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La Conjoncture

L'Industrie du chocolat en Suisse

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L'Industrie du chocolat en Suisse. In: La Conjoncture, 1ᵉ année, n°1, 1946. pp. 42-51;

doi : https://doi.org/10.3406/estat.1946.8097

https://www.persee.fr/doc/estat_1149-3747_1946_num_1_1_8097

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42 ETUDES

L'industrie du chocolat en Suisse

i. — evolution mes les plus connues. C'est ainsi qa'en 1899 a eu


lieu la réunion, sous la raison sociale * Lïndf. et
DE L'INDUSTRIE DU CHOCOLAT Spriingli », des marques F. Lindt à Berne et
EN SUISSE Spriingli à Kilchberg et précédemment à Zurich.
L'industrie du chocolat compte, sinon parmi En 1904, les fabriques Peter et Kohler
les branches les plus importantes de l'activité fusionnèrent ; en 1911, les Etablissements Cailler,
suisse, du moins parmi celles qui ont acquis de transférés entre temps à Broc, se joignirent à ce
bonne heure une renommée mondiale. Elle a été groupe, et la firme ainsi constituée se réunit
introduite en Saisse par des artisans chocolatiers en 1929 au consortium Nestlé.
de Lombardie, qui apportèrent sur les marchés La guerre de 1914-18 donna un essor considé-
tessinois et plus tard sur ceux du canton dp rale à l'industrie chocolatière, la consommation
Vaud le produit obtenu par le malaxage grossier indigène et la demande de l'étranger se
de pâte de cacao et de sucre, produit dont les développant toutes deux dans de notables proportions.
Espagnols avaient apporté au xvie siècle la Mais la période d'entre les deux guerres a été
recette en Europe. Ce n'est guère qu'à partir marquée par des difficultés croissantes pour celte
de 1804 que l'on peat parler de véritable branche d'activité, en raison d'abord de la
fabrication. A cette époque, un citoyen suisse du nuni concurrence étrangère, du ralentissement du
de Zimmermann établit à Vevey un atelier de tourisme, du coût de production élevé des
proportions extrêmement modestes, où il se industries suisses et, à partir de 1931, de la
servait des eaux du canal de la Monncresse pour dévaluation de la livre sterling, qaî entraîna uiip
produire du chocolat par des procédés mica- nouvelle et brusque régression des ventes à destina-
niques. !!(in des pays qui, à la suite de la
Grande-Bretagne, avaient d'évalué leur monnaie.
Ce fut seulement F. L. Cailler qui créa en 1819
à Corsier, non loin de Vevey, une industrie de Pendant la guerre de 1939-45, l'industrie du
chocolat a pu maintenir son activité à un niveau
.
.

qaelque importance. Philippe Sucîiard, en 182(5,


utilisa les eaux de la Serrière pour actionner relativement satisfaisant, grâce aux siocks
l'unique broyeur qui fonctionna d'abord dans ses constitués avant le début des hostilités, mais
établissements. Au iota!, la production de chocolat l'exportation n'a enregistré que des chiffres très faibles.
ne dépassait pas à cette 'époque 50 à (50 livres par Il est impossible qae le bouleversement
jour; elle suffisait d'ailleurs aux besoins du économique issu de la dernière guerre n'entraîne pas
marché indigène, car le chocolat n'était pas encore de modifications sensibles dans les débouchés
un produit très, répanda. Son prix assez élevé le traditionnels de l'industrie chocolatière suisse.
faisait considérer comme une denrée de luxe, Aussi est-il à prévoir que cette branchp
accessible seulement aux couches les plus d'activité ne pourra retrouver sa place sur le marché
fortunées de la population helvétique. Peu a peu, de mondial qu'au prix d'efforts persévérants.
nouvelles usines apparurent en Suisse romande,
pais en Suisse allemande. C'est ainsi que furent II. — CONDITIONS DE LA PRODUCTION
fondés à Lausanne en 1830 les Etablissements
Kohler, à Zurich en 1845 les Etablissements pa- Â) Approvisionnement en matières premières
niel Sprùngli, à Vevey en 1867 le;s
Etablissements Daniel Peter, Tobler à Berne en 1899, y O) FÈVES DE CACAO
Wilhelm Kaiser (ultérieurement Villars) à Frj 1° Provenance. — II n'est pas sans intérêt de
bourg en 1901. noter qae l'industrie chocolatière suisse, qui
Depuis la fin du xixe siècle, d'autres jouit, à jusle titre, d'une réputation mondiale,
établissements de moindre importance se sont créés. On uiilise pourtant depuis la guerre de 1914-18 en
a assiste en outre à la fusion progressive des majeure partie du cacao africain, d'une qualité
ETUDES 43

