Vous êtes sur la page 1sur 6

CM HISTOIRE DU DROIT

Chapitre 3 : La survie de l’église au sein du système féodaux-seigneurial.

Section 1 : L’église et les nouveaux pouvoirs.

L’église a en partie échappé aux forces de dissociations féodales qui ont ruiné les structures de l’état.
La hiérarchie du clergé séculier reste toujours la même. Le pape pour toute la chrétienté, l’archevêque
dans sa province, l’évêque dans son diocèse et le curé dans sa paroisse. Cependant l’église aussi a
ressenti les effets destructeurs de la féodalité et elle tente alors de lutter contre les violences féodales
mais aussi de lutter contre ses propres déviations à elle. C’est ainsi qu’en courant de réforme s’affirme
dans les années 1050 et il s’impose il s’agit de ce qu’on appelle de la réforme grégorienne qui va
affermir les structures de l’église mais aussi celle de la société.

I. Les traits de l’église féodale.

A l’époque féodale le clergé constitue l’un des 3 ordres de la société et lui-même est composé d’un
clergé séculier en déclin et d’un clergé régulier qui résiste lieux à l’emprise féodaux seigneuriale.

A. Le clergé : l’un des trois ordres de la société.

Le monde rural est désormais profondément partagé en deux en raison du facteur politique. Il y a
d’une part ceux qui combattent et qui encadrent la paysannerie autrement dit la classe supérieure des
Bellatores (les combattants). D’autre part il y a ceux qui travaillent la terre, la classe inférieure des
Laboratores (les paysans). Les clercs qui sont désormais les seuls à être instruit ont vivement pris
conscience de cette coupure sociale depuis le début du XIème siècle comme ceux qui réfléchissent
sur la société appartiennent au clergé ils se sont représenté la société selon une division non pas
bipartite mais tripartite (en incluant le clergé à côté des deux autres classes). En fait le mot qui
convient ce n’est pas celui de classe mais celui d’ordre ça signifie genre de vie autrement dit l’ordre
c’est le groupe social de ceux qui partagent le même genre de vie. C’est ainsi que l’église -a imaginé
une société répartie en 3 ordres. C’est un évêque de l’An qui s’appelle Adalbéron qui a exprimé pour
la première fois cette division au début du XIème siècle. Cette répartition de la société française en 3
ordres durera jusqu’à la révolution et jusqu’à la nuit du 4 aout 1789 (abolie les privilèges). En principe
les ecclésiastiques proviennent aussi bien des familles de paysans que des familles de ceux qui les
encadrent, la vocation religieuse est indépendante des frontières sociales. Cependant à l’époque
féodale on s’aperçoit de ce qu’on appelle le haut clergé les abbés et les évêques provient davantage
des couches supérieures de la société puisque les grands laïques se sont emparés des fonctions
ecclésiastiques et les distribuent à leur proche.

B. L’église corrompu par le siècle : une église séculière à réformer.

Durant l’époque l’église tombe aux mains des laïques. A tous les degrés de puissance les chefs
politiques s’emparent des fonctions et des biens de l’église tout d’abord en effet, non seulement le roi
mais aussi les grands qu’ils soient comtes ou princes cherchent à fortifier leur position politique en
intervenant dans le choix des évêques. Désormais ils choisissent la plupart des évêques parmi les
cadets de l’aristocratie ou plus précisément parmi les fils cadets de maison princière pour les
archevêchés ou de maisons comtales pour les évêchés. A Soisson et à Amiens les évêques sont des
frères du comtes d’Amiens. En Normandie vers 1050 3 sièges épiscopaux sur 7 sont aux mains de
proche parent du duc guillaume. C’est la même chose au niveau des seigneurs châtelains ceci
s’emparent des églises paroissiales et en nomme les prêtes selon des critères où n’interviennent pas
toujours des considérations morales ou religieuses. En outres, ces seigneurs accaparent pour eux
même les profits de l’église notamment ceux qu’on appelle les dimes (impôt versé par les exploitants

