Vous êtes sur la page 1sur 11

CHAPITRE 4 : LES ACTEURS DE L’IMMUNITÉ

Les mécanismes de reconnaissance et d’élimination des molécules du non soi font intervenir un système
diffus d’organes, de tissus, de cellules et de molécules qui constituent le système immunitaire.

1. Les organes et les tissus de l’immunité


Le système lymphoïde est composé d’organes lymphoïdes primaires ou centraux et d’organes et de tissus
lymphoïdes secondaires ou périphériques.
Le tissu lymphoïde est un tissu hématopoïétique spécialisé dans l’hébergement, la différenciation et la
prolifération des lymphocytes.

Figure 1 : les principaux organes lymphoïdes


1.1. Organes lymphoïdes centraux ou primaires
Les organes lymphoïdes centraux sont responsables de la production et de la maturation des
lymphocytes (prolifération et différenciation) indépendamment de toute stimulation de l’antigène.
Les lymphocytes T et B acquièrent leur immunocompétence dans les organes centraux.
Une cellule immunocompétente possède à sa surface membranaire des récepteurs fonctionnels
capable de distinguer le soi du non soi : elle tolère le soi et rejette le non soi.
• Les lymphocytes B possèdent principalement à leur surface des immunoglobulines
membranaires ou BCR (récepteurs des cellules B), des molécules de CMH I et de CMH II ;
• Les lymphocytes T possèdent principalement à leur surface des récepteurs des cellules T
(TCR), des molécules de CMH I et des molécules CD (clusters de différenciation1) :
- CD4 pour les lymphocytes CD4 ou T4 ou Th ou Thelper
- CD8 pour les lymphocytes CD8 ou T8 ou Tc ou Tcytotoxique

1
CD : marqueurs cellulaires, glycoprotéines membranaires présentes à la surface des cellules permettant
l’identification et l’immunotypage des cellules du système immunitaire

Cours immunologie BTS_ABM1 2022-2023 4- Acteurs_immunité 1/11


Molécules du Complexe Majeur d’Histocompatibilité

CMH I CMH II

Les cellules présentatrices de


Toutes les cellules de l’antigène (CPA)
l’organisme sauf les (monocytes, macrophages,
hématies lymphocytes B, cellules
dendritiques)

Système HLA sur chromosome 6


HLA-A, HLA-DP,
HLA-B, HLA-DQ,
HLA-C, HLA-DR,
… …
Reconnus par CD8 Reconnus par CD4
des lymphocytes T des lymphocytes T
cytotoxiques helphers
Reconnaissance
Reconnaissance
du soi modifié
du non soi
(cellules cancéreuses,
(bactéries,…)
infectées par un virus,…)

Cytolyse Activation - Prolifération

Cours immunologie BTS_ABM1 2022-2023 4- Acteurs_immunité 2/11


A faire au tableau

1.1.1. La moelle osseuse


La moelle osseuse occupe l’espace libre à l’intérieur des os.
La moelle osseuse rouge est un organe hématopoïétique où toutes les lignées sanguines sont
produites :
• la lignée myéloïde donne naissance aux hématies, aux granulocytes, aux monocytes
et aux thrombocytes
• la lignée lymphoïde donne naissance aux lymphocytes pré-T, aux lymphocytes pré-B,
aux lymphocytes B et aux cellules NK (Natural Killer).

La moelle osseuse rouge produit à partir de cellules souches des cellules lymphoïdes (cellules
progénitrices lymphoïdes) :
• des progéniteurs B qui se différencient en lymphocytes B (B pour bone).
• des progéniteurs T qui donnent des thymocytes qui vont gagner le thymus pour se
différencier en lymphocytes T (T pour thymus).
1.1.2. Le thymus
Le thymus est un organe blanchâtre volumineux situé dans la partie supérieure du thorax. Il
est constitué de deux lobes accolés et enveloppés dans une capsule. Sa taille augmente
jusqu’à la puberté et diminue progressivement chez l’adulte, sans disparaître totalement (40 g
à la puberté puis 20 g).
Le thymus est le siège de la maturation des lymphocytes T (prolifération et différenciation) à
partir des thymocytes produites par la moelle osseuse.

