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La Syrie, en forme longue la République arabe syrienne (en arabe ( سورياSūriyyah)3), est un
pays du Proche-Orient situé sur la côte orientale de la mer Méditerranée : le bassin Levantin.
Jusqu'au XIXe siècle la Syrie est appelée Bilad el-Cham ( )بالد الشامdans la littérature arabo-
musulmane traditionnelle, Syria en latin. Durant l'Empire ottoman, cette région fut un temps
regroupée, comprenant la Syrie actuelle, Israël actuel, le Liban actuel, la Jordanie actuelle et
la Palestine actuelle. Durant l'Antiquité, ces pays étaient distinctement la Phénicie, les
royaumes d'Israël et de Juda, la province romaine de Judée puis de Palestine, l'Assyrie et une
partie de la Mésopotamie occidentale.
De février 1958 à fin septembre 1961, l'Égypte et la Syrie s'unissent brièvement dans la
République arabe unie, jusqu'au coup d'État du général Haydar al-Kouzbari.
En 1970, après une série de dictatures militaires instables, Hafez el-Assad, alors ministre de la
Défense, prend le pouvoir par un nouveau coup d'État. Son régime fortement autoritaire,
structuré autour d'un parti unique, le Baas, a mis en place un contrôle de l'ensemble de la vie
politique syrienne. Il est responsable du massacre de Hama4.
À sa mort en 2000, son fils, Bachar el-Assad, lui succède et maintient le régime instauré par
son père, avec un certain relâchement des libertés en début de mandat5. Début 2011, la Guerre
civile syrienne se déclenche dans le cadre du Printemps arabe6. De 2011 à septembre 2016, le
conflit a fait près de 500 000 morts et deux millions de blessés7.
Sommaire
1 Étymologie
2 Histoire
o 2.1 Mandat français
o 2.2 Indépendance
o 2.3 Coup d’État de Chichakli
o 2.4 République arabe unie
o 2.5 République arabe syrienne
o 2.6 Gouvernement baassiste
o 2.7 La dynastie el-Assad
o 2.8 Guerre civile syrienne
3 Institutions
o 3.1 Armée
o 3.2 FNP et parti Baas
o 3.3 Présidence
o 3.4 Gouvernement et députés
4 Société et liberté publique
5 Revendications territoriales
6 Subdivisions
7 Géographie
o 7.1 Villes
8 Économie
9 Enseignement et scolarité
10 Démographie
o 10.1 Ethnies et religions
10.1.1 Musulmans
10.1.2 Chrétiens
10.1.3 Yézidis
10.1.4 Juifs et Israéliens
10.1.5 Kurdes
o 10.2 Langues
11 Culture
o 11.1 Fêtes et jours fériés
o 11.2 Foires et festivals
12 Sports
o 12.1 Football
o 12.2 Basketball
13 Codes
14 Notes et références
15 Voir aussi
o 15.1 Articles connexes
o 15.2 Bibliographie
o 15.3 Liens externes
Étymologie
L’origine du nom « Syrie » n'est pas certaine. Il pourrait venir du grec ancien et désignerait à
l’origine la terre d’Aram, mais Hérodote y voyait plutôt une forme abrégée d’Assyrie, tandis
que les historiens modernes le font remonter à divers toponymes locaux.
Il apparaît pour la première fois en grec et n’a pas d’antécédents identifiables, ni dans la
forme ni pour le contenu, dans les textes pré-hellénistiques. Bien établi dans l’usage officiel
romain et byzantin, il disparaît au VIIe siècle avec la conquête musulmane, mais continue à
être utilisé en Europe.
Dans le monde arabo-musulman, la région autrefois appelée « Syrie » portait le nom de Sham
( )شامqui était aussi celui de sa capitale, Damas.
Le nom « Syrie », en arabe Sūriyyah ()سوريا, était inconnu jusque dans la seconde moitié du
XIXe siècle où il ressurgit sous l’influence européenne.
En 1865, il devient le nom officiel d’une province, celle du vilayet de Damas. C’est après
l’établissement du mandat français en 1920, qu’il désigne l’État syrien actuel8.
Histoire
Articles détaillés : Histoire de la Syrie et Syrie sous l'Empire ottoman.
Bosra
Les archéologues ont démontré que la Syrie accueillait l’une des plus anciennes civilisations9
et les Amorrites (un des plus anciens peuples de l'Antiquité).
Dans la ville excavée d’Ebla, dans le nord-ouest de la Syrie, les archéologues ont découvert
en 1975 les vestiges d’un grand empire sémite, qui va du nord de la mer Rouge à la Turquie et
jusqu'en Mésopotamie dans sa partie orientale.
Cet empire remontant de 2500 à 2 400 ans av. J.-C. fait de la langue d’Ebla la langue
sémitique la plus ancienne. La Syrie compte d’autres grands sites archéologiques comme celui
de Mari où fut retrouvé un code comparable au Code de Hammurabi à Babylone, Ougarit et
Doura Europos.
La Syrie fut occupée successivement par les Cananéens, les Phéniciens, les Hébreux, les
Araméens, les Assyriens, les Babyloniens, les Perses, les Grecs, les Arméniens, les Romains,
les Nabatéens, les Byzantins, les Arabes, et partiellement par les Croisés, par les Turcs
Ottomans et enfin par les Français à qui la SDN confia un protectorat provisoire pour mettre
en place, ainsi qu'au Liban, les conditions d'une future indépendance politique.
La Syrie géographique est le lieu où seraient apparues les premières formes d'urbanisation10.
Palmyre.
La Syrie est un pays significatif dans l’histoire du christianisme. Paul de Tarse, le futur saint
Paul, a été converti au christianisme sur la route de Damas, et a établi une Église d’abord à
Antioche en Syrie antique (aujourd’hui en Turquie). C’est de ce port qu’il est parti pour
plusieurs de ses voyages de mission.
Damas a été fondée au IIIe millénaire av. J.-C.11 ; c'est une des villes les plus anciennes du
monde et elle a été habitée sans interruption (comme Bénarès et Jéricho). Après l’arrivée des
conquérants musulmans, Damas est devenue la capitale de l’Empire omeyyade, et a atteint un
prestige et une puissance encore inégalés dans l’histoire syrienne. Cet empire s’étendait de
l’Espagne à l’Asie centrale (661 à 750 ap. J.-C.). Après la chute des Omeyyades, un nouvel
empire fut créé à Bagdad, l’Empire abbasside. En 1260, Damas est devenue la capitale
provinciale de l’empire des Mamelouks. En 1400, la ville fut détruite en grande partie par
Tamerlan : Damas a été presque entièrement incendiée, et les artisans Damascènes furent
enlevés pour travailler à Samarcande. Une fois reconstruite, Damas a servi de capitale
jusqu’en 1516. En 1517, la ville et le pays tombent sous occupation ottomane. Les Ottomans
régnèrent sur le pays pendant plus de 400 ans jusqu'en 1918, excepté la brève période où
l’Égyptien Ibrahim Pacha occupa le pays de 1832 à 1840.
Mandat français
100 km
1:7 130 000
Capitale nationale
Population > 500 000 hab.
Population > 100 000 hab.
Population > 50 000 hab.
Population < 50 000 hab.
(Rif Dimashq)
Damas
Alep
Dar`a
Quneitra
Tartous
Lattaquié
Deir ez-Zor
Homs
Hama
Rakka
Idlib
Al-Hasaka
As-Suwayda
Géographie
Article détaillé : Géographie de la Syrie.
L’essentiel du territoire syrien est constitué par un vaste plateau calcaire (hamada) surmonté
de quelques anciens reliefs volcaniques (djebel druze), et traversé au nord-est par le fleuve
Euphrate.
La Syrie est un pays majoritairement aride, en particulier à l’intérieur et dans la partie
orientale. Le niveau de pluviométrie moyen est de 318 mm par an mais tombe à moins de
150 mm dans le nord-est, contre plus de 800 mm à proximité de la côte et près de 1 400 dans
les montagnes. Le pays est en dessous du niveau du seuil de pénurie puisque la ressource par
habitant s’établit à 947 m3 par an (le seuil de stress hydrique est généralement fixé à 1 700 m3
par an et par habitant et le seuil de pénurie à 1 000 m3). La Syrie reçoit de plus son eau des
pays voisins : 50 % des réserves proviennent de Turquie, 20 % du Liban. Autre facteur
inquiétant, l’exploitation des nappes phréatiques dépasse leur capacité de renouvellement. La
Syrie exploite ainsi aujourd’hui plus de 50 % des ressources renouvelables, alors que le seuil
maximum communément admis est de 30 %. Le nord-est du pays (« Djézireh ») et le sud
(« Hawran ») sont des zones agricoles importantes.
La Syrie connaît un climat tempéré composé de quatre saisons. La température moyenne
estivale atteint les 32 °C et la température moyenne hivernale est de 10 °C. Au printemps et
en automne la moyenne des températures est de 22 °C. L’horaire d’hiver prend effet du mois
de novembre au mois de mars (+ 2 heures GMT). L’horaire d’été est appliqué du mois d’avril
au mois d’octobre (+ 3 heures GMT).
Villes
Les principales villes du pays incluent Damas dans le Sud-Ouest, Alep dans le Nord, et Homs.
Les autres villes importantes sont situées pour la plupart sur la côte.
Article détaillé : Villes de Syrie.
Principales villes de Syrie
Pop. Pop. Pop. Pop.
n Nom
o
Cens. Cens. Gouvernorat n Nom Cens. Cens. Gouvernorat
o
Tombe à Palmyre.
Amphithéâtre romain à Palmyre.
Une coupe syrienne datant du XIIIe siècle.
Krak des Chevaliers.
Tombe de Saladin à Damas.
Statue de Saladin à Damas.
La mosquée des Omeyyades à Damas.
Caravanserai de Qalaat al-Moudiq.
Fêtes et jours fériés
Date Nom français Nom local Remarque
عيد راس السنة الميالدية
1er janvier Jour de l'an Īd Ra’s as-Sanät
al-Mīlādīyä
ثورة الثامن من اذار
Révolution du 8
8 mars Ṯaurät aṯ-Ṯāmin
mars
mināḏḏār
عيد األم
21 mars Fête des Mères
‘Īd al-’Umm
Journée عيد الجالء Célébration de l'indépendance de la
17 avril
d'Indépendance ‘Īd al-Ğalā’ Syrie vis-à-vis de la France
Pâques عيد الفصح الغريغوري
variable Selon le calendrier grégorien
Grégorienne ‘Īd al-Fiṣḥ Ġrīġūrī
عيد الفصح اليوليوسي
variable Pâques julienne ‘Īd al-Fiṣḥ al- Selon le calendrier julien
Yūliyūsī
عيد العمال
1er mai Fête du Travail
‘Īd al-‘Ummāl
عيد الشهداء
6 mai Journée des martyrs
‘Īd aš-Šuhadā’
عيد الميالد المجيد
25 décembre Noël ‘Īd al-Mīlād al-
Mağīd
Dates selon le calendrier musulman
Dhou al-hijja عيد األضحى
Aïd al-Adha
10 ‘Īd al-’Aḍḥà
عيد الفطر
Chawwal 1 Aïd el-Fitr
‘Īd al-Fiṭr
المولد النبوي
Rabia al awal
Mawlid al-Maulid an- Anniversaire de Mahomet
12
Nabawī
Foires et festivals
Festival/Foire Ville Mois
Festival des fleurs Lattaquié ()الالذقية Avril
Festival traditionnel Palmyre ()تدمر Mai
Foire internationale des fleurs Damas ()دمشق Mai
Festival de la vigne As-Suwayda ( )السويداءSeptembre
Festival du coton Alep ()حلب Septembre
Foire internationale de Damas Damas ()دمشق Septembre
Festival de l'amour Lattaquié ()الالذقية Septembre
Festival de Bosra Bosra ()بصرى Septembre
Festival des films et du théâtre Damas ()دمشق Novembre
Sports
Le niveau sportif syrien n'est pas très élevé mais on peut tout de même citer quelques sports
pratiqués. Parmi les sportifs syriens les plus titrés on trouve Ghada Shouaa championne
olympique (Jeux olympiques d'été de 1996 à Atlanta) et championne du monde (1995 à
Göteborg) en heptathlon.
Football
La vie sportive syrienne est rythmée par son championnat semi-professionnel de football, le
Championnat de Syrie de football, ainsi que par sa coupe, la Coupe de Syrie de football et
l'Équipe de Syrie de football. Cependant, le niveau syrien reste assez faible.
Basketball
C'est le deuxième sport national en Syrie. Le niveau s'est amélioré dans les années 2000 à son
entrée dans le professionnalisme. La Syrie a de bonnes équipes comme Aljalaa, Alitihad,
Aljaych et Alwahda.
Codes
La Syrie a pour codes :
YK, selon la liste des préfixes OACI d'immatriculation des aéronefs ;
SY, selon la norme ISO 3166-1 alpha-2 (liste des codes pays).
Notes et références
1. ↑ (en) « The World Factbook — Central Intelligence Agency » [archive], sur
www.cia.gov (consulté le 6 avril 2018).
2. ↑ http://hdr.undp.org/sites/default/files/2016_human_development_report.pdf [archive]
3. ↑ et ( الجمهورية العربية السوريةAl-Jumhūriyyah al-‘Arabīyyah as-Sūriyyah).
4. ↑ « Syrie : l'ombre du massacre de février 1982 plane toujours sur Hama » [archive], sur
Le Monde, 2 février 2012 (consulté le 27 mars 2015).
5. ↑ Judith Cahen, « Les déboires du « printemps de Damas » » [archive], sur Le Monde
diplomatique, novembre 2002 (consulté le 27 mars 2015).
6. ↑ « Ban Ki Moon soumet au Conseil de sécurité ses propositions pour restructurer la
Mission de supervision en Syrie » [archive], sur le centre d'actualités de l'Organisation
des Nations unies, 11 juillet 2012 (consulté le 27 mars 2015).
7. ↑ « Syrie : le terrible jeu de dupes des grandes puissances à l’ONU » [archive], sur Le
Monde.fr, 23 septembre 2016 (consulté le 11 avril 2018).
8. ↑ Bernard Lewis, Histoire du Moyen-Orient, p. 32.
9. ↑ UNESCO, « Ancienne ville de Damas » [archive] (consulté le 17 décembre 2010).
10. ↑ Michel Fortin, Syria Land of Civilization, Paris, Editions de L'Homme, 1999.
11. ↑ http://whc.unesco.org/fr/list/20 [archive]
12. ↑ a et b « Rapport de la commission chargée par le Conseil de l'étude de la frontière
entre la Syrie et l'Irak » [archive], sur Bibliothèque numérique mondiale, 1932 (consulté
le 8 juillet 2013).
13. ↑ Thibaut Klinger, Thèmes de Culture Générale. Géopolitique, Concours et examens
2013 ; éditions Vuibert, Paris, janvier 2013.
14. ↑ Henri de Wailly, "1945, l'Empire rompu", Perrin, 201.
15. ↑ « Effectifs militaires par tête »(Archive • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?) (consulté le 9 juillet
2013).
16. ↑ Michel GILQUIN, D'Antioche au Hatay, l'histoire oubliée du sandjak
d'Alexandrette, Paris, Ed. L'Harmattan, 2000, 220 p. (ISBN 2-7384-9266-5).
17. ↑ a, b, c et d http://www.citypopulation.de/Syria_d.html [archive]
18. ↑ Zakaria Taha 2016, p. 83.
19. ↑ (en) Neil MacFarquhar, « Syrians Say They Are Feeling the Grip of
Sanctions » [archive], The New York Times, 2 décembre 2011 (consulté le 8 décembre
2011).
20. ↑ Syria Weighs Its Tactics As Pillars of Its Economy Continue to Crumble The New
York Times, 13 juillet 2013. [archive]
21. ↑ Report Shows War's Impact on Syrian Economy Al-Monitor : the Pulse of the
Middle East, février 2013. [archive]
22. ↑ Syrie: l'UE décrète un embargo sur le pétrole. lexpress.fr, 2 septembre 2011 [archive]
23. ↑ L'Europe lève partiellement l'embargo pétrolier avec la Syrie. liberation.fr, 22 avril
2013 [archive]
24. ↑ Syrie: la production de pétrole a chuté de 95 %. RIA Novosti, 29 mai 2013. [archive]
25. ↑ Zakaria Taha 2016, p. 22.
26. ↑ Zakaria Taha 2016, p. 90.
27. ↑ Zakaria Taha 2016, p. 84.
28. ↑ Élodie Vital, Dominique Auzias, Jean-Paul Labourdette et Marine de Tilly, Syrie,
Petit Futé, 2008, 360 p., p. 71.
29. ↑ Zakaria Taha 2016, p. 110.
30. ↑ Frédéric Pichon, Syrie : Pourquoi l'Occident s'est trompé, Éditions du Rocher, 2014,
p. 19-20.
31. ↑ a et b http://www.minorityrights.org/5266/syria/syria-overview.html [archive]
32. ↑ a et b
https://www.cia.gov/library/publications/the-world-factbook/geos/sy.html [archive]
33. ↑ (en)Michael R. Fischbach. Jewish property claims against Arab countries, Columbia
University Press, 2008. p. 30. (ISBN 0-231-13538-6).
34. ↑ a et b (en)http://www.jewishgen.org/sefardsig/aleppojews.htm [archive]
35. ↑ (en)Jacob Freid, Jews in the modern world. Twayne Publishers, 1962, p. 68.
36. ↑ (en) Walter P. Zenner, A global community: the Jews from Aleppo, Syria, Wayne
State University Press, 2000, 82 p. (ISBN 0-8143-2791-5).
37. ↑ (en) The Seizure of Jewish Property in Arab Countries, Itamar Levin et Rachel
Neiman, édition: Praeger, 2001, p. 200-201.
38. ↑ Le rôle des Kurdes dans la création de l'État syrien, thèse de doctorat en science
politique, sous la direction de George Almaden, université de Paris 10, 1992.
39. ↑ Jamal Khaznadar, Guide de journalisme kurde, publication de ministère de la
Culture irakien, Bagdad, 1973, en trois langue (anglais, arabe et kurde).
Sommaire
1 Contexte
o 1.1 Gouvernement el-Assad
o 1.2 Géographie
o 1.3 Démographie
o 1.4 Aspects socio-économiques
o 1.5 Droits humains
2 Forces en présence
o 2.1 Camp pro-gouvernemental
2.1.1 Régime el-Assad
2.1.2 Défections dans le camp loyaliste
2.1.3 L'Armée arabe syrienne
2.1.4 Les chabiha
2.1.5 Les Forces de défense nationale
2.1.6 Les milices chiites
2.1.7 Le Hezbollah
o 2.2 L'opposition politique : CNS et CNFOR
o 2.3 Les rebelles : Armée syrienne libre, Ahrar al-Cham, Front al-Nosra et
autres groupes
o 2.4 L'État islamique
o 2.5 Les Kurdes du PYD
o 2.6 Acteurs internationaux
2.6.1 Rôle de l'Iran
2.6.2 Rôle de la Russie
2.6.3 Rôle de la Turquie
2.6.4 Rôle des États-Unis
2.6.5 Rôle de l'Arabie saoudite
2.6.6 Rôle du Qatar
2.6.7 Rôle des Émirats arabes unis
2.6.8 Rôle de la Jordanie
2.6.9 Rôle du Liban
2.6.10 Rôle d'Israël
2.6.11 Rôle de la France
2.6.12 Rôle de l'Égypte
2.6.13 Autres pays
2.6.14 Rôle de la Ligue arabe
2.6.15 Rôle de l'Union européenne
2.6.16 Rôle des Nations unies
3 Déroulement du conflit
o 3.1 Prélude
o 3.2 2011 : Du printemps arabe à la guerre civile
o 3.3 2012 : Victoires des rebelles dans le nord et l'est de la Syrie, résistance du
régime à l'ouest et au sud du pays
o 3.4 2013 : Contre-offensives des loyalistes et attaques chimiques
o 3.5 2014 : Offensives de l'État islamique et intervention de la coalition
internationale
o 3.6 2015 : Victoires de l'Armée de la conquête au nord-ouest et des Kurdes au
nord-est, début de l'intervention militaire russe
o 3.7 2016 : Tentatives de cessez-le-feu, intervention militaire turque et chute
d'Alep
o 3.8 2017 : Accords d'Astana et effondrement de l'État islamique
o 3.9 2018 : Reprise de la Ghouta orientale et de Deraa par le régime et conquête
d'Afrine par la Turquie
4 Utilisation de tactiques et d'armes non conventionnelles
o 4.1 Armes chimiques
o 4.2 Attentats à la bombe et attentats-suicides
o 4.3 Missiles Scud
o 4.4 Armes à sous-munitions
o 4.5 Bombes à barils
o 4.6 Armes thermobariques
5 Crimes de guerre et crimes contre l'humanité
o 5.1 Violations des droits humains
o 5.2 Torture et pendaisons dans les prisons du régime syrien
o 5.3 Viols
o 5.4 Destructions
o 5.5 Exactions de l'État islamique
o 5.6 Exactions des rebelles syriens
o 5.7 Exactions des Forces démocratiques syriennes
6 Bilan humain
o 6.1 Bilan total
o 6.2 Pertes des forces belligérantes
o 6.3 Pertes civiles
7 Impact de la guerre civile
o 7.1 Déplacés et réfugiés
o 7.2 Maladies
o 7.3 Criminalité
o 7.4 Recrutement et formation de djihadistes étrangers
o 7.5 Impact économique
o 7.6 Biens culturels
8 Reconstruction
9 Notes et références
o 9.1 Notes
o 9.2 Références
10 Annexes
o 10.1 Bibliographie
o 10.2 Cartographies et infographies
o 10.3 Liens externes
Contexte
Gouvernement el-Assad
En 1946, la Syrie devient une république indépendante, mais la phase démocratique prend fin
en mars 1949 avec un coup d'État soutenu par la CIA et suivi de deux autres la même
année52,53. Ces événements portent au pouvoir le général Chichakli, qui établit un régime
parlementaire avant d'imposer son pouvoir personnel par un nouveau coup d'état en novembre
195154.
En février 1954, à l'issue d'un soulèvement populaire, le pouvoir est rendu aux civils. De 1958
à 1961, lors du rapprochement avec l'Égypte et de l’avènement de la République arabe unie,
le régime parlementaire syrien est brièvement remplacé par un régime présidentiel
extrêmement centralisé55.
Après la rupture avec l'Égypte en 1961, la branche syrienne du Parti Baas (laïque nationaliste
et socialiste) accède au pouvoir, en mars 1963, à la suite d'un coup d'état. En février 1966, un
putsch renverse Michel Aflak et Salah Eddine Bitar, les dirigeants historiques du Parti56 et le
général Hafez el-Assad, alors ministre de la Défense, s'empare du pouvoir en novembre 1970
au terme d'une « révolution correctrice » qui le porte au poste de Premier ministre. En mars
1971, Assad se proclame Président (il le restera jusqu'à sa mort en 2000). De 1976 à 1982, il
mate une insurrection islamique. Le Parti Baas s'installe comme l'autorité politique de
référence dans un système de parti unique. Les Syriens ne peuvent qu'approuver leur
Président par référendum. Jusqu'à la mise en place, en 2012, d'un système contrôlé par le
régime, ils ne sont pas invités à choisir entre plusieurs partis pour élire le corps législatif57.
Succédant à son père au décès de ce dernier, Bachar el-Assad — et son épouse Asma el-Assad
(une sunnite née et élevée en Grande-Bretagne) — inspirent des espoirs de réforme
démocratique58. De juillet 2000 à août 2001, des débats sociaux et politiques animent une
nouvelle phase qualifiée de « printemps de Damas »59.
Pendant cette période, se développent en Syrie de nombreux forums politiques et des lieux de
réunion privés où les citoyens débattent de questions politiques et sociales et d'où émergent
des activistes comme Riad Seïf, Haitham al-Maleh, Kamal al-Labwani, Riad al-Turk et Aref
Dalila60. Tandis que les hypothèses réformistes issues du Parlement et les promesses de
changement de Bachar el-Assad restent largement lettre morte61, le printemps de Damas prend
fin en août 2001 avec l'arrestation et l'emprisonnement de dix des principaux leaders après
leur appel à la désobéissance civile et à des élections démocratiques62.
Géographie
Carte des Gouvernorats de la Syrie (liste des provinces), avec le plateau du Golan (en vert, au
sud-ouest), et les pays frontaliers.
L’essentiel du territoire syrien est constitué par un vaste plateau calcaire surmonté de
quelques reliefs anciens et traversé au nord-est par l'Euphrate. Le pays est bordé au nord par
la Turquie, à l'est par l'Irak et au sud par la Jordanie, Israël et le Liban. Le pays possède une
façade maritime ouvrant sur la Méditerranée. La majorité de la population syrienne réside
dans les villes et les principales agglomérations sont situées sur la bande côtière (Tartus,
Banias, Lattaquié, Jableh), dans l'ouest (Alep, Homs, Hama) et le sud du pays (Damas,
Deraa). À cette géographie physique se superpose une géographie humaine (ruraux/urbains) et
une géographie ethno-religieuse (sunnites, chiites, alaouites, druzes, chrétiens, kurdes), qui
rendaient déjà difficile toute représentation exacte de la situation avant la guerre civile. Le
développement du conflit a compliqué la tâche des cartographes, au point que la
représentation des opérations et des zones d'influence fait désormais partie d'une véritable
« guerre des cartes » participant à la propagande et à la désinformation63.
Cette configuration a conditionné la dynamique du conflit : la contestation a débuté dans les
zones urbaines où étaient concentrés des griefs d'ordre économique et ethno-religieux contre
le pouvoir en place. La répression s'est abattue sur les localités considérées comme rebelles,
où le conflit a fait apparaître les fractures économiques, ethniques et religieuses entre centre,
banlieue, périphérie et quartiers « informels ». Le conflit s'est ainsi installé au cœur des villes,
où les combattants ont fait assaut de férocité pour assiéger et réduire leurs adversaires,
quartier par quartier, et où les populations civiles ont payé un très lourd tribut aux violences.
Selon le géographe Fabrice Balanche, la représentation des fronts, des armées, des territoires
occupés, est plus complexe dans une guerre civile que dans une guerre conventionnelle. La
superposition des territoires tenus par l’insurrection et la contre-insurrection avec celle de la
répartition ethnico-confessionnelle de la population fait apparaître la dimension
communautaire du conflit. « À l’échelle de l’agglomération d’Alep, superposer la carte des
combats à celle des quartiers informels d’une part, peuplés essentiellement de migrants
ruraux, et, de l’autre, de ceux qu’habitent les citadins d’origine met en évidence une autre
dimension du conflit : l’opposition ville-campagne »63.
Démographie
Article détaillé : Démographie de la Syrie.
Carte montrant la répartition ethno-religieuse de la Syrie avant la guerre civile. En cas de repli
militaire, chacun de ces groupes pourrait choisir de se replier sur son foyer géographique
d'origine.
Bachar el-Assad, président de la République arabe syrienne depuis 2000.
Mohammed Naji al-Otari, Premier ministre de la Syrie, de 2003 à 2011.
Riad Hijab, Premier ministre de la Syrie, en 2012. Il rejoint ensuite l'opposition.
Wael al-Halki, Premier ministre de la Syrie, de 2012 à 2016.
Imad Khamis, Premier ministre de la Syrie, depuis 2016.
Fahd al-Freij, chef d'état-major des Forces armées syriennes de 2011 à 2012, puis
ministre de la Défense de 2012 à 2018.
Ali Abdullah Ayyoub, chef d'état-major des Forces armées syriennes de 2012 à 2018,
puis ministre de la Défense depuis 2018.
Maher el-Assad, frère du président Bachar el-Assad, général de la 4e division blindée.
Des soldats de l'armée syrienne à Palmyre, le 5 mai 2016.
Miliciens chiites du Fawj al-Imam al-Hujja, après le siège de Nobl et Zahraa, le 3 février
2016.
Dès l'été 2011, de nombreuses milices chiites, armées et entraînées par l'Iran, sont déployées
en Syrie aux côtés des forces loyalistes. Ces combattants invoquent la protection de la
mosquée de Sayyida Zeinab, près de Damas, un haut lieu de pèlerinage chiite, pour justifier
leur intervention. Les milices sont présentes dès le début du conflit, mais leur nombre
augmente sensiblement par la suite. En 2016 jusqu'à 50 milices chiites sont présentes en
Syrie. Les groupes les plus importants sont le Hezbollah, la Brigade Abou al-Fadl al-Abbas,
l'Organisation Badr, Asaïb Ahl al-Haq, le Harakat Hezbollah al-Nujaba, la Brigade des
Fatimides, les Brigades de l'imam Ali et la Saraya al-Khorasani117. Début 2014, le nombre des
combattants est estimé entre 5 000 à 10 000118, puis entre 20 000 et 40 000 début 20169, entre
40 000 et 60 000 fin 201610, et jusqu'à un maximum de 100 000 combattants en 201811. Ils
sont pour la plupart Irakiens, Syriens, Iraniens, Libanais, Afghans, mais on compte aussi des
Pakistanais, des Yéménites117,100. Leur salaire est versé par le régime syrien9,118. D'après des
responsables politiques chiites et le ministre des Affaires étrangères irakien Hoshyar Zebari,
les combattants en question n'ont cependant pas reçu de feu vert officiel de la part des chefs
de leurs mouvements ou du gouvernement irakien, dominé par les chiites, pour aller
combattre en Syrie119,120,121,122.
Le Hezbollah
Article détaillé : Hezbollah.
Hassan Nasrallah, secrétaire général du Hezbollah depuis 1992.
En 2012, le Hezbollah, milice libanaise chiite pro-iranienne, envoie des forces en Syrie pour
appuyer le régime de Damas qui lui assure un important soutien logistique dans sa lutte contre
Israël123,124,125. Fin avril 2013, Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah, reconnaît officiellement
la participation de son organisation aux combats en Syrie126,127. D'après l'universitaire Thomas
Pierret, « le Hezbollah cherche à protéger les points stratégiques syriens qui lui permettent
d’acheminer des armes venues d’Iran »128. Le 25 mai 2014, Hassan Nasrallah déclare que le
Hezbollah se bat en Syrie parce que Damas « a nourri et protégé la résistance libanaise ».
Accusé par ses détracteurs de baisser la garde contre Israël en envoyant des combattants en
Syrie, il s'est dit convaincu de la victoire finale du régime d'el-Assad et a assuré que le
Hezbollah avait « toujours la capacité de dissuader Israël » et que « c’est l’une des
inquiétudes de l’ennemi israélien : il regarde la Syrie et l’Iran et il voit qu’ils donnent toute
l’aide qu’ils peuvent à la résistance »129. Avec entre 5 000 à 8 000 hommes déployés en Syrie,
le Hezbollah fournit le plus gros contingent de miliciens chiites étrangers130,131. Malgré les
lourdes pertes subies, militairement le Hezbollah monte fortement en puissance lors de la
guerre civile syrienne132,133.
L'opposition politique : CNS et CNFOR
Articles détaillés : Conseil national syrien et Coalition nationale des forces de l'opposition et
de la révolution.
Mouaz al-Khatib, président de la CNFOR, de 2012 à 2013.
Georges Sabra, président de la CNFOR en 2013.
Ahmad Jarba, président de la CNFOR de 2013 à 2014.
Hadi al-Bahra, président de la CNFOR de 2014 à 2015.
Khaled Khoja, président de la CNFOR de 2015 à 2016.
Anas al-Abdeh, président de la CNFOR depuis 2016.
Logo de la CNFOR.
Le Conseil national syrien est une autorité politique de transition créée le 15 septembre 2011
et officialisée les 1er et 2 octobre 2011 à Istanbul, en Turquie, pour coordonner l'opposition au
régime de Bachar el-Assad, en Syrie et dans les pays tiers134.
Composé de 400 membres et dominé par les sunnites, le CNS rassemble plus de 30
organisations d'opposants135 dont les Frères musulmans (qui y sont majoritaires136,137,138), des
libéraux mais aussi des partis kurdes et assyriens139,140.
Le 11 novembre 2012, le CNS adhère à la Coalition nationale des forces de l'opposition et de
la révolution dont il reste la principale composante141.
La Coalition nationale des forces de l'opposition et de la révolution (ou Coalition nationale
syrienne), est une autorité politique de transition créée le 11 novembre 2012 à Doha, au Qatar.
Siégeant au Caire142, plus large que le CNS, bien financée et largement reconnue au niveau
international143,144,145,146,147,148,149 la Coalition engage « les parties signataires à œuvrer pour la
chute du régime, et de tous ses symboles et piliers, et pour le démantèlement de ses organes
de sécurité, en poursuivant tous ceux qui ont été impliqués dans des crimes contre les
Syriens ».
Denise Natali, professeur à la National Defense University, estime que la Coalition représente
mieux les intérêts de ses soutiens étrangers que ceux des Syriens de l'intérieur, et ne se
distingue du CNS que par une allégeance au Qatar et aux autres États du Golfe Persique plutôt
qu'à la Turquie150.
Les rebelles : Armée syrienne libre, Ahrar al-Cham, Front al-Nosra et autres
groupes
Abou Bakr al-Baghdadi, émir, puis « calife » de l'État islamique depuis 2010.
En gris, territoires contrôlés en Syrie et en Irak par le califat de l'État islamique en juin 2015.
Né en 2006 en Irak, l'État islamique est une organisation salafiste djihadiste, dirigée par Abou
Bakr al-Baghdadi, proclamé calife le 29 juin 2014. Le groupe apparaît en Syrie le 9 avril 2013
sous le nom d'État islamique en Irak et au Levant et prend le nom d'État islamique lorsqu'il
proclame l'instauration du califat, mais ses adversaires lui donnent le surnom de « Daech »173.
Considéré comme moins corrompu que les autres groupes djihadistes, l'EIIL est aussi le plus
extrémiste, il est craint pour sa violence, son intransigeance et son indifférence aux notions de
droits humains174. Très impliqué sur les réseaux sociaux, il attire un grand nombre de
djihadistes étrangers venus de tout le Monde musulman et même d'Occident175.
Cependant, sa radicalité et ses ambitions lui attirent rapidement l'hostilité des autres groupes
rebelles. En janvier 2014, le Front islamique, l'Armée syrienne libre et le Front al-Nosra et
plusieurs autres groupes rebelles lui déclarent la guerre176.
En 2013 et 2014, les effectifs en Syrie de État islamique sont estimés de 5 000 à
13 000 hommes177,178. Ils augmentent sensiblement à la suite de la proclamation du califat. En
2015, les estimations vont de 20 000 à 80 000 combattants, tant en Syrie qu'en Irak et sans
compter le ralliement de nombreux groupes djihadistes à travers tout le monde musulman179.
Les Kurdes du PYD
Articles détaillés : Parti de l'union démocratique, Parti des travailleurs du Kurdistan, Unités de
protection du peuple, Unités de protection de la femme et Forces démocratiques syriennes.
Salih Muslim, co-président du PYD de 2010 à 2017.
Asya Abdullah, co-présidente du PYD de 2010 à 2017.
Rêdûr Xelîl, porte-parole des YPG.
Ali Khamenei, guide suprême de la Révolution islamique depuis 1989.
Mahmoud Ahmadinejad, président de la République islamique d'Iran de 2005 à 2013.
Hassan Rohani, président de la République islamique d'Iran depuis 2013.
Qasem Soleimani, général et commandant en chef de la Force Al-Qods.
En 1979, après la Révolution iranienne, la Syrie a été le premier pays arabe à reconnaître la
République islamique d'Iran. Depuis les deux pays sont étroitement alliés ; une alliance qui
est également favorisée par l'appartenance de la famille el-Assad au groupe ethnique et
religieux des Alaouites, apparenté aux chiites. Lors de la guerre Iran-Irak, la Syrie est aussi le
seul pays arabe à soutenir Téhéran contre son rival baasiste. Au cours de cette période, la
Mosquée de Sayyida Zeinab, près de Damas, devient un haut lieu de pèlerinage pour les
chiites. Après la mort de Hafez el-Assad et la montée au pourvoir de Bachar el-Assad,
l'influence de l'Iran s'accroît en Syrie, au point de devenir plus un parrain qu'un
allié117,194,195,196,197.
Au début de la crise, la diplomatie iranienne en Syrie apparaît ambiguë en raison des tensions
entre le président iranien Mahmoud Ahmadinejad et le guide suprême, Ali Khamenei, soutenu
par le Corps des Gardiens de la révolution islamique198. Ahmadinejad applaudit la révolution
tunisienne et la révolution égyptienne qui renversent des régimes alliés aux Américains et aux
Israéliens ; pour la Syrie, il reprend dans un premier temps les déclarations de Bachar el-
Assad qui dénonce les manifestations pacifiques comme un « complot international », mais il
appelle ensuite au dialogue et désapprouve la répression militaire198,199. Cependant, le dossier
syrien reste aux mains du guide suprême Ali Khamenei et des Gardiens de la révolution
islamique qui soutiennent le régime dés le début de la crise et mettent un coup d'arrêt à la
tentative d'ouverture d'Ahmadinejad117. L'Iran ne tient pas à perdre un allié stratégique et la
possibilité de l'arrivée en Syrie d'un pouvoir favorable à l'Arabie saoudite est pour lui une
véritable hantise117,197.
L'Iran participe militairement au conflit syrien200,201,202,203,204. Des éléments du Corps des
Gardiens de la révolution islamique sont déployés en Syrie dès 2011 et participent à la
répression des manifestations117. Leur nombre est inconnu, initialement des conseillers
militaires sont envoyés mais des tireurs d'élite sont également signalés en juin 2011117. En juin
2012, le général Esmaïl Ghani, commandant en second de la Force Al-Qods, reconnaît
officiellement la présence en Syrie des forces spéciales du Corps des Gardiens de la
révolution205. L'engagement de l'Iran augmente significativement en 2014 et 2015. En 2015,
des unités entières du Corps des Gardiens de la révolution islamique sont déployées en Syrie,
suivies début 2016 pour la première fois par des unités de l'armée régulière iranienne100. Le
nombre des Gardiens de la révolution islamique déployés en Syrie est estimé entre 5 000 et
10 00011,13. L'ingérence iranienne est cependant très mal vue par une partie des généraux de
l'armée syrienne : en 2015, le lieutenant-général Rustum Ghazaleh, chef de la sécurité
politique du régime, est tabassé à mort après avoir dénoncé l'emprise croissante de la
hiérarchie militaire iranienne117.
L'Iran parraine également de nombreuses milices chiites au Moyen-Orient, telles que le
Hezbollah au Liban ou l'Organisation Badr depuis la guerre Iran-Irak117,197. À partir de 2013,
le nombre des milices chiites irakiennes déployées en Syrie augmente117. Les principales
milices syriennes, les Forces de défense nationale, sont également entraînées par les Gardiens
de la Révolution117.
Par ailleurs, l'Iran fournit au gouvernement syrien une aide financière annuelle pour
contourner les sanctions internationales, entre un et quinze milliards de dollars selon les
estimations117,206.
En juillet 2015, le général iranien Qasem Soleimani effectue une visite à Moscou alors que les
rebelles progressent vers la côte. D'après l'agence Reuters, ce déplacement, précédé par des
contacts à haut niveau entre Russes et Iraniens, est la première étape préparant l'intervention
militaire de la Russie en Syrie207.
Rôle de la Russie
Articles détaillés : Intervention militaire de la Russie en Syrie, Relations entre la Russie et la
Syrie, Crise russo-turque de 2015 et Géostratégie de la Russie.