L'INDUSTRIE DU CHOCOLAT EN SUISSE

nettement inférieure aux cacaos d'origine amé-dustrie chocolatière en Suisse ont contribué à lui
ricaine. Il est vrai que la finesse du chocolat asstirer un développement plus rapide que dans
tient davantage aux procédés de fabrication qu'à les autres pays et à répandre de bonne heure en.
la qualité des matières premières, et que la Suisse la consommation du chocolat.
Suisse, qui dispose d'énergie électrique en
quantité abondante, peut traiter les fèves de cacao au 3° Evolution des conditions d'
moyen d'un long et minutieux broyage. Celui-ci a p pro v i s ionnement en èacao de l'industrie chocolatière suisse.
assure au chocolat suisse sa renommée. — Au cours de la guerre de 1914-18, la demande
Si, en 1913, les fèves d'origine africaine ne de chocolat suisse s'accrut fortement étant
dépassaient pas 23 % des importations totales de donnés les besoins des pays belligérants qui firent
appel à la Suisse pour compléter leurs^
cacao de la Suisse, à la fin de la première guerre
approvisionnements
mondiale, c'est d'Afrique que provenaient 83 % •de matières premières en chocolat. Mais les importations
des quantités importées par la Confédération. " se heurtèrent à des
difficultés considérables, tenant à la fois aux
Une décade après (1929), la Suisse importait mesures de blocus cl à l'insuffisance de transports
f>5.165 quintaux de cacao africain, soit une dont pouvaient disposer les pays non bellisjé-
proportion de 65 c/o de ses importations totales de r.ints.
r.acap. En 1939, le pourcentage était sensiblement
}a même ; mais au cours de la deuxième guerre fin ce qui concerne le cacao, les importations
mondiale, il alla croissant. Il était d'environ par Hambourg, principal marché du cacao, furent
70 % en 1940, de plus de 90 % en 1941, de 50 % vispendues à la suite de la prohibition générale
fin 1942, de 70 % en 1943, de 85 % en 1944. d'exportation édictée le 31 juillet 1914 par le
Gouvernement allemand.
2" Taxes supportées par le cacao. — Le droit A partir d'octobre 1914, Gène , devint le princi-

A», sortie sur les cacaos, qui constitue une nal port de débarquement du cacao à destination
ressource fiscale importante des pays gros dp la Suisse, et accessoirement Le Havre,
producteurs de cacao, grève de la même charge les Marseille ê-t Bordeaux -contribuèrent à son
industries chocolatières de 'ou,; les Etats. Par con- approvisionnement. /
Jre, les industries nationales sont diversement
favorisées, suivant la politique douanière adoptée Los entraves à l'importation édictées par -les
par chaque pays en ce qui concerne le droit belligérants n'arrêtèrent pas le développement do
d'entrée sur les cacaos. A ce point de vue. la Suisse hi production suisse de chocolat.
a toujours joui d'une position privilégiée par Néanmoins quelques entreprises suisses
rapport aux pays voisins, l'Allemagne et la dépourvues de stocks durent solliciter des avances
France par exemple. Les -droits de douane sur de marchandises auprès de certains éiablissf-
l^s cacaos ont toujours été extrêmement faibles menis concurrents plus favorisés.
sur le territoire de la Confederation. La situation difficile de l'industrie
De 1851 à 1885, ils ne dépassaient pas 3 francs chocolatière suisse provoqua au début de 1915 la
suisses par quintal et depnis ils ont encore formation d'une coopérative d'achats (1) dénommée
diminué jusqu'à la fin du xix° siècle, n'atteignant « Office d'importation de la Chambre syndicale
que 1,50 fr. par quintal de 18K5 à 1892 et 1 franc des Fabricants suisses de Chocolat », dont purent
à partir de 1892. A partir du xx" siècle, ils ont faire partie, moyennant versement d'une*
été progressivement relevés, mais ne certaine somme, tous les membres de la Chambre
représentaient encore que 1 f/o de la valeur de la Syndicale des Fabricants suisses de chocolat, à
marchandise en 1908, 1,23 % en 1913, 3,71 % en 1922, condition qu'ils aient 'été inscrits au Registre de
4.58 % en 1931, diminuaient de nouveau à Commerce comme tels avant le 1er janvier 1914.
partir de cette date pour ne s'élever qu'à 3,14 % en Cet organisme fut reconnu le 10 novembre 1915
1932. 3,82 % en 1935. 1.95 % en 1938 et comme syndicat n° 6 pour l'importation des
seulement 0,83 % en 1942. matières premières par le S. S. S. (2).
A îilrc de comparaison, indiquons qu'en
Allemagne, par exemple, l'importation de cacao était
grevée d'une taxe, qui de 35 marks par quintal (1) Qui devait subsister jusqu'en 1928.
au début du xx° siècle, fut réduite à 20 marks à (2) Société suisse de Surveillance : Organisation
partir de 1906, mais pigmentait néanmoins le nationale de surveillance chargée de « surveiller et
garantir l'exécution des conditions mises par des
prix du produit terminé de 15 à 20 %. Gouvernements étrangers ou des particuliers à
l'importation en Suisse des marchandises de tout genre, en ce
Les conditions favorables dont jouissait l'in- qui concerne l'emploi de ces marchandises ».
44 ETUDES