1
agricoles au clergé). Tous les droits ecclésiastiques que les seigneurs se sont appropriés font ensuite
l’objet de donations de partage. La main mise laïque sur les fonctions d’église fait oublier la dimension
religieuse de la fonction sacerdotale pour en faire un instrument de domination. Tout ceci est cause de
la grave crise morale dont souffre alors le clergé en effet à cette époque on a de nombreux exemples
d’évêques indignent qui vivent en grands seigneurs guerriers qui dispersent les biens d’églises et les
lieux de culte au profit de leur clientèle vassalique. En grand nombre pratique le Nicolaïsme c’est-à-
dire qu’ils vivent en ménage avec des femmes et par la suite lèguent leur fonction à leur fils. Comme
chez les laïques à l’époque féodale l’Église est conduite à restreindre son horizon chez les évêques
l’idée de l’universalisme chrétien tend à s’effacer au profit d’une conception plus régionaliste de
l’action religieuse. Les conciles ne se réunissent plus dans le cadre de la province ecclésiastique mais
se réunissent au sein des nouveaux ensembles politiques dû au morcellement territoriale et
notamment au niveau des principautés territoriales. C’est ainsi que se forme un épiscopat des rois de
France, un épiscopat normand, aquitain et ainsi de suite chacun tend à s’organiser lui-même et à
résoudre à sa manière le problème que pose la montée des violences. Toutefois la crise morale
n’atteint pas l’ensemble du clergé. En outre cette crise touche essentiellement le clergé séculier et
non pas le clergé régulier.

C. L’expansion du clergé régulier : le succès de Cluny.

La crise que connaît l’église épargne la plupart des monastères, dès le Xème siècle au sein du monde
monastique se fait jour une aspiration profonde à la rénovation spirituelle. En particulier l’abbaye de
Cluny fondée en 909 en Bourgogne par le duc d’aquitaine guillaume le pieu ou encore les abbayes du
Bec ou de Fécamp en Normandie sont à la pointe de l’entreprise de régénération. Les réformateurs
agissent de concert avec les princes territoriaux (ex : Odon de Cluny agit avec l’appui d’Hugues le
grand pour restaurer la discipline monastique dans tous les monastères rattachés à Cluny). Ces
réalisations sont l’expression d’une conviction profonde la place primordiale du monachisme par
rapport aux autres états de vie. Autour de l’an 1000 on affirme le rôle d’excellence que les moines
occupent dans la société en raison de leur renoncement à la vie du monde en raison de leur prière et
de leur itinéraire spirituel. Au nom de la distinction entre domaine spirituel et domaine temporel les
moines appellent l’ensemble du clergé à, se consacrer exclusivement à sa mission religieuse et à se
détacher du pouvoir politique. De cette façon les moines contestent les structures de l’église
séculières telles qu’elles existent depuis les carolingiens. Ils considèrent en effet que les évêques sont
investis dans des conditions douteuses et en tout cas trop liés au pouvoir politique. Par ailleurs les
mines imaginent pour eux-mêmes des structures qui puissent les placer hors de portée des puissants
laïques. A cet égard on peut citer la charte de fondation de l’abbaye de Cluny par cette charte le duc
d’aquitaine déclare donner la nouvelle abbaye au pape et par la suite Cluny reçois du pape Jean XI le
privilège d’exemption c’est-à-dire d’indépendance vis-à-vis du roi des évêques ou de tout parents du
duc guillaume. Elle est ainsi rattachée à Rome. Ceci lui confère un grand prestige et lui permet de se
constituer tout un réseau de monastère qui entende bénéficier du même privilège. L’ordre clunisien se
réforme en créant de nouveau établissement. L’église n’est pas seulement une église ne crise même
si elle subit le contre coup de l’effondrement royale et celui de l’avènement du pluralisme politique.
C’est au sein de l’église que l’on tente dès les premières du règne d’Hugues capet d’endiguer la
montée des violences féodales.

