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BARTISSOL (1841-1916)
Author(s): Jean-Louis ESCUDIER
Source: Histoire, Économie et Société , 2e trimestre 1995, Vol. 14, No. 2, ENTREPRISES
ET ENTREPRENEURS DU BATIMENT ET DES TRAVAUX PUBLICS (XVIIIe - XXe SIECLES)
(2e trimestre 1995), pp. 229-251
Published by: Armand Colin
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Société
Résumé
L'itinéraire d'Edmond Bartissol montre comment, sans être un véritable ingénieur, l'on pouvait, au
XIXe siècle, s'imposer dans les travaux publics. Ayant un temps travaillé sur le chantier du canal de Suez,
il s'associe à Duparchy pour fonder une entreprise de travaux publics, équipe le Portugal en chemins de
fer, y aménage le port de Leixœs, où il introduit de nouvelles techniques, avant de s'intéresser à l'Espagne
et au Mozambique. Tout en menant une carrière politique à éclipses, il équipe les Basses-Pyrénées en
hydroélectricité, fonde la société d'apéritifs qui port son nom et laisse à sa mort une immense fortune.
Abstract
The carreer of Edmond Bartissol illustrates how, without actually qualifying as an engineer, it was
possible, in the nineteeth century, to make one's mark in civil engineering. After a period spent working for
the Suez Canal contruction site, Bartissol entered into a partnership with Duparchy to set up a civil engi
neering firm, going on to provide Portugal with railways, also fiting out in that country the leixces harbour,
where he brought in new technology, before extending his activités to Spain and Mozambique. Concurrent
ly engaged in an albeit intermittent political career, he also equipped the French département of Basses
Pyrénées hydroelectric facilities, and founded the firm of aperitif wines which his name to this day, leaving
a considerable estate at the end of his life.
Edmond Bartissol voit le jour le 20 décembre 1841 dans le village de Portel dans
l'Aude où sa famille est établie depuis fort longtemps. La commune se singularise par
la présence d'un des plus importants gisements de gypse de la façade méditerranéenne.
L'exploitation de cette « pierre à plâtre » d'abord cantonnée aux besoins locaux connaî
tra, à partir du Second Empire, un certain développement sous l'effet cumulé de la
prospérité viticole et du désenclavement routier des Corbières. Jusqu'aux années 1850,
le niveau de vie de la famille Bartissol apparaît bien modeste. Le père d'Edmond,
Alexis, maçon comme son propre père, réalise à l'occasion, de menus travaux pour le
compte de la municipalité. Sans être dans le besoin, la famille qui compte six enfants
est alors loin d'appartenir aux notabilités du lieu. A partir des années dix-huit-cent
soixante, le dynamisme des plâtrières dont un Bartissol est propriétaire et les travaux de
construction de la route départementale dont le frère aîné, Jean Vincent, a obtenu la
concession 1 favoriseront l'accession de la famille à une certaine aisance. Dans un tel
contexte, l'itinéraire professionnel d'Edmond Bartissol peut être regardé comme l'abou
tissement d'une culture économique locale.
Ainsi, est-on passé en une douzaine d'années de la présentation d'un brillant diplô
mé à celle d'un self-made-man. Où est la vérité ? Bartissol est-il allé au lycée, est-il
« sorti » d'une école d'ingénieur ou était-il vraiment un autodidacte ? L'installation du
frère aîné à Perpignan dès 1856 et le fait qu'André-Prosper Crova auquel fait référence
le complaisant biographe soit professeur au lycée de cette ville de 1853 à 1859 nous
inclinent à penser que Bartissol a réellement fréquenté le lycée de Perpignan. Il semble
toutefois établi qu'à dix-sept ans, Edmond commence à travailler avec son frère aîné,
qui a obtenu la construction d'une partie de la ligne de chemin de fer de Narbonne à
Perpignan 6. A cet âge, le jeune homme peut très bien avoir achevé (ou interrompu) ses
études secondaires. Quoi qu'il en soit, il est certain que Bartissol n'a pas suivi d'études
supérieures et, à ce titre, il peut être légitimement rangé parmi les entrepreneurs de tra
vaux publics formés sur le tas, par opposition aux anciens des grandes écoles (Polytech
nique, Centrale, Ponts, Arts et Métiers). Alors que ces formations scientifiques
majeures sont déjà quasi indispensables pour espérer se faire rapidement une place dans
l'industrie des travaux publics, en moins de dix ans, Edmond Bartissol passe du statut
de petit employé à celui de grand chef d'entreprise. Dans cette société française du
XIXe qui valorisa plus souvent la rente et le maintien des hiérarchies sociales que
l'esprit d'entreprise, la chose est suffisamment atypique pour mériter notre attention.