Dmitri Medvedev, président de la Russie de 2008 à 2012, puis président du
gouvernement russe depuis 2012.
Vladimir Poutine, président du gouvernement russe de 2008 à 2012, puis président de
la Russie depuis 2012.
Sergueï Lavrov, ministre des Affaires étrangères depuis 2004.
L'alliance entre la Russie et la Syrie remonte aux temps de la Guerre froide208. Leur relation
débute au milieu des années 1950 et se renforce à partir de 1970208. En 1980, Damas et
Moscou signent un traité d'amitié, à une période pourtant où Hafez el-Assad écarte l'aile
gauche socialiste pure et dure du Parti Baas et réprime les communistes dissidents et les
nassériens208. Entre 1982 et 1986, l'Union soviétique livre à la Syrie plus de mille chars, 200
avions de chasse et des centaines de pièces d'artillerie, ce qui au moment de la guerre civile,
constitue encore l'arsenal de base du régime208. À ces éléments vétustes, s'ajoutent cependant
par la suite des armes plus modernes, comme des missiles sol-sol SS-21208. Les relations entre
Moscou et Damas se tendent toutefois quelques peu sous la présidence de Mikhaïl
Gorbatchev, Hafez el-Assad se rapproche même alors des États-Unis et de l'Europe208. Ils
renouent au début des années 2000 après l'arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine et le début
de la guerre d'Irak208. Lorsque la guerre civile éclate, les deux pays sont très proches : des
milliers d'officiers de l'armée syrienne ont été formés dans les académies militaires
soviétiques et russes, sans compter des dizaines de milliers de mariages mixtes, en particulier
parmi les Syriens de minorité grecque orthodoxe208.
Abdullah Gül, président de la Turquie de 2007 à 2014.
Recep Tayyip Erdoğan, premier ministre de la Turquie de 2003 à 2014, puis président
de la Turquie depuis 2014.
Ahmet Davutoğlu, ministre des Affaires étrangères de 2009 à 2014 et premier ministre
de la Turquie de 2014 à 2016.
Binali Yıldırım, premier ministre de la Turquie depuis 2016.
Mevlüt Çavuşoğlu, ministre des Affaires étrangères depuis 2014.
En 2011, la Turquie aspire à jouer un rôle de médiateur entre les différents pays du Moyen-
Orient et elle entretient de très bonnes relations avec la Syrie depuis la fin des années
1990239,240,241. Lorsque la révolution syrienne débute, elle tente de convaincre Bachar el-Assad
d'éviter de recourir à la force contre les manifestants et de négocier une issue pacifique, mais
elle n'est pas entendue et les relations se tendent239,241,242. La crise perdure et les pertes
financières sont considérables pour Ankara, qui a de très gros intérêts économiques en
Syrie239,241. À l'été 2011, la Turquie rompt définitivement avec le régime syrien, en croyant à
tort sa chute imminente, et apporte son soutien à la rébellion239. Le Conseil national syrien est
lancé en octobre à Istanbul et le premier camp de l'Armée syrienne libre est installé en
décembre239. Bien que l'AKP, au pouvoir, soit proche des Frères musulmans, la Turquie
soutient l'ensemble de l'opposition, à laquelle elle fournit des armes, mais elle se montre aussi
assez complaisante avec les groupes djihadistes239,243. Les rebelles modérés comme les
djihadistes franchissent librement les frontières et leurs blessés sont soignés dans les hôpitaux
turcs244. Jusqu'au printemps 2015, la Turquie se montre également peu hostile à l'État
islamique, dont elle est le principal acheteur de pétrole et de coton par l'intermédiaire d'un
réseau de trafiquants et de contrebandiers239. L'opposition turque accuse alors le
gouvernement de soutenir les djihadistes245,244. Face aux pressions, Ankara inscrit en juin 2014
l'État islamique et le Front al-Nosra dans la liste des organisations terroristes244. Cependant, la
Turquie hésite à prendre des mesures offensives contre l'EI à cause de l'enlèvement de 80
otages turcs à Mossoul en juin 2014 et par crainte d'une attaque contre le tombeau de
Suleiman Chah244,241.
Hillary Clinton, secrétaire d'État des États-Unis de 2009 à 2013.
John Kerry, secrétaire d'État des États-Unis de 2013 à 2017.
Donald Trump, président des États-Unis depuis 2017.
Rex Tillerson, secrétaire d'État des États-Unis de 2017 à 2018.
Mike Pompeo, secrétaire d'État des États-Unis depuis 2018.
Au cours des décennies qui ont précédé la guerre civile syrienne, les relations ont été agitées
entre le gouvernement de Damas et les États-Unis, les phases de tensions alternant avec les
phases de détente267. La rupture initiale a lieu lors des années 1960 avec le rapprochement de
la Syrie vers l'Union soviétique, la montée au pouvoir du parti Baas et la guerre des Six
Jours267. Après la Résolution 242 du Conseil de sécurité des Nations unies, Damas rompt ses
relations diplomatiques avec Washington267. Elles sont rétablies en 1974, mais la guerre du
Liban provoque de nouvelles tensions267,268, avant une nouvelle détente lors de la signature de
l'accord de Taëf en 1989 et la participation de la Syrie à la guerre du Golfe au sein de la
coalition en 1991267. Mais la situation s'aggrave à nouveau sous l'administration Bush, en
2003 Bachar el-Assad s'oppose à la guerre d'Irak et est alors le seul allié de Saddam
Hussein267,268. Craignant d'être la nouvelle cible des néo-conservateurs, le régime de Damas
entretient la guérilla en Irak ; il favorise le passage de combattants étrangers à sa frontière qui
rejoignent des groupes djihadistes et notamment Al-Qaïda en Irak, puis l'État islamique d'Irak
et accorde l'asile à de nombreux baasistes irakiens267,269,268. Lorsque Barack Obama accède la
Maison blanche en 2009, le dialogue reprend entre Damas et Washington267.
Tir d'obusier M777 howitzer effectué par des soldats américains du 11e Marine Expeditionary
Unit en soutien aux Forces démocratiques syriennes lors de l'offensive de Raqqa, le 25 mars
2017.
Les États-Unis se montrent passifs au début de la révolution syrienne en 2011267. Cinq
semaines après le début des manifestations en Syrie Barack Obama appelle à la fin de la
répression, puis il réclame le départ de Bachar el-Assad en août 2011267. Mais il tient à
désengager les États-Unis d'Afghanistan et d'Irak et n'a pas l'intention de mener d'autres
interventions militaires267,270. En décembre 2011, l'armée américaine se retire d'Irak.
En 2012, les Américains commencent à fournir des renseignements à l'Armée syrienne libre,
mais refusent de lui livrer des armes267. En 2013, des combattants de groupes rebelles non
islamistes commencent à être entraînés en Jordanie par les Américains, les Français et les
Britanniques, en avril les États-Unis s'engagent à porter à 250 millions de dollars leur
assistance « non létale » à la rébellion267. C'est en juin 2013, après avoir acquis la certitude
que le régime syrien a employé des armes chimiques, que les États-Unis décident de fournir
des armes aux rebelles267. Le 13 juin, la présidence américaine annonce qu'elle va apporter un
« soutien militaire » aux rebelles271. En septembre, les brigades de l'ASL dans le sud de la
Syrie reçoivent leurs premiers armements, les Américains livrent des armes légères et antichar
mais refusent de fournir des missiles sol-air267. Début 2014, des missiles antichar BGM-71
TOW commencent à être livrés aux groupes modérés ou liés à l'ASL272.
Mais les États-Unis sont aussi grandement préoccupés par la question des armes chimiques
syriennes et craignent qu'elles ne tombent entre les mains d'al-Qaïda ou du Hezbollah, aussi
acceptent-ils la proposition russe de démantèlement de l'arsenal chimique syrien, alors qu'ils
semblaient prêts à lancer une campagne de frappes aériennes après le massacre de la
Ghouta267. C'est finalement contre l'État islamique, à partir du 23 septembre 2014, que les
États-Unis engagent une campagne de frappes aériennes, après avoir formé une coalition
internationale267. Celle-ci intervient surtout en soutien aux Kurdes des YPG et renverse la
balance en leur faveur au nord de la Syrie267. En octobre 2015, les États-Unis débutent le
déploiement de forces spéciales273.
En 2015, les États-Unis débloquent 500 millions de dollars et concluent un accord avec la
Turquie pour former un corps de 15 000 rebelles modérés afin de combattre l'État islamique,
nombre ensuite réduit à 5 000. Le programme est un véritable fiasco, en juillet et septembre
2015 seulement 120 hommes entrent en Syrie : le premier groupe est aussitôt attaqué par le
Front al-Nosra qui fait plusieurs prisonniers, le second remet une partie de ses armes aux
djihadistes pour obtenir un droit de passage. Les combattants de cette « Nouvelle force
syrienne » désertent ou font défection et à la mi-septembre, le général Lloyd Austin, chef de
l'United States Central Command, reconnait que seulement « 4 ou 5 » rebelles formés et
équipés par les forces américaines combattent l'État islamique sur le terrain274,275,276,277.
La position américaine vis-à-vis de Bachar el-Assad et les déclarations de ses responsables
sont parfois confuses et contradictoires, notamment sur la question de négocier ou non avec le
régime syrien267. Selon le journaliste américain Doyle McManus : « l'administration Obama a
une politique mais pas de stratégie »267. Jusqu'à la fin de son mandat, Barack Obama reste en
retrait sur dossier syrien et dans l'ensemble du Moyen-Orient, laissant ainsi le champ libre à
l'Iran et à la Russie270,278,279,280,281,282.
Arrivée au pouvoir en 2017, l'administration Trump ne rompt pas dans les premiers mois avec
la politique de l'administration Obama283,284,282. Elle annonce cependant que le départ de
Bachar el-Assad n'est plus pour elle une priorité285,286, elle se montre plus proche de la
Russie287, mais affiche ouvertement son hostilité envers l'Iran283. Elle continue d'appuyer les
Kurdes des YPG malgré les protestations de la Turquie288,289,282 et ravive son alliance avec
l'Arabie saoudite290,291,292,293. Mais l'attaque chimique de Khan Cheikhoun, le 4 avril 2017,
bouleverse la position américaine : pour la première fois les États-Unis ripostent contre le
régime syrien en détruisant une de ses bases aériennes dans la nuit du 6 au 7 avril294,295. Après
cet événement, les États-Unis déclarent qu'il ne peut y avoir de solution politique avec Bachar
el-Assad à la tête du régime296,297. Le 8 mai 2017, après plusieurs mois de sollicitations, le
gouvernement américain autorise son armée à fournir des armes aux YPG, malgré l'opposition
de la Turquie298,299. En revanche, en juillet 2017, il met fin au programme de la CIA d'aide aux
rebelles, qui mis en place quatre ans plus tôt, fournissait à ces derniers armes et
entraînement300,301,302,303. La livraison d'armes aux Kurdes des YPG cesse également vers fin
2017 ou début 2018, afin d'apaiser la Turquie304,305.
Fin 2017, l'État islamique subit plusieurs défaites et perd la grande majorité de son territoire ;
le secrétaire d'État Rex Tillerson annonce cependant en janvier 2018 que l'armée américaine
va rester en Syrie avec l'objectif d'empêcher les djihadistes de réémerger, de contrer
l'influence de l'Iran et de s'opposer au régime de Bachar el-Assad306,307,308. En janvier 2018, au
moins 2 000 soldats américains sont présents en Syrie aux côtés des Forces démocratiques
syriennes309.
Rôle de l'Arabie saoudite
Articles détaillés : Relations entre l'Arabie saoudite et l'Iran, Relations entre l'Arabie saoudite
et la Turquie et Relations entre l'Arabie saoudite et le Qatar.
Abdallah ben Abdelaziz Al Saoud, roi d'Arabie saoudite de 2005 à 2015.
Salmane ben Abdelaziz Al Saoud, roi d'Arabie saoudite depuis 2015.
Mohammed ben Nayef Al Saoud, prince héritier et vice-premier ministre de 2015 à
2017 et ministre de l'Intérieur de 2012 à 2017.
Mohammed ben Salmane Al Saoud, prince héritier et vice-premier ministre depuis
2017 et ministre de la Défense depuis 2015.
Saoud ben Fayçal ben Abdelaziz Al Saoud, ministre des Affaires étrangères de 1975 à
2015.
Adel al-Joubeir, ministre des Affaires étrangères depuis 2015.
Au début de l'année 2011, le pouvoir en Arabie saoudite est hostile au printemps arabe310. En
février et mars, son armée réprime notamment le soulèvement bahreïni310. Consciente de sa
fragilité, la monarchie saoudienne redoute d'être atteinte par le vent de révolte qui secoue le
monde arabe, ce qui la pousse à soutenir la stabilité des régimes en place, et donc, dans un
premier temps, à soutenir le régime de Bachar el-Assad310,311. Mais elle fait volte-face à
l'automne 2011 pour appuyer les rebelles syriens, en choisissant désormais de privilégier
l'opportunité de renverser un allié de l'Iran, son principal rival dans la région310,312,311. Le
royaume s'appuie sur les conservateurs, les officiers déserteurs, les tribus et les libéraux313,314,
il soutient les groupes armés modérés et séculiers liés à l'Armée syrienne libre, mais s'oppose
aux Frères musulmans312,314,310,315,316,317,311. Cependant, des milliers de Saoudiens partent
combattre en Syrie et de nombreux groupes insurgés de toute tendances, dont des djihadistes,
bénéficient de soutiens financiers venus d'acteurs privés, d'associations, de comités, de
personnalités politiques ou d'hommes d'affaires, parfois liés à la famille royale, qui profitent
d'un certain laisser-aller de l'État310,318,319,317. L'Arabie saoudite finit par s'inquiéter de la montée
en puissance des salafistes djihadistes, qui contestent la légitimité de la dynastie saoudienne,
et redoute qu'ils ne puissent bénéficier d'une certaine attractivité aux yeux d'une partie de la
population saoudienne, ce qui pourrait déstabiliser le royaume314,310,316,320. En mars 2013 les
départs de combattants pour la Syrie sont rendus illégaux par le Ministère de l'Intérieur dirigé
par le prince Mohammed ben Nayef Al Saoud et le gouvernement tente de reprendre le
contrôle des flux financiers à destination de la Syrie en faisant fermer certains comités non
étatiques312,310. En février 2014, le royaume saoudien classe le Front al-Nosra et l'État
islamique comme organisations terroristes et interdit tout soutien ou financement à ces
groupes312,319. Le 7 mai 2014, le roi Abdallah ben Abdelaziz Al Saoud fait également inscrire
les Frères musulmans sur la liste des organisations terroristes, mais son successeur, Salmane
ben Abdelaziz Al Saoud, se montre plus conciliant à leur égard310,321,322. À partir de 2014 ou
début 2015, avec l'affaiblissement de l'Armée syrienne libre, l'Arabie saoudite commence à
soutenir également des factions islamistes et salafistes non-djihadistes, comme Jaych al-Islam
et Ahrar al-Cham310,312,323,317. En 2015, l'Arabie saoudite, la Turquie et le Qatar se rapprochent
pour soutenir les mêmes groupes310,311. En septembre 2014, Riyad rejoint la coalition
internationale contre l'EI. Mais à partir de 2015, il concentre ses efforts au Yémen, où il
intervient militairement contre les Houthis, alliés de l'Iran, et réduit son financement aux
groupes rebelles323,312,319,324,310,317. À partir de 2016, après l'intervention militaire russe, l'Arabie
saoudite apparaît un peu plus en retrait en Syrie310,325, elle cherche notamment à nouer de
bonnes relations avec la Russie afin de l'éloigner de l'Iran310,326. Le 31 mars 2018, le prince
héritier Mohammed ben Salmane Al Saoud reconnaît pour la première fois la défaite de la
politique saoudienne en Syrie en admettant que Bachar el-Assad va rester au pouvoir327,311.
Rôle du Qatar
Articles détaillés : Relations entre l'Arabie saoudite et le Qatar et Crise du Golfe.
Hamad ben Khalifa Al Thani, émir du Qatar de 1995 à 2013.
Tamim ben Hamad Al Thani, émir du Qatar depuis 2013.
Contrairement à l'Arabie saoudite, le Qatar soutient les révolutions du Printemps arabe312.
Cependant, au début des manifestations, le Qatar est encore l'allié du régime syrien et il ne
bascule en faveur de l'opposition qu'au bout de plusieurs semaines328,329,330. Comme dans
d'autres pays, il appuie ouvertement les Frères musulmans312,315,331. Il finance de nombreux
groupes rebelles, ainsi que la Coalition nationale des forces de l'opposition et de la révolution
(CNFOR)312. Cependant, les Qataris sont écartés de la CNFOR en 2013, après l'élection
d'Ahmad Jarba, soutenu par les Saoudiens312,315. Le Qatar fait également parfois l'objet
d'accusation de soutien à des groupes salafistes djihadistes, et particulièrement au Front al-
Nosra, ce qu'il nie vigoureusement312,332,333,330. Des groupes djihadistes bénéficient cependant
de soutiens financiers venus d'acteurs privés334 et en 2014, selon le Département d'État des
États-Unis, la vigilance du Qatar est « inexistante »335.
En septembre 2014, le Qatar rejoint la coalition internationale contre l'EI. Le 19 décembre
2014, il signe un accord de défense avec la Turquie312. En 2017, une crise diplomatique
secoue les pays du Golfe après des propos conciliants attribués à l'émir du Qatar envers l'Iran,
le Hamas et le Hezbollah336,337,338,339,340,341. Bien que l'émir Tamim ben Hamad Al Thani ait
démenti avoir formulé de telles déclarations, l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis,
l'Égypte, Bahreïn, le gouvernement yéménite d'Abdrabbo Mansour Hadi, le gouvernement
libyen de Tobrouk, la Mauritanie et les Maldives annoncent le 5 juin 2017 la rupture de leurs
relations diplomatiques avec le Qatar, en l'accusant de soutenir pêle-mêle « les Houthis, [...]
les Frères musulmans, Daech et Al-Qaïda »337,338,339,342,343,344,340,341.
Rôle des Émirats arabes unis
Khalifa ben Zayed Al Nahyane, président des Émirats arabes unis depuis 2004.
Les Émirats arabes unis soutiennent l'opposition syrienne et cherchent à se protéger de l'Iran,
cependant ils mènent également une politique très active contre les islamistes, en particulier
contre les Frères musulmans, et s'opposent par conséquent au Qatar322. Proches alliés des
États-Unis, les Émirats rejoignent la coalition en 2014 et leurs forces spéciales auraient
participé à l'entraînement des combattants des Forces démocratiques syriennes322. Après
l'Intervention militaire russe, Abou Dabi adopte une ligne moins agressive envers Damas et
privilégie la mise en place d'une solution politique associant la Russie et les États-Unis322.
Rôle de la Jordanie
Abdallah II, roi de Jordanie depuis 1999.
Peu après leurs indépendances, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la Jordanie et la
Syrie entament de mauvaises relations à cause des prétentions — pas encore totalement
abandonnées — du roi Abdallah à reformer un Royaume arabe de Syrie345. Par la suite, lors de
la Guerre froide, le royaume hachémite rallie le bloc occidental, tandis que la Syrie se
rapproche du bloc soviétique345. En 1970 et 1971, les deux pays s'affrontent lors du conflit de
Septembre noir345. Après un bref apaisement, les relations redeviennent particulièrement
exécrables avec le début de l'insurrection des Frères musulmans en Syrie, pendant laquelle
Damas accuse Amman de soutenir la confrérie345. Entre 1981 et 1986, la Syrie mène alors,
parfois par le biais de groupes armés, plusieurs attentats et tentatives d'assassinats contre des
cibles jordaniennes ; jusqu'à ce que les relations entre les deux pays s'apaisent à la fin des
années 1980345. Mais en 1990, contrairement à la Syrie, la Jordanie refuse de soutenir la
guerre du Golfe contre son allié irakien, ce qui lui vaut des sanctions de la part des États-Unis
et de l'Arabie saoudite345. Puis, après la signature du traité de paix israélo-jordanien, le 26
octobre 1994, Damas rompt ses relations diplomatiques avec Amman345. Les tensions
s'apaisent cependant progressivement pendant la fin des années 1990 et au cours des années
2000 ; en avril 2010, le roi Abdallah II déclare que la relation de son pays avec la Syrie n'a
peut-être « jamais été aussi bonne »345.
Pourtant, le 14 novembre 2011, le roi Abdallah II est le premier dirigeant d'un pays arabe à
appeler Bachar el-Assad à démissionner345. La Jordanie est également touchée par des
manifestations au cours du Printemps arabe, mais dans une moindre ampleur que la Syrie345.
Le pays doit aussi accueillir rapidement plusieurs centaines de milliers de réfugiés qui vivent
dans des conditions précaires ; les répercussions économiques du conflit sont de plus en plus
lourdes, or la Jordanie dépend en grande partie d'une rente humanitaire fournie
essentiellement par les États-Unis et l'Arabie saoudite, lesquels font alors pression pour
qu'Amman s'aligne sur leur politique345. La Jordanie apporte un soutien prudent à la rébellion
mais cherche à éviter une confrontation directe avec la Syrie ; malgré les accusations et les
menaces de la part de Damas, les deux pays ne rompent pas leurs relations diplomatiques au
cours du conflit345,346.
En dépit de son souhait de privilégier une solution politique à une solution militaire, la
Jordanie apporte son soutien à l'Armée syrienne libre (ASL) et en particulier au Front du Sud,
une alliance de groupes rebelles de la région de Deraa formée en 2014345,347. Fin 2012, un
premier convoi d'armes destiné aux rebelles passe la frontière jordanienne348. Il s'agit alors
d'armes lourdes des guerres de Yougoslavie transportés à Amman par des avions croates et
conduites en Syrie par les Jordaniens348. Cette première opération est financée par l'Arabie
saoudite et se fait avec l'accord des États-Unis348. En 2013, des convois d'armes financées par
l'Arabie saoudite à destination de l'ASL continuent de franchir régulièrement la frontière sous
la supervision de la CIA et du Dairat al-Mukhabarat al-Ammah (GIP)346,349. Fin 2013, les
États-Unis installent le Military Operations Center (MOC) à Amman, une structure dirigée par
la CIA, qui avec l'aide d'experts jordaniens, saoudiens, qataris, émiratis, français et
britanniques, organise la fourniture d'armes et de salaires aux groupes rebelles jugés fiables et
entraîne militairement des milliers de rebelles en territoire jordanien348,350. Contrairement à la
Turquie, la Jordanie verrouille suffisamment sa frontière pour empêcher le passage de
djihadistes étrangers vers la Syrie et veille à ce que les équipements soient remis aux groupes
de l'Armée syrienne libre et non aux islamistes radicaux, contribuant ainsi à ce que l'ASL
demeure la force prédominante dans le sud de la Syrie348.
Cependant, à partir de 2014 et 2015, la Jordanie commence à privilégier la lutte contre l'État
islamique : elle rejoint la coalition et bombarde les djihadistes en Syrie345. En avril 2015,
Amman ferme sa frontière avec la Syrie peu de temps après la prise du poste-frontière de
Nassib par le Front du Sud et le Front al-Nosra, exaspéré par l'incapacité des rebelles à
sécuriser cette voie commerciale majeure348. Fin 2015, sous la pression de la Russie, la
Jordanie réduit son soutien au Front du Sud ; elle se rapproche également de l'Iran et rétablit
une coopération sécuritaire avec Damas345,346,325. En juillet 2017, Amman négocie avec
Washington et Moscou l'instauration d'un cessez-le-feu dans le sud de la Syrie par la mise en
place d'une « zone de désescalade »351. Mais peu après, le gouvernement américain annonce la
fermeture du MOC et l'aide financière et militaire aux rebelles s'arrête définitivement en
décembre 2017348. À l'été 2018, la Jordanie ne s'oppose pas à la reconquête du sud de la Syrie
par le régime, et espère ainsi pouvoir rouvrir le poste-frontière de Nassib et rétablir la route
commerciale avec Damas351,348.
Rôle du Liban
Articles détaillés : Guerre du Liban, Révolution du Cèdre, Conflit israélo-libanais de 2006,
Conflit libanais de 2008 et Conflit au Liban (2011-2017).
Michel Sleiman, président de la République libanaise de 2008 à 2014.
Najib Mikati, président du Conseil des ministres libanais de 2011 à 2014.
Tammam Salam, président du Conseil des ministres libanais de 2014 à 2016.
Michel Aoun, président de la République libanaise depuis 2016.
Saad Hariri, président du Conseil des ministres libanais de 2009 à 2011 et depuis
2016.
Dés leurs indépendances, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, les relations entre la Syrie
et le Liban s'avèrent difficiles, notamment par la volonté de certains nationalistes d'unifier les
deux pays et des créer une Grande Syrie345. En 1975, une guerre civile éclate au Liban,
opposant principalement des milices chrétiennes menées par les Phalanges libanaises à
l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), soutenu par diverses milices arabes
nationalistes, socialistes ou communistes352,353. Au printemps 1976, l'armée syrienne intervient
au Liban au sein d'une Force arabe de dissuasion mandatée par la Ligue arabe afin d'imposer
un cessez-le-feu352. Mais cette intervention permet également à Hafez el-Assad de placer sous
contrôle les organisations palestiniennes et de mettre le Liban sous tutelle352. Le conflit
s'achève en 1989 avec l'Accord de Taëf, qui entérine notamment l'occupation du Liban par
l'armée syrienne352.
En 2004, la Résolution 1559 du Conseil de sécurité des Nations unies impose à la Syrie de
retirer ses troupes du Liban, mais Bachar el-Assad refuse352. Cependant en 2005, l'assassinat
du premier ministre libanais Rafiq Hariri provoque la Révolution du Cèdre, où des centaines
de milliers de Libanais manifestent pour exiger le départ des troupes syriennes352. Après un
accord conclu avec l'ONU le 3 avril, l'armée syrienne se retire du Liban le 26 avril352.
Cependant, la Syrie continue d'exercer une force influence au Liban et le pays reste
profondément divisé352. Deux coalitions politiques se font alors face : l'Alliance du 8-Mars,
qui regroupe notamment le Courant patriotique libre, le Hezbollah, Amal et le PSNS, est
proche de la Syrie et de l'Iran, tandis que l'Alliance du 14-Mars, qui rassemble notamment le
Courant du futur, les Forces libanaises, les Phalanges libanaises et le Bloc national, est pro-
occidentale352,354. À plusieurs reprises des combats opposent ces milices et causent des
centaines de morts et de blessés354. Le pays connaît cependant d'autres épisodes de violences,
avec notamment un conflit au Sud entre Israël et le Hezbollah en 2006 et des affrontements au
Nord entre l'armée libanaise et les salafistes djihadistes de Fatah al-Islam en 2007355.
En mai 2011, peu après de le début de la révolution syrienne, les premiers réfugiés syriens
arrivent au Liban352. En 2015, la pays accueille 1,2 million de Syriens, alors qu'il n'est lui-
même peuplé que 4,5 millions d'habitants, dont 500 000 réfugiés palestiniens352. L'État
libanais n'ouvre pas de camp et laisse l'ONU prendre en charge les réfugiés352. L'économie
libanaise souffre aussi grandement du conflit : sa seule ouverture terrestre étant la Syrie, ses
échanges commerciaux avec son voisin, mais aussi la Jordanie et les pays du Golfe diminuent
grandement, ce qui contraint le Liban à exporter par voie maritime, ce qui est plus long et plus
onéreux352,356.
Articles détaillés : Bataille d'Aarsal, Attentats de Beyrouth du 12 novembre 2015, Offensive
du Jouroud Aarsal et Offensive du Jouroud de Qaa et Ras Baalbeck.
Le début de la guerre civile syrienne ravive également les tensions communautaires au
Liban352. L'Alliance du 8-Mars soutient le régime syrien, tandis que l'Alliance du 14-Mars
observe favorablement le début de la révolution syrienne352. Le pays connait ponctuellement
des affrontements entre milices et des attentats, notamment à Beyrouth et Tripoli, mais c'est
surtout dans la région d'Aarsal, au nord-est du pays, que les plus violents affrontements ont
lieu352. En 2013, notamment après leur défaite à la bataille de Qousseir, de nombreux rebelles
trouvent refuge dans les montagnes de la région d'Aarsal, où vivent déjà des centaines de
milliers de réfugiés352. Les djihadistes du Front al-Nosra et de l'État islamique font bientôt leur
apparition et des combats éclatent en août 2014 entre ces derniers et l'armée libanaise352.
Cependant, à l'été 2017, l'armée libanaise et le Hezbollah lancent deux offensives décisives
qui viennent à bout des djihadistes et des rebelles ; ces derniers capitulent et leurs combattants
sont évacués vers la Syrie357. À la fin de l'année 2017, des signes d'apaisement apparaissent
également entre l'Alliance du 8-Mars et l'Alliance du 14-Mars354.
Rôle d'Israël
Articles détaillés : Relations entre Israël et la Syrie et Opérations aériennes israéliennes
pendant la guerre civile syrienne.
Shimon Peres, président de l'État d'Israël de 2007 à 2014.
Reuven Rivlin, président de l'État d'Israël depuis 2014.
Benyamin Netanyahou, premier ministre d'Israël depuis 2009.
Après s'être affrontés lors de guerre des Six Jours, la guerre du Kippour et la guerre du Liban,
et malgré plusieurs tentatives des Israéliens pour obtenir un accord de paix, Israël et la Syrie
sont théoriquement toujours en guerre en 2011358. Depuis 1967, Tsahal occupe le plateau du
Golan, un territoire unilatéralement annexé en 1981 au travers de la loi du plateau du Golan.
Cette annexion est contestée par la Syrie et n'est pas reconnue par la communauté
internationale, cependant le cessez-le-feu est respecté pendant les 40 ans qui précèdent le
conflit syrien358,359,360. Lorsque la guerre civile éclate en Syrie, l'État hébreu affiche sa
neutralité, estimant que la chute du régime de Bachar el-Assad n'entraînerait pas forcément la
venue au pouvoir d'un régime plus favorable à son égard, tandis que l'afflux de combattants
islamistes et salafistes djihadistes dans la région suscite également des
inquiétudes358,361,360,362,363. Cependant, les Israéliens voient également dans ce conflit l'occasion
d'affaiblir leur ennemi principal : l'Iran, allié du régime syrien et soutien du Hezbollah et du
Hamas358,361. Ponctuellement, l'aviation israélienne mène des raids et effectue des frappes
aériennes en Syrie contre les Gardiens de la révolution islamique, le Hezbollah ou l'armée
syrienne358. Cette hostilité commune avec l'Iran marque également un rapprochement
diplomatique avec l'Arabie saoudite358,361,364. Les relations entre Israël et la Russie sont quant à
elles complexes et les premiers s'inquiètent de l'Intervention militaire russe en Syrie qui
favorise également l'Iran358. Mais en octobre 2015, les deux pays concluent un accord pour
s'informer mutuellement de leurs opérations aériennes respectives afin d'éviter les accidents365.
Les Israéliens cherchent à obtenir le soutien de la Russie afin d'empêcher l'Iran de s'implanter
davantage en Syrie366,367,363. Entre 2017 et juillet 2018, Israël fournit des armes et des salaires à
des groupes du Front du Sud et noue des liens avec des communautés du Golan afin de
contrer les milices chiites pro-iraniennes et l'État islamique348,360,363,368.
Près du plateau du Golan, Israël adopte en 2013 une politique baptisée « Bon voisin » : il
refuse d'accueillir des réfugiés syriens sur son territoire pendant toute la durée du conflit mais
fournit de l'aide humanitaire aux civils et soigne des milliers de Syriens, combattants rebelles
et civils, dans ses hôpitaux en Galilée348,360,362,369,363.
Rôle de la France
Articles détaillés : Relations entre la France et la Syrie, Opération Tamour et Opération
Chammal.
Nicolas Sarkozy, président de la République de 2007 à 2012.
Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères de 2011 à 2012.
François Hollande, président de la République de 2012 à 2017.
Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères de 2012 à 2016.
Jean-Marc Ayrault, ministre des Affaires étrangères de 2016 à 2017.
Emmanuel Macron, président de la République depuis 2017.
Jean-Yves Le Drian, ministre des Affaires étrangères depuis 2017.
Depuis l’indépendance de la Syrie en 1946, les relations de ce pays avec la France ont été
modestes sur le plan économique, denses sur le plan culturel et agitées sur plan politique et
diplomatique370,371,372,373. Après la Première Guerre mondiale, la France gagne la guerre franco-
syrienne, réprime la révolte druze et occupe le pays de 1920 à 1946 au cours de son Mandat
sur la Syrie et le Liban370. Après l'indépendance, les relations diplomatiques sont rompues en
1956 au moment de la crise du canal de Suez370. Elles sont rétablies en 1961 et demeurent
apaisées jusqu'à la guerre du Liban, où de nouvelles tensions apparaissent370. En 1982,
François Mitterrand ne réagit pas au massacre de Hama371. Les relations se réchauffent à la fin
des années 1990 avec l'arrivée au pouvoir de Jacques Chirac370,371,374. En 2003, la France et la
Syrie s'opposent ensemble à la guerre d'Irak, mais après l'invasion américaine les objectifs des
deux pays diffèrent sensiblement370. Leurs relations redeviennent exécrables en 2005 au
moment de la Révolution du Cèdre au Liban, après l'assassinat de Rafiq Hariri, ami proche de
Jacques Chirac371,375. Nicolas Sarkozy fait volte-face aussitôt élu en 2007 et il rétablit le
dialogue avec Damas, mais ses espérances sont également déçues370,371,374.
La France se montre assez hésitante au début de la crise syrienne370,371. Le 23 mars 2011, le
ministère des Affaires étrangères français appelle le gouvernement syrien à « renoncer à tout
usage excessif de la force », il condamne « les violences qui font des morts et des blessés » et
invite le président Bachar el-Assad à engager des réformes politiques376. Le 6 juin 2011, le
ministre Alain Juppé déclare que Bachar el-Assad « a perdu sa légitimité à la tête de la
Syrie »374. Puis, le 18 août 2011, le gouvernement français condamne définitivement le régime
syrien et appelle à son départ370. Peu après, la France apporte son soutien à l'opposition370. Le
17 novembre 2011, elle rappelle son ambassadeur français en Syrie, Éric Chevallier, à Paris et
ferme les consulats généraux d'Alep et de Lattaquié377. Élu en 2012, François Hollande
continue de soutenir l'opposition syrienne378. En août 2012, le ministre français des Affaires
étrangères, Laurent Fabius, déclare que « Bachar el-Assad ne mériterait pas d’être sur la
terre » et que « le régime syrien devait être abattu et rapidement »379.
Fin 2012, la France commence à fournir des armes et de l'équipement à des groupes de
l'Armée syrienne libre, mais en quantité modeste370,380,381. Ces livraisons sont effectuées par la
DGSE malgré l'embargo sur les armes imposé par l'Union européenne381. L'embargo est
cependant levé le 27 mai 2013382, notamment après les réclamations de la France383.
En août 2013, après le massacre de la Ghouta, la France est prête à intervenir militairement
contre le régime syrien, mais elle se retrouve isolée après la volte-face des Américains et des
Britanniques, et est contrainte de renoncer370,384,385,386,387.
En août 2014, la France intègre la coalition internationale qui lance une campagne de frappes
aériennes contre l'État islamique en Irak et en Syrie. Au sein de cette coalition, elle lance
l'opération Chammal en Irak le 19 septembre 2014, puis en Syrie à partir du 27 septembre
2015388,389. En 2016, des forces spéciales françaises sont engagées en Syrie aux côtés des
Forces démocratiques syriennes390,391,392. La France tient alors une position « ni Assad ni
Daech »370,393,394. Cependant, à partir de 2015, elle est frappée sur son sol par plusieurs
attentats djihadistes, notamment les attentats du 13 novembre 2015, qui sont les plus
meurtriers et les premiers directement revendiqués en Europe par l'État islamique395. La lutte
contre cette organisation devient alors la priorité du gouvernement français395,393. Arrivé au
pouvoir en 2017, Emmanuel Macron conserve cette ligne396,397 : il réaffirme son soutien à
l'opposition syrienne398,399 mais change de rhétorique en affirmant ouvertement ne pas vouloir
faire de « la destitution de Bachar el-Assad une condition préalable à des
discussions »400,401,402,396,403,404. Il déclare : « Daech est notre ennemi, Bachar est l'ennemi du
peuple syrien », tout en estimant que son maintien au pouvoir serait une « erreur
funeste »400,401,402,396,405,403,404.
Le 14 avril 2018, la France prend part aux côtés des États-Unis et du Royaume-Uni aux
bombardements de Barzé et de Him Shinshar, menés en représailles à l'attaque chimique de
Douma406.
Rôle de l'Égypte
Hosni Moubarak, président de la République arabe d'Égypte de 1981 à 2011.
Mohamed Morsi, président de la République arabe d'Égypte de 2012 à 2013.
Abdel Fattah al-Sissi, président de la République arabe d'Égypte depuis 2013.
En février 2012, le chef de la diplomatie égyptienne Mohamed Kamel Amr se prononce pour
un règlement pacifique du conflit syrien, une prise en compte des exigences du peuple et une
cessation immédiate des violences dans le pays, rejetant toute ingérence extérieure407,408. En
septembre 2012, le président égyptien Mohamed Morsi affirme qu'« il ne faut pas perdre de
temps à parler de réforme » et que le président Bachar el-Assad « ne sera pas là pour
longtemps »409, ce à quoi réagit le ministère des affaires étrangères syrien en accusant l'Égypte
d'ingérence410 ; mais le même mois, Morsi s'oppose, devant l'Assemblée générale de l'ONU, à
une intervention militaire étrangère411. Il annonce finalement en juin 2013 avoir rompu
« définitivement » les relations avec le régime en place en Syrie412. Cependant, Mohamed
Morsi est renversé le 3 juillet 2013 par un coup d'État mené par l'armée qui porte le maréchal
Abdel Fattah al-Sissi au pouvoir. Le coup d'État est condamné par la Turquie et le Qatar, mais
est approuvé par l'Arabie saoudite413. Le 3 octobre 2015, le ministre égyptien des Affaires
étrangères Sameh Choukry salue la campagne de bombardements russes en Syrie qui va,
d'après lui, « avoir pour effet de contenir et éradiquer le terrorisme » dans le pays. Ces propos
témoignent, pour Le Monde, « du réchauffement des relations entre Le Caire et Moscou »,
alors que l'Égypte s'était « jusque-là efforcée de ne pas soutenir publiquement Bachar Al-
Assad pour ne pas froisser l’un de ses principaux alliés, l’Arabie saoudite »414. Mais en
novembre 2016, al-Sissi choisit de défier ses partenaires du Golfe et officialise son soutien au
régime de Bachar el-Assad415. Des médias arabes avancent alors que des conseillers militaires
égyptiens auraient été envoyés en Syrie415.
Autres pays
En Palestine, le Hamas, allié de longue date de l'Iran, du régime syrien et du Hezbollah, revoit
radicalement sa position en se rangeant du côté des rebelles syriens à partir de
2012416,417,418,419,420,421. Téhéran réduit alors son aide au Hamas, cependant ce dernier finit par
délaisser la Syrie et renoue avec l'Iran en 2017422.