II. La lutte contre la violence féodale.

En effet, le déclin royal incite l’épiscopat à le remplacer dans un de ses missions essentielle faire
régner la paix. La paix de dieu pour une paix organisé par l’église er sanctionner par elle ce
mouvement nait dans le sillage du changement de règne de 987 en effet le passage des carolingiens
aux capétiens à engendrer une crise de confiance envers le roi surtout dans le centre et le sud du
pays.

2
A. La première phase : la paix de dieu.

Dans les années qui suivent l’accession au trône d’Hugues capet les régions méridionales échappent
à l’action du roi. Donc à sa mission de garant de la paix aussi dans ces régions les évêques se
réunissent en concile et ils décident d’établir une protection particulière pour certain bien à savoir ceux
des églises ceux des paysans ceux des petites gens et également une protection particulière pour
certaine personne : les clercs, les pèlerins, les veuves, tous ceux qui sont désarmés tels les
marchands. Cette protection est sanctionnée par des peines ecclésiastiques allant jusqu’à
l’excommunication (mise au ban de l’église). La forme de ces prescriptions prend progressivement
celle de serment c’est-à-dire que certains évêques non seulement du midi mais aussi du centre font
rédiger dans leur diocèse des formules de serment de paix protégeant tous les faibles. Puis lors des
assemblées de paix ils font prêter se serment à ceux qui exercent le métier des armes.

B. La deuxième phase : « la trêve » de dieu.

A partir de 1027 et d’un concile dans la région de Perpignan l’église interdit de se battre certain jour
qui sont des jours liturgiques : le dimanche (jour du seigneur) où il n’est pas possible de répandre le
sang la guerre est donc interdite du samedi soir au lundi matin. L’idée de trêve de dieu est soutenue
par les abbés de Cluny et cette idée se répand rapidement grâce à leur vaste réseau monastique et
elle se généralise à partir de la province et de la Bourgogne c’est-à-dire là où elle a d’abord été
proclamée. Très vite les délais s’étendent à une plus longue période de la semaine, le jeudi le jour du
dernier repas du christ, le vendredi le jour du sacrifice du christ. Finalement il est interdit de se battre
du mercredi soir jusqu’au lundi matin. Enfin les délais vont s’étendre aussi à certaine période
liturgique au temps de l’avent, de noël, du carême, du paques.

C. L’institution de la chevalerie.

Elle va concerner ceux qui combattent à cheval autrement dit cela désigne le monde des seigneurs, le
monde de ceux qui sont intégré aux liens féodaux vassaliques ou encore ceux qui encadrent la
paysannerie. Dans la seconde moitié du Xème siècle l’église cherche à canaliser l’ardeur guerrière,
elle oppose à l’idée du guerrier brutal celle du guerrier bien faisant qui met son épais au service de
dieu. Ce modèle de guerrier juste et loyal est véhiculé à travers la littérature autrement dit il s’agit d’un
véritable code d’honneur qui est proposé à la chevalerie. Les romans de chrétiens de Troyes, la table
ronde… Pour être chevalier au sens noble que l’église attache à se terme il faut être un combattant à
cheval et d’autre part il faut avoir accepté des règles de conduite, elles ont été rendues obligatoires
par un rite qu’on appelle l’adoubement. Ce n’est que par l’adoubement qu’on devient chevalier il
consiste à la remise des armes effectués en suivant un rituel religieux. Ainsi l’épée du futur chevalier
est déposée sur l’autel, elle est bénie avant de lui être remise et elle lui est remise autant que possible
un jour saint. La cérémonie est en générale présidée par l’évêque et au cours du XIème siècle cette
cérémonie est encore amplifiée par une veillée de prière et un serment que prête le chevalier c’est
celui de protéger les plus faibles, observer les règles chrétiennes de la guerre et combattre non pas
pour tuer mais pour lutter contre les puissances du mal. L’adoubement marque une coupure dans la
vie avant le jeune garçon est encore mineur et sa capacité juridique reste en suspens s’il doit hériter
d’un fief celui-ci est encore en garde tandis qu’après l’adoubement il est un homme parce qu’il peut
remplir son état combattre d’où il peut prêter hommage et recevoir l’investiture de son fief on lui
reconnait aussi le droit de se marier et celui de passer des actes juridiques autrement dit la coutume
se prend de considérer le moment de l’adoubement comme le passage à la capacité juridique à la
majorité. Enfin, il créé un style de vie commun à tous les chevaliers dans un premier temps la
chevalerie englobe la vassalité ainsi l’usage se prend que pour être vassal il faut d’abord être adouber
chevalier dès lors les éléments qui constitue la situation du vassal vont devenir les privilèges de la
classe des chevaliers. Des privilèges militaires, seul le chevalier peut porter l’écu, la lance et l’épée. Il
a aussi des privilèges judiciaires qui concordent avec ceux du vassal, il est jugé par ses pairs, il a

