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OBJECTIFS : ............................................................................................................................................................... 1
II. QUELLES SONT LES DIFFERENTES FORMES D’ORGANISATION DU TRAVAIL ET QUELS SONT LEURS EFFETS
SUR LES CONDITIONS DE TRAVAIL ? .................................................................................................................. 14
III. QUELS SONT LES EFFETS DU NUMERIQUE SUR LE TRAVAIL ET LES CARACTERISTIQUES DES EMPLOIS ? .... 20
Objectifs :
Ce que dit le programme :
Savoir distinguer les notions de travail, activité, statut d’emploi (salarié, non-salarié), chômage ;
comprendre que les évolutions des formes d’emploi rendent plus incertaines les frontières entre
emploi, chômage et inactivité.
Connaître les principaux descripteurs de la qualité des emplois (conditions de travail, niveau de
salaire, sécurité économique, horizon de carrière, potentiel de formation, variété des tâches).
Comprendre les principales caractéristiques des modèles d’organisation taylorien (division du
travail horizontale et verticale, relation hiérarchique stricte) et post-taylorien (flexibilité,
recomposition des tâches, management participatif) ; comprendre les effets positifs et négatifs
de l’évolution des formes de l’organisation du travail sur les conditions de travail.
Comprendre comment le numérique brouille les frontières du travail (télétravail, travail / hors
travail), transforme les relations d’emploi et accroît les risques de polarisation des emplois.
Comprendre que le travail est source d’intégration sociale et que certaines évolutions de l’emploi
(précarisation, taux persistant de chômage élevé, polarisation de la qualité des emplois)
peuvent affaiblir ce pouvoir intégrateur.
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2/ d’expliquer en quoi l’apparition de formes particulières d’emploi (emplois atypiques) a contribué à
rendre plus floues et incertaines les frontières entre emploi, chômage et activité.
3/ de présenter et d’expliquer les six principaux descripteurs de la qualité des emplois.
4/ de présenter et de distinguer les modèles d’organisation taylorien du travail des modèles post-
taylorien du travail.
5/ d’expliquer les effets sur les conditions de travail de la généralisation de ces deux types de modèle
au cours du temps.
6/ d’expliquer les effets complexes du numérique du travail en insistant sur trois types de
conséquences (le brouillage des frontières travail et hors-travail, la transformation des relations
d’emploi et le risque de polarisation des emplois).
7/ d’énumérer et d’expliquer les principaux arguments sociologiques justifiant du rôle fondamental
du travail en tant qu’instance d’intégration sociale.
8/ d’expliquer en quoi les évolutions de l’emploi (chômage élevé, précarisation et polarisation de la
qualité des emplois) ont conduit un affaiblissement du rôle intégrateur du travail.
Les entreprises qui se robotisent sont plus performantes que celles qui ne se robotisent pas…
avant même d’acquérir des robots ! Analyse contre-intuitive d’une expérience espagnole.
Un robot est une machine programmée pour réaliser plusieurs tâches sans être dirigée par un être
humain. Les personnes qui exécutaient ces tâches auparavant sont ainsi évincées du processus de
production. Les robots détruisent donc des emplois, c’est même leur vocation ! D’ailleurs, ces
destructions s’annoncent massives dans les années qui viennent puisque selon l’OCDE (Organisation de
coopération et de développement économiques) la robotisation pourrait faire disparaitre environ 16 %
des emplois en France d’ici 20 ans. Un tel chiffre fait frémir, mais est-ce la fin de l’histoire ? La
robotisation ne favorise-t-elle pas aussi l’éclosion de nouveaux emplois ?
Une étude récente1 a tenté d’établir le bilan des mouvements de destructions et de créations d’emplois
dus à la robotisation en utilisant cette méthode.
Les auteurs ont comparé sur une longue période les performances des entreprises qui se robotisent – elles
forment le groupe test –, à celles qui ne se robotisent pas – elles forment le groupe de contrôle. Plus
précisément, disposant de données très détaillées sur le secteur industriel espagnol entre 1990 et 2016,
cette étude compare les trajectoires des firmes qui ont intégré des robots relativement tôt dans la période
(précisément avant 1998) à celles qui n’ont jamais utilisé de robots au cours de cette période.
Le graphique fait ressortir les trajectoires diamétralement différentes de ces deux types d’entreprises. Les
entreprises « robotisées » augmentent en moyenne leur niveau d’emploi de plus de 50 % entre 1998 et
2016, tandis que les entreprises « non robotisées » réduisent leur niveau d’emploi de plus de 20 % sur la
même période. À l’évidence, les robots ne sont pas les ennemis de l’emploi. Comment expliquer un tel
résultat alors que les robots se substituent à de nombreux salariés ?
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Le graphique livre un autre enseignement qui peut surprendre : les entreprises qui se robotisent sont plus
performantes que celles qui ne se robotisent pas… avant même d’acquérir des robots ! On voit ainsi
qu’avant 1998, les premières ont déjà tendance à augmenter leurs effectifs tandis que l’emploi dans les
secondes diminue. Cela laisse penser que les firmes qui s’apprêtent à se robotiser ont vraisemblablement
des caractéristiques qui les distinguent d’emblée des entreprises qui ne vont pas se robotiser. Les auteurs
de l’étude mettent en évidence qu’effectivement, les firmes qui se robotisent sont, au départ, plus grandes
et ont une productivité supérieure à celles qui ne se robotisent pas. Elles sont plus aptes que les autres à
innover.
L’arrivée des robots, comme toutes les innovations, déclenche un processus de « destruction créatrice »
décrit par l’économiste autrichien Joseph Schumpeter il y a plus de 70 ans. Ce processus oppose l’effet de
substitution à l’effet de productivité. Le grand intérêt de cette étude sur la robotisation du secteur
industriel espagnol est de mettre en évidence que l’effet de productivité se traduit par un effet d’échelle de
grande ampleur. Les créations d’emplois excèdent très largement les destructions. D’autres études aussi
précises devront confirmer cette conclusion, mais pour l’heure, rien ne permet d’affirmer que les robots
annoncent la fin du travail. Bien au contraire.