2. A. Bertrand, La Chambre des députés de 1889, n° 391, Biographie des 576 députés, Paris, 1889 (*). Bien plus
tard, les rédacteurs du Dictionnaire des Parlementaires ne retiendront que la version initiale : « Après d'excellentes
études à Perpignan, E. Baitissol fit ses débuts d'Ingénieur des Travaux Publics dans sa province natale » (p. 482).
3. A. Bertrand, La Chambre des députés (1898-1902). Biographies des 581 députés avec avertissement et documents
divers, la liste des ministères qui se sont succédés, la liste alphabétique des députés, etc., L.H. May, Paris, 1898, n° 55.
4. Extrait de : Biographie de M. Edmond Bartissol, candidat du Congrès Républicain, Elections législatives du 8
mai 1898, 1ère circonscription de Narbonne, Imprimerie Bousquet, Narbonne, 1898, p. 2.
5. L'Indépendant des Pyrénées-Orientales, 18 août 1916 : article de Jules Escarguel (« M. Ed. Bartissol ») et « M.
Edmond Bartissol Notes biographiques » signées E.R.B. E. Frenay écrit également que Bartissol fut « formé à l'école
primaire de son village, sans qualification » (Histoire de Perpignan..., p. 220).
6. Mentionné sur plusieurs biographies.
L'image de la réussite de son frère aîné semble avoir joué un rôle non n
dans les choix du jeune Edmond. Avec Jean Vincent, pour la première fois, un
était sorti des Corbières pour vivre son métier de maçon à une dimension plus
celle de ses aïeux. Nous ne connaissons les premières années de la vie prof
de Bartissol qu'au travers du miroir déformant des notices biographiques.
fait pas de doute que le jeune homme ait précocement choisi son propre itinér
« En 1860, à dix-neuf ans, il entre comme employé dans l'Administration d
et Chaussées aux bureaux de M. Tastu, alors ingénieur en chef à Perpignan et i
des travaux publics à Collioure, Argelès et Port-Vendres. Mais la carrière admi
n'est pas pour satisfaire son besoin d'initiative, d'activité et d'expansi
s'affranchit-il de bonne heure de ses lisières étroites pour entrer au service d
trie privée » 7.
Bartissol est sans doute déjà fasciné par les grands travaux, notamment par
prise lancée par Ferdinand de Lesseps lorsque, en 1866, à l'hôtel de la Perdrix d
gnan où il est pensionnaire, il rencontre le vieux docteur Companyo. Fon
Musée d'Histoire naturelle et Conservateur du Jardin des Plantes, Louis Compa
une personnalité de la ville. Ancien médecin militaire, il est encore médeci
années 1860, rattaché aux travaux du Canal de Suez. A-t-il introduit le jeun
auprès des entrepreneurs du chantier pour faciliter son recrutement comm
entendre la notice nécrologique de Y Indépendant ou a-t-il tenté de le dissuade
en Egypte comme il est porté sur une version biographique ? Nous n'en savons
là n'est pas l'essentiel. Bartissol saura par la suite tirer partie de cette init
banale puisque, dans chacune des notices biographiques, on retrouve la mêm
tion mélodramatique de cette épopée :
« C'est alors dans un beau coup d'audace où se révélera toute sa confianc
destinée qu'il va vraiment décider de sa vie. Le Canal de Suez promet de re
continents par des mers jusque-là séparées. M. Bartissol, à peine âgé de vingt-c
s'enrôle dans la phalange des travailleurs qui se sont voués à ce grandiose proje
qu'on meurt beaucoup là-bas... Il n'hésite pas et il part pour Suez afin d'y c
Fortune au risque d'y rencontrer la Mort » 9.
