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du laminoir crée en 1862 la plusieurs entreprises régionales

ETUDE Société du Chemin de Fer de et embrasse une carrière poli-


Braine-le-Comte à Gand. Ce tique au sein du parti libéral.
La destruction des projet nécessite plus de fonds Conseiller communal puis
hauts-fourneaux des que prévu. A ce moment appa- échevin de La Louvière en
anciennes usines Boël raît Gustave Boël. Né dans une 1880, il en devient le bourg-
Un peu de La Louvière famille nombreuse originaire mestre entre 1881 et 1884 et est
qui disparaît...1 du Tournaisis, celui-ci débute également sénateur de l’arron-
sa carrière comme comptable dissement de Soignies en 1883
Un fleuron industriel au sein des établissements et de 1892 à sa mort en 1912.
Boucquéau. Selon la tradition,
En 1853, Ernest Boucquéau est
alors que son projet ferroviaire Les usines poursuivent leur
autorisé à construire à La Lou-
mène Ernest Boucquéau au développement. En 1913, l’en-
vière une usine afin d’y éla-
bord de la faillite, Gustave treprise comptait deux hauts-
borer la fonte et d’y fabriquer
du fer. L’usine s’installe au Boël, devenu directeur de l’éta- fourneaux, deux batteries de
milieu d’une région charbon- blissement, lui apporte l’aide quarante et un fours à coke,
nière, en bordure de l’embran- financière indispensable pour une aciérie Thomas (à partir de
chement du canal de Charleroi sortir de ce mauvais pas. 1903) à trois convertisseurs,
à Bruxelles et à proximité des laminoirs, une aciérie
immédiate du chemin de fer de Boucquéau lui en sera recon- Martin, des forges, une fon-
Mons à Manage. L’usine prend naissant et lui léguera ses avoirs derie d’acier avec ateliers, une
le nom de Fonderies et Lami- à son décès, le 16 juillet 1880. division boulonnerie, etc...
noirs Ernest Boucquéau. L’entreprise ne cesse de pros- Démantelée et démolie au
pérer et compte 1200 ouvriers cours du premier conflit mon-
En vue d’assurer un débouché en 1897. Dans le même temps, dial, l’usine connaît des travaux
à son entreprise, le propriétaire Boël renforce sa présence dans de reconstruction dès 1919

Fig. 1. - Le site des hauts-fourneaux, années 1930 (© Collection Archives de la Ville de La Louvière).

1 Nous remercions vivement pour leur collaboration Duferco La Louvière ainsi que Messieurs P. Chevalier, A. Gozzi, E. Henrard,
P. Kalek, A. Lembourg et F. Moreau.

Illustration de la couverture : Vue d’ensemble du site restauré du Bois du Cazier (© Serge Verheylewegen).

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avant une remise en marche par un blooming de 850 mm de trains de roues. On comptait
complète en 1924. Le dévelop- suivi d’un train de 580, un train aussi une boulonnerie compre-
pement est impressionnant. à tôles fortes, un train universel nant presses à boulons,
Les deux hauts-fourneaux, ali- à larges plats, un train de 305, machines à tire-fond et tarau-
mentés par deux batteries de un train à fil. Les divisions derie à écrous. De 1930 à 1940,
fours à coke, produisaient Forges et Fonderies, alimentées l’intégration et l’augmentation
200 000 tonnes de fonte par an par une aciérie Martin de trois de production furent poussées
et l’aciérie Thomas, avec trois fours de 12 tonnes, compre- activement par la construction
convertisseurs de 15 tonnes, naient un laminoir à bandages d’une agglomération de mine-
produisaient 200 000 tonnes et essieux, une aciérie de mou- rais, d’un concassage de mine-
d’acier ; ce dernier était laminé lage et un atelier de fabrication rais, de deux nouveaux hauts-

Fig. 2. - Atelier Boël : assemblage de pièces coulées et usinées en atelier, années 1930 (© Collection Archives de la Ville de La Louvière).

fourneaux (1930-1937), d’une transformations font que, de 3 500 ouvriers vers 1985, pour
nouvelle batterie de fours à 1947 à la fin du siècle, la pro- seulement 1 200 en 2002).
coke (1931), d’un four à arc de duction mensuelle d’acier Alliances et reprises se succè-
25 tonnes (1935), l’adjonction passe de 30 à 120 000 tonnes. dent : le groupe hollandais
d’un quatrième convertisseur et A la fin des années 1940, l’en- Hoogovens en 1997 avant le
l’agrandissement des cornues treprise comptait près de 3 200 trader italo-suisse Duferco en
existantes (1938), la modernisa- ouvriers, parmi lesquels un 19992.
tion du moulin à scories, le important pourcentage de
développement de la centrale. main-d’œuvre étrangère. Tou-
Les hauts-fourneaux
La progression, freinée par la jours prospères dans les années
Seconde Guerre mondiale, va 1970, les Usines Boël vont Symbole par excellence du
reprendre de plus belle après le connaître la crise et les suppres- caractère industriel de La Lou-
conflit. Les modernisations et sions d’emplois (on dénombre vière, le site des hauts-four-