Les innovations techniques poussent les entreprises à mettre en œuvre de nouvelles méthodes de
production. Les entreprises qui adoptent rapidement ces innovations, des robots par exemple, et qui
parviennent à les rentabiliser, accroissent leurs parts de marché tandis que leurs concurrentes en perdent
ou disparaissent. Les innovations déclenchent des mouvements de réallocation de la main-d’œuvre : des
emplois sont détruits dans les entreprises qui n’intègrent pas les innovations et des emplois, plus
productifs, sont créés dans les entreprises qui les adoptent. Cette réallocation de la main-d’œuvre accélère
la croissance de la productivité globale : sans les robots, la productivité de l’industrie espagnole aurait
vraisemblablement été multipliée par deux entre 1990 et 2016. Avec l’intégration des robots, elle a triplé.
André Zylberberg, le 26 décembre 2019 ? Pourleco.com
1. « Robots and firms », Michael Koch, Ilya Manuylov et Marcel Smolka, VOX CEPR Policy Portal, juillet 2019.
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Le travail est une dépense de temps et d'énergie pour produire un bien ou service marchand ou non
marchand alors que l'emploi est le statut à l'intérieur duquel s'effectue le travail. Un emploi donne
droit à une rémunération. Il s'inscrit dans une relation contractuelle (et asymétrique) entre un
employeur et un employé s'il s'agit d'emploi salarié. L'emploi offre un statut social, des devoirs et des
droits.
2) Caractérisez l’emploi au début du XXème siècle. Quelles différences avec l’emploi d’aujourd’hui ?
Au début du XIXe siècle, les relations entre les salariés et le patronat sont asymétriques puisque les
patrons ont un pouvoir absolu dans l’entreprise et que les salariés ne sont pas protégés et n’ont pas le
droit de se défendre (en France, la loi Chapelier de 1791 interdit les syndicats et le droit de grève). La
condition ouvrière est marquée par la précarité du travail et l’insécurité sociale :
L’entrée au travail se fait de façon précoce : le travail des enfants dans les familles ouvrières est
généralisé. Dès l’âge de 8 ou 9 ans, les enfants sont employés à des travaux qu’aucune machine ne
peut exécuter à cette époque. Les patrons encouragent le travail des enfants. Leur habilité et leur
petite taille sont bien utiles pour certaines tâches. Et surtout, un adulte effectuant un travail
similaire doit être payé trois à quatre fois plus.
La durée du travail est très longue (12 à 16 heures par jour) et flexible. Elle dépend de la lumière
du jour et des variations de la demande. Dans les pays industrialisés, elle est à cette époque en
moyenne de 12 heures par jour et de 80 heures par semaine
3) Pour quelles raisons cette norme d'emploi s'est-elle instaurée durant cette période ?
La généralisation du CDI comme norme d’emploi au cours des 30 Glorieuses correspond à plusieurs
exigences :
- Protéger le salarié, qui est dans une situation de subordination vis-à-vis de son employeur
- Assurer la stabilisation de la main d’œuvre de l’entreprise pour répondre aux nécessités de la
production.
La satisfaction de ces deux exigences a entraîné une stabilisation importante de l’emploi. Aujourd’hui,
le CDI permet :
- D’exercer un travail
- D’obtenir un revenu
- D’avoir une place dans la société / un statut social
- D’obtenir des droits sans lesquels il est très difficile de vivre aujourd’hui.
4) Quelle relation entre les salariés et les entreprises établit cette norme d'emploi ?
Une relation de subordination
5) Définissez les termes suivants : population active, population inactive, actifs occupés, chômeurs,
travailleur salarié, travailleur non salarié.
La population active est l’ensemble des individus qui exercent ou cherchent un emploi.
La population active occupée regroupe l'ensemble des personnes qui ont un emploi mais sa
mesure diffère selon l'observation statistique qui en est faite.
Un chômeur (ou actif inoccupé) est une personne qui n'a pas d'emploi et qui en recherche un. La
définition des chômeurs est extrêmement sensible aux critères retenus. La définition la plus
couramment utilisée est celle « au sens du BIT ». Elle permet d'effectuer des comparaisons
internationales.
Le salarié se définit comme une personne physique liée à un employeur par la conclusion d’un
contrat de travail et par une relation de subordination permanente. Le salarié dispose légalement
ou conventionnellement d’un certain nombre de droits attachés à son statut : information,
expression, paiement d’un salaire minimum en fonction de l’emploi occupé, limitation de la durée
du travail, etc. Les devoirs qu’il a en contrepartie vis-à-vis de son employeur, et qui consistent
essentiellement dans la fourniture d’un travail selon les instructions qui lui sont données, sont
fixés par la réglementation, par le contrat de travail et par l’employeur lui-même.
Le travailleur indépendant n'est pas lié par un contrat de travail avec l'entreprise ou la personne
pour laquelle il exécute sa mission. Il travaille pour son propre compte. Il est autonome dans la
gestion de son organisation, dans le choix de ses clients et dans la tarification de ses prestations.
6) Distinguez taux d’emploi, taux d’activité et taux de chômage.
l’activité, correspondant aux actifs sans emploi, mesuré par le taux d’activité :
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nombre de personnes actives X 100
population en âge de travailler
l’emploi, correspondant aux actifs occupés, et mesuré par le taux d’emploi :
nombre de personnes en emploi X 100
population en âge de travailler
le chômage, correspondant aux actifs sans emploi, et mesuré par le taux de chômage :
nombre d’actifs sans emploi X 100
population active
7) Différenciez emploi et travail à partir de la phrase soulignée.
Le travail est une activité humaine de création de richesse. Il peut être rémunéré ou non. L’emploi est
un statut professionnel dans lequel une personne exerce une activité rémunérée. Ainsi nettoyer son
logement est un travail (domestique), mais être un personnel d’entretien est un emploi.
Doc. 3 : Types de contrat des salariés en France (en % des emplois salariés
4. Faites une phrase comparant et exprimant la signification des deux données des cellules grisées.
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Doc. 4 : Emplois à temps partiel en France (en % de l’emploi total)
5. Faites une phrase comparant et exprimant la signification des deux données en gras.
1) Recensez les formes d’emploi qui se sont développées depuis les années 80. En quoi peut-on
parler de formes d’emploi « atypiques » ?
On parle de diversification des formes d’emploi pour désigner le développement progressif, à partir
des années 1980, de « formes particulières d’emploi », notamment :
Des emplois temporaires caractérisés par un contrat de travail à durée déterminée : CDD, emplois
d’intérim, contrats d’apprentissage, contrats aidés proposés par des organismes publics.