3
aussi des privilèges d’ordre fiscal il ne paie pas l’impôt public il doit verser son sang pour le royaume.
Le chevalier à des privilèges de droit privés pour lui s’applique le droit d’énesse qui vaut pour la
succession au fief. Dans un second temps la détention de tous ses privilèges (droits particuliers), va
donner à leur détenteur la conscience d’appartenir à la noblesse. L’adoubement conduit à la prise de
conscience d’un ordre social.

Section 2 : La réforme grégorienne.

On a donné ce nom de réforme grégorienne à une réforme de l’église qui a été entreprise et réalisée
par la papauté dans la seconde moitié du XIème siècle. L’un des principaux artisans de cette réforme
est le pape Grégoire 7. C’est une réforme des structures de l’église et comme à cette époque l’église
est profondément soudée à la société la réforme va avoir des répercussions sur l’ensemble des
structures sociales.

I. Les étapes de la réforme.

La réforme grégorienne a été préparée autour du pape par un effort de pensé et de doctrine et ça
avant même le pontificat de Grégoire 7. Elle entre dans les faits en 1059 et libère l’église romaine de
la tutelle impériale ensuite elle tente de libérer les églises locales, elle essaie de les libérer de
l’investiture des grands laïques. Son épilogue conduit à une nouvelle distinction du spirituel et du
temporel.

A. L’étape doctrinale.

Elle débute sous l’impulsion d’un pape d’origine lorraine Léon 9 et elle débute également sous la
direction d’un moine qui s’appelle Humbert de Moyenmoutier. Léon 9 devient pape en 1049 et
Humbert fait partie de l’équipe de conseiller qui entoure le pape à Rome. L’un et l’autre font le constat
des maux dont souffre le clergé et la société tout entière. Puis ils font le rapprochement entre ces
maux et l’investiture laïque, Humbert explique que si certains prête mène une vie dissolue (le
nicolaïsme) c’est parce qu’il y a trafic des fonctions ecclésiastique = la simonie. S’il y a simonie c’est
parce que ce sont les seigneurs qui investissent de fonction ecclésiastique, ils choisissent les
membres du clergé. Il propose le remède c’est le retour à la liberté des élections d’abbé et d’évêque.
D’ailleurs il s’inspire de l’exemple de Cluny, qui a montré la fécondité d’un monastère affranchit des
pouvoirs laïques. Pour Humbert il faut généraliser cette libération à l’échelle de toute l’église or seul le
pape entouré par une église centralisée est en mesure de remplir cette mission, de libérer l’ensemble
du clergé de la puissance des grands laïques. Très vite Humbert et son équipe recherche les textes
qui peuvent soutenir la primauté du pape. Ils les réunissent dans ce qu’on a appelé la collection des
74 titres, figure en bonne place la phrase du christ à l’un de ses apôtres qui fonde la primauté du pape
sur l’ensemble de la chrétienté : « tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirais mon église ». Dans les
années 1050, l’essentiel du programme grégorien se trouve ainsi définie. Désormais il va falloir le
mettre en œuvre ce qui implique de mobiliser un parti puissant, constitué de légats, d’évêques, de
théologiens, de spécialistes du droit de l’église (les canonistes) et de fondateurs d’ordre monastique.
C’est un programme d’une audace inouï pour l’époque dans la mesure où il tranche entièrement avec
l’ordre mis en place par les carolingiens dans lequel le roi intervient dans la nomination des évêques
et il s’appuie sur eux pour mener à bien sa politique.