2 On consultera notamment à ce sujet : A.-M. DUTRIEUE, « Boël Famille », in G. KURGAN, S. JAUMAIN, V. MONTENS, Diction-
naire des patrons de Belgique, De Boeck, Bruxelles, 1996, pp. 60-64; M. HUWE, F. MENGAL, F. LIENAUX, Histoire et petite histoire de La
Louvière, La Louvière, 1984, t.I, pp. 426-442; Usines et industries, 1968, n°22-23; Usines Gustave Boël, La Louvière, s.d.; Journées « Portes
ouvertes » aux Usines Gustave Boël, La Louvière, 1984; Valise pédagogique Boël (Ecomusée régional du Centre); C. FAVRY, La cantine
des Italiens, Labor, Bruxelles, 1996.

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neaux date du début du de préparation des charges et pour cette entreprise. Une cam-
20e siècle. La mise à feu du pre- les monte-charges, les plan- pagne d'interviews menée
mier haut-fourneau a en effet chers de coulées, les stations auprès de quelques ouvriers3,
lieu le 8 février 1913. Un d'épuration des gaz ainsi que des reproductions de docu-
second est construit approxi- les cowpers (production de ments mais aussi une impor-
mativement au même moment vent chaud). Couchées par tante collection iconogra-
et les quatre autres sont dynamitage, les structures phique le composent aujour-
apparus respectivement en seront ensuite découpées. Les d'hui. Cette dernière est consti-
1930, 1939, 1958 et 1972. Un ferrailles seront alors orientées tuée de cartes postales et de cli-
terme ayant définitivement été vers le four électrique. Les chés anciens mais aussi de
mis à leur activité entre 1996 et réfractaires, les non-ferreux et prises de vues actuelles. En une
1997, les responsables de certaines parties de machines année, nous avons en effet
Duferco ont aujourd'hui décidé seront récupérés et proposés à photographié les structures
de les démolir. Différents argu- la vente. Le chantier sera super- existantes, les hommes et les
ments ont été avancés parmi visé et contrôlé par le Service machines ainsi que les sites de
lesquels les aspects : de sécu- Public Fédéral (Emploi et Tra- la Société anonyme de Fabrica-
rité, d’esthétique, économiques vail) ainsi que par le Comité tion des Engrais Azotés (SA
(la démolition équivaudra National pour la Sécurité et FEA) et de la boulonnerie. Un
l'Hygiène dans la Construc- accord de collaboration avec
selon les estimations à la récu-
tion. les responsables de Duferco
pération de 15 000 tonnes de
nous permet également de
ferrailles qui serviront de
Un travail de préserva- suivre au plus près la destruc-
matière première pour le four
tion du patrimoine tion des hauts-fourneaux. Ce
électrique) et stratégiques
faisant, les Archives de la Ville
(récupération d'un plateau de En 2002, les Journées du Patri- de La Louvière répondent à
5,2 hectares proche de l'aciérie moine étaient consacrées au l'une des tâches qu'elles se sont
et des voies de chemin de fer monde du travail. A cette occa- fixées depuis 1998. Avec
internes). sion, les Archives de la Ville de l'appui de leur Collège, elles
La Louvière s'étaient penchées visent en effet à préserver ce
Le chantier visera à ramener sur la sidérurgie et, en particu- qui fait ou a fait l'Histoire des
l'ensemble à un niveau « zéro » lier, sur les anciennes usines communes de l'actuelle entité
en démontant les structures et Boël. Les contacts noués et les louviéroise.
en remblayant les excavations. recherches menées depuis lors
On verra donc disparaître les ont peu à peu permis la consti- Thierry DELPLANCQ
hauts-fourneaux, les stations tution d'un fonds spécifique Archiviste de la Ville de La Louvière

Archives de la Ville de La Louvière


125, rue de l’Hospice
7110 Houdeng-Aimeries
Accès gratuit : du lundi au vendredi de 8h30 à 12h et de 12h30 à 16h
☎ : 064/21.39.82
Fax : 064/26.57.76
E-mail : thierry.delplancq@lalouviere.be
Site internet : http://www.lalouviere.be/services/service_archives.htm

3 Th. DELPLANCQ, N. HERRYGERS, N. RICAILLE, Une usine, des vies..., 2002 (Interviews, VHS).

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Fig. 3 - Le site des hauts-fourneaux, mai 2002 (© Collection Archives de la Ville de La Louvière).

Fig. 4 - Le dynamitage d’un haut-fourneau, 2 août 2003 (© Collection Archives de la Ville de La Louvière).

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Fig. 5 - Le dynamitage d’un cowper, 28 mai 2003 (© Collection Archives de la Ville de La Louvière).

Fig. 6 - Deux cowpers abattus, juin 2003 (© Collection Archives de la Ville de La Louvière).

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Fig. 7 - Dynamitage d'une cheminée, 27 août 2003 (© Collection Archives de la Ville de La Louvière).

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