Le roi sunnite de Bahreïn Hamed ben Issa al-Khalifa, qui vient de réprimer la contestation
massive dans son propre pays, apporte son soutien au gouvernement syrien423. Néanmoins, le
royaume a rapidement changé de position pour s'aligner sur celles des autres monarchies du
Golfe424,425 et fait même partie des Amis de la Syrie426, qui regroupe tous les États soutenant
l'opposition syrienne. En avril 2017, Bahreïn a félicité le bombardement d'une base aérienne
de l'armée syrienne par le président américain Donald Trump427,428.
La Chine s'aligne sur les positions russes en espérant tout simplement obtenir en retour un
soutien de Moscou lorsque les intérêts chinois sont également menacés, notamment en cas de
volonté d'ingérence occidentale dans ses affaires intérieures (par exemple au Tibet, ou dans le
Xinjiang)216 et par peur de la contagion de telles révoltes populaires429.
Le président vénézuélien, Hugo Chávez, a apporté son soutien à son « ami » Bachar el-Assad,
et l'a décrit comme « un humaniste »430. Après la mort de Chavez, le gouvernement
vénézuélien fait le choix de se déclarer neutre en ce qui concerne la suite de la guerre civile
syrienne, ne soutenant plus ni Bachar el-Assad, ni la rébellion et, se rangeant derrière l'ONU
et la Ligue Arabe, recommande des élections démocratiques[réf. nécessaire].
D'autres pays, comme le Brésil, soutiennent une position en faveur du dialogue avec le
gouvernement du président Bachar el-Assad431. La Bolivie soutient une solution pacifique
sans intervention étrangère432.
L'Inde et la Corée du Nord sont favorables à une résolution du conflit par un dialogue entre
Syriens. Le Bangladesh s'aligne sur la position de la fédération de Russie433.
Le Vatican a plusieurs fois appelé à l'arrêt des violences en interpellant aussi bien les parties
impliquées que la communauté internationale ainsi que les leaders religieux et les croyants
des différentes religions434,435,436,437,438.
En novembre 2013, le Jerusalem Post indique que des pilotes d'hélicoptères nord-coréens
opèrent en Syrie « pour le compte du régime de Bachar el-Assad », information corroborée
selon le journal par l'Observatoire syrien des droits de l'homme. Mais la Corée du Nord
dément apporter une quelconque aide militaire au gouvernement syrien de Bachar el-Assad,
avec lequel elle entretient des relations de longue date439. Le 24 mars 2016 à Genève, Asaad
Al-Zoubi, un responsable du Haut Conseil des négociations (HCN), la principale alliance de
l’opposition, accuse la Corée du Nord d'avoir déployée deux unités militaires en Syrie,
appelées « Cholma-1 » et « Cholma-7 »440,441. Le 2 février 2018, un rapport de l'ONU accuse
la Corée du Nord d'avoir livré du matériel militaire au régime syrien442.
Rôle de la Ligue arabe
Après une période d'indécision, plusieurs capitales arabes condamnent finalement le pouvoir
syrien, se joignant aux pays occidentaux pour provoquer, le 22 août 2011, une session
spéciale du Conseil des droits de l'homme de l'ONU443,444.
Le 12 novembre 2011, la Ligue arabe (sauf l'Irak et le Liban) vote la « suspension de
l'adhésion de la Syrie à toutes ses réunions » à compter du 16 novembre et prône des
« sanctions politiques et économiques » contre le pouvoir syrien445. Le 7 mai 2012, les chefs
de tribus se rencontrent à une conférence au Caire pour annoncer leur soutien à l'Armée
syrienne libre et aux révolutionnaires en Syrie ; à la fin de la conférence les chefs de tribus
arabes en Syrie annoncent la fondation d'un conseil politique, où toutes les tribus de Syrie
sont représentées. Le 15 août 2012, le sommet islamique de La Mecque (Arabie saoudite)
prononce la suspension de la Syrie de l'Organisation de la coopération islamique.
Rôle de l'Union européenne
Dès le mois de mars 2011, l'Union européenne (de concert avec le Canada, et les États-Unis) a
condamné les violences446,447,448.
L'Union européenne a pris des sanctions à plusieurs reprises contre la Syrie. Tout au long du
mois d'août 2011, Catherine Ashton, chef de la diplomatie européenne, a annoncé une série de
sanctions contre la Syrie. Une vingtaine de personnes faisant partie du gouvernement syrien
ont été interdites de visa et ont vu leurs avoirs gelés. Cinq entreprises militaires impliquées
dans les violences sont interdites de relations commerciales. Un embargo de l'UE sur les
exportations de pétrole syriennes est également instauré449,450,451. Plusieurs États de l'UE
rappellent leurs ambassadeurs à Damas.
Rôle des Nations unies
Ban Ki-moon, secrétaire général des Nations unies de 2007 à 2016.
António Guterres, secrétaire général des Nations unies, depuis 2016.
Kofi Annan, émissaire spécial de l'ONU pour la Syrie en 2012.
Lakhdar Brahimi, émissaire spécial de l'ONU pour la Syrie, de 2012 à 2014.
Staffan de Mistura, émissaire spécial de l'ONU pour la Syrie, depuis 2014.
Les 7, 20 et 31 juillet 2011, le secrétaire général Ban Ki-moon appelle à mettre un terme à la
répression452,453,454.
Le 3 août 2011, le Conseil de sécurité condamne la répression menée par les autorités
syriennes455, ainsi que les « violations généralisées des droits de l'homme et l'emploi de la
force contre des civils » par les autorités syriennes456.
Le 5 août 2011, des experts de l'ONU exhortent la Syrie à cesser la répression contre les
civils457.
Le 5 octobre 2011, puis le 4 février 2012, la Chine et la Russie opposent par deux fois leur
veto à une résolution de l'ONU condamnant la répression en Syrie458,459.
En février 2012, alors que plusieurs villes sont bombardées par l'armée syrienne, Ban Ki-
moon, déclare que la répression contre les opposants est « presque certainement un crime
contre l'humanité »460.
Le 23 février 2012, Kofi Annan est nommé émissaire conjoint de l'Organisation des Nations
unies et de la Ligue arabe sur la crise en Syrie461. Il démissionnera en juillet 2012, face à la
mésentente entre les 5 membres permanents du conseil.
Le 20 mars 2012, Ban Ki-moon déclare, lors d'une conférence de presse à Bogor, que « La
situation en Syrie est devenue intolérable et inacceptable ». Il ajoute que « La communauté
internationale doit s'unir. Ce n'est pas parce que nous ne sommes pas capables d'avoir une
résolution à l'ONU qu'il faut que la souffrance de la population syrienne continue. Il s'agit de
la responsabilité morale et politique de la communauté internationale »462.
Fin mai 2012, le massacre de Houla suscite une condamnation unanime du régime de Damas
par le conseil de sécurité, cependant Russie et Chine maintiennent leur veto face aux projets
de résolution du Conseil de sécurité contre le régime syrien.
Le 3 août 2012, le secrétaire général de l'Organisation des Nations unies Ban Ki-moon
dénonce une « guerre par procuration entre grandes puissances463. »
Le 15 août 2012, une commission d'enquête des Nations unies conclut que les forces
gouvernementales syriennes et les milices chabihas ont commis des crimes de guerre et des
crimes contre l'humanité, notamment des meurtres et des actes de torture464; elle incrimine
également les insurgés, quoiqu'à un degré moindre.
Déroulement du conflit
Prélude
Article détaillé : Printemps arabe.
En décembre 2010, des manifestations de masse contre le gouvernement en place se déroulent
en Tunisie, puis s'étendent au monde arabe jusqu'à la Syrie. En janvier 2011, Ben Ali est
renversé en Tunisie, suivi en février par Hosni Moubarak en Égypte, tandis que la Libye
sombre dans la guerre civile. La plupart des pays arabes traversent une phase d'agitation et
certains tentent de calmer la colère populaire en acceptant des concessions et en procédant à
des aménagements politiques.
Alors que le printemps arabe s'étend en 2011 à tout le monde arabe, le gouvernement syrien
prend des mesures de prévention et de répression, assorties de tentatives d'apaisement.
Plusieurs appels à manifester sont lancés à partir du 4 février465, mais les services de
renseignements et les moukhabarat répriment ces manifestations. La Syrie garde en mémoire
l'insurrection des Frères musulmans et sa répression sans réaction internationale par Hafez el-
Assad qui s'était achevée en 1982 avec le révolte de Hama (10 000 à 40 000 morts, en
majorité des civils)466,467,468.
Suivant l'exemple des « révolutions colorées », des appels à manifester sont lancés sur
Facebook, invitant les Syriens à se mobiliser les 4 et 5 février, notamment devant le siège du
parlement à Damas. L'appel n'est pas suivi, en raison notamment de l'important dispositif de
sécurité, des intimidations des forces de sécurité et de l'arrestation des principaux
organisateurs469,470. Le 8 février 2011, le pouvoir rétablit l'accès à Facebook et YouTube
pensant apaiser d'éventuelles tensions471. Cependant, ce geste n'est pas interprété de la même
manière par tous les médias. D'après Télérama et le Huffington Post, il s'agirait d'un moyen
pour mieux repérer les activistes472,473. En outre, ce point de vue est partagé par Kenneth Roth,
directeur exécutif de Human Rights Watch, qui estime que « les médias sociaux peuvent
également être un outil de surveillance et de répression de l'opposition »474. Dans le même
temps, le pouvoir multiplie également les mesures sécuritaires : renforcement des écoutes,
plan de rupture des moyens de communications pour isoler des régions ou des villes du reste
du pays, ordre donné aux moukhabarats de réprimer fermement toute agitation, interdiction de
messagerie instantanée et de Skype, nombreuses arrestations préventives ou non, comme
celles d’enfants tagueurs475,476.
Le 17 février 2011, le gouvernement annonce des mesures sociales prévoyant la baisse de
taxes sur les produits alimentaires de première nécessité, l'augmentation des subventions pour
le fioul et la création d'un fonds social qui aidera 420 000 personnes en difficultés477,475.
D’autres augmentations de prix et l’instauration de la TVA sont reportées ; le gouvernement
annonce également le recrutement de 67 000 fonctionnaires, multiplie les rencontres avec des
représentants de la société civile et des dignitaires religieux475. Des dizaines de fonctionnaires
corrompus sont mutés ou renvoyés475. Le gouvernement apporte son soutien diplomatique,
mais aussi matériel, et envoie des renforts en Libye soutenir le colonel Kadhafi, en manière
d’avertissement sur ses intentions en cas de révolte478. Le 17 février 2011, les violences
policières contre un commerçant entraînent le soulèvement d'un quartier de Damas479,480. Le 7
mars 2011, 13 prisonniers politiques entament une grève de la faim481.
2011 : Du printemps arabe à la guerre civile
Carte montrant le statut des manifestations de la mi-avril 2011 qui ont mené à la guerre civile.
En rouge : manifestations pacifistes.
En bleu : manifestations ayant fait des victimes.
Article détaillé : Manifestations de Deraa.
En février 2011, quelques jours après la chute de Zine el-Abidine Ben Ali en Tunisie et celle
d'Hosni Moubarak en Égypte, un groupe d'une quinzaine ou d'une vingtaine d'adolescents
inscrit sur les murs d'une école de Deraa le slogan « Jay alek el door ya doctor » (« Ton tour
arrive, docteur»)482,483,484,485,486,487,488. Ces mots visent alors directement le président syrien
Bachar el-Assad, ancien ophtalmologue483. La plupart des jeunes sont très rapidement arrêtés
par les services de renseignement et torturés pendant plusieurs semaines485,486,487. Une
délégation venue solliciter la libération des enfants est insultée par Atef Najib, cousin de
Bachar el-Assad et chef de la branche locale de la Sécurité politique qui aurait déclaré :
« Oubliez vos enfants et allez retrouver vos femmes. Elles vous en donneront d'autres. Et puis,
si vous n'êtes pas capables de leur faire des enfants, amenez-nous vos femmes. On le fera pour
vous »485. Ces paroles se répandent alors à Deraa comme une traînée de poudre et scandalisent
les habitants485. Le 15 mars, un premier rassemblent a lieu devant le Palais de justice de
Deraa483,485. Une seconde manifestation de bien plus grande ampleur, baptisée le « vendredi de
la liberté », suit le 18 mars, mais cette fois la police tire sur la foule, faisant deux morts et de
nombreux blessés485,483,484. Le 20 mars, pour tenter d'apaiser la situation, le régime fait libérer
la plupart des adolescents arrêtés, mais les traces de tortures sur leurs corps et leurs visages
ravivent la colère des habitants de Deraa485,487,484,488,487,486. Des milliers de manifestants
incendient le Palais de justice et tiennent un sit-in à la mosquée al-Omari484. Le soir du 22
mars, la police donne l'assaut484. La situation devient alors insurrectionnelle : les forces de
l'ordre tirent à balles réelles et entre 51 et 100 manifestants sont tués en 24 heures484,489,490. Le
24 mars, la mosquée al-Omari est sous le contrôle des forces de sécurité, mais le mouvement
de contestation se poursuit484,491. Au total, entre 70 et 130 personnes ont été tuées à Deraa au
cours de la répression des manifestations de mars492.
Manifestation de l'opposition à Douma, le 8 avril 2011. Les manifestants ont d'abord utilisé
les drapeaux nationaux avant de revenir à l’ancien drapeau de la Syrie.
Les violences se concentrent alors essentiellement à Deraa, mais l'agitation commence à
gagner d'autres villes, surtout Damas, Banias et Homs493,489,494,465. Le 15 mars, une première
manifestation de quelques dizaines de personnes a brièvement lieu dans un souk de
Damas495,485,490. Le lendemain, environ 150 personnes, pour la plupart des militants des droits
de l'homme et des proches de prisonniers politiques, manifestent près du ministère de
l'Intérieur à Damas, pour demander la libération des détenus politiques, mais les participants
sont violemment dispersés par la police et 34 personnes sont arrêtées496,494,497. D'autres
manifestations ont lieu le 18 mars à Damas et Banias498,494,497 et le 25 mars à Damas, Douma et
Hama491,499. Les 26 et 27 mars, des violences secouent Lattaquié, faisant au moins 15 morts et
185 blessés498,492,500,501. Les manifestants réclament alors fin de l'état d’urgence, la libération
des prisonniers politiques, la fin de la corruption et des réformes démocratiques493,492. Mais les
revendications se durcissent rapidement : à partir de fin mars et d'avril, les protestataires
réclament le départ de Bachar el-Assad et s'attaquent aux symboles du pouvoir502,503. Les
manifestations ont un caractère tribal et confessionnel limité : ainsi, la croix et le croissant
sont brandis au sein de la mosquée des Omeyyades à Damas489.
Le 24 mars au soir, le gouvernement syrien déclare que tous protestataires arrêtés depuis le
début des manifestations ont été libérés504. Une conseillère du président juge même les
revendications des manifestants « légitimes »504. Le 29 mars, le premier ministre Mohammed
Naji al-Otari démissionne492. Le même jour, une manifestation pro-régime rassemblant des
dizaines de milliers de personnes est organisée par le gouvernement à Damas505,506. Le 30
mars, le président Bachar el-Assad s'exprime pour la première fois depuis le début des
manifestations : dans un discours au parlement, il accuse une « minorité » de tenter de semer
le chaos à Deraa, évoque une « conspiration » d'Israël, des États-Unis et de l'étranger et assure
que son gouvernement poursuit ses réformes pour renforcer l'unité nationale, la lutte contre la
corruption et la création des emplois, mais sans annoncer de mesures précises507,508,509. Le 19
avril, le gouvernement syrien annonce la levée de l'état d'urgence, en vigueur depuis 1963, et
abolit la Cour de sûreté de l'État, un tribunal d'exception510. Le régime effectue également
quelques concessions socio-économiques511.
Mars 2013
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Articles détaillés : Siège de la base aérienne de Taftanaz, Bataille d'Al-Chaddadeh (2013),
Bataille de Yaaroubiyé (février-mars 2013) et Bataille de Raqqa (2013).
Au début de l'année 2013, les rebelles poursuivent leur avancée dans le nord de la Syrie. Le
11 janvier 2013, dans le gouvernorat d'Idleb, la base aérienne de Taftanaz, la plus grande du
nord du pays, est prise par le Front al-Nosra, Ahrar al-Cham et l'Armée syrienne libre après
deux mois d'assaut657,658. Près du Lac el-Assad, entre Alep et Raqqa, les rebelles prennent la
ville de Tabqa le 11 février, puis l'aéroport d'Al-Jirah le 12659. Le 14 février, le Front al-Nosra
s'empare de la ville d'Al-Chaddadeh, au sud d'Hassaké, après deux jours de combats et la mort
d'une centaine de soldats syriens660. Début mars, le Front al-Nosra prend la ville de
Yaaroubiyé (en), ainsi que son poste-frontière avec l'Irak661. Enfin le 6 mars, après trois jours
de combats et plus d'une centaine de morts, la ville de Raqqa est prise par les forces d'Ahrar
al-Cham, du Front de libération de Raqqa et du Front al-Nosra ; Raqqa est la première capitale
d'un gouvernorat à tomber aux mains de la rébellion depuis le début du conflit662,663,664.
Le 9 avril 2013, l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL) apparaît en Syrie. Sa formation
trouve son origine dans l'annonce faite par Abou Bakr al-Baghdadi de fusionner son groupe,
l'État islamique d'Irak, avec le Front al-Nosra, dirigé par Abou Mohammed al-Joulani.
Cependant, la question divise le Front al-Nosra : Abou Mohammed al-Joulani et une partie ses
troupes refusent la fusion, tandis que d'autres djihadistes prêtent allégeance à Abou Bakr al-
Baghdadi24,665. L'État islamique en Irak et au Levant commence alors à s'implanter à Raqqa
peu de temps après la chute de la ville, avant de prendre progressivement l'ascendant avec des
assassinats et des affrontements ponctuels contre d'autres groupes rebelles664.
Articles détaillés : Bataille de la Ghouta orientale et Bataille de Qousseir (2013).
Cependant, si les rebelles continent de progresser au nord de la Syrie, les loyalistes regagnent
du terrain sur les fronts de Damas et de Homs, notamment avec l'intensification à partir de
février de l'intervention militaire de la milice libanaise chiite du Hezbollah666. À Damas, une
offensive menée par l'armée à l'est de la capitale permet au régime d'encercler les rebelles
dans la Ghouta orientale le 7 avril667,499. Près de Homs, le Hezbollah et l'armée syrienne
avancent vers la ville stratégique de Qousseir, à la frontière avec le Liban666,668,669,670,671. Le 18
avril, après des semaines de combat, les rebelles remportent un succès en capturant la base
aérienne de Dabaa près de Qousseir672. Mais le 19 mai, le Hezbollah et les forces du régime
syrien sont aux portes de la ville. Les combats durent environ deux semaines et les rebelles
subissent de très lourdes pertes ; environ 500 morts et un millier de blessés. Le 29 mai, la base
de Debaa est reprise par les loyalistes. Le 5 juin, les rebelles se retirent de Qousseir qui est
entièrement reconquise par le régime syrien673,674,675.
Article détaillé : Siège de Homs.
À Homs, de violents combats permettent à l'armée loyaliste de reconquérir la quasi-totalité de
la ville entre juin et juillet676. Seule la vieille ville reste encerclée. Le gouvernement autorisera
la fuite des femmes et des enfants en janvier 2014677. Le 23 juin, Tell Kalakh, capitale de
district du gouvernorat de Homs, à 4 km de la frontière nord du Liban, ville sous contrôle
rebelle depuis deux ans, change d'allégeance et passe sous le contrôle du gouvernement
syrien, sans combat678. Le 28 juin, les forces gouvernementales lancent leur septième
offensive sur les quartiers rebelles de Homs. Les 5 000 soldats syriens et miliciens du
Hezbollah, appuyés par de lourds bombardements aériens, progressent rapidement dans la
ville.
Article détaillé : Massacre d'al-Bayda et de Baniyas.
À l'ouest de la Syrie, dans le gouvernorat de Tartous, majoritairement alaouite et pro-
gouvernemental, l'armée syrienne et les Forces de défense nationale attaquent le 2 mai les
rebelles dans l'îlot sunnite d'al-Bayda. Les forces de l'opposition sont chassées de la zone mais
après leur victoire, les loyalistes commettent des massacres à al-Bayda et dans le quartier de
Ras al-Nabaa, à Banias. Au moins 248 à 450 civils sont tués, dont des femmes et des
enfants679,680.
Article détaillé : Siège de l'aéroport de Menagh.
Dans la région d'Alep, les rebelles continuent d'avancer au cours de l'été. Le 22 juillet, ils
s'emparent de Khan al-Assal, à l'ouest d'Alep, après plusieurs mois de combats et des
centaines de morts dans les deux camps681,682,683,684. Le 6 août, la base aérienne de Menagh
tombe aux mains de rebelles, après un siège d'un an685. Le 26 août, les rebelles prennent
Khanasser, au sud-est d'Alep, et coupent la ligne de ravitaillement des loyalistes à l'intérieur
d'Alep686.
Article détaillé : Massacres de Barouda.
Dans le gouvernorat de Lattaquié, une offensive est lancée le 4 août par l'État islamique en
Irak et au Levant, le Front al-Nosra, Jaych al-Mouhajirine wal-Ansar et Ahrar al-Cham. Elle
est repoussée par les loyalistes le 18 août, mais pendant les combats 67 à 190 civils alaouites
sont massacrés par les djihadistes687,688.
Article détaillé : Massacre de la Ghouta.
Articles détaillés : Bataille de Raqqa (2014) et Bataille de Jarablous (2014).
Des combattants de l'État islamique lors d'un défilé à Raqqa, le 30 juin 2014.
L'année 2014 marque le début des conquêtes de l'État islamique en Syrie et sa rupture
complète avec la rébellion syrienne. L'assassinat le 1er janvier 2014 d'un commandant d'Ahrar
al-Cham par des djihadistes de l'État islamique en Irak et au Levant déclenche deux jours plus
tard un conflit général entre l'organisation djihadiste et les rebelles734,735. Exaspérés par la
radicalité, les assassinats et les ambitions expansionnistes de l'EIIL, les rebelles du Front
islamique, du Front révolutionnaire syrien et de l'Armée des Moudjahidines passent à
l'offensive le 3 janvier, suivis quelques jours plus tard même par les djihadistes du Front al-
Nosra736,737,738,719. Dans l'ouest du gouvernorat d'Alep et le gouvernorat d'Idleb, les rebelles ont
l'avantage : l'EIIL est chassé d'Alep le 8 janvier, puis de Tall Rifaat le 14, avant d'abandonner
Azaz, Marea et la base aérienne de Menagh le 28 février ; les djihadistes perdent également
début février la plus grande partie du gouvernorat de Deir ez-Zor739,740,719,741. En revanche,
l'État islamique prend l'ascendant dans le gouvernorat de Raqqa et l'est du gouvernorat
d'Alep : les rebelles sont repoussés à Tall Abyad le 12 janvier, à Raqqa le 13 et à Jarablous le
17 ; Manbij et Al-Bab passent également sous le contrôle de l'EIIL741,742,719,742,743,724. Selon
l'OSDH, le bilan des combats livrés du 3 au 16 janvier est d'au moins 608 rebelles tués (dont
99 prisonniers exécutés), 312 combattants de l'EIIL tués (dont 56 prisonniers exécutés) et 130
civils (dont 21 exécutés par l'EIIL)744. Au 28 février, le bilan passe à plus de 3 300 tués dans
les deux camps741. Parmi les morts figure notamment Haji Bakr, un des chefs majeurs de
l'EIIL, tué par les rebelles à Tall Rifaat745,746.
Articles détaillés : Embuscade d'Otaybah, Bataille de Yabroud et Bataille de Rankous.
De leurs côtés, les loyalistes remportent des succès dans le sud du pays. Au début de l'année
2014, plusieurs accords de cessez-le-feu sont conclus avec des groupes rebelles dans plusieurs
villes et quartiers aux alentours de Damas747,748. Le 26 février 2014, à l'est de la capitale, entre
150 et 200 hommes du Front al-Nosra et de Jaych al-Islam sont tués dans une embuscade
particulièrement meurtrière tendue par les hommes du Hezbollah749. Puis, en mars 2014,
l'armée syrienne et le Hezbollah passent à l'offensive dans les montagnes du Qalamoun, près
de la frontière avec le Liban. Les loyalistes avancent rapidement et prennent Zara le 8 mars,
puis Yabroud le 16 mars750, le Krak des Chevaliers le 20 mars751, Rankous le 9 avril752 et la
ville chrétienne de Maaloula le 14 avril753. Une partie des forces rebelles se replie au Liban754.
En mars 2014, à l'extrême sud du pays, dans le gouvernorat de Deraa, 55 brigades et
30 000 combattants liés à l'Armée syrienne libre se réunissent dans une coalition appelée le
Front du Sud. L'extrême sud syrien est à cette période la seule zone du pays où l'Armée
syrienne libre demeure la force rebelle dominante347,755,756. Le 19 mars 2014, cette coalition
remporte une première victoire en s'emparant de la prison de Daraa et en libérant des
centaines de prisonniers. Puis vers la fin du mois d'août 2014, elle mène une offensive avec le
Front al-Nosra dans le gouvernorat de Deraa et le gouvernorat de Kuneitra qui lui permet de
conquièrir du terrain sur les forces loyalistes757,758. Le 27 août, les rebelles reprennent le
passage de Kuneitra759. Le 9 novembre, le Front du Sud s'empare de la ville de Nawa760.
Article détaillé : Bataille de Kessab.
Au nord-ouest de la Syrie, les rebelles, issus principalement du Front al-Nosra, d'Ahrar al-
Cham, d'Ansar al-Cham et du Harakat Cham al-Islam, lancent en mars une offensive contre la
ville portuaire de Lattaquié761,762. Pour faciliter l'entreprise, la Turquie laisse les groupes
rebelles et djihadistes traverser son territoire dans la province de Hatay763. Le 21 mars, les
assaillants prennent Kessab, une petite ville située sur la frontière dont la population est à
majorité arménienne763. Les habitants prennent la fuite, tandis que les maisons et les églises
sont pillées764,765. Mais les forces du régime contre-attaquent et reprennent la ville le 15 juin766.
Après trois mois de combats et plusieurs centaines de morts de part et d'autre, l'offensive
rebelle se solde par un échec766,767.
Article détaillé : Siège de Homs.
Le 4 mai 2014, le siège de la Vieille ville de Homs s'achève, mettant fin à deux années de
combats dans le centre historique de cette ville. Les dernières forces rebelles capitulent contre
la promesse de pouvoir évacuer la ville avec armes et bagages. Le 7 mai, 2 000 à
2 500 rebelles et civils sont évacués vers le nord, dans des zones tenues par l'opposition et le 9
mai, le régime syrien peut reprendre le contrôle du Vieux Homs. Cependant, les rebelles
continuent de tenir le quartier de Waer768,769,770,771,772,773,774.
Article détaillé : Élection présidentielle syrienne de 2014.
Fort de ses succès militaires, le régime annonce, le 21 avril, la tenue d'une élection
présidentielle pour la date du 3 juin. Condamnée comme une « parodie de démocratie » par
les alliés occidentaux de l'opposition syrienne, cette dernière aboutit sans surprise à la
réélection de Bachar el-Assad avec plus de 88 % des voix. Jusqu'à présent, les Assad avaient
été élus par référendum. La nouvelle constitution syrienne, approuvée en 2012, donne
cependant la possibilité à plusieurs candidats de se présenter775,776,777.
Article détaillé : Deuxième guerre civile irakienne.
Djihadiste de l'État islamique en Irak et au Levant dans une vidéo de propagande en 2014.
Au cours de l'année 2014, le conflit en Syrie prend une nouvelle dimension avec l'essor de
l'organisation djihadiste de l'État islamique. Le 6 juin 2014, l'État islamique en Irak et au
Levant mène une vaste offensive en Irak qui lui permet de s'emparer en seulement quelques
jours de plusieurs villes dans les territoires sunnites du nord et de l'est du pays. Le 29 juin
2014, l'EIIL change de nom pour devenir officiellement l'« État islamique » (EI) ; il annonce
le rétablissement du « califat » et proclame son chef, Abou Bakr al-Baghdadi, calife sous le
nom d'Ibrahim778. L'influence de l'EI va alors s'étendre à plusieurs pays du monde musulman
avec le ralliement de nombreux groupes djihadistes, tandis des dizaines de milliers de
volontaires commencent à affluer de tous les continents pour combattre dans les rangs du
nouveau « califat »179,28,779.
Articles détaillés : Bataille de Markada, Bataille de Boukamal (2014), Offensive de Deir ez-
Zor (2014), Massacres de Ghraneidj et d'al-Keshkeyyi et Bataille de Deir ez-Zor.
Au printemps et à l'été 2014, les combats se poursuivent dans l'est de la Syrie entre les
rebelles et l'État islamique en Irak et au Levant. Le 31 mars, l'EIIL chasse le Front al-Nosra de
la ville de Markada, dans le gouvernorat d'Hassaké, après dix jours de combats et au moins
120 morts767,780. Le 10 avril, il attaque Boukamal, sur la frontière irakienne, mais est
repoussé781. Le 30 avril, l'EIIL lance depuis Raqqa une offensive générale contre le
gouvernorat de Deir ez-Zor782,783. Les affrontements pour le contrôle du gouvernorat durent
plus de deux mois et font des centaines de morts de chaque côté, mais l'État islamique prend
l'avantage783 : le 25 juin, la ville de Boukamal passe sous son contrôle après le ralliement du
chef local d'al-Nosra784 ; le 3 juillet, les troupes du « califat » prennent Mayadine et le champ
pétrolier d'al-Amr785,786. Finalement le 14 juillet, le Front al-Nosra et Ahrar al-Cham
abandonnent leurs positions dans la ville de Deir ez-Zor ; certains de leurs combattants
rejoignent les rangs de l'État islamique, les autres se retirent de la région787. Le gouvernorat de
Deir ez-Zor est alors contrôlé de 95 à 98 % par l'État islamique ; seule la partie ouest de la
ville de Deir ez-Zor reste tenue par les loyalistes787. Début août cependant, la tribu des Al-
Cheitaat se révolte contre les nouveaux maîtres de la région ; les djihadistes répliquent
brutalement en massacrant près d'un millier de personnes en deux semaines, dont une grande
majorité de civils788,789,790. Les djihadistes poursuivent ensuite le siège de la ville de Deir ez-
Zor, contrôlée pour moitié par les loyalistes : le 3 décembre, ils lancent un assaut contre
l'aéroport, mais ils sont repoussés au bout de quatre jours, après avoir perdu plus d'une
centaine d'hommes791.
Articles détaillés : Bataille d'Al-Chaer, Bataille de la Division-17 et Bataille de Tabqa (2014).
En juillet en août, parallèlement aux combats à Deir ez-Zor, l'État islamique inflige également
d'importants revers aux forces du régime syrien dans le centre du pays. Le 17 juillet, les
djihadistes commencent par prendre le champ gazier d'al-Chaer, près de Palmyre, où ils tuent
près de 300 personnes, dont la plupart sont exécutées par balles792. Les loyalistes parviennent
à reprendre al-Chaer le 26 juillet793 ; mais le 24, l'État islamique prend d'assaut la base de la
division-17 au nord de Raqqa : les loyalistes perdent 200 hommes, tués ou portés disparus,
dont les corps et les têtes tranchées sont exposés dans les rues de la ville794. Le 8 août, l'EI
prend la base de la brigade 93 à Aïn Issa, au nord de Raqqa795. Puis le 24 août, la base
aérienne de Tabqa, à l'ouest de Raqqa, est à son tour prise d'assaut par les djihadistes au terme
d'une bataille particulièrement violente : en six jours de combats, au moins 346 hommes de
l'EI et 195 soldats syriens sont tués au combats, 160 à 200 soldats du régime sont également
faits prisonniers et fusillés dans le désert796,797. Au terme de ces combats, le régime a perdu ses
derniers bastions dans la région ; le gouvernorat de Raqqa est alors entièrement sous le
contrôle de l'État islamique796.
Articles détaillés : Offensive de Kobané, Bataille de Djezaa, Bataille de Kobané, Bataille de
Mabrukah et Bataille de Yaaroubiyé (2014).
Article détaillé : Bataille d'Alep.
Au milieu du mois de février 2015, l'armée syrienne soutenue par le Hezbollah lance une
nouvelle offensive au nord d'Alep afin de poursuivre l'encerclement de la ville et de couper sa
voie d'approvisionnement vers la Turquie. La tentative se solde par un échec, les loyalistes
sont repoussés après des combats qui font environ 300 morts en cinq jours833,834,835,836.
Articles détaillés : Bataille d'Idleb (2015), Bataille de Jisr al-Choghour (2015), Bataille de
Sahl al-Ghab, Bataille d'Abou Douhour et Siège de Foua et Kafraya.
Dans le gouvernorat d'Idleb, une alliance, qui prend le nom d'« Armée de la conquête », est
formée le 24 mars 2015 par le Front al-Nosra, Ahrar al-Cham et d'autres groupes rebelles
islamistes837. Forte d'environ 30 000 hommes et soutenue par l'Arabie saoudite, le Qatar et la
Turquie, cette coalition se lance à l'assaut de la ville d'Idleb le jour même de l'annonce de sa
formation837. Idleb est conquise par les rebelles dès le 28 mars et devient, après Raqqa, la
deuxième capitale d'un gouvernorat à échapper au contrôle du régime syrien838. L'Armée de la
conquête poursuit ensuite sa lancée : le 23 avril elle attaque Jisr al-Choghour et s'en empare
après deux jours de combats839. L'armée syrienne tente une contre-offensive mais les rebelles
poursuivent leur progression dans l'ensemble de la région : le 27 avril, ils s'emparent du camp
militaire de Maamal al-Karmid840, suivi du camp militaire d'Al-Mastouma le 19 mai841 et le 22
mai, ils prennent l'hôpital de Jisr al-Choghour ou subsistait une dernière poche de résistance
loyaliste842. Ariha, la dernière ville du gouvernorat d'Idleb tenue par le régime, passe aux
mains des rebelles le 28 mai843. L'Armée de la conquête lance ensuite une offensive le 27
juillet dans la plaine de Sahl al-Ghab, au sud de Jisr al-Choghour, aux abords du gouvernorat
de Lattaquié844 : les combats y sont plus indécis, les rebelles gagnent d'abord du terrain, mais
les loyalistes parviennent ensuite à contenir leurs assauts845. Enfin le 9 septembre, après deux
années de siège, la base aérienne d'Abou Douhour, au sud-est d'Idleb, est prise d'assaut par le
Front al-Nosra ; plus d'une centaine de soldats loyalistes sont tués au combat ou exécutés
après avoir été capturés846,847,848. Au terme de ces combats, le gouvernorat d'Idleb est alors
contrôlé en quasi-totalité par les groupes rebelles de l'Armée de la conquête et de l'Armée
syrienne libre ; les loyalistes ne tiennent alors plus dans la région que deux villages chiites
duodécimains, Foua et Kafraya, isolés à l'est d'Idleb849.
Articles détaillés : Bataille de Bosra, Bataille de Bousra al-Harir et Bataille de la Brigade 52.
Les rebelles du Front du Sud progressent également dans le gouvernorat de Deraa. Le 25
mars, ils s'emparent de la ville de Bosra850. Le 1er avril, ils se rendent maîtres du poste-
frontière de Nassib851. Ils perdent quelques villages au nord de Bousra al-Harir le 21 avril852 ;
mais le 9 juin, ils prennent d'assaut la base de la Brigade 52, une des plus grandes bases
militaires du régime syrien853.
Articles détaillés : Bataille de Kobané, Bataille de Tall Hamis (2015), Bataille de Tall Tamer,
Bataille de Tall Abyad, Bataille de Hassaké (mai-juin 2015), Bataille d'Aïn Issa, Bataille de
Hassaké (juin-juillet 2015), Massacre de Kobané et Bataille de Sarrine.
Des combattants des YPG et de l'Armée syrienne libre à Tall Abyad c. 24 juin 2015.
De février à août 2015, dans les gouvernorats d'Hassaké et Raqqa, des combats
particulièrement intenses ont lieu entre les djihadistes de l'État islamique et les Kurdes des
YPG. Alors que les affrontements se poursuivent dans la région de Kobané, les Kurdes
lancent une offensive le 21 février dans la région de Tall Hamis, à l'est de la ville d'Hassaké854,
à laquelle les djihadistes répondent deux jours plus tard par une autre offensive dans la région
de Tall Tamer, à l'ouest d'Hassaké855. L'État islamique est cependant battu sur les deux fronts :
soutenus par les forces aériennes de la coalition, les Kurdes et les miliciens chrétiens du
Conseil militaire syriaque s'emparent de Tall Hamis le 27 février856, avant de chasser les
djihadistes de la région de Tall Tamer le 27 mai857. Plusieurs villages chrétiens de Tall Tamer
sont cependant ravagés par les djihadistes et plus de 200 de leurs habitants sont enlevés858.
L'État islamique repart à l'offensive le 30 mai, en attaquant cette fois directement la ville
d'Hassaké, contrôlée au sud par le régime syrien et au nord par les Kurdes859. Les djihadistes
lancent une succession d'assauts : ils entrent dans la ville le 5 juin860, mais en sont repoussés le
7861. Les Kurdes et quelques groupes de l'Armée syrienne libre contre-attaquent alors dans le
gouvernorat de Raqqa : le 14 juin, ils atteignent la ville de Tall Abyad, près de la frontière
turque, et font leur jonction avec les forces engagées dans la région de Kobané862 ; puis le 16
juin, Tall Abyad passe aux mains des YPG863. Les Kurdes commencent ensuite à se
rapprocher de Raqqa en s'emparant de la base de la Brigade 93 le 22 juin, puis de la ville
d'Aïn Issa le 23 juin864. Cependant, le 24 juin, l'État islamique lance une deuxième offensive
contre Hassaké : ses forces enfoncent les défenses du régime syrien et entrent de nouveau
dans la ville865. Puis le 25 juin, une centaine djihadistes déguisés en combattants des YPG
s'infiltrent en plein cœur de la ville de Kobané et massacrent environ 250 civils, avant que les
Kurdes ne contre-attaquent et ne tuent ou mettent en fuite les membres du commando866,867,868.
Le 5 juillet, les djihadistes contre-attaquent à Aïn Issa : ils reprennent une partie de la ville,
mais les YPG les repoussent le 10 juillet869,870,871,872. Le 27 juillet, les Kurdes prennent Sarrine,
au sud de Kobané, après trois semaines de combats873. Enfin à Hassaké, les YPG finissent par
venir en aide aux forces loyalistes en difficulté et repoussent définitivement les djihadistes le
28 juillet ; cependant, les Kurdes gardent la mains sur les quartiers auparavant contrôlés par
les loyalistes et contrôlent désormais la majeure partie de la ville874,875. Au terme de ces
combats, le bilan est nettement à l'avantage des Kurdes des YPG ; en particulier avec la prise
de la ville stratégique de Tall Abyad, qui leur permet de relier le canton de Kobané à l'ouest
au canton de Cizir à l'est et d'unifier ces deux territoires, tandis que l'État islamique perd un
important point de passage des djihadistes étrangers vers la Syrie et un axe de la contrebande
de pétrole vers la Turquie863,876,877.
Article détaillé : Bataille de Palmyre (2015).