Cours immunologie BTS_ABM1 2022-2023 4- Acteurs_immunité 3/11


MOELLE
OSSEUSE Cellule souche hématopoïétique
ROUGE
Progéniteurs B Thymocytes
Lymphocytes B

Lymphocytes T THYMUS

Lymphocytes B
CIRCULATION
SANGUINE

Figure 2 : schéma simplifié des relations existant entre les organes lymphoïdes centraux
à l’origine de la maturation des lymphocytes B et T

1.2. Organes lymphoïdes périphériques ou secondaires


Les organes lymphoïdes périphériques sont des organes où a lieu la réponse immunitaire : ils ont
pour fonction de favoriser la rencontre et la reconnaissance entre les antigènes et les cellules
immunitaires.
Les organes et les tissus périphériques sont colonisés par les lymphocytes immunocompétents
produits dans les organes centraux. Leur organisation permet les interactions entre l’antigène et les
cellules de l’immunité.
Les organes lymphoïdes secondaires assurent une partie du renouvellement des lymphocytes au
cours des divisions cellulaires qui sont déclenchées par la reconnaissance de l’antigène et ont pour
but d’amplifier la réponse immunitaire une fois qu’elle a débutée.
1.2.1. Les ganglions lymphatiques
Les ganglions lymphatiques sont des petites structures sphériques qui se développent aux
nœuds de convergence des vaisseaux lymphatiques. Il en existe 500 à 1000 de quelques
millimètres à plusieurs centimètres de diamètre.

Cours immunologie BTS_ABM1 2022-2023 4- Acteurs_immunité 4/11


Figure 3 : système lymphatique
https://www.lymphoma.ca/fr/le-lymphome/lymphome-101/systeme-lymphatique/

Les ganglions lymphatiques sont de véritables filtres disposés sur la circulation lymphatique.
La lymphe y entre par plusieurs vaisseaux afférents et en ressort par un seul, le vaisseau
efférent d’où une circulation ralentie favorable à la rencontre des cellules et des molécules. La
lymphe y est donc débarrassée des substances étrangères grâce aux cellules immunitaires
qui les reconnaissent, les neutralisent et les éliminent.
Ils sont colonisés par trois types de cellules :
• les lymphocytes B en périphérie (zone corticale dans des follicules lymphoïdes)
• les lymphocytes T dans la zone paracorticale
• les macrophages et les plasmocytes dans la zone médullaire

Figure 4 : structure en coupe d’un ganglion lymphatique

Cours immunologie BTS_ABM1 2022-2023 4- Acteurs_immunité 5/11


1.2.2. La rate
La rate est l’organe lymphoïde le plus volumineux (12 cm de long et d’environ 200 g).
Elle situe à gauche de l’abdomen sous le diaphragme.

Figure 5 : localisation de la rate


Elle est formée d’une capsule et d’un parenchyme qui est constitué de deux tissus :
• la pulpe rouge : riche en sang et en cellules (hématies, granulocytes, lymphocytes,
plasmocytes, macrophages)
• la pulpe blanche : tissu lymphoïde parsemé dans la pulpe rouge riche en lymphocytes
(B et T)
L’organisation de la rate est similaire à celle d’un ganglion lymphatique, excepté que l’antigène
y est amené par le sang et non par la lymphe.
La rate est un véritable filtre de la circulation sanguine. La pulpe blanche assure la rétention
des substances étrangères et la pulpe rouge retient les hématies sénescentes ou altérées
pour les détruire.

Figure 6 : structure en coupe de la rate


(PALS : PeriArteriolar Lymphoid Sheath ; manchon lymphoïde périartériolaire)

Cours immunologie BTS_ABM1 2022-2023 4- Acteurs_immunité 6/11


1.2.3. Les formations associées aux muqueuses (MALT)
Une partie du tissu lymphoïde est associée aux muqueuses de l’organisme (MALT : Mucosa-
Associated Lymphoïd Tissue). Une sous-partie est associée à la muqueuse du tube digestif
(GALT : Gut-Associated Lymphoïd Tissue) : amygdales (situé dans la cavité buccale),
appendice, plaques de Peyer (au niveau de l’iléon).
Les MALT contiennent des lymphocytes Th et B. Les lymphocytes B différenciés en
plasmocytes produisent des immunoglobulines de classe A (dimérique avec piève sécrétoire).

