Annales.

Economies, sociétés,
civilisations

« Le moteur hydraulique en France au XIXe siècle : concepteurs,

inventeurs et constructeurs », Cahiers d'histoire et de philosophie
des sciences
Serge Chassagne

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Chassagne Serge. « Le moteur hydraulique en France au XIXe siècle : concepteurs, inventeurs et constructeurs », Cahiers
d'histoire et de philosophie des sciences. In: Annales. Economies, sociétés, civilisations. 47ᵉ année, N. 3, 1992. pp. 725-727;

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 SOCI INDUSTRIELLES ET
marchands ou fils de la noblesse devenus
capitaines industrie les Roujon les
Mendras les Talansier les Oilier ou les
Chapel Espinassoux pour qui la réussite
passait par la construction une fabrique
parfois entourée comme celle de Chapel
Espinassoux Pineton vej ois)
une petite cité ouvrière et la transmis
sion du statut de manufacturier selon
ordre du régime préciputaire Mais essor
du premier xixe siècle achève dès la
seconde moitié du siècle et le déclin se pour
suit inéluctable la disparition au
début du xxe siècle
auteur réfute la thèse de la responsabi
lité des manufacturiers dans cet échec
avancée par Dugrand échelle de tout
le Bas-Languedoc Les manufacturiers
lozériens ont bien investi dans la terre mais
ils ne se sont pas désintéressés de leurs
entreprises Arguant des investissements
coûteux consentis pour la mécanisation des
filatures des tentatives adaptation et de
modernisation de certaines familles qui
comme les Mendras se sont lancées tard
dans les années 1880 dans la mécanisation
du tissage auteur préfère en remettre en
première analyse la conjoncture
apreté de la concurrence internationale et
la faiblesse du réseau bancaire incapable
de soutenir la modernisation industrielle Il
nous décrit des manufacturiers désemparés
devant les contraintes du marché et peu
préparés la gestion capitaliste une
entreprise et aux risques sans cesse crois
sants Tous les efforts de modernisation
sont restés vains Le processus de déclin
était irréversible Les patrons lozériens de
la seconde moitié du xixe siècle étaient
sûrement pas les oisifs que leurs descen
dants ont vilipendés Il est cependant diffi
cile de leur dénier une part de responsabi
lité dans le déclin industriel car leur faillite
est double Leurs productions étaient
plus compétitives et les industriels trop
attachés leur clientèle traditionnelle ne se
donnaient pas les moyens de prospecter de
nouveaux marchés
Line TEISSEYRE-SALLMANN
CONOMIES EN VELOPPEMENT
Le moteur hydraulique en France au
xixe siècle concepteurs inventeurs et
constructeurs Cahiers histoire et de
philosophie des sciences 29 diffu
sion Belin) 1990319p
Ce cahier rassemble plusieurs études
issues de enquête initiée la fin des années
1970 par Bergeren sur le moteur hydrau
lique en France époque de industriali
sation Indépendamment des travaux uni
versitaires classiques déjà achevés ou en
cours auxquels elle donné lieu thèses de
Benoît Dorel-Ferré Dufresne
Fruit ou Ph Peyre) elle suscité une vaste
entreprise collective dont ce cahier nous
livre un échantillon dans attente de
produits plus globaux Comme son titre
indique il nous conduit logiquement de
amont les concepteurs et les inventeurs
vers aval avec étude monographique de
entreprise de construction mécanique
Fontaine et Brault de Chartres)
Bruno et Jean-Fran ois Belhoste ont
associé leurs compétences pour se livrer
une enquête épistémologique sur la théorie
des machines dont le moteur hydraulique
est un exemple de Bélidor Coriolis
soit en gros de 1730 1840 Ils soulignent
dans la constitution de la mécanique des
fluides comme champ spécifique du savoir
scientifique le rôle des ingénieurs du Génie
Borda Coulomb et Carnot et donc de
cole de Mézières relayée au début du
xixe siècle par Polytechnique cours élé
mentaire des machines par Hachette
partir de 1808 année admission de
Coriolis) par les Ponts cours de Navier
partir de 1815) par Centrale cours de
