Vous êtes sur la page 1sur 78

1

EPIGRAPHE

Une science sans conscience n’est que ruine de l’âme.

FRANCOIS RABELAIS
Ecrivain Français humaniste de la
renaissance.
2

DEDICACE

A nos parents Modeste Mvuala Kusosa et Nanou Lukumpakio Mbiyavanga


3

REMERCIEMENTS
Au terme de notre cycle de licence universitaire, il nous est noble
devoir, de témoigner notre gratitude à tous ceux qui ont apporté une assistance
tant matérielle, intellectuelle, spirituelle que morale tout au long de notre
parcours universitaire.
A cet effet, nous nous faisons le devoir de rendre hommage à tous
les enseignants de l’Université Pédagogique Nationale, notamment aux
Professeurs, aux Chefs de travaux et Assistants la Faculté des sciences Sociales,
Administratives et Politiques en général et ceux du département des Relations
Internationales en particulier.
D’une manière particulière, nous remercions et exprimons une
inconditionnelle et sincère reconnaissance au Professeur ( ) pour son
dévouement et avoir assumé la direction de ce mémoire, en dépit de ses
multiples occupations.
Nous ne pouvons passer sous silence l’apport de Monsieur YUBA
PATOU pour sa collaboration dans la récolte des données ainsi que pour sa
contribution scientifique.
Nous pensons à nos frères et sœurs, tantes et oncles ainsi que
d’autres membres de la famille : Trésor KAMBONAKO, Prudence
KAMBONAKO, Sabrina KUSOSA, Brenchi KUSOSA, Tricha KUSOSA,
Davina KUSOSA, Perahim ANSUL, Serena BADAMA, Ma Fa, Diego Mertens,
Lisette LUKOMBO, Annie LUKOMBO, Exaucé NZOLA.
A mon amie du cœur, la plus précieuse : Bleulise KAKALA LUTI

A nos amis et connaissances, ainsi que les combattants de lutte du


savoir : Eric MUSAMPA, Prisca NEHEMAN WAMUNGU, Daniella
NKANZA WANYA, Emmanuel KABEYA TSHITUKA, Merveille
MONDJILE PIPO, Mickey NGANDU KASUKU, Michie LUBAKI
GEANKARLA, Jay MALUMBA, Lady NLANDU, Olivia KABAMBA, Mata
CHRIST.
Que tous ceux qui de près ou de loin ont contribué à la réalisation
de ce travail, daignent trouver ici l’expression de nos remerciements.
4

Mechack KUSOSA LOMBI MKS


LISTE DES ABREVIATIONS
5
6
7

INTRODUCTION
1. Problématique
La République Arabe Syrienne, est un pays du Proche-Orient situé sur la
côte orientale de la mer méditerranéen avec une population globale de 19 398
448 habitant dont 55% seulement sont urbaine a longtemps été victime des
migrations, des pillages des divers peuples depuis la haute antiquité jusqu’à nos
jours.1
Disposant d’une économie alimenté par ses atouts : Industrielles (avec la
production des matières premières), touristiques (avec ses nombreux sites
archéologiques) faisait de lui une plaque tournante au développement dans le
Moyen-Orient.
Plongé dans une instabilité politique depuis son existence, la Syrie se
fonce dans une crise vers 2010 qui peu à peu a eu raison d’engendrer une guerre
civile qui tira sa source du printemps Arabe entre des manifestants et des
autorités du régime Baassiste qui se transforma a une rébellion entraina la
participation des plusieurs belligérants.
La guerre en Syrie est entrain de dépasser en duré celle de la seconde
guerre mondiale. Comme les pays qui connurent cette dernière, elle a vu ces
infrastructures détruites dans leur grande majorité, son économie s'est écroulée,
son niveau sanitaire, un de meilleur de la région avant la guerre, se dégrader de
façon vertigineuse. Des centaines de milliers d'enfants n'ont pour l’instant connu
que les combats : ils n'ont appris à distinguer que le son des calibres ou les
vrombissements des réacteurs. Près de 300 000 victimes sont à déplorer
officiellement laissant femmes, enfants ou conjoints.
Cette crise entraina la mort de plus de 92 901 personnes tuées suite au
conflit qui a suscité de nombreuses immigrations auprès de la population. Vers
2010 l’Economie Syrienne s’est rétractée, son P.I.B a fortement baissée suite à
la guerre qui causé auprès des investisseurs la crainte, la destruction des lieux de
production, des infrastructures, les embargos données aux produit Syrien et la
prise en détention des provinces clés de son Economie, cela à empêcher les
échanges commerciaux en clouant de plus en plus le pays au fond du trou.2
Face à tous ces événements troublant qui a une influence sur le plan
international, nous avons été -poussés à faire cette étude pour comprendre le

1
Www.Cia.gov_<<Middle_East:Syria_the_world_Factbook consulté 01/Mars/2022
2
FRÉDÉRIC PICHON, Syrie une guerre pour rien, les Editions du Cerf, Paris, 2017, P.8
8

déroulement et les conséquences de cette crise économico-financière en Syrie.


Sur ceux entendue du territoire Syrien et les rôles des quelques Etats se trouve
de notre investigation.
Le système International étant coordonnées par certains nombres des
Etats puissant qui ont la main mise sur les systèmes politiques mondiaux ; ces
derniers ont les pouvoirs sur les actions, les décisions des acteurs politiques des
nations réputées du tiers monde et ont le pouvoir de faire régner la paix ainsi que
légalité dans le monde. La Syrie quant à elle a subit beaucoup de répression du
côté des Etats puissants sur le plan externe emmenant une crise dans la politique
diplomatique et du point de vue interne la crise a donnée vie aux divers groupes
armées, rébellion qui a leurs tours font pressions sur le régime en place gui
provoque une guerre tout à fait.
C’est dans ce contexte que nous posons la question de savoir: Quelles
sont les conséquences Economico-Financière de la crise syrienne au Moyen-
Orient ?
2. Hypothèse du travail
De par sa définition, l’hypothèse est la réponse que l'investigateur
trouve, une réponse provisoire dans laquelle il donne en vertu des questions
qu’il s’était posées à la problématique.
En guise d’hypothèse à la question posée, nous estimons que les
conséquences de la guerre Syrienne au Moyen-Orient seraient la chute des flux
commerciaux intra régionaux, l’afflux des réfugiés causé par l’immigration,
l’instabilité régionale, une diminution du P.I.B d’où, une économie qui a
fortement régressée, les pertes en vie humaine, la dépréciation du livre syrien, la
baisse de la productivité agricole et industrielle.
3. La méthodologie de la Recherche
La valeur d'un travail scientifique repose non seulement sur son objet
d’étude et son hypothèse, mais aussi sur les méthodes et techniques utilisées.
Cela revient à dire que tout travail scientifique exige l’application des méthodes
de recherche qui sont à leur tour appuyées par des techniques.
9

3.1. Méthode de Recherche


Cette partie est l’une des parties importantes dans notre investigation. Elle
se définie de cette manière, la méthodologie est une démarche scientifique qu'un
chercheur emprunte pour aboutir à une vérité suivant un cheminement logique, il
doit suivre un processus bien précis pour aboutir avec succès au résultat.
Pour ce faire nous avons été appelé à utiliser la méthode Dialectique et
l'approche historique.
Selon M. GRAWITZ, "la méthode dialectique est la plus complète, la plus
riche, et semble-t-il, la plus achevée des méthodes conduisant à l'explication en
sociologie. Elle part de la constatation très simple des contradictions qui nous
entourent".
Etant donné que cette méthode sert à étudier des contradictions qui
résultent de nos pensées, Le schéma dialectique se retrouve également dans le
fait que l'individu prend conscience que cette réalité sociale implique l’existence
d’un affrontement entre oppresseurs et opprimés, l’existence de la lutte des
classes sociales.3 Et L’approche historique, aussi appelée analyse historique
comparative, consiste, pourrait-on dire en simplifiant, à étudier l’histoire et les
phénomènes contemporains en vue de montrer comment les sociétés
fonctionnent et se transforment.4
3.2. Technique de Recherche
Outre les méthodes, les techniques des recherches ont permis d’entré en
contact avec les informations de recherches. Ainsi nous avons recouru à la
technique documentaire car elle nous a permis de consulter les ouvrages et les
éléments mieux indiqués en rapport avec notre sujet de recherche ainsi que
l'internet.
4. Choix et Intérêt du sujet
Le choix du sujet se présente comme le premier acte que l'on pose dans le
processus de toute recherche scientifique. Il n’existe pas à ce propos, un procédé
unique qui aiderait le chercheur dans la détermination d'un thème
d’investigation. Le choix peut provenir de l'intuition personnelle du chercheur
comme il peut être le résultat d'une influence directe subie par celui-ci. 5

3
M.GRAWITZ, Méthodes en Sciences sociales (11ème Édition), Dalloz, Paris, 1964-2001, P.399.
4
Idem P.442
5
SHOMBA et TSHUN'DOLELA, La méthodologie ou la Recherche scientifique, MES, Kinshasa, 2003, P.36
10

La Syrie a longtemps était victime des dominations, des pillages des divers
peuple, victime des différentes agressions tant extérieure qu’interne ; il a subit
des destructions lors de son occupation étant théâtre des migrations et centre
d’invasions.
Étant donné qu’aussi l’étude d’un travail scientifique dans un domaine
donnée nécessite un choix judicieux des phénomènes d’actualité qui restent sans
solution depuis une certaine époque d’où notre vision :
- Du point de vue scientifique notre étude pourrait constituer un
document de référence au profit d’autres chercheurs dans ce domaine
de recherche ;
- Le dévolu de cet objet d’étude se justifie aussi par le souci de savoir la
gravité et les conséquences qu'a engendré la crise Syrienne sur la vie
socio-économique et financière sur l'intégralité du pays et ainsi que
dans la région du Moyen-Orient.
5. Délimitation du Travail
Nous avons circonscrit notre travail dans le temps et dans l'espace. Ainsi le
Moyen-Orient et la République Arabe Syrienne forment le lieu de recherche.
Temporairement nous partirons de l’année 2013 jusqu’à l’année 2018. Car c’est
pendant cette période de 5 ans que le pays a été plongé dans une crise totale au
sein de ces institutions.
6. Difficultés rencontrées
Notre plus grande difficulté était de trouvée des bibliothèques où nous
pouvions trouver les ouvrages voulus, les ouvrages des qualités et aussi des
moyens financiers pour assurer certains déplacements.
7. Canevas du Travail
Outre l’introduction et la conclusion, notre travail comporte quatre
chapitres. Le chapitre premier aborde le cadre conceptuel et théorique ; le
deuxième chapitre traite de la présentation de champs d’études.
Le troisième chapitre traite de la crise Syrienne; et le quatrième parle des
conséquences économiques, financières de la crise en Syrie et au Moyen-Orient.
11

CHAPITRE PREMIER : LES CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES


Ce premier chapitre a pour vocation de présenter les principaux concepts
des bases et différents théories abordées dans notre travail, qui constituent le
sujet de notre travail.
Section 1. Analyse des concepts de base
Il est impérieux de saisir le contexte dans lequel chaque concept est utilisé
dans un travail scientifique. C'est dans cette première section que nous allons
définir les concepts des bases qui sont à la composition du sujet de notre travail.
1.1 Conséquence
Le mot conséquence est un nom féminin, ce terme veut dire une suite
logique entraîner par un fait ; une répercussion.6
Les mots stipule aussi le résultat qu'on fait entraîne, la suite d'une action,
ce qui est produit nécessairement par quelque chose qui en est une suite logique,
et aussi le Dictionnaire de l'Académie française définit les mots conséquences
comme une conclusion tirée d'une ou plusieurs propositions.7
1.2 Economie
L’économie en latin « OIKOS » et « NOMOS » signifie ordre et main.
Le mot économie est un nom féminin qui se définit comme un ensemble
des activités relatives à la production, la distribution et la consommation de
biens et de services.
L’économie est la science qui étudie comment les ressources rares sont
employés pour la satisfaction des besoins des hommes vivant en société, elle
s’intéresse, d’une part, aux opérations essentielles que sont la production, la
distribution et la consommation des biens et, d’autres part, aux institutions et
aux activités ayant pour objet de faciliter ces opérations. 8
L’économie est une science sociale qui étudie la manière dont les hommes
s’organisent pour produire, répartir, distribuer et consommer les biens et les
services destinés à satisfaire leurs besoins.
L’économie est l'art de bien administrer une maison, de gérer les biens
d'une personne, puis par extension d'un pays. Plus généralement, l'économie est
6
Www.larousse.fr/définition_conséquence consulté le 10/mars/2022
7
INSTITUT FRANÇAIS, Dictionnaire de l’académie française 5ème Ed.Paris, éd.EBOOKS France, 1978, p.687
8
EDMOND MALINVAUD, Leçons de théorie microéconomique, 4Dunod, Paris, 1969, P.19
12

une science sociale qui étudie la production, la répartition, la distribution et la


consommation des richesses d'une société.9
1.3 Finance
Selon Robert Merton la finance est l’étude des manières d’allouer des
ressources rares au fil du temps.
Nom féminin qui veut dire un ensemble de profession qui ont pour objet
de contribuer au développement économique par des activités de conseil et de
prêt en matière d'argent, destiné à valoriser un capital, elle veut dire aussi un
ensemble de techniques de gestion des patrimoines individuels, du patrimoine
d'entreprise et des budgets publics.10
La finance correspond à un domaine de l’économie qui étudie l’obtention
et la gestion de l’argent et du capital, c’est-à-dire des ressources financières. La
finance étudie comment les agents économiques (entreprises, familles ou Etat)
doivent prendre des décisions d’investissements, d’épargnes et de dépenses dans
des conditions d’incertitude.11
Le terme finance veut dire aussi l'ensemble des activités propre au
mouvement de l'argent de l'État, il peut se définir comme au silence ensemble de
ressources pécuniaire d'une société, d'un groupe de société ou d'une personne. Il
signifie encore l'art d'asseoir, de régir et de percevoir les impositions.
1.4 Crise
Ce terme est défini sous plusieurs aspects tels qu’économiques et
ministérielle, elle est définie comme une période où les difficultés économiques,
politique et idéologique sont ressentis comme paroxystique (qui présente du
paroxysme : point plus aigu d'une situation) ;
De manière générale elle veut dire le moment difficile et généralement décisif
dans l’évolution d'une société, d'une institution. 12
Et pour Thierry Libaert la crise est événement inattendu, mettant ne péril
la réputation et le fonctionnement d’une organisation.13

1.5 Syrie
9
https://www.toupie.org/Dictionnaire/Economie.htm consulté le 10/mars/2022
10
Www.larousse.fr/définition_finance consulté le 10/mars/2022
11
Htpps://Economy_pedia.com/11040383_Finance consulté le 10/ mars/2022
12
INSTITUT FRANÇAIS, Op.cit., P.687
13
THIERRY LIBAERT, La communication de crise, 5ème Edition Dunod, Paris, 2020, P.06
13

La Syrie en forme longue la République arabe Syrienne, est un pays du


Proche-Orient situé sur la côte oriental de la mer Méditerranée : le bassin de
levantin ; avec une superficie de 185 180 Km², et une population de 10 900 000
habitants (une croissance de plus de 3,5 % par an) pour la capitale de Damas. 14
1.6 Moyen-Orient
Depuis la fin du 19e siècle, le Moyen-Orient et le nom donné aux régions
du riverain de la Méditerranée orientale, de la mer Rouge, du golfe d'Omar et
du golfe persique.
Le moyen Orient en arabe < Al-Sharq Al-awsat>, et une expression
d'origine occidentale qui désigne pour les occidentaux, une région comprise
entre la rive orientale de la mer Méditerranée et la ligne tracée par les frontières
entre l'Iran d'une part et le Pakistan d'autre part. L'espace concerné comprends
au moins le Croissant fertile, la péninsule arabique et la vallée du Nil, on y
ajoute parfois la République islamique d'Iran, le Pakistan et l'Afghanistan. 15

Section 2 : Aspects théoriques généraux

14
Www.wikipedia.org.la_Syrie consulté le 10/mars/2022
15
OLIVIER DAVID et JEAN LUC, Dissertation de Géopolitique, 2ème Edition Belin Education, Paris, 2005 p.36
14

2.1. Théories sur les conflits armés


Le concept « conflit armé » est une expression générale qui s’applique a
différent types d’affrontements qui peuvent se produire entre deux ou plusieurs
entités étatiques, entre une entité étatique et une entité non étatique, entre une
entité étatique et une faction dissidente et ou encore entre deux ethnies, à
l’intérieur d’une entité étatique.16
Dans cette définition découle trois idées qui méritent explication :
- conflit armé international,
- conflit armé interne,
- conflit armé interne Internationalisé.
2.1.1. Conflit armé international
Nous pouvons illustrer le conflit armé international en citant comme
exemple la coalition américano britannique en Irak, la prétendue guerre contre
les armes a destruction massive, la guerre opposant l’organisation pour la
libération de la Palestine a l'État israélien, le conflit opposant les U.S.A à la
Corée du Nord au sujet de l’arme nucléaire, le conflit entre la Chili et
L’Argentine autour du chenal de Bouglé, le conflit entre l’alliance Atlantique et
la Russie au sujet de l'élargissement de l’organisation du traité de l'Atlantique
Nord (OTAN) a l’est.
La notion de guerre est incluse dans celle de «conflit armé international »
que consacre de manière significative le protocole additionnel aux convention de
Genève de 1949(1977) qui portaient sur le droit humanitaire de la guerre stricto
sensu .Au même titre que la guerre ,tout conflit armé international comprend
comme l'expression l'indique ,un aspect militaire et un aspect international. 17
A. Aspect militaire
le droit international e fixe pas le niveau de violence que doivent atteindre
les opérations armées pour que soient applicables les règles relatives aux conflits
armés internationaux strictement réglementés par le droit traditionnel de la
guerre, l’ouverture et la cessation des hostilités ne sont plus soumises
aujourd’hui à des règles précises. Le conflit armé est un fait bien plus qu'une
intention.18
16
VERRI.P, Dictionnaire du droit international des conflits armés, CICR, Genève, 1988, P.36
17
SCOUTS, M.C, BATTISTELA.D et VENNESSON.P, Dictionnaire des Relations Internationales, Dalloz, Paris, 2003,
P.69
18
NGUYEN, Q.A, Droit international public, 5ème édition, I.G.D.J, Paris, 1994, P.901-902
15

B.Aspect international
Traditionnellement, toute insurrection au sein d’un Etat était qualifiée de
guerre civile, à partir d'un certain degré de violence et d’extension territoriale
sinon il s’agissait d’une simple rébellion à force ouverte, justifiable d’une
opération de police, à ce titre, elle ne relevait que du droit interne et de « la
compétence exclusive »de l’Etat concerné. La guerre, quant à elle opposait des «
belligérants », c’est-à-dire des Etats au sens du droit international.
En outre, sont également considérés comme conflits armés internationaux,
les guerres de libérations nationale dans lesquelles les peuples luttent contre la
domination coloniale, l'occupation étranger ou un régime raciste et, en général,
les guerres qui peuvent survenir lorsque les peuples veulent exercer leurs droits
à l’autodétermination ou disposer d’eux-mêmes. En résumé, les conflits armés
internationaux peuvent être interétatiques ou non dans certaines circonstances
déterminées.
2.1.2 Les conflits armés interne
Rentre dans cette catégorie ,par exemple le conflit Burundais opposant les
forces loyalistes depuis l’assassinat du président Ndadaye le premier président
hutu démocratiquement élu en octobre 1993 aux forces pour la défense de la
démocratie (FDD) le bras armés du conseil national pour la défense de la
démocratie (CNDD) , le front national de libération (FNL) et le conflit ivoire
éclaté depuis le 19 septembre 2002 mené initialement par un mouvement
politico-militaire occupant le nord du pays le mouvement patriotique de côte
d'ivoire (MPCI) et deux autres en novembre le mouvement de justice et de paix
(MJP) tous s’opposant au régime élu du président Laurent Gbagbo.
Le conflit armé interne ou encore conflit armé non international est
synonyme de « guerre civile ».19
Il se caractérise par l’affrontement qui oppose les forces armées d’un Etat
à des forces armées dissidentes ou rebelles. Le droit applicable durant de tels
conflits a longtemps été considéré comme étant une question purement interne
aux Etats. L’article 3 commun aux conventions de Genève de 1949 a permis de
dégager pour la première fois certaines principes fondamentaux devant être
respectés durant de tels conflit armé non international.
19
KAMBAZA ALFANI, A.C, démocratisation et gouvernance poste conflictuelle en Afrique centrale : approche
comparer le cas de la République démocratique du Congo et de la Côte d'Ivoire, mémoire de Master, inédit,
université catholique d'Afrique centrale, institut catholique de Yaoundé, faculté de sciences sociales et de
gestion, Yaoundé 2003-2004, p. 2-3
16