2. Les cellules de l’immunité : les immunocytes


Le système lymphoïde est constitué de lymphocytes, de macrophages et de cellules spécialisées dans
la présentation des antigènes, localisés dans les organes et les tissus lymphoïdes.
2.1. Les cellules de l’immunité non spécifique
Les cellules de l’immunité innée2 comprennent :
• des cellules phagocytaires :
o macrophages (monocytes tissulaires)
o granulocytes neutrophiles
o cellules dendritiques
• des cellules tueuses naturelles (NK pour Natural Killer)
• des granulocytes éosinophiles
• des granulocytes basophiles
• des mastocytes (cellules présentant des similitudes avec les granulocytes basophiles)

La réaction inflammatoire est une réponse de l’organisme à une agression tissulaire visant, tout en
empêchant la progression de l’inflammation, à cicatriser le tissu blessé.
L’agression peut être d’origine infectieuse, tumorale, traumatique, immunologique, secondaire à une
nécrose tissulaire (infarctus du myocarde), chimique, physique.
La réaction inflammatoire se traduit localement par :
• une rougeur due à la vasodilatation des capillaires
• une chaleur due à la vasodilatation des capillaires
• un œdème due à la filtration de liquide en dehors des vaisseaux
• une douleur due à la distension des tissus par l’œdème (écrasement de terminaisons
nerveuses)
La réaction inflammatoire peut être accompagnée de fièvre souvent peu favorable à l’agent
pathogène.
Les modifications locales, vasculaires et cellulaires sont provoquées par des facteurs mis en
circulation à partir du foyer infectieux (histamine, kinines).
La réaction inflammatoire permet du fait de l’augmentation de la perméabilité capillaire de faire
affluer des leucocytes (granulocytes neutrophiles et macrophages) au foyer infectieux. Ils traversent
la paroi capillaire par diapédèse.
La réaction inflammatoire se termine par une phase de cicatrisation au cours de laquelle le germe
est éliminé, les phagocytes meurent et génèrent du pus. Lorsque que le foyer inflammatoire est
débarrassé des débris cellulaires, les fibroblastes produisent du collagène, principal constituant du
tissu cicatriciel.
Vidéo INSERM : réaction inflammatoire
https://www.youtube.com/watch?v=phYppRaLCOY

2
https://www.clinisciences.com/lire/cellules-de-l-immunite-innee-1178.html

Cours immunologie BTS_ABM1 2022-2023 4- Acteurs_immunité 7/11


La phagocytose est le processus d’ingestion et de destruction des micro-organismes par les
phagocytes. Elle se déroule en 4 étapes :
• Le chimiotactisme : attraction chimique des phagocytes vers un endroit précis. Les
substances chimiotactiques sont des molécules libérées par des cellules tissulaires lésées,
des constituants leucocytaires, des protéines activées du complément (anaphylatoxines).
• L’adhésion : fixation d’un phagocyte (membrane plasmique) sur un microorganisme
entraînant une phagocytose rapide.
• L’ingestion : les pseudopodes (prolongement cellulaire du phagocyte) englobent le micro-
organisme et forment une vésicule phagocytaire (phagosome).
• La digestion des particules phagocytées par les lysosomes : la vésicule phagocytaire
(phagosome) se détache de la membrane plasmique et se trouve dans le cytoplasme en
contact avec des lysosomes. Ils fusionnent pour donner des phagolysosomes.
Le lysozyme contenu dans le phagolysosome dégrade les particules avec l’aide d’enzymes
protéolytiques (substances bactéricides, virucides et fongicides).

Figure 7 : déroulement de la phagocytose


Vidéo INSERM : C’est quoi la phagocytose ?
https://www.youtube.com/watch?v=YjQ_3vPjWfk

2.2. Les cellules de l’immunité spécifique


2.2.1. Les cellules présentatrices de l’Ag
On distingue plusieurs types de cellules présentatrices de l’antigène (ou CPA) :
• Les monocytes et les macrophages
• Les cellules dendritiques
• Les lymphocytes B
Les antigènes présentés sont soit d'origine extracellulaire (ou exogène), soit d’origine
intracellulaire (ou endogène) :
• présentation de l'antigène endogène aux lymphocytes Tc CD8 grâce au CMH I ;
• présentation de l'antigène exogène aux lymphocytes Th CD4 grâce au CMH II.
2.2.2. Les cellules auxiliaires : les lymphocytes Th
Les lymphocytes T helper (Th) ou auxiliaires (Ta) possèdent à leur surface des récepteurs des
cellules T (ou TCR) et une population de marqueur cellulaire particulier : la molécule CD4
(CD : classe de différenciation).
Les lymphocytes Th (T4) reconnaissent les antigènes exogènes présentés par des molécules
de CMH II.

Cours immunologie BTS_ABM1 2022-2023 4- Acteurs_immunité 8/11


Ils ont un rôle central dans la réaction immunitaire spécifique (adaptative) :
• Ils sont recrutés et activés par les cellules présentatrices de l’antigène ;
• Ils sécrètent une cytokine, l’interleukine 2 capable d’activer la prolifération et la
différenciation des lymphocytes ;
• Ils sont donc capables d’activer les cellules effectrices de la réponse immunitaire :
o les lymphocytes B qui se différencient en plasmocytes sécréteurs d’anticorps.
o les lymphocytes Tc qui s’activent pour reconnaître et détruire des cellules au
soi modifié (CMH I modifié).