Des emplois caractérisés par un temps de travail réduit (emplois à temps partiel) ou flexible
(contrats de travail établissant des horaires variables ou décalés)
On parle de formes d’emploi « atypiques » car ces emplois se distinguent de la norme de l’emploi
type qu’est le CDI (contrat à durée indéterminée) à temps plein. En ce sens, ces emplois sont en
rupture avec l’idéal de stabilité et de sécurité de l’emploi qui est au cœur du processus de
développement des sociétés salariales.
2) Justifiez l’expression de « précarisation de l’emploi » utilisée dans le document.
Ce processus de diversification des formes d’emploi s’inscrit dans une logique de précarisation de
l’emploi.
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Cette expression est d’abord justifiée par le fait que les individus qui occupent ces formes particulières
d’emploi se trouvent souvent dans des situations caractérisées par de l’insécurité économique, un
statut attaché à l’emploi fragilisé et une incertitude accrue quant à la possibilité de se projeter dans
l’avenir à travers son activité professionnelle.
Cette logique de précarisation affecte également une partie des salariés occupant des emplois à temps
plein et à durée indéterminée, notamment ceux qui, travaillant dans des entreprises impactées par des
opérations de restructuration et de rationalisation des coûts de production, sont confrontés à un
risque accru de perdre leur emploi à court ou moyen terme.
3) Montrez que ces transformations traduisent une dégradation de la qualité moyenne des emplois.
Les évolutions de l’emploi observées depuis les années 1980 traduisent aussi une dégradation de la
qualité moyenne des emplois.
Sur le plan économique, elles impliquent qu’une part croissante des salariés est confrontée à un
risque d’exposition au chômage plus élevé (cas des salariés occupant des emplois temporaires ou
des CDI « fragilisés » par un risque de licenciement accru), à des difficultés à vivre dignement de
leur travail (cas des salariés en temps partiel subi qui souhaiteraient travailler davantage).
Sur le plan social, elles impliquent également qu’un nombre croissant de salariés éprouvent des
difficultés à s’intégrer dans leur entreprise (salariés à temps partiel), à organiser de façon stable
l’articulation entre temps de travail et temps hors-travail (salariés occupant des emplois à horaires
flexibles ou décalés), ou encore à connaître des perspectives de carrière en capitalisant sur leurs
expériences accumulées (cas des salariés qui alternent des emplois temporaires et des périodes de
chômage)
La précarisation de l’emploi conduit donc à fragiliser le modèle de la société salariale qui s’était
construit autour de la norme de l’emploi stable. La dégradation de la qualité des emplois qui
accompagne ce processus « fait renaître des incertitudes et des vulnérabilités là où la société salariale
avait apporté sécurité et stabilité ».
Doc. 6
Champ : France hors Mayotte, population des ménages, personnes en emploi salarié.
Source : Insee, Enquêtes Emploi, 2019.
Source : Conseil économique, social et environnemental, Les nouvelles formes du travail indépendant,
novembre 2017.
Questions :
1. Présentez les évolutions de l'emploi salarié entre 1982 et 2018. Quelle est la part des emplois
précaires en 2018 ? De l'emploi typique ?
2. Quelle est la différence entre le statut de salarié et d'indépendant ? Donnez un exemple de métier
pour chaque type d'emploi indépendant présent dans le schéma.
3. Expliquer. Pourquoi le statut d'indépendant a-t-il connu un nouvel essor après 2009 ?
4. Comprendre. Pourquoi les travailleurs de plateformes sont-ils dans une « zone grise » en termes
de statut professionnel ?
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pour désigner les situations des personnes qui n'étaient pas comptabilisées comme chômeur au sens des
critères du BIT alors que, de fait, leur situation s'apparentait à celle du chômage. […] Le « halo » du
chômage au sens large résulte […] de la multiplication des statuts à la frontière du chômage officiellement
recensé.
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Le sous-emploi comprend des personnes qui ont un emploi et qui travaillent involontairement moins
que ce qu’elles souhaitent, principalement, il s’agit de personnes travaillant à « temps partiel subi » :
elles ont un emploi à temps partiel mais souhaitent travailler davantage et sont disponibles pour le
faire, qu’elles recherchent ou non un emploi.
Finalement, la mesure officielle de l’emploi pose cependant un problème méthodologique
important. En effet, les frontières entre l’activité, l’emploi et le chômage sont poreuses, et des
situations ambivalentes peuvent survenir.
L’emploi est surestimé : il y a des personnes en emploi à temps partiel qui souhaiteraient
travailler davantage et pourraient donc être considérées comme chômeuses, c’est le sous-emploi,
L’activité est sous-estimée : il y a des inactifs qui ne sont pas inscrits au chômage mais qui
souhaiteraient travailler = le halo du chômage
De manière générale, la progression des formes particulières d’emploi amène beaucoup d’individu à
intégrer ce halo du chômage dont l’ampleur a très nettement augmenté depuis les années 1980.
2) A quelle catégorie appartiennent les individus ci-dessous ?
a- Un étudiant à la fac de Sciences Économiques. Inactivité
b- Un jeune qui vient de terminer ses études et s'inscrit à Pôle Emploi Chômage
c- Un ouvrier travaillant à 80% pour s'occuper de ses deux enfants Temps réduit volontaire.
d- Une caissière avec un contrat de 28h cherchant un emploi complémentaire Temps réduit
involontaire.
e- Un chômeur effectuant quelques heures de travail non déclarées Travail clandestin
f- Une mère au foyer Inactivité
g- Une personne sans emploi voulant travailler mais sans effectuer de recherche active. Chômeur
découragé
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Si les salaires sont très élevés, les agents économiques vont à nouveau privilégier le loisir car le
pouvoir d’achat est suffisamment important avec une petite quantité de travail pour répondre aux
besoins
On voit donc que dans l’analyse néoclassique, le salaire est l’indicateur par excellence de la qualité
d’un emploi. Cependant, on constate que ces critères sont insuffisants pour déterminer la qualité d’un
emploi, c’est-à-dire la façon dont un emploi contribue au bien-être d’un individu.
2. Quels sont les autres critères de mesure de la qualité de l'emploi ?
D’autres critères sont à prendre en compte :
Les conditions de travail sont d'une manière générale l'environnement dans lequel les employés
vivent sur leur lieu de travail. Elles comprennent la pénibilité et les risques du travail effectué ainsi
que les horaires ou l'environnement de travail (bruit, chaleur, exposition à des substances
toxiques, les délais de production ou de ventes d'un produit, etc.). C'est l'ensemble des facteurs
sociaux, psychologiques, environnementaux, organisationnels et physiques qui caractérise un
environnement de travail pour le salarié.
