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L’expert judiciaire est un auxiliaire de la loi qui exerce ces fonctions conformément aux dispositions

de la loi 45-00. C’est un spécialiste sollicité par les juridictions compétentes sur des points d’ordre
technique. Il lui est interdit de donner son avis sur tous points de droit.

Les avis des experts reçus par les juges demeurent sans caractère obligatoire.

Conditions d’éligibilité de l’expert judiciaire :

 être de nationalité marocaine sous réserve des conditions de capacité ou ressortissant d’un
Etat ayant conclu avec le Maroc une convention (donnant les mêmes droits aux
ressortissants marocains)
 être âgé au moins de 30 années grégoriennes révolues.
 Avoir une situation régulière avec le service militaire
 Etre de Bonne moralité et bonnes mœurs
 N’avoir pas été condamné pour crime ou délit (excepté délit involontaire), peine disciplinaire
pour des faits contraires à l’honneur ou à la probité, peines pécuniaires prévues au code de
commerce à l’encontre des dirigeants des entreprises ou la déchéance commerciale.
 Satisfaire aux critères techniques fixés par voie réglementaire pour chaque discipline
d’expertise
 Disposer d’un domicile dans la circonscription de la cour d’appel dans laquelle il entend
exercer ses fonctions.

La procédure d’inscription :

Le candidat qui remplit les conditions de l’article 3 de la loi 45-00 (conditions d’éligibilité) est inscrit
par arrêté du ministre de la justice, sur proposition d’une commission, en qualité d’expert judiciaire
auprès de la cour d’appel et ou le tableau national s’il s’agit d’expert judiciaire national.

La commission (représentant du ministre de la justice, 3 premiers présidents de la cour d’appel, 3


procureurs du roi et 2 experts judiciaires) est chargée :

 D’instruire les demandes d’inscription ;


 D’élaborer et de réviser les tableaux des experts judiciaires ;
 D’exercer le pouvoir disciplinaire à l’encontre des experts judiciaires.

L’expert peut être inscrit à la fois au tableau d’une cour d’appel et au tableau national. Par contre, il
ne peut pas cumuler l’inscription dans deux disciplines d’expertise, sauf s’il s’agit d’un personne
morale disposant de plusieurs spécialités.

NB : lorsqu’il s’agit d’une personne morale :

 Le représentant légal doit remplir les conditions d’éligibilité


 Les personnes physiques relevant de la personne morale qui supervisent l’expertise doivent
également remplir les conditions précités
 La personne morale doit disposer de personnel qualifié dans les différentes branches
d’expertise.
 L’activité de la personne morale ne doit pas être incompatible avec le principe de
l’indépendance et le devoir d’impartialité requis pour l’exercice de la fonction.
L’inscription est valable pour une année (régionale et nationale).

Le ministre de la justice peut prendre un arrêté motivé de retrait de tout expert, sur la demande de
ce dernier pour des causes exclusives de toute faute disciplinaire (éloignement, maladie, incapacité
permanente)

Lorsqu’elle désigne un expert, la juridiction se limite au tableau de sa circonscription, sauf dans les
cas suivants :

 Le tableau ne comprend pas un expert dans la spécialité sollicitée ;


 Si l’expert est national

Droits & obligations de l’expert judiciaire :

 L’expert inscrit nouvellement au tableau prête serment, le serment n’est pas renouvelé tant que
l’expert est inscrit au tableau.
Lorsqu’il s’agit d’une personne morale, le serment est prêté par son représentant
permanent.
 L’expert inscrit au tableau doit participer à des sessions d’études relatives aux aspects juridiques
de l’expertise, organisé par le ministère de la justice. Sa présence est obligatoire sous peine de
non renouvellement (convocation au moins 15 jours avant la session)

 L’expert doit remplir sa mission sous le contrôle du conseiller rapporteur, du juge rapporteur ou
chargé de l’affaire.
 Il lui est interdit de déléguer sa mission à un autre expert.
 Il doit fournir le rapport dans les délais imparti par la décision judiciaire, sauf prorogation
du dit délai sur sa demande.
 Il les informe de toutes les difficultés rencontrées.

 Tout expert doit aviser immédiatement le procureur général du roi près la cour d’appel dans la
circonscription de laquelle il est inscrit, de toute modification intervenue dans sa situation, sous
peine de non renouvellement.

 Tout expert adresse en fin de chaque année au ministre de la justice, sous peine de non
renouvellement, un rapport mentionnant les points suivants :
 Nombre d’expertises effectuées ;
 La juridiction l’ayant désigné ;
 La date de la notification de la décision d’expertise ;
 Le délai imparti pour effectuer l’expertise ;
 La date du dépôt du rapport d’expertise au greffe.