L’article premier du protocole additionnel II de 1977 a partiellement


comblé cette lacune .Aux termes de celui-ci ,est réputé conflit armé non
international tout conflit qui se déroule sur le territoire d’un Etat ,entre ses forces
armés et des forces armés dissidentes ou des groupes armés organisés qui, sous
la conduite d’un commandement responsable ,exercent sur une partie de son
territoire un contrôle tel qu’il leur permette de mener des opérations militaires
continues et concertées et d’appliquer le droit international établi par ce type de
conflit. Les situations des tensions internes et de troubles intérieurs comme les
émeutes, les actes isolés et sporadiques de violence et les autres actes analogues
ne sont pas considérés comme conflit armé.
Ce protocole additionnel s’applique aussi aux conflits armés qui opposent
de manière prolongé sur le territoire d'un Etat des groupes armés organisés entre
eux. Ainsi, un conflit qui éclate sur le territoire d’un Etat entre deux ethnies
distinctes pour autant qu’il réunisse les caractéristiques nécessaires d‘intensité,
de durée et de participation peut être qualifié de conflit armé non international,
Tel fut les cas de conflit entre hunde et hutu dans le territoire de Masisi,
chefferie de Bahunde, Bashali et secteur de Katoyi et Osso en 1993 ou les uns
avaient pris des armes contre les autres au sujet du conflit foncier avec des
interférences politiques. Ce conflit s’était étendu dans le territoire de Rutshuru,
Chefferie de Bwito.
2.1.3 Le conflit armé interne internationalisé.
A titre illustratif, nous évoquons le conflit armé interne internationalisé en
prenant pour exemple le mouvement rebelle en 1996-1997 : Alliance des forces
démocratiques pour la libération du Congo Zaïre contre le gouvernement du
président Mobutu de la République du Zaïre. En effet, l’intervention des troupes
rwandaises, ougandaises, burundaises, etc. au côté du mouvement rebelle
(AFDL) et l’intervention des troupes marocaines, tchadiennes, etc. au cote du
gouvernement du Zaïre ont fait que le conflit change de caractère interne et
devienne internationalisé.
En 1998 ,en R.D.C toujours ,contre le régime du 17 mai 1997 du Mzee
Laurent Désiré Kabila où derrière le rassemblement congolais pour la
démocratie (RCD) se trouver les armées rwandaises et burundaises .C’est le cas
également du Rwanda en 1990 où des combats avaient éclaté entre le
gouvernement à majorité hutu qui avait bénéficié de l’intervention des troupes
zaïroises et le front patriotique rwandaise dirigé par les tutsi soutenu par
l’Ouganda et dont la base d’opération se trouvait en Ouganda.
17

Un conflit armé peut changer de caractère, et ce, souvent dans les sens
d’un conflit armé interne qui, par certains éléments nouveaux ou extérieures
changent de caractère et devient international. C’est ce qui, d’ailleurs, fait dire à
certains auteurs qu’un conflit peut débuter comme guerre civile et se transformer
en conflit armé international.
A ce sujet, « un même conflit peut répondre à la fois aux critères
interétatiques et aux critères intra-national et avoir un caractère mixte, c'est-à-
dire apparaître comme un conflit international dans les relations entre certains
belligérants et comme une guerre civile entre d’autres belligérants.
Un conflit non international peut s’internationaliser dans les hypothèses
suivantes :
- L’Etat victime d’une insurrection reconnait les insurges comme belligérants ;
- Un ou plusieurs Etats étrangers interviennent avec leurs propres forces armées
en faveur d’une partie au moins ;
- Deux Etats étrangers interviennent avec leurs propres forces armées en faveur
d’une des parties ;
- Interventions d’une organisation internationales dans le cadre de la sécurité
collective ou du maintien de la paix et la sécurité internationale.
Les problèmes découlant de ces situations ne peuvent pas trouver une
réponse simple et sans équivoque, eu égard à leurs nombreuses implications
juridiques et à l’absence de dispositions internationales spécifiques à cette forme
de conflit.20

2.2 Les relations internationales


2.2.1 Définition du concept « relation internationale »
Avant d’aller vite en besogne à une définition des relations
internationales, il est impérieux de préciser que l’expression « relations
internationales » renferme un double sens ; il désigne à la fois un ensemble de
20
BENMESSAUD TREDANO A., Intangibilité des frontières coloniales et espaces Étatiques en Afrique, T.XLVII,
LGDJ, Paris, 1989, p.65
18

comportements ou de phénomènes dans les rapports entre les Etats et aussi la


disciplines qui s’efforce de les appréhender.21
Dans notre cas précis, nous allons l’appréhender dans sa conception des
comportements ou mieux phénomènes qui caractérisent les rapports
internationaux .c’est ainsi que Antoine Gazano a défini les relations
internationales comme étant tous les rapports et flux transfrontaliers matériels ou
immatériels qui peuvent s’établir entre deux ou plusieurs individus groupes ou
collectivités.22
Notons par ailleurs qu’en parlant de transfrontalier, ce dernier matérialise
l’existence des collectivités politiques indépendantes sans lesquelles les
échanges en perdaient caractère international.
Sur ce, les relations internationales prise dans sa conception autre qu'une
discipline scientifique appréhendant les phénomènes liant les rapports
Interétatiques, englobant les rapports pacifique ou belliqueux entre les Etats, de
rôle des organisations internationales et l’ensemble des échanges ou des activités
étatiques.
Force et de constater qu'en fin que les relations internationales n'en demeure pas
moins l'essentiel de relations interétatiques.23
2.2.2 Évolution historique des relations internationales
Relater l'histoire des rapports qu'entretiennent les acteurs des systèmes
internationaux constitue une tâche difficile en ce début du 21 ème siècle d'autant
qu'ils revêtent un caractère complexe, consécutif du développement de la
technologie sur la scène internationale.
Étant donné que les relations internationales s'étendent tant à toutes les
relations de groupe ou individus à individu par rapport à une frontière étatique,
que les organisations internationales privées au public et les sociétés
multinationales.
Il serait impérieux pour nous de faire une démarcation entre la politique
internationale (relation entre unité politique des États et la vie internationale tous
les manifestations ne comportant pas les relations d'existence entre États.) 24

21
LABANA L.A, Les relations internationales présentation panoramique et approche théorique, éd. Médias Paul,
Kinshasa, 2006, p.13
22
GAZANO A., Les relations internationales, éd. Guardiano, Paris, 2001
23
MOHAMED BEDJAOUI, Droit international bilan et perspective, Tome 1, éd. A.Pedone, Paris, 1991, p.429
24
DIUR KATOND, Histoire des Relations Internationales, Kinshasa, éd. Sirius, 2005, p.3
19

Dans cette section, il s'agira de relever les événements depuis 1945 à nos
jours, qui ont caractérisé les relations internationales entendu comme l'ensemble
des actions et interactions des acteurs privilégiés de la vie internationale qui sont
les Etats constitués ou en formation.
Ces événements sont regroupés en trois grandes périodes :
 Une première période à la de 1945 à 1948 parlant des directoires des
grandes puissances et de le chèque de compromis,
 Une deuxième période allant de 1947 à 1953 consacrée à la guerre froide
et l'émergence du tiers-monde,
 Enfin la troisième période prétend de l'aspect actuel des relations
internationales.25

A. La période de 1945 à 1947


Durant cette période, les membres étaient au lendemain de la Seconde Guerre
mondiale. Certes, l'humanité n'avait jamais connu de dégâts et de ravages pareil
auparavant. Cette guerre a laissé un chaos économique, des problèmes
territoriaux, des problèmes constitutionnels et métissage idéologiques, et afin les
dollars Gap (manque de dollars) qui fut l'un des plus grands problèmes
international au début de la guerre froide.
La victoire de la Seconde Guerre mondiale avait coûté énormément chère
aux alliés qui ont pu rassembler autour d’eux les ennemis de l'Allemagne, du
Japon et de l'Italie, d'autant plus qu’ils se sont rendus compte que rien n'avait été
fait et que tout était à refaire.
Raison pour laquelle ils ont éprouvé le besoin de redonner au monde un
visage nouveau. Après qu'ils aient fait une analyse approfondie sur les causes
qui ont engendré ces chaos politiques, économique et sociale ; c'est ainsi que les
différents furent élaborés. C'est ainsi que se sont succédés de conférences
internationales qui n'ont eu à avoir des compromis fragiles.
À l'instar de la conférence de Moscou, conférence du Caire, conférence du
Téhéran, la conférence de Yalta ainsi que celle de Postdam. Force sera de
constater que toutes ces conférences auront de compromis fragile car il s'est
avéré que les alliés d'hier n'avaient rien abandonné de leur visées dans d’avant
cette vision ce qui a conduit à ce que surgissent par le site des affrontements des

25
Idem, P.27
20

idéologies contraire de grande puissance ; d’où « l'adage l'ennemi commun


vaincu chacun avait repris sa liberté ».
B. Période de 1947 à 1953
Cette période sera marquée par une succession de vêtements que l'on
nommera « guerre froide »et l'émergence d'un nouvel ordre mondial au niveau
de pays colonie d'Afrique et d'ailleurs ordre nommé <tiers-monde.>26
1. Guerre Froide
Durant cette période, suite de divergence de point de vue de Allier, le
monde s'est vu divisé en deux grands courants :
 Le monde capitaliste avec à sa tête les Etats-Unis d’Amérique (USA).
 Le monde communiste avec l'Union des Républiques Socialistes
Soviétiques (URSS).
Il y a eu une succession d’événements ces deux courants qui amènera
qu'on puisse le nommer guerre froide. Dans ce conflit les belligérants ne se sont
jamais affrontés directement, cela est dû essentiellement en raison de la
possession des armes nucléaires à la fois par les USA ainsi que par l'URSS. Ce
sont des accords portant sur le désarmement ou le moment de détente qui ont
permis d'éviter un conflit direct. Par contre c'est des grands se sont en revanche
affronté d'une manière implicite lors de la guerre de la Corée et de la guerre de
Vietnam.27
2. Le Tiers Monde
Au cours de la Deuxième Guerre mondiale Mathieu de 19ème siècle la
plupart des pays européens ont fondé des empires coloniaux. Or dès la première
moitié du 20ème siècle cette domination avait été remis en cause notamment à
travers le développement ; des mouvements nationalistes. Après la Seconde
Guerre mondiale le mouvement va reprendre, c'est renforcer et finalement
toucher l'ensemble du monde dominé avant avoir gain de cause dans un vaste
processus de décolonisation.
Parallèlement à la division du monde en deux blocs opposés ces vagues
d'émancipation font surface dans les empires coloniaux, amenant ainsi le pays
nouveau à chercher une troisième voie entre capitalistes et marxisme. Cette
recherche n'aboutira pas car ils seront instrumentalisés par chacun des Caps en
26
DIUR KATOND, OP.CIT, p.23
27
Www.archives.cb.be consulté le 06/Août/2022
21

lice. C'est plutôt avec la détente, puis la fin de la guerre froide qui ce débat
devient caduque.
Ainsi naîtra un nouvel ordre mondial, nommé <Tiers Monde> avec la
conférence de Bandung en 1945 où assistera le triumvirat Tito, Nasser et Nehru.
Ce nouvel ordre sera constitué pour la plupart des pays sous-développés
colonisés afin de leur permettre de s'épanouir en toute indépendance.
C. La période de 1953 à nos jours
Après les chaos et les déséquilibre créé par la deuxième guerre mondiale,
cette période sera caractérisée par l'équilibre dans le système international avec
l'avènement de la Charte des Nations Unies. Créer en 1945, l'ONU avait pour
but essentiel la préservation de la paix. Il est arrivé que ces décisions fusent
heurtées au blocage de la guerre froide car pris en otage par le deux
superpuissances.
Cependant, les critiques proférées à l'endroit, à ses décisions qui sont
jugées inefficaces surtout à l'endroit des grandes puissances, les États membres
vont préférer renforcer le rôle de l'ONU dans la modération de conflit
internationaux et celui de catalyseur du développement international. 28

Section 3 : Présentation du Moyen-Orient


Le Moyen-Orient est une expression d’origine occidentale qui désigne,
pour les occidentaux, une région comprise entre la rive orientale de la mer
méditerranée et la ligne tracée par la frontière entre l'Iran d'une part et Je
Pakistan d’autre part. Le Moyen-Orient est l'Asie de l'Ouest et l'Egypte.

28
DIUR KATOND, op.cit., P.31
22

L’espace concerné comprend au moins le croissant fertile (Jordanie, Irak,


Israël, Palestine, Syrie, Turquie et Liban), la péninsule Arabique (Arabie
saoudite, Yémen, Oman, émirats arabes unies, Qatar, Bahreïn, Koweït), et la
vallée du Nil (Egypte).29
Cet espace abrite plusieurs groupes culturels et ethniques, incluant la
culture perse, arabe, turque, kurde et juive. Les trois principaux groupes
linguistiques sont les langues iraniennes, les langues turques et les langues
sémitiques (dont l’arabe, l'amharique et l'hébreu). Cette expression a été
employée pour la première fois par le théoricien Militaire américain Alfred
Mahan.
3 .1 Géographie
3.1.1 Délimitation
Le Moyen-Orient correspond à la zone géographique compisse entre la
rive orientale de la mer méditerranée : le bassin de Levantin, à l'Ouest, la ligne
tracée par la frontière entre l'Iran d'une part le Pakistan et l'Afghanistan d'autre
part, à l'Est ; les frontières de la Turquie et de l'Iran avec les pays du Caucase,
ainsi que de la Turquie avec la Bulgarie et la Grèce au Nord ; les frontières
respectivement terrestres de l'Egypte et maritimes du Yémen et d'Oman au Sud.
Le Moyen-Orient s'étend donc à la fois en Asie, sur les plateaux Iranien et
Anatolien et sur l’ensemble de la péninsule Arabique ; en Europe, avec la partie
européenne de la Turquie : la Thrace orientale et en Afrique avec la partie
africaine de l’Egypte.
Cet espace de plus de 7 millions de km 2 regroupe différentes civilisations
qui se sont développées au cours des siècles ; parmi elles, les Arabes, Perse et
Turcs et Kurdes forment les groupes ethniques le plus important présent dans la
région.

3.1.2 Démographie
Selon les données éparses récoltées sur la base de divers recensements
réalisés par les Etats de la région (sur plusieurs années), la croissance
démographique est élevée : de près de 2% par an en moyenne avec une fécondité
moyenne de 3,4 enfants par femme pour une moyenne mondiale de 2,7 et une
espérance de vie est de 69 ans.
29
OLIVIER DAVID et JEAN LUC, OP.CIT, P.35
23

3.1.2.1 Répartition géographique


Les Etats du Moyen-Orient peuvent être repartis selon leur position
géographique :
- Les Etats du Proche-Orient ou levantins bordant la mer Méditerranée :
Chypre, Egypte, Irak, Israël, Jordanie, Liban, Syrie et Turquie.
- Les Etats de la péninsule Arabique entre mer rouge et golfe persique :
Arabie saoudite, Bahreïn, émirats arabes unis, Koweït, Oman, Qatar et Yémen.
- L’Iran est au Nord du golfe persique et s’étire entre l’Anatolie, la mer
caspienne et l’océan indien.
- On peut également citer les entités au statut contesté : chypre du nord (à
majorité turque et chypriote Turquie) et le Kurdistan qui s’étend sur quatre
Etats.
3.1.2.2 Assimilation culturelle
Le terme de Moyen-Orient définit une aire culturelle, donc il ne délimite
pas des frontières précises. Généralement, on inclut les civilisations arabe,
turque, perse, kurde et des minorités régionales telles que les juifs ou les
chypriotes.
Les pays africains comme ceux du Maghreb et ceux de la come africaine
sont liée au Moyen-Orient du fait de leurs fortes associations culturelles,
historiques et commerciales avec cette région. Chypre, bien que
géographiquement périphérique ou proche du Moyen-Orient, se considère elle-
même comme faisant culturellement partie de l’Europe.
3.2 Histoire
C’est le lieu de naissance et le centre spirituel des religions monothéistes
que sont le judaïsme, le christianisme, l’islam, le babisme et le bahaïsme. De
nombreuses civilisations et nations (seldjoukides, arabes, ottomans,) ont vu le
jour autour du croissant fertile, qui constitue la première zone peuplée au
Moyen-Orient et probablement la région originelle de l’agriculture de
l’Eurafrasie.30
Des très nombreuses cultures se sont croisées au fil des siècles ; indigènes,
tel que les perses ou les arabes, mais également étrangères, tel que les Grecs
d’Alexandre de Macédoine, les croisés ou les colons européens à partir du
XIXème siècle.
30
Www.herodote.net/l’histoire du Moyen-Orient, consulté le 20 février 2022
24

Au début du XXème siècle, la découverte de quantités considérables du


pétrole (plus de la moitié des réserves mondiales du pétrole se trouvent dans le
sous-sol du Moyen-Orient) a placé le Moyen-Orient au cœur de la géopolitique
mondiale du pétrole et permit le développement des Emirats pétroliers (Emirats
arabes unis, Qatar,). Cet espace est aussi témoin de guerre d'ordre territorial
(conflit israélo-arabe, guerre Iran-Irak) et de nombreuses tensions liées
directement et indirectement à l’extraction du pétrole et matières premières dans
la région (guerre du Golfe).
En novembre 1959, les troupes britanniques, françaises et israéliennes
menèrent une guerre contre l’Egypte suite à le nationalisme du canal de suez.
Etats-Unis profitèrent des problèmes financiers du Royaume-Uni pour
condamner l'opération et supplanter Londres comme puissance dominante au
Moyen-Orient, alors qu'une vague d’agitation antibritannique gagnait toute la
région. Celle-ci aboutie en 1958 au renversement de la monarchie Irakienne,
soutenue par les britanniques.
Les U.S.A poursuivirent la politique britannique en s'appuyant sur des
régimes alliés (Arabie saoudite, Turquie, Jordanie, Israël etc. Ils fournirent à
Israël plus d'aide que n'a aucun autre Etat au monde et favorisèrent des
changements de régime dans certains pays, notamment en Iran lors de
l'opération Ajax.31
Le Moyen-Orient demeure toujours un espace de tensions mais qui a vu se
développer les relations entre ses nations constituantes au cours des 50 dernières
années (OPAEP, Ligue arabe, Grande zone arabe de libre-échange, etc.)32

3.3 Économie
Si la production et l'exportation de pétrole constitue toujours largement, la
première source de richesse du Moyen-Orient, elle ne doit pas occulter le fait
que d'autres sources de richesses ont permis le développement de certains pays
Sans engendrer de dépendance vis-à-vis de l'or noir. Des pays comme Israël, le
Liban ou Chypre ont ainsi appuyé leur développement sur d'autres activités
telles que le commerce, l'agriculture, les matières premières. D'autre part,