L'INDUSTRIE DU CHOCOLAT EN SUISSE

Son utilité fut soulignée par le fait qu'en 1915 Dans le premier semestre de 1941, des
les importations de fèves de cacao dépassèrent cargaisons de cacao en souffrance au Portugal purent
de 70 % celles de 1914 (170.0000 qx au lieu de également être acheminées jusqu'en Suisse.
100.000). Cet organisme décida que la répartition Pendant le reste de l'année, les difficultés de
de cacao à chaque entreprise s'effectuerait au transports terrestres et maritimes créèrent des
prorata des importations de 1911 à 1913. obstacles inextricables au commerce international de
En 1916, les importations bien qu'encore la Suisse. A la fin de mai 1941, le rationnement
supérieures de près de 50 % à celles de 1914. du cacao en poudre et deUous les déjeuners à
étaient cependant en recul de plus de 20 % par base de cacao dut être édicté. La situation
rapport à l'année précédente ; elles atteignirent s'améliora seulement légèrement à la fin de 1941, après
147.000 quintaux. la création d'une flotte suisse autonome et l'orga-
En 1917, la hausse des frais de transport et uisation d'un service de transports automobiles
d'assurances des marchandises importées par à -travers la péninsule ibérique. Mais l'entrée en
l'industrie chocolatière était t:lle que le prix de guerre de l'Amérique entraîna pour la Suisse une
revient avait doublé, ce qui entraîna une réduction réduction importante de ses possibilités
sensible de la vente. Les importations, qui se d'importation
montèrent à 126.000 quintaux, dépassèrent de ce
fait les besoins. b) Sucre
Au cours de la seconde' guerre mondiale, les T,e chocolat renferme en moyenne 55 % de
difficultés d'approvisionnement de l'industrie du sucre, c'est dire que les fluctuations de cours du
chocolat en ce qui concerne les fèves de cacao sucre ont une répercussion directe sur la
furent plus considérables encore. demande de chocolat, surtout sur les articles de
Les importations, qui n'atteignaient guère plus qualité courante, et qu'elles influent davantage
de 70.000 quintaux dans les années de crise Sur le prix de revient que les variations de cours
'postérieures à 1930 : du cacao.
En quintaux
1" Fluctuation des cours du sucre. — Avant
1933 75.170
1934 72.115 la guerre de 1914, l'industrie suisse employait
couramment le sucre autrichien vendu à des
1935 76.742 cours bien moins élevés que le sucre français par
avaient augmenté sensiblement à la veille de la exemple, dont les prix étaient prohibitifs.
guerre, en prévision précisément d'un conflit De 1906 à 1912, le prix du quintal de sucre
mondial. Elles s'élevèrent à 91.000 quintaux en s'était élevé de 25 à 37 francs suisses, mais il ne
1938. dépassait pas 40 francs suisses en 1913, alors que
Elles atteignirent encore 107.267 qx en 1940, le quintal de fèves de cacao atteignait déjà à
rrïàis subirent une chute brutale en 1941, où elles cette époque 166 francs suisses.
ne dépassèrent guère 31.000 qx, la quasi totalité Fin 1920, la hausse sur les prix du sucre
G0. 000 qx) provenant d'Afrique occidentale.
Le syndicat d'Economie de guerre « Choco- atteignait 350 % par rapport à i'avant-guerre, le
quintal valant en moyenne 148 francs suisses.
suisse » fut par conséquent obligé d'édicter des
prescriptions de fabrication et d'opérer une Mais en 1925, les cours s'étaient rapprochés du
niveau d'avant-guerre, avec une moyenne de
répartition des contingents disponibles, les
attributions des divers établissements ne devant pas dé- 48 francs suisses par quintal ; ils enregistraient
une nouvelle baisse en 1930 (26 francs le quin-
pass2r 75 % des quantités utilisées avant la toî) et en 1935 atteignaient le niveau le plus bas
guerre. constaté depuis le début du siècle (10 fr, 30 le
11 s'en fallut de peu au printemps de 1941 que quintal). Depuis lors, ils ont marqué une
de grosses commandes de cacao africain qui
transitaient par la Russie et l'Allemagne ne nouvelle tendance à la hausse à la suite de la
Conférence mondiale du sucre qui, en fixant des
puissent parvenir sur le territoire de la Confédération contingents d'exportation pour les pays producteurs,
avant le déclenchement des hostilités germano-
vusses (3">. contribua à assainir la situation sur le marché du
sucre
Ces dispositions persistaient en 1939 fit les
(?,) Renseignement tiré du Gordian. n° du 10 juillet stocks importants que constitua la Suisse en
1942. Ces inmortations avaient dû être détournées par prévision du conflit mondial furent achetés au prix
New-York, Vladivostok, la Sibérie, la Russie et de 22 francs le quintal.
l'Allemagne,
ETUDES 45

L'INDUSTRIE DU CHOCOLAT EN SUISSE

Pendant la guerre de 1939-45, ïa hausse des tial, interdit pratiquement l'approvisionnement