B. La réalisation.

La réforme en tant que telle se déroule essentiellement à partir de 1059 et elle va donner lieu à une
véritable guerre dans l’empire germanique par contraste avec la France et l’Angleterre.

En 843, l’empire avait été coupé en trois par le traité de Verdun. Après la scission de l’empire
carolingien lors du traité de Verdun, le titre d’empereur a d’abord été récupéré par la partie

4
occidentale, avec Charles le Chauve. Par la suite le titre a été récupéré par la partie germanique avec
la dynastie des ottoniens. L’empire germanique est né de l’ancien empire carolingien.

Depuis la fin du Xème siècle, c’est l’empereur germanique qui nomme le pape alors qu’à l’origine il a
été élu par le clergé et le peuple de Rome. En avril 1059, le nouveau pape Nicolas II (successeur de
Léon IX), il veut faire cesser l’emprise impériale et il profite de la minorité de l’empereur Henri IV pour
modifier la procédure de l’élection pontificale, ceci en prenant un décret qui confi l’élection du pape
aux cardinaux uniquement (supérieurs aux évêques). Après son élection, le pape est acclamé par le
peuple et le clergé de Rome. Ainsi, l’empereur est écarté de la procédure de nomination du pape.
Cette nouvelle procédure sera appliquée dès la succession de Nicolas II. A sa mort, la nouvelle
procédure va entrer en œuvre. C’est maintenant le pape Grégoire VII qui est élu en 1078 et il décide
de donner tout son ampleur à l’action des réformateurs, il va même radicaliser leur action. Il veut en
particulier élargir leur affranchissement vis-à-vis des grands laïcs à l’ensemble de l’église. C’est ainsi
qu’il promulgue un décret en février 1075 qui interdit à quiconque de recevoir « de la main de quelque
personne laïque, un évêché ou une abbaye sous peine de ne pas être considéré comme un évêque
ou abbé ». Cependant, l’empereur germanique Henri IV passe outre, et il nomme comme par le passé
aux évêchés vaquant. Ainsi, la querelle des investitures qui va se traduire par un véritable bras de fer
entre l’empereur et le pape. Cette violente querelle s’achève par la victoire du pape Grégoire VII.
L’empereur est abandonné par ses principaux soutiens, menacé de déchéance et il est obligé de faire
un monde honorable à Canossa en janvier 1077. Cela signifie que l’empereur reconnait publiquement
ses torts et accepte de faire pénitence. Dans les autres royaumes de l’occident chrétien il n’y aura pas
de véritable querelle des investitures, à savoir que la papauté ne tient pas à se battre sur tous les
fronts c’est pour cela qu’en particulier dans l’empire anglo-normand que vient de constituer guillaume
le conquérant, Grégoire VII ferme les yeux sur l’investiture royale. Il lui suffit que Guillaume le
Conquérant qui est favorable à la réforme grégorienne mène une politique religieuse tournée vers la
réforme du clergé (choix d’évêques dignes). De même, dans le royaume de France, le pape ne
souhaite pas s’en prendre au petit roi qu’est Philippe 1 puisqu’à cette époque il contrôle très peu
d’évêchés. Il n’engage pas de bras de fer. La papauté ne fait pas déposer les évêques investis par le
roi ou les princes territoriaux dès l’or qu’il n’y a pas eu d’élection scandaleuse.

