Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Carte d'identité
Le classicisme
Origine Le terme « classique » désignait les auteurs étudiés dans les classes, les auteurs les plus
« respectables » : ceux de l'Antiquité. Puis il a désigné les auteurs du XVIIe siècle qui les ont
imités.
L'imitation de l'Antiquité
Contre la profusion baroque, les artistes classiques reviennent aux modèles antiques, perçus
comme un idéal de clarté et de sobriété.
Les personnages mythologiques sont les héros des tragédies de Pierre Corneille ou de Jean
Racine (voir Chapitre 6) et Molière s'inspire d'une comédie de Plaute pour écrire L'Avare.
Plaire et instruire
Les oeuvres classiques reprennent le modèle antique d' Aristote : l'art doit éduquer (docere),
émouvoir (movere) et plaire (placere).
Face aux critiques de la comédie, considérée comme un simple divertissement, Molière crée la
grande comédie et reprend l'ancienne formule castigat ridendo mores, « [la comédie] châtie les
moeurs par le rire ».
Texte A
S
i l'emploi de la comédie est de corriger les vices des hommes, […] rien ne reprend
mieux la plupart des hommes que la peinture de leurs défauts. C'est une grande
atteinte aux vices, que de les exposer à la risée de tout le monde. On souffre1
aisément des répréhensions2 ; mais on ne souffre point la raillerie. On veut bien être méchant ; mais on
ne veut point être ridicule.
Molière
Le Tartuffe ou L'Imposteur, préface de l'auteur, 1664.
1. Supporte.
2. Blâmes, réprimandes.
Le respect des règles strictes
L'écriture des pièces est régie par un système de règles strictes fixées par l'Art poétique de
Nicolas Boileau , qui reprend celles édictées par Aristote, puis Horace , dans l'Antiquité :
la règle des trois unités (de temps, de lieu et d'action), la règle de la vraisemblance et celle de
la bienséance.
L'Académie française, créée en 1635, a pour mission de veiller au « bon usage » de la langue.
Mais elle juge aussi si les oeuvres correspondent aux règles classiques : lors de la Querelle du
Cid, en 1636, la pièce de Pierre Corneille est accusée de ne pas respecter la vraisemblance ni
les trois unités.
Pour en savoir plus, découvrez une vidéo réalisée par le Grand Palais sur la littérature française
au XVIIe siècle.
Texte B
Q
u'en un lieu, qu'en un jour, un seul fait accompli
Tienne jusqu'à la fin le théâtre rempli.
Jamais au spectateur n'offrez rien d'incroyable :
Le vrai peut quelquefois n'être pas vraisemblable.
Une merveille absurde est pour moi sans appas1 :
L'esprit n'est point ému de ce qu'il ne croit pas.
Ce qu'on ne doit point voir, qu'un récit nous l'expose.
Nicolas Boileau
Art poétique, chant III, 1674.
1. Sans attraits.
L'art des proportions et de la perspective : les peintures sont construites en plans successifs et
utilisent la symétrie, tout comme l'architecture ou le paysagisme, avec le jardin à la française.
Les lignes droites, verticales et horizontales permettent de donner une impression de stabilité.
En peinture, les personnages sont souvent représentés dans des poses statiques ; ils expriment
la noblesse d'âme. Pour répondre à un idéal de clarté, la lumière est vive et il y a peu de
contrastes.
En littérature et plus tard en musique, les artistes utilisent des formes très structurées.
Pierre Patel, Vue aérienne de Versailles, 1668, huile sur toile, 115 × 161 cm, musée national du
château de Versailles.
La musique classique
Supplément numérique
En musique, la période classique intervient bien plus tard qu'en littérature : on la situe entre les
années 1750 et 1820, soit juste avant la période romantique.
En réaction au style baroque, le style classique va privilégier la simplicité, la clarté, l'ordre, la
mesure, la régularité. Adressée à un public vaste, elle se veut facilement accessible.
Les principaux représentants de cette période sont viennois : Haydn et Mozart.
Sa longue carrière couvre toute la période classique, entre la fin du baroque et le début du romantisme.
Il joue un rôle fondamental dans le développement du style classique en musique et fixe le cadre
classique dans la symphonie et le quatuor.