7.Les grands constructeurs français. Edmond Bartissol, Perpignan, Imprimerie du Journal Commerci
avril 1902, p. 8.
8. Voir Biographie de M. Edmond Bartissol, candidat du Congrès Républicain..., op. cit., p. 3. En 1900
des Pyrénées-Orientales illustré (fascicule XXXV, juillet) dont Bartissol est très proche et probablement
fonds, reprend textuellement les six premières pages de cette biographie.
9. D'après la biographie de 1898, le Journal des Pyrénées-Orientales illustré et Les grands constructeu
op. cit., p. 8-9.
A Suez, Bartissol s'est lié d'amitié avec un autre chef de section, Alexis Duparchy
qu'on retrouvera par la suite associé à plusieurs des activités de travaux publics de Ba
tissol ,2. Originaire du Jura, fils de cultivateurs, Duparchy semble être lui aussi un auto
didacte. De six ans plus âgé que Bartissol, il a déjà participé à quelques grand
chantiers avant de venir à Suez. De 1861 à 1863, il a été entrepreneur de la Société d
Chemins de Fer Russes et, de 1863 à 1865, il a réalisé pour la Maison Gouin et Cie de
lignes de chemins de fer espagnols, dans les Pyrénées l3. C'est à Suez également que
Bartissol aurait rencontré celle qui deviendra la compagne de sa vie, Louise P..., une
femme mariée, d'une dizaine d'années plus âgée que lui, native de Saint-Laurent-de-l
Salanque dans les Pyrénées-Orientales. Edmond Bartissol retrouve la France en janvie
1870. Au moment où le pays entre en guerre, il est à Paris et se porte volontaire pour
servir dans la Garde Nationale. Affecté à la 4ème Compagnie du 260e bataillon de
marche, il aurait participé aux combats du siège de Paris 14. Une fois la paix retrouvée,
Bartissol se préoccupe de son avenir professionnel. De Suez, il a ramené une solide
expérience des grands travaux et de précieuses relations, deux atouts qu'il s'attache
valoriser.
Bartissol a gardé des contacts avec Alexandre Lavalley. En 1871, ce dernier lui
confie la mission d'étudier l'organisation des chemins de fer en Galicie, alors région de
l'empire austro-hongrois. L'année suivante, il effectue d'autres missions d'étude :
d'abord en Turquie, toujours en prévision de l'établissement d'un chemin de fer ; su
les bords de l'Adriatique ensuite, pour envisager la construction d'un port à Fium
(aujourd'hui Rijeka en Croatie) 15. En 1874, Bartissol est sollicité par le Comptoir
10. Sur les conditions du creusement du canal de Suez, on peut se reporter à J. Charles-Roux, L'isthme et le cana
de Suez. Historique. Etat actuel, Librairie Hachette, Paris, 2 tomes, 1901.
11. D'après la biographie de 1898, le Journal des Pyrénées-Orientales illustré et Les grands constructeurs fra
çais..., op. cit., p. 8-9.
12. Sur Alexis Duparchy, voir dossier Archives Nationales L.H. 850/17 ; Pierre Coindreau, Savigny sur Orge, De
Sabinus à Savigny, L'instant Durable, Clermont-Ferrand, 1987 et Jean Duparchy, Le percement des Alpes Bernoises.
Antécédents généraux et conséquences économiques du tunnel du Loetschberg, thèse de doctorat, Faculté de Droit, U
versité de Paris, 1913, 257 p.