31
CHRIS HARNAN, Une Histoire Populaire de L’humanité, La Découverte, Paris, 2015, P.603-605
32
GILBERT.A et NOAM.C, La Poudrière du Moyen-Orient, Ed. Eco Société, Canada, 2007, P.56
25

phénomène plus récent, les pétrodollars sont réinvestis via des fonds privés et
publics arabes dans la finance et l'économie internationale.
Pour la majorité des pays de l'Organisation des pays arabes exportateurs
de pétrole du Moyen-Orient, le pétrole, et plus largement les hydrocarbures,
génèrent à la fois de la richesse, du travail, des investissements de l'étranger, une
force géopolitique et un gage de puissance sur la scène internationale. À titre
d'exemple, 45% des recettes publiques de l'Arabie saoudite, 55 % de son PIB et
90 % de ses exportations sont directement ou indirectement liés à l'exploitation
de ses gisements pétroliers.
Ces dernières années, la plupart des pays de la région ont entrepris des
efforts pour diversifier leur économie33, Abu Dhabi Investment Authority est
aujourd'hui le plus gros fonds souverain mondial ; il gère 875 milliards de
dollars et est Chargée d'investir les revenus pétroliers de l'émirat d'Abu Dhabi à
travers le monde pour les faire fructifier.
D'autres pays arabes ont également choisi de réinvestir leurs revenus
pétroliers directement sur leur propre territoire, ainsi des projets architecturaux,
parfois gigantesques, tels que les « Palm Island », le Burj Khalifa ou la Dubaï
Marina à Dubaï. Ces investissements nationaux et internationaux visent à
développer des activités non-dépendante du pétrole et à préparer les pays du
golfe à l’après pétrole34 ; les placements et les investissements réalisés
représentent une rente et une occasion de développer les activités tertiaires au
sein des pays développés et ouverts aux étrangers de la péninsule Arabique
(Bahreïn, Émirats arabes unis, Koweït, Qatar).
Les sites touristiques, culturels et historiques, l'héliotropisme et les
investissements réalisés pour développer les activités touristiques ont permis de
rendre cette région parmi les plus attractive de la planète.
L'agriculture occupe toujours une place prépondérante dans l'emploi de la
population active de certains pays moyen-orientaux ; le Croissant fertile (Irak,
Syrie, Liban), le Nil en Égypte, ou encore le développement des kibboutzim et
mochavim en Israël ont permis d'assurer la sécurité alimentaire nécessaire au
développement économique des pays méditerranéens ; avant de développer les
activités de services.35

33
A.ACHOUR, H.COMETO, Les Fonds Souverains Conquête de la politique par la Finance, Ecole de guerre
économique, 2007, P.45
34
WWW.Archives_wikiwix.Archives consulté le 28 Février 2022
35
SEBASTIEN S., « Les inégalités de revenus augmentent partout dans le monde » consulté le 05 MARS 2022
26

Les activités commerciales et financières ont également pris un essor


important, grâce aux voies de navigations aisément contrôlables (mer de
Marmara en Turquie et canal de Suez en Egypte) et à l'importance des activités
d'import-export de marchandises, notamment de matières premières, de pièces
détachées et de produits manufacturés, en provenance d'Asie de l'Est, d'Asie du
Sud-Est, d'Inde et du Moyen-Orient et à destination de l'Union européenne et de
l'Amérique du Nord.
Les inégalités de revenus sont très élevées au Moyen-Orient. En 2016, les
10% les plus riches disposaient de 63 % des revenus nationaux.36
3.4 Religions
La religion au Moyen-Orient est considérée comme très importante dans
la majorité des civilisations qui peuplent cette région de l'Asie. Mais au-delà des
trois grandes religions monothéistes et de leurs confessions respectives issues de
la tradition abrahamique, de nombreuses autres religions se sont développées
depuis l'Antiquité dont certaines sont encore pratiquées au XXIe siècle.
Le Moyen-Orient constitue le berceau de religions pratiquées par plus de 3
milliards de personnes sur la planète, il est donc très important d'un point de vue
historique et culturel et son rôle de carrefour des civilisations entre Asie,
Afrique et Europe attire chaque année de nombreux fidèles en pèlerinage.
Étroitement mêlée à la politique, la religion est aussi un des facteurs les plus
structurants de la géopolitique du Moyen-Orient au XXIe siècle.

3.5 Langues
Les cinq langues les plus parlées sont l'arabe, le persan, le turc, le kurde et
l'hébreu37. L'arabe et l'hébreu représentent la famille des langues afro-asiatiques.
Le persan et le kurde appartiennent à la famille des langues indo-européennes.

36
Les Dialectes Arabes « qui parle quoi ? Institut du Monde Arabe » consulté le 05 Mars 2022
37
Www.TV5Monde.fr « Réfugiés Syriens : réapprendre les Français grâce à l’œuvre d’Orient » consulté le 15
Mars 2022
27

Le Turc appartient à la famille des langues turques. Environ 20 langues


minoritaires sont également parlées au Moyen-Orient.
Environ 400 000 élèves étudient dans les établissements catholiques
francophones au Moyen-Orient.38
3.6 Culture
Le Moyen-Orient est au carrefour de cultures parmi les plus anciennes et
les plus développées au monde. Que ce soit la culture des populations arabes,
turques, perses, kurdes, juives ou encore, celle du judaïsme, du christianisme et
de l'islam, leur sécularité a conduit à leur formidable développement qui
représente aujourd'hui un attrait pour les touristes du monde entier39.
De nombreux sites archéologiques, constructions, ou sites naturels sont
aussi classés au Patrimoine mondial moyen-oriental, répartis autour des
nombreuses qui se sont progressivement développées.
3.7 Coopérations régionales
Les initiatives de rapprochement de deux ou plusieurs États menées au
cours de la seconde moitié du XX siècle ont échoué, à l'exception de la
constitution des Emirats arabes unis qui regroupent depuis 1971 dans un État
fédéral sept émirats parmi lesquels Abou Dhabi et Dubaï.40
En revanche, les organisations régionales dans les domaines politique,
économique et militaire fondée durant le XX siècle continuent d'être les cadres
de coopération institutionnelle de référence dans la région. Elles sont cependant
loin d'être des organisations régionales aussi structurées et influentes que le sont
l'Union européenne et l'Alliance atlantique dans le monde occidental.

3.7.1 Ligue Arabe


La Ligue arabe, officiellement la Ligue des États arabes, est une
organisation régionale à statut d'observateur auprès de l'Organisation des
Nations unies. Elle fut fondée le 22 mars 1945 au Caire, par sept pays et compte
aujourd'hui vingt-deux États membres. L'organisation de la Ligue arabe repose
sur quatre organismes principaux : le sommet des chefs d'État, le Conseil des
38
Www.Unesco.Org « Tourisme, Culture et Développement dans la région arabe » consulté le 17 Mars 2022
39
FRANCK TETART, La Péninsule Arabique : Cœur Géopolitique du Moyen- Orient, Armand Colin, 2017, p.149-
161
40
AINHOA TAPIA, « La Fondation des Emirats Arabes-Unis (1968-1971) » les clés du Moyen-Orient, consulté le
20 Mars 2022
28

ministres, les comités permanents et le Secrétariat général dirigé par Nabil


elArabi depuis 2011.41
De plus, divers organismes ont été créés en application de traités qui
complètent le pacte de 1945 et plusieurs agences spécialisées travaillent en
étroite collaboration avec elle.
3.7.2 Conseil de la coopération du golfe
Le Conseil de coopération des États arabes du Golfe ou Conseil de
Coopération du Golfe (CCG) est une organisation régionale regroupant au
départ six pétromonarchies arabes et musulmanes du golfe Persique : l'Arabie
saoudite, Oman, le Koweït, Bahreïn, les Émirats arabes unis et le Qatar.
Dans le contexte des révolutions arabes du début 2011, les royaumes de
Jordanie sont en cours d'adhésion.
3.7.3 Organisation de la coopération islamique
L'Organisation de la coopération islamique est une organisation
intergouvernementale créée le 25 septembre 1969 sous le nom d'Organisation de
la conférence islamique qui regroupe 57 États membres. Cette organisation dont
Je siège est située à Djeddah, en Arabie saoudite, possède une délégation
permanente aux Nations unies.
L'Organisation de la coopération islamique, qui a changé de nom et
d'emblème le 28 juin 2011, est la seule organisation au niveau supra-étatique et
international qui soit à caractère religieux. Elle regroupe entre quatre, la totalité
des pays du Moyen-Orient (à l'exception d'Israël), ainsi que 13 majorités des
États d'Afrique du Nord et d'Asie centrale.

3.8 Militarisation du Moyen-Orient


Le Moyen-Orient est la région dont la part des dépenses militaires relative
au PIB est la plus élevée au monde. Pour les États dont les statistiques sont
disponibles, elle atteint 6,2 % du PIB en 2000, 4,3 % en 2010 et 4,7 % en
2017.42L'Arabie saoudite s'est située au huitième ou neuvième rang dans le
monde durant la première décennie du XXI° siècle. Puis elle a augmenté
41
Www.Arabeleagueonline.Org consulté le 23 Mars 2022
42
« Global Defense Persectives 2017 », sur PWC, Novembre 2017 Consulté le 26 Février 2022
29

fortement ses dépenses de défense au point d'être entre 2013 et 2017 au


troisième où au quatrième rang, devant ou derrière la Russie selon les années. 43
- Les États du Moyen-Orient et le Traité sur l'interdiction des armes
nucléaires
La transparence dans le domaine de la dissuasion nucléaire reste l'exception,
malgré les efforts d’États dotés pour publier des informations sur leurs arsenaux.
Par ailleurs, la prolifération se produit en majeure partie dans l'ombre. Ainsi, la
réalité des armes nucléaires ne se laisse pas facilement appréhender.
À cet égard, le Moyen-Orient se présente comme un cas d’étude
intéressant avec un État reconnu comme possesseur, mais ne le confirmant pas
officiellement (Israël), des programmes menés à la frontière entre usages civils
et militaires (Irak, Iran, Libye, Syrie), des activités signalant que l'option du
nucléaire militaire avait été au moins considérée (Égypte) et une base nucléaire
participant au dispositif de dissuasion de l'OTAN (Turquie).44

CHAPITRE DEUXIÈME : DE LA CRISE SYRIENNE


Section I : Présentation de la République Arabe Syrienne.
La Syrie sous forme longue la République Arabe Syrienne, est un pays du
Proche-Orient situé sur la côte orientale de la mer méditerranéen : le bassin de
Levantin.

43
« Spiri Military Expenditure Database » sur SPIRI, Juin 2018, Consulté le 28 Mars 2022
44
Les Etats du Moyen-Orient et le Traité sur l’interdiction des Armes Nucléaires, Thiphaine de Champchesnel,
29/04/2020 consulté le 05 Avril 2022
30

L’origine du nom « Syrie » n’est pas certaine ; il pouvait venir du grec


ancien et désignerait à l’origine la terre d’Aram, mais Hérodote y voyait plutôt
une forme abrégée d’Assyrie, tandis que les historiens modernes le font
rencontrés à divers toponymes locaux. Il apparait pour la première fois en grec
et n’a pas d’antécédent indentifiable, ni dans la forme, ni pour le contenu, dans
les textes pré-hellénistiques. Bien établi dans l’usage officiel romain et byzantin,
il disparait au VIIème siècle avec la conquête musulmane, mais continue à être
utilisé en Europe.
Dans le monde Arabo-musulman, la région autres fois appelée « Syrie »
portait le nom de SHAM qui était aussi celui de sa capitale DAMAS. Le nom
« Syrie », en arabe syriyyah, était inconnu jusque dans la seconde moitié du
XIXème siècle ou il ressurgit sous l’influence Européenne. En 1865, il devient
le nom officiel d’une province, celle du vilayet de damas ; c’est après
l’établissement du mandat français en 1920 qu’il désigne l’Etat Syrien actuel. 45
I.1 Histoire
Elle a toujours été le théâtre des migrations, d’invasions, des razzias et des
pillages qui se sont succédés, presque sans interruption, depuis la plus haute
antiquité jusqu’à nos jours.
C’est ainsi qu’après avoir joué avec les phéniciens un rôle très important
dans le bassin méditerranéen et en avoir subi largement l’influence, la Syrie au
sens large, vit se succédé plusieurs dominations ; ces furent celles des Assyriens,
des Néo-babyloniens, celle des perses jusqu’à la conquête Macédonienne, en
332-331 AV J.C par Alexandre le Grand, dont le successeur Seleucus fonda
avec Antioche comme capitale le royaume de Syrie.
A partir de ce moment, cette religion est entrée définitivement dans le
courant de la civilisation méditerranéenne ; elle devint à 64 AV J.C, une
province de l’empire romaine et conduit la grandeur de Palmyre, que la reine
Zénobie, de 252 à 273, à rendu célèbre.
Elle vu encore les Syriens aller eux-mêmes occuper le, trône impérial de
Rome avec trois empereurs : Ecagabal (218-222), Alexandre Sévère (222-235)
aux quels succéda Phillipe l’arabe lui-même originaire de la trochonite (Syrie
méridionale) et donner deux plus célèbres jurisconsultes, Papinien et Ulpien.

45
SADAKA N., La question Syrienne pendant la guerre de 1914, Larose, Paris, 1940, P.29
31

Comme le reste de l’empire romain la Syrie connut la décadence à partir


du troisième siècle. Les arabes, dont les infiltrations avaient toujours été
nombreuses étendirent alors leurs invasions. C’est en 634 que le 1 er calife Abou-
Bakr, puis Omar, son successeur, envahirent la Syrie. L’immigration arabe prit
alors une grande ampleur et se fixa définitivement sous les omeyyades qui firent
de damas la capitale d’un empire arabe en plein développement.
Le pays atteignit à ce moment son apogée et devint le centre de
civilisation orientale. Depuis, il n’a pas cessé de jouer un grand rôle dans la
politique de cette région et s’attribuer le titre de foyer du monde arabe. La
décomposition de l’empire arabe livra la Syrie aux croisés (1096-1292) puis aux
invasions mongoles et tartares, pour tomber finalement sous le joug du sultan
ottomanes SELIM 1er.46
Damas une des villes les plus anciennes du monde fondé au 3 ème
millénaire AV J.C a été habitée sans interruption ; après la chute des omeyyades
un nouvel empire fut créé à Bagdad, l’empire abbasside, et en 1260, Damas est
devenue la capitale provinciale de l’empire des Mameloukes.
En 1400, la ville fut détruite en grande partie par Tamerlan : Damas a été
presque entièrement incendiée, et les artisans Damasciens furent enlevés pour
travailler à Samarlande. Une fois reconstruite Damas a servi de capitale jusqu’en
1516 et en 1517 le pays tombèrent sous la domination des ottomanes qui
régnèrent sur le pays pendant plus de 400 ans jusqu’en 1918, excepté la brève
période où l’égyptien Ibrahim Pacha occupa le pays de 1832 à 1840. 47 Sous cette
domination, elle a vécu, pendant 4 siècles (1516-1918) dans une véritable
somnolence politico-économique, sans aucun contact avec le monde extérieur.
Ce n’est qu’au XIX siècle que quelques rayons de lumière d’origine
extérieure viennent bouleverser sa vie végétative. L’époque Napoléonienne
(1799) et la courte conquête égyptienne de Méhemot Ali (1831-1946) la mirent
en contact direct avec l’Europe.
Dans la ville enclavée d’Elba, dans le nord- ouest de la Syrie, les
archéologues ont découvert en 1975 les vestiges d’un grand empire sémite qui
va du nord de la mer rouges à la Turquie et jusqu’en Mésopotamie dans sa partie
orientale. Cet empire remontant de 2500 à 2400 ans AV J .C fait de la langue

46
SADAKA NAGIB, OP.CIT, P.29
47
32

d’Elba la langue sémitique la plus ancienne. La SYRIE compte d’autres grands


sites archéologiques comme celui du Mari où fut retrouvé un code comparable
au code d’Hammourabi à Babylone, Ougarit et Dowa Europe.
La Syrie est un pays significatif dans l’histoire du christianisme, Paul de
Tarse, le futur saint Paul a été converti au christianisme sur la route de DAMAS,
et a établi une église d’abord à Antioche en SYRIE antique (aujourd’hui
Turquie) c’est de ce port qu’il est parti pour plusieurs de ses voyages de mission.
La Syrie fut longtemps occupée par les peuples Cananéens, les Hébreux,
les Araméens, les Assyriens, les Grecs, les Arméniens, les Nabatiens, les
Byzantins, … et enfin par le français à qui la société de nation confia un
protectorat provisoire pour mettre en place, les conditions d’une future
indépendance politique.
1.2 Géographie
1.2.1 Localisation et position de la Syrie
La Syrie possède une position privilégiée dans le monde. Au carrefour des
routes de trois liaisons entre les deux mondes occidental et oriental. Cette
position géographique lui conférait, dans l’antiquité, une situation de centre
commercial et de transit, sa façade maritime sur la méditerranée lui permet de
communiquer avec l’Europe, sa situation continentale la met en contact direct
avec l’Asie Antérieure et, de là, avec l’Asie centrale.48
Dans son état actuel, la superficie de la Syrie est de 185.180 km2 au point
de vu structure physique, la surface Syrienne n’est qu’un fragment de la
péninsule Arabique, vaste ensemble géographique formant un petit continent
entre l’Afrique et l’Asie et isolé d’eux par une ceinture de montagnes et de
mers.49

1.2.2 Territoire et Relief

48
CHARLES DIEHL, La république de Venisse, Flammarion, Paris, 1925, p.193-204
49
YOUSSEF HELBAOUI, La Syrie mise en valeur d’un Pays sous-développé, L.G.D.J, Paris, 1956, p.23
33

L’essentiel du territoire Syrien est constitué par un vaste plateau calcaire


(Hamada) surmonté de quelques anciens reliefs volcanique (djebel druze) et
traversé au nord Est par le fleuve Euphrate.50
Du point de vue relief, elle peut être divisée en cinq parties qui sont de
l’ouest à l’Est :
 1 er La région littorale (ES-Sahel) est constitué par une bande des terrains
insérés entre la méditerranée et le pied des massifs montagneux. Elle s’étend
de Bayas au nord, à Tripoli au sud forment ainsi une étroite zone, large de 3
à 20 km qui constitue, du nord au sud, les plaines de Lattaquié, de djablé, de
banias et Tartous.

 2ème La seconde est la région montagneuse, elle est formée deb deux chaînes
montagnes parallèles au côté. La première à l’Ouest, domine la mer ; la
deuxième à l’Est, s’incline vers l’intérieur. La chaîne occidentale comprend
du nord au sud, la montagne du Cassius et la Horst Alaouite. Elle continue,
au sud, par le massif Libanais. Le Cassius est une montagne longue de 50km
et large de 30km, son altitude dépasse 1700 mètres. Quant au Horst
Alaouite, c’est un puissant massif calcaire, s’allongeant sur plus de 130km
de longueur et de25 à30 km de largeur. Il culmine au Nabiyounes, à 1563
mètres d’altitudes parallèlement à cette chaîne occidentale, se dresse celle de
l’Est, qui est moins compact et moins élevée que la chaîne côtière.
Elle constituée, au nord par les deux petites montagnes du Djebel Zawie
(877m) et du Djebel Ula (500). Cette chaine disparait ensuite, laissant de la
place aux plateaux de Homs et de Hama, pour réapparaitre, au centre avec
l’anti Liban, qui est le grand massif de cette chaîne, long de 170km, d’une
largeur de 40 à 150 km, et d’une altitude de 2814 mètres. Au sud de l’anti
Liban s’élève le Djebel Ed-Druze puissant massif volcanique dont la
longueur est de 135 km, sa largeur de 120 km et dont l’altitude dépasse les
1800 mètres.
 3ème Entre les deux chaînes de montagnes, s’allonge le fossé central formé
d’une série de bassin reliés par le fleuve Orante. Les bassins, dont la hauteur,
par rapport au niveau de la mer, s’étage de 125 à 500 mètres, s’étendent du
nord au sud, comprenant le bassin, d’Amk puis celui du Ghab, inséré entre le
massif Alaouite et le Djebel Zawie et inondé par les eaux de l’orante, qui le
50
ANNIE LAURENT, Le Drame Syrien : Les erreurs d’analyse occidentales, éditions Argos,
CDL, « Stratégie », Paris, 2013, P.23
34

transforme en un véritable marécage. Le sillon médian se perd ensuite dans


les deux grands plains de Hama et Homs, protégé à l’Ouest par les monts
Alaouite et le Liban, et ouvert à l’Est vers les plains centraux.

 4ème La plate-forme intérieure est une zone qui s’étend entre la région
montagneuse et les confins du désert, et constitué par un vaste plateau dont
l’altitude moyenne est de 300 mètres plat et peu accidenté, il est incliné
légèrement du pied de la chaîne côtière vers le Nord-Est. Cette pente s’arrête
au bord de l’Euphrate, pour montrer la suite, jusqu’au pied du massif du
Taurus.