Coriolis de 1830 1832 puis de Belanger de
1838 1851) voire par cole de Artil
lerie de Metz où enseigne Poncelet dans les
années 1820 Ces cours souvent publiés
tels quels Poncelet 1829 Belanger 1846
ou remaniés Hachette 1811 Coriolis
1829) ont contribué former des généra
tions ingénieurs civils et militaires et
notamment de armement) qui ont
imposé aux mécaniciens praticiens des
règles de construction et des méthodes de
725
COMPTES RENDUS
mesure théoriquement fondées et faciles
mettre en uvre concluent Belhoste et
Lemaire au terme de leur étude précisé
ment consacrée interface des ingénieurs
militaires et du moteur hydraulique
De ce type socio-culturel de ingénieur
tat Claudine Fontanon nous offre un
cas exemplaire avec Arthur-Jules Morin
1795-1880 Fils et neveu de fonction
naire de administration fiscale bar-
biste polytechnicien entre 1813 et 1818
avec épisode de sa participation la
défense de Paris pour laquelle il est exclu
en 1816) élève puis professeur école
application de Metz où il côtoie Pon-
celet avant de lui succéder en 1835) il se
livre en 1838-39 une série expériences
352 exactement sur des roues de Poncelet
qui assure sa notorité scientifique Devenu
48 ans professeur de mécanique appli
quée au Conservatoire des Arts et Métiers
année même où il est élu Académie des
Sciences en remplacement de Coriolis il
est nommé en 1849 directeur du Conser
vatoire où il crée aussitôt le laboratoire de
mécanique appliquée puis général de bri
gade et conseiller pour enseignement
technique du ministre de Instruction
Publique en 1852 Dans ses fonctions plus
honorifiques que lucratives) il déploie
sa mort une inlassable activité de
vulgarisateur scientifique et expert offi
ciel notamment dans les jurys exposi
tions nationales) qui en font comme le
montre cette étude un héritier des
Lumières médiateur culturel entre le
monde des savants et celui de industrie
chefs entreprises mais aussi contremaî
tres et ouvriers qualifiés assidus aux cours
du Conservatoire Si auteur avait pu
retrouver son inventaire après décès elle
nous aurait davantage encore éclairé sur la
culture personnelle voire sur la sociabilité
de cet homme qui ne fut ni un concepteur
ni un inventeur et encore moins un indus
triel mais auquel industrialisation de la
France doit cependant beaucoup
Différent est le cas Alphonse Sagebien
1807-1892) analysé ensuite par J.F Bel
hoste et Cl Cartier aide archives pri
726
vées heureusement mises leur disposition
Fils un exploitant polyvalent un
moulin Artois meunier-huilier-pape
tier) élève de la première promotion de
Centrale où il suit enseignement de
Coriolis) il revient en 1848 activité
paternelle en Picardie après un passage
dans industrie il dirige pendant deux ans
les forges de Pocé près Amboise Là
pour des raisons que les auteurs ont pas
pu précisément élucider il perfectionne la
grande roue de côté aubes profondes
avec versoir plongeant laquelle attache
désormais son nom après le brevet
invention pris en 1851 Cet ingénieur-
meunier devenu inventeur par hasard ou
par nécessité se heurte abord au scepti
cisme des milieux officiels avant de les
convaincre la suite une démonstration
publique devant les membres du Comité
des Arts mécaniques de la Société Encou
ragement la filature de Serquigny Eure
le jour de Noël 1861 mais dont il doit lui-
même publier les résultats cinq ans plus
tard dans les collections de la Société des
Ingénieurs Civils Il attend donc quinze ans
avant de diffuser les preuves de efficacité
de sa roue construite néanmoins sa mort
500 exemplaires et adoptée surtout par
des confrères meuniers absence de
reconnaissance officielle rapide Tresca
sous-directeur du Conservatoire publie
finalement son rapport en 1870) sans
doute empêché de bénéficier stricto sensu
de son invention dont les auteurs ne nous
disent toutefois pas qui en furent les cons
tructeurs
Plus de la moitié du Cahier revient
étude monographique par Benoît
Dufresne et Emptoz des turbines Fon
taine entre 1837 et 1873 Nous est abord
