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Madame de Lafayette,
La Princesse de Clèves
(édition Nouveau bac 1re)
GUIDE PEDAGOGIQUE
établi par Isabelle Lasfargue-Galvez
1 • Hatier © 2019
Classiques & Cie lycée • La Princesse de Clèves • guide pédagogique
L’ŒUVRE
Présentation
1. Pierre Daniel Huet (1630-1721), homme d’Église, érudit et critique littéraire très influent.
2. Jean de Segrais (1624-1701), écrivain, auteur notamment de nouvelles.
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Au XVIe comme au XVIIe siècle, les femmes ont un statut de personne mineure. La fille est sous
l’autorité de son père, l’épouse sous celle de son mari. Les femmes ne décident donc rien.
➢ La femme mariée
Les stratégies matrimoniales sont un des motifs récurrents du roman. Ce sont le père et la
mère, voire d’autres membres de la famille, qui décident du mariage des jeunes filles, comme
le fait Madame de Chartres dans le roman.
Dans le mariage, il n’est nullement question d’amour mais d’argent. « Il faut de temps en
temps fumer ses nobles terres », écrit Madame de Sévigné, suggérant par la métaphore
agricole du fumier qui fertilise la terre que l’alliance entre les grandes familles est une affaire
de sang et d’argent. Le mariage est donc une véritable institution patrimoniale.
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➢ La litote
Procédé issu de l’éthique précieuse où la réserve et la retenue sont de mise, tant dans le
langage que dans les attitudes, la litote, qui dit le plus par le moins, est très suggestive dans la
prose de Madame de Lafayette.
Par exemple, lorsque la princesse comprend que Nemours a renoncé à la reine d’Angleterre
pour elle : « elle (la reine dauphine) eût aisément remarqué que les choses qu’elles venaient
de dire ne lui (à la princesse) étaient pas indifférentes. » La litote marque dans l’esprit de la
princesse des sentiments qu’elle refuse de voir, mais suggère au contraire au lecteur
l’intensité et la violence de ces sentiments.
➢ L’hyperbole
La litote cohabite avec l’hyperbole, elle aussi issue de l’éthique précieuse, sans la contredire,
même si elle semble plonger le lecteur dans un monde féerique. La préciosité, en effet, dans
la lignée de l’éthique courtoise, préconise la quête de l’idéal sentimental, représenté par la
Carte du Tendre. C’est donc le plus bel amour qui doit être recherché, les sentiments les plus
raffinés, dits avec les mots les plus soignés. Mais, de plus, l’hyperbole se substitue à la
description. L’écriture se fait donc encore une fois art de la suggestion et non de la précision.
Par exemple, « La liberté de se retrouver seules la nuit dans le plus beau lieu du monde » (p
186) : c’est ainsi que Mme de Lafayette décrit le pavillon de Coulommiers avant l’épisode de
la féerie sentimentale de Coulommiers ou deuxième aveu du roman. Et l’expression sera
reprise plus loin quand Nemours y découvrira la princesse.
➢ Les périodes
La prose de Mme de Lafayette est souvent ponctuée de longues phrases qui prennent la forme
de périodes oratoires dont le rythme est particulièrement soigné. L’auteure y articule avec
brio les propositions subordonnées, dans des effets de parallélisme, de balancement et de
chute.
Par exemple, dans la scène du bal : « Ce prince était fait ... étonnement » (p. 49). On a une
phrase au style concaténé, où chaque proposition est développée par une autre. La
proposition principale est suivie d’une consécutive, elle-même prolongée par une temporelle,
elle-même précisée par une autre temporelle, étoffée par deux relatives, le tout est alors
relancé par une indépendante coordonnée à la principale par « mais », qui vient à la fois
relancer l’idée et la conclure par un effet de chute sur l’expression « grand étonnement ». La
cohésion de la phrase est rendue par la répétition de « il était difficile » et par la reprise
synonymique de « surprise » par « grand étonnement ». La complexité syntaxique de la
phrase épouse ce qui se passe dans la conscience des deux protagonistes comme si on suivait,
en simultané, leurs émotions respectives.
On peut trouver également des phrases plus simples, mais qui par la répétition d’éléments clé
déploient les effets d’accélération ou d’intensité. Par exemple, lors de la féerie de
Coulommiers : « Voir au milieu de la nuit ... par nul autre amant. » (p. 189). La diaphore de
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« voir » par « la voir », dans une cadence mineure, puis l’anaphore de « la voir », dans une
cadence majeure, contribuent à l’expression de l’intense émotion de Nemours. Et la reprise
finale de tout ce qui précède par « c’ » crée un effet de chute signifiant. Par ailleurs la phrase
qui introduit cette période « On ne peut exprimer ... » a donc un effet de prétérition !