Figure 8 : recrutement d’un lymphocyte Th par un lymphocyte B


https://en.wikipedia.org/wiki/T_helper_cell#/media/File:T-dependent_B_cell_activation.png

2.2.3. Les cellules effectrices


a) de la réponse à médiation humorale : les lymphocytes B
Les lymphocytes B possèdent à leur surface des marqueurs cellulaires tels que des
molécules de CMH I et de CMH II et des immunoglobulines membranaires de classes M
et D (= BCR = récepteurs des cellules B).
Ils sont activés et se différencient en plasmocytes sécréteurs d’anticorps grâce à leur
reconnaissance des antigènes par le BCR et à la présence de cytokines produites par
les macrophages et les lymphocytes Th.
b) de la réponse à médiation cellulaire : les lymphocytes Tc
Les lymphocytes Tc possèdent à leur surface des récepteurs des cellules T (ou TCR) et
une population de marqueur cellulaire particulier : la molécule CD 8.
Les lymphocytes Tc (T8) reconnaissent des antigènes portés par des molécules du
CMH I (soi modifié) et leur activation permet la destruction des cellules infectées.

Vidéo INSERM : Au cœur des organes : immunité adaptative


https://www.youtube.com/watch?v=TVoqiqwtbsA

Cours immunologie BTS_ABM1 2022-2023 4- Acteurs_immunité 9/11


3. Les facteurs humoraux (molécules) de l’immunité
3.1. Les molécules de l’immunité non spécifique (naturelle)
Les cytokines (du grec « cyto » : cellules et « kinos » : mouvement) sont des petites protéines
sécrétées par les cellules en réponse à divers stimuli. Au niveau de la réponse immunitaire, elles
permettent la communication entre les cellules immunes et l’orientation de la réponse en fonction
de la nature du signal détecté.
De nombreuses cytokines sont produites par les macrophages ou les cellules dendritiques et ont
une action pro-inflammatoire (ex : TNF-a, IL1, IL6,…).
Les chimiokines sont des cytokines impliquées dans la migration cellulaire. Elles sont sécrétées par
de nombreuses cellules sentinelles après stimulation par des signaux de dangers. Elles forment
alors un gradient, et dirigent ainsi la migration des populations leucocytaires requises vers le tissu
enflammé.
Les molécules d’interférons sont des protéines appartenant aussi à la famille des cytokines produites
par certaines cellules immunitaires de l’organisme qui activent la réponse immunitaire et possèdent
des propriétés anti-virales et anti-prolifératives.
http://acces.ens-lyon.fr/acces/thematiques/immunite-et-vaccination/thematiques/immunite-innee-barrieres-naturelles-et-
reaction-inflammatoire/les-mediateurs-de-l2019inflammation

3.2. Les molécules de l’immunité spécifique (acquise)


3.2.1. Les médiateurs moléculaires
Les cytokines principales dans la réaction immunitaire adaptative comprennent : IL2, IL4, IL5,
TGF-β, IL10 et IFN-γ.
L'interleukine 2 (IL2) est le facteur de croissance principal pour les lymphocytes T. Elle est
produite par des lymphocytes Th. L’IL2 induit l’activation ; la multiplication et la différenciation
des lymphocytes B. De plus, IL2 peut activer des monocytes et des cellules NK.
3.2.2. Les anticorps
Voir chapitre 1 : les anticorps
3.3. Le complément entre immunités naturelle et spécifique
Le complément est un ensemble d’une cinquantaine de protéines plasmatiques dont les propriétés
principales sont d’être activées par des clivages enzymatiques en cascade.

Il existe 3 voies d’activation :


• la voie alterne, activée directement par certains polysaccharides bactériens en absence
d’anticorps et donc non spécifique.
• la voie des lectines (protéines qui se lient à certains glucides)
• la voie classique, activée par les complexes Ag-Ac (IgM, IgG) et donc spécifique
Ces 3 voies entraînent après activation des effets identiques sur la particule cible :
• libération de fragments peptidiques (chimiokines ; anaphylatoxines) provoquant une
inflammation locale
• fixation des opsonines, molécules facilitant la phagocytose
• mise en place d’un complexe d’attaque membranaire responsable de la lyse

Cours immunologie BTS_ABM1 2022-2023 4- Acteurs_immunité 10/11


Cours immunologie BTS_ABM1 2022-2023 4- Acteurs_immunité 11/11

Vous aimerez peut-être aussi