En difficulté contre les Kurdes en raison du soutien aérien apporté à ces derniers par la
coalition, l'État islamique continue cependant de progresser sur d'autres fronts. En avril, il
apparaît dans la banlieue sud de Damas en prenant aux rebelles la majeure partie du quartier
de Yarmouk, ce qui lui permet d'établir une poche aux abords de la capitale878. Mais surtout,
les djihadistes réalisent une vaste avancée dans le gouvernorat de Homs face aux troupes du
régime syrien : du 13 au 21 mai, ils mènent une offensive qui leur permet de s'emparer des
villes d'Al-Soukhna, de Tadmor et du site antique de Palmyre879. L'armée syrienne laisse au
moins 300 morts, contre 180 du côté de l'EI, et plus de 700 prisonniers, dont 150 sont
exécutés par les djihadistes après la prise de la ville, ainsi qu'au moins 67 civils880,881. Le 30
mai, les hommes de l'État islamique détruisent la prison de Tadmor, symbole de la répression
du régime des Assad882. Puis en août, ils commencent à s'attaquer aux édifices religieux du
site antique : le temple de Baalshamin et le temple de Baal, vieux de deux millénaires, sont
rasés883.
Articles détaillés : Bataille de Sourane et Bataille de Marea (2015).
Enfin dans le nord du gouvernorat d'Alep, l'État islamique mène contre l'Armée syrienne libre
plusieurs offensives entre mai et septembre près d'Azaz et Marea. Fin mai et début juin, les
combats se concentrent autour du village de Sourane à une dizaine de kilomètres de la ville ;
le 7 juin, la coalition menée par les États-Unis effectue pour la première fois des frappes
aériennes pour appuyer au sol les rebelles, malgré la présence des djihadistes du Front al-
Nosra parmi ces derniers861,860. Le 8 août, l'État islamique reprend son offensive contre les
rebelles au nord d'Alep, en attaquant la petite ville de Marea, où des combats acharnés ont
lieu, faisant plus de 300 morts dans les deux camps en un mois884,885. Les djihadistes réalisent
quelques gains mais ne parviennent pas à s'emparer de Marea, ni à atteindre Azaz886,887.
Articles détaillés : Bataille de Deraa et Bataille d'Alep.
Article détaillé : Bataille de Deir ez-Zor.
Le 16 janvier 2016, l'État islamique lance une importante offensive contre les forces loyalistes
encerclées à Deir ez-Zor950. Selon l'OSDH, les cinq premiers jours de combats font au moins
200 morts du côté des loyalistes, dont 48 prisonniers exécutés, 110 tués au moins du côté de
l'EI, dont 30 kamikazes, et 42 civils tués par les frappes aériennes951,952. Les djihadistes
s'emparent d'un quartier au nord-ouest de la ville953
Dans le nord-ouest, après plusieurs mois de résistance, les forces rebelles finissent par reculer
dans le gouvernorat de Lattaquié925. Soutenus par les Russes, les loyalistes s'emparent des
deux principaux bastions stratégiques rebelles de la région : le village de Salma le 12 janvier,
puis celui de Rabia le 24 janvier, qui étaient tenus par l'opposition depuis 2012954,955. Selon
l'OSDH, plus de 124 rebelles et 72 loyalistes sont tués dans ces combats956.
Article détaillé : Bataille de Cheikh Meskin.
Au sud, dans le gouvernorat de Deraa, les loyalistes avancent également en prenant au Front
du Sud la ville de Cheikh Meskin le 25 janvier, après une bataille de 28 jours au cours de
laquelle les rebelles laissent 210 morts dans les combats957,958,959.
Articles détaillés : Siège de Nobl et Zahraa et Bataille d'Alep.
Des miliciens du Hezbollah à l'entrée des villages de Nobl et Zahraa, le 3 février 2016.
Depuis décembre, la livraison aux rebelles de missiles antichar TOW, qui avaient été décisifs
en octobre et novembre, est interrompue925,960. Dans le gouvernorat d'Alep, une offensive est
lancée le 31 janvier 2016, cette fois-ci au nord de la ville d'Alep, par 10 000 hommes de
l'armée syrienne, des Forces de défense nationale, du Hezbollah libanais, de l'Organisation
Badr, des Kataeb Hezbollah, du Harakat Hezbollah al-Nujaba, de la Brigade des Fatimides, de
la Force Al-Qods et d'unités de l'armée iranienne, appuyés par les spetsnaz et l'aviation
russe961,962,963. Le 3 février, les forces du régime brisent le siège de Nobl et Zahraa et coupent
la route d'approvisionnement rebelle reliant Alep à la frontière turque964,965. Selon l'OSDH, les
dix premiers jours de l'offensive font plus de 500 morts, dont une centaine de civils966. La
progression du régime provoque des tensions diplomatiques : la Russie accuse la Turquie de
préparer une intervention militaire en Syrie967,968 ; la Turquie se déclare favorable à une
intervention au sol contre l'EI et contre les YPG, mais réclame le soutien de ses alliés et la fin
de leur aides aux forces kurdes969,970 ; l'Arabie saoudite se déclare prête à participer à une
intervention au sol contre l'EI si la coalition en prend la décision971 ; les États-Unis restent en
retrait et s'accrochent à l'espoir d'une trêve en négociant avec la Russie972,973.
Article détaillé : Bataille de Tall Rifaat (février 2016).
À Azaz, les rebelles se retrouvent pris en étau entre les YPG à l'ouest, les loyalistes au sud et
l'État islamique à l'est. Soutenus par l'aviation russe, les YPG attaquent les rebelles et
s'emparent de l'aéroport de Menagh le 10 février974,975,976,977,978. Ils avancent ensuite vers Azaz
et Tall Rifaat979. Le 13, l'artillerie turque postée à la frontière intervient et bombarde les
positions kurdes dans le district d'Azaz980,981,982. Malgré cela, les YPG prennent Tall Rifaat le
15 février983.
Articles détaillés : Bataille d'Al-Chaddadeh (2016) et Raid de Tall Abyad.
En février, les Forces démocratiques syriennes reprennent leurs offensives contre l'État
islamique dans le gouvernorat d'Hassaké : le 19 février, la ville d'Al-Chaddadeh est prise984.
Les djihadistes répondent le 27 février en menant un raid à l'intérieur des territoires tenus par
les Kurdes à Tall Abyad et plusieurs villages de ses environs ; les affrontements font plus de
200 morts985.
Article détaillé : Bataille de Khanasser.
Le 21 février, les forces du régime progressent à l'est d'Alep et reprennent plusieurs villages à
l'État islamique986. Cependant, les djihadistes contre-attaquent au sud-est d'Alep dans la nuit
du 21 au 22 et coupent la route de ravitaillement reliant Alep au gouvernorat de Hama au
niveau de la ville de Khanasser, qui est prise le 23 février par l'EI, puis reprise par le régime le
25987,988.
Les 11 et 12 février 2016, une nouvelle conférence se tient à Munich, à l'invitation du ministre
allemand des Affaires étrangères, Frank Walter Steinmeier. Elle réunit le secrétaire d'État
américain John Kerry et le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, avec
l'envoyé spécial de l'ONU pour le règlement du conflit en Syrie, Staffan de Mistura, des
représentants du groupe international de soutien à la Syrie, et des représentants des pays
impliqués989. Elle aboutit à un accord sur l'approvisionnement humanitaire de plusieurs zones
touchées par les combats et à l'étude d'un cessez-le-feu le 1er mars 2016990,991.
Le 22 février 2016, les États-Unis et la Russie présentent les modalités d'un cessez-le-feu
entre les forces loyalistes et les rebelles, mais qui ne concerne pas l'État islamique, le Front al-
Nosra et les groupes « considérés comme terroristes par le Conseil de sécurité de
l’ONU »992,993,994,995,996. Le lendemain, le gouvernement de Bachar el-Assad fait savoir qu'il
accepte le cessez-le-feu997 ; le président syrien annonce également la tenue d'élections
législatives le 13 avril 2016998. Le Haut Comité des négociations (HCN), qui regroupe une
partie de l'opposition armée et politique, s'engage de son côté à une « trêve provisoire de deux
semaines » pour vérifier le « sérieux de l’engagement de l’autre partie » et « sous conditions »
comme la levée des sièges des villes syriennes, la libération des prisonniers, l’arrêt des
bombardements des civils et la livraison d’aide humanitaire998,999. Les YPG se déclarent
également prêts à accepter la trêve mais la Turquie demande à ce qu'ils en soient
exclus1 000,1 001. Le cessez-le-feu entre en vigueur le 27 février à minuit992. Il est en partie
respecté lors des premiers jours et les affrontements diminuent fortement en
intensité1 002,1 003,1 004,1 005. Le 13 mars, le secrétaire d'État américain John Kerry déclare que « Le
niveau de la violence a été réduit de 80 % à 90 %, ce qui est très significatif »1 006. Toutefois
selon l'OSDH, au moins 630 personnes, dont 170 civils, sont tuées entre le 27 février et le 27
mars dans les zones concernées par le cessez-le-feu1 007. Le 14 mars, Vladimir Poutine
annonce le début du retrait d'une partie des forces russes engagées en Syrie1 008,1 009,1 010,1 011.
Article détaillé : Bataille de Maarat al-Nouman (2016).
À partir du 4 mars, dans les gouvernorats de Alep, Idleb, Rif Dimachq, Deraa et Homs, des
habitants profitent de l'accalmie pour reprendre des manifestations anti-régime, comme il n'en
avait plus été vu depuis 20111 012,1 004,1 013,1 014,1 015. Mais le 12 mars, des marches à Maarat al-
Nouman dégénèrent en affrontements entre la 13e division de l'Armée syrienne libre et les
djihadistes du Front al-Nosra et de Jound al-Aqsa. Les djihadistes prennent l'avantage et
chassent l'ASL de la ville le 13 mars, cependant des manifestations s'y poursuivent, cette fois
contre le Front al-Nosra1 016.
Article détaillé : Offensive de Tasil (2016).
Dans le gouvernorat de Deraa, des affrontements opposent d'un côté la Brigade des martyrs de
Yarmouk et le Harakat al-Muthanna, et de l'autre le Front du Sud, le Front al-Nosra et Ahrar
al-Cham. Les premiers gagnent d'abord du terrain et prennent notamment la petite ville de
Tasil et plusieurs villages fin mars, mais les rebelles contre-attaquent début avril et reprennent
le terrain perdu1 017,1 018,1 019.
Le 17 mars 2016, à Rmeilane, le PYD et des factions arabes et assyriennes annoncent la
création d'une région fédérale dans le nord de la Syrie. Cette proclamation est aussitôt rejetée
par le régime syrien, l'opposition syrienne, les États-Unis et la Turquie1 020,1 021,1 022,1 023. La
Russie, cependant, avait proposé une solution fédérale quelques jours plus tôt, le 29
février1 024,1 025.
Article détaillé : Bataille de Palmyre (mars 2016).
Civils de Manbij fuyant les combats entre les Forces démocratiques syriennes et l'État
islamique, le 12 août 2016.
Le 24 mai, les Forces démocratiques syriennes soutenues par la coalition lancent une vaste
offensive contre l'État islamique au nord de Raqqa1 060. Les FDS engagent 10 000 à
15 000 combattants dans les opérations, mais ils n'enregistrent pas d'avancée majeure lors des
premiers jours1 061,1 062,1 063. Jusqu'à ce que subitement, le 31 mai, ils étendent leur offensive à
l'ouest sur la ville de Manbij, dans le gouvernorat d'Alep1 064. Les FDS construisent un pont
amovible avec l'aide des Américains et franchissent l'Euphrate près de Sarrine, tandis qu'au
sud d'autres forces avancent depuis le barrage de Tichrine1 065. Le 10 juin, Manbij est
encerclée1 066. Les forces du régime syrien passent à leur tour à l'attaque le 2 juin avec pour
objectif la ville de Tabqa, à l'ouest de Raqqa1 067. Elles parviennent à pénétrer dans le
gouvernorat de Raqqa et à progresser sur plusieurs dizaines de kilomètres avant d'être
finalement repoussées, puis de perdre tout le terrain conquis lors d'une contre-attaque de l'EI
le 20 juin1 068,1 069,1 070. À l'intérieur de Manbij, les djihadistes résistent deux mois, mais ils
laissent au moins un millier de morts dans les combats et ne peuvent empêcher les Forces
démocratiques syriennes de prendre entièrement le contrôle de la ville le 12 août1 071,1 072.
Article détaillé : Bataille de Boukamal (2016).
Dans le gouvernorat de Deir ez-Zor, la Nouvelle Armée syrienne mène le 28 juin une attaque
avec le soutien des Américains pour tenter de reprendre la ville de Boukamal à l'État
islamique, mais l'opération échoue1 073.
Article détaillé : Bataille d'Alep.
À l'été 2016, les combats entre loyalistes et rebelles se concentrent à Alep. Le 25 juin, l'armée
syrienne passe à l'offensive au nord-ouest de la ville et s'empare le 17 juillet de la route du
Castello, la dernière voie de ravitaillement des insurgés. Les quartiers d'Alep tenus par la
rébellion se retrouvent alors totalement assiégés1 074,1 075,1 076. Le 31 juillet, l'Armée de la
conquête, menée par Ahrar al-Cham et le Front al-Nosra — qui s'est rebaptisé quelques jours
plus tôt Front Fatah al-Cham et s'est séparé d'al-Qaïda — lance une contre-offensive au sud-
ouest d'Alep1 077,1 078. Contre toute attente, et au prix de plusieurs centaines d'hommes, elle
parvient le 6 août à réaliser une percée dans la banlieue de Ramoussah et à faire sa jonction
avec les rebelles de la coalition Fatah Halab1 079,1 080,1 081,279. Le siège est brisé pendant quelques
semaines, mais il est rétabli le 4 septembre par le régime1 082,1 083.
Article détaillé : Bataille de Hassaké (2016).
Le 17 août, des combats éclatent à Hassaké entre des miliciens loyalistes et les Kurdes. Le 18,
pour la première fois depuis le début du conflit, le régime syrien mène des frappes aériennes
contre des positions kurdes1 084. Mais les combats tournent à l'avantage des YPG et des
Assayech. Le 23 août, un cessez-le-feu est conclu, les Forces de défense nationale et l'armée
syrienne se retirent de Hassaké, seule la police gouvernementale maintient une présence
symbolique dans le centre-ville. Mais de fait, après Idleb et Raqqa, le régime de Damas perd
une troisième capitale de gouvernorat1 085,1 086,1 087.
Article détaillé : Siège de Daraya.
Le 25 août, près de Damas, la ville de Daraya capitule. Un accord est conclu entre le conseil
civil local et le régime : les rebelles du Liwa Shuhada al-Islam et de l'Union islamique Ajnad
al-Cham remettent leurs armes lourdes et sont évacués vers le gouvernorat d'Idleb avec leurs
familles, tandis que d'autres habitants sont conduits en zone loyaliste. Après quatre années de
siège, Daraya est détruite à 90 % et vidée de toute sa population civile1 088,1 089,1 090.
Articles détaillés : Bataille de Jarablous (2016) et Opération Bouclier de l'Euphrate.
Après avoir pris Manbij, les Forces démocratiques syriennes menacent al-Bab à l'ouest et
Jarablous au nord, villes que les Kurdes espèrent prendre à l'État islamique pour établir une
continuité territoriale à leur région fédérale du Rojava. Le gouvernement d'Erdoğan décide
alors de prendre les Kurdes de vitesse et le 24 août l'armée turque et des rebelles syriens
franchissent la frontière et attaquent l'État islamique à Jarablous. Les djihadistes n'opposent
qu'une faible résistance et se replient sur Al-Bab1 091,1 092,1 093. Afin d'éviter des combats contre
les rebelles et les Turcs, et sur la pression des États-Unis, les Kurdes des YPG se retirent de
Manbij le 25 août et se replient sur la rive est de l'Euphrate. Le contrôle de la ville est laissé
au Conseil militaire de Manbij, rattaché aux Forces démocratiques syriennes1 094,1 095.
Cependant, du 27 au 30 août, les forces turques et rebelles attaquent les positions des Forces
démocratiques syriennes entre Jarablous et Manbij et progressent jusqu'à la rivière Sajour1 096.
Mais sur l'insistance des États-Unis, l'offensive sur Manbij s'arrête là et un accord de cessation
des hostilité est conclu1 097. Les opérations se poursuivent alors contre les djihadistes entre al-
Raï et Jarablous ; le 4 septembre, l'État islamique perd son dernier village à la frontière
turque1 098.
Article détaillé : Offensive de Hama (2016).
Le 29 août, les rebelles lancent une nouvelle offensive au nord de Hama. En septembre, ils
s'emparent de quelques villes et villages mais des affrontements éclatent ensuite entre Ahrar
al-Cham et Jound al-Aqsa et les loyalistes contre-attaquent en octobre, reprenant une partie du
terrain perdu1 099,1 100,1 101,1 102.
Le 10 septembre, un nouvel accord de trêve est conclu entre les États-Unis et la Russie, et
entre en vigueur le 12 septembre. Il prévoit notamment des corridors sûrs pour les opérations
humanitaires et des actions coordonnées contre le Front Fatah al-Cham. L'accord est salué par
l'ONU, la Turquie, l'Arabie saoudite, la France et le Royaume-Uni. Le régime syrien
l'accepte, tandis que les réactions des groupes rebelles alternent entre méfiance et
rejet1 103,1 104,1 105,1 106,1 107,1 108,1 109,1 110,1 111,1 112,1 113. Malgré quelques violations, la trêve est
globalement respectée les premiers jours, mais l'accord se solde finalement par un
échec1 114,1 115,1 116. Le soir du 19 septembre, l'armée syrienne annonce la fin de la trêve1 117,1 118.
Le même jour, John Kerry déclare que les conditions ne sont pas réunies pour une coopération
militaire entre Washington et Moscou1 119. Quant aux convois d'aide humanitaire de l'ONU à
destination d'Alep, ils sont restés bloqués à la frontière turco-syrienne pendant toute la durée
de la cessation des hostilités1 120. Le soir même de l'expiration de la trêve, un convoi de vivres
et des médicament des Nations unies et du Croissant-Rouge est bombardé par les aviations
syrienne et russe à Orum al-Koubra près d'Alep, l'ONU annonce alors la suspension de tous
ses convois humanitaires en Syrie1 121,1 122,1 123,1 124.
Article détaillé : Bataille d'Alep.
Un pick-up de l'Armée syrienne libre armé d'un canon ZU-23 lors d'un combat contre l'État
islamique dans l'est du Qalamoun, le 18 mars 2017.
Malgré la trêve, des affrontements éclatent rapidement entre loyalistes et rebelles à Deraa,
Homs et Damas1 172,1 166. En janvier 2017, les groupes rebelles se déchirent aussi dans le
gouvernorat d'Idleb et l'ouest du gouvernorat d'Alep1 173,1 174,1 175,1 176. Exclu des pourparlers et
hostile à toute négociation, le Front Fatah al-Cham subit à cette période une intensification
des frappes aériennes de la coalition1 177,1 178,1 176,1 176. Il crie alors au complot et accuse les autres
groupes d'avoir conclu un accord contre lui et d'être les complices des Américains1 177,1 178.
Attaqués le 24 janvier par les djihadistes, plusieurs groupes rebelles — dont Fastaqim Kama
Umirt, Suqour al-Cham, Kataeb Thuwar al-Cham, l'Armée des Moudjahidines, et les branches
régionales de Jaych al-Islam et du Front du Levant — décident le lendemain de fusionner au
sein d'Ahrar al-Cham pour obtenir sa protection1 179,1 177,1 173,1 180. Trois jours plus tard, le Front
Fatah al-Cham fusionne à son tour avec d'autres groupes — notamment le Harakat Nour al-
Din al-Zenki, le Front Ansar Dine, le Liwa al-Haq et Jaych al-Sunna — pour former un
nouveau mouvement : Hayat Tahrir al-Cham1 177,1 180. Puis en février, les djihadistes de Jound
al-Aqsa attaquent aussi bien les groupes de l'Armée syrienne libre que ceux du Hayat Tahrir
al-Cham dans le gouvernorat de Hama, capturant puis exécutant environ 200 rebelles à Khan
Cheikhoun1 181,1 182,1 176,1 176. Un accord met fin aux combats, le Jound al-Aqsa est dissout et ses
combattants rejoignent le Parti islamique du Turkestan ou l'État islamique à Raqqa1 183.
Articles détaillés : Bataille de Deir ez-Zor et Bataille de Palmyre (2017).
Dans l'est de la Syrie, l'État islamique lance le 14 janvier une nouvelle offensive contre les
forces du régime encerclées à Deir ez-Zor1 184. Le 16 janvier, les djihadistes parviennent à
couper en deux les positions loyalistes et à encercler l'aéroport qui se retrouve isolé du reste
de la ville1 185,1 186,1 187. Les loyalistes arrivent ensuite à stabiliser la situation mais leurs contre-
offensives pour reprendre le terrain perdu échouent1 188. Le 14 janvier, les forces du régime
passent également à l'offensive dans la région de Palmyre1 189 : l'armée syrienne et le
Hezbollah atteignent la ville le 1er mars et la reprennent le lendemain pour la seconde fois1 190.
Par ailleurs, le 24 février, l'Irak, en coopération avec Damas, mène pour la première fois
depuis le début du conflit une frappe aérienne sur le territoire syrien ; à Boukamal, contre
l'État islamique1 191.
Articles détaillés : Bataille d'al-Bab et Opération Bouclier de l'Euphrate.
Des rebelles de l'Armée syrienne libre engagés dans l'Opération Bouclier de l'Euphrate, au
nord d'al-Bab, le 10 février 2017.
Le 23 février 2017, la ville d'al-Bab finit par tomber aux mains de l'Armée syrienne libre et de
l'armée turque après plus de deux mois de combats contre l'État islamique1 192. Mais dans le
même temps, les forces loyalistes syriennes prennent aux djihadistes plusieurs villages dans la
région au sud de la ville1 193,1 194,1 195 et le 26 février, elles atteignent les lignes des Forces
démocratiques syriennes au sud-ouest de Manbij, bloquant ainsi la progression des Turcs vers
Raqqa1 193,1 176,1 196. Le 28 février, le président turc Erdoğan annonce alors son intention de faire
marcher ses troupes sur la ville de Manbij, tenue par les Forces démocratiques syriennes1 197.
Pour se prémunir d'une telle offensive, ces dernières décident début mars de remettre
plusieurs villages situés sur la ligne de front à des gardes-frontières du régime syrien afin
d'établir une sorte de zone tampon ; ce déploiement se fait avec l'accord de la Russie et des
États-Unis et en présence de leurs soldats1 198,1 199,1 200,1 201,1 202,1 203,1 204. De son côté l'armée
syrienne poursuit sa progression contre l'État islamique au sud d'al-Bab. Sans rencontrer de
forte résistance, elle s'empare de la petite ville d'al-Khafsa, puis atteint les rives du lac el-
Assad le 7 mars1 193,1 205,1 206. Le 29 mars, elle reprend la ville de Dayr Hafir1 207. Le même jour
la Turquie, bloquée dans la région d'al-Bab, annonce la fin de l'opération Bouclier de
l'Euphrate1 208.
Article détaillé : Offensive d'al-Hamad.
Dans les régions désertiques du sud-est du gouvernorat de Rif Dimachq et du nord-est du
gouvernorat de Soueïda, près de la frontière avec la Jordanie, la Force du Martyr Ahmed al-
Abdo, Jaych Ossoud al-Charkiya et quelques autres groupes de l'Armée syrienne libre lancent
également une campagne contre l'État islamique lors de la seconde partie du mois de mars1 209.
Les rebelles prennent aux djihadistes la ville de Bir Kessab et environ 250 kilomètres carrés
de territoire en seize jours de combats1 209,1 210.
Articles détaillés : Bataille de la Ghouta orientale, Offensive de Hama (2017), Attaque
chimique de Khan Cheikhoun et Bombardement de la base aérienne d'Al-Chaayrate.
Un rebelle de Jaych al-Ezzah avec un BGM-71 TOW, le 24 mars 2017.
En mars, les rebelles lancent deux nouvelles offensives contre le régime : la première le 19
dans les quartiers de Qaboun et Jobar, à l'est de Damas ; la seconde le 21 au nord de
Hama1 211,1 212. Elles sont toutes deux sans lendemain, les rebelles effectuent d'abord quelques
gains, mais les loyalistes contre-attaquent par la suite et reprennent l'essentiel du terrain
perdu1 213,1 214. Le 4 avril cependant, Khan Cheikhoun, au nord du Hama, subit une attaque au
gaz sarin menée par l'armée syrienne, qui fait une centaine de morts parmi la population
civile1 215. Après cette attaque chimique, les États-Unis font volte-face et ripostent pour la
première fois contre le régime syrien : dans la nuit du 6 au 7 avril, 59 missiles Tomahawk
s'abattent sur la base aérienne d'Al-Chaayrate, dans le gouvernorat de Homs294,1 216. Mais les
Américains s'en tiennent à cet avertissement1 217.
Articles détaillés : Siège de Foua et Kafraya et Attentat de Rachidine.
Le 28 mars, un accord initié par l'Iran et le Qatar est signé par le régime et les rebelles pour
échanger et évacuer des localités assiégées : les rebelles rendent Zabadani et Madaya, tandis
que les loyalistes se retirent de Foua et Kafraya en contrepartie1 218,1 219. Les évacuations
débutent le 14 avril1 220,1 221,1 222. Mais le 15, un convoi sorti de Foua et Kafraya est frappé près
d'Alep par un attentat-suicide non-revendiqué qui fait au moins 150 morts1 223,1 224. L'accord
n'est cependant pas annulé et les évacuations se poursuivent1 225. Le 19 avril, Zabadani et
Madaya repassent entièrement sous le contrôle du régime1 225.
Articles détaillés : Siège de Homs et Bataille de la Ghouta orientale.
D'autres territoires rebelles assiégés capitulent et leurs combattants, ainsi qu'une partie des
populations civiles, sont évacuées vers le gouvernorat d'Idleb ou le nord du gouvernorat
d'Alep : le quartier d'al-Waer, dernière zone tenue par l'opposition à Homs, qui capitule le 13
mars et dont l'évacuation s'achève le 21 mai1 226,1 227 ; les quartiers de Barzeh, Tichrine et
Qaboun, à Damas, connaissent le même scénario en mai1 228,1 229,1 227.
Des rebelles syriens à Tufahya, près du Jabal al Akrad, dans le gouvernorat de Lattaquié, le 16
avril 2017.
Le 4 mai 2017, la Russie, l'Iran et la Turquie signent un accord à Astana dans le but de créer
des « zones de désescalade en Syrie ». Ces zones doivent permettre la cessation des combats
entre le régime syrien et les rebelles. Cependant, le régime syrien et l'opposition syrienne
n'ont pas été conviés à la signature de l'accord1 230,1 231,1 232, qui entre cependant en vigueur le 5
mai1 233. Il prévoit la création de quatre zones : une première comprenant le gouvernorat
d'Idleb et certaines parties des gouvernorats de Lattaquié, Hama et Alep ; une deuxième située
au nord du gouvernorat de Homs ; une troisième située dans la Ghouta orientale, dans la
banlieue est de Damas ; et une quatrième située dans la partie méridionale de la Syrie,
comprenant une partie des gouvernorats de Deraa et Kuneitra1 230,1 231,1 232. Cet accord ne
concerne pas les groupes affiliés à Al-Qaïda et le groupe État islamique qui continuent à être
combattus1 230,1 231,1 232.
Le « Centre russe pour la réconciliation des parties en conflit en Syrie » supervise le cessez-
le-feu avec le déploiement dans les zones insurgées de quatre bataillons de 400 à 800 hommes
constitués de militaires tchétchènes et ingouches1 234. Cependant, des combats continuent
d'éclater ponctuellement entre forces loyalistes et rebelles, surtout dans le sud, et de nouveaux
cessez-le-feu doivent être conclus : d'abord dans les gouvernorats de Deraa, Kuneitra et
Soueïda le 7 juillet1 235, puis dans la Ghouta orientale le 22 juillet1 236 et dans la région de
Rastane le 3 août1 237. Cependant, ces trêves sont violées à plusieurs reprises par l'aviation du
régime1 238,1 239,1 240.
Article détaillé : Combats de la poche d'Idleb (juillet 2017).
Au nord, dans le gouvernorat d'Idleb, des combats éclatent le 19 juillet entre les deux plus
puissants groupes rebelles de la région : Ahrar al-Cham et Hayat Tahrir al-Cham1 241,1 242.
Après avoir fait près d'une centaine de morts, les hostilités cessent par la signature d'un
cessez-le-feu le 21 juillet1 243,1 244,1 245. Cependant, les combats se terminent à l'avantage du
Hayat Tahrir al-Cham qui s'empare d'une trentaine de villes et de localités et de toute la zone
frontalière avec la Turquie1 243,21. Ahrar al-Cham perd le contrôle du poste-frontière de Bab al-
Hawa et plusieurs de ses bataillons font défection pour rejoindre Tahrir al-Cham1 243,1 246,1 236.
Le 23 juillet les combattants d'Ahrar al-Cham se retirent de la ville d'Idleb qui passe
entièrement sous le contrôle du Hayat Tahrir al-Cham1 243,1 236,1 247.
Articles détaillés : Offensive de Raqqa (2016-2017), Bataille de Tabqa (2017) et Bataille de
Raqqa (2017).
Les présidents Hassan Rohani, Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdoğan à Sotchi, le 22
novembre 2017.
À la fin de l'année 2017, le régime de Bachar el-Assad contrôle 55 % du territoire syrien, les
quatre plus grandes villes et les deux tiers de la population ; les Forces démocratiques
syriennes tiennent 28 % du territoire et 16 % de la population ; les rebelles 12 % du territoire
et 15 % de la population ; l'État islamique 5 % du territoire, alors qu'il en contrôlait 33 %
douze mois plus tôt1 311. Au cours de l'année, le régime syrien, la Russie et l'Iran ont pris un
avantage décisif dans le conflit ; les violences ont fortement diminué en intensité entre
loyalistes et rebelles dans l'ouest de la Syrie et l'État islamique s'est effondré à l'est sous la
pression de ses nombreux adversaires1 234,233,1 312,1 313. Fin août, le ministre russe de la Défense
Sergueï Choïgou déclare : « Nous avons réussi, en séparant les uns des autres, […] à arrêter,
de facto, la guerre civile »1 234. Le 12 septembre, Hassan Nasrallah, le secrétaire général du
Hezbollah proclame même la victoire en affirmant : « Nous avons gagné la guerre en
Syrie »1 314,1 315. L'envoyé spécial de l'ONU Staffan de Mistura déclare également le 6
septembre que l'opposition devait réaliser qu'elle « n'a pas gagné la guerre »1 316,1 317. Pour
l'historien militaire Michel Goya : « La guerre est encore loin d’être terminée, mais elle ne
peut plus désormais être perdue par Bachar el-Assad »233,1 318.
Les Forces démocratiques syriennes, dominées par les milices kurdes des YPG, apparaissent
comme les autres grands vainqueurs du conflit contre l'État islamique, mais leur situation est
fragile ; avec la défaite des djihadistes, les Kurdes redoutent d'être abandonnés par les États-
Unis et de subir une offensive de la Turquie, ce qui les poussent à se rapprocher de la
Russie1 319,1 320,1 321,1 322,1 323,1 324,1 325. Sans être en confrontation, les relations des Forces
démocratiques syriennes avec le régime syrien sont également très tendues : les FDS
réclament au régime la reconnaissance de l'autonomie de leur région fédérale, mais le 18
décembre Bachar el-Assad qualifie les milices kurdes de « traîtres »1 322,1 324,1 326,1 327,1 325.
Le 20 novembre, Vladimir Poutine reçoit Bachar el-Assad à Sotchi, une ville de Russie au
bord de la mer Noire1 328,1 329. Deux jours plus tard, un sommet s'ouvre dans cette même ville,
où sont conviés l'Iran et la Turquie1 330,1 331. Les trois pays s'accordent pour la mise en place
d'un « Congrès de dialogue national » qui réunirait le régime et l'opposition afin de trouver
une solution politique au conflit1 332. Moscou bute cependant toujours sur l'opposition
d'Ankara à propos d'une participation du PYD1 333. De leur côté, l'ensemble des mouvements
d'opposition politiques et militaires — à l'exception du PYD et de Hayat Tahrir al-Cham — se
réunissent à Riyad, en Arabie saoudite, du 22 au 24 novembre et parviennent pour la première
fois à former une délégation unifiée en vue de la cinquième session des pourparlers de Genève
qui s'ouvrent le 28 novembre1 334,1 335. Un Comité de négociation est formé, lequel remplace le
Haut Comité des négociations1 336. Mais le 14 décembre, la session des pourparlers de Genève
s'achève une fois de plus sans résultat ; l'envoyé spécial de l'ONU, Staffan de Mistura,
dénonçant en particulier la délégation gouvernementale syrienne pour « ne pas avoir cherché
vraiment à avoir un dialogue et à négocier »1 337. Le 23 décembre, au terme du huitième round
des négociations d'Astana, la Russie, la Turquie et l'Iran annoncent la tenue d'un « Congrès du
dialogue national » à Sotchi, les 29 et 30 janvier 20181 338.
2018 : Reprise de la Ghouta orientale et de Deraa par le régime et conquête
d'Afrine par la Turquie
Évolution de la situation en Syrie en 2018
1er janvier 2018
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Au début de l'année 2018, les pourparlers de paix sont plus que jamais au point mort1 339,1 340. À
Vienne, une nouvelle session de négociations tenue les 25 et 26 janvier sous l'égide de l'ONU
dans le cadre du processus de Genève s'achève une fois de plus sans résultat1 341,1 342. À la fois
complémentaire et potentiel concurrent du processus de Genève, le « Congrès pour la paix »
organisé par la Russie et soutenu par la Turquie et l'Iran s'ouvre à Sotchi le 29 janvier1 343,1 344.
Cependant, celui-ci est boycotté par le Comité de négociation de l'opposition syrienne qui
critique l'absence de concessions de la part de Damas, ainsi que par les Kurdes du PYD qui
rejettent l'invitation de la Russie et dénoncent l'offensive d'Afrine1 345,1 346,1 347,1 348. L'envoyé
spécial de l'ONU Staffan de Mistura fait le déplacement, mais les États-Unis, la France et le
Royaume-Uni décident de ne pas envoyer de délégation1 349. Le sommet de Sotchi se termine
sur un échec complet1 345,1 350,1 351,1 352,1 353,1 354,1 355.
Articles détaillés : Offensive d'Abou Douhour et Combats de la poche d'Idleb (2018).
Dans la poche d'Idleb, de violents combats ont lieu entre le régime syrien, les rebelles menés
par Hayat Tahrir al-Cham et l'État islamique. Fin décembre 2017 et début janvier 2018, les
forces du régime syrien réalisent une percée dans le sud-est du gouvernorat d'Idleb, face aux
troupes de Hayat Tahrir al-Cham et d'autres groupes rebelles1 356. Cette offensive aboutit le 20
janvier à la prise de l'aéroport d'Abou Douhour1 357. Puis, en février, la dernière poche tenue
par l'État islamique aux lisières des gouvernorats d'Idleb, Hama et Alep finit par s'effondrer :
le 13 février, les derniers combattants de l'EI se rendent aux rebelles avec leurs familles et
leurs blessés1 358,1 359. Mais de nouveaux combats éclatent ensuite entre groupes rebelles
lorsqu'Ahrar al-Cham et le Harakat Nour al-Din al-Zenki fusionnent le 18 février pour former
un nouveau mouvement : le Jabhat Tahrir Souriya, qui entre dès le lendemain en conflit avec
Hayat Tahrir al-Cham1 360. Cependant, les combats ne tournent cette fois pas à l'avantage des
djihadistes, et les hommes du Jabhat Tahrir Souriya, soutenus en sous-main par la Turquie,
reprennent plusieurs villes et localités, dont Maarat al-Nouman, Ariha, Khan Cheikhoun et
Saraqeb1 360. De son côté, dans le cadre du processus d'Astana, l'armée turque poursuit
l'installation de postes d'observations dans les zones rebelles afin de geler le front d'Idleb1 361.
Le 24 avril, un accord de cessez-le-feu est signé entre Jabhat Tahrir Souriya et Hayat Tahrir
al-Cham1 362.
Article détaillé : Bataille d'Afrine.
Des rebelles de l'Armée syrienne libre lors de la bataille d'Afrine, le 11 février 2018.
Le 14 janvier 2018, la coalition internationale menée par les États-Unis annonce son intention
de créer avec les Forces démocratiques syriennes (FDS) — dominées par les Kurdes des YPG
— une « Force de sécurité aux frontières » constituée de 30 000 hommes dans le Nord de la
Syrie1 363. L'annonce provoque la fureur d'Ankara qui décide de déclencher l'offensive
préparée depuis des mois contre les FDS1 364,1 365. Le 20 janvier, l'armée turque et l'Armée
syrienne libre attaquent la ville d'Afrine, au nord-ouest de la Syrie1 366. La Russie retire ses
troupes de la région et donne son accord à l'offensive turque1 367,1 368,1 369. Les tensions
s'accroissent alors entre les États-Unis, alliés des FDS, et la Turquie qui annonce son intention
de chasser les YPG de toute sa frontière, d'Afrine jusqu'à l'Irak1 370,1 371. Le 20 février, les YPG
concluent une alliance avec le régime syrien : des milices loyalistes entrent alors à Afrine
pour participer à la défense de la ville1 372,1 373. La progression des Turcs et de l'ASL est
initialement lente et difficile, mais les défenses kurdes finissent par craquer début
mars1 374,1 375. Le 18 mars, les Turcs et les rebelles syriens prennent sans combattre la ville
d'Afrine, abandonnée par une large partie de sa population et par les combattants kurdes1 376.
La Turquie consolide alors son emprise sur le nord-ouest de la Syrie1 377. Le gouvernement
turc annonce ensuite son intention de poursuivre l'offensive et de prendre toutes les villes
tenues par les FDS près de sa frontière, à commencer par la ville de Manbij266. Cependant, les
Turcs se heurtent cette fois à l'opposition des États-Unis, qui refusent de retirer leurs forces
présentes dans la région aux côtés des FDS, et dont les soldats affichent ostensiblement leur
présence afin d'empêcher une nouvelle offensive turque266.
Articles détaillés : Offensive de Deir ez-Zor (2017-2018), Bataille de Khoucham et Bataille
de Boukamal (2018).
Dans le gouvernorat de Deir ez-Zor, les Forces démocratiques syriennes piétinent contre la
dernière poche tenue par l'État islamique sur la rive est de l'Euphrate, près de la frontière
irakienne. Le 7 février, le groupe Wagner et les forces loyalistes lancent une attaque contre les
FDS à l'est de Deir ez-Zor avec l'objectif de reprendre le contrôle de champs pétroliers1 378.
Cependant, l'aviation américaine intervient et repousse les troupes du régime après leur avoir
infligé de lourdes pertes1 379. Des centaines de mercenaires russes du groupe Wagner sont
notamment tués ou blessés par ces frappes1 380,1 381. Sur la rive ouest de l'Euphrate, l'État
islamique intensifie également à partir de mai ses attaques contre les forces du régime près
des villes de Boukamal, Palmyre et Mayadine1 382. Début juin, les djihadistes parviennent
même à reprendre brièvement une partie de Boukamal, avant d'être repoussés1 383.
Articles détaillés : Bataille de la Ghouta orientale, Attaque chimique de Douma et
Bombardements de Barzé et de Him Shinshar.
Des réfugiés arrivant à Idleb après leur évacuation de la Ghouta orientale, le 2 avril 2018.
