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Objectifs du cours
-Savoir situer des œuvres par rapport à quelques grands courants artistiques européens
Evaluation
-Un travail personnel d’analyse, présenté à l’oral, portant sur l’iconographie d’une œuvre,
d’un auteur, d’un instrument, d’un mythe ou d’un événement musical : présentation factuelle,
analyse des supports iconographiques, étude de l’éclairage apporté par la représentation
iconographique et/ou de l’esthétique sous-jacente. Ce travail (coef. 1) pourra être fait en
binôme ou en trinôme.
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Plan de cours
Quelques sites-ressources
Site de l’INHA (Institut National d’Histoire de l’Art, QR code ci-dessous): inclut une base de
donnée des très riches publications d’Albert Pomme de Mirimonde, pionnier français de
l’iconographie musicale.
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Séquence 1
Qu’est-ce que l’iconographie musicale ?
Bases pour l’analyse d’une image fixe
NB : Ce passage est une version pédagogisée du début d’un excellent article de Florence Gétreau que
je vous conseille vivement de lire en ligne (gratuit) : « L’iconographie musicale : définition,
constitution de corpus et outils d’exploitation ». A portée de notes. Musique et mémoire. Colloque de
Grenoble. 14-15 octobre 2003. Mois du patrimoine écrit 2003., 2004, Grenoble, France. pp.87-101.
Suivre le lien :
L'iconographie musicale: définition, constitution de corpus et outils d'exploitation (archives-
ouvertes.fr)
-Iconographie musicale = l’étude des représentations figurées de la musique dans les arts
visuels, quelle qu’en soit la technique.
Un texte fondamental : les Essais d’iconologie (Studies in Iconology) publiés en 1939
par Erwin Panofsky. Sa méthode d’analyse comporte en effet trois niveaux de signification
qui pourront s’appliquer à l’iconographie musicale (dont le deuxième, la signification
secondaire, se confond souvent avec la troisième dans l’analyse car elle en représente une
étape préliminaire, raison pour laquelle je ne la donne pas ici, voir Panofsky pour + de détails.
Ex : Orphée : motif culturel très normé, et en même temps très symbolique, donc à deux
niveaux)
1. La signification primaire ou naturelle : celle des formes comme représentations
d’objets, celle d’êtres humains (mais j’ajouterais, d’instruments de musique et de
musiciens), et celle des motifs qui permettent une description pré-iconographique
de l’œuvre. Quelques exemples :
SLIDES : Portrait d’Antonio Vivaldi + Violoniste
=Représentations du violon au 18è siècle
important en musique klezmer, l’intéressa dès le plus jeune âge. Le fait d’avoir vécu les effets de la
diaspora juive des deux guerres mondiales l’ont amené à s’identifier à ce violoneux errant, se
déplaçant de village en village, sans repos.
Durant sa vie, Chagall incorpora l’image du violoneux errant dans plusieurs de ses œuvres, souvent
comme un petit personnage accessoire, et le plus fameux de ces tableaux, Le Violoniste vert de 1912-
1919, au musée Stedelikj d’Amsterdam, est considéré comme l’inspiration directe de
l’opérette Fiddler on the Roof.
SLIDE : « Le Mélodrame »
Voir l’analyse de Nathalie de LA PERRIÈRE-ALFSEN, « Les loges au théâtre », Histoire par l'image [en ligne],
consulté le 16 janvier 2022. URL : http://histoire-image.org/etudes/loges-theatre. J’en cite ici un extrait :
Apparu durant la Révolution, le mélodrame a conquis la scène populaire et s’est imposé au début du XIX e siècle
comme un genre phare. Avec des pièces comme Victor ou l’Enfant de la forêt (1799), Coelina ou l’Enfant du
mystère (1800) ou La Femme à deux maris, R. C Guilbert de Pixérécourt a créé l’archétype du genre grâce à des
personnages manichéens, à un recours permanent à l’emphase, au pathétique, et à l’utilisation d’effets de scène
pour souligner l’intensité dramatique ; les dialogues sont grandiloquents et la mise en scène ne recule devant
aucune outrance. Tout est fait pour procurer au public de fortes émotions. En 1823, le célèbre comédien
Frédérick Lemaître, que l’on peut voir sous les traits de Pierre Brasseur dans Les Enfants du
paradis, révolutionne la conception du mélodrame en parodiant la pièce L’Auberge des Adrets : les figures
traditionnelles de la vertu ne sont plus les seules à susciter l’admiration ; désormais les humbles et les marginaux
peuvent acquérir une stature de héros à l’exemple de Robert Macaire, bandit de grand chemin, mais surtout
truculent baladin qui ne craint pas de tourner en dérision les convenances sociales. Même si cette forme de
théâtre connaît un relatif déclin après la monarchie de Juillet, à Paris, le boulevard du Temple rassemble de
nombreux théâtres spécialisés dans le genre, ce qui lui vaut le surnom de « boulevard du crime ».
ANALYSE DES IMAGES
Chroniques de la vie parisienne qui se déroulent dans une loge de théâtre à l’époque de Louis-Philippe, ces deux
tableaux, de petit format, ont été conçus en pendant. Dans L’Effet du mélodrame, la scène est organisée autour
d’une femme qui s’est évanouie, en réaction à la pièce qui se joue devant elle. Tout le monde l’entoure,
préoccupé, voire effrayé comme l’enfant au premier plan. Dans Une loge, un jour de spectacle gratuit, c’est tout
le contraire ; pas de sollicitude mais un intérêt hilare devant cette faiblesse. La foule entassée dans l’espace
réduit se moque et commente avec force rires et regards appuyés cette femme qui fait bien des manières. Les
traits sont grossiers, les visages rougeauds et grimaçants. Le spectacle n’est plus sur la scène du théâtre, mais
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bien dans l’autre loge. Les personnages se penchent, sortent du tableau et nous engagent dans le spectacle de leur
spectacle. L’œil passe d’un tableau à l’autre, d’une moyenne bourgeoisie peinte dans une matière
« porcelainée », aux subtils accords de couleur, à la description d’un peuple traité de façon quasi caricaturale, à
la manière de William Hogarth (1697-1764), à l’aide une technique plus rapide et fluide.