prix fut continue et très importante puisqu'au sur ces marchés.
lieu de 22 francs suisses en 1939, le quintal Aux termes d'un accord conclu avec
coûtait 35 francs en 1940, 51 francs en 1941, 80 l'Al emagne le 20 août 1917 pour une période de 9 mois.
francs en 1942, 95 francs en 1943, 102 francs en Je sucre employé dans la fabrication du chocolat
1944.. En cinq ans, les cours avaient donc presque et du lait condensé exportés en Allemagne était
quintuplé. fourni par ce derniers pays.
2° Conditions d'approvisionnement en sucre A Dartir du moment où les Etats-Unis
au cours des deux guerres mondiales. — La décrétèrent l'interdiction d'exportation du sucre, la
production indigène de sucre est très faible par Suisse s'adressa à Java pour compléter ses
rapport aux besoins de la consommation courante achats.
et de l'industrie. En 1938, par exemple, l'unique En 1918, l'importation totale tomba à un
fabrique installée sur le territoire de la chiffre représentant un peu^ moins de 55 % de 1914,
Confédération, la raffinerie d'Aarberg, n'avait produit mais néanmoins en valeur absolue, les quantités1
que 430.000 quintaax de sucre raffiné dont attribuées à l'industrie chocolatière au cours de
121.000 seulement fabriciués à partir de la bette- la guerre de 1914 ne subirent pas de régression,
ratfe sucrière indigène, les 309.000 autres car cette branche d'activité, travaillant pour
provenant du raffinage de sucre brut importé. l'exportation, devait être alimentée dans toute la
' C'est donc par les achats à l'étranger que la mesure du possible. Le pourcentage que représente
Suisse couvrait la presque totalilé de ses besoins la consommation de sucre de l'industrie
(92 % en 1938), qui étaient immédiatement avant chocolatière par rapport à l'ensemble des importations
la seconde guerre mondiale de l'ordr? de <'p.sl donc élevé au cours de la guerre.
1.500.000 quintaux Le tableau suivant permet d'en faire la
Or l'industrie du chocolat absorbe environ constatation.
12 % des importations globales de sucre. C'est Approvisionnement en sucre
dire que son activité est directement liée aux de l'industrie chocolatière
possibilités d'approvisionnement en sucre. pendant la première guerre mondiale
Au début de la première guerre mondiale,
quelques semaines s'écoulèrent pendant lesquelles Pourcentage de
En quintaux
aucune expédition de sucre allemand ou autrichien
Années colansommation de l'indus-
ne parvint en Suisse. Les livraisons reprirent Import, suisses Consommation
de l'industrie
rie chocolatière
par rapport aux
ensuite à peu près normalement à des prix inchan- de sucre chocolatière importations
1

* gés, variant ds 37 à 40 francs par quiptal.


Mais en 1915, l'interdiction absolue d'exporter 1914 1.345.572 150.200 11
édictée en Autriche entrava l'exécution de •1915 1.21.4.390 209.000 17
contrats déjà conclus. En mars, les stocks détenus en 1916 1.103.580 187.H00 17
Suisse ne représentaient qu'une consommation de 1917 1.068.490 175.000 Ifi
deux mois. 1918 728.700 170.000 24
A partir de la fondation de la S.S.S.. les
contingents de sucre délivrés à l'industrie furent
strictement réglementés et déterminés au prorata de Pendant la seconde guerre mondiale, la question
la consommation moyenne de 1911 à 1913. Mais de l'approvisionnement en sucre fut avec les
en 1916, les prix avaient subi une hausse sensible achats de fèves de cacao l'une des plus grosses
à telle enseigne que les fabricants sollicitèrent préoccupations des milieux chocolatiers suisses.
l'autorisation de procéder eux-mêmes à leurs L'accroissement de la production indigène dp
approvisionnements. Elle leur fut accordée, betteraves sucrières ne pouvait compenser que
moyennant l'obligation de tenir à la disposition des dans une très faible proportion le déficit des
autorités fédérales une comptabilité de leurs stocks. importations. Or les besoins annuels xle la Confé-
Dans le second semestre de 1916. les ration étaient très importants, ils s'élevaient en
importations, assez considérables pour permettre la 1938 à 1.550.000 quintaux, soit 38 kg. par habi-
constitution de réserves, provenaient principalement Isnt.
de Hollande» d'Amérique et des Indes Dès le mois de mai 1939,1a Section d^
néerlandaises, mais bientôt le coût élevé des frais de marchandises de l'Office fédéral pour l'alimentation,
transport et d'assurances, qui arrivaient à porter au chargée de la réglementation du commerce du sucre
quadruple ou au quintuple le prix d'achat s'était préoccupée d'importer de grosses quanti-
40 ETUDES

L'INDUSTRIE DU CHOCOLAT EN SUISSE

tés de sucre et pendant les premiers mois de la Le chocolat au lait suisse renferme en effet
guerre, les commandes parent encore être une proportion de lait plus importante que les
exécutées, si bien qu'au cours de 1939 les achats se produits similaires fabriqués par la suiie à
montèrent à 2.018.000 quintaux (1.542.000 en l'étranger. Il contient de 20 à 24 % de lait sec,
1938), ce qui permit la constitution xle stocks. soit le double de la proportion que renferme
Fin 1940, les importations atteignirent encore exemple le chocolat allemand.
le niveau moyen des années précédant Sa fabrication s'est progressivement
immédiatement la guerre avec 1.491.137 quintaux. développée au détriment des autres variétés. On estimait
Toutefois, les marchés européens, sauf celui de qu'avant la guerre de 1914 il représentait déjà
l'Allemagne, furent provisoirement fermés à la les 2/5c de la production totale de chocolat. De
Confédération. Afin de donner le maximum d'efficacité 1909 à 1912, les fabriques suisses de chocolat
aux démarches entreprises auprès des autorités consommèrent 120.000 quintaux de lait frais et
du blocus et des pays fournisseurs, le Conseil en 1913 175.000 qx.
Fédéral décida à la fin de l'année de charger Au cours de la guerre de 1914-18, par suite de
exclusivement l'Office fédéral de guerre pour la nécessité d'augmenter la superficie des terres
l'alimentation des achats de sucre à l'étranger. cultivées en céréales et en plantes sarclées,
Cet organisme, faute de pouvoir obtenir les na- l'élevage fut sensiblement réduit, au détriment
vi.certs/ nécessaires pour les importations en notamment de la production laitière. A cause de la
provenance d'outre-mer passa en 1941 de^ nécessité de pourvoir par priorité au
commandes en Bohême-Moravie, Slovaquie, Italie, Hon- ravitail ement des villes, les établissements chocolatiers
grie, mais les importations ■ ne dépassèrent pas durent limiter leur consommation de lait et en
,