Après son offensive à Idleb, le régime syrien prend pour objectif la reconquête totale de la
poche de la Ghouta orientale, à l'est de Damas, tenue par les rebelles depuis 2012. Début
février, les forces loyalistes syriennes commencent par bombarder intensément la zone,
causant la mort de plus de 800 civils en un mois1 384,1 385. Malgré le vote le 24 février d'une
résolution du Conseil de sécurité des Nations unies réclamant l'instauration d'un cessez-le-feu,
l'armée syrienne lance l'offensive au sol dès le lendemain1 386,1 387,1 388. En quelques jours, les
loyalistes s'emparent des zones agricoles et de plusieurs petites villes et villages1 389. La 11
mars, la poche de la Ghouta orientale est scindée en trois : au nord, la ville de Douma, tenue
par Jaych al-Islam ; à l'ouest, la ville d'Harasta, contrôlée par Ahrar al-Cham ; et au sud,
plusieurs quartiers de l'est de Damas et quelques villes et villages aux mains de Faylaq al-
Rahmane et de Hayat Tahrir al-Cham1 390,1 391. Ahrar al-Cham capitule le 21 mars, suivi par
Faylaq al-Rahmane le 23 mars : leurs combattants sont alors évacués avec les membres de
leurs familles vers le gouvernorat d'Idleb1 392,1 393. Les négociations sont plus difficiles avec
Jaych al-Islam qui refuse de quitter Douma1 394. Mais après une attaque chimique qui fait une
cinquantaine de morts le 7 avril, le groupe capitule à son tour le 8 avril1 395,1 394,1 396,1 397,1 398.
Cette nouvelle utilisation de l'arme chimique provoque une riposte des États-Unis, de la
France et du Royaume-Uni qui bombardent des sites liés au programme d'armement chimique
syrien à Damas et près de Homs dans la nuit du 13 au 14 avril1 399. Mais le soir 14 avril, après
deux mois d'offensive et plus de 1 700 civils tués, l'armée syrienne reprend le contrôle de
toute la poche de la Ghouta orientale1 400.
Après la chute de la Ghouta orientale, les dernières poches rebelles isolées capitulent1 401.
Découragés, les groupes de l'opposition acceptent de rendre au régime les différentes localités
assiégées en échange de l'évacuation des combattants et des civils vers Idleb1 401. Dans le
Qalamoun oriental, au nord-est de Damas, les rebelles de Doumeir acceptent un accord
d'évacuation le 17 avril1 402, suivis deux jours plus tard par ceux de Rouhaiba, Jairoud et
Nassiriya1 403, permettant ainsi à l'armée syrienne de reprendre le contrôle de ces localités fin
avril1 404,1 405. Dans les quartiers au sud de Damas, les forces de l'opposition capitulent le 29
avril et leur évacuation s'achève le 10 mai, marquant ainsi la fin de présence rebelle dans la
capitale1 406,1 407. Située entre Homs et Hama, la poche de Rastane, Houla et Talbissé capitule le
2 mai et est réoccupée par l'armée syrienne le 16 mai1 408. Enfin, au sud de Damas, après trente
jours d'intenses combats, une ultime poche tenue à Yarmouk et Hajar al-Aswad par l'État
islamique capitule le 19 mai et les djihadistes sont évacués vers l'est de la Syrie les 20 et 21
mai1 409,1 410. Ils s'établissent dans la région d'al-Safa, au nord-est du gouvernorat de
Soueïda1 411,1 412. La totalité des quartiers de Damas et toutes les zones urbaines des
gouvernorats de Rif Dimachq et de Homs repassent ainsi sous le contrôle du régime syrien
pour la première fois depuis 20121 408,1 410.
Articles détaillés : Offensive de Deraa et Attaques de Soueïda.
Le régime tourne ensuite ses forces contre Deraa, au Sud, surnommé le « berceau » de la
Révolution syrienne1 413. Malgré l'accord de « désescalade » conclu un an plus tôt, le régime
rompt le cessez-le-feu et lance l'offensive le 19 juin1 414. Les États-Unis, Israël et la Jordanie
ne réagissent pas1 414,1 413. Les loyalistes attaquent d'abord par le nord-est et prennent Bousra al-
Harir le 26 juin1 415. Rapidement, les défenses rebelles s'effondrent et plusieurs villages se
soumettent1 415. Découragés, les rebelles du Front du Sud acceptent de conclure un accord de
« réconciliation » avec le régime le 6 juillet1 416. Celui-ci prévoit la remise des armes lourdes et
moyennes par les rebelles et le retour des institutions étatiques en échange d'un cessez-le-feu
et d'une amnistie1 415. Le même jour, les loyalistes reprennent l'important poste-frontière de
Nassib et le 19 juillet, les rebelles de Kuneitra acceptent un accord semblable à celui de
Deraa351,1 417. Les loyalistes hissent alors symboliquement le drapeau officiel syrien dans la
ville de Deraa le 12 juillet, puis dans celle de Kuneitra le 26 juillet348,1 418. L'armée syrienne,
épaulée par les ex-rebelles, attaque ensuite la poche tenue par l'Armée Khalid ibn al-Walid,
affiliée à l'État islamique, dans le sud-ouest du gouvernorat de Deraa, et s'en empare après
deux semaines de combats1 419. Le 2 août, l'armée russe annonce que les gouvernorats de
Deraa, Kuneitra et Soueïda sont désormais entièrement sous le contrôle de l'armée
syrienne1 420. Cependant le 25 juillet, un raid meurtrier meurtrier est mené dans la ville de
Soueïda et des villages environnants par des djihadistes de l'État islamique qui avaient été
évacués de Yarmouk1 412,1 419. En quelques heures, ces derniers massacrent plus de 250
miliciens et civils druzes, avant de regagner les régions désertiques de la Badiya1 412,1 419.
Article détaillé : Zone démilitarisée à Idleb.
Après la reconquête de Deraa, le régime syrien tourne ses forces vers le nord-ouest de la
Syrie, avec l'objectif de reprendre la région d'Idleb, qui est alors tenue par les djihadistes de
Hayat Tahrir al-Cham et les rebelles pro-turcs du Front national de libération, une nouvelle
formation fondée au printemps 2018 par la fusion de groupes de l'Armée syrienne libre et du
Jabhat Tahrir Souriya1 421,403,1 422. Mais le camp loyaliste se heurte à la Turquie, qui s'oppose à
toute offensive et dont l'armée est déployée depuis près d'un an dans douze postes
d'observation établis autour d'Idleb dans le cadre de l'instauration des « zones de
désescalade » prévue par l'accord d'Astana1 423,1 424. La Russie tient cependant à se montrer
conciliante avec le Turquie afin de préserver le processus d'Astana et le rapprochement
diplomatique entre les deux pays1 423,1 425. Le 17 septembre, les négociations entre Ankara et
Moscou aboutissent à la décision de créer une zone démilitarisée à Idleb1 426,1 427,1 428.
Utilisation de tactiques et d'armes non conventionnelles
Armes chimiques
Articles détaillés : Armes chimiques pendant la guerre civile syrienne, Armes de destruction
massive en Syrie, Massacre de la Ghouta et Massacre de Khan Cheikhoun du 4 avril 2017.
L'utilisation de gaz sarin1 429 de chlore1 430 et de gaz moutarde1 431 est observée pendant le
conflit. La majorité des attaques chimiques sont le fait du régime syrien1 429,1 432,1 433, mais l'État
islamique en fait également usage1 431,1 433.
Les premières attaques chimiques du conflit sont menées avec du sarin en octobre 2012 à Kafr
Takharim et Salqin, à 60 kilomètres à l'ouest d'Alep689. D'autres attaques suivent : selon le
Ministère français des Affaires étrangères, les gaz de combat sont utilisés à près de 130
reprises par le régime syrien entre octobre 2012 et avril 2017689. Selon les ONG médicales et
humanitaires, ces attaques auraient fait près de 2 000 morts689, les plus meurtrières étant le
massacre de la Ghouta, le 21 août 2013 ; l'attaque d'Ouqayribat, le 12 décembre 2016 ;
l'attaque de Khan Cheikhoun, le 4 avril 2017 ; et l'attaque de Douma, le 7 avril 2018689,1 429.
Le 7 août 2015, le Conseil de sécurité des Nations unies adopte une résolution permettant la
création d'un mécanisme d'enquête conjoint de l'ONU et de l'Organisation pour l'interdiction
des armes chimiques (OIAC) — le Joint Investigative Mechanism (JIM) — chargé d'enquêter
sur les attaques chimiques commises en Syrie1 434,1 435. Les enquêteurs du JIM publient
plusieurs rapports et établissent la responsabilité du régime syrien dans plusieurs attaques au
sarin — notamment l'attaque de Khan Cheikhoun — et au chlore ; ils concluent également à
la responsabilité de l'État islamique dans au moins une attaque au gaz moutarde1 435,1 436,1 437,1 438.
Le mandat du JIM s'achève en novembre 2017, après deux vétos de la Russie s'opposant à son
renouvellement1 435,1 439.
Attentats à la bombe et attentats-suicides
Article détaillé : Attentats de la guerre civile syrienne.
De nombreux attentats sont commis lors du conflit syrien, principalement par le Front al-
Nosra et l'État islamique. Le Front al-Nosra a notamment revendiqué la responsabilité de 57
des 70 attentats-suicides recensés jusqu'en avril 20131 440. Ces attentats ont fait de très
nombreuses victimes civiles1 441. Les attentats les plus meurtriers du conflit sont l'attentat de
Damas du 10 mai 2012, l'attentat de Homs du 29 avril 2014, l'attentat de Sayyida Zeinab du
21 février 2016, les attentats de Tartous et Jablé du 23 mai 2016 et l'attentat de Rachidine, le
15 avril 20171 442.
Missiles Scud
En décembre 2012, le camp gouvernemental commence à tirer des missiles Scud sur les villes
tenues par les rebelles, en particulier Alep1 443.
Le 19 février 2013, quatre Scud sont tirés : trois d'entre eux tombent sur Alep et un sur la
localité de Tell Rifaat (gouvernorat d'Alep). Entre décembre 2012 et février 2013, une
quarantaine d'impacts de Scud ont été documentés1 444 et, sur le seul mois de février 2013, les
attaques de Scud ont fait au moins 141 morts1 445. Le 1er mars 2013, un missile Scud,
probablement destiné au gouvernorat de Deir Ezzor atterrit en Irak1 446. Le 29 mars 2013, un
Scud frappe la zone de Huraytan (Alep), tuant 20 personnes et en blessant 501 447. Le 28 avril
2013, l'OSDH rapporte une attaque de Scud contre Tell Rifaat ayant fait quatre victimes (deux
femmes et deux enfants)1 448. Le 3 juin 2013, un missile sol-sol, dont le type exact n'a pas été
déterminé, frappe le village de Kafr Hamrah aux environs de minuit, tuant 26 personnes, dont
six femmes et huit enfants, selon l'OSDH1 449.
Les États-Unis ont condamné l'usage des Scud dans le conflit syrien1 450.
Armes à sous-munitions
L'armée syrienne a commencé à utiliser des armes à sous-munitions dès septembre 2012.
Steve Goose, directeur du bureau des Armes à Human Rights Watch explique que « la Syrie
étend son utilisation répétée des armes à sous-munitions, qui sont interdites, et les civils en
paient le prix en termes de morts et de blessés » […] « le bilan initial ne constitue qu'un début,
car ces armes laissent des sous-munitions non explosées qui continuent à tuer et à mutiler
pendant très longtemps »1 451.
Des armes incendiaires à sous-munitions sont également utilisées par la Russie lors du
conflit1 452.
Bombes à barils
Article détaillé : Liste des attaques à la bombe baril durant la guerre civile syrienne.
Une bombe à baril (barrel bomb) est un type d'engin explosif improvisé couramment utilisé
par l'armée de l'air syrienne contre les zones rebelles, y compris en milieu urbain et sur des
populations civiles. Chaque baril est rempli d'une quantité importante de TNT auquel on
ajoute des éléments métalliques (shrapnel), de nitrate de potassium et de l'essence. Le tout est
largué depuis un hélicoptère. La détonation qui en résulte est dévastatrice mais
imprécise1 453,1 454,1 455,1 456,1 457.
Selon un rapport d'Amnesty International publié le 5 mai 2015, les bombardements au baril
d'explosifs largués par hélicoptère ont fait 11 000 morts parmi les civils depuis 20121 458,1 459.
Le Réseau syrien des droits de l'homme affirme de son côté avoir recensé l'explosion de
19 947 barils d'explosifs du 22 février 2014 au 22 février 2016, ayant causé la mort de
8 136 civils, dont 2 036 femmes et 2 274 enfants1 460.
Armes thermobariques
Des armes thermobariques (bombes fuel-air) sont utilisées dans le conflit syrien par le camp
loyaliste. Depuis 2012, les rebelles dénoncent l'usage de ces armes par l'armée de l'air
syrienne, qui les a utilisées pour frapper les zones résidentielles occupées par les combattants
rebelles, pendant la bataille d'Alep et à Kafr Batna1 461,1 462. Un groupe d'enquêteurs de l'ONU a
conclu que le gouvernement syrien a utilisé les bombes fuel-air contre la ville stratégique de
Qousseir en mars 20131 463.
En août 2013, la BBC a évoqué l'usage de bombes incendiaires comparables à des bombes au
napalm sur une école du nord du pays1 464,1 465.
Crimes de guerre et crimes contre l'humanité
Violations des droits humains
Article détaillé : Droits de l'homme en Syrie#Guerre civile.
Selon plusieurs organisations de défense des droits humains et selon les Nations unies, des
violations des droits humains ont été commises par le gouvernement et par les rebelles, la très
grande majorité des abus étant attribués au gouvernement syrien1 466,1 467,1 468,1 469. La
commission de l'ONU chargée d'enquêter sur les violations des droits humains en Syrie
confirme au moins 9 massacres délibérés dans la période allant de 2012 jusqu'à la mi-juillet
2013. Le gouvernement syrien est désigné comme l'auteur de 8 de ces massacres et
l'opposition du neuvième1 470,1 471
Torture et pendaisons dans les prisons du régime syrien
Articles détaillés : Prison de Saidnaya et Prison de Palmyre.
Au cours du conflit, le régime syrien emploie massivement la torture contre ses opposants.
Elle est pratiquée dans plusieurs centres dispersés à travers le pays par la Sécurité militaire, la
Sécurité politique, le Directoire des renseignements généraux et la Sécurité de l'armée de
l'air1 472. En 2014, l'ONG Human Rights Watch rapporte que « selon des détenus libérés et des
transfuges, les méthodes de torture utilisées par les forces de sécurité syriennes sont
notamment de longs passages à tabac, souvent avec des matraques et des câbles métalliques,
l’obligation pour les détenus de demeurer dans des positions pénibles et douloureuses pendant
des périodes prolongées, l’électrocution, l’agression sexuelle, l’arrachage des ongles des
mains et le simulacre d’exécution »1 473. Des rescapés évoquent également comme méthodes
de torture le « shabeh », le « tapis volant », la « chaise allemande », le « falaqah », ou encore
les brûlures à l'eau bouillante ou à l'acide, les chocs électriques et la suspension pendant
plusieurs heures de prisonniers attachés à des crochet fixés au plafond1 472,1 474,1 475.
En 2013, un photographe de la police militaire syrienne déserte avec l'aide d'hommes de
l'Armée syrienne libre1 476. Il gagne la Jordanie, avant de trouver plus tard refuge en
Europe1 477,1 478. Surnommé « César », il a photographié pour l'administration du régime les
corps des plusieurs milliers de détenus morts sous la torture et est parvenu à exfiltrer 53 275
photos numériques prises par lui à Damas entre août 2011 et juillet
20131 479,1 478,1 480,1 481,1 482,1 483,1 484. Ces images sont ensuite remises au Courant national syrien, un
mouvement d'opposition politique établi en Turquie1 479,1 478,1 477. Le Qatar mandate alors un
cabinet d'avocats londoniens, Carter-Ruck and Co, pour authentifier les photos1 485. Celui-ci
engage trois anciens procureurs internationaux — Sir Desmond de Silva QC, ancien procureur
général de la Cour spéciale pour la Sierra Leone, Sir Geoffrey Nice QC, ancien procureur au
procès de Slobodan Milosevic, et le Professeur David Crane, qui a mis en accusation le
président Charles Taylor — et trois experts en anthropologie médicale qui publient un rapport
en janvier 2014 confirmant l'authenticité des images prises par César1 485,1 486. Le Courant
national syrien annonce 55 000 photos prises par César et 11 000 morts en détention, mais ces
chiffres sont inexacts1 487. Sur 18 000 des photos de César figurent en réalité les corps de 1 036
soldats majoritairement morts au combat et de 4 025 civils, tués pour la plupart dans leurs
maisons1 487. 27 000 à 28 000 clichés concernent les détenus1 487,1 481. Chaque corps est
photographié à quatre reprises et 6 786 victimes sont recensées1 487,1 481. Les photos des détenus
ont été prises à deux endroits : à la morgue de l'hôpital de Tichrine, à Damas, et dans un
garage de l'hôpital militaire 601 à Mazzeh, non loin du Palais présidentiel1 488. Les victimes
viennent de 24 lieux de détentions localisés à Damas, mais plus de 80 % des corps
proviennent des seules branches 215 et 227 des renseignements militaires1 487. Sur les 6 786
victimes dénombrées, 2 936 sont décharnées et ont souffert de la faim, 2 769 ont des marques
de tortures et 455 ont les yeux énucléés1 487. Une seule femme, Rehab Allawi, une étudiante de
24 ans, et un seul mineur, Ahmad al-Musalmani, 14 ans, figurent parmi les
morts1 487,1 489,1 490,1 491,1 481.
À la date du 3 août 2018, l'OSDH annonce avoir recensé la mort sous la torture d'au moins
16 005 civils, dont, 65 femmes et 125 enfants1 492. L'OSDH estime cependant que le bilan réel
est certainement plus élevé et annonce le 21 mai 2016, qu'au moins 60 000 personnes sont
mortes sous la torture ou en raison des mauvais traitements selon des renseignements obtenus
auprès de sources du régime1 493. Le plus grand nombre de décès a été répertorié dans la prison
de Saidnaya, près de Damas et dans les centres de détention des services de renseignements
de l'armée de l'air et de la sécurité de l'État1 493. Le Réseau syrien des droits de l'homme
(RSDH) affirme de son côté avoir recensé 12 987 morts à la date du 1er mars 201730. Selon le
Réseau syrien des droits de l'homme (SNHR), entre mars 2011 et août 2017, 75 000
personnes ont été victimes de disparitions forcées de la part du gouvernement syrien et 2 000
autres l'on été de la part des rebelles ou de l'État islamique : un bilan également repris par
Amnesty International1 494. En décembre 2017, le Centre de documentation des violations
(VDC) fait état de 72 000 cas de disparitions depuis mars 2011, imputés à 92 % par le
régime1 495. D'autres estimations vont jusqu'à 100 000 ou 200 000 disparus1 496.
Selon un bilan de la Human Rights Data Analysis Group (HRDAG), repris par Amnesty
International, au moins 17 723 personnes sont mortes dans les centres de détention du régime
syrien entre mars 2011 et décembre 2015. Mais le bilan réel est estimé comme étant très
probablement bien plus élevé. Selon Amnesty International, environ 300 personnes meurent
chaque mois dans les prisons syriennes. La prison de Seidnaya, près de Damas, est considérée
comme la pire de toutes1 497,1 498. Dans un nouveau rapport publié en février 2017, Amnesty
International affirme qu'environ 5 000 à 13 000 opposants au régime syrien ont été pendus
dans la prison de Saidnaya entre septembre 2011 et décembre 20151 499. En mai 2017, le
Département d'État des États-Unis affirme que la Syrie aurait construit à proximité de la
prison de Saidnaya un incinérateur de grande capacité où l'on procéderait à la crémation de
milliers de prisonniers morts au cours de leur détention1 500,1 501,1 502.
Le 8 février 2016, les enquêteurs du Conseil des droits de l'homme des Nations unies
affirment que ces exactions sont le résultat d'une « politique d'État » et accusent le régime
syrien de mener une « extermination » des détenus. Le chef de la commission, Paulo Pinheiro,
déclare : « Le caractère massif des morts de détenus suggère que le gouvernement syrien est
responsable d’actes qui relèvent de l’extermination et sont assimilables à un crime contre
l’humanité »1 503.
A l'été 2018, les autorités syriennes commencent à émettre des certificats de décès de détenus,
morts pour certains depuis plusieurs années, confirmant ainsi les accusations de certaines
ONG comme Amnesty International qui en 2017 avait qualifié la prison de Saidnaya
« d'abattoir ». Les causes de décès avancées officiellement par le régime sont alors « crise
cardiaque » ou « défaillance respiratoire », mais corps n’est rendu aux familles et aucun lieu
d'inhumation n'est précisé1 504,1 505,1 506,1 507,1 508.
Viols
De nombreuses femmes, opposantes au régime de Bachar el-Assad ou ayant des membres de
leurs familles au sein de la rébellion, sont emprisonnées par les forces gouvernementales et
soumises à des viols de manière régulière et planifiée520,1 509,1 510,1 511,1 512,1 513,1 514,1 515,1 516. Des
témoignages de rescapées font état d'acharnement particulier contre les détenues kurdes,
chrétiennes et alaouites1 509 ; sont évoquées comme méthode de torture le viol collectif520,1 510,
ainsi que l'introduction de rats1 510,520,1 509 ou de bâtons électriques1 512,520 dans le vagin et l'anus.
Plusieurs femmes donnent naissance à des enfants dans les prisons, qui leur sont ensuite
enlevés1 509. Des viols sont également très fréquemment commis sur des enfants et des
hommes dans les lieux de détention tenus par le régime syrien1 517,1 510,1 518,1 519. Dès le printemps
2011, une campagne de viols est également lancée dans les villes et les villages par les
Chabihas : ces derniers mènent des raids dans les maisons et commettent des viols sur des
femmes et des filles devant les membres de leurs familles520. Le viol constitue un tabou dans
une société syrienne largement patriarcale et conservatrice : de nombreuses victimes sont
rejetées par leur famille ou répudiées par leur mari, des milliers de femmes se suicident ou
sont victimes de crimes d'honneur1 520,1 512.
Women Under Siege (en), une organisation de défense des droits humains, avait documenté,
en juillet 2012, plus de 100 cas de viols et d'agressions sexuelles pendant le conflit. La plupart
de ces crimes étaient attribués aux Shabiha et aux autres milices loyalistes. Les victimes
étaient des hommes, des femmes et des enfants, les femmes et les filles représentant 80 % des
victimes1 521.
Fin novembre 2013, selon un rapport de du Réseau euro-méditerranéen des droits de l'homme
(EMHRN) intitulé Violence against Women, Bleeding Wound in the Syrian Conflict, près de
6 000 femmes avaient été victimes de viols (y compris de viols collectifs) depuis le début du
conflit. Les chiffres sont probablement plus élevés, un grand nombre de cas ne faisant pas
l'objet de déclaration1 522,1 523,1 524. En mars 2014, Abdel Karim Rihaoui, président de la Ligue
syrienne des droits de l'homme, estime à plus de 50 000 le nombre des femmes violées dans
les prisons du régime syrien520.
En mars 2018, la Commission internationale d’enquête sur la Syrie, mandatée par l'ONU,
affirme dans un rapport que l'armée syrienne et les milices pro-régime ont commis des viols
de manière systématique1 525. Les rebelles sont également accusés d'avoir commis des viols,
bien que dans des proportions « considérablement moindre »1 525.
Plusieurs femmes yézidies, enlevées en Irak par l'État islamique pendant les massacres de
Sinjar et réduites à l'esclavage sexuel sont également envoyées en Syrie par les djihadistes1 526.
Destructions
Le 30 janvier 2014, l'organisation Human Rights Watch publie un rapport détaillé portant sur
la période de juin 2012 – juillet 2013 et montrant que le gouvernement syrien a fait raser 7
districts rebelles dans les villes de Damas et d'Hama, sur une surface correspondant à 200
terrains de football. Des témoignages confirmés par des photos-satellites montrent l'usage de
bulldozers et d'explosifs pour raser des immeubles1 527. Ces déprédations sont qualifiées de
punition dirigée contre les habitants des zones acquises aux rebelles1 528.
Pour la géographe Leïla Vignal, les assauts menés par les forces du régime « corroborent le
diagnostic de bombardement « indiscriminé » des populations, une tactique militaire illégale
au regard du droit humanitaire international. De ce point de vue, les destructions urbaines ne
sont pas seulement l’une des conséquences du conflit armé : elles sont aussi, et peut-être
surtout, une arme aux mains des forces gouvernementales »228.
Exactions de l'État islamique
Selon l'OSDH, les massacres et les exécutions commis par l'État islamique font au moins
5 100 morts en Syrie entre le 28 juin 2014 et le 28 octobre 2017. Parmi eux figurent
2 868 civils — dont 150 femmes et 105 enfants — mis à mort certains pour sorcellerie,
homosexualité ou collaboration avec la coalition antidjihadiste, 1 304 soldats et miliciens du
régime syrien, 377 rebelles syriens, y compris des djihadistes du Front al-Nosra et des Kurdes
des YPG, 2 soldats turcs, et 549 de ses propres hommes pour tentative de désertion,
« extrémisme », ou espionnage. L'OSDH estime cependant que le bilan réel est probablement
plus élevé et évoque notamment plusieurs centaines de disparus dans les prisons de l'EI1 529.
Exactions des rebelles syriens
Le 4 juillet 2016, Amnesty international publie un nouveau rapport accusant cinq groupes
rebelles — le Harakat Nour al-Din al-Zenki, le Front du Levant, la 16e division, Ahrar al-
Cham et le Front al-Nosra — de crimes de guerre. L'ONG énumère des cas précis
d'enlèvements de « militants pacifiques et même des mineurs, ainsi que des membres de
minorités » suivis de torture ou d'exécutions. Amnesty exhorte le Groupe international de
soutien à la Syrie (composé1 530 de l’Allemagne, de l’Arabie saoudite, de la Chine, de
l’Égypte, des Émirats arabes unis, des États-Unis, de la France, de l’Iran, de l’Irak, de l’Italie,
de la Jordanie, de la Ligue arabe, du Liban, des Nations Unies, d’Oman, du Qatar, du
Royaume-Uni, de la Russie, de la Turquie et de l’UE), qui apporte son soutien à certains de
ces groupes, à « faire pression sur les groupes armés pour qu'ils mettent fin à ces violations et
respectent les lois de la guerre. Ils doivent cesser tout transfert d'armes ou de soutien aux
groupes qui se livrent à des crimes de guerre et à des violations flagrantes des droits
fondamentaux »1 531,1 532,1 533.
Exactions des Forces démocratiques syriennes
Dans un rapport publié le 13 octobre 2015, Amnesty international accuse les Unités de
protection du peuple (YPG) de s'être rendu coupable de déplacements forcés de population et
de destructions de maisons dans plus d'une dizaine de villages repris à l'État islamique. Des
images satellite examinées par l’ONG sise à Londres ont montré que le village
d’Hussainiya [archive] a été détruit à 94 % entre juin 2014 et juin 20151 534,1 535.
Bilan humain
Bilan total
Le 13 juin 2013, l'ONU rend public une nouvelle estimation du nombre de personnes tuées
depuis le début du conflit, avec un chiffre de 92 901 à la fin du mois d'avril 2013.
Navanethem Pillay déclare alors : « Il s'agit très vraisemblablement d'une estimation basse du
nombre de victimes. », le nombre réel étant estimé à plus de 100 0001 536. Certaines régions du
pays ont été frappées de manière disproportionnée par la guerre ; selon certaines estimations,
près d'un tiers des morts sont intervenues dans la ville de Homs1 537.
Le 22 août 2014, le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme (HCDH)
affirme avoir comptabilisé 191 369 cas documentés de personnes tuées en Syrie entre mars
2011 et fin avril 2014. Il estime cependant que ce nombre est sans doute une sous-estimation
du nombre réel des tués. La liste est établie sur la base des données issues de cinq sources
différentes : le gouvernement syrien (jusque fin mars 2012), l'Observatoire syrien des droits
de l'homme (jusque fin avril 2013), le Centre syrien pour les statistiques et la Recherche, le
Réseau syrien des droits de l'homme et le Centre de documentation des violations en
Syrie1 538,33. En août 2015, l'ONU estime que le bilan du conflit est d'environ
250 000 morts32,33. Cependant, à cause des difficultés pour recenser le nombre des victimes,
les estimations du HCDH et de l'ONU restent bloqués à ces décomptes33,1 539.
À la date du 13 septembre 2018, l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) affirme
avoir recensé 364 792 morts, mais estime que le bilan réel du conflit se porte plutôt à près de
522 000 morts29. Pour l'OSDH, le conflit a fait au moins 5 000 morts en 20111 540, 40 000
morts en 20121 540, 73 000 morts en 20131 541, 76 000 morts en 20141 542, 55 000 morts en
20151 543,1 544, 60 000 morts en 20161 545 et 44 000 morts en 20171 546,1 547.
L'État-civil syrien annonce pour sa part en août 2018 avoir enregistré 68 000 décès en 2017 et
32 000 depuis le début de l'année, mais sans en préciser la nature1 546.
Le 11 février 2016, le Centre syrien pour la recherche politique affirme que le conflit a fait
470 000 morts depuis mars 2011, dont 70 000 en raison d'un manque d'eau potable, de
nourriture ou de médicaments, et 1,9 million de blessés34,1 548.
Pertes des forces belligérantes
Les pertes du camp loyaliste
Funérailles d'un combattant kurde organisées par le PYD à Afrine, le 20 août 2012.
Les Kurdes des YPG et YPJ ont déclaré que leurs pertes ont été de 379 morts pendant
l'année 20131 556, 537 morts pour l'année 201441, 680 pour l'année 201542 et 613 pour
l'année 201643.
Les pertes iraniennes
Le 22 novembre 2016, Mohammad Ali Shahidi Mahallati, directeur de la Fondation
des martyrs, déclare que plus de 1 000 soldats iraniens sont morts en Syrie35. Plusieurs
généraux du Corps des Gardiens de la révolution islamique figurent parmi les morts,
dont Hossein Hamadani1 557, Hassan Chateri1 558,1 559, Farshad Hasounizadeh1 557 et
Hamid Mokhtarban1 557.
Les pertes du Hezbollah et des milices chiites
À la date du 13 septembre 2018, selon l'OSDH, les pertes sont d'au moins 1 665 morts
pour le Hezbollah et de 8 004 tués pour les autres milices chiites étrangères29.
Début 2017, un responsable du Hezbollah reconnait que plus de 2 000 combattants de
son mouvement ont été tués en Syrie depuis 20131 560.
Pertes civiles
Bilan général
Du 15 mars 2011 au 13 septembre 2018, l'Observatoire syrien des droits de l'homme
recense la mort d'au moins 110 687 civils, dont 12 964 femmes et 20 616 enfants29.
De mars 2011 au 1er mars 2017, le Réseau syrien des droits de l'homme recense la
mort de 206 932 civils, dont 23 502 femmes et 24 799 enfants, causées dans 90 à 95 %
des cas par les forces du régime syrien30.
À la date du 8 mai 2017, le Centre de documentation des violations en Syrie recense la
mort de 112 156 civils31.
Selon l'Organisation mondiale de la Santé, la Syrie est le pays le plus dangereux pour
les personnels soignants avec 135 attaques contre des centres médicaux en 20151 561.
Le 15 mars 2017, une étude publiée dans la revue médicale britannique The Lancet
indique qu'au moins 814 soignants sont tués depuis le début de la guerre1 562
Selon Reporters sans frontières, 211 journalistes et journalistes citoyens ont été tués au
cours du conflit syrien, de 2011 à fin octobre 20171 563. Le Comité pour la protection
des journalistes a compilé une liste de 122 journalistes décédés en juillet 20181 564.
Bilan des victimes civiles causées par le régime syrien
Au moins 84 923 morts, dont 59 202 hommes, 9 924 femmes et 15 986 enfants, à la
date 13 septembre 2018, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme29, dont :
o Au moins 25 578 morts causés par les avions et les hélicoptères du régime,
dont 16 196 hommes, 3 640 femmes et 5 742 enfants29.
o Au moins 16 048 morts dans les prisons du régime, dont 15 857 hommes, 64
femmes et 125 enfants29.
o Au moins 43 488 morts dans d'autres cas, dont 27 149 hommes, 6 220 femmes
et 10 119 enfants29.
Au moins 190 723 morts, dont 11 663 femmes et 21 123 enfants, à la date du 1er mars
2017, selon le Réseau syrien des droits de l'homme30, dont :
o Au moins 12 987 morts sous la torture, dont 41 femmes et 161 enfants30.
o Au moins 5 671 morts causés par les snipers, dont 687 femmes et 494 enfants,
à la date du 19 mars 20151 565.
Selon Amnesty International, de 2012 au 5 mai 2015, les bombardements au baril
d'explosifs largués par hélicoptère ont fait 11 000 morts parmi les civils1 458,1 459.
Bilan des victimes civiles causées par les rebelles
Au moins 7 773 morts, dont 5 871 hommes, 723 femmes et 1 179 enfants, à la date 13
septembre 2018, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme29. Le bilan inclut
également les pertes causées par les Kurdes et les djihadistes proches d'al-Qaïda29.
Au moins 3 819 morts, dont 543 femmes et 886 enfants, à la date du 1er mars 2017,
selon le Réseau syrien des droits de l'homme30.
Bilan des victimes civiles causées par l'État islamique
Au moins 5 269 morts, dont 4 455 hommes, 362 femmes et 452 enfants, à la date 13
septembre 2018, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme29.
Au moins 3 352 morts, dont 274 femmes et 567 enfants, à la date du 1er mars 2017,
selon le Réseau syrien des droits de l'homme30.
Bilan des victimes civiles causées par les Kurdes
Au moins 529 morts, dont 38 femmes et 82 enfants, à la date du 1er mars 2017, selon
le Réseau syrien des droits de l'homme30.
Bilan des victimes civiles des bombardements de la coalition
À la date du 1er mai 2017, la coalition ne reconnaît que 352 « victimes collatérales »,
tant en Syrie qu'en Irak, depuis le début des frappes aériennes1 566.
Au moins 3 305 morts, dont 1 892 hommes, 604 femmes et 809 enfants, du 22
septembre 2014 au 13 septembre 2018, selon l'Observatoire syrien des droits de
l'homme29,50.
Au moins 2 286 morts, dont 1 108 hommes, 504 femmes et 674 enfants, du 22
septembre 2014 au 22 septembre 2017, selon le Réseau syrien des droits de
l'homme30,1 567.
Entre 3 481 et 5 304 morts, du 22 septembre 2014 au 31 décembre 2017, selon
Airwars1 568,1 569.
Bilan des victimes civiles des bombardements russes
Au moins 7 983 morts, dont 4 850 hommes, 1 198 femmes et 1 935 enfants, du 30
septembre 2015 au 13 septembre 2018, selon l'Observatoire syrien des droits de
l'homme29,51,1 570.
Au moins 5 783 morts, dont 992 femmes et 1 596 enfants, du 30 septembre 2015 au 31
décembre 2017, selon le Réseau syrien des droits de l'homme1 571,30.
Au moins 2 060 morts, du 30 septembre 2015 au 18 avril 2016, selon le Centre de
documentation des violations en Syrie1 572,1 573.
Entre 3 962 et 11 282 morts, du 30 septembre 2015 au 27 février 2017, selon
Airwars1 572.
Bilan des victimes civiles causées par l'armée turque
Au moins 835 morts, dont 539 hommes, 116 femmes et 180 enfants, causés par les
bombardements de l'armée turque, du 24 août 2016 au 13 septembre 2018 selon
l'Observatoire syrien des droits de l'homme29,1 574.
Au moins 408 morts, dont 296 hommes, 37 femmes et 75 enfants, causés par les tirs
des gardes-frontières turcs selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme29.
Impact de la guerre civile
Déplacés et réfugiés
Articles détaillés : Réfugiés de la guerre civile syrienne, Réfugiés de la guerre civile syrienne
en Allemagne et Réfugiés de la guerre civile syrienne en France.
Le secrétaire d'État américain John Kerry tient une conférence de presse après sa visite d'un
camp de réfugiés.
Du fait de la guerre, plusieurs millions de Syriens (sur une population totale de 22 millions
avant guerre) ont dû abandonner leurs foyers.
Plus d'un million d'entre eux ont trouvé refuge au Liban voisin (soit l’équivalent d’un quart de
la population libanaise). La Jordanie a également vu affluer plus de 600 000 réfugiés syriens
qui y survivent dans des conditions extrêmement précaires. Le camp de réfugiés de Zaatari,
établi en territoire jordanien, à 12 km de la frontière syrienne et construit pour 50 000
personnes, est devenu une ville de tentes où s'entassent plus de 100 000 Syriens et le second
camp de réfugiés au monde par la taille. Il est gangréné par les gangs et les recruteurs de la
rébellion, surpeuplé, inondé en hiver et mal accepté par la population locale. En mai 2014,
l'ONU a ouvert un second camp en Jordanie (Al Azraq), à 90 km d'Amman, en tirant les
enseignements des dysfonctionnements enregistrés à Zaatari. Financé intégralement par les
organisations non gouvernementales, relativement isolé, dimensionné pour accueillir 130 000
réfugiés, Al Azraq est en effet conçu comme une série de villages où les Syriens sont
regroupés par origine géographique et la sécurité y a été renforcée1 575.
En août 2012, l'ONU estimait qu'un million de personnes avaient été déplacées à l'intérieur du
territoire1 576. Un peu plus d'un an plus tard, en septembre 2013, les estimations montaient à
6,5 millions de déplacés, dont 2 millions ayant cherché refuge dans les pays voisins. 667 000
d'entre eux avaient gagné le Liban1 577. D'autres ont gagné la Turquie, la Jordanie et l'Irak,
l'Égypte, la Palestine, la Libye et l'Algérie. Certains ont quitté la région pour se réfugier en
Suède (14 700), en Allemagne (5 000 à 8 000), en Italie (4 600), dans d'autres pays européens
voire en Russie, en Argentine ou aux États-Unis.
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commencé à limiter les vaccinations contre les maladies infantiles. Après le début de
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Annexes
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guerre civile [10] [archive]. Consulté le 15 mars 2018.
Staffan de Mistura
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Staffan de Mistura
Biographie
25 janvier 1947 (71 ans)
Naissance
Stockholm
Nationalités Italien, Suédois
Formation Université La Sapienza de Rome
Activités Diplomate, homme politique
Autres informations
A travaillé pour Organisation des Nations unies
Distinction International Swede of the Year (en) (2016)
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Staffan de Mistura (né le 25 janvier 1947 à Stockholm) est un diplomate italien et d'origine
italienne et suédoise.
Sommaire
1 Biographie
2 Décorations
3 Notes et références
4 Liens externes
Biographie
Staffan de Mistura est né en Suède d'une mère suédoise et d'un père italien d'une famille noble
dalmate de Šibenik en Croatie.
En Italie, il a été ministre délégué aux Affaires étrangères du 27 mars au 28 avril 2013 après
avoir été secrétaire d'État depuis le 29 novembre 2011.
Ban Ki-moon, secrétaire général de l’ONU, a annoncé en juillet 2014 avoir nommé de
Mistura comme nouvel envoyé spécial chargé de la recherche d'une résolution pacifique au
conflit en cours en Syrie1.