 5ème Le désert (Badiet Ech-Cham) forme la cinquième région couvre la


moitié de la superficie du pays. En opposition frappante avec la partie Ouest,
cette zone est un vaste plateau steppique. La partie Nord-Est, la base
Djézireh (Ech-Chamiyé, la base Mésopotamie) est une immense plaine semi
désertique renferme quelques oasis isolées tel que Palmyre et Sokhmé. La
partie Sud-Est (Il-Hamad) est plate et désertique.

1.2.3 Le sol

Le sol Syrie se compose, en général de trois types principaux qui sont :

 1er de terrains sédimentaires variés, secondaires, et quaternaires. Formés en


grande partie de couches calcaires qui constituent la majeure partie du sol ;
 2ème de terrains éruptifs variés, mais surtout de basaltes qui couvrent un
sixième de la superficie du pays ;
 3ème D’alluvions pliocènes et quaternaires et de limons qui s’étendent sur
les bords de cours d’eau et aux pieds de massifs montagneuses.

1.2.4 Climat, Faune et Flore


35

La Syrie est un pays majoritairement Aride, en particulier à l'intérieur et


dans la partie Orientale. Le niveau de pluviomètre moyen est de 318 mm par an
mais moins de 150 mm dans le nord-Est contre plus de 800 mm à proximité de
la côte et près de 1400 dans la montagne. Le pays est en dessous du niveau du
seuil de pénurie puisque les ressources par habitant s’établissent à 947 m2 an (le
seuil stress hydrique est généralement fixé à 1700 m2par an et par habitant a le
seuil de pénurie à 1000 m°. 51
La Syrie a un climat méditerranéen sur la côte, avec des hivers doux et
pluvieux et des étés chauds et ensoleillés, tandis qu’il devient subtropical aride
dans les vastes zones de l’intérieur, où les hivers sont modérément froids et les
étés torrides et ensoleillés tandis qu'il devient subtropical aride dans les vastes
zones de l'intérieur, où les hivers sont modérément froids et les étés torrides et
ensoleillés. En Syrie l’été est ensoleillé partout, mais l'air est humide sur la côte,
et sec dans le reste du pays.52
La température moyenne estivale atteint les 32°C et la température
moyenne hivernale est de 10°C.
Au printemps et en Automne la moyenne des températures est de 22°C
l’horaire d’hiver prend effet du mois de Novembre au mois de Mars (+2heures
GMT). L’horaire d’été est appliqué du mois d'Avril au mois d'Octobre (+3
heures GMT).53
La variété du climat, de terrain et d’altitude fait de la Syrie un lien de
encontre d'espèce très diverses, originaires des régions opposées, aussi bien
européennes, asiatiques qu’africaines.
1.3 Economie
Entre 2010 et 2014, l'Economie Syrienne s’est rétractée de 62% dû à la
guerre civile Syrienne, qui a détruit les infrastructures et des lieux de production
et empêche les échanges. Une contraction de 12 à 20 % de l’activité économique
est attendue pour l’ensemble. Le chômage a quintuplé et la devise syrienne a
perdu les 5/6 de sa valeur.54
Avant le début de la guerre Syrienne, L’U.E achetait 95% du pétrole
exporté par la Syrie, ce qui représentait entre un quart et un tiers des recettes de

51
ANNIE LAURENT, OP.CIT, p.32
52
WWW.Climat_et_voyages.com/Climat_SYRIE consulté le 08/02/2022
53
ANNIE LAURENT, OP.CIT, p.160
54
FABRICE BALANCHE Preventing av jihadist factory in idhib, the Washington Institute, 31 août 2017
36

e pays. En septembre 2011, pour faire pression sur le régime, L’U.E décrète un
embargo total sur le pétrole Syrien.
En avril 2013, la guerre s’éternisant, l’Europe lève « partiellement » on
embargo sur le pétrole Syrien les ministres européens des affaires étrangères
souhaitant ainsi d’aider les rebelles Syriens, qui contrôlent une partie des
champs pétroliers ».
En mai 2013, le ministre Syrien du pétrole Suleiman Abbas révèle qu’a
production de pétrole Syrienne a chuté de 95% (à 20.000 barils par jour contre
les 380.000 barils par jour) et celle du gaz Syrien de 50%, à la suite des combats
et des activités terroristes de 2011 à 2014, la guerre à coûter 502 milliards de
livres Syriennes (3 milliards de dollar américains) aux secteurs du pétrole et des
mines au pays. En mai 2014, alors que la Russie fournit surtout des armes, l’Iran
livre plutôt du pétrole à Bachar El-Assad.
Quant à la manne pétrolière, elle attire nombreux des groupes rebelles qui
se combattent mutuellement pour la posséder. Les puits de gaz d’Alep (au centre
du pays) et les puits de pétrole des provinces de Deir ez-Zor (Est de la Syrie) et
d’Hassaké (Nord-Est) font ainsi l’objet de convoitises des milices ‘belles et
terroristes (Front AÏl-Nosra, Front islamique, Armée libre, Divers Troupes
salafistes et Eül) qui se livrent une guerre totale pour s’en emparer. Le conflit a
détruit fin 2014, environ 791.000 logements, destructions qui ont eu à 58% à
Alep, à 20,5% à Homs et à 12,92% à Hamas. Au niveau agricole, la superficie
cultivée est passée de 8 millions d’hectares à 3,6 millions entre 2010 et 2015. En
gros entre 2011 et 2016, la guerre civile aurait coûté près de 260 milliards de
dollar au total.55

1.4 Institution et Vie Politique


1.4.1 Présidence
55
HELENE SALLON, Sur la Piste de Fief de l’Etat Islamique, Le Monde, 15 septembre, 2015, P.42
37

Celui-ci est officiellement élu après un référendum pour un mandat de


sept ans. En plus d’exercer la charge de chef de l’État, il est le secrétaire général
du parti Baas et le chef du Front national progressiste, qui regroupe toutes les
organisations politiques légales.
Le président peut nommer les ministres, déclarer la guerre et l’état
d'urgence. Il a aussi le pouvoir d’amnistie, il peut modifier la Constitution et
nommer les fonctionnaires et le personnel militaire56
C’est avec le Front national progressiste que le président peut décider des
questions de relations internationales, c’est aussi le FNP qui approuve la
politique économique de l’État. Le FNP se veut aussi officiellement un « forum
d’idées » dans lequel la politique économique et l’orientation du pays seraient
débattues.
1.4.2 Gouvernement et députés
Chacune des trois branches du gouvernement est guidée par les objectifs
du parti Baas, dont l’importance dans les institutions d’Etat est assurée par la
constitution. C’est la même chose pour le parlement, le Conseil du peuple
(Majlis]-Sha'ab).
Les députés sont élus pour une durée de quatre ans, mais le Conseil
aucune autorité indépendante. Bien que les parlementaires puissent critiquer lois
et modifier des projets de loi, ils ne peuvent pas faire de proposition de et les
décisions finales sont prises par la branche exécutive.
1.4.3 Subdivisions
La Syrie est divisée en quatorze gouvernorats, ou mohafazat (singulier :
mohafazats), portant chacun le nom de leur chef-lieu. Les gouverneurs sont
proposés par le ministère de l'Intérieur au gouvernement, lequel annonce leur
nomination par décret exécutif. Dans ses fonctions, le gouverneur est assisté par
un conseil provincial élu.
Une partie du gouvernorat de Quneitra est sous occupation israélienne
depuis 1967 (voir Golan). Le Golan est un des principaux sujets de discorde
entre Israël et la Syrie. Ce dernier et l'ONU le considèrent comme territoire
syrien occupé, alors qu'Israël le considère comme annexé.
1.5 Aspects socioculturels

56
HELENE SALLON, op.cit., P.43
38

1.5.1 Démographie
La plupart des Syriens (22,5 millions d'habitants en 2011) vivent
non loin de l’Euphrate et le long de la côte, une bande de terre fertile entre les
montagnes côtières et le désert, entre Alep au nord, et Damas au sud, en passant
par Hama et Homs. Ces 4 villes regroupent environ 8,5 millions d'habitants sur
les 22 millions de la Syrie, soit un peu moins de 40 % de la population du pays.
La Mortalité infantile serait inférieure à 23 pour 1 000 naissances. L'espérance
de vie serait 75 ans et l'indice de développement humain (IDH) de 0,742 au 107e
rang mondial en 2009 sur 173 pays.57
1.5.2 Ethnies et religions
Le régime syrien se voulant un État laïc, aucun recensement
confessionnel n'existe en Syrie. Il en est de même pour le décompte des
appartenances ethniques non arabes, comme les Kurdes notamment, celui-ci
s'opposant à l'idée de nationalisme arabe.
1.5.3 Langues
La langue arabe est la langue officielle du pays, la grande majorité des
Syriens parlent l'arabe syrien, variante dialectale de l'arabe, également utilisée
au Liban, en Autorité palestinienne, et dans une moindre mesure en Irak et en
Jordanie. De nombreux Syriens instruits parlent l’anglais, le russe et le français
(surtout dans la bourgeoisie et la communauté chrétienne, il y a moins de 4 500
francophones de nos jours), mais l’anglais est plus largement compris (de 650
000 à un million de locuteurs, en seconde langue). L'araméen, le kurde, le
Tcherkesse et les turkmènes sont aussi parlés dans le pays par les minorités
nationales.
L’araméen (la langue biblique celle de Jésus Christ) à travers le néo-
araméen occidental au nord de Damas et je touroyo en particulier dans le Jaziré.
Le turc est encore parlé en seconde langue, surtout pour des raisons historiques,
au nord, vers le frontière turque, et à Alep : le nombre de locuteurs est inconnu,
du fait de relations difficiles de le Syrie avec son voisin turc, pour des raisons
politiques, et aussi en raison du passé de la Syrie au sein de l'Empire ottoman. Il
y a des contentieux aussi en ce qui concerne la région du Sandjak d'Alexandrette
(hui Iskenderun), annexé par la Turquie en 1939, et qui comprend encore
aujourd'hui une majorité d'arabes.

57
PIERRE- J.LUIZARD, Le Piège Daech : L’Etat Islamique ou le Retour de l’Histoire, La Découverte, Paris, 2015
39

La Syrie revendique toujours cette région. Autrefois parlé, et Langue


importante, le grec a disparu depuis les années 1950, mais reste une langue
historique, la langue véhiculaire sous l'Empire byzantin, et son héritage se
retrouve à travers les Chrétiens grecs orthodoxes. La langue kurde est parlée par
plus de trois millions personne. De 1932 à 1945, il y avait trois revues kurdes
publiées en langue kurde à Damas, par Jaladat Badir Khan, Hawar, en 1932,
Ronahi, en 1941 et la revue Stere, en 1943 (Damas).58
1.5.4 Culture
Il faut ici souligner le rôle des Syriens d'Égypte, appelés "Chuwam masr"
en arabe, issus de l'émigration du XIXe siècle (en particulier après les massacres
des chrétiens à Damas en 1860). La communauté syrienne d'Égypte,
essentiellement chrétienne (grecs-catholiques en majorité mais aussi grecs-
orthodoxes, maronites ou syriaques) a joué durant un siècle un rôle de premier
plan dans l'essor de l'Égypte moderne.
Ses membres ont été très actifs dans la haute fonction publique (Mikhaïl
Kahil Pacha, Habib Sakakini Pacha), les douanes, les banques, l'ingénierie
(Farid Boulad Bey), le commerce (les grands magasins de la famille Sednaoui),
l'industrie (coton, savon), les transports, la presse, le théâtre (Georges Abyad), le
cinéma (le réalisateur Henri Barakat). Francophone et éduquée, la communauté
des Syriens d'Égypte a constitué une bourgeoisie prospère et moderne.
Elle s'est considérablement réduite sous le mandat de Nasser, ayant
particulièrement souffert des lois de nationalisations de 1961, et ses membres
ont pour la plupart émigré au Liban, en Europe ou en Amérique du Nord. Parmi
les familles syriennes chrétiennes ayant joué un rôle remarquable dans les
affaires et la haute administration en Egypte on peut citer les familles Assouad,
Anhouri, Ayrout, Barakat, Boulad, Cassab, Debbané, fattal, Ghorra, Kahil,
Lakah, Medawar, Messadiyé, Michaca, Pharaon, Rathle, Sabbagh, Sakakini,
Sednaoui, Toutoungi, Zananiri, Zemokhol.
La Syrie possède une petite industrie cinématographique, dont la
production est entièrement contrôlée par l'organisation nationale du cinéma
d'État, qui emploie des réalisateurs de films sous le statut de fonctionnaires. Il
n'y a qu’un seul film qui peut sortir par an, il est néanmoins Souvent salué par je
festivals internationaux. Le feuilleton télévisé syrien de Bab ET Hara, très connu
dans le monde arabe, a eu un énorme succès.

58
Syrie : un soldat turc tué à Idleb, AFP, 6 février 2018, consulté le 13/mars/2022
40

Section 2 : La crise Syrienne

La crise qui a éclaté en 2011 en Syrie est davantage qu’un simple effet
collatéral des Printemps arabes. Elle est intervenue à un moment de profond
41

basculement des équilibres internationaux et en constitue en quelque sorte le


révélateur.
Des puissances comme la Russie ou la Chine, concernées elles aussi,
semblent plus que jamais décidées à en finir avec le droit d’ingérence et
l’unilatéralisme occidental qui ont caractérisé les relations internationales de ces
deux dernières décennies.59

2.1 Les déterminants de la crise Syrienne


La guerre civile syrienne ou révolution syrienne est un conflit armé en
cours depuis 2011 en Syrie. Elle débute dans le contexte du Printemps arabe par
des manifestations majoritairement pacifiques en faveur de la démocratie contre
le régime baasiste dirigé par le président Bachar el-Assad ; Réprimé brutalement
par le régime, le mouvement de contestation se transforme peu à peu en une
rébellion armée.
De nombreux belligérants participent au conflit qui connait plusieurs
phases. La majeure partie des premiers groupes insurgés se structurent autour de
l'Armée syrienne libre (ASL), qui est fondée en juillet 2011. L'opposition
politique en exil forme quant à elle le Conseil national syrien (CNS) en
septembre 2011 puis la Coalition nationale des forces de l'opposition et de la
révolution (CNFOR) en novembre 2012.60
En 2012 et 2013, les rebelles s'emparent de la majeure partie du nord et
de l'est de la Syrie, mais le régime de Bachar el-Assad résiste dans le sud et
l'ouest du pays. L'opposition obtient également des financements et des armes de
la part de la Turquie, de l'Arabie saoudite, du Qatar, de la Jordanie, des États-
Unis ou de la France.
Mais l'ASL est progressivement supplantée dans plusieurs régions par des
groupes islamistes sunnites ou salafistes, comme Ahrar al-Cham ou Jaych al-
Islam, ou encore par des groupes salafistes djihadistes, comme le Front al-Nosra,
reconnu en 2013 comme la branche syrienne d'al-Qaïda. Le régime syrien est
quant à lui soutenu indéfectiblement par l'Iran, qui outre des financements pour
contourner les sanctions internationales, dépêche dès le début du conflit des
officiers du Corps des Gardiens de la révolution islamique et des dizaines de
milices islamistes chiites venues du Liban, d'Irak ou d'Afghanistan, comme le
Hezbollah, l'Organisation Badr ou la Division des Fatimides.
59
FREDERIC PICHON, op.cit., p. 10-11
60
Www.Wikipédia.OrgGuerreSyrienne consulté le 09 Mars 2022
42

Le rapport des forces en présence est bouleversé par l'apparition en Syrie


de l'organisation salafiste djihadiste État islamique en Irak et au Levant (EIIL)
rebaptisé ensuite État islamique (EI) qui en 2014 entre en conflit contre tous les
autres belligérants, s'empare de près de la moitié de la Syrie, ainsi que d'un tiers
de l'Irak, et proclame la restauration du califat.
Au Nord, les forces kurdes des Unités de protection du peuple (YPG),
branche armée du Parti de l'union démocratique (PYD), lié au Parti des
travailleurs du Kurdistan (PKK), se retrouvent en première ligne contre les
djihadistes. En septembre 2014, menée par les États-Unis, une coalition
internationale formée contre l'État islamique commence à mener des
bombardements en Syrie et à appuyer les YPG. Forts du soutien américain, les
Kurdes reportent une première victoire à Kobané en janvier 2015, forment en
octobre 2015 une alliance avec des groupes arabes qui prend le nom de Forces
démocratiques syriennes (FDS), et lancent une campagne contre les djihadistes
qui aboutit en octobre 2017 à la chute de Raqqa, la « capitale » syrienne de l'EI.
La Turquie intervient également militairement en Syrie : d'abord contre l'État
islamique en 2016 et 2017, avant d'attaquer les FDS en 2018 en raison de leurs
liens avec le PKK.61
De son côté, la Russie entre dans le conflit syrien en septembre 2015 en
intervenant militairement pour soutenir le régime syrien. Cette intervention
redonne l'avantage au camp loyaliste : l'armée syrienne et ses alliés remportent
des victoires décisives à Alep en décembre 2016, à Homs en mai 2017, à Deir
ez-Zor en novembre 2017, dans la Ghouta en mai 2018 et à Deraa en juillet
2018.
En se prolongeant dans le temps, le conflit syrien est devenu à la fois une
guerre civile, une guerre confessionnelle et une guerre par procuration. Depuis
mars 2011, le conflit a fait autour de 500 000 morts d'après les estimations de
diverses ONG. Des attaques à l'arme chimique et de nombreux massacres,
crimes de guerre et crimes contre l'humanité ont été commis, principalement par
le régime syrien et par l'État islamique. Le camp loyaliste syrien est responsable
de la grande majorité des victimes civiles de la guerre par ses bombardements
aériens massifs et par la répression exercée contre l'opposition, qualifiée de
politique « d’extermination » par l'ONU : entre 70 000 et 200 000 personnes ont
disparu dans les prisons du régime, au moins 17 000 d'entre elles y ont été

61
Https://fr.Vikipedia.org/wiki/Guerre_civile_Syrienne consulté le 10 Mars 2022
43

torturées à mort et plus de 5 000 à 13 000 autres ont été exécutées par
pendaison, principalement dans la prison de Saidnaya.62
La moitié de la population syrienne a été déplacée pendant le conflit, et
cinq à six millions de Syriens ont fui le pays, soit le quart de la population.
Le soulèvement qui a débuté en Syrie en mars 2011 est souvent interprété
comme un effet domino du « printemps arabe ». L’impact des soulèvements
tunisien, égyptien, libyen et yéménite sur la détermination des Syriens est
indiscutable. Pour autant, malgré la similitude de certains paramètres (chômage
endémique, corruption) et revendications (démocratie, dignité), on ne saurait
limiter l’analyse de la crise syrienne à un simple effet de contagion. Par son
ampleur et ses modalités d’action, elle semble inédite.
Sur le terrain, la situation ne cesse de s’aggraver. De mars 2011 à début
juillet 2012, plus de 15 000 Syriens seraient morts il ne s’agit toutefois que d’un
ordre de grandeur. Ce pour autant, les 16 mois de répression n’ont en rien
entamé la détermination de l’opposition syrienne, mieux organisée et armée,
bien que toujours aussi divisée. Progressivement, le soulèvement pacifique mené
au nom des principes de démocratie, de liberté et de dignité a basculé en guerre
civile. Les tensions communautaires sont exacerbées, l’armée syrienne et les
milices pro-Assad sont à bout physiquement et nerveusement, ce qui laisse
présager le pire, à l’image des massacres à Houla, Mazraat al-Qubeir et Al-
Haffa. Les risques de répercussion de la crise syrienne au plan régional n’ont
jamais semblé aussi grands, attisés par les convoitises et les divisions de la
communauté internationale.63
2.2 Portée et enjeux des clivages communautaires
La société syrienne, à plus de 70 % sunnite, se caractérise par
l’enchevêtrement des appartenances identitaires (hétérogénéité
confessionnelle Sunnites, chiites duodécimains, ismaéliens, druzes, alaouites,…
et ethnique Arabes, Kurdes, Arméniens, Tcherkesses, Turkmènes, etc.,
régionalisme le fameux triptyque bédouin, paysan, citadin clivages socio-
professionnels) qui, plusieurs fois par le passé, ont donné lieu à des
affrontements interconfessionnels violents à titre d’exemple, le massacre de
chrétiens et de druzes en mars 2011, c’est bien la nature pacifique et dénuée de
caractère communautaire de la contestation sociale qui a pris de court le régime
syrien.
62
Www.google.com/amp/s/amp.le_point.fr consulté le 10 Mars 2022
63
J.FRANÇOIS SCHWERIN, <<Le Chaos du Printemps Arabe>> in Le Monde, N°122015, octobre 2015, P.19
44

