappelons aussi qu'à partir de 1890
environ, l'ère du scientisme et du positivisme est déclinante. C'est là
précisément que le mouvement sportif prend son élan en France.
Cela étant, ce manuel de G. Andrieu deviendra l'une des réfé
rences indispensables pour les étudiants de STAPS, pour les histo-
Comptes rendus 137

riens aussi et pour quiconque s'intéresse à une discipline qui montre


une vitalité et un dynamisme exceptionnels au sein des universités et
des établissements d'enseignement secondaire.

Alfred Wahl

DU SORBIER (Françoise) (Dir.). Oxford 1919-1939. Un creuset


intellectuel ou les métamorphoses d'une génération. Paris :
Éditions Autrement, 1991. 287 p. (Mémoires, 8.)

Dans une collection consacrée aux « lieux-symboles » et souhai


tant rendre compte de « l'histoire des idées, des sensibilités, des
créations dans le monde », le choix d'Oxford s'imposait. D'autant
que la période choisie - l'entre-deux-guerres - permet d'étudier la
« cité des clochetons rêveurs » dans une phase de profond boulever
sement.C'est, en effet, le premier trait qui ressort de cette gerbe
d'études et de témoignages réunis par Françoise du Sorbier : le
« creuset intellectuel » a connu alors une mutation décisive et a
démontré, somme toute, sa capacité d'adaptation. Droit de regard,
désormais, du gouvernement, apparition des jeunes filles, arrivée
d'élèves issus de catégories sociales moins privilégiées et, de ce fait,
modification de la sociologie du lieu, les défis étaient pourtant de
taille pour une institution chargée d'ans et de traditions.
Si l'analyse d'une telle mutation confère déjà à l'ouvrage un réel
intérêt, en raison de la qualité des textes réunis, cet apport ne
s'arrête pas là. C'est aussi le rôle de foyer culturel qui est mis en
lumière : foyer par la tradition universitaire qui s'y incarne et s'y
perpétue, assurément, mais aussi par les sensibilités littéraires qui y
mûrissent et s'y affinent ; terreau de professeurs et de savants,
Oxford fut aussi, à cette date, une pépinière de futurs écrivains et de
poètes en herbe.
L'éveil culturel se doublait parfois d'un apprentissage politique.
Ce qui nous vaut dans ce livre plusieurs solides mises au point. Face
au choc de la Première Guerre mondiale - 2 700 anciens élèves tués
au combat - puis à la crise des années 1930, Oxford est moins une
microsociété en vase clos qu'une caisse de résonance. Le pacifisme,
notamment, est présent mais, au terme d'une analyse serrée et
convaincante, l'un des apports majeurs du livre est de démontrer que
l'image d'un lieu devenu alors « un bastion du pacifisme » relève du
mythe. La fameuse motion pacifiste « King and Country » de février
1933 est ainsi remise à sa véritable place, celle d'un « épisode relat
ivement mineur ». Sur ce point comme sur bien d'autres, les études

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