Décorations
Ordre du Mérite italien
Notes et références
1. ↑ « Ban Ki-moon nomme Staffan de Mistura Envoyé spécial sur la crise en
Syrie » [archive], sur www.un.org, Organisation des Nations unies, 10 juillet 2014
(consulté le 2 février 2016).
Svetlana Radtchenko-Draillard
La spécificité de la négociation
internationale
Résumé
La préoccupation actuelle, dans le nombre de conflits locaux ou internationaux, où se posent
des problèmes de réconciliation, d’identité collectives, d’interdépendances politiques,
sécuritaires, économiques et environnementales est en faveur d’un regard plus attentif sur ces
questions – ce qui ne peut, que favoriser de telles négociations internationales. La négociation
internationale est une procédure de décision complexe et spécifique par laquelle les gens
tendent de trouver un accord commun au lieu d’agir par voie unilatérale. Outil privilégié de
l’échange entre les hommes, de l’ajustement de leurs points de vue, de coexistence de leurs
identités sociales et de la résolution de leurs conflits, la négociation internationale est l’un des
ressorts les plus fondamentaux de la vie. De plus, la négociation internationale de tous les
types (diplomatique, politique, commerciale, culturelle, économique, environnementale) est
affectée par les phénomènes culturels : aux divergences des buts et des objectifs, qui séparent
les négociateurs, s’ajoute ici, une différence culturelle, qui peut les rendre difficiles et
opaques. La culture influence considérablement le processus, la communication, la cognition,
la motivation et les actions des protagonistes. La connaissance des particularités culturelles
de la partie adverse pourrait avoir un effet positif sur la perception du pays et sur la
communication des négociateurs et la recherche des solutions, par contre, son ignorance ou
négligence peuvent provoquer des complications, des risques de désaccords ou d’interruptions
de négociation, etc. De plus, le négociateur international se trouve dans une position de
l’interface de deux relations, celle avec son propre pays et celle avec la partie adverse. Son
dilemme, ici, pris en tenailles entre des objectifs contradictoires est de défendre les positions
de son propre pays, ses propres intérêts et parvenir à un accord avec la partie adverse. Dans
notre article, la littérature sur la spécificité de la négociation internationale était analysée
selon trois dimensions : la première reflète au processus dynamique de la négociation
identitaire, à la durabilité des identités et la diffusion ces identités dans une population
concrète, la deuxième concerne l’analyse des différences culturelles et leurs impact sur le
comportements des négociateurs (leur flexibilité ou rigidité dans le recherche des solutions)
et, enfin , la troisième concerne l’analyse du rôle de la personnalité des négociateurs dans le
déroulement du processus d’interaction et d’interdépendance (le rôle joué des politiques
participant à la négociation, la crédibilité des engagements et leur volonté d’entrer dans les
accords internationaux).
Abstract
The specificity of international negotiation
In an era of the change in international affairs, the are many significant examples of
interdependence in the fields of politics, security, economics and environment, which contract
strongly with the increasing number of conflicts caused by nationalistic or ethnic issues.
These contradictory trends often seek resolution through the mechanism of international
negotiation. International negotiation is a complex and specific process by which two or more
protagonists of different nationalities interact with the aim of reaching an acceptable position
given their differences. Just as the process of negotiating over divergent interests is influences
by the parties’ identities, the identities are shaped by the way the process is conducted.
However, culture profoundly influences negotiation process, communication, cognition,
motivation and behave. More specifically, international negotiation of all types (political,
diplomatic, economic, commercial, scientific, etc.) is always affected by cultural phenomena
which can make relations difficult and non-transparent. Successful international negotiations
require an understanding of the negotiation style of those on the other side of the table, and
the acceptance and respect of their cultural beliefs and norm. On the other way, ignoring and
negligent culture differences can create barriers that hinder agreements or complicate the
unfurling of the negotiation process. That’s why culture represents a major risk factor in
international negotiation. Hey will have to be harmonized in order to establish the appropriate
strategies, styles and tactics required to reach an easy solution. The negotiator’s dilemma
here, caught between contradictory objectives, is to defend the positions of his own
field/group and his own interests and reach an agreement with the opposing party. Negotiating
solutions to such problems is difficult for several reasons. Key among the challenges is the
needs to negotiate the information base, which can itself be a source of contention that can
stall the decision processor, bring it to court. Contributions from the literature on the
specificity of international negotiation theory are discussed in terms of thee dimensions: one
dimension refers to a dynamic process of negotiating identities, the durability of identity and
the spread of identities in a population, another dimension refers to the cultural differences
which are shown to have implications for the negotiating flexibility and rigidity of
representatives and their constituents and third dimension concerns the analysis of the role of
the negotiators personality (adversary) in the development of processes of the interaction and
the interdependence (the role played by national politics in international negotiation, the
credibility of negotiating commitments and their willingness to enter into international
agreements).
Mots-clés
personnalité, négociation, conflit, identités négociées, différences culturelles, stratégies, styles
et tactiques de négociation, cognition, motivation et comportement des adversaires, solutions
et aboutissement d’un accord international
Keywords
negotiation, conflict, negotiating identity, culture differences, personality, negotiating
strategy, style and tactics; cognitive, behaviour and motivation, solutions and international
agreements
Table des matières
Introduction
1.- La négociation et les identites sociales
2.- Les particularites culturelles des protagonistes dans la négociation internationale
3.- Le rôle des negociateurs dans le dénouement de négociation internationale
Conclusion
Texte intégral
Introduction
La négociation internationale est une procédure de décision par laquelle les gens tendent de
trouver un accord commun au lieu d’agir par voie unilatérale. Outil privilégié de l’échange
entre les hommes, de l’ajustement de leurs points de vue, de coexistence de leurs identités
sociales et de la résolution de leurs conflits, la négociation est l’un des ressorts les plus
fondamentaux de la vie. L’extrême diversité de ses applications, la richesse de son contenu,
l’importance des questions qu’elle soulève constituent autant d’éléments susceptibles à titre
intellectuel comme à titre pratique, de nourrir de façon durable un intérêt pour le domaine.
Elle est un formidable condensé de l’activité politique et sociale avec ses aspects coopératifs
et compétitifs entremêlés. Elle exprime quelque chose d’essentiel dans la condition d’homme
en mettant en scène des enjeux tels que l’incertitude, la complexité, le pouvoir, la créativité,
les valeurs, les stéréotypes et l’équité. Les questions identitaires, de respect ou de
compréhension mutuelle s’installent au cœur de négociation, les interactions avec l’adversaire
durant la négociation font émerger des conflits de valeurs et sont orientées vers la réduction
de la dissonance identitaire. Une communication politique dans ces négociations doit être
définie comme interculturelle, non pas par le groupe d’appartenance assigné aux participants
en fonction de critères externes, mais bien dans la mesure où les interlocuteurs interagissent
d’une façon ou d’une autre leur appartenance culturelle différente pour atteindre l’harmonie
interculturelle dans la résolution des conflits mondiaux et le rétablissement des rapports
internationaux solides et perspectifs. L'influence est donc au cœur de la négociation
internationale commence, dès que deux négociateurs sont en présence et elle débouche sur les
modifications d'opinions ou de comportements quelques fois radicales. Dans ce sens et de
mon point de vue l’analyse de la négociation internationale chemine dans trois directions
principales : 1)l’analyse, basée sur les intérêts et les buts des individus ou des parties
(délégations) pour se faire entendre, d’affirmer son identité et d’aboutir à un résultat mutuel
avec l’autrui durant la négociation internationale, 2) l’analyse des différences culturelles des
protagonistes ou des parties dans le fonctionnement du processus de la recherche des solutions
réciproques, 3)l’analyse de l’impact personnel des négociateurs dans le choix de la stratégie,
des tactiques et des formes de communication dans le dénouement de la négociation
internationale.
Conclusion
En se basant sur la définition classique de la négociation internationale, en tant qu’une forme
d’interaction des protagonistes (individus, organisations et gouvernement), qui tentent
explicitement d’ordonner (ou prétend le faire) une nouvelle combinaison de leurs intérêts à la
fois conflictuels et communs, je l’ai analysé dans le champ des luttes et des échanges pour la
reconnaissance identitaire et mutuelle et le dialogue constructif. Dans ce sens, la négociation
internationale est un processus spécifique d’établissement d’un climat relationnel, dans lequel
les protagonistes coordonnent leur action à partir de reconnaissance mutuelle. Du coup des
questions identitaires, de respect ou du compréhension mutuelle s’installent au cœur des ces
processus. La manière dont un groupe définit son identité a en effet des conséquences pour les
autres, en termes de droits, de devoirs, de pouvoirs, d’intérêts, de valeurs –et d’identités. Les
identités sociales ne peuvent être donc que négociées durant ce processus d’interaction
puisque chaque protagoniste, en s’affirmant, influence l’autre, et ces co-influences
redéfinissent les identités de chacun et puis, stimulent mouvement l’un vers l’autre (et vice-
versa) pour converger vers des solutions mutuellement souhaitables. Il faut donc tenir compte
de ces enjeux d’estime de soi de chaque partie (nations), de respect mutuel et mettre en œuvre
les possibilités de régler les différends à partir de l’interdépendance des échanges transformés
et mutuellement acceptables.
L’intensification des rencontres diplomatiques, des échanges culturels et économiques et la
mondialisation des marchés ont amené les psychologues sociales et politiques, les
politologues, les anthropologues et les sociologues à s’intéresser davantage à l’impact
culturels sur le déroulement des négociations internationales. L’identification culturelle de
l’interlocuteur part généralement des caractéristiques attribuées - plus ou moins correctement
- au groupe duquel ce dernier se rattache. Ces caractéristiques (par rapport au passé, à la
situation actuelle et au futur) se produisent en formes des différences dans les interactions
interculturelles (les relations entre cultures) et intraculturelles (les relations à l’intérieur de
chaque culture) et se déterminent en lien avec des particularités de chaque personnalité. Les
différences culturelles pourront se développer et s’accroître en fonction des contraintes
spécifiques de chaque partie et de l’imprévisibilité des conduites humaines des négociateurs.
Précisément, ils peuvent accompagner le processus distributif de négociation internationale
avec la dominance permanente, la compétition, accentuée sur l’espace personnalisé et sur le
rôle de l’appartenance (identité) à son groupe (pays) ou encore, avec la forte valorisation et la
défense accrue de ses objectifs ou des intérêts de son groupe. D’autres caractéristiques
culturelles peuvent, au contraire, favoriser le processus intégratif de négociation avec les
sentiments d’amitié, d’estime et d’empathie, qui s’établissent entre protagonistes et faciliter
l’aboutissement d’un accord avec l’orientation vers le futur, des nouvelles propositions, en
intégrant le long terme. Dans ces négociations l’attitude pragmatique et réaliste des
négociateurs renforcerait l’attention relationnelle aux aspirations des négociateurs adverses et
faciliterait l’instauration de confiance interpersonnelle et de crédibilité de la prise de décisions
Au-delà de cette distinction classique, la plupart de la négociation internationale comporte, en
réalité, un mélange dosé de confrontation et de coopération, la présence modérée des
caractéristiques culturelles, par conséquent, ils sont qualifiées de négociations mixtes.
Particulièrement crucial est aussi le fait que la négociation se joue souvent à plusieurs
niveaux, y compris éventuellement le niveau diplomatique et politique. Il y a souvent
interactions entre ces niveaux; et le négociateur doit ainsi surveiller l’évolution de la
négociation globale, en ne connaissant pas toujours les transactions, qui se situent hors de son
environnement immédiat C’est une véritable négociation interne et externe qui s’instaure,
avec des luttes d’influence et des alliances, etc. Cette prise de position devient plus nette et
plus extrême que lorsqu’un individu doit se prononcer à se développer et les nouvelles
solutions peuvent apparaître, puis les négociateurs doivent discuter avec leur propre groupe
(délégation) pour essayer de faire modifier les attentes et corriger les niveaux d’aspiration. Il
faut noter que, les négociateurs et leurs parties (délégations) modifient souvent leurs objectifs
tout au long du processus de négociation. Par exemple, quand leurs objectifs sont plus
modestes, un accord peut apparaître satisfaisant, alors même que, initialement, elles l’auraient
tenu pour inacceptable.
La négociation internationale est donc une activité importante et difficile. Elle doit non
seulement permettre de minimiser les conflits ou les oppositions d’intérêt, mais elle doit avant
tout créer la valeur « entente mutuelle ». Grâce à la négociation internationale des volontés
divergentes au départ s’efforcent de créer cette nouvelle réalité par un processus de
transformation des intérêts de chacun (de chaque groupe ou délégation) et des valeurs
identitaires engagés. Une telle transformation repose sur une tension entre les forces
distributives ; mixtes et intégratives toujours présents et dont leur poids relatif et spécifique
donnera à l’activité son orientation stratégique. Trouver un bon équilibre entre ces deux
tensions résume tout l’art du « bon négociateur », qui doit mettre sa force personnelle, son
expérience, sa pensée réflexive et sa formation au service de la réussite. Dans cet article, j’ai
voulu monter combien les constructions de la négociation internationale sont complexes et
multipolaires pour analyser les rapports interdépendants des protagonistes dans la résolution
des problèmes : les enjeux, les intérêts, les objectifs, les pouvoirs et les attitudes. De plus, ces
variables sont en constante interaction et elles sont influencées par les phénomènes de
communication, de cognition de gestion d’émotions, etc. et lies à la formation des
structurations et l'évolution du processus de négociation internationale. De mon point de vue,
avant de s’engager dans ce processus de recherche et d’aboutissement d’un accord avec
l’adversaire (à gain mutuel) le négociateur doit étudier plusieurs problèmes : a)déterminer sa
ligne de conduite et sa capacité de réussir par le voie de dialogue avec soi-même, b) discuter
avec son groupe ou sa délégation pour entendre les conseils et préparer ses actions, ses
marges de manœuvres possibles avec la liste exhaustive des propositions à la partie adverse,
c)proposer un dialogue préalable à son adversaire, afin d’explorer et de définir des échanges
et des contre-propositions éventuelles, d) prévoir les résultats de négociation et analyser leurs
conséquences (à court, à moyen et à long termes) sur le développent des rapports inter
groupaux, régionaux ou internationaux.
La spécificité de négociation internationale se situe donc dans la maîtrise des forces, des
pouvoirs, des connaissances et des volontés, liés à la complexité identitaire et la multipolarité
culturelle des protagonistes où sa finalité est d’arriver à un accord mutuellement souhaité
(même s’il n’est pas toujours équilibré dans le partage des avantages et coûts) et de désigner
de nouveaux contours dans les relations internationales.
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Annexes
Annexe 1:
Schéma 1 : Fonctionnement de négociation internationale (adaptation du modèle de
SAWYER et GUETZKOW, 1965 et du modèle de KREMENYUK, 2002)
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NATIONS UNIES
Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a confirmé jeudi la nomination du diplomate
italo-suédois Staffan de Mistura pour succéder à l'Algérien Lakhdar Brahimi comme
médiateur de l'ONU dans le conflit syrien.
M. de Mistura sera secondé dans cette tâche par un adjoint, l'ancien vice-ministre égyptien des
Affaires étrangères Ramzy Ezzedine Ramzy, a précisé M. Ban à la presse.
Staffan de Mistura sera «envoyé spécial» de l'ONU pour la Syrie, et non plus de l'ONU et de
la Ligue arabe comme l'était Lakhdar Brahimi. M. Ban a précisé que M. Ramzy avait été
«recommandé par la Ligue arabe mais nommé par moi-même».
Le nouveau médiateur, a expliqué M. Ban, devra «prendre contact avec tous les interlocuteurs
concernés afin de mettre fin à la violence et aux violations des droits de l'homme et de
faciliter une solution politique d'inspiration syrienne et sans exclusive».
M. Ban a souligné qu'il avait «mené de larges consultations», y compris avec les autorités
syriennes, avant de nommer Staffan de Mistura à ce poste particulièrement difficile.
Il a invité les autorités syriennes et les pays membres du Conseil de sécurité de l'ONU à
«l'aider à réussir dans cette mission».
Le Conseil est paralysé depuis le début de la crise syrienne en mars 2011 par l'antagonisme
entre les Occidentaux, qui souhaitent un changement de régime à Damas, et la Russie. Celle-
ci défend son allié syrien et a mis son veto à toutes les tentatives de pression sur le président
Bachar al-Assad.
La nomination a été accueillie favorablement par Washington, Londres et la coalition de
l'opposition syrienne. Son représentant aux États-Unis Najib Ghadbian a promis de
«collaborer étroitement avec M. de Mistura et son équipe pour réaliser notre objectif
commun: une transition politique vers la démocratie».
Le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague a souligné que cette
nomination «arrive à un moment où le besoin d'un règlement politique en Syrie n'a jamais été
aussi urgent».
L'ambassadrice américaine à l'ONU Samantha Power a salué «l'expérience diplomatique
considérable» du nouveau médiateur mais aussi «les défis auxquels il devra faire face».
Cette nomination avait été communiquée mercredi aux pays membres du Conseil de sécurité.
Staffan de Mistura, 67 ans, a la double nationalité italienne et suédoise. Ancien vice-ministre
italien des Affaires étrangères, habitué des zones de conflit, il a occupé de nombreuses
fonctions aux Nations unies.
Lakhdar Brahimi avait démissionné en mai, après deux ans d'efforts infructueux pour mettre
un terme à un conflit qui a fait plus de 160.000 morts. Il avait organisé en janvier et février à
Genève les premières négociations directes entre le gouvernement syrien et l'opposition, qui
avaient échoué.
Son prédécesseur, l'ancien secrétaire général de l'ONU Kofi Annan, avait jeté l'éponge au
bout de six mois à peine, en 2012.
MM. Brahimi et Annan avaient comme adjoint Nasser al-Kidwa, nommé par la Ligue arabe et
chargé plus particulièrement des contacts avec l'opposition syrienne. Il avait quitté son poste
en février 2014.
Le nouveau médiateur devra tenter de relancer un processus politique qui est dans l'impasse
depuis l'échec des négociations de Genève en février et la réélection de Bachar al-Assad le 3
juin.
Le régime syrien a aussi enregistré plusieurs succès militaires contre les groupes armés
d'opposition, ce qui ne devrait pas l'inciter au compromis, et le conflit a débordé sur l'Irak, où
les jihadistes de l'État islamique ont mené une offensive éclair.
Enfin, la situation humanitaire s'est aussi aggravée avec 10,8 millions de Syriens qui ont
besoin d'aide et 2,9 millions de réfugiés dans les pays voisins.
CONCLUSION
Depuis le début de la répression violente en mars 2011, on assiste à une escalade dramatique
dans le recours aux actes de violence et à la torture. Pourtant, personne ne devrait s'étonner ; à
titre d'exemple, dans le cadre de sa politique européenne de voisinage, l'Union Européenne
désigne le pouvoir de Damas comme un régime présidentiel fort et autoritaire, en besoin
urgent de réformes politique et économique. Dans de nombreuses publications, la torture,
l'autocratie, la corruption et la prédation de l'Etat étaient mentionnés dans les rapports que
produisent les Nations Unies. On peut donc dire que l'aspiration des syriens à la chute du
régime qui les a brimés n'est donc ni étonnante, ni nouvelle au vu de l'Histoire.
La Syrie a été un des derniers pays à entrer dans la contestation politique des printemps
arabes. Au mois de mars 2011 les appels aux manifestations se multiplient, et la répression
meurtrière commence à Deraa en fin mars. Le régime a tout de suite réprimé les zones les plus
exposées à l'étranger, car il craignait une intervention internationale, à la libyenne. Les
manifestations ont grossi de taille dans les régions sunnites favorables à la chute du régime :
c'est à la fois la répression et la situation de crise structurelle dans laquelle se trouve la Syrie
qui va entretenir le conflit, mais qui va pousser également à sa radicalisation. Une des
nombreuses conclusions de ce mémoire est que la réussite de la contestation dépend de sa
capacité à se massifier et à durer dans le temps.
Si les manifestations du mois de mars avaient été pacifiques et massives, c'est en partie car le
cas syrien a suivi le schéma tunisien : la contestation est partie de régions isolées
périphériques délaissées et souffrant de difficultés socio-économiques, comme les villes de
Deraa, Banyas, Lattaquié. Il s'est propagé ensuite vers les centres urbains plus importants. Les
acteurs de ce mouvement sont les laissés-pour-compte, ceux qui ne profitent pas des
retombées de la modernisation initiée depuis dix ans par le régime de Bachar el Assad. Les
bénéfices de cette réforme, comme la réforme agraire de Hafiz el Assad, sont accaparés par
une petite minorité qui s'enrichit dans l'immobilier, les banques, le tourisme et l'hotellerie. Le
reste de la population vit avec difficulté, particulièrement dans le monde rural ou dans les
banlieues urbaines accueillant l'exode rural. Les revendications socio-économiques se
122
transforment alors en revendications politiques ; l'idée de changement ne s'incarne que par la
déconstruction de l'Etat-régime instauré par le clan Assad pour ses intérêts.
C'est dans ce contexte que des oppositions politiques claires commencent à se former. On
assiste à une scission entre l'opposition de l'intérieur et celle de l'extérieur, composée de laïcs
et d'islamistes en exil. L'opposition de l'intérieur est aussi bien composée des « anciens »,
connus en Syrie depuis des décennies, comme Michel Kilo, qui a subi entre autres
l'écrasement des aspirations du printemps de Damas, que d'une nouvelle couche de
manifestants, cette génération spontanée des rues du printemps arabe, coordonnée en partie
par les Comités de Coordination sur le terrain. L'opposition de l'extérieur est, elle, regroupée
autour de Burhan Ghalioun au sein du Conseil National Syrien qui a comme principe
fondateur la chute du régime, la protection des civiles, et l'avancement du dossier syrien
auprès des puissances internationales. Il est difficile de mesurer la notoriété ou la légitimité du
CNS auprès des Syriens de l'intérieur ; l'information est filtrée, contrôlée et surveillée.
La réouverture de « Facebook », le principal médium social des révolutions arabes « Web
2.0), au début de l'année 2011 en Syrie, a très vite aiguisé les suspicions des web-activistes.
Grâce à de nouveaux outils de cryptage de données enseignés par Télécomix entre autres, ils
parviennent à diffuser une véritable mémoire vivante de la révolution. Ces nouveaux médias
ont donné lieu à une guerre via médias sociaux interposés. La fragilisation du régime syrien
laisse place à de nouvelles possibilités dans la région, surtout au regard du Qatar et de l'Arabie
saoudite. La chaîne Al Jazeera, d'abord en retrait, lance une guerre médiatique contre le
régime syrien et soutient l'opposition. De même, les agences de presse russe et iranienne
défendent le régime en diffusant sa rhétorique.
Les discours sont antagonistes et les représentations opposées à tel point que l'image autour
du conflit syrien est brouillée. D'une part, le régime et ses alliés accusent les terroristes de
vouloir déstabiliser la Syrie et d'établir un régime islamiste ; d'autre part, les opposants
clament leur pacifisme et leur caractère laïc, en s'accusant l'un l'autre continuellement.
Sur le terrain, l'échec de la solution politique se fait durement ressentir. La situation est dans
une impasse entre d'une part une société qui a pris une voix politique et qui n'entend plus en
être dépossédée et d'autre part un régime qui a conservé des capacités de répression, en
particulier en engageant de préférence dans la répression la partie de l'armée la plus fidèle, qui
est aussi la mieux entraînée et équipée en plus de multiples forces de sécurité
123
(forces spéciales ou forces auxiliaires miliciennes, alaouites recrutés massivement) ou polices
politiques, communes sous le nom de mukhabarat.
La révolte syrienne a changé de nature à partir de l'été 2011 avec une militarisation croissante
du mouvement. Les habitants de nombreuses régions touchées par la révolte se sont constitués
en groupes d'autodéfense pour se protéger. Le déploiement de l'armée sur tout le territoire a
fortement augmenté les désertions. Des officiers libres syriens fondent plus tard dans l'été
2011 l'armée syrienne libre. Le régime perd le contrôle de certaines villes ou certains
quartiers, ou il a laissé certaines villes se proclamer « villes libérées », avant d'entamer des
reconquêtes militaires violentes à grands renforts de chars et d'artillerie lourde. Le bilan
humain dépasse dix mille morts, avec des chiffres qui relèvent d'une situation de conflit et
plus seulement d'insurrections spontanées et localisées.
La révolte prend aussi de plus en plus la tournure d'une guerre confessionnelle : plusieurs
observateurs parlent d'un risque de « libanisation » ; le fait que l'Armée Syrienne Libre est
entièrement sunnite renforce la perception d'une revendication hégémonique de la majorité
sunnite contre le pouvoir aux yeux des groupes minoritaires. Il semble que la libanisation qui
est à craindre soit difficilement évaluable vu le chaos dans lequel se trouve le pays
néanmoins, les principales parties impliquées dans le conflit syrien refusent toute
confessionnalisation de la révolte, pour ne pas renforcer le discours du régime qui dresse
continuellement l'épouvantail du conflit inter confessionnel. En outre, ce qu'on observe en
Syrie est inédit : le mouvement n'émane pas de l'action de groupes identitaires ou
confessionnels, comme à Hama en 1982 ou à Qamishli en 2004. On remarque l'implication
d'une nouvelle couche de manifestants non sectorisée, les victimes directes des crises sociale
et économique. Les manifestations syriennes n'ont rien de confessionnel ou d'identitaire dans
leurs principes, mais l'embourbement du conflit et l'escalade de la violence exacerbent les
clivages communautaires et risquent de déterminer, si révolution il y a, le futur des
affrontements inter-syriens.
La régionalisation puis l'internationalisation du cas syrien répondent à la nécessité de faire
plier le régime syrien, et réduire la répression para-policière, policière et militaire. Cette étape
cruciale dans le développement du conflit, à une échelle non plus nationale ou régionale mais
internationale, change la donne : les réunions de crise et sommets se multiplient pour résoudre
l'imbroglio syrien. Dans le cas libyen, l'intervention internationale avait permis de faire
basculer le rapport de force entre régime et opposition. Dans le cas
124
syrien, un tel scénario est bloqué par les vétos russe et chinois au Conseil de Sécurité en en
février 2012 : les russes disposent de leur dernière base navale en méditerranée à Tartous ; de
plus, Moscou comme Pékin trouvent inacceptables toute initiative allant dans le sens d'une
solution du Conseil de Sécurité de l'ONU, dominée par l'Occident, autour de principes comme
« le devoir de protéger » et l'ingérence pour cause humanitaire. En outre, jusqu'à maintenant,
aucun protocole clair: ni l'armement des rebelles, ni le couloir humanitaire qui supposerait
l'aval des deux parties belligérantes, ni le bombardement par l'OTAN des points stratégiques
militaires du régime, n'a créé de consensus
Le dossier a été saisi également à un niveau régional. Dans le cas du Yémen par exemple,
l'impasse avait été débloquée par une initiative du Conseil de Coopération du Golfe qui a
permis le départ négocié de Saleh. Cependant, dans le cas syrien, le facteur régional introduit
plus d'incertitude qu'il n'offre de solutions. L'ingérence du Conseil de Coopération de Golfe
complexifie les rapports de force sunnite/chiite dans la région.
La combinaison entre : l'affaiblissement du pouvoir central syrien, la division forte de
l'opposition, l'incertitude concernant la violence déchaînée qui s'en suivra et qui dénaturera
probablement la nature de la protestation, les clivages confessionnels croissants et les
interventions régionales, annonce un terrain favorable aux salafistes djihadistes. La violence
déchaînée et la déstructuration étatique constituent un terrain favorable pour les courants
fondamentalistes, comme Al Quaeida, qui a annoncé officiellement son soutien à la
révolution.
Le régime de Bachar el Assad a fait face dans les années 2000, en s'appuyant sur des clivages
sociétaux, un appareil sécuritaire important et un muselage de toute initiative civile. Il a réussi
à se maintenir à travers de crises régionales graves, en particulier le voisinage avec les Etats
Unis en Irak, son retrait forcé du Liban. Mais cette nouvelle crise due à la contestation
populaire contre l'autoritarisme pousse le régime à résister (muqâwama) face à son propre
peuple.
125
BIBLIOGRAPHIE
Ouvrages de référence
- Michel Seurat, L'Etat de barbarie, Collection Proche Orient, éditions Puf. - Carole Donati,
L'exception syrienne, éditions la Découverte, 2009.
- Ibn Khaldoun, The muqaddimah : An introduction to History, traduit par Franz Rosenthal,
collection « Bollingen Series », Princeton.
- Yves Lacoste, Dictionnaire de géopolitique, Flammarion, 1993. - Daniel le Gac, La Syrie du
général Assad, Google Books.
- Samar Yazbek, Feux croisés, journal de la révolution syrienne, éditions Buchet Chastel,
mars 2012.
- Thomas Pierret, Le Baas Syrien face à l'islam sunnite, Baas et islam en Syrie. La dynastie
Assad face aux oulémas (PUF, 2011)
- Sous la direction de Dupret, Ghazzal, Courbage, Al Dbiyat, La Syrie au présent : reflets
d'une société, Collection Sindbad, Editions Actes Sud, 2007
Articles
- Fabrice Balanche « Géographie de la révolte syrienne », Outre-Terre 3/2011 (n° 29)
- Fabrice Balanche, « L'habitat illégal dans l'agglomération de Damas et les carences de l'Etat
», Revue Géographique de l'Est [En ligne], vol. 49 / 4 | 2009, mis en ligne le 21 octobre 2010
- Philippe Droz-Vincent, Le régime syrien face à son propre peuple, article publié par
Sciences po et le CERI-CNRS
- Nora Benkorich, « La tentation de la lutte armée contre le pouvoir baasiste en Syrie », Le
débat, 2012/2 n. 169, publié dans cairn.info
126
Rapports
- CIRET-AVT et CF2R, Syrie : une libanisation fabriquée, Compte rendu de mission
d'évaluation auprès des protagonistes de la crise syrienne, Paris Janvier 2012
- Rapport de la mission des observateurs de la Ligue arabe en Syrie, publié le 30 janvier 2012
par l'Institut Tunisien des Relations internationales.
- Rapport de « Human Rights Watch » publié le 15 décembre 2011 et consultable sur leur site.
Blogs, groupes, et sites en rapport avec le conflit Syrien
- "Un oeil sur la Syrie", blog du Monde, écrit et animé par Ignace Leverrier, ancien diplomate
- "L'Orient indiscret" par Geogres Malbrunot, blog du Figaro
- The Syrian Observatory for Human Rights : www.syriahr.com
- Syrian Arab National Press : www.sana.sy
- Agence de Presse Russe, Ria Novosti : www.fr.rian.ru
- Radio iranienne, IRIB : www.french.irib.ir
INTRODUCTION GENERALE
1. Problématique et hypothèse
A. Problématique
La Syrie s'enfonce dans la guerre civile sur le fond de blocage persistant du conseil de sécurité
des nations Unies. Le nombre de morts augmente chaque jour, les massacres et les tortures se
comptent par millier sous le regard impuissant de l'organisation mondiale, portant en charge
du maintien de la paix et du respect des droits de l'homme. Cette inaction du conseil de
sécurité est largement due au veto russe soutenu par la chine.
La chine partage la vision russe sur des points essentiels même si, bien évidemment, à la
différence de la Russie elle se trouve dans une position ascendante. Pour éviter d'apparaitre
isolés, ces deux Etats ont conclus un marché peu glorieux : ils ont décidé de se soutenir
mutuellement aux Nations Unies chaque fois que les intérêts essentiels de l'un ou de l'autre
venaient à être remis en cause, notamment par les occidentaux.
Sur la crise syrienne, la chine et la Russie sont restées en contact étroit pour se coordonner à
la fois à New-York, à Moscou et à Pékin. La position de deux camps est parfaitement claire :
il devrait être mis fin immédiatement à la violence et un processus de dialogue politique
devrait être lancé dès que possible. outre l'éloge qu'il a fait sur la coopération sino-russe sur
cette question, l'ambassadeur chinois à l'ONU a bien fait comprendre l'objectif constante des
deux pays à l'usage de la force pour résoudre la question syrienne « la chine et la Russie
partagent la même position sur ces points et les deux parties s'opposent à une intervention
extérieure dans la crise syrienne, ainsi qu'à un changement de régime par la force »1(*).
De ce qui précède, il est à noter que cette position sino-russe adoptée face à la crise syrienne,
fait couler beaucoup d'ancre amenant ainsi beaucoup d'auteurs à partager chacun un point de
vue contraire à celui des autres.
Pour sa part, Jean Pierre Cabestan dans son article intitulé « la chine et la Russie : entre
convergences et méfiance » il se donne comme préoccupation de passer en revue les relations
sino-russes depuis 1990 à ces jours. Dans ces analyses, l'auteur note que depuis la fin de la
guerre froide, les relations entre la chine et la Russie sont marquées par une renaissance sans
précédent. Cet essor s'est accéléré depuis le début de la présente décennie, tant sur le plan
politique que dans les domaines économique, militaire et énergétique; les politiques
étrangères et les intérêts stratégiques de Pékin et de Moscou ont incontestablement connu une
plus nette convergence ces dernières années, qu'il s'agisse de questions stratégiques (espace,
défense antimissile), de non-ingérence dans les affaires intérieures (Taiwan, Tchétchénie) ou
des grandes crises internationales (Kosovo, Corée du Nord, Iran, Soudan). Toutefois, le
rapprochement entre Pékin et Moscou est loin d'être dénué de limites et d'arrière-pensées. Les
échanges économiques restent bien inférieurs à ceux que ces deux pays entretiennent avec
l'occident et le Japon. La coopération, militaro-industrielle s'est souffle, faute d'une confiance
politique véritable. Le difficile règlement de la délimitation de la frontière et la question de
l'immigration chinoise en Russie témoignent aussi de la méfiance réciproque2(*).
En définitive, l'auteur s'attache à montrer que les relations sino-russes sont caractérisées par
des notables convergences, mais aussi par de multiples méfiances qui contribueront sans
aucun doute à déterminer l'avenir du vaste continent eurasiatique3(*).
De notre part, nous avons bien voulu être plus pratiques dans la question de la coopération
sino-russe notamment dans la crise syrienne. Autrement dit, au-delà du rapprochement sino
russe, nous avons souhaité être plus pratique, en étudiant l'impact de cette coopération ou
rapprochement dans la crise syrienne.
Dans ses analyses « énigme syrienne », Xavier GUILH4(*), gravite sa préoccupation autour de
la nouvelle guerre froide ou coup de poker des émergents.
Il constate que face à la question syrienne, les grandes puissances occidentales sont face à une
impasse stratégique, politique et juridique et laissent leurs services secrets et forces spéciales
oeuvraient discrètement sur le terrain aux côtés des insurgés pour gérer une prime de Damas
en souplesse. L'ONU va d'échec en échec, la situation lui échappe à tous les niveaux. Il en est
de même pour la ligue Arabe ou pour l'organisation de la conférence islamique.Seuls les
grands acteurs régionaux et locaux maitrisent pour le moment leurs intérêts immédiats, et à
moyen terme qui ne sont pas forcément convergents avec ceux de Washington, de Bruxelles,
de Londres ou de Paris. en effet, le retour d'une nouvelles guerre froide entre les Etats Unis et
la Chine avec une instrumentalisation d'acteurs régionaux autour de points de fixation comme
le fut et pourrait encore l'être la Syrie pour les turcs, les russes et les iraniens d'un côté alors
que d'un autre côté des coups d'éclats spectaculaires qui surprendraient l'occident en plein
crash euro et qui apparait affaibli, divisé, déstabilisé dans ses stratégies de résolution de ses
propres crises internes et en repli sur ses stratégies de projection de puissance face à un Orient
qui se poutinoise dans ses postures aussi bien à Ankara, qu'à Téhéran ou à Jérusalem face à
cet échiquier très déséquilibré dans ses postures, la Chine silencieuse compte les points et
attend le moment opportun pour convier tout le monde à de nouvelles règles du jeu qu'elle
imposera.
Ceci étant, l'auteur conclut que sur cette énigme syrienne la surprise est l'épreuve du vrai
courage. Le levant peut en effet nous réserver encore des rebondissements.
Ayant parcouru les analyses de Xavier GUILH, nous pensons que le point de convergence est
le fait que tous nous touchons la crise syrienne dans nos analyses, alors que le point de
divergence est marqué dans nos objets d'étude, étant donner que de sa part, il a envisagé une
perspective de guerre froide ou coup de poker des émergents dans cette question syrienne,
alors que de notre part c'est la position sino-russe dans cette crise qui nous intéresse.
Un autre auteur qui a abordé presque dans le même sens, est Karin Emile Bitar5(*).Dans un
article publié sur le dossier syrien, sa préoccupation gravite autour des fondements de la
position russe sur la crise syrienne qui dure depuis dix huit mois.
L'auteur pose la problématique suivante : « quel sont les fondements de la position russe dans
la crise syrienne ? ».
A cette question les avis sont partagés et plusieurs thèses ont été évoquées pour expliquer le
soutien russe au régime de Bachar Al Assad qui ont chacune leur importance mais ne sont pas
convaincante pour expliquer la rigidité de la position russe.
L'auteur pense pour sa part que la position russe à la crise syrienne fait ressortir des facteurs
psychologiques que de considérations concrètes. Vladimir Pouline a tendance à analyser la
situation syrienne au prisme tchétchène.Donc selon lui, Bachar Al Assad ne fait pas pire que
ce que lui a fait en Tchétchénie. D'autre part, la Russie estime qu'elle a été flouée sur la
résolution 1973 qui a permis, par une interprétation qu'elle juge abusive non sans hypocrisie,
l'intervention militaire en Libye et le renversement du régime de Mouammar Kadhafi.
En conclusion, l'auteur estime que l'ambition de Vladimir Pouline est de dire au reste du
monde et aux Etats Unis que la phase unipolaire ouverte avec la Chute du mur de Berlin a pris
fin et que la Russie est de retour sur la scène internationale, qu'il faut prendre en compte ses
intérêts. Ainsi, pour la Russie, le dossier syrien est l'occasion de remettre à plat ses relations
avec le reste du monde et notamment avec les Etats Unis.
Notons par ailleurs que nous nous démarquons de cet auteur par le fait qu'à ce qui nous
concerne, nous portons notre étude sur l'impact de la coopération sino-russe dans la définition
de leurs choix internationaux et de manière particulière sur la crise syrienne.
De côté, Milad Jokar, dans son article intitulé « la guerre en Syrie : la géopolitique du
conflit »6(*), tente d'aborder le dossier syrien en articulant sa préoccupation sous la forme de la
question suivante : « la guerre syrienne : le départ de BacharAl Assad changera t il quelque
chose ? ».
Dans ses analyses, il constate que la guerre civile syrienne est bien plus complexe qu'on ne
veut le croire. Il ne s'agit plus d'un simple mouvement démocratique contre une dictature.
Cela va même au delà d'une guerre civile entre une opposition contre un régime. Désormais il
s'agit d'un conflit régional qui déborde dans les pays voisins, le tout entremêlé de conflits
sectaires. La Syrie est devenue un théâtre de guerre dans lequel les puissances régionales
tentent d'imposer leur influence et défendre leurs propres intérêts géostratégiques et
économiques.
L'auteur conclut en notant qu'il est vrai que le régime syrien a effectivement perdu sa
légitimité et ne peut rester au pouvoir. Cependant, la crise est devenue très profondément au
point que le départ du dirigeant syrienne stoppera pas la montée de l'islamisme radical ni
l'infiltration d'Al-Qaïda causée par l'érosion de l'Etat. Par ailleurs, son départ ne stoppera pas
le bain de sang causé par cette guerre civile qui est alimentée principalement par le Qatar,
l'Arabie saoudite et la Turquie d'un côté et par la Russie, l'Iran, et certains groupes irakiens
chiites de l'autre.