D’autant que le mouvement partait des bastions sunnites traditionnels du


régime l’élément déclencheur serait dû à une mauvaise gestion. En mars 2011, la
plupart des manifestants n’étaient autres que les héritiers des paysans exploités
et des petites bourgeoisies provinciales sunnites, longtemps méprisées et isolées
de l’exercice du pouvoir par un cercle restreint de grandes familles urbaines
sunnites. Attirés par l’idéologie baasiste, qui repose en partie sur le concept de
socialisme arabe cette dimension est souvent ignorés des médias, ils avaient
gonflé les rangs du Parti et l’avaient porté au pouvoir lors du coup d’État.
Ironie de l’histoire, ce sont désormais la classe moyenne urbaine et la
bourgeoisie sunnite de Damas et d’Alep, contre lesquelles s’était développée la
révolution de 1963, qui, jusqu’à encore récemment, soutenaient plus ou moins
ouvertement le régime.
Pour casser la dynamique de mécontentement populaire, le pouvoir
déploya une double stratégie fondée sur la répression et la réactivation des
représentations de peur des communautés minoritaires, autre pilier traditionnel
du Baas.64
2.3 Contexte et Forces en présence
2.3.1 Régime el-Assad
Révolte armée est d'incriminer des groupes armés antigouvernementaux
ou des islamistes armés. Après le massacre de Houla, le gouvernement accuse
ainsi principalement des islamistes armés. Des « ingérences extérieures »
occidentales et des infiltrations d'armes commanditées par des pays adverses,
dont le Qatar et l'Arabie saoudite sunnites, sont également régulièrement
évoquées. Ainsi, dans une allocution télévisée du 3 juin 2012, le président syrien
Bachar el-Assad affirme que l'État syrien fait « face à une véritable guerre
menée de l'étranger », il précise que leur but est d’étouffer la résistance à Israël.
Rappelant qu'après les attentats du 11 septembre 2001, la Syrie a été une
base arrière des djihadistes étrangers comme le Français Boubaker El Hakim, le
journaliste David Thomson estime fin 2016 que le régime Assad a toujours
instrumentalisé les djihadistes en sa faveur et aujourd’hui, il doit sa survie à la
présence de l’État islamique. Donc en aucune manière ce régime ne peut être
considéré comme la solution face au djihadisme.65

64
Https://www.cairn.info/revue-politique-etrangers-2012-page-601 consulté le 10 Mars 2022
65
Https://fr.wikipedia.org/wiki/guerre_civile_Syrienne_cite_note97 consulté le 10 Mars 2022
45

Le 3 juin 2014, après plus de trois années de guerre civile, le


gouvernement de Bachar el-Assad, fort des reconquêtes militaires enregistrées
au premier trimestre avec l'aide du Hezbollah, organise des élections
présidentielles qualifiées de « farce » par les Syriens en exil et par les opposants
de l'intérieur. Outre le président en exercice, qui se présente pour un troisième
mandat (les deux premiers entérinés par des plébiscites référendaires), deux
autres candidats, Maher Al-Hajar et Hassan Al-Nourri se présentent au suffrage
de 5 ou 6 millions citoyens en situation de voter (sur une population de 15
millions d'électeurs, avec 3 millions de réfugiés et 6 millions de déplacés). Le
scrutin serait ainsi, selon un diplomate français cité par Le Monde, « le
prolongement politique de l'offensive militaire en cours, une manière de fermer
la porte à tout plan de paix, une fuite en avant dans la bunkerisation du régime et
la sanctuarisation de la Syrie utile ».
À l'issue des élections, où aucun parti islamiste ni membre de l'opposition
n'a le droit de se présenter, Bachar el-Assad est reconduit pour un troisième
mandat avec 88,7 % des suffrages exprimés. La participation aurait atteint 73,4
%, selon la Cour constitutionnelle et 11,6 millions de personnes auraient
participé au scrutin. Selon le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid el-
Mouallem, « face au complot, le peuple a choisi de reconduire ses dirigeants
pour rétablir la sécurité, lutter contre le terrorisme et reconstruire le pays ».
Catherine Ashton, chef de la diplomatie européenne, qualifie l'élection
« d’illégitime », tandis que le Secrétaire d'État américain, John Kerry, parle de «
non-élection ».66
2.3.2 Défections dans le camp loyaliste
Début juillet 2012, le général Manaf Tlass, intime de Bachar el-Assad
tombé en disgrâce et fils de l'ancien ministre de la défense de Hafez el-Assad,
fait défection et se présente à la troisième réunion des Amis du peuple syrien qui
se tient à Paris. Le 11 juillet 2012, l'ambassadeur de Syrie en Irak Naouaf Fares
fait également défection. 18 généraux et de nombreux officiers et soldats de
l'armée syrienne ont abandonné le gouvernement et se sont réfugiés en Turquie
avec leurs familles.
Lundi 6 août 2012, le premier ministre d'origine sunnite Riad Hijab fait
défection deux mois après sa nomination pour rejoindre l'opposition au Qatar,
tandis que la télévision d’État annonce son limogeage.

66
Le Figaro « Bachar el-Assad réélu président de la Syrie 05 JUIN 2014 » consultée le 13 mars 2022
46

Mi-août 2012, une dizaine de diplomates syriens à l'étranger ont


officiellement rejoint la contestation: Bassam Al Imadi (ancien ambassadeur en
Suède), Nawwaf Al Cheykh Fares (ambassadeur en Irak), Lamia Hariri (chargée
d’affaires à Chypre), Abdel-Latif Al Dabbagh (ambassadeur aux Émirats arabes
unis), Mohammed Tahsin Al Faqir (attaché de sécurité près l’ambassade à
Oman), Farouq Taha (ambassadeur en Biélorussie), Mohammed Housam Hafez
(conseiller et consul en Arménie), Khaled Al Ayyoubi (chargé d’affaires au
Royaume-Uni), Khaled Al Saleh (chargé d’affaires au Nigeria), Dani Ba’aj
(deuxième secrétaire à la représentation permanente auprès de l’ONU à
Genève).67
2.3.3 Les chabiha
Les chabiha sont des milices pro-gouvernementales non officielles
généralement issues de la communauté alaouite. Le gouvernement les a utilisées
régulièrement, au début des troubles, pour disperser les manifestations et faire
régner l'ordre dans les quartiers en effervescence. Quand les manifestations ont
laissé place au conflit armé, l'opposition a commencé à nommer « chabiha » tout
civil pro-Assad participant à la répression du soulèvement.
L'opposition a accusé les chabiha d'être à l'origine de nombreux abus
commis à l'encontre des manifestants et des opposants ainsi que de pillages et de
déprédations.68
2.3.4 Les Forces de défense nationale
Formées initialement sous le nom de « Jaych al-Shabi », à la fin de
l'année 2012 par la fusion de plusieurs milices, les Forces de défense nationale
(FDN) rassemblent environ 100 000 hommes. Elles reçoivent équipements et
salaires du gouvernement, mais elles sont formées et organisées par le Corps des
Gardiens de la révolution islamique. La plupart de ces miliciens sont Alaouites,
mais certains sont également chrétiens ou druzes.69

2.3.5 Les milices chiites


Dès l'été 2011, de nombreuses milices chiites, armées et entraînées par
l'Iran, sont déployées en Syrie aux côtés des forces loyalistes. Ces combattants
67
Https://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2012/07/07/la-
defection_du_général_Tlass_un_coup_dur_pour_le_regime_Syrien consulté le 13 Mars 2022
68
Htpps://Fr.wikipedia.org/wiki/guerre_civile_Syrienne_cité_note144 consulté le 16 Mars 2022
69
MICHAEL WEISS et HASSAN, au cœur de l’armée de la terreur, p.196-202
47

invoquent la protection de la mosquée de Sayyida Zeinab, près de Damas, un


haut lieu de pèlerinage chiite, pour justifier leur intervention. Les milices sont
présentes dès le début du conflit, mais leur nombre augmente sensiblement par
la suite.
En 2016 jusqu'à 50 milices chiites sont présentes en Syrie. Les groupes les
plus importants sont le Hezbollah, la Brigade Abou al-Fadl al-Abbas,
l'Organisation Badr, Asaïb Ahl al-Haq, le Harakat Hezbollah al-Nujaba, la
Brigade des Fatimides, les Brigades de l'imam Ali et la Saraya al-Khorasani.
Début 2014, le nombre des combattants est estimé entre 5 000 à 10 000,
puis entre 20 000 et 40 000 début 2016, entre 40 000 et 60 000 fin 2016, et
jusqu'à un maximum de 100 000 combattants en 2018.
Ils sont pour la plupart Irakiens, Syriens, Iraniens, Libanais, Afghans,
mais on compte aussi des Pakistanais, des Yéménites. Leur salaire est versé par
le régime syrien. D'après des responsables politiques chiites et le ministre des
Affaires étrangères irakien Hoshyar Zebari, les combattants en question n'ont
cependant pas reçu de feu vert officiel de la part des chefs de leurs mouvements
ou du gouvernement irakien, dominé par les chiites, pour aller combattre en
Syrie.70
2.3.6 Le Hezbollah
En 2012, le Hezbollah, milice libanaise chiite pro-iranienne, envoie des
forces en Syrie pour appuyer le régime de Damas qui lui assure un important
soutien logistique dans sa lutte contre Israël. Fin avril 2013, Hassan Nasrallah, le
chef du Hezbollah, reconnaît officiellement la participation de son organisation
aux combats en Syrie.
D'après l'universitaire Thomas Pierret, « le Hezbollah cherche à protéger
les points stratégiques syriens qui lui permettent d’acheminer des armes venues
d’Iran ». Le 25 mai 2014, Hassan Nasrallah déclare que le Hezbollah se bat en
Syrie parce que Damas « a nourri et protégé la résistance libanaise ». Accusé par
ses détracteurs de baisser la garde contre Israël en envoyant des combattants en
Syrie, il s'est dit convaincu de la victoire finale du régime d'el-Assad et a assuré
que le Hezbollah avait « toujours la capacité de dissuader Israël » et que « c’est
l’une des inquiétudes de l’ennemi israélien : il regarde la Syrie et l’Iran et il voit
qu’ils donnent toute l’aide qu’ils peuvent à la résistance ».

70
IGNACE DALLE et WLADIMIR GLASMAN, Le cauchemar Syrien, p.258-261
48

Avec entre 5 000 à 8 000 hommes déployés en Syrie, le Hezbollah


fournit le plus gros contingent de miliciens chiites étrangers. Malgré les lourdes
pertes subies, militairement le Hezbollah monte fortement en puissance lors de
la guerre civile syrienne.71

2.3.7 L'opposition politique : CNS et CNFOR


Le Conseil national syrien est une autorité politique de transition créée le
15 septembre 2011 et officialisée le 1er et 2 octobre 2011 à Istanbul, en Turquie,
pour coordonner l'opposition au régime de Bachar el-Assad, en Syrie et dans les
pays tiers134.
Composé de 400 membres et dominé par les sunnites, le CNS rassemble
plus de 30 organisations d'opposants dont les Frères musulmans (qui y sont
majoritaires), des libéraux mais aussi des partis kurdes et assyriens.
Le 11 novembre 2012, le CNS adhère à la Coalition nationale des forces
de l'opposition et de la révolution dont il reste la principale composante.
La Coalition nationale des forces de l'opposition et de la révolution (ou
Coalition nationale syrienne), est une autorité politique de transition créée le 11
novembre 2012 à Doha, au Qatar. Siégeant au Caire, plus large que le CNS, bien
financée et largement reconnue au niveau international la Coalition engage « les
parties signataires à œuvrer pour la chute du régime, et de tous ses symboles et
piliers, et pour le démantèlement de ses organes de sécurité, en poursuivant tous
ceux qui ont été impliqués dans des crimes contre les Syriens ».72

2.3.8 Les rebelles : Armée syrienne libre, Ahrar al-Cham, Front al-Nosra et
autres groupes
À l'automne 2011, face à la répression, des défections se produisent dans
les rangs gouvernementaux et une frange de l'armée semble se constituer en
opposition armée au gouvernement. Deux groupes de soldats séditieux, l'Armée
syrienne libre (créée en juillet 2011 par le colonel Riyad Al-Assad) et le
Mouvement des officiers libres, se forment. Ils fusionnent en septembre 2011
71
Htpps://www.Lemonde.fr/international/article/2016/12/09/Syrie_le_hezbollah_machine_de_guerre
consulté le 18 Mars 2022
72
MOHAAD.F., Syrie : Entre vie et mort, Le Harmattan, Paris, 2014, P.60
49

sous l'égide du premier, alors que les attaques de déserteurs contre les forces
gouvernementales se multiplient. Le 29 novembre 2011, l'ASL reconnaît
l’autorité du Conseil national syrien (CNS).
Fin août 2012, à l'instigation de la France et de la Turquie, plusieurs
centaines d'officiers, déserteurs de l'armée syrienne, se réunissent à Istanbul,
autour du général Mohamed Al Haj Ali, le plus gradé d'entre eux, et décident de
placer l'ensemble des brigades rebelles sous son commandement. Le projet
échoue en raison des dissensions entre bailleurs de fonds et de la montée en
puissance des djihadistes étrangers dans le nord du pays. Alors que le clan el-
Assad resserre les rangs, l'option d'un retournement des forces armées,
déterminant dans la chute des régimes tunisien et égyptien, s'éloigne
définitivement.73
2.3.9 L'État islamique
Né en 2006 en Irak, l'État islamique est une organisation salafiste
djihadiste, dirigée par Abou Bakr al-Baghdadi, proclamé calife le 29 juin 2014.
Le groupe apparaît en Syrie le 9 avril 2013 sous le nom d'État islamique en Irak
et au Levant et prend le nom d'État islamique lorsqu'il proclame l'instauration du
califat, mais ses adversaires lui donnent le surnom de « Daech ».
Considéré comme moins corrompu que les autres groupes djihadistes,
l'EIIL est aussi le plus extrémiste, il est craint pour sa violence, son
intransigeance et son indifférence aux notions de droits humains. Très impliqué
sur les réseaux sociaux, il attire un grand nombre de djihadistes étrangers venus
de tout le Monde musulman et même d'Occident.

2.3.10 Les Kurdes du PYD


Historiquement discriminées par le régime et ancrées à une solide identité
culturelle, les populations kurdes de Syrie occupent, le long de la frontière
turque, trois enclaves séparées qui constituent le prolongement naturel des
73
Htps://Fr.wikipedia.org/wiki/guerre_civile_Syrien_cite_note164 consulté le 20 Mars 2022
50

territoires kurdes de Turquie et d’Irak. Au début du conflit kurde en Turquie, la


Syrie sert déjà de base arrière au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) ; de
1979 à la fin des années 1990, tout en réprimant les autres organisations kurdes,
le régime laisse le PKK installer son état-major sur son territoire. Cependant, en
1998, Damas se rapproche d'Ankara ; Abdullah Öcalan est expulsé et des
centaines de militants sont arrêtés. En 2003, une branche syrienne du PKK, le
Parti de l'union démocratique (PYD), est formée.
En 2004, parti de Qamichli, un mouvement de protestation de Kurdes
réclamant leurs droits civiques est réprimé par le régime, avec plusieurs dizaines
de morts. En juillet 2012, le PYD profite des désordres de la guerre civile pour
prendre le contrôle du « Kurdistan syrien », appelé le Rojava. Depuis le 12
novembre 2013, ce dernier dispose d'une administration autonome, qui gère les
questions « politiques, militaires, économiques et de sécurité dans la région et en
Syrie ».74
Le PYD forme sa branche armée, les Unités de protection du peuple
(YPG), dont les effectifs sont estimés entre 35 000 et 65 000 combattants, avec
environ 40 % de femmes. Jouant leur propre carte, les Kurdes du PYD concluent
parfois des alliances ponctuelles et opportunistes, tantôt avec les forces
loyalistes, tantôt avec les rebelles.
Hostiles au régime de Bachar el-Assad, ils affrontent cependant rarement
les forces loyalistes avec lesquelles ils cohabitent dans certaines villes. Ils
combattent aussi à plusieurs reprises contre des groupes de l'Armée syrienne
libre soutenus par la Turquie, tout en étant les alliés d'autres factions de l'ASL,
notamment celles rassemblées au sein de Jaych al-Thuwar.
Les YPG livrent l'essentiel de leurs combats contre les forces djihadistes,
et principalement contre l'État islamique. Considérés comme une organisation
terroriste par la Turquie, les YPG parviennent cependant à s'allier au cours du
conflit à la fois avec les États-Unis et avec la Russie.75

2.2 Déroulement du conflit


2.2.1 Prélude

74
J.FRANÇOIS S., Op.cit., P.20
75
CODY ROCHE, Factions Fightings in the Syrian Civil War, Bellingcast, 29/04/2017
51

En décembre 2010, des manifestations de masse contre le gouvernement


en place se déroulent en Tunisie, puis s'étendent au monde arabe jusqu'à la
Syrie. En janvier 2011, Ben Ali est renversé en Tunisie, suivi en février par
Hosni Moubarak en Égypte, tandis que la Libye sombre dans la guerre civile. La
plupart des pays arabes traversent une phase d'agitation et certains tentent de
calmer la colère populaire en acceptant des concessions et en procédant à des
aménagements politiques.
Alors que le printemps arabe s'étend en 2011 à tout le monde arabe, le
gouvernement syrien prend des mesures de prévention et de répression, assorties
de tentatives d'apaisement. Plusieurs appels à manifester sont lancés à partir du 4
février, mais les services de renseignements et les moukhabarat répriment ces
manifestations. La Syrie garde en mémoire l'insurrection des Frères musulmans
et sa répression sans réaction internationale par Hafez el-Assad qui s'était
achevée en 1982 avec la révolte de Hama (10 000 à 40 000 morts, en majorité
des civils).
Suivant l'exemple des « révolutions colorées », des appels à manifester
sont lancés sur Facebook, invitant les Syriens à se mobiliser les 4 et 5 février,
notamment devant le siège du parlement à Damas. L'appel n'est pas suivi, en
raison notamment de l'important dispositif de sécurité, des intimidations des
forces de sécurité et de l'arrestation des principaux organisateurs. Le 8 février
2011, le pouvoir rétablit l'accès à Facebook et YouTube pensant apaiser
d'éventuelles tensions. Cependant, ce geste n'est pas interprété de la même
manière par tous les médias.
D'après Télérama et le Huffington Post, il s'agirait d'un moyen pour
mieux repérer les activistes. En outre, ce point de vue est partagé par Kenneth
Roth, directeur exécutif de Human Rights Watch, qui estime que « les médias
sociaux peuvent également être un outil de surveillance et de répression de
l'opposition ».
Dans le même temps, le pouvoir multiplie également les mesures
sécuritaires : renforcement des écoutes, plan de rupture des moyens de
communications pour isoler des régions ou des villes du reste du pays, ordre
donné aux moukhabarats de réprimer fermement toute agitation, interdiction de
messagerie instantanée et de Skype, nombreuses arrestations préventives ou non,
comme celles d’enfants tagueurs.
52