Le niveau de salaire est une composante de la qualité de l’emploi. Dans l’analyse économique
standard, il est même le fondement de l’utilité de l’emploi, susceptible de contrecarrer la désutilité
du travail par sa contrepartie, l’accès à une consommation élevée et variée. S’il ne saurait à lui seul
subsumer tout ce qui fait la qualité d’un emploi, il reste que le niveau de salaire conditionne bien
le niveau de vie des ménages et leur donne plus ou moins de liberté dans la détermination de leur
mode de vie. Au surplus, ce n’est pas seulement le niveau de salaire qui contribue à la satisfaction
des individus bien que le bien-être augmente avec le niveau de revenu. Les personnes riches se
déclarent sans surprise plus heureuses que les pauvres. Mais, il faut également considérer le
paradoxe d’Easterlin (1973) : la proportion de personnes se déclarant heureuses dans les pays
développés reste stable malgré la hausse du PIB par habitant au cours du temps. Autrement dit,
deux autres mécanismes interviennent, d’abord, la hausse du niveau de salaire va de pair avec une
élévation des aspirations, ensuite autant ou plus que le niveau absolu de salaire, c’est le salaire
relatif qui compte puisque la satisfaction est le résultat des comparaisons entre individus. D’où
l’importance du descripteur relatif à l’horizon de carrière.
La sécurité économique c’est-à-dire la capacité d'une personne, d'un ménage ou d'une
communauté à pourvoir durablement et dignement à ses besoins essentiels. On associe cette
notion à celle de sécurité de l’emploi, c’est-à-dire au fait d’être en capacité de conserver
durablement un emploi et donc de se projeter dans l’avenir.
La variété des tâches c’est-à-dire la diversité des activités réalisées, la possibilité d’engranger des
atouts qui favorisent son employabilité, l’influence du cœur de métier, le sens au travail…
L’horizon de carrière désigne les perspectives d’évolution professionnelle offertes au travailleur à
moyen et long termes (changement total ou partiel de contenu du métier, changement de poste,
amélioration des qualifications et de la rémunération…).
Le potentiel de formation, c’est-à-dire la possibilité de développer de nouvelles compétences et
de nouvelles aptitudes par le biais de son emploi.
3. Comment les institutions peuvent-elles agir sur la qualité de l'emploi ?
Financement des formations, contrôle de la santé des travailleurs et de l’hygiène du travail,
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Doc. 9
Eurostat, 2019.
À savoir
La qualité de l'emploi est détaillée par l'indicateur dit de Laeken en 2001 autour de dix dimensions :
Qualité intrinsèque de l'emploi
Qualifications, éducation, formation tout au long de la vie et progression de carrière
Égalité entre les hommes et les femmes
Santé et sécurité au travail
Flexibilité et sécurité
Insertion et accès au marché du travail
Organisation du travail et équilibre entre vie professionnelle et vie privée
Dialogue social et participation des travailleurs
Diversité et non-discrimination
Performance économique générale et productivité
1) Présentez les critères favorisant la protection économique du travailleur, ses perspectives de
carrière, son bien-être et sa santé.
protection économique du travailleur (2 & 4)
ses perspectives de carrière (6)
son bien-être et sa santé (3 & 5)
2) Quels critères ne respecte pas un emploi intérimaire ?
Qualifications, éducation, formation tout au long de la vie et progression de carrière
Flexibilité et sécurité
Dialogue social et participation des travailleurs
Le potentiel de formation et l’acquisition de nouvelles compétences sont nécessaires car c’est par
cette acquisition que les travailleurs peuvent se prémunir contre le caractère répétitif de leur travail,
d’avoir des perspectives de carrière, d’avoir des augmentations de salaires etc.
Le niveau de qualification obtenu par la formation est donc déterminant pouvoir accéder à des
postes de qualité
3) Pourquoi le critère de dialogue social est-il important pour un travailleur ? À quoi renvoient les
critères éthiques ?
Climat de confiance au sein de l’entreprise, sentiment d’appartenance. Possibilité de faire des
revendications et de défendre ses droits. Les conditions éthiques renvoient au respect des libertés
individuelles et collectives et à la protection des droits fondamentaux des salariés sur le lieu de travail
(sécurité, respects des lois, des normes professionnelles, etc.)
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Exercice n°1 : Les frontières incertaines entre emploi, chômage et inactivité
Situations Zones
Marc, sans emploi depuis un an, suit une C Inactif à la frontière du chômage donc
formation en informatique dans l’espoir de halo du chômage (non disponible).
trouver plus facilement un emploi
Patrick, qui souhaite un emploi à temps ASituation intermédiaire entre emploi et
complet, a accepté un emploi de caissier de chômage (temps partiel subi) donc sous-
20h par semaine emploi.
Sabrina a pris un emploi à mi-temps pour BSituation intermédiaire entre emploi et
s’occuper de ses jumeaux âgés de 3 ans inactivité (temps partiel choisi).
Valdo, 58 ans, sans emploi depuis son CInactif à la frontière du chômage donc
licenciement, n’en recherche plus car il est halo du chômage (personne sans emploi
convaincu qu’il n’en trouvera pas compte tenu découragéepas de recherche d’emploi).
son âge
Stan souhaite retrouver un emploi de CInactif à la frontière du chômage donc
comptable mais ne le peut pas pour l’instant halo du chômage (indisponible, pas de
car il s’occupe de sa mère dépendante recherche).
Cécile, salariée en CDI dans une salle de A Situation intermédiaire entre emploi et
cinéma, a été mise en chômage partiel à cause chômage à cause d’une mise en chômage
d’un confinement de la population partiel donc sous-emploi.
Karim a cessé son activité professionnelle pour CInactif à la frontière du chômage donc
garder son fils âgé de 3 mois mais souhaite halo du chômage (indisponible, pas de
retravailler dès qu’il aura plus d’un an. recherche).
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Complétez le schéma ci-dessous avec les termes suivants : population inactive ; chômage ; recherche
d’emploi ; halo du chômage ; pas de recherche d’emploi ; inactivité hors halo ; population active.
Complétez le texte ci-dessous avec les expressions ou termes suivants : formes particulières d’emploi ;
non salarié ; emplois à temps partiel ; halo du chômage ; domestique ; travail (x3) ; emplois à durée
limitée ; sous-emploi ; sécurité économique ; statut social ; qualité de l’emploi ; salarié ; bénévole ;
emploi typique ; potentiel de formation.