Ceci étant la démarcation entre cet auteur et nous réside dans le fait que contrairement à ses
analyses, nous nous préoccupons plutôt non pas de la Syrie après Bachar Al Assad, mais
plutôt de l'objectif sino russe poursuivi dans cette crise.
Le dernier auteur que nous pouvons citer et qui a aussi dans ses analyses marqué notre étude,
c'est Chantal Dupille7(*).À travers son analyse « la Russie, le meilleur allié de la paix ».
L'auteur formule sa problématique de la manière que voici: « la Russie est elle la puissance
qui peut restaurer la paix universelle ? ».
L'auteur note que le retour de la Russie sur la scène internationale est un signe fort et un
soulagement pour toute l'humanité. Une Russie non alignée, forte, souveraine, très active dans
des opérations de maintien de la paix, dénonçant l'ingérence dans les affaires intérieures des
Etats, prônant le dialogue et la concertation comme ce le cas en Syrie, mais décidée à faire
preuve de fermeté. Non alignée, c'est à dire rejetant le joug de l'empire, et donc diabolisée par
les médias aux ordres orchestrés par les sayanims. Poutine a raison de protéger son pays de
Washington et de ses alliés en occident. Il a également raison de défendre l'intégrité de la
Syrie afin qu'elle ne subisse pas le même sort que la Libye dépecée, ruinée, pillée, fanatisée,
islamisée de force en proies de la guerre civile etc. En agissant ainsi, le dirigeant russe protège
le pays de Bachar Al Assad (laïc) du terrorisme, du fanatisme religieux, de l'horreur comme
en Irak et plus généralement, il est aujourd'hui le premier rempart contre le risque de guerre
mondiale commençant en Syrie, se poursuivant en Irak et pouvant décimer via l'attaque
ensuite de la Russie et la Chine, la planète toute entière y compris.
L'auteur conclut en montrant que parce que le puissant Vladimir Poutine est le plus ferme
partisan d'un monde multipolaire facteur d'équilibre.Il est aujourd'hui le meilleur garant de la
paix pour les peuples.
Eu égard à ce qui précède, il est à noter que la démarcation avec l'auteur précité se situe dans
le fait qu'à ce qui nous concerne, la préoccupation est celle de savoir pourquoi la Chine et la
Russie soutiennent le régime syrien et non l'étude de la Russie comme partisan d'un monde
unipolaire et facteur d'équilibre.
En effet, en observant la position sino-russe dans la crise syrienne, La question de notre étude
est formulée comme suit : quel est l'impact de la coopération sino-russe sur la crise syrienne ?
B. Hypothèse de travail
En réponse à la question de notre étude, il importe de noter que, l'objectif principal des deux
puissances est très probablement d'empêcher qu'un directoire occidental vienne s'installer au
moyen orient à la faveur des crises qui s'y succèdent.L'épisode libyen pouvait marquer le
début d'une pratique, il convenait d'abord et avant tout d'éviter qu'il se reproduise en Syrie
terre éminemment stratégique lorsqu'on regarde la carte de la région.
La Russie ne pouvait pas regarder et accepter qu'un moyen orient voisin immédiat de sa zone
privilégie soit un champ de manoeuvre occidental. La chine ne pouvait pas tolérer aussi de
son côté qu'à la faveur d'une intervention, l'édite même de souveraineté et d'intégrité
territoriale soit légalement bousculée; du côté de Moscou, le zèle est plus marqué non pas
tellement parce qu'on craint la chute d'un gouvernement avec lequel on pourrait s'entendre,
mais plus fondamentalement, parce que la diplomatie russe trouvait dans les maladresses et
les hésitations occidentales un moyen de s'imposer comme un suprême arbitre.en fait, à bien y
regarder, la crise syrienne va évoluer au rythme du bon vouloir de Moscou: ce sur pouvoir
ainsi acquis par rapport aux capacités réelles de la Russie est une aubaine que Vladimir
Poutine et Serguei Lavrov ont su saisir.
2. Choix et intérêt du sujet
Le choix d'un sujet de recherche ne se fait pas de façon hasardeuse, d'autant plus que le thème
que le chercheur se propose d'étudier doit correspondre à la formation dont il est
bénéficière.À ce qui nous concerne, le choix du présent énoncé est d'une grande importance
étant donné que la crise syrienne préoccupe plus d'une personne, sans oublié de ce fait, la
farouche opposition sino-russe pour une intervention militaire dans cette crise pour rétablir la
paix. Ce sujet nous permet d'appréhender deux notions importantes des Relations
internationales parmi tant d'autres, à savoir : la notion de coopération internationale d'une part
et celle des relations de puissance d'autre part.
A ce qui concerne l'intérêt que porte ce sujet, il peut s'expliquer sous trois facettes
notamment : académique, social ou pratique et enfin scientifique.
a. Du point de vue académique
Selon les Us et coutumes universitaires, la rédaction d'un travail de fin de cycle est un
impératif, dans la mesure où celui-ci vient sanctionner la fin de tout un parcours et sans lequel
l'obtention du titre du à la formation devient hypothétique.Ainsi donc, pour se conformer à ces
dispositions règlementaires, nous avons eu à opter pour ce sujet afin de rédiger un travail de
fin de second cycle.
b. Du point de vue social ou pratique
Sur le plan social ou pratique, le sujet que nous avons choisi revêt un intérêt capital étant
donner que la position sino-russe dans la crise syrienne suscite une flopée de réactions dans
l'opinion internationale. Il est donc à signaler que la position sino-russe au conseil de sécurité
en rapport avec le dossier syrien demeure une question très préoccupante, étant donner que
non seulement l'organisation mondiale ayant dans ses attributions le maintien de la paix et de
la sécurité internationale ne sait plus s'acquitter de ses missions, mais aussi la situation sur
terrain qui demeure préoccupante dans ce sens que le nombre de morts augmente du jour au
jour, les massacres et les tortures se comptent par millier.
Sur ce plan, notre travail vaut son pesant d'or et trouve sa raison d'être.
c. Du point de vue scientifique
Ce sujet dénote d'un caractère scientifique dans la mesure où, il nous permet de mieux cerner
la notion de la coopération internationale et aussi le rapport de force entre les grandes
puissances ou mieux les membres permanents du conseil de sécurité.
En effet, la position sino-russe dans la crise syrienne, nous a permis de comprendre les
fondements de la coopération entre les deux puissances (la chine et la Russie) et surtout la
solidarité croissante que ces deux membres permanents du conseil de sécurité affichent sur le
nombreux dossiers multilatéraux, et notamment sur le dossier syrien, dans le but de militer
pour un monde multipolaire, en contrecarrant ainsi l'hégémonisme américain.
3. OBJECTIF D'ETUDE
En élaborant ce travail de mémoire, nous nous sommes assignés comme préoccupation
d'étudier l'impact de la coopération sino - russe sur la crise syrienne étant donné que
l'organisation des Nations Unies ne sait pas trouver une issue favorable en fin de sortir de
cette crise suite au large veto russe soutenu par la Chine.
4. Méthode et technique de recherche
A. Méthode de travail
Sans nous perdre dans le dédale des brillantes définitions consacrées à la méthode, retenons
tout de même avec Marcus BINDUNGWA IBANDA qu'elle est « un ensemble organisé des
procédés mis en oeuvre afin d'atteindre l'objectif que tout chercheur s'est assigné dans son
travail »8(*).
De ce qui précède, dans le cadre de ce travail et comme son intitulé l'indique, il nous a été
demandé de faire une étude sur l'impact de la coopération sino-russe sur la crise syrienne, d'où
le recours à la méthode analytique étant donné que cette dernière a la spécificité de présenter
ou de décrire, notamment dans une perspective critique, les faits ou les réalisations d'un ou
plusieurs acteurs sur la scène mondiale.
A la lumière de ce qui précède, il a été clair pour nous de comprendre les retombées
imprévisibles de la coopération sino-russe dans la crise syrienne grâce à cette méthode
précitée.
B. Technique de recherche
De manière générale, une technique est un instrument permettant au chercheur de collecter les
données. autrement dit, les données d'un travail scientifique, ne sont pas à concocter de façon
éparse, elles sont le résultat des techniques rigoureusement usitées.
Pour ce qui nous concerne, nous avons fait usage de la technique documentaire qui nous a
permis de mener nos recherches au travers les bibliothèques et l'internet.
5. Délimitation du sujet
Toute étude scientifique doit avoir un cadre spatio-temporel dans lequel graviteront les
investissements du chercheur. C'est ainsi que dans l'élaboration du présent travail, il nous sera
capital d'avoir un cadre spatio-temporel limitatif pouvant nous permettre de mieux cerner
l'impact de la coopération sino-russe sur la crise syrienne.
A. Délimitation spatiale
Il importe de souligne que notre étude couvrira l'espace de la Syrie étant donné que, nous
sommes convié à analyser l'impact qu'à la coopération sino-russe sur la crise qui se déroule
dans ce pays.
B. Délimitation temporelle
Le présent travail posera ses repères temporels dans la période allant de mars 2011, qui
marque le début de la crise en Syrie, à mars 2013, étant donné que jusqu'à cette date, deux
années déjà écoulées, alors qu'aucune sanction voir solution n'a été trouvée pour mettre fin à
cette crise.
6. Subdivision de l'étude
Pour mieux élaborer ce travail,exceptél'introduction et la conclusion, nous avons subdivisé la
matière en quatre chapitre scindés chacun en sections et paragraphes.
Dans le premier chapitre, nous présenterons la coopération internationale ainsi que ses
approches théoriques.
En suite, le deuxième chapitre retracera les phases importantes et l'évolution de la coopération
sino-russe.
Puis, il s'agira dans le troisième chapitre d'analyser les différents aspects de la crise syrienne.
Enfin, dans le quatrième chapitre, il sera question de ressortir l'impact de la coopération sino-
russe dans la crise syrienne.
CONCLUSION PARTELLE
Le présent chapitre consacré à la crise syrienne, a eu pourbut le décryptage de la dite crise. Il
a été question d'identifier les causes déclencheuses, analyser le déroulement et la localisation
des événements, sans oublier la mention de ses effets pervers.
De manière générale, la crise syrienne trouve son origine dans le printemps arabe qui est un
ensemble de contestations populaires, d'ampleur et d'intensité très variables qui se produisent
dans de nombreux pays du monde à partir de décembre 2010. Alors que ce mouvement
s'étend en 2011 à tout le monde arabe, le régime de Damas prend des mesures de préventions,
répression assorties de tentatives d'apaisement. Plusieurs appels à manifester sont lancés à
partir du 4 févier 2011, mais les Moukhabarat reprennent ces manifestations. Ceci va conduire
à un conflit armé opposant les régimes baasiste à l'armée syrienne libre (ASL) une structure
constituée sur la base d'un noyau de déserteurs et de citoyens.
Face à cette situation on note le manque de réactivité de la communauté internationale, étant
donné que le conseil de sécurité de l'Organisation des Nations Unies est bloqué par le véto
russe soutenu par son allié chinois, rendant ainsi les choses plus compliquées que cela n'a était
dans le cas de la Libye.
CONCLUSION GENERALE
Le présent travail scientifique portant sur « l'impact de la coopération sino-russe sur la crise
syrienne », étant arrivé à sa fin, il est nécessaire pour nous de rappeler les grandes étapes qui
l'ont constitué, sans bien entendu oublier de décrire sa préoccupation majeure et démontrer le
résultat atteint.
A cet effet, il est à signaler que, ce travail avait été subdivisé en quatre chapitres, excepté
l'introduction et la conclusion.
Le premier chapitre a porté sur la coopération internationale et a tourné autour de points
essentiels suivants : la définition, les acteurs et la dimension de la coopération internationale.
Le deuxième chapitre a traité la coopération sino-russe et a tourné autour des points essentiels
suivants : la présentation de la coopération bilatérale entre la Chine et la Russie, le pacte sino-
russe et enfin l'évaluation de la coopération entre ces deux Etats.
Le troisième chapitre quant à lui a analysé la crise syrienne et à tourner autour des points
essentiels suivants : études du printemps arabe : contexte et points communes de pays
concernés, l'analyse de la crise syrienne et enfin la Syrie et le printemps arabes : décodage
d'une énigme politique
Le quatrième chapitre enfin a traité l'impact de la coopération sino-russe dans la crise syrienne
et a tourné autour des points essentiels suivants : le veto sino-russe au conseil de sécurité des
Nations Unies, l'axe sino-russe en Syrie et enfin les moyens de sortie de la crise.
Pour ce faire, il convient de signifier que, pour traiter cette épineuse question, notre étude a eu
comme préoccupation la question suivante : quel est l'impact de la coopération sino-russe sur
la crise syrienne ?
Pour répondre à cette question, nous avons fait recours à la méthode analytique étant donné
que cette dernière a la spécificité de présenter ou de décrire, notamment dans une perspective
critique, les faits ou les réalisations d'un ou plusieurs acteurs sur la scène internationale, et à la
technique documentaire qui nous a permis de mener nos recherches au travers les
bibliothèques et l'internet. Ceci, nous a conduit à comprendre que l'objectif principal de la
Chine et la Russie est très probablement d'empêcher qu'un directoire occidental vienne
s'installer au Moyen-Orient à la faveur des crises qui s'y succèdent, l'épisode libyen pouvait
marquer le début d'une pratique, il convenait d'abord et avant tout d'éviter qu'il se reproduise
en Syrie terre éminemment stratégique lorsqu'on regarde la carte de la région. La Russie ne
pouvait pas regarder et accepter qu'un Moyen-Orient voisin immédiat de sa zone privilégie
soit un champ de manoeuvre occidental.
La Chine ne pouvait pas tolérer aussi de son côté qu'à la faveur d'une intervention, l'édite
même de sa souveraineté et d'intégrité territoriale soit légalement bousculée du côté de
Moscou, le Zèle est plus marqué non pas tellement parce qu'on craint la chute d'un
gouvernement avec lequel on pourrait s'entendre, mais plus fondamentalement, parce que la
diplomatie russe trouvait dans les maladresses et les hésitations occidentales un moyen de
s'imposer comme un suprême arbitre.En fait à bien y regarder, la crise syrienne va évoluer au
rythme du bon vouloir de Moscou.
Toutefois, il convient donc d'indiquer que, l'exercice de droit de véto par la Chine et la Russie
au Conseil de Sécurité des Nations Unies a un double objectif; d'abord celui de rappeler au
monde la fin de l'unipolarité américain et le retour à unmonde multipolaire dans lequel ces
deux puissances ont leur mot à dire sur les conflits du Moyen-Orient, et en suit pour s'auto-
protéger contre une répétition de l'histoire chez eux.
BIBLIOGRAPHIE
I. Document officiel
1. Charte des Nations Unies
II. Ouvrages
1. Bertrand Badie, L'impuissance de la puissance, Essai sur les nouvelles relations
internationales, Paris, Fayard, 2004.
2. BINDUNGWA IBANDA, M. Comment élaborer un travail de fin de cycle ? Contenu et
étapes, Lubumbashi, Ed. Medias Paul, 2009.
3. Bouhacene M., Droit international de la coopération industrielle, Paris, Publisud, 1982.
4. Brice SOCCOL, Relations internationales, Editions paradigme, 2006.
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7. Guy Mvelle., L'UNION AFRICAINE: Fondements, Organes, Programmes et Actions,
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8. Jean Bodin, Les six livres de la République.
9. KWAM KAWASSI, Organisations internationales Africaines, Paris, Berger Levraut, 1987.
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13. Marchesin P., Introduction aux relations internationales Paris, Editions Laballery, 2008.
14. MAX WEBER, Le savant et le politique, Paris, Editions plan, 1959.
15. Mbayo Ngoie, J., La Géopolitique à l'ère de la mondialisation et du printemps arabe,
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16. Michalet, Le capitalisme mondial, Paris, 2ème éditions, PUF, 1985.
17. Moreau Defarges P., La géopolitique pour les Nuls, Paris, Editions First Grund, 2008.
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21. Ngoie Tshibambe G., Introduction aux relations Internationales, Lubumbashi, Labossa,
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22. PAQUIN S., Economie politique internationales, Paris, PUF, Montchrestien, 2005.
III. Articles et revues
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2. Xavier GUILH., « Enigme syrienne », in revue géopolitique.
3. Karim Emile Bitar, « la Syrie et le bon vieux pragmatisme de la Diplomatie Russe », in le
monde.fr.
4. Facon Isabelle, « l'organisation de coopération de Shanghai, ambitions et intérêts russes »,
courrier des pays de l'Est, n° 1055, Mai - Juin, 2006.
5. Annie Jafalam, « Equilibres géopolitiques en Asie centrale : la montée en Puissance de la
Chine », in annuaire stratégique et militaire, 2005.
6. Philippe Fourgues, « La transition démographique dans le monde Arabe, de 1980 à 2005 »,
in la tribune. Fr.
7. Jean François Dagurzan, « les causes économiques de la révolution arabe », in lemonde.fr
8. Djerrad Amar, « triple véto sino-russe : fin d'une conjuration, fin d'un unilatéralisme ? ». in
le monde. Fr
9. Assiya Hamza et Didier François, « l'indéfectible soutien sino-russe », in le monde. Fr
10. Samuel Huntington P., « The Lonely Superpower», Foreign Affairs, March-April, 1999
11. Michel GUENEC et Jean Sylvestre MONGRENIER, « l'organisation de coopération de
Shanghai : une OTAN Eurasiatique ? » in le monde Fr.
12. Bertrand Badie : « Axe Moscou Pékin n'existe-t-il pas depuis le début de la guerre
froide ? », le monde.fr
IV. Notes de cours
1. TSHIPANGA MATALA, Cours de politique extérieur de la RDC, UNILU, 2011 - 2012.
2. NGUWAY KPALAINGU K., Droit International Public, RDC - Lubumbashi, 2ème édition,
2011.
3. NGUWAY KPALAINGU K., Organisations internationales, RDC Lubumbashi, 2ème
Éditions d'essai, 2012.
V. Sites internet
1. www.altavista.com
2. www.over.blog.com/catégorie12500973.html
3. www.diploweb.com
4. www.thesundaytimes/26/06/2011/HalaJaber
5. http://fr.wikipéda.org/wiki/guerre-civile-syrienne
6. http://www.lematingdz.net/news/9210
7. http://laRussied'aujourd'hui.fr
8. http://www.stato-analyse.org/fr/spip.
9. http://www.rue89.com/*2012/01/31.
10. http://Syrie.blog.com
Un bilan mitigé
Polyglotte chevronné, le diplomate italo-suédois n’est pas le premier à jeter
l’éponge devant l’impossibilité à mettre un terme à la guerre syrienne. Depuis le
début du conflit en 2011, deux autres poids lourds de l’ONU – l’ancien secrétaire
général de l’organisation, Kofi Annan, remplacé en 2012 par l’ex-ministre algérien
des Affaires étrangères, Lakhdar Brahimi – avaient déjà claqué la porte de l’enfer
syrien.
Tous les espoirs s’étaient alors reportés, dès juillet 2014, sur la persévérance
réputée à toute épreuve de Staffan de Mistura, fort de ses expériences dans des
zones de guerre comme l’Irak ou l’Afghanistan. En 2015, celui-ci confiait encore
souffrir « d’une terrible maladie chronique, celle de l’optimisme ».
Sa mission, qualifiée par beaucoup « d’impossible », s’est pourtant rapidement
heurtée à la virulence et à l’obstination des partis en présence. Incapacité à concilier
les intérêts divergents des pays membres de l’ONU, à trancher sur la question du
sort du président Bachar Al Assad, à apaiser les rivalités des grandes puissances
régionales engagées sur le terrain, à faire peser la voix d’une opposition affaiblie…
À quelques semaines de sa démission effective, le bilan du mandat syrien du
« marquis italien » reste mitigé : il a par exemple réussi à préserver le fragile
accord de Genève, appelant à une résolution politique du conflit, ou à réunir par
surprise en novembre 2017 en Suisse deux délégations de Damas et de l’opposition.
Mais il a parallèlement été écarté sans ménagement du processus de paix alternatif
lancé à Astana, la capitale kazakhe, entre Moscou, Ankara et Téhéran…
Création d’un « Comité constitutionnel »
Mi-octobre, Staffan de Mistura a annoncé qu’il se rendrait tout de même la semaine
prochaine à Damas, à l’invitation du régime, pour évoquer la formation d’un
Comité constitutionnel chargé d’élaborer une nouvelle Constitution pour la Syrie.
La mise au point de cette instance, dont la création traîne depuis son annonce en
janvier à Sotchi en Russie, s’est elle-même révélée très laborieuse.
Envoyé spécial, rescapés de l’enfer syrien
Cette dernière devrait en effet compter 150 personnes : 50 proposées par le régime
syrien, 50 par l’opposition et 50 par l’émissaire onusien, censés représenter la
société civile. La composition du dernier tiers suscitait notamment l’inquiétude de
Damas, responsable selon Staffan de Mistura des derniers mois de blocage du
processus. L’émissaire a aussi indiqué qu’il allait inviter les garants de l’accord
d’Astana à venir à Genève « avant la fin du mois ».
Quelle situation léguera-t-il à son successeur, alors que les précédentes tentatives
de médiation se sont jusqu’ici toutes soldées par des échecs ? La question demeure
ouverte, alors que plus de 360 000 personnes ont déjà perdu la vie en sept ans dans
le bourbier syrien.
Malo Tresca
EPIGRAPHE
« La justice prend naissance parmi les hommes à peu près également puissants où une lutte
n'amènerait que des dommages réciproques sans résultats ».
Thucydide (Humain, trop humain)
DEDICACE
A mes très chers et vénérables parents, Bertin MBU MVETA et Rita MATANGI BUBU
dont l'amour, l'affection et les sacrifices n'ont cessé de me combler de bonheur et dont le sens
de la responsabilité ainsi que la rigueur ont forgé ma très bonne éducation.
REMERCIEMENTS
Un travail de fin de cycle n'est jamais le fruit des efforts exclusifs d'une seule personne.
Même s'il n'affiche sur sa couverture que le nom de son auteur,ce travail n'est pas la résultante
des sacrifices individuels.
Ainsi, le présent travail ne fait pas exception à cette règle. Derrière le nom de son auteur se
dissimule une litanie des noms de personnes qui, par leur contribution, si moindre soit-elle,
ont efficacement participé à sa réalisation.
Qu'il nous soit permis non seulement de citer, mais aussi de remercier sincèrement toutes les
personnes qui ont concouru à sa réalisation.
Ainsi, notre gratitude s'adresse en premier lieu à l'Eternel Dieu Tout-Puissant pour le don de
la vie et de tout ce qui va avec. Sans Lui, tous nos efforts seraient vains.
Nous manifestons aussi notre profonde gratitude envers le Professeur Matthieu
TELOMONO BISANGAMANI qui, en dépit de ses multiples engagements, a accepté avec
sympathie de diriger le présent travail et a assumé cette tâche avec compétence. C'est grâce à
ses orientations, ses remarques et ses conseils que nous avons pu élaborer ce travail. A travers
lui, que tous les professeurs et assistants de l'Université Catholique du Congo trouvent ici
l'expression de notre inamovible gratitude. Et de manière particulière, nous pensons au Doyen
de notre faculté de Droit et des Sciences politiques, le Professeur Abbé Marcel NDJONDJO.
Nous restons aussi reconnaissant envers toutes les institutions scolaires qui nous ontformé et
fait de nous ce que nous sommes. Nous voyons par là le Groupe Scolaire du Mont-Amba,
l'EP KINZONZI à Mbanza-Ngungu, le collège Saint Théophile de Lemba ainsi que le
complexe scolaire Sainte Famille. Ces écoles nous ont vu grandir en âge et en intelligence.
Envers elles et envers tous ses enseignants, nous restons infiniment reconnaissant.
Que nos frères et soeurs Don-Divin MUKAMA, Tatiana MBU, Voldi MBU, Israel MBU,
Rachel KIWAWA, Pitshuna NGENGI, Carmel MBU, ainsi que nos oncles et cousins
Georges LUKENGO, Mirro KABAMBA, Chimène KABAMBA, Modeste et Baudouin MBU
trouvent ici l'expression de notre inappréciable gratitude.
Nos remerciements s'adressent aussi à Don Antonio BARONE, à tous les jeunes et
responsables du Foyer Universitaire Saint Paul (FUSP), ainsi qu'à tous nos compagnons de
lutte Richard KAHUNGU, Adrien SENGA, Corneille MAKABA, Gédéon LEMA, Dienas
MIAKA,Merveille MAKIASHI, Richie BUESI, Jean-Fidèle BOSSEMBA, Daniel
MATUKA, Ruth NKUSUBA, Ilda NUNES, Fatou LOMBO, Esperance LOKILA,
Emmanuelle KAZAMWALI, Felly YELA, Messie et Gradie KISALU, Olivier et Ben
MWAKAYENGE, Crispin et Aldi KUEDIATUKA, Safmi BUMBAKINI, Priscilla BAKIDI,
Marlène MASSAMBA, Jonathan MABIALA, Farrel NGIMBA, Elvis KUBANZILA, Gatien
MULATA, Jacques LUMINUKU, avec qui nous avons passé de moments de dur labeur
durant notre cursus scolaire et académique. Leur fraternité et leur réconfort envers nous ont
été, et sera toujours pour nous une vraie raison d'espérer.
Nos remerciements s'adressent de même à la Famille Kizito-Anuarite du clan Marie Reine
des Apôtres. Leurs prières et leur chaleur fraternelle n'ont cessé de nous fortifier et de nous
expulser vers l'avant.
A tous nos camarades de la promotion et à tous ceux que nous n'avons pas pu citer suite au
caractère hautement scientifique du présent travail, nous disons sincèrement merci.
MEZOL AUDRY Audry
SIGLES ET ABREVIATIONS
ADR : Alternatif dispute resolution
Art. : Article(s)
AUDA : Acte uniforme relatif au droit de l'arbitrage
CCCL III : Code civile congolais livre III.
CCJA : Cour commune de justice et d'arbitrage
CPCC : Code de procédure civile congolais
CPCF : Code de procédure civile français
CPCI : Code de procédure civile italien
J.O : Journal officiel
L3 DSPO : Troisième licence faculté de Droit et des Sciences politiques
LGDJ : Librairie générale de droit et de jurisprudence
M1D : Master 1 Droit
MARC : Modes alternatifs de règlement de conflits.
MARL : Modes alternatifs de règlement des litiges
Med - Arb : Médiation-arbitrage
NCPCF : Nouveau code de procédure civile français
OHADA : Organisation pour l'harmonisation en Afrique du Droit des
affaires
RDC : République démocratique du Congo
SORREL : Solutions de rechange au règlement des litiges
UCC : Université catholique du Congo
INTRODUCTION
Si les sujets de droit avaient une conscience précise de leurs droits et de ses limites, et s'ils
avaient la prudence de ne point les dépasser, la justice étant volontairement respectée, il n'y
aurait point de place pour des juges dans la société. Les « utopies » ont placé de pareilles
sociétés en un âge d'or révolu, sur quelque île indécouvrable ou dans un avenir
perpétuellement fuyant1(*). Et puisque cette société parfaite reste le propre de l'imaginaire, la
société concrète quant à elle dispose toujours des institutions ainsi que des personnes
habilitées à trancher les différends qui surgissent de rapports interpersonnels.
Le règlement d'un différend fait appel à des personnes sages qui ont le devoir de trancher en
toute équité. Ces personnes font tous recours à des procédures bien définies, notamment les
procédures judiciaires. CHEVEAUX sur CARRE nous renseigne, à travers le professeur
Antoine RUBBENS, que « la procédure n'est (...) autre chose (...) que la forme suivant
laquelle les justiciables et les juges doivent agir, les uns pour obtenir, les autres pour rendre
justice2(*).
En effet, les procédures judiciaires sont les plus connues et les plus fréquentées actuellement.
Ce sont des procédures traditionnelles. Celles-ci consistent en deux grandes branches : la
procédure pénale et la procédure civile. La première cherche le rétablissement de l'ordre
public troublé par l'infraction ; tandis que la seconde désigne l'ensemble des règles de droit
qui sont imposées aux particuliers (personnes privées) aux fins de soumettre à une juridiction
leurs prétentions de droit civil et d'en défendre le bien-fondé3(*).
Cependant, de plus en plus aujourd'hui, on remarque l'apparition de plusieurs autres
techniques satellites, ayant le même objectif de résoudre les différends, à côté de celle dite
traditionnelle. C'est ce qu'on appelle les Modes Alternatifs de Règlement de Conflits
(MARC).
L'expression Modes Alternatifs de Règlement de Conflits est récente, mais la réalité
contemporaine qu'elle traduit ne date pas d'hier4(*). Cette réalité a des très vielles racines,
notamment dans l'ancien droit romain. Aussi, on peut retrouver une réalité similaire aux
MARC dans la coutume juridique de l'Afrique noire. En tant qu'africain, la pratique des
MARC ne peut nous sembler totalement étrangère. Longtemps avant l'arrivée du colonisateur
blanc en Afrique, il existait une réalité comparable aux MARC appelée « palabre ». Celle-ci,
selon nous, a certainement inspiré la réalité actuelle des MARC.
Dans son autobiographie, NELSON MANDELA entendait par palabre une coutume de
rencontre, et de création ou de maintien de lien social qui apparaît comme une véritable
institution sociale à laquelle participe toute ou partie de la communauté d'un village,
laquelle coutume permet également de régler un contentieux sans que les protagonistes ne
soient lésés5(*).
I. PROBLEMATIQUE
Les modes alternatifs sont en train de gagner de plus en plus du terrain dans le domaine de la
résolution des différends entre les privés. Il sera d'office ordinaire de se demander le pourquoi
de ce phénomène. Dès lors, on veut savoir qu'est-ce qui pousse certains à recourir aux
MARC plutôt qu'aux juridictions de l'ordre judiciaire pour résoudre les différends d'ordre
privé ? Qu'est-ce qui justifie cette préférence ? Pourquoi recourir aux modes alternatifs ?
Pourquoi ce retour à une pratique dépassée ? Pourquoi y recourt-on seulement à cette
époque ? Pourquoi faire appel à une justice privée parallèle à la justice de l'Etat ? Quels sont
les avantages de ces modes ? Quels sont réellement les Modes alternatifs de règlement de
conflits et quels sont ces modes ? Comment ces modes fonctionnent-ils ?
Les interrogations sont multiples mais, il nous semble nécessaire de répondre à une question
qui, pour nous, apparait plus fondamentale ; la réponse à cette question frayerait un passage
aux réponses à d'autres questions corolaires. Cette question est donc celle de savoir c'est quoi
réellement les Modes Alternatifs de Règlement de Conflits et comment fonctionnent-ils ?
Cette question nous permettraainsi de connaitre les avantages que présentent les MARC par
rapport à la procédure civile qu'ils tendent à alterner, et par là-même, nous parviendrons à
cerner les motivations qui poussent au choix des MARC.
II. HYPOTHESE
Les MARC tendent à alterner la procédure civile. Certains MARC conditionnent même le
recours à un procès civil6(*). C'est le cas par exemple de la conciliation en matière de
divorce.Aussi, en matière de droit de travail, la conciliation devant un inspecteur de travail est
une condition préalable7(*). En droit international par exemple, il y a obligation de négociation
avant de soumettre le différend à la Cour Internationale de Justice. Les Etats, en arrivant
devant la Cour, doivent démontrer que les tentatives de réconciliation à l'amiable ont
échoué8(*). Cependant, il y a plusieurs autres hypothèses qui peuvent nous conduire à la
compréhension du choix des MARC en lieu et place d'un procès.
Premièrement, notons que la réalité juridique n'est pas statique, c'est-à-dire que le Droit tel
que conçu au début de la science juridique est voué à l'évolution. Le droit d'hier n'est pas le
droit d'aujourd'hui, et celui d'aujourd'hui ne sera pas le même demain. Aussi, L'évolution de
la science juridique se fait selon les sociétés, selon les époques, selon les peuples. C'est
pourquoi le Droit est ditscience sociale. Ainsi, il se pourrait que le droit, dans son souci
d'évoluer, cherche à s'émanciper de la procédure civile pour laisser assez de pouvoir aux
privés afin de régler eux-mêmes les différends les opposant, l'Etat n'étant là principalement
que pour veiller au respect de l'ordre public.
Une autre hypothèse c'est celle de l'injustice. Il se pourrait que certaines personnes soient
déçues par les multiples injustices qui caractérisent l'application du droit aujourd'hui. La
corruption étant devenu monnaie courante, on perd la confiance en la justice de l'Etat où,
pense-t-on, règne la raison du plus riche. Par contre, avec les MARC il serait question de
consensualisme. Rien n'est imposé d'avance. Les privés préfèrent un accord unanime en lieu
et place d'une issue préétablie par la loi.
En plus de l'injustice, il y a aussi la non maitrise de la procédure. En effet, s'il peut arriver à
n'importe qui d'être lésé dans ses droits, il n'est pas pourtant donné à tout le monde d'avoir la
maitrise de la procédure exigée pour revendiquer ses droits lésés. Ce serait peut-être pour des
raisons de non maitrise de la procédure civile que certains feraient recours aux MARC, ceux-
ci présentant une certaine souplesse dans la procédure.
Parmi les hypothèses, la raison du temps tient autant. Les procédures devant les tribunaux
sont réputés très lentes. Afin de gagner du temps, certains préfèreraient suivre la voie des
MARC pour résoudre leurs différends. Une affaire en justice pourrait durer plus de dix ans au
tribunal, tandis qu'avec la transaction par exemple, la même affaire prendrait 2 mois. Cette
rapidité avec les MARC serait peut-être l'une des raisons principales qui pousserait certains à
recourir à cette justice privée plus rapide et plus souple.
V. METHODES ET TECHNIQUES DE
RECHERCHE
La méthode est l'outil dont on se sert pour satisfaire à l'exigence fondamentale de l'objectivité
vis-à-vis de la chose étudiée. C'est la procédure logique d'une science, c'est-à-dire l'ensemble
des pratiques particulières qu'elle met en oeuvre pour que le cheminement de ses
démonstrations et de ses théorisations soit clair, évident et irréfutable13(*).
En effet, afin de mener à bien notre travail, nous avons fait le choix de la méthode
descriptive. Celle-ci a consisté à déterminer la nature et les caractéristiques des phénomènes
étudiés, notamment les MARC, et parfois à établir les associations entre eux.
En dehors de la description, nous avions aussi, de temps en temps, fait recours à d'autres
méthodes telles que celles analytique, déductive et inductive.
INTRODUCTION GENERALE
Ces dernières années le monde a été ébranlé par les conflits les plus meurtrières et les plus
dévastateurs de toute son histoire. De nombreux guerres usent encore en permanence dans
certains continents, exemple Afrique et ne cessent de livrer au monde un spectacle d'erreurs
d'atrocités et de barbarie que la communauté internationale observe médusée. Les conflits du
Liberia, de la république démocratique du Congo (RDC) de la Somalie du Soudan, de la
Sierra Leone, de la Cote d'ivoire et surtout les sommets de l'erreur atteints avec le génocide
des Tut sis au Rwanda en furent les illustrations poignantes. A ce point les problèmes de
sécurité continuent d'être vivement préoccupants dans ce monde .Le semble marqué de plus
en plus de la violence armée au point d'apparaitre comme son propre bourreau âpres son
affranchissement des tutelles diplomatiques étrangères, la guerre, les coups d'Etats ou les
rebellions semblent être le mode de règlement des différends auxquelles les protagonistes des
crises des continents sont le plus souvent recouru.
La multiplication des conflits dans le monde constitue aujourd'hui l'un des principaux défis
auxquels doit faire face la communauté Internationale. Au premier rang de celle --ci se
trouve l'organisation des Nations --Unies (ONU). Elle a été crée lors de la conférence de San
--Francisco tenue au lendemain de la seconde guerre mondiale. Son rôle principal est de
maintenir la paix et la sécurité Internationale ; âpres l'immobilisme de la période de la
guerre froide, l'ONU a sensiblement accru ses activités dans ce domaine. De nombreuses
opérations de maintien de la paix ont été projetées dans le monde et surtout en Afrique pour
faire face à toute une série de guerre qui ont éclatées à l'intérieur même des Etats. La mise en
place de ces opérations a permis d'atténuer dans bien de cas, les tensions est d'éviter les
escalades violentes.
A l'inverse, elles sont également révélées leurs limites. En envisageant de réfléchir « sur les
conflits en prenant un drame sur les conflits et leurs modes de résolution ».
Sur le plan International comme exemple, notre intention n'est pas de proposer des solutions
miracles, mais plutôt de susciter des débats, des réflexions enfin que notre modeste travail
soit compléter, enrichi, voir dépassé. Dans un monde caractérisé par l'internationalisation
des relations, ces conflits ont revêtus une dimension particulière sur la communauté
Internationale. Il est bien évident qu'on ne peut isoler des conflits internationaux du problème
plus large des conflits en générale qu'ils se manifestent à l'intérieur des Etats ou dans les
rapports entre les éléments composants de la sécurité Internationale.
Dans cette perspective, il existe une menace permanente contre la paix liée notamment à la
mal gouvernance des Etats, au manque de démocratie et à la violation des droits de l'homme,
le manque d'égard en ver la souveraineté des peuples, à la misère cumulative des populations
et à l'épineux problème des frontières entre Etats. Dans un contexte de précarité politique
(instabilité des installations politique), sécurité de l'Etat menacée par l'armée ; économiques
etc....
L'Etat devenu propriété des détenteurs politiques, et social (allégeance ethniques,
communautaires, religieuses).La paix devient à son tour précaire. Devant cette situation de
menace perpétuelle qui fragilise l'instauration de la paix durable, il importe d'instituer et de
développer ce qu'il est convenu d'appeler « la résolution des conflits », comme le terme
l'indique « résoudre » c'est mettre en oeuvre l'ensemble des mesures et moyens pour trouver
la solution d'un phénomène.
Dans le domaine de conceptualisation des conflits deux approches sont à prévaloir âpres la
phase de prévention : la résolution et le règlement. L'article 33 de la charte des Nations
Unies d'aujourd'hui a dresser une liste non limitative de mode de règlement des différends
sans en imposer aucun « les parties à tout différends dont la prolongation est susceptible de
menacer le maintien de la paix et de la sécurité
internationale doivent en rechercher la solution avant tout par la voie de
négociation ,d'enquête ,de mediation,de conciliation ,de règlement judiciaire, de recourir aux
organisations ou accords régionaux ou par d'autres moyens pacifiques de leurs choix ».
Les partis en litige peuvent prendre leurs libertés de choix, mais seulement dans la mesure où
elles se sont engagées à l'avance par la voie conventionnelle à se soumettre à un procédé
déterminé de règlement. Usage de cette liberté les Etats utilisent plus volontiers les procédés
politiques qu'aux des procédés juridiques. Parmi ces derniers ils accordent la priorité au
règlement non juridictionnel dont les résultats ont une portée non contraignante plutôt qu'aux
procédures arbitrales et juridictionnelles. A ce projet l'expérience a montré que la résolution
des conflits ne doit pas se baser sur le pouvoir, elle ne doit pas non plus faire prévaloir
uniquement les mesures coercitives. Elle doit viser la relation post-conflit qui n'est pas fondé
sur le pouvoir et qui perdure, car les belligérants la trouvent légitime dans le règlement des
conflits armés dans le cadre du chapitre VII de la charte des Nations - Unies.