Le 17 février 2011, le gouvernement annonce des mesures sociales prévoyant la


baisse de taxes sur les produits alimentaires de première nécessité,
l'augmentation des subventions pour le fioul et la création d'un fonds social qui
aidera 420 000 personnes en difficultés. D’autres augmentations de prix et
l’instauration de la TVA sont reportées ; le gouvernement annonce également le
recrutement de 67 000 fonctionnaires, multiplie les rencontres avec des
représentants de la société civile et des dignitaires religieux. Des dizaines de
fonctionnaires corrompus sont mutés ou renvoyés.
Le gouvernement apporte son soutien diplomatique, mais aussi matériel,
et envoie des renforts en Libye soutenir le colonel Kadhafi, en manière
d’avertissement sur ses intentions en cas de révolte. Le 17 février 2011, les
violences policières contre un commerçant entraînent le soulèvement d'un
quartier de Damas. Le 7 mars 2011, 13 prisonniers politiques entament une
grève de la faim.76
3.3.2 Du printemps arabe à la guerre civile 2011
En février 2011, quelques jours après la chute de Zine el-Abidine Ben Ali
en Tunisie et celle d'Hosni Moubarak en Égypte, un groupe d'une quinzaine ou
d'une vingtaine d'adolescents inscrit sur les murs d'une école de Deraa le slogan
« Jay alek el door ya doctor » (« Ton tour arrive, docteur »). Ces mots visent
alors directement le président syrien Bachar el-Assad, ancien ophtalmologue. 77
La plupart des jeunes sont très rapidement arrêtés par les services de
renseignement et torturés pendant plusieurs semaines. Une délégation venue
solliciter la libération des enfants est insultée par Atef Najib, cousin de Bachar
el-Assad et chef de la branche locale de la Sécurité politique qui aurait déclaré :
« Oubliez vos enfants et allez retrouver vos femmes. Elles vous en donneront
d'autres. Et puis, si vous n'êtes pas capables de leur faire des enfants, amenez-
nous vos femmes. On le fera pour vous ».
Ces paroles se répandent alors à Deraa comme une traînée de poudre et
scandalisent les habitants. Le 15 mars, un premier rassemblement a lieu devant
le Palais de justice de Deraa. Une seconde manifestation de bien plus grande
ampleur, baptisée le « vendredi de la liberté », suit le 18 mars, mais cette fois la
police tire sur la foule, faisant deux morts et de nombreux blessés. Le 20 mars,
pour tenter d'apaiser la situation, le régime fait libérer la plupart des adolescents

76
Gilles PARIS, La Syrie n'est pas épargné par la contestation, le Monde, 19 mars, p.13
77
Frédéric GERSCHEL, Syrie : Deraa, la où tout a commencé, le Parisien, 16/03/2016
53

arrêtés, mais les traces de tortures sur leurs corps et leurs visages ravivent la
colère des habitants de Deraa.
Des milliers de manifestants incendient le Palais de justice et tiennent un
sit-in à la mosquée al-Omari. Le soir du 22 mars, la police donne l'assaut. La
situation devient alors insurrectionnelle : les forces de l'ordre tirs à balles réelles
et entre 51 et 100 manifestants sont tuées en 24 heures.
Le 24 mars, la mosquée al-Omari est sous le contrôle des forces de
sécurité, mais le mouvement de contestation se poursuit. Au total, entre 70 et
130 personnes ont été tuées à Deraa au cours de la répression des manifestations
de mars.
Les violences se concentrent alors essentiellement à Deraa, mais
l'agitation commence à gagner d'autres villes, surtout Damas, Banias et Homs.
Le 15 mars, une première manifestation de quelques dizaines de personnes a
brièvement lieu dans un souk de Damas.
3.3. Bilan humain
3.3.1 Bilan total
Le 13 juin 2013, l'ONU rend public une nouvelle estimation du nombre de
personnes tuées depuis le début du conflit, avec un chiffre de 92 901 à la fin du
mois d'avril 2013. Navanethem Pillay déclare alors : « Il s'agit très
vraisemblablement d'une estimation basse du nombre de victimes. », le nombre
réel étant estimé à plus de 100 0001 536. Certaines régions du pays ont été
frappées de manière disproportionnée par la guerre ; selon certaines estimations,
près d'un tiers des morts sont intervenues dans la ville de Homs.
Le 22 août 2014, le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de
l'homme (HCDH) affirme avoir comptabilisé 191 369 cas documentés de
personnes tuées en Syrie entre mars 2011 et fin avril 2014. Il estime cependant
que ce nombre est sans doute une sous-estimation du nombre réel des tués. La
liste est établie sur la base des données issues de cinq sources différentes : le
gouvernement syrien (jusque fin mars 2012), l'Observatoire syrien des droits de
l'homme (jusque fin avril 2013), le Centre syrien pour les statistiques et la
Recherche, le Réseau syrien des droits de l'homme et le Centre de
documentation des violations en Syrie.
54

En août 2015, l'ONU estime que le bilan du conflit est d'environ 250 000
morts. Cependant, à cause des difficultés pour recenser le nombre des victimes,
les estimations du HCDH et de l'ONU restent bloquées à ces décomptes.
À la date du 13 septembre 2018, l'Observatoire syrien des droits de
l'homme (OSDH) affirme avoir recensé 364 792 morts, mais estime que le bilan
réel du conflit se porte plutôt à près de 522 000 morts. Pour l'OSDH, le conflit a
fait au moins 5 000 morts en 2011, 40 000 morts en 2012, 73 000 morts en 2013,
76 000 morts en 2014, 55 000 morts en 2015, 60 000 morts en 2016 et 44 000
morts en 2017.
L'État-civil syrien annonce pour sa part en août 2018 avoir enregistré 68
000 décès en 2017 et 32 000 depuis le début de l'année.
Le 11 février 2016, le Centre syrien pour la recherche politique affirme
que le conflit a fait 470 000 morts depuis mars 2011, dont 70 000 en raison d'un
manque d'eau potable, de nourriture ou de médicaments, et 1,9 million de
blessés.78
Le 23 mars 2019, les forces démocratiques syriennes annoncent qu'elles
déplorent 11 000 morts et 21 000 blessés dans leurs rangs après cinq années de
guerres contre l’Etat islamique.79

78
Report on Syria conflictuel finds 11,5% of population killed on injured, the Guardian, 11/02/2016
79
Htpps://SDF-press.com/en/2013/statement_to_public_opinion consulté le 22/Juin/2022
55

CHAPITRE TROISIÈME: Les Conséquences Économiques, Financières de


la crise en Syrie et au Moyen-Orient.

L’éclatement de la guerre civile syrienne a stoppé les processus


d’intégration commerciale entre l’Egypte, l'Irak, la Jordanie, le Liban, la Turquie
et la Syrie.
Après 9 ans de conflit armé, l'économie Syrienne est en lambeaux.
La guerre a dévasté les principaux secteurs économiques (pétrole gaz naturel,
agriculture, textile, tourisme,…) et la reprise économique ne semble pas être à
l'ordre du jour.
La difficile transition politique, les tensions ethniques exacerbées par les
conflits et la fuite des investisseurs étrangers risquent de compromettre la
relance du pays.

Section 1. Les Conséquences économiques

1.1 L’économie bilan après des années de guerre civile


Avant la guerre civile, l'économie syrienne dépendait fortement de ses
ressources en hydrocarbure, et son secteur minier, mais son industrie textile, de
sa production agricole et du tourisme, depuis le début de la guerre civile la
production industrielle s'est effondrée et la désorganisation du secteur agricole
menant c'est encore la sécurité alimentaire. Entre 2010 et 2018 le PIB Syrien
c'est contracté d'environ 65 % l'industrie manufacturière et minière représentait
23 % du PIB en moyenne sur la période 2006-2010 avant de passer à 10,7 % du
PIB sur les années 2011-2017.
Le coût de la guerre qui ravage la Syrie a été chiffré à environ 400
milliards d'USD de perte de capital dû à la destruction sur toute la durée du
conflit c'est la chute de PIB commence à s'affaiblir, une reprise durable et de
l'activité économique et à exclure sur le court moyen terme.
La République Arabe Syrienne fût l'un des pays frappés par le Printemps
Arabe en 2011. Petite économie faiblement diversifiée et axée sur des industries
à faible valeur ajoutée, le pays affiche un PIB/habitant relativement faible
d'environ 1 265,61 USD en 2018.80
Avant le déclenchement de la guerre civile en mars 2011, l'économie
syrienne affichait un PIB de 60 Milliards d'USD (2010) avec une production
80
https://datacatalog.worldbank.org/search/dataset/0037712 consulté le 01/Novembre/2022
56

d'hydrocarbures relativement élevée et assurant, à elle seule, 35 % des recettes


d'exportations et 20 % des revenus gouvernementaux. Le secteur minier, via la
production de phosphate notamment, l'agriculture (dont le coton pour l'industrie
textile), et le tourisme constituaient les principaux champs de l'économie. La
totalité des secteurs économiques ont été impactés par la guerre civile, toutefois,
le manque de données sur certaines industries empêche de quantifier l'impact du
conflit sur chaque secteur.

C'est la raison pour laquelle cette étude se focalise sur 5 secteurs clefs :
l'industrie pétrolière/gazière, le secteur minier, la production agricole (dont le
coton utilisé par l'industrie textile) et le tourisme. Sur la période 2011-2017, le
coût total des destructions physiques est estimé à 114,1 Mds USD par les
Nations Unis.
Les transports, l'industrie manufacturière, la production et la distribution
d'électricité et la santé comptent respectivement pour 12,6 %, 9,9 %, 6,2 % et
4,5 % des destructions physiques. Arrive ensuite l'éducation qui compte pour 3,4
%.81
1.2 Le conflit syrien et l'impact économique sur la Syrie
Depuis la révolution pacifique de 2011 placée sous le slogan « liberté,
justice et dignité », la Syrie a plongé dans une guerre civile dont l'issue semble
toujours incertaine. Plusieurs facteurs liés au conflit ont provoqué l'exode massif
des Syriens, provoquant l'un des mouvements de réfugiés et de déplacés internes
les plus significatifs depuis la Seconde Guerre mondiale. Sur un total de 5 640
421 réfugiés syriens officiellement enregistrés en octobre 2018, 63 % se
trouvent en Turquie, 17 % au Liban et 12 % en Jordanie. Ces trois pays
enregistrent la plus forte présence syrienne sur leur sol.
En Syrie, les infrastructures essentielles au fonctionnement de l'économie
sont gravement touchées. En effet, d'après un récent rapport de la Banque
Mondiale, près de la moitié des établissements hospitaliers et scolaires ont été
détruits ou détériorés et près d'un tiers de tous les bâtiments aurait été ravagé. La
reconstruction du tissu économique est rendue de plus en plus difficile à mesure
que la guerre civile persiste. Le taux de chômage des jeunes atteignait 78 % en
2015.

81
Htpps://erf.org.eg/publication/scenario_based_force_cast_fortpost_conflict_growth_in_Syria consulté le
01/Nov./2022
57

Au-delà du capital humain syrien, gravement touché pour les décennies à


venir, le rapport de la Banque Mondiale chiffre à 226 milliards USD les coûts
cumulés du conflit de 2011 à 2016, soit quatre fois le PIB de la Syrie en 2010.
1.2 Un PIB en forte diminution ainsi qu’une baisse des échanges
commerciaux
A. Une Forte Contraction du PIB
Avec un PIB de 60 milliards d'USD en 2010, la Syrie enregistrait une
croissance continue depuis plusieurs années, en raison notamment d'une
politique de libéralisation partielle de l'économie initiée dès l'an 2000 avec
l'arrivée au pouvoir de Bachar Al Assad. Cette politique ciblait principalement
le secteur bancaire, avec l'introduction, à partir de 2004, de banques privées. Les
conséquences sont visibles dès la première année, avec une croissance
économique de 5 % par an en moyenne jusqu'au début de la guerre civile.
Le succès de cette libéralisation est toutefois à nuancer, avec d'autres
difficultés économiques qui subsistent. En effet, l'épuisement progressif des
réserves de pétrole, à partir du début des années 2000, conjugué à une demande
interne en énergie croissante prive le régime de précieuses recettes fiscales.
Depuis le début du conflit, l'économie syrienne s'est contractée avec une
récession annuelle plus ou moins forte. L'année 2013 est celle qui enregistre la
plus grande récession, avec une chute du PIB de 26,3 % par rapport à l’année
2012. L'apaisement du conflit à partir de l’année 2015 annonce un tournant avec
une récession plus faible.
B. Variation du PIB Syrien entre 2013 et 2018
En 2013, le PIB était estimé à 22,55 milliards de dollars américains, et il
y'a eu variation, en 2014, le PIB était estimé à 22,08 Mds d'USD, en 2015 le PIB
avait atteint 17,62 Mds d'USD, en 2016 il a baissé à 12,45 Mds d'USD et en
2017 le PIB était estimé à 16,34 Mds d'USD. En 2018, le PIB était estimé à
21,45 Mds d'USD.82
L’absence d'investissement significatif dans la reconstruction et la
reconquête de territoire par les régimes fortement touché par la guerre 102
explications au recul plus soutenu du PIB par rapport aux années précédentes.83

82
https://datacommons.org/place/country/SYR?
utm_medium=explore&mprop=amount&popt=EconomicActivity&cpv=activitySource
%2CGrossDomesticProduction&hl=fr consulté le 01/Novembre/2022
58

C. Des échanges commerciaux profondément bouleversés


En 2010, la Syrie exportait 8,7 milliards de dollars américains de biens et
de services à l'étranger et en importait 18,8 milliards de dollars américains. En
raison de la faible valeur ajoutée de son industrie, la balance commerciale du
pays fût déficitaire dans les années qui précédèrent la guerre civile.
En 2017, les exportations ne représentaient plus que 0,8 milliards de
dollars américains alors que les importations après avoir atteint un minimum de
4,8 milliards de dollars américain en 2016, sont répartis à la hausse afficher à
6,1 milliard de dollars américains l'année suivante par conséquent, les déficit
commercial en pourcentage du PIB est passé de 16,6% en 2010 à 37,3 % en
2018.
Les sanctions américaines et européennes sur divers secteurs économiques
expliquent la forte dégradation de la balance commerciale. La partie suivante
analyse de secteur économiques clés avec une estimation de perte engendrée par
la guerre civile.
1.3 Les Secteurs clefs de l'Economie gravement perturbés par la guerre
civile
A. L’Industrie Pétrolière et Gazière une production en Berne qui freine la
reconstruction
La production pétrolière et gazière a été fortement affectée par la guerre
civile. Industrie nationalisée, la Syrian Petroleum Company détient le monopole
sur l'extraction dans le pays, et contrôlait, avant le conflit, environ 55% de la
production. Les entreprises étrangères assurant les 45 % restant, doivent agir
sous tutelle de la SPC. Avec des réserves prouvées de 2,5 milliards de barils, la
Syrie se classe au 3ème rang mondial.84
Toutefois, une majorité des principaux puits de pétrole sont tombés aux
mains des groupes rebelles dès la première année de la révolution, ce qui
explique le passage brutal de la production de 353 000 barils par jour en 2011 au
83
https://erf.org.eg/publications/economic_research_center_Scenario-
based_forecast_for_post_conflict's_Growth_in_Syria2020 consulté le 02/Novembre/2022
84
https://www.unescwa.org./event_types/forum consulté le 05/novembre/2022
59

171 000 b/j en 2012. Avec la progression de l'Etat Islamique à partir de 2014, et
la reprise des principaux champs pétrolifères par les Forces Démocratiques
Syriennes (milices kurdes), une majorité de la production échappe encore au
Régime de Damas, qui devra composer avec une rente pétrolière amoindrie pour
financer l'effort de reconstruction. Entre 2013 et 2018, le gouvernement a perdu
une production d'environ 252 millions de barils, tombée aux mains de divers
groupes rebelles et vendue au marché noir.
Cette perte de production représente un manque à gagner estimé à 2 623
milliards de livres syriennes pour les autorités.85
La production pétrolière actuelle, d'environ 24 000 b/j, permet de
répondre à environ 25 % des besoins internes. Cette situation délicate,
conjuguée à l'embargo sur le pétrole syrien qui dure depuis le début du conflit,
oblige le gouvernement à importer de l'or noir pour répondre à la demande
intérieure. Une reprise de la production à un niveau équivalent a celui d'avant la
guerre civile est à exclure sur le court/moyen terme, en raison de la dégradation
des installations (puits de pétrole et oléoducs) et de la perte des capacités de
raffinage. En effet, la capacité maximale théorique est de 230 000 barils par
jour, mais le manque d'entretien des infrastructures pendant le conflit conjugué à
la destruction partielle de la raffinerie de Homs, a réduit la production de 50 %
depuis 2011.86
Les autorités syriennes tentent d'accélérer le développement du gaz
naturel, avec pour ambition de l'utiliser pour répondre à la demande interne et
réserver le pétrole à l'export. Cette stratégie, initiée au début des années 2000, a
été brutalement interrompue par la guerre civile. La production de gaz naturel a
atteint un minimum en 2017, avec une production de 3,4 milliards de mètres
cubes, chiffre qui se stabilise depuis cette date. Malgré la guerre civile, les
principaux champs gaziers sont restés sous le contrôle de Damas, ce qui
explique la plus faible diminution du gaz naturel par rapport au pétrole. Cette
ressource devrait constituer un élément phare de la reconstruction avec des
réserves prouvées de 300 milliards de mètres cubes en 2018.
L'impact du développement de cette industrie sera toutefois limité, avec
l'embargo actuel sur les hydrocarbures syriens et le manque d'infrastructures
pour permettre de l'exporter facilement. Les sanctions actuelles sur l'exportation

85
https://www.bsi.economics.org/1150-l_economie_Syrienne_bilan_après_9_ans_de_guerre_civile_note
consulté le 05/novembre/2022
86
Idem
60

d'hydrocarbures syriens ne permettent pas d'envisager une reprise rapide de cette


activité économique, qui restera, pendant encore un moment, à usage interne
uniquement. Il est essentiel de rappeler que le marché européen représente
environ 95% des exportations de pétrole syrien.
A ce jour, les autorités syriennes concentrent leurs efforts pour retrouver
un niveau de production permettant de répondre à la demande interne. De plus,
les réserves, sur le déclin depuis plusieurs années, ne seront pas en mesure
d'assurer, sur la durée, un niveau de production équivalent a celui d'avant la
guerre civile.87
B. Le Secteur minier : une activité «prometteuse en pleine croissance
La Syrie, hormis être un producteur important d'hydrocarbures, possède
pléthores de minerais dans son sous-sol (chrome, manganèse, gypse, minerai de
fer, marbre, sel gemme, asphalte) sans que l'on ne connaisse précisément les
quantités exploitables. L'exploitation de phosphate représente une majeure partie
de l'industrie minière du pays avec 1 800 milliards de tonnes en réserves
prouvées, soit 3% des réserves mondiales.
C'est l'une des ressources minérales la plus affectée par la guerre civile,
avec des exportations qui se sont effondrées pour être proche de 0 en 2016. Les
installations minières enregistrent, à elles seules, 16% de la totalité des
destructions physiques liées à la guerre. En effet, la quasi-totalité des sites de
production sont tombés aux mains de l'Etat Islamique avant d'être récupérés par
le régime de Damas. Les exportations sont, aujourd'hui, de nouveau en hausse
avec 328 000 tonnes exportées en 2017 et 426 000 tonnes en 2018. Des
performances à relativiser, la ressource étant toujours soumises à des sanctions
de l'union Européenne. Seule la Grèce semble les avoir contournées et importe,
aujourd'hui, environ 17 000 tonnes de phosphate chaque mois de Syrie (contre 5
000 tonnes en 2017). Côté production, le secteur a retrouvé 2/3 de ses capacités
d'avant-guerre civile et les autorités ambitionnent d'atteindre 5 millions de
tonnes d'ici à fin 2020.
La reprise rapide de la production est principalement due à la qualité du
phosphate syrien, l'un des plus purs au monde. De fait, les investisseurs russes et
iraniens ont relancé les principales mines du pays. Toutefois, la faible capacité
de l'industrie syrienne à transformer le phosphate sur place, la dégradation des
infrastructures de transports engendrée par la guerre civile et les sanctions