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Smith illustre sa démonstration par l’exemple d’une manufacture d’épingles dans laquelle la
réalisation d’une épingle nécessite dix-huit étapes successives. Il identifie trois principales
conséquences d’une spécialisation qui sont :
une habileté plus grande du travailleur qui se spécialise dans l’exécution d’une tâche
la disparition des temps morts entre les différentes tâches
la possibilité de mécaniser certaines tâches.
2) Pourquoi peut-on dire que Taylor innove dans ce domaine ? Quel objectif poursuit-il ? Quelles sont
les caractéristiques du « one best way » ?
Le taylorisme est une méthode d’organisation du travail industriel dont les caractéristiques principales
sont la division horizontale et verticale du travail ainsi que le salaire au rendement. Le taylorisme doit
son nom à l’ingénieur américain F. W. Taylor (1856-1915) qui a mis au point une méthode
d’organisation du travail dite scientifique. Taylor en présente les principes dans un ouvrage paru en
1911 intitulé « La Direction scientifique des entreprises ».
Il y fait la critique de l’organisation traditionnelle du travail qui repose sur les métiers, plus
précisément sur le savoir-faire d’ouvriers qualifiés, autonomes, responsables de leur temps et de la
conduite de leur activité. Il propose de lui substituer une nouvelle organisation fondée sur une division
technique du travail, c’est-à-dire organisée par postes.
L’objectif de l’organisation scientifique du travail (OST) est d’améliorer la productivité à travers un
meilleur contrôle de l’activité des ouvriers. Taylor souhaite lutter contre la "flânerie" dans les ateliers
et trouver la meilleure façon de produire (the one best way).
La standardisation du travail des ouvriers (outils, machines, gestes, délais, etc.) s’accompagne
également d’une surveillance (chronométrage) qui permet d’instaurer un salaire directement lié au
rendement (salaire aux pièces).
3) Que permet la double division du travail ?
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Questions :
1) Expliquez la différence entre division verticale et horizontale du travail.
Après un travail d’observation et d’analyse du travail ouvrier (gestes, rythmes, cadences, etc.), Taylor
préconise d’adopter deux principes :
une division horizontale du travail, c’est-à-dire une parcellisation maximale des tâches entre les
différents postes de travail, où chaque ouvrier effectue quelques gestes élémentaires délimités et
répétitifs ;
une division verticale du travail, c’est-à-dire une séparation stricte entre le travail de conception
et le travail d’exécution. Un bureau des méthodes dirigé par des experts en organisation est chargé de
la préparation scientifique du travail.
2) Qu’entraîne la double division du travail sur l’autonomie et les compétences des ouvriers ?
Les principes du taylorisme vont être adoptés progressivement au cours du XXe siècle, aux États-Unis
et en Europe. La rationalisation du mode de production proposée par le taylorisme permet une
augmentation de la productivité des entreprises.
Les contraintes d’un travail parcellisé, déqualifié, ainsi que les cadences de production élevées
rendent toutefois le travail des ouvriers particulièrement difficile. Si le volume de production
augmente, l’objectif de qualité n’est pas automatiquement atteint.
3) Quel est l'intérêt de cette organisation « scientifique » du travail ?
L’objectif de l’organisation scientifique du travail (OST) est d’améliorer la productivité à travers un
meilleur contrôle de l’activité des ouvriers. Taylor souhaite lutter contre la "flânerie" dans les ateliers
et trouver la meilleure façon de produire (the one best way).
Complétez le schéma ci-dessous avec les termes suivants : chaîne de montage ; taylorisme ; hausse des
salaires ; fordisme ; division verticale du travail ; gains de productivité ; division horizontale du travail.
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Complétez le schéma ci-dessous avec les termes et expressions suivants : perte de motivation ; gains
de productivité ; abêtissant ; perte de motivation ; cadences infernales ; déqualification des travailleurs
; turn-over ; produits défectueux ; dénué de sens.
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fordiste et celui qui est organisé par Toyota, c’est bien à l’aune de l’indicateur du « taux de défaut »
qu’il serait le mieux défini : il est réduit de deux tiers dans les usines Toyota. […] Le toyotisme a voulu
résoudre le problème rencontré par le fordisme, obtenir l’assentiment du travailleur, en l’impliquant
dans l’organisation du travail. Le bilan psychique en est parfaitement résumé par le rapport de
l’ANACT, l’Agence nationale pour les conditions de travail […] : « Les pratiques de management par
l’excellence (cercle de qualité, groupe d’expression) présentent l’entreprise comme un lieu d’action épanouissant pour le
salarié. Les formes de polyvalence observées, qui valorisent l’excellence et la performance individuelle et multiplient les
rotations sur les postes les plus exigeants ont des effets dévastateurs. Frustrations, isolement, concurrence, compétition,
prédominent ». Désormais les atteintes à la santé mentale seraient devenues l’une des causes majeures de
l’absentéisme. Tout se passe en effet comme si le monde moderne avait engendré un formidable
renversement de la charge de la preuve. Ce n’est plus à l’entreprise de surveiller les ouvriers. Ce sont
aux ouvriers de démontrer à l’entreprise qu’ils ont bien fait leur tâche. […] Le stress devient le mode
de régulation de la société post-fordiste. Le travail vivant devient le travail à vif. Et le risque d’être
brûlé, « burn-out », est la limite nouvelle de l’organisation du travail. […] Comme le disent Danièle et
Robert LINHART il ne fait aucun doute que les nouveaux termes : « autonomie, esprit d’initiative,
coopération aient comme contrepartie souffrance, désarroi, malaise, impuissance, stress, peur ». Dans le monde
d’aujourd’hui, ce ne sont plus les machines qui tombent en panne, ce sont les hommes eux-mêmes.
Daniel COHEN, Nos temps modernes, Flammarion, 2002
1/ Complétez le tableau ci-après avec les expressions et termes suivants : forte ; travailleurs se
contentent d’appliquer le « one best way » défini par les ingénieurs ; en juste-à-temps ;
standardisés ; polyvalence des travailleurs qui sont amenés à réaliser des tâches distinctes grâce à
la rotation des postes ; faible ; spécialisation des travailleurs qui exécutent toujours la même tâche
; de masse ; valorisation de l’expertise et de l’initiatives individuelles dans des équipes de travail
autonomes ; différenciés.
2/ Par quels moyens les modèles post-tayloriens d’organisation du travail parviennent-ils à réduire les
coûts de production ?