On a là une idée de l’ambiance qui régnait dans les salles de théâtre : atmosphère survoltée, mondanités,
échanges entre les spectateurs, interruptions et adresses aux acteurs, manifestation bruyante du plaisir ou de la
désapprobation quant à la pièce qui se joue. Le public s’exprime, le spectacle se déroule autant dans la salle que
sur la scène.
Méprisé par les élites, le mélodrame apparaît aujourd’hui comme précurseur des formes d’industries culturelles
qui émergent dans la seconde moitié du XIX e siècle. Le tableau de Boilly témoigne de son immense succès, qui
s’est décliné dans une multitude de genres au gré de l’air du temps : mélodrame policier, d’aventure, de mœurs,
mais aussi mélodrame patriotique dans les années 1880-1890
ICONOLOGIE, s. f. (Antiq.) science qui regarde les figures & les représentations, tant
des hommes que des dieux.
Elle assigne à chacun les attributs qui leur sont propres, & qui servent à les
différencier. Ainsi elle représente Saturne en vieillard avec une faux ; Jupiter armé d’un
foudre avec un aigle à ses côtés ; Neptune avec un trident, monté sur un char tiré par
des chevaux marins ; Pluton avec une fourche à deux dents, & traîné sur un char attelé
de quatre chevaux noirs ; Cupidon ou l’Amour avec des fleches, un carquois, un
flambeau, & quelquefois un bandeau sur les yeux ; Apollon, tantôt avec un arc & des
fleches, & tantôt avec une lyre ; Mercure, un caducée en main, coeffé d’un chapeau
ailé, avec des talonnieres de même ; Mars armé de toutes pieces, avec un coq qui lui
étoit consacré ; Bacchus couronné de lierre, armé d’un tirse & couvert d’une peau de
tigre, avec des tigres à son char, qui est suivi de bacchantes ; Hercule revêtu d’une
peau de lion, & tenant en main une massue ; Junon portée sur des nuages avec un
paon à ses côtés ; Vénus sur un char tiré par des cignes, ou par des pigeons ; Pallas le
casque en tête, appuyée sur son bouclier, qui étoit appellé égide, & à ses côtés une
chouette qui lui étoit consacrée ; Diane habillée en chasseresse, l’arc & les fleches en
main ; Cérès, une gerbe & une faucille en main. Comme les Payens avoient multiplié
leurs divinités à l’infini, les Poëtes & les Peintres après eux se sont exercés à revêtir
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d’une figure apparente des êtres purement chimériques, ou à donner une espece de
corps aux attributs divins, aux saisons, aux fleuves, aux provinces, aux sciences, aux
arts, aux vertus, aux vices, aux passions, aux maladies, &c. Ainsi la Force est
représentée par une femme d’un air guerrier appuyée sur un cube ; on voit un lion à
ses piés. On donne à la Prudence un miroir entortillé d’un serpent, symbole de cette
vertu ; à la Justice une épée & une balance ; à la Fortune un bandeau & une roue ; à
Première trace d’une définition de l’iconographie musicale : apparaît d’ailleurs dans un traité
d’iconologie, l’ Iconologia de Cesare Ripa, publié en 1593 à Rome et dont une édition
française de 1643 porte pour sous-titre :
Explication de plusieurs images, emblèmes, et autres figures ... des Vertus, des Vices, des
Arts, des Sciences, des Causes naturelles, des Humeurs différentes et des Passions Humaines
[...] nécessaires aux Orateurs, poètes, sculpteurs, peintres, ingénieurs, auteurs de médailles,
de devises, de ballets et de poèmes dramatiques.
SLIDE : Iconologia de Ripa
L’Iconologia est un recueil d’emblèmes (on reviendra à la musique dans les livres
d’emblèmes) qui donne la clef symbolique de nombreux personnages et objets symboliques
présents dans la peinture d’histoire et dans les arts du spectacle jusqu’à la fin du XIXe siècle.
Parmi ceux-ci, les régions du monde (Europe, Asie, Afrique…), les régions d’Italie, les vices,
les vertus, les sciences, les arts (les arts libéraux, à l’époque), la représentation allégorique de
la guerre, de la paix, de l’abondance… Comme toujours dans les livres d’emblèmes, les
représentations allégoriques s’appuient beaucoup sur les grands textes latins (Virgile,
Ovide…) et sur une moralisation judéo-chrétienne de la mythologie gréco-latine.
SLIDE : Crepuscula di mattino
SLIDE : Poesia
Le commentaire précise que le manteau de la jeune femme représente l’origine divine de l’inspiration
poétique ainsi que son visage inspiré et ses seins pleins de lait. Les trois instruments (trompette, syrinx et lyre)
représentent les trois modes de création poétique : lyrique, héroïque et pastorale. Cet emblème montre comme
toujours à cette période la conception beaucoup plus large de la musique, qui n’était pas limitée à la musique
instrumentale mais constituait un cadre épistémologique essentiel (notion de musique des sphères).
Conclusion
tout en étant symptômes de cultures données (cf séquence 2). + rapport individuel entre les
musiciens et les peintres (et inversement) : s’inscrit également dans un contexte culturel et
esthétique où les peintres cherchent les outils pour exprimer leur vision des œuvres musicales.
(cf séquence 4 : Charles Blanc-Gatti et le musicalisme, Gustave Klimt et la musique).