574.842 quintaux, soit une baisse de plus de 1916 la fabrication de chocolat au lait avait
60 %. diminué d'un tiers. En outre, l'utilisation du lait
En 1942, quelques achats à Cuba, en Argentine pour des usages industriels fut frappée d'une taxe
et aux Etats-Unis permirent une légère de 4 centimes par litre, alors que son prix
amélioration des approvisionnements : 787.291 quintaux. normal avait déjà été sensiblement majoré.
,

Mais en 1943. le niveau des importations était De 1914 à 1918, le prix du lait passa de 14 à 32
voisin de 1941 (586.058 quintaux); en 1944, elles centimes par kilogramme.
enregistrèrent les chiffres les plus bas depuis la Au cours de l'automne 1918, les autorités
guerre (522.563 quintaux), représentant à peine le fédérales interdirent complètement la fabrication de
tiers de ceux de 1938. chocolat au lait.
Pendant ces trois dernières années, -l'industrie En 1919 et 1920, la fièvre aphteuse décima le
du chocolat dut recourir dans une mesure de bétail suisse et les chocolatiers suisses durent,
plus en plus large à l'emploi de succédanés, tels employer au lait condensé américain pour
que miel de raisin, concentrés de fruits, d'un remet re en marche leur fabrication ;-à partir de 1921-
prix de revient très élevé. Le prix du sucre lui^ au contraire la production laitière reprit un
même augmenta considérablement, comme nous rythme normal et l'on prévoyait qu'elle allait
l'avons montré dans le paragraphe précédent. atteindre un tel développement que, de peur de
mévente, les agriculteurs limitèrent l'élevage.
c) Lait
En 1921, le prix du lait était encore de 36
C'est en Suisse que fut fabriqué pour la centimes par kilogramme ; il était descendu à 23
première fois' le chocolat au lait. Etant donnée la centimes en 1922, chiffre qu'il atteignait encore en
concurrence sévère qui régnait déjà en 1875 1929, après quelques variations de cours assez
entre les entreprises chocolatières suisses, Daniel importantes en 1924-25.
Peter eut l'idée de lancer un produit nouveau A la veille de la deuxième guerre mqndiale, le
dans la fabrication auquel entrait le lait suisse. kilogramme de lait valait 19 centimes ; la
Cette variété de chocolat connut un succès progression des prix a été continue pendant la durée
considérable, qui déborda^bientôt les frontières de la des hostilités, le dernier chiffre connu pour
Confédération ; elle est à l'origine du septembre 1943 étant de 27 centimes.
développement rapide de Pexportaflon à partir de la fin
du xixe siècle. Ce sont en effet les chocolats au 6) Main-d'œuvre
lait qui font surtout l'objet des commandes de
l'étranger. En outre, cette utilisation a constitué On remarque qu'en 1939 l'industrie
un nouveau débouché intéressant pour la chocolatière employait en majorité du personnel
production laitière indigène. féminin. Sur un chiffre total de 4.904 salariés, on
ETUDES 47
L'INDUSTRIE DU CHOCOLAT EN SUISSE

comptait en effet 2.570 femmes, soit 52 % de On constate que les 6 entreprises employant
l'effectif total. La proportion était d'ailleurs plu», séparément plus de 200 personnes utilisent à elles
importante en 1929 ; l'industrie chocolatière seules 8.940 CV, scit plus de G0 % de la
employait alors 3.033 femmes et 2.403 hommes ; puissance totale ; les 12 établissements dont l'effectif
l'effectif féminin représentait donc à cette époque est supérieur à 100 personnes consomment
57 % de la totalité du personne!. globalement 1 1.519, CV, soit 80 % de la force
La proportion des ouvriers et ouvrières par motrice nécessaire à l'ensemble de l'industrie
rapport à l'ensemble du personnel était en 1929 chocolatière. Les exploitations de plus de 50
de 90 % et en- 1939 de 80 %. On constate donc personnes enfin utilisent plus de 90 % de l'énergie
qu'avec l'introduction de machines de plus en consommée par cette branche d'activité.
plus perfeciionnées, on est parvenu à diminuer
Je nombre des ouvriers proprement dits, mais III. — PRODUCTION
que par contre les méthodes industrielles
actuel es requièrent un nombre toujours plus élevé A) Evolution de Ea production
d'employés.
C'est ainsi que de 1929 à 1939, îa proportion En 1912, la production atteignait 217.000
des employés commerciaux est passée de 8,2 % à quintaux et, en 191-3, 259.000 quintaux. Il semblait
12,9 % ; celle du personnel technique de 0,4 a qu'elle dût marquer une certaine tendance à la
3 % ; celle des directeurs et administrateurs de stabilisation après la progression notable des
0,7 % à 2,3 %. années précédente:;, mais la guerre de 1914-18 lui
donna un nouvel essor. En 1914, elle atteignait
C) Force motrice 273.000 quintalix et en 1915 380.000. A partir de
En 1905, la force motrice utilisée dans les 29 1915, elle diminua progressivement jusqu'à la fin
entreprises existantes était de 6.118 CV.; en 1929, de la guerre, ne dépassant pas 341.000 quintaux
les 27 exploitations recensées employaient en 1916, 318.000 en 1917, 319.000 en 1918, ce
8.36*9 CV. En 1939, l'énergie nécessaire à la qui représente néanmoins une augmentation de
marche des 43 établissements chocolatiers se 15 % par rapport à 1914.
montait à 14.425 CV., répartis comme suit : Cet accroissement était dû à l'extension des
possibilités de vente. D'une part, la consommation
Utilisation de la force motrice indigène, qui était évaluée à 100.000 quintaux en
dans les entreprises chocolatières 1913, avait augmenté de façon continue depuis la
guerre en raison des besoins de l'armée (4) et
Nombre Force malgré la disparition du tourisme.
d'exploitations motrice ■Elle avait suivi l'évolution suivante :
CV
Consommation de chocolat en Suisse
Exploitations avec 1 seule
personne 1 1 En quintaux Pourcentage
Exploitations avec 2 à 3 de In
personnes (i 13 consommation par rapport
Exploitations avec 4 à 5 à la production
personnes 2 6
Exploitations avec G à 10 1913 100.000 38
personnes 3 34 1914 120.000 44
Exploitations avec 11 à 20
personnes . 5 65 1915 130.000 34
Exploitations avec 21 à 50 1916 140.000 41
personnes G G45 1917 170.000 53,5
Exploitations avec 51 à 100 1918 210.000 68
personnes S 2.014
'Exploitations avec 101 à 200
personnes G 2.579
Exploitations avec plus de (4) Le règlement de l'armée suisse prévoyait entre
j