Si la résolution des conflits cherchent à aborder les causes des conflits de ce point de vue elle
n'est plus durable.
De ce fait les conflits sur le plan international peuvent ils avoir une mode de résolution du
droit international ?
Par quel mécanisme peut-on réussir à atteindre cet objectif ?
Telles sont entre autres que nous essayerons de répondre ?
Pour y parvenir, il conviendra de mettre en évidence conceptualisation des conflits (première
partie), cette nécessité nous conduira à mettre un accent particulier sur le mode de résolution
des conflits (Deuxième partie).
aractère, classique , mais surprenant , du conflit entre ces deux frères ennemis est renforcée
par le fait que 1998 et 2000 , L'Erythrée et l'Ethiopie ce sont affrontées dans u n guerre à
l'Européenne , avec Aviation , bataille de Chars , front et tranchées qui fit prés de cent mille
morts , essentiellement militaires.
9
Michel Deyra droit international public page 194 mémento LMD
Chapitre I
Règlement pacifique des différends
A coté de la négociation qui le point de passage obligé pour tout contentieux les modes de
règlement des différends visent a dépasser le face à face des États en conflit pour faire
intervenir un tiers impartial dans un cadre diplomatique ou institutionnel. Au terme de
l'article 1er de la convention pour le règlement des conflits internationaux signé à la Haye le
18 octobre 1907).
« En vue de prévenir autant que possible le recours à la force dans les rapports entre les
états, les puissances contractantes parviennent d'employer tous leurs efforts pour assurer le
règlement pacifique des différends internationaux »
A l'époque contemporaine, l'interdiction de l'emploi de la force dans les relations
internationales est
hissée au niveau d'une norme impérative de valeur très large. Parallèlement ; cette obligation
pour les
10
Mode de résolution des conflits Michel Deyra page 195.
11
Patrick Dalliet et Alain Pellet droit international public page 822 (voir CIJ) dans l'arrêt du
27 juin 1986 recueil page 145
états de résoudre les conflits par des moyens pacifiques, acquiert le même caractère impératif
(voir article 2, paragraphe 3 et 33 de la charte des nations unies .Dans l'état actuel de son
développement, la société internationale ne peut exiger les parties à un différend aboutissent
à un règlement effectif. Toutefois, la tendance est de multiplier les pressions en ce sens, par le
recours à des procédures diplomatiques souvent collectives ou par un meilleur encadrement
juridique. Le recours aux divers modes de règlement pacifique des différends doit se faire de
bonne fois, et avec la volonté d'aboutir (voir la négociation) les modalités de règlement
pacifique font elles-mêmes l'objet d'une normalisation par le biais de conventions
multilatérales ou de modèles de règles.
Le droit international général ne contient pas d'obligation pour les États de faire usage de
tell modalité de règlement pacifique plutôt de telle autre12.
Aujourd'hui l'article 33 de la charte des nations unies dresse une liste non limitative des
modes de règlement sans en imposer aucun : « les parties a tout différend dont la
prolongation est susceptible de menacer le maintien de la paix et de la sécurité internationale
doivent en rechercher la solution avant tout par voie de négociation , d'enquête , de
médiation , de conciliation , d'arbitrage , de règlement judiciaire , de recours aux
organisations ou accords régionaux , ou par d'autre moyens pacifiques de leurs choix »
Elles peuvent prendre leurs libertés de choix, mais seulement dans la mesure où elles se sont
engagées à l'avance par la voie conventionnelle à se soumettre à un procédé déterminé de
règlement . On a suggéré que la distinction principale devait opposer les différends politiques
et les différends juridiques, chaque type de conflit étant susceptible de modalités différentes
de règlement. Mais il n'a jamais été possible de justifier une différence de nature telle que
chaque type de différends ait un champ, d'application, propre : tout conflit international est à
la fois politique et juridiques , seule la pondération des aspects politiques et juridiques
varies. Face à cette impasse, on a tenté d'opposer les procédés juridiques ceux qui sont
destinés à trancher le différend sur la base du droit et les procédé politiques qui autorisent la
prise en considération d'arguments d'opportunité. Dans point de vue juridique, il est une
distinction qui présente une relative clarté et dont la portée moins contestable que les
précédentes. Elle consiste à opposer les modes de règlements qui permettent d'imposer une
solution aux parties à un différend et ceux par le quels une solution leur est seulement
proposée , qu'ils ne sont pas tenues de respecter sous cette réserve , on est conduit à
distinguer deux grandes catégories de règlements des différends , en combinant le critère de
la porté juridique de la solution et son fondement en opportunité ou en droit .
Nous verrons successivement les procédures non juridictionnelles (section I), avant
d'examiner les procédures juridictionnelles (section II).
Section I
Les procédures non juridictionnelles
C'est l'approche la plus classique, puis que contemporaine de la naissance des relations
internationales modernes, le règlement non juridictionnel des conflits internationaux s'est par
nécessité tout d'abord inscrit dans un cadre interétatique. L'apparition des organisations
internationales n'a pas entrainées l'abandon de cette démarche. A l'inverse, il a paru possible
d'inscrire les modalités connues de règlement pacifique dans le cadre de ces organisations ,
aucune de leurs caractéristiques n'y faisait obstacle le pacte de la SDN y faisait référence
dans ses articles 12 à 16 (négociation , enquête )13.Aujourd'hui encore les statuts de
nombreuses organisations se limitent à inviter les états membres
12
La seule tentative en ce sens le protocole du 2 octobre 1924 établit par l'Assemblée de la
SDN a été abandonnée (nombre suffisant de ratification à la suite de la défection du Royaume
Unie ) page 822 DIP.
13 `c'est-à-dire n'entrant pas dans le champ d'application des articles 42 et 51 de la charte des
Nations Unies
à recourir aux procédé interétatique traditionnels . Mais pour les organisations les plus
importantes dans point de vue politique , il a aussi été immédiatement décidé de faire jouer
un rôle plus direct et plus actif à leurs organes propres ,simples cadres de négociation
multilatérale , ou instances de décision ,la pratique de ces organes a pu infléchir les
modalités des procédures interétatiques non juridictionnelles , les états en litige n'ont plus la
maîtrise discrétionnaire du déclenchement des procédures de règlement et à la limite ,ils
peuvent se trouver dans la situation confortable d'un état qui ne peut récuser la solution
préconisée par l'organisation qu'en violant ses obligations de membre de celle-ci .
-En outre les procédures non juridictionnelles est un complément naturel du principe de
bases de la sécurité collective reposant sur les non recours à la menace ou à l'emploi de la
force , le règlement non juridictionnel des différends peut revêtir deux modalités .
Nous développerons le règlement dans une cadre d'organisation (paragraphe II) après avoir
développer le règlement interétatique (paragraphe I).
.Paragraphe I
Le règlement interétatique
Il s'opère par des moyens diplomatiques qui tous ,sauf la négociation incluent l'intervention
d'une tierce partie et dont les résultats n'ont pas ,normalement ,d'effet contraignant ,déjà la
convention de la Haye de 1907 sur le règlement pacifique des différends des conflits
internationaux consacrait déjà un titre aux bons offices et à la médiation :
L'article 2 stipulait qu'en cas de dissentiment grave ou le conflit, avant de passer aux armés,
les puissances contractantes conviendraient d'avoir recours, dans la mesure du possible, aux
bons offices ou à la médiation d'une ou plusieurs puissances amies. Toute ces procédures non
juridictionnelles sont d'une pratique fréquente, aussi bien pour la solution de conflit mineur,
qui pour les conflits importants intéressant des états trop puissants pour accepter d'autres
procédures publiques et donc moins discrètes. Elles sont souvent, le préalable, en cas
d'échec, aux autres procédures dans le cadre des organisations internationales.
a) la négociation :
Degré minimum de l'obligation de régler pacifiquement les différends internationaux. La
négociation contribue à clarifier les contours d'une situation conflictuelle. Premiere étape
nécessaire à toute tentative de règlement d'un différend, la négociation implique que les états
en cause acceptent une rencontre entre leurs représentants dans le but de chercher à régler le
différend de bonne foi soit par un accord sur une solution, soit par un accord sur la
procédure à adopter pour trouver une solution.
Les négociations se déroulent en générale dans le secret, parfois sur le territoire d'un État
tiers , et prennent le plus souvent la forme de discussions orales accompagnées de document
écrits . Le but est d'éviter l'influence de l'opinion publiques et l'action des medias pour
faciliter une transaction sur les positions à l'origine du différend.
b) l'enquête :
C'est un moins de solution des conflits qu'en procédé destiné à favoriser cette solution par
l'une des autres modalités de réglement des différends. L'enquête permet avec l'accord des
états intéressés de charger une commission d'établir les faits à l'origine de la constatation : il
s'agit de faciliter le réglement d'une crise internationale par une connaissance objective des
faits soulignant les causes et les conséquences d' un incident ainsi que les responsabilités , et
ceci par l'intermédiaire d'un organisme offrant toutes garanties d'impartialité (voir la
commission enquête mise en place aprés la pollution du Rhin suite à l'incendie de l'usine
Sandoz en suisse en 1986 ) . La composition de la commission dépend de la volonté des
parties.
En général en sont membres en nombre égal des nationaux de chaque état en cause, plus un
ou des nationaux états tiers, le rapport rendu par la commission n'a aucune portée
obligatoire.
c) les bons offices :
C'est l'action amicale d'un tiers qui, peut être un état, une organisation ou une personnalité
qui vient offrir ses services pour reprocher les parties à un différend et débuter la
négociation. Une fois le contact établi entre les états intéressés et la négociation commencée,
le tiers se retire et n'intervient plus (voir le rôle de la Norvége dans la préparation des
accords d'Oslo entre l'Israël et l'OLP en AoIit 1993) dans la pratique les différends
secrétaires généraux des nations unies ont souvent prête leurs bons offices14.
d) la médiation :
Trés semblable aux bons offices et souvent confondues avec cette procédure , la, médiation
s'en distingue par fait que le cadre de négociation est plus formel et l'intervention du tiers
plus active , et ne cesse pas avec le début des négociations , puisque le médiateur peut
proposer en plus une solution sans ce pendant pouvoir imposer . Il peut aussi intervenir tout
au long des négociations pour aider les parties à trouver des points d'accord. Ce fut le cas de
la médiation des USA entre Israël et l'Égypte qui a permis la conclusion des accords de paix
signées à champ David le 17 septembre 1978 c'est la cas également de la Suisse qui était
impliquer dans deux processus de médiation en Colombie : avec le gouvernement Colombien
et les rebelles de l'armée de libération nationale ( ELN ) et avec ce même gouvernement et les
forces armés révolutionnaires de Colombie ( FARC ) en vue d'aboutir à un accord
humanitaire .
e) La Conciliation:
La conciliation combine la procédure enquête, en établissant les faits et la médiation car en
se fondant sur ces faits, elle va proposer une solution non obligatoire pour les états en litige.
Mais la procédure de la conciliation a été largement conçue en réaction contre les bons
offices et la médiation considérée à la suite, des pratiques du concert Européen comme
permettant de masquer des manoeuvres de pressions des grandes puissances sur les autres
États. C'est ce qui explique que cette procédure à un caractére juridique et formel d'avantage
marqué car que le' but sera que l'organe de réglement ait, non pas la
plus grande puissance possible, mais la plus grande impartialité.
. La commission de conciliation a donc pour tache d'élucider les questions en litige de
recueillir à cette fin toutes les informations utiles, notamment par voie enquête et de
s'efforcer de concilier les parties. Elle pourra aprés examen de l'affaire exposer aux parties
les termes de l'arrangement qui lui paraîtrait convenable et leur impartir un délai pour se
prononcer ( acte général d'arbitrage , du 26 septembre 1928 , l'article 15 ) toute ses
procédures n'aboutissent jamais à une décision obligatoire , mais cela ne signifie pas qu'
elles ne sont pas efficaces , comme l'illustre l'affaire du Rainbow Warrior .En juillet 1985, le
Rainbow Warrior navire appartenant à Green Peace, mouille à Auckland. Son but est
d'emmener d'autres bateaux vers l'archipel de Mururoa, pour protester contre les essaies
nucléaires Français. Le 10 juillet, la DGSE (opération satanique) s'aborde le bateau
malheureusement un photographe Portugais est pressent ce jour là à bord du bateau. Les
deux agents ayants perpétré l'attentat ont accumulé une série de maladresses qui conduisent
à leur arrestation par la police Néozélandaise. En novembre 1985, les deux agents (Alain
Mafart et Dominique Prieur) comparaissent devant la cour d'Auckland et sont condamnés à
10 ans de prison. Mais l'affaire donne lieu à un différend entre la France et la Nouvelle
Zélande. Les parties font appel au secrétaire général des nations unies, Xavier Pérez de
Cuellar en lui demandant de rendre un règlement obligatoire pour les deux parties, ce qu'il
fait en juillet 1986. La décision accorde une double réparation à la Nouvelle Zélande :-
D'abord une satisfaction sous forme d'excuse officielle de la France, ensuite une réparation
de 7.000000 de dollars de dommages et intérêts. Le 09 juillet trois accords sont signés pour
régler le problème . conformément à ces accords les deux agents français sont transférés à
l'Ile d'Hao ( Polynésie française ) avec l'interdiction de revenir Métropole pour trois ans .
14
Cf (les bons offices de la ligue arabe dans la crise Libanaise en Décembre 2006
Mais en décembre 1987, le commandant Mafart est rapatrié pour danger de mort sur sa
personne, suivi en Mai 1988 du capitaine Prieur pour raison personnelles et médicales. La
nouvelle Zélande porte alors l'affaire devant un tribunal arbitral.
Paragraphe II
Règlement dans le cadre d'une organisation internationale
Il peut se situer à deux niveaux :
a) L'ONU : c'est le chapitre VI qui traite le règlement pacifique des différends.
Chapitre II
Règlement des Conflits armés dans le cadre
du chapitre VII de la charte des Nations
Unies
Le chapitre n'est envisagé qu'en cas d'échec ou inapplicabilité des mécanismes de prévention
prévu par la chapitre VI. Le règlement pacifique des différends s'inscrit dans la continuité des
dispositions de l'article 2 de la charte qui stipule que « les membres de l'organisation règlent
leurs différends internationaux par des moyens pacifiques ,de telle manière que la paix et la
sécurité internationales ainsi que la justice ne soient pas mises en danger »(article 2
paragraphe 3) et qu'ils s'abstiennent dans leurs relations internationales ,de recourir à la
menace ou à l'emploi de la force ,soit contre l'intégrité territoriale ou l'indépendance
politique de tout État ,soit de toute autre manière incompatible avec les buts des Nations
Unies (article 2 paragraphe 4). Le chapitre VI répond à l'objectif principal de la charte des
Nations Unies de prévention du déclenchement et de l'escalade des hostilités. Il est considéré
comme un mécanisme traditionnel de règlement des différends .Il n'est appliqué que lors ce
que le différend ne comporte qu'en faible probabilité de bascule vers un conflit armé, lors
qu'un accord de paix ou de cessez le feu a été conclu entre les parties ,ou que les parties en
conflit ont exprimé leur volonté politique de régler leur différends par des voies pacifique .Le
chapitre VI laisse une grande latitude aux états en consacrant le principe du libre choix des
moyens de règlement pacifique des différends contrairement au chapitre VII , le rôle du
conseil de sécurité se borne à l a recommandation de procédures , voire de terme de
règlement . Le chapitre VII aborde les conditions de l'action du conseil de sécurité « En cas
de menace contre la paix, de rupture de la paix et d'actes d'agression 19». Il définit
essentiellement les conditions du recours à la force par l'ONU est confie au seul conseil de
sécurité autorité de sa mise en application. Il est la clé de voûte du système de sécurité
collective. La charte conflit en effet au conseil de sécurité la responsabilité du maintien de la
paix et de la sécurité internationales.
Elle investit à la fois de l'autorité légitime de qualification de la menace et du pouvoir de
décider des moyens à mettre en oeuvre pour y faire face.
17
Affaire de l'or monétaires CIJ 15 juin 1954.
18
Affaire Timor oriental, Portugal par Australie CIJ 30 juin 1995
19
Voir chapitre VII de la charte des Nations Unies sur l'opération de maintien de la paix
Il existe une gradation des mécanismes coercitifs , mis à la disposition du conseil à cet effet ,
en fonction de la gravite des menaces contre la paix , qui sont définis des chapitre VI
( règlement pacifique des différends ) et chapitre VII (action en cas de menace contre la
paix , de rupture de la paix , et d'acte d'agression ) de la charte . Le recours à la force est
présenté comme un moyen ultime pour rétablir la sécurité mis en oeuvre une fois que les
mesures non coercitives (diplomatique, de médiation, d'arbitrage du conseil de sécurité,
d'organisation régionales etc....) ont échoué ou dans le cas elles ne sont pas applicables. Le
chapitre VII en se sens ne peut être interprété indépendamment du chapitre VI.
Nous verrons successivement dans ce chapitre les mesures prises avant l'usage de la force
(section I) puis l'usage légitime de la force et les conséquences des conflits armés (section II)
Section I
Mesures prises avant l'usage légitime de la force
Selon les dispositions de la charte en particulier du chapitre VII, la responsabilité du
maintien de la paix s'exerce en une série de prise de positions successives du conseil de
sécurité. Dans la pratique , l'adoption de certaines mesures se fait souvent avant la
constatation de menace ou d'une rupture de paix , celle-ci est s'exprimé dans les termes de
l'article 39 du chapitre VII de la charte et constitue la première décision du conseil en
déterminant le développement ultérieur de sa mission. Une fois établie , , la matérialité des
faits , il faudra les qualifier ce qui n'est pas aisée pour des raisons de fond dues à la
complexité dans les relations internationales . La fin de la guerre froide à permis une
intensification spectaculaire au conseil de sécurité dans son activité en matière de maintien
de la paix, cela s'est traduite par l'application des mesures visant à prévenir la dangerosité
d'un conflit ou par la multiplication des résolutions constatant l'existence de menace contre
la paix et la sécurité internationale.
Ce section est consacré tout d'abord par une étude sur l'action non coercitive c'est-à-dire
l'adoption des mesures provisoires en cas de conflit , tout comme le rupture des relations
diplomatiques ( paragraphe I ) par l'application de l'organisation des Nations Unies du
pouvoir de sanction par les mesures de blocus ( paragraphe II)
Paragraphe I
Rupture des relations diplomatiques
La terminologie diplomatique utilise différente expression à fin de qualifier graduellement le
rappel d'une mission diplomatique par l'état accréditant. Dans un premier temps il peut y
avoir un simple refroidissement des relations entre deux états , ce qui n'implique pas la
suspension de leurs rapports diplomatiques , mais seulement une temporisation des activités
diplomatiques ( présence limitée d'agent sur le territoire de l'état accréditaire interruption
des visites officielles , report de signature de traité ) . Mais il peut y avoir une suspension
(rappel temporaire) voir une rupture (rappel définitif) des relations diplomatiques qui peut
revêtir deux modalités.
la rupture individuelle :
En principe la rupture des relations diplomatiques est décidée unilatéralement, souvent à
titre de mesure de représailles par un état. On estime qu'il s'agit là de ( contre mesures)
prises par un état à la suite d'un comportement inamical ou juridiquement illégal d'un autre
état les représailles sont des mesures illicites ( car contrairement aux obligations
internationales de état qui les prend) ayant pour but d'imposer à un état le respect de ses
engagements internationaux , la rupture des relations est un acte illégal mais pacifique qui
est utilisé pour modifier le comportement de état inamical lui-
même illégal . En règle général le rappel de la mission diplomatique n'intervient qu'en cas de
grave désaccord entre les deux états ou préalablement à l'engagement de représailles
armées. En cas de guerre entre les deux états, rupture est bien sur automatique.
La rupture collective :
Cette pratique est prévu au chapitre VII de la charte des Nations Unies en cas de menace
pour la paix, de rupture de la paix et d'acte d'agression, il s'agit là d'un des premiers niveaux
de la riposte graduée mise en oeuvre par les mécanismes de sécurité collectives. Mais quelle
que soit la modalité de la rupture des relations diplomatiques , la décision de rompre
entraîne le rappel par un état qui se voit notifier la rupture ou des agents diplomatiques
( application du principe de réciprocité dans les relations internationales ) le soit de la
mission consulaire compte de son caractère administratif étant pas forcement affecté par la
rupture des relations diplomatiques .
Paragraphe II
Blocus économiques
Le conseil de sécurité en tant qu'organe du maintien de la paix se voit investit de toute une
série de compétence dans le cadre du chapitre VII relatif au système de sécurité collective.
D'abord selon l'article 39 de la charte , il peut constater « l' existence d'une menace contre la
paix , d'une rupture de la paix ou d'acte d'agression » cette qualification juridique des faits
est parfois équivoque , la frontière entre la menace contre la paix et la rupture contre la paix
étant pas en particulier des plus étanches d'autant plus que le conseil de sécurité a élargi
cette notion de menace contre la paix aux domaines humanitaires et sanitaires . De plus le
terme agression n'est pas utilisé par le conseil de sécurité dans les conflits inter étatique
récents qui voit en l'agresseur « une menace contre la paix » 20 En principe, le conseil de
sécurité ne peut pas déléguer son pouvoir de qualification, le système de sécurité collective
ayant à la base un caractère très centralisé. En suite selon l'article 40 de la charte «afin
d'empêcher la situation de s'aggraver ». Il peut « inviter les parties intéressées à se
conformer aux mesures provisoires qu'il juge nécessaire et souhaitable ». Plus récemment, le
conseil de sécurité a décidé un embargo économique21, que complet contre l'Iraq comme
Premiere réaction après intervention du Koweït. De même lors de la crise en Yougoslavie le
conseil a pris deux séries de mesures relevant de l'article 41. Il a d'abord décidé un embargo
des armes à destination de tous les belligérants22 par ailleurs il a pris des sanctions
économiques à l'encontre de la Yougoslavie (Serbie et Monténégro) assortie de suspension
des relations aériennes et réduction des missions diplomatique. Ainsi les diverses mesures
symboliques dans tous les domaines sportifs, cultuel visant à isoler le régime de Belgrade
tout en servant des fournitures liées à des considérations humanitaires. De manière plus
ponctuelle, la Libye a fait l'objet de sanction décidé par la résolution 748 de 1992, a la suite
de refus de ce pays d'extrader des agents Libyens soupçonnés d'être les auteurs de l'attentat
de Lockerbie survenue en 1988, des sanctions du conseil de sécurité visent en particulier la
suspension des relations aériennes et la réduction des relations diplomatiques23, à la suite
d'un compromis négocié sous l'égide des Nations Unies qui a permis de faire le procès des
deux agents accusés et lorsque la Libye a reconnu sa responsabilité en indemnisant les
victimes, ses sanctions ont été suspendues .
depuis dix ans le conseil de sécurité a multiplier les sanctions notamment à la suite des crises
survenues en Afrique en mettant en place un comité des sanctions pour suivre chaque
situation .cela a été le cas de la Somalie avec la résolution 791(1992) , de l'Angola avec les
sanctions contre l'UNITA a prévues par la résolution 864(1993) ,du Rwanda avec la
résolution 9187(1994) du Liberia avec le régime de sanction de la résolution 985 (1995)
etc. ...
20
C'est le cas par exemple des conflits qui' ont opposés les Etats Unies à L'Afghanistan.
21
Résolution 661 du 6 Aout 1990
22
Résolution 713 de 1991 et 727 de 1992
23
Résolution 731 adoptée le 21 janvier 1992.
Le chapitre prévoit un éventail de sanctions coercitives dont le recours à la force ne recouvre
qu'une forme. L'article 40 prévoit que « le conseil de sécurité puisse faire des
recommandations et inviter les parties intéressées à se conformer aux mesures provisoires
qu'il juge nécessaires ou souhaitables ». il peut choisir d'ordonner les sanctions politiques
( rupture des relations diplomatiques ) ou économiques ( blocus , embargo) en cas d'une
menace à la paix et à la sécurité ( article 41 ) le conseil et habilite seul en vertu de l'article
42 à comprendre toute action militaire « qu'il juge nécessaire au maintien ou au
rétablissement de la paix et de la sécurité internationale » dans le cas ou les mesures
précédentes sauraient inapplicables ou se sauraient révélées inadéquates . Contrairement
aux mécanismes traditionnels de maintien de la paix contenu dans le chapitre VI, le chapitre
VII autorise le recours à la force sans consentement préalable des parties.
Section II
Usage légitime de la force et Conséquences des Conflits
armés
Dans cette section seront examinées l'usage légitime de la force (paragraphe I) puis les
conséquences des conflits armés (paragraphe II)
Paragraphe I
Usage légitime de la force
L'article 42 du chapitre VII de la charte des Nations Unies constitue24 , avec la légitime
défense (article 51 ) , la seule exception au non recours à la force qui soit autorisée par la
charte . Bien qu'adhérant au principe de règlement pacifique des litiges , celle-ci précise dans
son préambule que les Nations Unies ont pour objectif « d'instituer des méthodes
garantissant qu'il ne sera pas fait usage de la force des armes , sauf dans « l'intérêt commun
» . L'article 2 paragraphe 7 prévoit en outre que « aucune disposition de la présente charte
n'autorise les Nations Unies à intervenir dans des affaires qui relèvent essentiellement de la
compétence nationale d'un état ni n'oblige les membres à soumettre des affaires de ce genre à
une procédure de règlement aux termes de présente charte , toute fois ce principe ne porte en
rien atteinte à l'application des mesures de coercitions prévues au chapitre VII » . En d'autres
termes , malgré le respect de la souveraineté des états la référence au chapitre VII autorise
les Nations Unies à intervenir dans un état sans son consentement dans la mesure ou il
constitue une menace pour la paix . Après les procédures décisionnelles et les limites du
chapitre VII de la charte des Nations Unies l'article 42 qui autorise le conseil de sécurité à
faire usage de la force sans le consentement préalable des parties est sans doute des articles
de la charte celui qui soulève le plus de réserves auprès des états membres . D'abords la
qualification de menace contre la paix reste éminent subjectif autant que les critères
autorisant un recours à la force. A plusieurs reprises le conseil de sécurité a été accusé de
double standard dans ses prises de décisions concernant les sanctions contre les états. De fait
que l'usage de la force est difficilement impartial puis qu'il requiert au préalable
l'identification des acteurs imputables de menace à la paix. En outre le chapitre VII oscille
entre l'usage de la force sans consentement préalable et le respect de la souveraineté des
états. Le conseil de sécurité lui-même ne se réfère jamais précisément aux articles du
chapitre VII. Dans ses résolutions, il a souvent substitué à l'expression « d'usage de la force
armée » l'expression plus neutre et ambiguë de tous les moyens nécessaires.
24
Cet article prévoit que le conseil de sécurité avec l'aide du comité d'état --major fixe
l'importance et le degré de préparation de ces contingents et établit des plans prévoyants leur
action combinée.
La transformation actuelle de la nature des opérations de paix fait évoluer l'application des
mécanismes du chapitre VII et permet de reconsidérer la manière et les conditions dans les
quelles l'usage de la force peut aider à la prévention ou la restauration de la paix .
Paragraphe II
Conséquences des Conflits armés
Plusieurs règles ont été établies au fil du temps pour régir la guerre et en général l'usage de
la force. Les règles élaborées sont : Le droit de la guerre et le droit humanitaire.
Partant du principe du droit de la guerre, une telle idée suppose que les moyens de nuire à
l'ennemie soient limités. On peut distinguer à cet égard les limitations qui possèdent du
principe d'humanité et celles qui résultent de la notion de protection non combattants et des
populations civiles. Tandis que le droit humanitaire, la protection des victimes a pour base
les quatre (04) conventions de Genève de 1949 complétées par le protocole I de 1977. Elles
définissent en détail : Les règles relatives à la protection et aux soins dont les blessés
malades doivent bénéficier sans discrimination et indépendamment de la nationalité des
forces armées aux quelles ils appartiennent ( nationales , ennemies , ou alliées) .
Les règles analogues concernant les malades, les blessés et les naufragés en mer et la
protection des navires hospitaliers. Le statut des prisonniers de guerres. Les règles
applicables aux populations civiles en cas d'occupation de leur territoire par les forces
militaires ennemies. Les conventions de Genève sont appelées a être appliquées avec le
concours de « puissances protectrices » qui sont chargées de la sauvegarde des intérêts de
parties en conflit. Le non respect de toutes ses dispositions suppose sûrement des sanctions
prévues par le droit des conflits armés.
A- Qualification des infractions internationales
Les infractions commises par les états au cours de la guerre, sont en raison de leur gravité
toujours qualifiées de crime. On retient généralement trois catégories d'infractions
internationales lors des conflits armés.
Les crimes de guerre :
On entend par crime de guerre selon le statut de la Cour Pénale Internationale, les
infractions graves aux conventions de Genève de 1949 et les violations graves des lois et
coutumes applicables aux conflits armés internationaux sont notamment qualifiées de crimes
de guerre : l'assassinat , les mauvais traitements ou la déportation pour des travaux forcés ou
tout autre but , des populations dans les territoires occupés , l'assassinat ou le mauvais
traitements des prisonniers de guerre ou des personnes en mer , l'exécution des otages , le
pillage des biens publics ou privés , la destruction sans motif des villes et villages .
Crime contre humanité :
Ils se définissent comme « un certain nombre d'actes perpètres dans le cadre d'une attaque
généralisée ou systématique dirigée contre une population civile et en connaissance de
l'attaque » article 7 alinéa 1 du statut de la CPI , sont constitutifs de crime contre l'humanité
le vol , l'esclavage sexuel , la prostitution forcée , la grossesse forcée , la stérilisation forcée
et les autres formes de violence sexuelle de gravité comparable , bref , ils regroupent les
atrocités et tout autre acte inhumain commis contre les populations civiles avant ou pendant
la guerre .
Le crime de génocide :
Il est progressivement détaché des crimes contre l'humanité pour constituer une catégorie
autonome. D'après l'article 2 de « La convention sur la prévention et la répression du crime
de génocide » adopte le 09 Décembre 1948 par L'AG de l'organisation des Nations Unies, «
le génocide s'étend de l'un quelconque des actes ci-après Commis dans l'intention de
détruire , en tout ou en partie un groupe national , ethnique racial ou religieux comme tel : a)
Meurtre de membre du groupe , b) atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membre
du groupe , c) soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant
entraîner sa destruction physique totale ou partielle , mesures à entraver les naissances au
sein du groupe , e) transfère force d'enfants du groupe à un autre groupe »
B-Poursuites juridictionnelles :
Elles peuvent être nationales ou internationales. Mais les effets des poursuites sur le plan
national est un limités, nous insisterons sur celles internationales. Toute fois il conviendra de
citer à titre d'exemple concret des poursuites nationales en cas d'infraction lors des guerres ,
le cas de Saddam Houssein qui répondra devant des juridictions Irakiennes pour les crimes
de guerre , les crimes contre la paix et les crimes contre l'humanité dont il est accuse .
Tribunaux internationaux ad hoc : les précédents de Nuremberg et de Tokyo sont longtemps
restes isolés. Mais l'erreur des crimes commis à grande échelle en Ex-Yougoslavie d'abord,
au Rwanda ensuite a conduit à relancer le processus amorce après la guerre. Deux
juridictions pénales internationales ad hoc ont donc vu le jour. Mais ces genres de
juridictions ont une compétence assez limiter dans le temps (ratione temporis ) et dans
l'espace ( ratione Loci) . Leur cadre d'action reste circonscrite au cas pour la quelle elles ont
été créées.
la Cour pénale : L'article 6 de la « convention sur le génocide a prévu à cote de la
compétence des tribunaux de l'état sur le territoire du quel le crime a été commis , la
compétence de la cour criminelle internationale» . Mais c'est la convention de Rome du 17
juillet 1998 portant création de la cour pénale internationale qui a en fin pu régler la
question de l'institution d'une juridiction permanente internationale , compétente pour les
crimes les plus graves : crime d'agression , les crimes contre l'humanité , les crimes de
guerre et le crime de génocide . En clair, lorsque la nocivité internationale d'un crime est
reconnue, il existe des dispositions spéciales pour réprimer les états délinquants25 .
A propos des sanctions les États préfèrent rétablir des relations diplomatiques normales,
plutôt que de longues procédures, afin d'oeuvrer à la réconciliation. Quant aux Nations
Unies, elles privilégient le rétablissement de la paix.
En conclusion, même si les sanctions sont plus théoriques que pratiques, la guerre n'est pas
en dehors du Droit car on retrouve la dialectique permis /interdit26. Si le jus in Bello parait
essentiellement violable, ce la s'explique par la nature même de ce droit .Il s'agit d'un droit
entre ennemis .De même que l'on ne confond pas commerce et escroquerie, on ne confondra
pas acte de guerre et crime de guerre .
25
Voire recours à la contrainte dans les relations internationales mémoire online.fr
26
Voir un article de wikipedia, l'encyclopédie libre du droit international humanitaire
CONCLUSION
Les nombreuses guerres auxquelles l'humanité a assisté prouvent que les États ont souvent eu
recours à la force pour régler leurs différends. De la forme primitive à l'aspect moderne, les
conflagrations ont revêtu divers caractères. Si les deux guerres mondiales restent dans les
mémoires, les plus meurtrières avec 55 millions de morts, la guerre froide et les divers
conflits isolés n'en ont pas été jusque, la mais ils restent tout de même assez meurtrières.
La Société des Nations a échoué dans sa mission de maintien de la paix et la sécurité
internationale et l'avènement de l'ONU a été d'un grand bien pour la société internationale.
Certes elle réussit tant bien que mal mais le monde reste toujours enclin aux problèmes
causés par différentes situations des conflits armés, dans les pays. De même se demande t-on
si le Droit international malgré son cortège de prohibitions peut réussir de résoudre
pacifiquement les relations entre les États et que ceux-ci n'auraient plus à recourir à la force
dans le milieu international.
BIBLIOGRAPHIE Ouvrages généraux :
D.I.P Droit International Public Mémentos LMD (MICHEL DEYRA)
D.I.P Droit International Public 6éme et 7éme édition (PATRICK DALLIET)
D.I.P Droit International Public 8éme et 11éme édition (DAVID RUZIE) Paris Dalloz 2000
et 15éme édition.
D.I.P Droit International Public (HUBERT THIERRY) Paris Montchrestien 1975.
D.I.P Droit International Public (D. Emanuel) 3éme édition Dalloz 2003.
C.N.U Charte des Nations Unies COT-(J.P) ECONOMICA
Les six livres de la république (JEAN BODIN)
L'ONU et le maintien de la paix par Nation --Unies (New-York) 1993
Les sites consultés :
www .hptt.fr wikipédia. L'ONU et la prévention des conflits dans le monde
www.hptt.fr Wikipedia. Conflit Israélo-Palestien de 1945 à nos jours .
www.hptt.fr . wikipédia Document préparer du CICR octobre 2007.
www.hptt.fr wikipedia. Réponses à vos questions seconde édition 2004.
www.greenpeace .org L'indépendance du Kosovo en 1999.
www.playmontdroit . Les mission diplomatiques
www.google.fr Les bons offices de la ligue Arabe dans la crise libanaise en Decembre 2006.
Mémoires :
-Mission des opérations de maintien de la paix et le recours du chapitre VII de la charte des
Nations - Unies (Issa Yétara)
-L'ONU et la crise en Irak (Amadou Bayla Ba)
-Mémoire online (Recours à la contrainte dans les relations Internationales.
-Usage de la force dans les relations internationales et les conflits Armés (Binta Mamadou
Diallo)2009
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« Nous n’attendons pas une percée (…) mais certaines avancées, oui », a déclaré aux médias
Staffan de Mistura, l’envoyé spécial de l’ONU en charge du dossier syrien, qui s’évertue
depuis des années à trouver une solution à la crise syrienne.
S’exprimant lors d’une conférence de presse à l’issue de la première journée de discussions, le
diplomate italo-suédois a jugé que « les possibilités de progrès sont plus élevées que dans le
passé ». « Nous assistons peut-être à une phase de simplification du conflit le plus complexe
qui existe actuellement », a-t-il ajouté, mentionnant l’accord russo-américain sur un cessez-le-
feu dans le sud de la Syrie et la victoire sur le groupe État islamique (EI) à Mossoul en
Irak, alors qu’au même moment les forces anti-jihadistes tentent de reprendre Raqa à l’EI.
Il a espéré que cette « simplification » du conflit aboutisse à une « désescalade », suivie
d’une « stabilisation » de la situation après la reconquête attendue de Raqa, principal bastion
de l’EI en Syrie.
Un accord qui a « de fortes possibilités de devenir une
vraie réalité sur le terrain »
Le round, qui devrait se tenir jusqu’au 14 juillet, a commencé lundi dans la matinée par une
rencontre entre M. de Mistura et la délégation du gouvernement syrien. Le médiateur de
l’ONU a ensuite rencontré, lors d’un même déjeuner de travail, les différents représentants de
l’opposition, dont ceux du Haut Comité syrien pour les Négociations (HCN).
Cet accord a « de fortes possibilités de devenir une vraie réalité sur le terrain », a déclaré M.
de Mistura, soulignant qu’il pourrait notamment « aider à réduire la tension dans une zone
qui commençait à être tendue ». Il espère qu’« un accord sera conclu dès que possible » pour
les autres zones qui ont fait l’objet de discussions à Astana car « cela pourra représenter un
soutien significatif au processus politique ».
Les discussions de Genève sont axées sur quatre points : la rédaction d’une nouvelle
Constitution, la gouvernance (terme flou pour évoquer une transition politique), la tenue
d’élections et la lutte contre le terrorisme.
Le dernier round de négociations s’était achevé en mai dernier avec peu d’avancées. Staffan
de Mistura avait expliqué que « d’importants différends » persistaient sur des « questions
majeures ». L’opposition syrienne a longtemps insisté sur le départ du président Bachar al-
Assad dans toute solution politique au conflit. Pour le régime, il n’en est pas question.
La concurrence d’Astana
Au vu de ces profondes divergences, Yehia al-Aridi, un porte-parole du HCN qui rassemble
des groupes-clés de l’opposition, a confié avoir de « modestes attentes » pour ce nouveau
round. En effet, les pourparlers de Genève, qui ont débuté en 2014, se sont poursuivis depuis
de façon intermittente avec de maigres résultats.
D’autant que depuis janvier, la concurrence est rude avec l’autre cycle de pourparlers
organisé par la Russie, l’Iran et la Turquie dans la capitale du Kazakhstan. Ces trois pays
se sont mis d’accord en mai sur la mise en place de quatre zones de « désescalade » en vue
d’un cessez-le-feu durable, mais ont échoué à s’entendre sur les détails nécessaires à
l’application de ce plan.
Sur le terrain, après le calme qui a régné dimanche dans le sud de la Syrie au premier jour du
cessez-le-feu conclu entre les États-Unis et la Russie, le régime syrien a lancé lundi une
attaque contre les rebelles dans une province du sud du pays malgré la trêve, selon
l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). Un média d’État a affirmé que l’assaut
était dirigé contre des jihadistes. » (extrait de lavoixdunord.fr du 10/07/2017)
En savoir plus sur http://www.lavoixdunord.fr/190158/article/2017-07-10/reprise-des-
pourparlers-de-paix-geneve-pour-resoudre-le-conflit-syrien