13. Dossier Légion d'Honneur Archives Nationales L. H. 850/17.
14. Seul le Dictionnaire des Parlementaires le signale comme affecté au 270e Bataillon.
15. D'après dossier Légion d'Honneur, Archives Nationales, L.H. 128/75.
Retour en Roussillon
Durant les années 1880 simultanément, Bartissol mène ses activités dans la péninsu
le ibérique et opère un retour vers le Roussillon de sa jeunesse. Ici comme à l'étranger,
Bartissol se trouve au cœur des projets les plus utopiques et des réalisations les plus
prosaïques et fructueuses.
Dès 1881, Bartissol est contacté par l'Ingénieur en Chef des Travaux Publies des
40. Cité par Charles Mallet 1889, (Le Parlement français. 1889. Ouvrage historique contenant les biographies et
portraits de MM. les députés et sénateurs. M. Edmond Bartissol, député des Pyrénées-Orientales, Librairie Nadaud et
Cie, 1889).
41= P. de Bonnefont de Varinay, La Compagnie de Mozambique. Sa concession, son administration, ses résultats
(1898), Lisbonne, 1899, p. 26.
42. Cette distinction vaut à Edmond Bartissol de figurer dans le Dictionnaire des Familles françaises anciennes et
notables à la fin du XIX' siècle, Edition 1938, tome 1.
Pyrénées-Orientales, Antoin
Empire lorsque Tastu avait en
Perpignan à Prades et de Perpi
subalterne anonyme. Natif d
virent sortir parmi les premie
Ponts-et-Chaussées, il débute
son département natal. Il en
1866. Tastu, 1er bien nommé
Bouillouses, en Cerdagne, de
convenablement l'irrigation de
par l'Etat, Tastu crée un Comi
taires et c'est à ce titre qu'il co
tissol, toujours associé à Dupa
Conseil Supérieur de l'Agric
d'arrosage des vallées de l'Ag
l'idée d'un projet de barrage
Ponts et Chaussées voudra à no
sol de 1882 qu'il exhumera. O
sera finalement mis en service
Bartissol réalise des profits considérables dans ses travaux à l'étranger, profits qu'il
réinvestit dans les domaines les plus variés : l'agriculture, l'immobilier, l'hydraulique,
43. Numa Broc, « L' iraulique agricole en Roussillon : aspects historiques », Bulletin de la Société Languedocien
ne de Géographie, tome - 'ascicules 2-3, avril-septembre 1980, p. 304-305.
44. Les grands constructeurs..., op. cit., p. 12.
45. Cité par Christian Camps, Les noms de rues de Perpignan, Thèse de doctorat de Ille cycle, Université Paul
Valéry, Montpellier, 1973, p. 103.
46. Cité par E. Frenay, Perpignan à la belle époque, Archives départementales des P.O. et C.D.D.P., 1975 et Histoi
re de Perpignan, sous la direction de Ph. Wolf, Editions Privat, 1985, p. 220.
Alors qu'il n'avait jusqu'alors exercé aucune activité politique, Edmond Bartissol à
l'approche de la cinquantaine, se présente aux élections législatives du 22 septembre
1889 dans la circonscription de Céret, petite sous-préfecture des Pyrénées-Orientales.
Bartissol a comme adversaire un jeune avocat perpignanais, Jules Pams. Tant par ses
origines, le négoce viticole, que par son alliance avec la famille Bardou-Job à laquelle
appartient son épouse, Pams est déjà introduit dans le milieu catalan des affaires. Bar
tissol est élu, mais n'obtient qu'une majorité relative et le score flatteur de Pams laisse
poindre le proche avènement d'un homme politique d'envergure.
Il semble que, dans un premier temps, Bartissol ait pris à cœur sa fonction de député.
Dès décembre 1889, alors qu'il n'est élu que depuis deux mois, il dépose une proposition
47. Cité par P. Poutensan, L'évolution économique du Roussillon de L848 à 1920, Thèse de doctorat de Ille cycle,
(Histoire économique), Université des Lettres et des Sciences Humaines de Toulouse-Le Mirait, 2 tomes, 1976, p. 438
d'après le dépouillement des Rapports des Inspecteurs Généraux de la Banque de France.