200 personnes fi 8.940 autres une ration journalière par homme de 50 gr.
de chocolat et 2 dl. de lait ou bien de 20 fir. de café
1

torréfié et 3 dl. de lait.


48 ETUDES

L'INDUSTRIE DU CHOCOLAT EN SUISSE

D'autre part, les demandes de chocolat suisse Production de chocolat en Suisse


émanant de l'étranger s'étaient accrues au point
que les exportations en -1915 atteignirent 250.000 En quintaux Millions de fr. s.
quintaux au lieu de 150.000 en moyenne au
cours des années 1912-14, soit une augmentation 1919 381.000 —
des deux tiers. 1920 356.000 —
1921 213.000 —
La fabrication et la vente du chocolat,
contrairement à ce qui se passa pendant la guerre 1922 161.500 —
dans la plupart des pays, ne fut soumise en 1923 166.400 71,6
Suisse à aucune réglementation ou aucune 1924 184.400 83,4
restriction au cours des hostilités. La fin du conflit 1925 85,7
mondial ne provoqua pas, contre toute attente,
une diminution de la production. C'est au con$- 1926 79,9
traire en 1919 qu'elle atteignit son niveau le plus 1927 83
élevé avec 381.000 quintaux, soit 1.000 quintaux 1928 86
de plus qu'en 1915 et 40 % d'augmentation par
rapport à 1914. La consommation indigène 1929 81,8
demeurait très forte. Elle se montait à 210.000 1930 et les années suivantes marquèrent un
quintaux, ce qui représentait 55 % de la production.
Elle avait doublé depuis la guerre. Elle absorba tournant difficile pour l'industrie du chocolat. La
encore un pourcentage du même ordre en 1920 valeur de la production subit un recul continu,
car les débouchés tendirent à se raréfier de jour
(56 %), qupiqu'en valeur absolue elle eût déjà en jour. La consommation suisse se maintint à
diminué de 10.000 quintaux, la production ayant
elle-même bais*sé de 8 % (356.000). Mais à partir un niveau relativement favorable, mais la chute
des exportations s'accentua jusqu'à 1935, qui
de 1921, 'avec la réapparition de nombreux marque leur plus grande dépression. L'industrie
produits alimentaires devenus très rares au cours de
chocolatière employait encore 4.700 ouvriers en
la guerre sur le marché suisse, la faveur de la
population suisse pour le chocolat et les produits 1930. Elle dut licencier progressivement du
personnel ; en 1934. 'elle ne fournissait du travail
à base de cacao alla en décroissant. La qu'à 2.980 ouvriers, soit en quatre ans une
consommation de chocolat en Suisse baissa brutalement
à 50 % du chiffre de l'année précédente, ne diminution des effectifs de 37 %. De 1932 à 1933,
dépassant pas celle de 1913 (100.000 quintaux).. 1.000 personnes avaient été congédiées. En outre,
Simultanément l'exportation tomba à 50 % de son elle dut adapter ses prix à la situation nouvelle,
niveau de 1921. et subit une diminution de près mais malgré la baisse des prix les consommateurs
de 70 % par rapport aux chiffres- d'avant-guerre. continuèrent à acheter surtout les qualités
Si bien que la production elle-même dut se ordinaires. La- situation s'améliora quelque peu en
réadapter aux nouvelles conditions du marché. On 1936, avec la fin du mouvement de baisse sur les
procède à des licenciements de personnel et pour matières premières. Et la dévaluation suisse de
pouvoir liquider les stocks existants, l'industrie 1937, qui d'une part stimula le tourisme et
chocolatière suisse, d'ailleurs concurrencée sur lecontribua ainsi à étendre le cercle des
marché intérieur lui-même, en ce qui concerne le consommateurs à l'intérieur de la Suisse favorisa d'autrz
cacao en poudre, par l'apport de produits étran- part l'exportation.
gerst dut se résoudre à une diminution des prix. Pendant les premières années de la guerre do
1939-45, la production ne subit pour ainsi dire
Avec la reprise du tourisme, qui s'accentua pas de diminution ; les stocks de matières
surtout à partir de 1928, la situation s'améliora premières mis en réserve avant les hostilités et
sensiblement. On peut en juger- à la lecture des l'adjonction de produits de remplacements, tels
statistiques, allant de 1919 à 1929. Toutefois, à qu'amandes, noisettes, raisins, permirent
partir de 1924, aucune indication n'est fournie sur d'alimenter les fabriques. Toutefois, dès novembre
les quantités produites, et les comparaisons 1940, des prescriptions de fabrication
portant uniquement sur les valeurs offrent moins de intervinrent pour limiter l'emploi des fèves de cacao et
précision, étant données les fluctuations de prix. restreindre le nombre des articles fabriqués. En
1941, le Syndicat d'Economie de guerre « Choco-
La production, dans la décade suivant la suisse », qui groupait tous les fabricants de
guerre, a donc évolué comme suit : chocolat, crut devoir supprimer encore- un certain
ETUDES 49