présentée histoire de entreprise en acti
vité en 1969 et de ses créateurs
Pierre-Louis Fontaine 1809-1895) un
mécanicien autodidacte pour reprendre
la terminologie de Daumas mis en
apprentissage Pontoise chez un construc
teur de moulins dont il devient le gendre et
associé en 1830 avant de partir Char
tres cinq ans plus tard fonder sa propre
 SOCI INDUSTRIELLES ET CONOMIES EN
entreprise dans laquelle entre comme des
sinateur Alexandre Brault 1819-1888) fils
un bourrelier de la ville également passé
par apprentissage traditionnel avant
cole des Arts et Métiers de Châlons Ils
associent en 1840 trois ans après le pre
mier brevet invention pris par Fontaine
En 1847 Fontaine vend entreprise ou sa
part? un bijoutier de Blois Fromont
tout en restant lié affaire comme ingé
nieur puis il en redevient associé en nom
collectif en 1853 et en retire définitive
ment en 1864 après la mort prématurée de
ses deux fils un polytechnicien autre
centralien destinés lui succéder Plus
heureux son associé Brault laisse sa place
en 1873 son fils centralien comme le
sont également le successeur de Fontaine
dans affaire Alfred Béthouart et ensuite
ses propres successeurs J.-L Teisset ou
Louis Chapron entreprise reste jus
en 1908 une affaire de centraliens en
nom collectif
De 1837 1873 sont pris au nom de
entreprise soit par Fontaine soit par son
beau-père ou son beau-frère Baron soit
encore par son associé Brault vingt-deux
brevets invention plus huit certificats
addition dont les deux tiers concernent
activité essentielle de la fonderie la pro
duction de turbines axiales et installation
complète de minoteries Seul Louis-Domi
nique Girard dépose entre 1847 et 1855
autant de brevets relatifs au moteur
hydraulique réaction Après analyse de
cette stratégie innovation accompa
gnée une véritable politique de commu
nication qui prend fin avec le retrait
Alexandre Brault les continuateurs se
satisfaisant ainsi une rente de situation)
les auteurs examinent en profondeur la
politique commerciale de entreprise en
appuyant non pas sur ses archives
semble-t-il disparues mais sur la produc
tion imprimée disponible notices publici
taires rapports expositions nationales ou
internationales) et surtout en la comparant
toujours celle de ses concurrents natio
naux ou internationaux Les chiffres de
production la fois en unités et en
VELOPPEMENT
puissance installée en font la première
entreprise fran aise de construction de tur
bines aux années 1890 très présente
pour un quart de ses ventes sur les mar
chés exportation dominés par
Espagne cause une politique de
licence avec un constructeur géronais Sur
le marché intérieur 46 des moteurs
mais 62 de la puissance installée revien
nent aux trois secteurs du textile essentiel
lement de la filature) de la papeterie et de
la sidérurgie Si on ajoute que entreprise
chartraine participe dès 1870 équipe
ment une chute hydroélectrique Bri-
gnoud théoriquement la seconde en
France après celle de Berges Lancey
équipée par un constructeur grenoblois)
on constate une fois de plus au moins
jusque vers 1890 équipement hydraulique
est pas synonyme de retard technique
Réévaluant ici la place une entreprise
alors inconnue dans histoire économique
fran aise et retrouvant ainsi le chaînon
manquant dans évolution de la turbine
en France les auteurs arriment désormais
solidement histoire des techniques la nef
de Clio On leur souhaite bon vent
Serge CHASSAGNE
Jean-Paul JACOB et Michel NGIN sous
la direction de) De la mine la forge
en Franche-Comté des origines au
XIXe siècle approche archéologigue et
historique Besan on Annales Litté
raires de Université de Besan on 1990
313 p. 54 fig cartes
J.-P Jacob et Mängin ont réuni une
série de contributions sur la métallurgie
franc-comtoise dans le but de dresser un
bilan qui permette le développement de la
recherche en particulier archéologique
Après une introduction présentant les res
sources minérales de la région ouvrage
est divisé en deux parties une consacrée
au fer la seconde argent et aux autres
727