48. D'après une brochure de la Société des Vins naturels Banyuls-Bartissol, Imprimerie B. Arnaud, Lyon-Paris.
49. Le Mas de la Tourre à St-Laurent de la Salànque et le domaine de Cabanes à St-Génis-des-Fontaines, dans les
Albères, d'après Charles Gervais, indicateur des Vignobles Méridionaux, 2e édition, 1903.
50. Le Progrès Agricole et Viticole, n° 43, 22 octobre 1905, p. 475.
51. Histoire de Perpignan, sous la direction de Ph. Wolf, Editions Privat, 1985, p. 220.
52. Séance du 7 décembre 1889. J.O. du 8 décembre 1889, p. 314 ; texte de la proposition en annexe n° 154, J.
du 5 mars 1890, p. 289.
53. Chambre des députés, séance du 22 mars 1890, J.O. du 23 mars 1890, p. 601.
54. Chambre des députés, débats, séance du 19 novembre 1890, J.O. du 20 novembre 1890, p. 2142.
55. Ibid.
56. Ibid.
En quatre années de mandats, le bilan d'activité du député Bartissol est d'autant plus
mince qu'aucun des dossiers sur lesquels il s'est penché ne concerne directement
57. Chambre des députés, débats, séance du 25 novembre 1890, J.O. du 26 novembre 1890, p. 2246.
58. Ibid.
59. Cité par Armand Boutier, Le canal du Midi. Des projets aux réalisations dans Jean-Denis Bergasse (sous la
direction de) : « Le canal du Midi, grands moments et grands sites », Imprimeries Maury, Millau, 1985, p. 418. Le rap
port de cette commission a été publié au Journal Officiel du 13 mai 1896, p. 2656 à 2696.
Le « seigneur » de Fleury
Dans les dernières années du siècle, Bartissol s'attache à dépasser les prem
ficultés qu'il avait rencontrées dans son entreprise d'électricité. Dans un premie
il renforce la capacité de son usine perpignanaise et, dès le 10 février 1898, la v
éclairée à la lumière électrique 65. Dans un second temps, il fait construire sur
Rodés près de Vinça, une usine hydroélectrique équipée de 3 dynamos de 350 00
62. Archives communales de Fleury-Mérogis : Correspondances entre la mairie et la Préfecture 1907-
ry-Mérogis, R. Davoine a mis en lumière l'activité municipale d'Edmond Bartissol. C'est à lui que nous de
tiel des informations concernant ce pan de la vie de E. Bartissol.
63. Sur Arcada et la S.N.T.P., voir Dominique Batjot, La grande entreprise française de travaux pu
1974) : contraintes et stratégies, doctorat d'Etat, 7 tomes, Université Paris I, 1989.
64. D'après Annuaire Desfossés, tome II, 1956, p. 485, 1960, p. 1048. Trois des administrateurs (L. Ber
et R. Patrouix) sont des héritiers d'Edmond Bartissol.