En réduisant les stocks (grâce à la production en juste-à-temps), en limitant le nombre de bien
défectueux (grâce à l’autonomie accordée aux travailleurs dans le contrôle de la qualité), en ne laissant
aucun travailleur inoccupé (grâce à la polyvalence des travailleurs qui passent d’une tâche à l’autre), …,
les modèles post-tayloriens d’organisation du travail permettent de réduire les coûts de production.
3/ Quels sont les éléments des modèles post-tayloriens d’organisation du travail qui permettent
d’améliorer les conditions de travail des salariés ?
Les modèles post-tayloriens d’organisation du travail dérivés du toyotisme ont permis d’améliorer les
conditions de travail grâce à l’enrichissement et à l’élargissement des tâches. En effet, le
développement du travail en équipes autonomes et la rotation des postes peuvent rendre le travail
plus diversifié, moins monotone et plus intéressant, ce qui augmente la motivation des salariés et
favorise leur épanouissement.
4/ Quels sont les éléments des modèles post-tayloriens d’organisation du travail qui ont des effets
négatifs sur les conditions de travail des salariés ?
Si les modèles post-tayloriens d’organisation du travail donnent davantage d’autonomie aux salariés, il
n’en demeure pas moins qu’elles comportent leurs lots de contraintes.
En effet, alors que le contrôle externe par la hiérarchie (caractéristique des organisations
tayloriennes du travail) s’est atténué, la nouvelle importance donnée à l’autonomie a renforcé
l’autocontrôle des salariés, devenus seuls responsables de l’organisation des tâches donc seuls
responsables des dysfonctionnements éventuels.
Par ailleurs, la recherche d’une plus grande flexibilité pour s’adapter de façon très réactive à la
demande s’accompagne d’une intensification du travail.
Qui plus est, la valorisation de l’expertise et de l’initiative individuelles oblige les salariés à
anticiper et à apporter des réponses aux incidents de production ce qui augmente leur charge
mentale.
L’instauration du travail en équipe favorise la surveillance mutuelle et la mise en concurrence des
travailleurs ce qui n’est pas favorable à la cohésion du groupe.
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En définitive, les modèles post-tayloriens d’organisation du travail génèrent une nouvelle forme
d’aliénation dont les salariés sont le principal moteur (injonction au dépassement de soi qui
conduit à l’épuisement des salariés).
Produits
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Doc. 15 : Proportion de salariés utilisant l’informatique dans leur activité professionnelle (en %)
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Doc. 16 : Proportion de salariés pratiquant le télétravail en 2019 (en %)
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Une meilleure intégration des salariés handicapés dans les entreprises et des salariés ayant des
contraintes familiales importantes. De plus si l’entreprise ne possède pas de locaux aménagés aux
personnes handicapées, elle peut tout de même en recruter grâce au télétravail.
Une meilleure gestion des déménagements et des transferts d'activité (si l’entreprise change de
lieu d’activité, il est possible d’éviter les licenciements liés au changement de zone géographique).
Une réduction des frais généraux et des dépenses (pas de frais de transport pour l’employeur,
moins de frais pour l'aménagement de locaux…)
Une augmentation de la motivation.
Une augmentation de la compétitivité.
5) Montrez que le télétravail peut être à l’origine d’effets négatifs pour le travailleur.
L’une des limites du télétravail pour le salarié est de se sentir isolé dans son travail. C’est
particulièrement le cas pour les personnes qui pratiquent le télétravail à 100 % qui voient leur lien
social avec les autres collaborateurs s’étioler. Même si elles ont des contacts réguliers par téléphone,
par e-mail, via messagerie instantanée ou visioconférences, les échanges du quotidien restent virtuels.
Le contact peut alors devenir de plus en plus distant, voire complètement absent, entraînant la
personne dans une situation de solitude au quotidien. L’installation d’un bureau à domicile respecte
généralement peu les normes de santé et de sécurité par rapport à celles qui sont appliquées en
entreprise. Un aménagement inadapté peut entraîner pour le salarié des troubles
musculosquelettiques et/ou des troubles visuels.
1/ Pourquoi est-il nécessaire de s’interroger sur le rôle du travail dans l’intégration sociale ?
2/ Précisez les différentes raisons pour lesquelles le travail participe à l’intégration sociale des
individus
Le travailleur dispose d’un statut qui lui confère des droits sociaux contribuant à sa dignité et à son
autonomie. Sa subordination dans l’entreprise est étroitement réglementée et ne se confond pas
avec une dépendance. Il dispose de moyens d’action – individuels et collectifs –, et de recours
juridiques destinés à assurer sa protection. Ainsi conçu, le statut de salarié (sur lequel va tendre à
s’aligner celui d’indépendant en termes de droits sociaux) offre à chaque travailleur un statut
social en osmose avec son statut de citoyen. Détenteur d’une parcelle de la souveraineté politique,
le citoyen travailleur ne saurait l’exercer et la rendre effective s’il ne disposait pas également des
moyens matériels le lui permettant.
Le travail place l’individu au sein de groupes sociaux de tailles différentes, l’atelier ou le bureau,
l’établissement, l’entreprise ou l’administration, le secteur ou la branche, le comité d’entreprise ou
le syndicat. Diverses socialisations s’exercent : professionnelle, syndicale, amicale. L’individu
développe des relations sociales variées, lie des amitiés, partage des expériences, cultive une
sociabilité. Ces activités sociales participent à la construction de son identité sociale. La famille, les
pairs, le travail ou la nation forment des supports identitaires, si l’un ou plusieurs d’entre eux
viennent à manquer, c’est l’identité qui est amputée.
Le travail fournit également une rémunération dont le montant peut, grâce aux droits que
détiennent les individus, être déterminé juridiquement et par les politiques économiques –
comme dans le cas du salaire minimum –, ou négocié et discuté. De cette façon, le niveau du
salaire est en mesure d’assurer une participation sociale acceptable et un mode de vie permettant
de satisfaire une large palette de besoins. La participation à la société marchande relève de
l’intégration culturelle, car à travers la consommation et l’accès aux loisirs, c’est un style de vie et
une dimension de notre identité que l’on exhibe.
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Bref, le travail permet une intégration à la fois économique, culturelle et politique.
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Le syndrome d’épuisement professionnel, équivalent en français du terme anglais burnout, se traduit
par un « épuisement physique, émotionnel et mental qui résulte d’un investissement prolongé dans
des situations de travail exigeantes sur le plan émotionnel ».