Responsabilité civile et pénale de l’expert judiciaire :

L’expertise judiciaire doit être fait selon des règles de déontologie propre (indépendance,
impartialité, l’objectivité, la transparence, la discrétion, …)

La responsabilité civile : toute obligation de répondre civilemment au dommage que l’on a accusé à
autrui (le réparer en nature ou équivalent), se décompose en deux :
La responsabilité civile contractuelle ou délictuelle :

Contractuelle : résulte de l’inexécution d’une obligation née d’un contrat (les parties peuvent fixer
forfaitairement les dommages-intérêts)

Délictuelle : dans tous les autres cas (ne pourra être mise en œuvre que si un fait générateur de
responsabilité est la cause d’un dommage)

Le dommage est :

 Matériel : l’atteinte à l’intégrité du patrimoine


 Corporel : l’atteinte à l’intégrité corporelle
 Moral : l’atteinte à l’intérêt extra-patrimonial

Il convient de retenir que, pour que la responsabilité délictuelle puisse être retenue à l’encontre
d’une personne, il faut prouver que le fait générateur est à l’origine du préjudice.le lien de causalité
entre le fait générateur dommageable et le dommage.

L’expert judiciaire n’étant pas lié par un contrat ni avec le juge ni avec les parties, sa responsabilité
n’est recherché que sur le fondement délictuel.

Conclusion : il doit répondre à son imprudence, sa négligence, des choses et des personnes dont il a
la charge. (aussi, retard injustifié, carence dans l’accomplissement de sa mission)

La personne demandeur doit apporter la preuve de la faute de l’expert judiciaire et le lien de


causalité entre le préjudice et la faute commise.

Sanction : La commission est habilité à engager des poursuites et à pronocer les sanctions
disciplinaires à l’encontre de tout expert qui a commis une infraction aux textes législatives et
réglementaires relatifs à l’expertise, a manqué à ses obligations professionnelles ou a commis des
faits contraires à l’honneur, à la probité et aux bonnes mœurs.

Avant la radiation, les sanctions disciplinaires prévues à l’article 34 peuvent être appliqué à savoir :

 L’avertissement
 Le blâme
 L’interdiction provisoire (max une année)

La responsabilité pénale :

 La violation du secret professionnel


 Le délit de corruption
 Le délit de fausse déclaration

Rapport d’expertise judiciaire :

Le plan doit être rigoureux et le style de rédaction clair et précis

 Préambule (rappel des termes de la mission, résumé du contexte, présentation des parties,
leurs positions et prétentions réciproques)
 Exposé des opérations d’expertise (récit du déroulement de sa mission, chronologie des
opérations, nature des actes pratiqués, résultats et observations)
 La discussion des faits établis (réaction des parties)
 L’avis (présentation synthétique de l’avis de l’expert)

Le rapport est utilisé par les magistrats et les avocats :

 Magistrats : ils puisent dans le rapport de quoi étayer leurs positions et d’argumentations.
 Avocats : étayer leur stratégie offensive ou défensive selon les conclusions du rapport en
faveur ou défaveur du client.

Principe du contradictoire :

C’est un principe général du droit, il est garant d’un débat à armes égales entre les deux parties.

« Nul ne peut être jugée sans avoir été entendue ou appelée »

En application de ce principe, l’expert doit convoquer les parties et leurs conseils pour assister à
l’expertise. La convocation doit mentionner la date et le lieu et l’heure auxquels il sera procédé à
l’expertise et ce 5 jours au moins avant la date fixée.

L’expert ne peut entamer sa mission qu’en présence des parties ou leurs conseils ou qu’après s’être
assuré qu’ils étaient dûment convoqués sauf si le tribunal prévoit autrement (urgence)

L’expert consigne dans un PV joint au rapport, les dires et les observations des parties, elles le signe
avec lui en mentionnant celle qui refuse de signer.

L’expert procède à sa mission sous le contrôle du juge qui s’il l’estime utile, peut assister aux
opérations.

Ce principe implique :

 Que le demandeur informe en temps utile le défendeur de ses prétentions ainsi que des
moyens de droit et des éléments de preuve qui sont invoqués à l’appui des prétentions.
 Que les parties échangent leurs conclusions et leurs pièces en temps utile
 Que les mesures de recherche de preuve soient menées en présence des parties et de leurs
conseils
 Que les débats soient eux-mêmes contradictoirement menés dans le cadre d’une audience
publique (ou cabinet)

Dérogation à ce principe ne peut être que sur décision du juge en cas d’urgence.

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