87
https://www.unescwa.org/event_types/forum consulté le 05/Novembre/2022
61

imposées par l'Union Européenne sur cette ressource risquent d'affecter le


secteur, qui peinera à afficher un niveau d'exportation similaire à celui d'avant le
conflit sur le court/moyen terme.88
A ce jour, il n'existe pas de plan économique visant à revitaliser le reste
du secteur minier. La reprise de ce secteur dépendra de la levée des sanctions de
l'union européenne et des investissements étrangers, encore timides et provenant
principalement de Russie et d'Iran.
C. Le Tourisme un secteur de l’économie quasiment disparu
Avant le début de la guerre civile, le tourisme contribuait pour 12% du
PIB et générait 3 milliards USD de revenus pour le gouvernement. Avec un pic
du nombre de visiteurs de 9,5 millions en 2011, cette activité a été stoppée nette
dès les premiers événements. Entre 2011 et 2016, les revenus générés par ce
secteur ont diminué de 94%, soit des revenus estimés à 130 millions USD/an
pour le gouvernement actuellement.
Sur toute la durée du conflit, sur les 10 000 sites recensés dans le pays,
environ 300 ont été endommagés ou détruits. La reprise de l’activité touristique
est conditionnée à la rénovation de nombreux sites, dont certains ne sont plus
contrôlés par le gouvernement. Le coût des destructions de sites touristiques est
estimé à plus de 3,4 Mds USD sur la période 2011-2017.
Selon des dernières données publiées par le ministère du tourisme syrien,
1,3 millions de touristes seraient rentrés sur le territoire en 2017 et 2 millions en
2018. Des performances à nuancer, puisque la très grande majorité de ces
touristes proviennent des pays limitrophes pour des séjours de courtes durées
(environ 88 %). Les autorités syriennes ont publié le nombre d'entrées sur le
territoire, entre 2013 et 2018, sans que l'on connaisse précisément les recettes
générées par cette activité touristique. Le nombre d'entrée pour les touristes
internationaux, est passé de 51 635 en 2013 à 141 960 en 2018, avec une
progression constante. Il est toutefois difficile de confirmer ces performances,
avec le Régime de Damas qui a pour objectif de revitaliser l'économie du pays
en misant sur un retour rapide des touristes.
La reprise de ce secteur de l'économie est conditionnée à la pacification de
l'ensemble du territoire ainsi qu'à d'onéreux investissements pour remettre sur

88
https://www.usgs.gov/centers/nmic/phosphate-rock-statistics-and-information/
united_states_Geogical_survey,Phosphate_Data_2019 consulté le 05/Novembre/2022
62

pied les sites endommagés ou détruits. Il faudra sans doute plusieurs décennies
pour que la Syrie redevienne une destination touristique importante.89
D. Les secteurs agricoles perturbés qui menace la sécurité alimentaire
Le déplacement de millions de personnes, le conflit armé qui prive les
exploitations agricoles de main-d’œuvre et la destruction des infrastructures
d'irrigations et de transports ont fortement impacté la production agricole. En
2020, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture estime
que 7,9 millions de syriens souffrent d'insuffisance alimentaire et que 1,9
millions sont à la limite de basculer dans cette situation. En 2018, la production
céréalière syrienne fût la plus faible depuis 30 ans avec 1,7 millions de tonnes
produites. Les pertes totales du secteur ont été estimées à 16 Mds USD entre
2013 et 2017.
Toutefois, depuis le début du conflit, la part de l'agriculture dans le PIB à
faiblement variée. Elle est estimée aujourd'hui a environ 26% du PIB sans que
l'on ne connaisse précisément la contribution exacte. Cela n'empêche pas la
production de céréales d'avoir diminué d'environ 44% entre 2011 et 2019.90
Si la production enregistrait de bonnes performances dans les premières
années de conflit, elle se dégrade à compter de 2014, en raison de la forte
progression de l'Etat Islamique qui pratiqua volontairement une politique de
terres brulées.
Section 2. Les conséquences Financières de la crise Syrienne
2.1 La chute des flux commerciaux intra régionaux
Le premier vecteur par lequel le conflit syrien a impacté les économies
voisines est l'arrêt brusque du processus d'intégration commercial. Avant
l'éclatement de la guerre civile en 2011, les six pays Egypte, Irak, Jordanie,
Liban, Syrie et Turquie avaient entamé un processus de libéralisation de leurs
échanges. Un accord avait notamment été conclu en 2010. Les deux tableaux
suivants montrent la part de la Syrie dans les échanges avec le Liban, la
Jordanie, la Turquie et l'Egypte (les données ne sont pas disponibles pour l'Irak).
La Syrie représentait surtout un partenaire commercial du Liban et de la
Jordanie.

89
Université d’Avignon, le tourisme en Syrie, passé, présent, futur : entre résilience et réinvention, 2018
consulté le 07/novembre/2022
90
https://www.worldFoodProgram.org/publications/Syria_food_security-analysis-march-2020 consulté le
07/novembre/2022
63

L'étude réalisée en 2014 par Elena Ianchovichina et Maros Ivanic de la


Banque Mondiale permet de quantifier l'impact de l'arrêt du commerce
intrarégional. Les auteurs mesurent l'impact de la baisse des flux commerciaux
sur le PIB de différents secteurs économiques. Les principaux secteurs affectés
sont essentiellement issus des activités de services.
La Syrie et l'Irak sont les pays les plus durement touchés par la
désintégration économique. S'ajoutent aux pertes indirectes liées à la
désintégration économique les pertes directes liées aux combats sur leurs sols,
l'Etat islamique ayant cherché à étendre son territoire sur la Syrie et l'Irak. La
Turquie, quant-à-elle, est l'économie la moins impactée par ce phénomène du
fait d'un marché intérieur important, d'une diversification des exportations plus
poussée et d'une plus grande intégration dans le commerce mondial que les
autres pays. La réouverture récente de la frontière syro-jordanienne n'est qu'un
timide début vers une réintégration économique future.91
2.3 Le poids de l'instabilité régionale
Comme nous l'avons mentionné précédemment, le conflit syrien aggrave
l'instabilité de la région, ce qui inquiète les visiteurs internationaux. Les touristes
occidentaux, mais aussi les touristes du Golfe, sont moins nombreux à choisir
Jordanie, Liban, Egypte et Turquie comme destination de vacances depuis 2011.
Un tel phénomène affecte particulièrement le Liban, la Jordanie et l'Egypte dont
le tourisme est une part importante des recettes économiques de ces pays. La
crise syrienne n'est cependant qu'un des facteurs d'instabilité, notamment au
Liban et en Egypte où les crises politiques internes (succession de crises au
Liban et renversement de Mohamed Morsi en Egypte) sont d'autres éléments
influant l'attrait des touristes. La situation serait cependant en amélioration en
Jordanie où le nombre de visiteurs aurait cru de 15 % en 2017 selon la ministre
du Tourisme Lina Mazhar Annab, atteignant près de 4,2 millions de touristes.
Le Moyen-Orient est actuellement l’une des régions les plus instables,
violentes et productrices de réfugiés dans le monde. Les tentatives pour rétablir
la stabilité en Afghanistan et en Irak, à la suite des guerres qui ont ébranlé ces
deux pays depuis les années 1970 et entraîné l’ingérence des superpuissances,
ont en partie échoué1.92 Les contestations populaires de 2011 dans une série de
pays arabes, appelées également « le printemps arabe », n’ont pas débouché sur
91
http://documents.worldbank.org/curated/en/129431468044383360/Economic-effects-of-the-Syrian-war-
and-the-spread-of-the-Islamic-state-on-the-Levant consulté le 10/novembre/2022
92
MARIE-JOELLE Z., Les risques du nation-building « son influence » : le cas de l’Irak et du Liban, critique
internationale, n°28 (2005/3), pp 153-168
64

une démocratisation des régimes politiques, à l’exception de la Tunisie. La


Libye et la Syrie ont sombré dans des guerres civiles dans lesquelles leurs
populations vivent l’enfer depuis six ans.
Dès lors, d’un point de vue sécuritaire, économique et migratoire, le
Moyen-Orient occupe une place centrale dans les relations internationales, en
particulier pour ses voisins du nord de la Méditerranée.93
Considérés comme un enjeu géopolitique important, les pays de la région
figurent aussi depuis la Première Guerre mondiale parmi les plus grands
producteurs et pays d’accueil des réfugiés (Arméniens, Assyriens,
Juifs, Palestiniens, Iraniens, Irakiens, Afghans, Syriens). Cette situation
accroît l’instabilité régionale dont il importe d’examiner les causes profondes et
les réponses qu’y apporta la « communauté internationale»94
L’importance du Moyen-Orient est triple, en tant que source d’énergie,
espace de circulation et espace stratégique, ce qui obligeait les puissances
occidentales à y endiguer l’expansion de l’Union soviétique pendant la Guerre
froide et après celle-ci.95
Le climat des affaires, que l'on peut notamment mesurer à l'aide de
l'indicateur Doing Business, est en légère amélioration depuis deux ans. Les
différents Etats de la région ont cependant encore beaucoup de chemin à faire
pour améliorer le climat des affaires. Crée par la Banque mondiale, l'indice
Doing Business classe les 190 pays selon la facilité de faire des affaires. Plus ce
rang est proche de la première place, plus l'économie offre un climat des affaires
favorable aux investisseurs. Dix indicateurs sont étudiés (exemples : obtention
d'un crédit bancaire, création d'une entreprise, législation relative à
l'insolvabilité, etc.).
Le climat d'instabilité de la région pèse aussi sur les investissements des
pays de la région. Surtout touchée dans les premières années du conflit (de 2011
à 2015), la croissance économique semble relancée depuis deux années, à

93
La tenue du colloque « Le Moyen-Orient dans les relations internationales : circulations, interdépendances,
conflits » à l’université de Genève le 17 et 18 mars 2017, ainsi que sa publication dans les n°171 et 172 de la
revue Relations internationales ont bénéficié du soutien du fonds national Suisse de recherche scientifique, de
la Société académique et de l’université de Genève.
94
Notamment de l’article de JIHANE SFEIR dans le n°172 de la revue Relations internationales (à paraître) et
idem, l’Exil palestinien au Liban : le temps des origines 1947-1952, Beyrouth/Paris, IFPO/Karthala, 2008.
95
IOANNIS LOUCAS, « La géopolitique de la Méditerranée orientale pendant la Guerre froide », Relations
internationales, n°109, printemps 2002, pp.83-97, citation p.83.
65

l'exception de l'Irak où les difficultés économiques s'expliquent principalement


par la situation interne.
Le stat suivant permet de voir qu'à l'exception de la Turquie qui se place à
la 43ème place, Irak, Liban, Jordanie et Egypte dépassent tous la 100ème place.
Des réformes structurelles sont nécessaires pour attirer les investisseurs.
Section 3. Analyse des résultats et Perspectives
1. Analyse des résultats
A. L’insécurité régionale
Aujourd’hui, le conflit syrien est ainsi devenu particulièrement complexe.
Ce qui fut au départ une insurrection locale s’est régionalisé en 2012, a acquis
une dimension transnationale avec la montée des mouvements djihadistes en
2012 et 2013, avant de devenir un affrontement réellement international en
2015, avec l’intervention russe.
Le paysage stratégique du Moyen-Orient est en pleine mutation.
L’invasion américaine de l’Irak en 2003 et la guerre civile qui a suivi ont
renversé un ordre établi dont on peut légitimement questionner la solidité
initiale. En 2011, le soulèvement syrien, devenu guerre civile, a accru
l’instabilité de la région de manière inouïe. La fragilité des États et de leurs
frontières, la piètre gouvernance, la montée en puissance d’acteurs non étatiques
particulièrement violents, les fractures au sein des sociétés arabes, la
compétition régionale ainsi qu’une série de catalyseurs externes sont toutes
responsables de ce bouleversement sans précédent.

B. L'afflux des réfugiés


Le déplacement massif de réfugiés vers les pays voisins est le second
vecteur par lequel le conflit syrien s'exporte. L'afflux des réfugiés peut dans un
premier temps booster la consommation et l'investissement et augmenter la main
d'œuvre disponible dans les pays d'accueil. La durée du conflit et l'augmentation
incessante du nombre des déplacés rendent cependant l'intégration des réfugiés
de plus en plus problématique. Le chômage a augmenté dans les pays d'accueil,
principalement chez les jeunes, même s'il est difficile d'associer rigoureusement
cette augmentation à l'arrivée des réfugiés. La pression augmente pour les pays
d'accueil en matière d'habitat, d'accès à l'eau et aux ressources alimentaires, de
services publics (notamment sanitaires et éducatifs), etc.
66

La part des réfugiés syriens pèse sur les pays d'accueil, en particulier sur
la Jordanie et le Liban où ils représentaient en 2017 respectivement 6,75 % et
16,40 % de la population. La présence et la gestion des réfugiés syriens pèsent
sur les finances publiques, par le biais notamment de l'accès aux services
sociaux de base (santé, éducation, services publics). Concernant le Liban,
l'arrivée massive de réfugiés syriens a aggravé les difficultés d'une économie
déjà mise à mal par les crises politiques successives. Troisième économie la plus
endettée au monde avec une dette publique atteignant plus de 150 % de son PIB
en 2018 selon le FMI, le pays du Cèdre espère profiter des promesses d'aide
internationale, d'un montant de 11 Mds USD sur quatre ans, promises en avril
2018 par les bailleurs de fonds internationaux (Banque mondiale, Banque
européenne d'investissements, Banque islamique de développement, etc.) et les
principaux partenaires commerciaux.96
Ces crédits internationaux restent cependant conditionnés à la mise en
place de réformes structurelles permettant de lutter contre la corruption,
d'améliorer les services publics (notamment en termes d'approvisionnement en
électricité et de gestion des déchets), ou encore de lutter contre l'évasion fiscale.
Les finances publiques jordaniennes sont elles aussi durement touchées par
l'arrivée massive des réfugiés syriens.
La Jordanie multiplie les appels à la communauté internationale et a
obtenu récemment une aide de 2,5 Mds USD de l'Arabie Saoudite, des Emirats
Arabes Unis et du Koweït. Cette aide risque cependant d'être insuffisante pour
une économie dont la dette publique atteint les 95,9 % du PIB en 2018, selon le
FMI. Libanais et Jordaniens doivent faire face à la montée du chômage qui
atteint quasiment 20 % dans les deux pays. La colère des populations locales
augmente ainsi les difficultés des pouvoirs publics.
Ces deux pays sont déjà les terres d'accueil de nombreux réfugiés
palestiniens, mais aussi irakiens ou encore yéménites dans le cas de la Jordanie.
Réfugiés de différentes nationalités se retrouvent en concurrence avec les
travailleurs les moins qualifiés des pays d'accueil au sein d'économies souvent
informelles. Les réfugiés syriens ont un statut juridique précaire, étant donné
que les pays du Proche-Orient ne sont pas signataires de la Convention de
Genève de 1951 sur les réfugiés.
Le durcissement des mesures par les autorités jordaniennes et libanaises
rend difficile l'établissement dans le pays. Les pays d'accueil sont réticents à
96
ALEXANDRA ZINS, l’impact Syrien sur les Economies voisines, bsi economics, 27/NOVEMBRE/ 2018 pp.4-6
67

ouvrir de nouveaux camps de peur d'une installation pérenne des arrivants. Les
exilés tentent de créer du tissu économique, comme l'illustre le camp de Zataari
en Jordanie, situé dans le nord de la Jordanie. Environ 460 000 réfugiés seraient
passés par ce camp entre 2012 et 2017 selon le Haut-Commissariat pour les
Réfugiés (HCR). 80 000 réfugiés vivent dans le camp et près de 3 000
commerces auraient été ouverts. L'avenue commerçante principale, dénommée «
Champs Elysées » par les habitants, illustre ce désir de reconstituer une vie dans
l'exil.97
Certains réfugiés tentent cependant leur chance en ville et préfèrent
s'installer en milieu urbain plutôt que dans un camp. Le conflit syrien a aussi
provoqué l'exode d'Irakiens et de Palestiniens, eux-mêmes réfugiés sur le sol
syrien avant l'éclatement de la guerre civile. De nombreux Irakiens sont
retournés en Irak tandis que de nombreux Palestiniens se retrouvent apatrides.
A l'image de la Jordanie et du Liban, les Etats voisins de la Syrie rendent
de plus en plus difficile l'intégration des réfugiés. L'aide humanitaire et la
gestion des afflux de population représentent des défis immenses pour les
économies environnantes. La politique de l'Union Européenne est ainsi décisive
pour les Etats de la région qui ont besoin d'un appui urgent.98
2. Perspectives
A. Les perspectives sont peu prometteuses malgré les atouts du pays.
A ce stade, si le régime de Bachar Al Assad semble s'accrocher au
pouvoir, Les tensions ethniques exacerbées par le conflit mettent à mal une
reconstruction politique durable. Sans stabilité politique, il est difficile
d'envisager une reprise économique majeure.
La reconstruction des centrales thermiques est une priorité pour le régime
de Damas pour deux raisons :
- Les entreprises et les particuliers consomment de l‘électricité toute
l'année, ce qui permet au gouvernement de générer des revenus stables.
- Le gouvernement peut augmenter ses réserves de changes en vendant de
l'électricité aux pays voisins.
De fait, des accords ont été signés avec la Russie et l‘Iran pour remettre
en service les centrales thermiques syriennes, via du transfert de technologie et
97
ALEXANDRA ZINS, op.cit., p.6
98
http://www.laviedesidees.fr/La-Jordanie-et-les-refugies-syriens.html_ La_Jordanie_et les réfugiés syriens »,
Kamel Doraï, La Vie des idées, 7 juin 2016. ISSN : 2105-3030. Consulté
68

des aides financières. En 2018, le gouvernement syrien a également signé un


accord avec le Liban, permettant d'exporter 100 MW d'électricité chaque année
pour un revenu annuel estimé à 266 M USD.
Ce premier résultat, bien qu'encourageant, reste insuffisant pour restaurer
le reste de l'économie. Les principaux axes de transports sont encore soit
endommagés soit détruits. Le gouvernement devra, dans un premier temps,
apaiser ses relations diplomatiques avec ses voisins, notamment la Turquie, pour
inciter ces-derniers à investir dans le pays. La réouverture et sécurisation des
frontières constitue le premier objectif afin de permettre aux échanges
commerciaux de reprendre.99
B. Des partenariats clefs avec la Russie et L’Iran
 Partenariats clefs avec la Russie
Les premiers liens entre la Syrie et l’URSS datent de 1956 (un contrat
d’armement est signé) et de 1957 (financement de l’irrigation et de la
construction de la ligne de chemin de fer Alep- Lattaquié).
Cette coopération se concrétise après le coup d’État de février 66 qui voit
l’arrivée au pouvoir de militaires baathistes plus radicaux, avec pour la première
fois, des communistes au gouvernement. Un accord d’assistance technique est
signé, de grands travaux sont lancés par les Soviétiques dont l’aménagement du
port de Tartous. Ce soutien soviétique stimule la croissance économique
Syrienne et consolide la dictature du parti Baath.
Dans un souci d’équilibre des forces militaires dans le face à face avec
Israël, la Syrie reçoit de plus en plus d’aides en matière d’armements modernes
(entre autres des avions Mig-23), et la Russie obtient en contrepartie la facilité
d’accès aériens et maritimes, notamment dans le port de Tartous. Le 8 octobre
1980 Hafez Al-Assad signe à Moscou avec L. Brejnev, un classique « traité
d’amitié et de coopération », valable 20 ans. Certes les Soviétiques utilisent le
territoire Syrien pour installer des bases de missiles SAM-5, augmentent
considérablement le nombre de leurs conseillers militaires sur le terrain, le port
de Tartous depuis l’accord de 1971 sert de base navale à la 5eme escadre face à
la 6e flotte de l’US Navy et autres escadres de l’OTAN, mais l’alliance entre les
deux pays a ses limites dictées par leurs intérêts réciproques.