L'INDUSTRIE DU CHOCOLAT EN SUISSE

nombre d'articles et limiter le poids maximum B) Entreprises de production


des tablettes de chocolat à 100 grammes. L'industrie du chocolat comptait en 1905,
L'exportation fut réduite à des proportions très 29 exploitations employant 5.022 personnes ; de
modestes, afin de pouvoir couvrir les besoins du 1905 à 1929, on assiste à une certaine
pays. Elle disparut à peu près complètement à concentration des entreprises puisque le recensement de
partir de 1943. 1929 dénombre 27 exploitations occupant 5.436
Le rationnement, édicté par les autorités personnes.
fédérales, en juin 1943, n'entraîna pas une diminution Au cours de la décade suivante, le nombre des
de consommation aussi importante qu'on aurait entreprises s'accrût de 60 %, en 1939 l'indastrïé
pu le redouter, car la quasi totalité des chocolatière comptait en effet 43 entreprises. Par
consommateurs utilisa ses coupons de rationnement. Ce contre, la .main-d'œuvre utilisée par cette
phénomène fut particulièrement frappant dans branche d'activité était en régression, la diminution
les campagnes où jusqu'alors la consommation atteignait près de 10 %. De 5.436 en 1929, le
était relativement peu développée. personnel passa à 4.903 en 1939.

Exploitations chocolatières en Suisse

Nombre d'exploitations Personnes occupées


1929 1939 1929 1939
Chiffre % Chiffre Chiffre % Chiffre %
absolu absolu absolu absolu
Exploitations avec 1
personne 1 0
Exploitations avec 2 à
3 personnes 1 3,7 6 13,9 S 0 15 0,3
Exploitations avec 4 à
5 personnes 2 7,4 2 4.7 9 0,2 8 0,2
Exploitations avec 6 à
1

20 personnes 4 '- 14,8 8 18,6 48 0,9 87 1.8


Exploitations avec 21 à "
50 personnes 6 22,2 a 14 178 3,3 181 3,6
Exploitations avec 51 à
100 personnes 5 18,5 8 18.6 419 7,8 563 11,5
Exploitations avec plus
de 100 personnes . . . 9 33,4 12 27,9 4.779 87.8 4.049 82,6

Total : 27 __ 43 5.436 4.903


1

Le tableau ci-dessus permet de mettre en parai- - - Si l'on tient compte en outre des entreprises
lèle l'importance des exploitations en 1929 et occupant de 50 à 100 personnes, on peut
1939. , ■■*;.#] constater qu'avec les 20 établissements qui entrent en
On remarque que de 1929 à 1939 le nombre ligne de compte, les exploitations de plus de 50
.

des entreprises employant plus de 100 personnes personnes absorbent près de 95 % du personnel
s'est accru de 3 unités, bien que l'ensemble du total.
personnel afférent à cette catégorie ait diminué C'est dire que la concentration des entreprises
de 15 %. a été réalisée dans une large mesure dans
Il convient en outre de soaligner que l'industrie chocolatière,
l'industrie du chocolat comptait en 1939 sur un total de
43 entreprises 12 établissements occupant plus de Forme juridique des entreprises. — On note
100 personnes, qui employaient globalement 4.049 qu'en 1939, sur 43 établissements, 13 seulement
personnes, soit 80 % de l'effectif total occupé n'étaient pas exploités en société. Sur les 30
par l'industrie chocolatière. autres, 3 revêtaient la forme de sociétés en nom col-
5ÎJ ËftitJElS