C. L’épilogue : vers la distinction du service de la centralisation romaine.

Les nuances apportées à la réforme grégorienne en France et en Angleterre permettent de


comprendre que dans ces pays et après la mort de Grégoire 7 une solution modérée a pu être
proposée au problème des investitures. En effet, les réformateurs modérés vont promouvoir une
solution intermédiaire selon eux dans un évêché il convient de distinguer la part purement spirituelle
c’est-à-dire les fonctions religieuses de l’évêque de la part temporelle c’est-à-dire les biens et les
droits de puissance publique attaché à la dignité d’évêque. Cette distinction est finalement celle qui
sera retenue lors du concordat de WORMS conclu en 1122 entre le pape et l’empereur germanique
Henri V. cette accord met fin à la querelle des investitures en prévoyant que dans un premier temps
l’évêque soit librement élu par le clergé de son diocèse et consacré par l’archevêque. Puis dans un
second temps le souverain investira l’évêque des biens et des prérogatives liés à son évêché.

II. Les prolongements de la réforme grégorienne.

L’action des grégoriens dès la fin du 11ème siècle a été efficace elle a contribué à régulariser la vie
religieuse et à diminuer la main mise laïque sur l’église. Cependant il sera réducteur de limiter la
réforme à la seule question des rapports entre pouvoir spirituel et temporel. En effet, la réforme a eu
de nombreux prolongements et en particulier cette réforme a aussi permis la création d’un droit
romano-canonique et elle a renforcé la cohésion de l’église autour du pape. Lors de leur recherche
de texte pour affirmer la primauté du pape les grégoriens ont retrouvé les manuscrits des compilations
effectué par l’empereur Justinien au 6ème siècle. Ces manuscrits ont une valeur incroyable parce que

5
en effet, l’empereur justinien avait voulu réunir tout le droit romain depuis les origines pour le
transmettre à la postérité. Ils contiennent donc les principaux actes législatifs des empereurs romains
la doctrine des grands juristes consultes romains et des manuels de droit romain. Cette découverte
décide le pape Grégoire 7 à prendre une initiative aux conséquences majeurs celles de faire réétudier
le droit romain de l’antiquité qui avait été quasiment oublié. Ainsi dans la ville italienne de Bologne le
pape fait fonder vers 1080 une université de droit. C’est la première université médiévale qui servira
de modèle à toutes les autres puisque bientôt le droit romain est étudié à Rome, à Pise, à Avignon, à
Montpellier et dans tous l’occident. Le droit romain sert de modèle technique à l’église pour élaborer
un nouveau droit canonique celui-ci n’émane plus seulement des canons des conciles mais surtout
des décrétales du pape (actes législatifs du pape). En effet, les papes usent ainsi du nouveau pouvoir
législatif que leur confère les principes énoncés par Grégoire 7.

Par ailleurs la cohésion de l’église autour du pape est renforcée par les légats pontificaux. En effet,
ces représentants du pape sont munis d’une large délégation de pouvoir et son envoyé dans
l’ensemble de la chrétienté à la fois pour vérifier les élections des ecclésiastiques, pour juger en appel
les sentences rendus par les évêques, pour se saisir de toutes les causes judicaires qu’ils estiment
devoir traiter eux-mêmes ou soumettre au pape. Surtout ces légats interviennent dans les conciles
pour faire prévaloir le point de vu de la papauté, ceci va permettre de produire une législation uniforme
à l’ensemble de l’église autrement dit un droit canonique unifié. Par-là les tendances régionalistes de
l’église s’estompent au profit d’une vision universelle de sa mission.

Vous aimerez peut-être aussi