Joseph Haydn, Concerto pour violoncelle n°2 en Ré Majeur, 1er mouvement (1783)
Dans cette œuvre dédiée à un violoncelliste de son époque, Haydn exploite toutes les possibilités
techniques de cet instrument trop souvent cantonné à un rôle d'accompagnateur.
Mozart a assimilé très tôt les œuvres de ses prédécesseurs et aînés (dont Haydn), et si sa musique
s'inscrit dans le style classique, son génie le pousse à dépasser le carcan des règles pour développer un
style plus personnel. Passant de la légèreté à la gravité, sa musique savante est néanmoins facile
d'accès, ce qui a contribué à rendre son langage universel. Il reste le plus populaire et le plus joué des
musiciens classiques.
Wolfgang Amadeus Mozart, Trio pour piano, alto et clarinette, (dit « Trio des Quilles »), K498, I
- Andante (1786)
L'idée de cette pièce est venue lors d'une partie de quilles chez des amis. C'est pour Mozart
l'occasion de valoriser deux instruments qu'il affectionne particulièrement : la clarinette, que venait
de faire beaucoup évoluer un virtuose allemand, et l'alto, trop souvent cantonné à des rôles
secondaires mais que Mozart prenait volontiers quand il jouait avec des amis.
Toutes les caractéristiques classiques sont rassemblées dans cet extrait : sobriété de la mélodie,
clarté, simplicité et régularité dans la construction.
Wolfgang Amadeus Mozart, Concerto pour piano n° 23 en La Majeur, K488, Adagio (1786)
Extrait : English Chamber Orchestra / Daniel Baremboim (direction et piano solo)
Un caractère plus mélancolique, une force émotionnelle que l'on retrouvera plus tard dans la
musique romantique.
Wolfgang Amadeus Mozart, Don Giovanni, opéra, K527, « Fin ch'han dal vino » (1787)
Mozart a consacré une partie importante de son œuvre aux opéras, puisqu'il en a écrit plus d'une
vingtaine. Cet extrait de Don Juan, surnommé « l'air du champagne », est vif, joyeux, lumineux.
Né à Bonn en Allemagne, il rejoint Vienne à 17 ans pour bénéficier de l'effervescence musicale que
connaît cette ville et se rapprocher des deux modèles que sont Haydn et Mozart. Ses premières œuvres
sont fortement influencées par ces deux compositeurs.
Ludwig Van Beethoven, Sonate pour piano op. 2 n° 1 en fa mineur, I - Allegro (1795)
Quand il arrive à Vienne, Beethoven devient l'élève de Haydn. À 24 ans, il lui dédie cette sonate,
d'une grande rigueur formelle.
Joseph Bologne de Saint-Georges, Concerto pour violon n°9 en Sol Majeur, op. 8, Allegro
(1776)
Violoncelliste et compositeur italien ayant vécu une grande partie de sa vie en Espagne, Boccherini
s'illustre dans le style galant, mais compose aussi des œuvres qui préfigurent le romantisme, comme sa
Musique nocturne des rues de Madrid, qui évoque l'atmosphère de la ville à la tombée de la nuit,
quand s'échappent des accords de guitare.
Luigi Boccherini, Quintette en la mineur op. 25 n°6, G300, I - Allegro non molto (1778)
Le jeune Schubert est tout d'abord influencé par la musique classique, comme en témoignent ses
premières œuvres. Néanmoins, sa grande sensibilité, sa timidité aussi, qui lui faisait préférer les soirées
musicales entre amis aux grandes scènes de concert, l'amènent ensuite à composer des œuvres relevant
de la musique romantique, dont il deviendra l'une des figures majeures.
Questions
1. Doc. 1
a. Qui est Énée ? Faites une recherche pour comprendre sa place dans l'Antiquité.
2. Texte A D'après les pièces de Molière que vous connaissez, comment la comédie cherche-t-elle à
corriger les moeurs de la société ?
3. Texte B Quelles règles du classicisme retrouvez-vous dans ce texte ? Justifiez par des citations
précises.
Le XVIIe siècle a été marqué par la Querelle du Cid. Faites des recherches.
Ressource complémentaire
Frise interactive
Légende
⊙ Littéraire
□ Artistique
Périodes :
Évènements :
1662 ⊙ Molière
L'École des femmes
1666 ⊙ Molière
Le Misanthrope
1669 ⊙ Molière
Le Tartuffe ou l'Imposteur
1670 ⊙ Jean Racine
Bérénice