99
Https://openknowledge.worldbank.org/handle/
wordbank,the_toll_of_war:the_Economic_consequences_of_the_conflict_in_Syria,2017
69

Outre ce lien ancien entre les deux pays, nous pouvons aussi citer certain
point de partenariats qui démontrent actuellement l’appui Russe à la Syrie de
Bachar Al-Assad
Tout d’abord, la Syrie est un client pour la Russie actuelle. En effet, les
liens commerciaux entre les deux pays sont importants. Les entreprises Russes
ont beaucoup investi en Syrie ces dernières années, les investissements sont
estimés à un niveau de 20 milliards de dollars. Ces derniers sont surtout visibles
dans le domaine énergétique, car, comme beaucoup de pays producteurs de
pétrole brut, la Syrie doit importer ses produits raffinés. La construction d’une
deuxième raffinerie, en cours de réalisation par la compagnie Russe
Stroïtransgaz, est un exemple significatif.
La Syrie est bien entendu depuis longtemps un client privilégié de la
Russie pour l’achat des matériels militaires. Le montant des contrats
d’armement passés entre eux ces dernières années est évalué à 4 milliards de
dollars, en avions, missiles, systèmes de défense antiaérien sophistiqués, les
S300, munitions, contrats de maintenance… ce qui représente environ 8% des
ventes d’armement de la Russie.
Le port de Tartous fait l’objet d’importants travaux de modernisation. Ce
port constitue pour les Russes un point de ravitaillement bien placé entre les
deux zones stratégiques que sont les détroits turcs et le canal de Suez. Les
nouvelles installations du port doivent être protégées par un système mobile de
défense côtier appelé « Bastion ».
Un bon client la Syrie ? Oui en apparence, mais un client endetté, qui peut
de moins en moins régler sa dette avec le ralentissement actuel de son économie.
Qu’à cela ne tienne, la Russie a recours au vieux système du troc : en échange
de l’exportation de brut syrien, la Russie fournit au régime de Bachar les
carburants dont il a besoin. Par ailleurs, les opposants ont fait savoir, qu’en cas
de victoire, ils résilieraient les contrats en cours.100
En 2015, l'aide financière Russe au régime était estimée à 1,6 Md USD
(hors coût de l'intervention militaire russe), sans que l'on connaisse précisément
le montant alloué à chaque secteur économique. Le gouvernement russe a
également annoncé, fin 2019, un investissement de 500 M USD sur les quatre
prochaines années pour le port de Tartous. L'idée est d'en faire un centre
industriel qui doit permettre de relancer l'économie du pays.

100
http://www.rusnavyintelligence.com/article-point-sur-la-base-navale-russe-en-Syrie consulté le 30/12/2022
70

L’objectif de la Russie en Syrie est de «stabiliser le pouvoir légitime» et


de porter «le coup décisif» au terrorisme, a déclaré le président russe Vladimir
Poutine, au moment où les pourparlers sur le conflit syrien reprennent à Genève.
Nous ne fixons pas d’objectif de nous ingérer dans les affaires intérieures de la
« Syrie» où la Russie intervient militairement depuis septembre 2015 en soutien
au régime de Bachar al-Assad, a assuré M. Poutine, lors d’une rencontre avec
des officiers de la flotte russe de retour de ce pays déchiré par la guerre.
Allié fidèle du régime de Damas, la Russie à la tâche de stabiliser le
pouvoir légitime dans le pays et de porter le coup décisif au terrorisme
international», a-t-il ajouté. En près de six ans, la guerre en Syrie a fait plus de
310 000 morts et des millions de déplacés.
Plus vite le pays passera à un règlement politique, plus de chances aura la
communauté internationale de mettre fin à la peste terroriste sur le territoire
« syrien», a estimé M. Poutine, selon les images de la télévision russe.

 Partenariats clef avec l’IRAN


La Syrie restait un allié clef de l’Iran, mais en dehors du fait qu’elle
renouait avec Riyad et renforçait les relations avec Ankara, elle redevenait
depuis un certain temps interlocuteur (partenaire du dialogue) des États-Unis
nommant récemment un nouvel ambassadeur à Damas après avoir laissé le poste
vacant pendant cinq longues années.
Le 26 juillet 2010, le directeur du quotidien panarabe qui fait autorité al-
Hayat (Londres), Ghassan Charbel, consacrait un éditorial au rôle de la Syrie
dans les nouveaux équilibres moyen-orientaux, avec une attention particulière
pour le rapport qui associe Damas à Téhéran et à Ankara : « Durant les deux
années qui précèdent, j’ai eu le sentiment que la relation Syrie-Iran était fondée
sur les comptes du passé et du présent,
Et si l’Iran entend investir sur les marges du Golan occupé, « des milliers
» de Syriens affluent dans les rues et sur les marchés de la petite ville de
Gaziantep, dans le Sud-Est anatolien, encouragés en cela par l’ouverture de
frontières qui comptaient il y a un peu plus de dix ans parmi les plus chaudes de
la région.101

101
https://www.nytimes.com/2010/07/25/world/middleeast/25turkey.html consulté le 30/12/2022
71

Lors du sommet tenu en Syrie en mai 2009, Ahmadinejâd et al-Assad


avaient réaffirmé que « l’étroite proximité » entre les deux pays, consolidée
pendant trente années d’alliance stratégique « avait contribué à la sécurité et à la
stabilité de la région ».102 Et au sommet suivant en février 2010, les deux
présidents étaient allés plus loin, ironisant sur l’invitation lancée par le secrétaire
d’État américain Hillary Clinton à la Syrie : « Nous étions réunis pour signer un
accord de séparation. Mais nous avons en définitive pour cause de mauvaise
traduction signé un accord supprimant les visas d’entrée », déclarait al-Assad. Et
Ahmadinejâd de lui faire écho : « Elle [Hillary Clinton] demande à la Syrie de
prendre ses distances par rapport à l’Iran. Tout en sachant que c’est à l’évidence
impossible parce qu’entre nous il n’y a pas la moindre distance ».
Entre les deux pays il y a une étroite coopération économique et
financière qui semble plutôt favoriser la pénétration Iranienne en Syrie que la
pénétration Syrienne en Iran. Selon les données les plus récentes fournies par
l’Iran, le volume d’échanges bilatéraux se monte à quelque 330 millions de
dollars : la République islamique vend à la Syrie pour plus de 300 millions de
dollars et achète des produits syriens à hauteur d’à peine 16 millions de
dollars.103 À suivre des sources indépendantes, ces chiffres n’auraient rien
d’établi : « Ils peuvent varier de 160 à 400 millions de dollars, des chiffres
paradoxalement inférieurs au volume d’échanges entre Syrie et États-Unis ». 104
Début 2008, Damas et Téhéran avaient proclamé le lancement d’un projet
de construction avec la Malaysia et le Venezuela d’une raffinerie de pétrole près
de Homs, à environ 40 km au nord de la capitale syrienne. D’un coût de plus de
deux milliards et demi de dollars, le projet s’inscrit dans les plans de Téhéran
pour augmenter sa capacité de raffinage du brut et délocaliser ses propres
terminaux énergétiques. Pour rester dans le secteur des ressources naturelles,
l’Iran aurait obtenu d’exporter en Syrie via la Turquie des quantités
considérables de gaz. Le vice-ministre du Pétrole, Hossein Noghrekar Shirazi,
ajoutant que la Syrie ne serait pas l’unique bénéficiaire ni le seul corridor de
cette nouvelle transaction : « L’objectif est de rejoindre les marchés européens à
travers l’Irak, la Syrie et la Méditerranée ».105

102
AL-HAYAT, Londres-Beyrouth, 5 mai 2009, pp. 1-6.
103
Https://www.tehrantimes.com/index_view consulté le 30/12/2022
104
JEREMY M.SHARP, Syria : Background and U.S. Relations, washington, congressional Research Service, 26
Avril 2010
105
« Iran,Syria Agree to Establish Joint Bank », Fars News Agency, Téhéran, 11 Juillet 2008
72

Les deux pays coopèrent aussi dans le secteur bancaire : ils ont signé un
mémorandum d’entente pour créer à Damas un institut de crédit mixte syro-
iranien avec capital initial de 30 millions de dollars. Selon l’accord passé en mai
2010, l’Iran détiendra 60 % de la nouvelle banque. En avril 2010 s’est en outre
tenu à Damas le 12e forum économique syro-iranien lors duquel il a été décidé «
d’amplifier la coopération dans les domaines de l’énergie, des médias, des
douanes et des exportations (iraniennes en direction de la Syrie,) ». Au terme de
ces rencontres, le vice-président iranien, Mohammad-Reza Rahimi, s’est
entendu avec le Premier ministre syrien, Muhammad Naji al-Utri, pour déclarer
qu’« il n’y avait pas de relations plus consolidées au plan international entre
deux pays que celles entre Téhéran et Damas », que l’expansion de leur
commerce bilatéral était sans précédent et que les deux pays entendaient
atteindre rapidement l’objectif des cinq milliards de dollars de volume
d’échanges.
Au cours de sa visite à Damas en février 2010, Ahmadinejâd a affirmé
que les relations stratégiques entre Iran, Syrie et Résistance islamique (branche
armée du Hezbollah) peuvent être mobilisées afin de « résoudre les problèmes
politiques de la région ».106 Le 30 juin 2010, la presse américaine a annoncé
l’envoi présumé à la Syrie par l’Iran d’un système radar en mesure de « saper la
capacité israélienne de lancer une attaque préventive contre les infrastructures
nucléaires de l’Iran ». Même si elle était confirmée, l’information ne devrait pas
avoir fait autant de bruit dans l’opinion publique européenne et nord-américaine
dès lors que Téhéran et Damas partagent depuis trente ans une même tranchée et
qu’avec la montée des pressions et des menaces, il est normal que la République
islamique fasse valoir ses propres alliances régionales. D’où la clarté des
déclarations d’Ahmadinejâd en Syrie, il y a plus d’un an, sur l’alliance destinée
à « résoudre les problèmes de la région ».
C’est que du point de vue iranien l’expansionnisme d’Israël, son arsenal
nucléaire et son étroite alliance avec les États-Unis représentent un problème. En
raison de sa position géographique, la Syrie revêt donc pour la République
islamique un rôle fondamental dans l’éventuelle défense de cette dernière. Mais
en dépit des affirmations des sources de presse occidentales et israéliennes, les
termes des nombreux accords militaires et sécuritaires conclus entre les deux
pays restent inconnus. On se souvient parmi les plus récents du protocole de
défense mutuelle « contre les menaces communes » (États-Unis et Israël) signé

106
« Président : Iran, Syria to lift Visa requirement this Week », Irna, Téhéran, 26 Février 2010.
73

en 2006 et de celui auquel sont parvenus en décembre 2009 le ministre de la


Défense syrien Ali Habib et son homologue iranien Ahmad Vahidi.107

CONCLUSION
La situation sociale, économique et politique de la Syrie est sans doute
préoccupante car ce dernier eu un rôle de la plaque tournante pour
l’épanouissement du Moyen-Orient mais alors il fut un terrain de divers violence
qui à ralentit son développement et à effondré son Economie.
L’économie Syrienne, lourdement impactée par la guerre civile, semble ne
pas afficher de reprise pérenne. La destruction massive des infrastructures
essentielles et la frilosité des investisseurs étrangers en raison de l’instabilité
politique persistante ne laissent pas présager une reprise de l’activité
économique durable avant, au moins, une longue décennie.
Sans une solution politique internationale, les sanctions en vigueur
resteront d’actualité et les investissements étrangers resteront marginaux et
focalisé sur quelques secteurs stratégiques, mettant à mal une possible
diversification de l’économie.

107
LORENZO T., « Syria and Iran in the Middle East in Transition », in Michel Korinman, John Laughland (éd.),
Shia Power – Next Target Iran, Londres-Nicosie, Daedalos Institute of Geopolitics, Vallentine Mitchell Academic,
2007, p. 313-320.
74

Fin 2017, l'ONU estimait le coût total pour la reconstruction du pays à


250 Mds USD, chiffre qui a probablement encore augmenté aujourd'hui. Avec
des revenus gouvernementaux estimés à 1 Md USD en 2017, le gouvernement
syrien ne dispose pas de ressources suffisantes pour financer la reconstruction.
Pour y parvenir, le régime de Damas pourrait miser sur les transferts de la
diaspora installée à l'étranger (environ 5,6 millions de syriens ont fui le pays
depuis 2011, soit plus de 26 % de la population de 2010). Toutefois, les
différentes estimations existantes à ce sujet misent sur 1 à 2 Mds USD chaque
année, somme bien insuffisante pour revitaliser rapidement l'économie dévastée
par le conflit.
Il faudra donc miser sur les investissements étrangers, notamment ceux
provenant de Russie et d'Iran, de la Chine aussi qui montre un appui pour le
pays.
Depuis 2013, Téhéran a accordé trois généreuses lignes de crédit d'un
montant total de 6,6 Mds USD. II est cependant difficile de précisément estimer
les investissements iraniens en Syrie.
La Chine montre également un intérêt pour le pays, dans le cadre de ses
nouvelles routes de la Soie. Les autorités chinoises prévoient une aide globale de
23 Mds USD pour la région Afrique du Nord et Moyen-Orient, avec toutefois
une incertitude sur la somme exacte qui sera allouée à Damas. Les
Sinvestissements privés chinois sont, quant à eux, estimés à 2 Mds USD, mais
sans connaitre les industries concernées. Cependant, il ne s'agit, à ce stade, que
d'effets d'annonces et aucun investissement n'a encore eu lieu.
Les issues pour atteindre les succès sont pas encore un pilier soutien
(vente d’électricité au Liban et investissements Russe dans l’industrie minière)
sont encourageants mais encore insuffisantes. Un plan national de reconstruction
des infrastructures de transports (routes, ferroviaires, aéroports, ports) pourrait
constituer une première nécessité (produits alimentaires notamment).
Pour redonner vie à son économie la Syrie doit compter non seulement
pas sur ses propres ressources mais sur l'aide étrangers des nombreux Etats qui
lui créé une dépendance totale à l’étranger.
En bref, il ressort de cette analyse que la reconstruction du système
(politique, économique et sociale) de la République Arabe Syrienne implique
l’intervention du système interne et des certains puissances Etatiques sur le plan
externe qui doivent agir.
75

Parmi les défis à relever nous avons sur le plan interne : la consolidation
de la paix, l’intégrité national, éradiquer la corruption et ce vice etc. Et sur le
plan externe : l’Etat doit redorer son image auprès de la communauté
internationale au moyen de son appareil diplomatique, espérer à l’annulation des
certains mesures et embargos, etc.

BIBLIOGRAPHIE
I. Ouvrages
A.ACHOUR, H.COMETO, Les fonds souverains conquête de la politique par le
finance, Ecole de Guerre, 2007.
ANTOINNE GAZANO, Les Relations Internationales, éd. Guadiarno, Paris,
2001.
ANNIE LAURENT, Le Drame Syrien : les erreurs d’analyse occidentales,
éditions Argos CDL, « stratégie », Paris, 2013.
BENMESSAUD TREDANO A., Intangibilité des frontières coloniales et
espaces Etatiques en Afrique, T.XLVII, LGDJ, Paris, 1989.
CHARLES DIEHL, La République de Venisse, Flammarion, Paris, 1925.
76

CHRIS HARNAN, Une Histoire Populaire de l’Humanité, La Découverte, Paris,


2015.
DIUR KATOND, Histoire des Relations Internationales, éd. Sirius, Kinshasa,
2005.
EDMOND MALINVAUD, Leçons de Théorie microéconomique, 4Dunod,
Paris, 1969.
FRANCK TETART, La Péninsule Arabique : Cœur Géopolitique du Moyen-
Orient, Armand Colin, 2017.
FRÉDÉRIC PICHON, Syrie une guerre pour rien, les Editions du Cerf, Paris,
2017.
GRAWITZ M., Méthodes en Sciences Sociales ( 11 ème Édition), Dalloz, Paris,
2001.
GILBERT A. et NOAM. C, La Poudrière du Moyen-Oriient, Ed. Eco société,
Canada, 2007.
INSTITUT FRANÇAIS, Dictionnaire de l’académie Française 5 ème Ed. Paris, éd.
EBOOKS, France, 11978.
LABANA L.A, Les Relations Internationales présentation panoramique et
approche Théorique, éd. Médias Paul, Kinshasa, 2006.
LORENZO T., « Syria and Iran in the Middle East in Transition », in Michel
Korinman, John Laughland (éd.), Shia Power – Next Target Iran, Londres-
Nicosie, Daedalos Institute of Geopolitics, Vallentine Mitchell Academic, 2007.
MOHAMED BEDJAOUI, Droit International Bilan et Perspectives, Tome 1, éd.
A. Pedone, Paris, 1991.
MOHAAD F., Syrie : Entre vie et mort, L'Harmattan, Paris, 2014.
NGUYEN, Q.A, Droit International Public 5ème édition, I.G.D.J, Paris, 1994.
OLIVIER DAVID ET JEAN LUC, Dissertation de Géopolitique, 2 ème Edition
Belin Education, Paris, 2005.
PIERRE- J.LUIZARD, Le Piège Daech : L'Etat Islamique ou le retour de
l’Histoire, la Découverte, Paris, 2015.
SADAKA N., La question Syrienne pendant la guerre de 1914, Larose, Paris,
1940.
77

SCOUTS, M.C, BATTISTELA.D et VENNESSON. P, Dictionnaire des


Relations Internationales, Dalloz, Paris, 2003.
SHOMBA et TSHUN'DOLELA, La méthodologie ou la Recherche scientifique,
MES, Kinshasa, 2003.
THIERRY LIBAERT, La Communication de Crise, 5 ème Édition Dunod, Paris,
2020.
VERRI.P, Dictionnaire du Droit International des Conflits Armés, CICR,
Genève, 1988.
YOUSSEF HELBAOUI, La Syrie mise en valeur d'un Pays sous sous-
développé, L.G.D.J, Paris, 1956.

II. ARTICLES et REVUES


AL-HAYAT, Londres-Beyrouth, 5 mai 2009.
ALEXANDRA ZINS, l’impact Syrien sur les Economies voisines, bsi
economics, 2018.
AINHOA TAPIA, « La Fondation des Emirats Arabes-Unis (1968-1971) » les
clés du Moyen-Orient.
HELENE SALLON, Sur La Piste de Fief de l’État Islamique, Le Monde, 2015.
JEREMY M.SHARP, Syria : Background and U.S. Relations, washington,
congressional Research Service, 26 Avril 2010
« Iran,Syria Agree to Establish Joint Bank », Fars News Agency, Téhéran.
« Président : Iran, Syria to lift Visa requirement this Week », Irna, Téhéran.
Notamment de l’article de JIHANE SFEIR dans le n°172 de la revue Relations
internationales (à paraître) et idem, l’Exil palestinien au Liban : le temps des
origines 1947-1952, Beyrouth/Paris, IFPO/Karthala, 2008.
IOANNIS LOUCAS, « La géopolitique de la Méditerranée orientale pendant
la Guerre froide », Relations internationales, n°109, printemps 2002.
MARIE-JOELLE Z., Les risques du nation-building « son influence » : le cas de
l’Irak et du Liban, critique internationale, n°28 (2005/3).
78

La tenue du colloque « Le Moyen-Orient dans les relations internationales :


circulations, interdépendances, conflits » à l’université de Genève le 17 et 18
mars 2017, ainsi que sa publication dans les n°171 et 172 de la revue Relations
internationales ont bénéficié du soutien du fonds national Suisse de recherche
scientifique, de la Société académique et de l’université de Genève.
CODY ROCHE, Factions Fightings in the Syrian Civil War, Bellingcast,
29/04/2017
MICHAEL WEISS et HASSAN, au cœur de l’armée de la terreur.

IGNACE DALLE et WLADIMIR GLASMAN, Le cauchemar Syrien.

J.FRANÇOIS SCHWERIN, <<Le Chaos du Printemps Arabe>> in Le Monde,


N°122015, octobre 2015.
Syrie : un soldat turc tué à Idleb, AFP, 6 février 2018.

FABRICE BALANCHE Preventing av jihadist factory in idhib, the Washington


Institute, 31 août 2017.
Global Defense Persectives 2017 », sur PWC, Novembre 2017 Consulté le 26
Février 2022.
« Spiri Military Expenditure Database » sur SPIRI, Juin 2018, Consulté le 28
Mars 2022.
Les Etats du Moyen-Orient et le Traité sur l’interdiction des Armes Nucléaires,
Thiphaine de Champchesnel, 29/04/2020 consulté le 05 Avril 2022.
AINHOA TAPIA, « La Fondation des Emirats Arabes-Unis (1968-1971) » les
clés du Moyen-Orient.
SEBASTIEN S., « Les inégalités de revenus augmentent partout dans le monde
» consulté le 05 MARS 2022
Les Dialectes Arabes « qui parle quoi ? Institut du Monde Arabe ».

III. Sites Internet

Vous aimerez peut-être aussi