DU CHOCOLAT EN SVÏS$E

lectif, 1 de société eti commandite, 28 de sociétés têéS ilë dépassèrent pas 90.0ÛÔ1 qùintàux, te qui
anonymes. marque Un recul de près de 5() ,%, pàt rapport
ExporMtïofà. — L'exportation s'est seulement aux ventes à l'étranger d'avânt-guerrë.
développée à partir de 1875, date à laquelle En 1926, la part de la France dans les
Daniel Peter eut l'idée d'entreprendre la fabrica- exportations de chocolat suisse, qui dépassait 53 %
Ho'ii de chocolat au lait. En 1903, elle atteignait en 1918, ne représentait plus que 1,4 %; celle d«
31,402 quintaux ; en 1904, elle avait plus que l'Allemagne de 20 \%_ en 1918 était tombée à 3 %
doublé avec 67.809 quintaux, en 1910, elle en 1926. Par contre, celle de la Grande-Bretagne
représentait 115.555 quintaux et à la veille de la de 3 % était passée à 65,9 % en raison du
première guerre mondiale 153.395 quintaux. Avec là pouvoir d'achat élevé de la livre sterling.
guerre, ces chiffres furent largement dépassés; le 1930 fut une année particulièrement mauvaise
record fut atteint en 1915, année où les pour l'industrie du chocolat; les exportations
quantités de chocolat exportées se montèrent à 250.000 représentaient en quantité moins de 40 % (63.394
quintaux, et celles de poudre de cacao à 23.000, quintaux) de celles de 1920 et en valeur moins de
le tout représentant une valeur de 90.733.000 25 %. Elles étaient inférieures à celles de 1905
francs suisses. respectivement de plus de 20 % en quantité et
Par la suite, les exportations marquèrent un 30 % en valeur. La régression s'accentua en
recul notable, mais en 1917, malgré toutes les ,1931 et surtout en 1932 'où les exportations
difficultés d'approvisionnement de l'industrie tombèrent à 7.899 quintaux.
chocolatière, elles égalaient encore En 1933, avec 4.976 quintaux, elles étaient
approximativement celles dé 1914 (150.000 xjiintaux). inférieures aux chiffres atteints en 1890 et en 1935*
En 1918, avec 98.892 quintaux, elles ne ne représentaient plus que 2 % de celui de 1920.
représentaient plus que 70 \% de celles de 1914. Après une légère amélioration en 193€ et 1937,
L'industrie chocolatière suisse, aussitôt après la l'exportation subit un nouveau déclin en 1938.
fin des hostilités, eut à subir tant sur le marché Elle se ranima quelque peu en 1939, mais
intérieur que sur les marchés extérieurs la pendant toute la guerre, elle fut réduite à des
concurrence des produits américains, dont le prix chiffres extrêmement bas, poUr tomber pratiquement
de revient était exceptionnellement bas. à zéro en 1944.
Toutefois elle conserva une partie de sa clientèle
allemande dans la période allant de juin à Evolution des exploitation*
septembre 1919, en vertu d'un accord économique qui de l'industrie chocolatière (5)
prévoyait la fourniture mensuelle par Quantités Valeur (en
l'Al emagne de 500 quintaux de sucre brut, en échange
de lait condensé et de chocolat suisses. La (e\n qutntaiix) ndilier-s de fr.)
France lui maintint également ses ^commandes, 1890 6.814 2.133
qui étaient de l'ordre de 850 quintaux par mois 19Ô0 31.402 10.è47
et la Grande-Bretagne augmenta les siennes, qui 1910 115.555 41.409
étaient très faibles depuis le début de la guerre. 1913 168.17B 58.171
L'exportation put de cette manière atteindre un 1920 16&535 96.422
niveau élevé en 1919. Elle se chiffra par 170.712 1925 90.329 34.705
qùintàùx1, représentant 45 % de la production 1930 63.394 23.104
totale, et eh augmentation de 70 % par rapport à
!

1935 3.746 1,2^ I


'l*aïin'èe précédente. 1936 5.625 1.573
làâis à partir de i920, l'exportation diminua 1937 6.461 ï.tôl
gràdueÙèmént, eh raison de là politique 1938 6.3T7 IJ&O
protectionniste et de la dépréciation monétaire 'de la 1939. 4.329 Ï.298
plupart des pays européens. Le 1er septembre 19^0 3.268 1.05Ï
ï#20, i'Alletoa'gtfe élevait le droit d'entrée sur les 1941 . ... 1.060 566 >
chocolats suisses de 50 à 60 marfcs j>ar quintal. 1942 8 $,$
De 112.758 quintaux en 1921, l'exportation 1943 9 *1,1
tombait à 61 .500 en 1022, soit une chute brutale de 1944 Ï0 %'fi

A partir de cette époque, un léger mouvement • (5) Statistiques comprëftSaift Tes <*po'rt:atk>us ab
de reprise se dessina, mais les quantités dre de cacao, de pâte de chocolat et de chocolat.
ÉTUDES

L'INDUSTRIE DU CHOCOLAT EN SUISSE

Principaux débouchés à la veille de la seconde l'Allemagne, qui absorbait 16 % des


guerre mondiale. importations totales en quantité et 18 % en valeur, la
France 12 % tant en quantité qu'en valeur, la
En 1938, l'exportation suisse de chocolat (non Grande-Bretagne près de 8 % en quantité, mais
compris la pâte de chocolat) s'est montée à 5.804 seulement 6 % en valeur ; le Danemark '5,5 % et
quintaux, pour une valeur de 1.875.000 francs 4 %, la Tchécoslovaquie 4 %.
suisses.
Les principaux clients de la Suisse étaient L'Amérique du Nord (Etats-Unis et Canada)
d'abord l'Italie, dont les achats représentaient absorbait 6,5 % des exportations suisses de
20 % des exportations totales de chocolat en chocolat ; le continent américain tout entier 10 %.
quantité et 22,5 % en valeur. Ensuite venaient L'Europe consommait 75 % du chocolat suisse.

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