Littéralement, «burn-out» se traduit par «se consumer», comme une bougie qui brûle petit à petit
jusqu’à s’éteindre. Lors d’un burn-out, le salarié pense sans arrêt à son travail et cela devient une
préoccupation si importante, qu’il se rend malade. L’accès aux nouvelles technologies donne la
possibilité de travailler depuis n’importe où et accroît cette pression.
Le droit à la déconnexion est un véritable enjeu pour les cadres et de manière générale, les salariés
travaillant dans le secteur tertiaire. En effet, rien de plus facile que de ramener du travail chez soi, bien
après avoir quitté son entreprise. Sur son ordinateur personnel, son smartphone les informations
continuent d’affluer.
A ce moment là, l’épuisement professionnel peut être causé par deux facteurs, l’hyper sollicitation
des salariés et la « fear of missing out », littéralement « peur de manquer quelque chose. »
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franges nombreuses et diverses de la population en menaçant leur identité sous des formes variées.
L’intégration est disqualifiante car elle est le début d’un processus qui peut conduire à un cumul de
handicaps.
D’aucuns souligneront que ce type ainsi défini est éloigné de l’idée d’intégration professionnelle. Il s’agit, en
effet, de la déviation la plus importante par rapport à l’intégration assurée. Elle est malgré tout une
intégration professionnelle, puisque les salariés ont un poste de travail, un contrat de travail et une
rémunération. Ces éléments n’offrent en réalité au salarié que le cadre élémentaire de son intégration et le
privent en même temps de tout ce qui peut lui donner un sens – à savoir, la reconnaissance, la dignité, le
moyen d’expression et, enfin, la stabilité. Ce type d’intégration est donc paradoxal.
Serge PAUGAM ; « La condition ouvrière : de l'intégration laborieuse à l'intégration disqualifiante »,
dans Cités 2008/3 (n° 35).
Questions :
1) Quelles sont les deux conditions que doit réunir le travail pour être pleinement intégrateur selon
Serge Paugam ?
Selon Serge PAUGAM, pour être pleinement intégrateur, le travail doit apporter protection et
reconnaissance à l’individu. Autrement dit, il doit prendre la forme d’un emploi stable (le CDI offrant
un niveau élevé de protection sociale) et produire de la satisfaction au travail c’est-à-dire être source
d’épanouissement pour l’individu.
2) Comment Serge Paugam qualifie-t-il l’intégration professionnelle permise par ce type d’emploi ?
Un emploi qui réunit ces deux conditions permet une intégration assurée.
3) Quelles évolutions de l’emploi étudiées précédemment dans ce chapitre ont pu fragiliser le rôle
intégrateur du travail ?
Mais depuis le début des années 1980, certaines mutations de l’emploi ont multiplié les situations où
l’emploi ne permet plus une intégration assurée.
En effet, la précarisation du salariat sous l’effet du développement des emplois à durée limitée, à
laquelle s’ajoute depuis peu la montée de certaines formes d’emplois non-salariés (auto-
entreprenariat auquel ont massivement recours les plateformes numériques notamment) sont à
l’origine d’une plus grande instabilité de l’emploi et/ou d’une moindre capacité de celui-ci à produire
de la satisfaction au travail.
4) Montrez que ces précarités affaiblissent l’intégration sociale par le travail.
La précarisation du travail a de nombreuses conséquences.
Tout d'abord, les salariés en situation de précarité ne peuvent que difficilement intégrer un collectif
de travail : présents dans l'entreprise de manière temporaire, ils ne peuvent pas vraiment solliciter les
structures syndicales pour défendre leurs intérêts car cela reviendrait à ne pas voir son contrat se
renouveler. Les salariés en situation de précarité du fait de contrat atypique peuvent donc être isolés
au sein de l'entreprise.
De plus, la précarité conduit les travailleurs à une forme de stagnation professionnelle : contraints
d'enchaîner des contrats court, ils ont de très faibles perspectives de progression dans l'échelle sociale
(surtout que les non qualifiés sont les premières victimes de l'emploi précaire), ce qui renforce le
sentiment d'inutilité sociale et fragilise l'intégration.
D'autre part, le travail permet d'avoir accès à des droits sociaux et de bénéficier de la solidarité
nationale en cas d'accident du travail, de maladie, de vieillesse etc. La précarisation de l'emploi peut
amener les individus à intérioriser une identité d'assisté car ils doivent régulièrement solliciter l'aide de
l'assurance chômage. De plus, les faibles revenus doivent parfois être complétés par des minimas
sociaux (RSA socle ou aujourd'hui prime d'activité) : on constate que le travail ne suffit pas toujours à
assurer un niveau de vie décent. Pour certains travailleurs précaires, l'emploi n'est pas suffisant pour
bénéficier de droits sociaux, or ce sont ces droits sociaux qui permettent la mise en œuvre de la
solidarité organique. Ces individus peuvent donc être exclus de ces liens de solidarité.
Enfin, la précarité de l'emploi conduit à l'émergence d'une nouvelle catégorie sociale : les travailleurs
pauvres, c'est-à-dire des personnes dont l'activité professionnelle ne permet pas l'accès au seuil de
consommation minimum pour mener une vie décente. Le travail ne garantit plus d'éviter la pauvreté.
Être exclu de la consommation, dans une société entièrement tournée vers la consommation peut
donc être un facteur d'exclusion et d'isolement car l'identité des individus est aujourd'hui fortement
liée à l'acte de consommation.
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A l'extrême, les individus au chômage perdent une partie de leur identité sociale : un individu privé
d’emploi se sent « coupé du monde », non reconnu, car exclu de la société productive (le travail est
une activité socialement reconnue et se trouve donc au cœur de l’identité des individus ; il définit leur
statut social).
5) Complétez le tableau ci-dessous en vous aidant du vocabulaire utilisé dans le texte.
Synthèse
Complétez le texte ci-dessous avec les expressions ou termes suivants : sous-traitance ; intégration
disqualifiante (x2) ; intégration assurée (x2) ; dimension relationnelle du travail ; intégration laborieuse
(x2) ; chômage (x2) ; statut social ; désaffiliation sociale (x2) ; sociabilité ; risques sociaux ; polarisation ;
polyvalence ; intégration incertaine (x2) ; précarisation.
