Vous êtes sur la page 1sur 3

Les Fables choisies, mises en vers par M.

de La Fontaine, appelées simplement Fables de


La Fontaine, sont trois recueils regroupant deux cent quarante-trois fables allégoriques publiés
par Jean de La Fontaine entre 1668 et 1694. La plupart, inspirées des fables
d'Ésope, Babrius et Phèdre, mettent en scène des animaux anthropomorphes et contiennent
une morale explicite (présentée au début ou à la fin du poème) ou implicite.

L'auteur y invente un genre en rupture avec les traditions ésopique, évangélique et humaniste, où
le style et l'esprit plus que le propos se veulent didactiques. Modèle du français classique,
ces apologues sont utilisés dès le début du XVIIIe siècle comme support d'enseignement par
les jésuites, principal corps enseignant en France jusqu'en 1763, et par les précepteurs familiaux,
puis deviennent, sous la Troisième République et jusqu'après-guerre, un incontournable de
l'école primaire.

Genèse éditoriale[modifier | modifier le code]


Les trois recueils[modifier | modifier le code]
Le premier recueil de Fables correspond aux livres I à VI des éditions actuelles. Il est publié
en 1668, dix-huit ans après les Paraphrases d'Ésope en anglais de John Ogilby, et est dédié à un
enfant, le Dauphin. Jean de La Fontaine est alors attaché, comme l'avait été sa mère Françoise
Pidoux, à la suite de la Grande Madame, tante de Louis XIV qui tient sa cour au palais du
Luxembourg. Il le restera jusqu'au décès de celle-ci, en 1672.

Fac similé du manuscrit du Statuaire et la statue de Jupiter,


paru en 1678.
Le deuxième recueil correspond aux livres VII à XI. Il n'est publié que dix années après le
premier, en 1678 et 1679, en deux volumes, le dernier comportant trois de ces cinq nouveaux
livres. Le poète a alors quitté depuis six ans la cour des Orléans pour
le salon parisien de Madame de La Sablière. Il dédie son tome à Madame de
Montespan, favorite encore triomphante qui, à trente sept ans, reçoit en dehors
de Versailles même, dans son nouveau et voisin château de Clagny. Quatre ans plus tôt, elle lui
commandait, marque d'estime et de protection, le livret d'un opéra qui finalement ne se fit pas.

Le dernier recueil correspond au livre XII actuel. Il est publié à la suite d'une grave maladie
en 1693, et réédité dès 1694, quelques mois avant la mort de l'auteur, célébrité de soixante et
onze ans devenue académicienne dix ans plus tôt qu'héberge depuis peu son richissime ami
Anne d'Hervart dans son hôtel de la rue de la Plâtrière. Il est dédié au duc de Bourgogne, petit-
fils de Louis XIV et désormais héritier présomptif. C'est ce jeune prince qui a donné au vieux
poète le thème d'une des nouvelles fables, Le Vieux Chat et la Jeune Souris.

Les fables nées hors recueil[modifier | modifier le code]


Les recueils assemblent des textes dont la date de composition reste indéterminée et qui pour
plusieurs ont circulé auparavant sous forme de feuilles non datées et faussement anonymes
signées M.D.L.F.1

Avant de paraître dans le second recueil, huit fables ont été publiées dans un ouvrage paru en
1671, Fables nouvelles et autres poésies. La Matrone d'Éphèse et Belphégor paraissent dès
1682 dans Poème du Quinquina et autres ouvrages en vers, une commande à prétention
scientifique.

Le Curé et le Mort, allusion à un fait divers authentique, et Le Soleil et les


Grenouilles, métaphore de la guerre de Hollande et homonyme d'une fable du premier recueil,
ont été éditées à part en 1672. Celle-ci ne sera pas jointe aux autres du vivant de l'auteur. Le
manuscrit de La Cour du Lion, à moins que ce ne soit celui des Animaux malades de la peste, est
diffusé dès 16742.

Maintes fables du dernier livre, assemblées dans l'urgence d'une maladie annonçant une mort
imminente, avaient déjà été publiées. Le Renard, le Loup et le Cheval, lue en 1684 à
l’Académie pour la réception de Nicolas Boileau3, participe en 1685 avec plusieurs autres
nouvelles fables à la composition d'un livre intitulé Ouvrages de prose et de poésie des sieurs
de Maucroix et de La Fontaine. Le Milan, le Roi et le Chasseur est un envoi adressé en juin 1688
au Prince de Conti pour le mariage de celui-ci et publié en 1689. Les Compagnons d'Ulysse, Les
deux Chèvres, Du Thésauriseur et du Singe, sont publiées entre la fin 1690 et la fin 1692 par Le
Mercure galant, mais les versions du livre XII diffèrent légèrement4. Le Juge arbitre, l'Hospitalier
et le Solitaire est choisi en juin 1693 par le père Dominique Bouhours pour figurer dans
son anthologie Recueil de vers choisis4.

La Ligue des Rats, insérée au livre XII dans les Œuvres posthumes de 1696, ne figure pas dans
l'édition de 1694. Le Renard et l'Écureuil, très antérieur, est un libelle en faveur de la libération
de Nicolas Fouquet, protecteur déchu de Jean de la Fontaine, qui a circulé sous le manteau et
n'a été ajouté aux recueils qu'en 18615. L’Âne juge, traduction en français d'une
fable latine de Jean Commire, figure dans les éditions modernes des Œuvres complètes mais
pas avec les autres Fables6.

Éditions princeps[modifier | modifier le code]

Exemplaire de Madame de Pompadour édité en 1755.

• Fables choisies et mises en vers, [s.e.], Paris, 1668.


• Fables choisies et mises en vers, t. III, D. Thierry, Paris, 1678, 3 vol.
• Fables choisies et mises en vers, t. IV, D. Thierry, Paris, 1679.
• Fables choisies, mises en vers par M. de La Fontaine et par lui revues et
augmentées, C. Barbin, Paris, 1692, 4 vol.
• Fables choisies, mises en vers par M. de La Fontaine et par lui revues et
augmentées, C. Barbin, Paris, 1694, 1 vol.
volume complémentaire de l'édition de 1692 où parait pour la première fois le livre XII,
sous le numéro VII

Vous aimerez peut-être aussi