65. Le Roussillon, 9 février 1898, cité par E. Frénay dans Perpignan à la belle époque.
De sensibilité radicale-socialiste,
amertume que Bartissol est réellemen
De son côté, celui-ci s'efforce d'acc
1901, il développe ses arguments d
s'impose et cela d'une façon absolue
que pour la prospérité commerciale
sol est désormais un puissant entre
François Joffre, ingénieur des Arts
En dépit de cette activité débordante, notre homme d'affaires se présente aux législa
tives d'avril 1902 dans la première circonscription de Perpignan qui comprend une par
tie de la ville et un vaste secteur rural s'étendant de la Salanque aux Corbières
catalanes. Bartissol mène une campagne à sa mesure. Il a une proposition sur tous les
thèmes de société. C'est ainsi que, dans son programme politique, on relève : réduction
du fonctionnarisme, réduction des frais de justice, réduction des impôts, service militai
re ramené à deux ans, retraites ouvrières, développement des institutions de prévoyance
et de mutualité... Le programme viticole, essentiel pour tout candidat dans le Midi, est
également très fourni. Certains points peuvent apparaître démagogiques, notamment
lorsqu'il se déclare pour la « libération du vin de toutes ses charge, pour le vin au sol
dat, pour la réduction et unification des frais de transport pour le vin, les produits agri
coles et les engrais ou pour l'abaissement des droits de douane dans les pays
étrangers » 73. Mais, Bartissol fait également une proposition originale qui connaîtra des
prolongements au cours des années suivantes. C'est en effet à l'occasion de cette cam
pagne qu'il lance l'idée d'une « organisation des trusts et [la] formation d'une puissan
ce société d'exportation » 74. Enfin, son « programme local » est considérable : chemin
de fer à voie normale de Rivesaltes au Barcares, chemin de fer local de la Salanque,
arrosage de la vallée de l'Agly, darse du Barcarès, constmction de réservoirs et de
canaux d'arrosage et évidemment destruction des remparts de Perpignan, un projet
72. L'Indépendant du 16 octobre 1905, cité par E. Frenay, Le thermalisme en Roussillon XVIII'-XIX' siècles, Direc
tion des Services d'Archives des Pyrénées-Orientales, Imprimerie Minuprint, Perpignan, 1987, p. 187.
73. Profession de foi, affiche électorale A.D. Pyrénées-Orientales.
74. Ibid.
Le député de la seconde ci
Bourrât, stigmatisant chez
tique, demande l'annulation
personne de Jean Jaurès. Le
pour un entrepreneur puissam
qu'il sollicite la réalisation d
les capitaux nécessaires à l'
des puissants moyens dont
moyens nouveaux qu'il dem
affirmations, de ces prome
on l'a fait jusqu'ici dans bea
de sommes minimes distri
parce qu'elle est indirecte et
forme, la plus dangereuse d
à édifier son élection sur la p
Fort de l'ampleur de son su
cause sereinement : « Ce n'est
un canal d'arrosage ; ce son
chose. De même, les rempar
ou par une entreprise particu
n'y a là aucun acte de corru
par 291 voix contre 216. Cett
De la défense de la viticult
Le projet de Bartissol résulte d'une analyse simple de la crise viticole. Pour faire
remonter les cours qui se détériorent depuis près de dix ans, la réunion d'une grande
partie des producteurs méridionaux de vin s'impose ; regroupés, ceux-ci pourraient
réguler l'offre, garantir la qualité des vins et par là même, obtenir des prix plus élevés.
L'objectif est de former une société commerciale au capital social de 300 millions dont
la moitié seraient consacrés à la constmction de cuves d'une contenance totale de 30
millions d'hectolitres sur les lieux de production et l'autre moitié au fond de roulem
Le vin serait acheté aux producteurs par le trust en vertu d'un contrat d'exclusivité
bénéfices seraient répartis à raison de 45 % à la Société, de 45 % aux viticulteurs et
10 % aux ouvriers 82. Bartissol prévoyait de vendre l'ensemble de cette production e
bouteilles par un réseau propre de représentants, ce qui, pour l'époque, constitu
originalité de premier ordre : « Pour éviter le mouillage, tout le vin de la société
vendu en bouteilles et portera sur le bouchon et à la cire le degré et le prix »
Edmond Bartissol s'est davantage inspiré des trusts financiers et des cartels industr
qui se développent à la fin du XIXe siècle que des groupements viticoles américai
Désormais Officier de la L
gérer ses affaires de sa rési
Portugal où la République a
actif et toujours aussi polyv
pays basque espagnol et le r
port de Vigo destiné, selon le
ce entre Europe et Amériq
cieuses artificielles, usine qu'
vieil homme a gardé les rêves
Victime d'une congestion pu
inhumé au cimetière de Fleu
toujours cette terre d'Ile-de-F
fils d'un maçon de village.
brillante carrière. Des décen
marché des vins d'apéritif. L
des décennies, son portrait
des bouteilles. Aujourd'hui en
E. Bartissol. Combien de con
qui se perpétue sous ce nom à
C.R.P.E.E./C.N.R.S.
Montpellier