Comme le montre le sociologue Serge PAUGAM, le lien qui attache l’individu au monde du travail,
depuis la révolution industrielle, est une composante essentielle des liens qui attachent l’individu à la
société. En effet, parce qu’il donne un ………………………………………………. à l’individu, parce qu’il est un
support essentiel de ………………………………………………., parce qu’il donne accès à une série de
protections contre certains ………………………………………………. et parce qu’il assure un revenu d’activité,
le travail constitue un vecteur essentiel d’intégration sociale. Mais ce lien de participation organique
est aujourd’hui fragilisé et cette fragilisation est notamment induite par le maintien du
………………………………………………. à un niveau élevé depuis des décennies en France. A cet égard, le
sociologue Robert CASTEL montre à partir de sa modélisation de la ……………………………………………….
comment l’absence prolongée d’emploi fragilise les individus. En particulier, si la perte des
protections liées à l’emploi se cumule à une fragilisation d’autres liens sociaux et donc à une
disparition notamment des protections apportées par la famille, les amis ou le voisinage, la
………………………………………………. se produit. Il reste que l’affaiblissement de la capacité à intégrer du
travail n’est pas seulement imputable au phénomène de ………………………………………………. élevé. En
effet, comme le souligne Serge PAUGAM, elle existe au sein même de la population de salariés en
activité qui peuvent souffrir d’une insatisfaction au travail et/ou d’une instabilité de l’emploi. Ainsi,
alors que l’………………………………………………. sa caractérise par la stabilité de l’emploi et la satisfaction
au travail, l’………………………………………………. se caractérise par l’impossibilité pour les salariés de
stabiliser leur situation professionnelle, l’………………………………………………. concerne des salariés
souffrant d’une faible considération pour ce qu’ils sont et ce qu’ils apportent à l’entreprise et enfin,
l’………………………………………………. touche des salariés cumulant insatisfaction au travail et situation
professionnelle instable.
A cela s’ajoute, pour ces actifs occupés occupant des postes caractéristiques des modèles post-
tayloriens du travail, une réduction de la ………………………………………………. . Le développement de la
flexibilité externe (……………………………………………….) et interne (……………………………………………….)
conduit les salariés à ne plus être regroupés au sein d’équipes pérennes ou même d’unités de
production où ils pouvaient se côtoyer de façon régulière. Ces mutations de l’emploi caractérisées par
un processus de ………………………………………………. participent à un phénomène de
………………………………………………. progressive de la qualité des emplois. On retrouve d’un côté, les actifs
occupant un emploi typique et donc stable qui continuent de bénéficier pleinement des vertus
intégratrices du travail. Ces individus se situent ainsi dans une situation
d’………………………………………………. ou, à tout le moins, d’………………………………………………. au sens de
PAUGAM. Ils demeurent la part majoritaire de la population active occupée aujourd’hui. Mais, la «
déstabilisation des stables » à l’oeuvre depuis 1980 concourt à la constitution d’un second pôle
d’actifs alternant des périodes d’emplois atypiques et des sessions de chômage. Pour ces individus, le
travail perd de sa force intégratrice en ce sens qu’il ne peut offrir qu’une
………………………………………………. ou ………………………………………………. au sens de PAUGAM.
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VOCABULAIRE
Travail : Activité humaine conduisant à l’élaboration ou à l’entretien de biens et de services.
Emploi : Fraction du travail qui perçoit une rémunération et qui s’inscrit dans un cadre social et
juridique, que ce soit un emploi salarié impliquant un lien de subordination ou un emploi non
salarié (indépendant).
Statut de l’emploi : Condition juridique dans laquelle s’exerce l’activité professionnelle (emploi
salarié ou emploi non salarié).
Qualité des emplois : Capacité des emplois à assurer le bien-être des individus. Elle dépend des
conditions de travail, du niveau de salaire, du degré de sécurité économique que l’emploi apporte,
des perspectives de formation et carrière ainsi que de la variété des tâches.
Organisation du travail : Façon de répartir et de coordonner les tâches entre les différents
participants au processus de production dans le but d’améliorer l'efficacité de la production dans
les organisations productives.
Division verticale du travail : Séparation radicale entre le travail manuel d’exécution et le travail
intellectuel de conception créant ainsi une relation hiérarchique très stricte.
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Recomposition des tâches : Réunion de tâches d’exécution effectuées initialement par des
travailleurs différents et/ou enrichissement des tâches confiées aux travailleurs de façon à les
rendre plus intéressantes à réaliser.
Sous-traitance : Opération par laquelle une entreprise (le donneur d’ordre) confie à une autre (le
preneur d’ordre), l’exécution pour son compte de tâches qui ressortent de son activité normale.
Relation d’emploi : Lien légal entre les employeurs et les salariés. Elle existe quand une personne
exerce une activité ou fournit des services sous certaines conditions et en échange d’une
rémunération.
Polarisation de la qualité des emplois : Processus de segmentation des emplois dans leur capacité
à assurer le bien-être des individus qui les occupent.
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Préparer son BAC SES : Sujets types
Epreuve composée
Mobilisation de connaissances :
- A l’aide de deux exemples, montrez que la frontière entre emploi, chômage et inactivité est
incertaine.
- Présentez deux critères déterminant la qualité des emplois.
- Montrez comment les modèles tayloriens d’organisation du travail permettent d’augmenter la
productivité du travail.
- Présentez les effets négatifs des modèles tayloriens d’organisation du travail sur les conditions de
travail
- Présentez deux caractéristiques des modèles post-tayloriens d’organisation du travail.
- Montrez que les modèles post-tayloriens d’organisation du travail ont des effets positifs et négatifs
sur les conditions de travail.
- Montrez à l’aide d’un exemple que le numérique brouille les frontières du travail.
- Montrez à l’aide d’un exemple que le numérique transforme les relations d’emploi.
- Montrez que le numérique peut accroître la polarisation des emplois.
- Présentez trois arguments montrant que le travail est un facteur essentiel d’intégration sociale.
- Montrez comment la précarisation de l’emploi fragilise l’intégration sociale par le travail.
- Expliquez pourquoi les évolutions de l’organisation du travail ont fragilisé l’intégration sociale par le
travail.
- Présentez une mutation du travail qui fragilise l’intégration par le travail.
Dissertation
- Comment les mutations du travail rendent-elles plus floues les frontières du travail et de l’emploi ?
- Dans quelle mesure le travail est-il facteur d’intégration sociale ?
- L’évolution des formes de l’organisation du travail a-t-elle toujours des effets positifs sur les
conditions de travail ?
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