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L’ÉDITION
Classiques & Cie Lycée
À l’occasion de la réforme du lycée et de la mise en place du « Nouveau Bac » français, la
collection Classiques & Cie a été entièrement repensée de manière que chaque ouvrage offre
aux enseignants une séquence complète sur l’œuvre et le parcours associé, tels que définis
dans les nouveaux programmes.
La nouvelle édition de La Princesse de Clèves comprend ainsi le texte du roman, associé à une
proposition de parcours « Individu, morale et société », ainsi qu’à de nombreux autres
enrichissements pédagogiques.
➢ L’avant-texte
Composé des rubriques « Qui est l’auteur ? », « Quel est le contexte ? » et « Pourquoi vous
allez aimer ce roman », l’avant-texte amène l’élève progressivement à la lecture du récit.
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• La cour s’amuse avec les deux protagonistes qu’elle utilise comme des marionnettes. Mais
derrière ce divertissement galant, c’est toute la mécanique tragique de la passion qui se met
en place.
3. Cette rencontre est-elle un véritable coup de foudre ?
• Nemours et la Princesse ne se sont jamais vus, comme le rappellent le roi et les reines, mais
ils se connaissent par ouï-dire, de réputation. Dans le paragraphe qui précède le passage,
l’auteure écrit que la princesse a « ouï parler » de Nemours, comme « l’homme le mieux fait
et le plus agréable de la cour » et elle en éprouve de la « curiosité et même de l’impatience
de le voir ». Or, comme un rapport de cause à effet, le début du paragraphe suivant explique
qu’elle passe « tout le jour » à se parer, comme si cet excès de préparation était lié à cette
impatience de voir le duc, comme si elle cherchait inconsciemment à paraître la plus belle et
donc à lui plaire.
• Dès lors quand elle le voit pour la première fois c’est comme si elle le reconnaissait sans
jamais l’avoir vu. L’effet est similaire chez Nemours. Dès lors, le coup de foudre visuel est
biaisé, il ne relève pas de la surprise et de la spontanéité.
4. GRAMMAIRE. Quelle est la nature de la proposition qui commence par : « d’une sorte qu’il
était difficile de n’être pas surprise de le voir » (l. 744-745) ?
Il s’agit d’une proposition subordonnée conjonctive complément circonstanciel de
conséquence. On pourrait la remplacer par : « Le prince était extrêmement bien fait. Il était
donc difficile... ».
5. POUR ALLER PLUS LOIN. Recherchez des tableaux ou des scènes de film ou de romans
représentant des scènes de bal et dégagez en les principales caractéristiques.
On peut penser à la scène de bal dans Madame Bovary de Chabrol, mais aussi au Guépard de
Visconti. Pour les tableaux, se reporter aux prolongements artistiques.
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4. GRAMMAIRE. Quel est l’antécédent du pronom relatif « qui » dans la proposition : « qui
étaient encore attachés sur lui » (l. 791) et quelle est la fonction de ce pronom ?
L’antécédent du pronom qui est « les yeux », sa fonction est sujet de la proposition relative.
5. POUR ALLER PLUS LOIN. Recherchez des portraits de différentes époques représentant des
individus de statut social différent, afin de déterminer quelles sont les fonctions sociales
du portrait.
• Par exemple : Hyacinthe Rigaud, Louis XIV (1701), pour le genre du portrait d’apparat, en
pied, en majesté, en costume, avec les symboles du pouvoir.
• À opposer au portrait bourgeois, dans l’intimité d’un intérieur, plus soucieux de rendre la
psychologie de la personne représentée, comme Le portrait de M. Bertin, d’Ingres (1832) ou
au portrait anonyme de La Jeune Fille à la perle de Vermeer.
5. POUR ALLER PLUS LOIN. Recherchez des œuvres où la jalousie amoureuse occupe une part
importante et dégagez-en les passages les plus significatifs.
Par exemple : Othello de Shakespeare ; Britannicus de Racine ; Un amour de Swann de Proust ;
La Jalousie de Robbe Grillet.
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• Il y a plus de sorties que d’entrées, sans doute parce qu’on est plus à un horaire de sorties
(midi ? fin de journée ?). Mais il y a peu de monde. Cet échange sortie/ entrée n’est peut-être
pas réaliste. On peut donc être attentif à la jeune fille à qui semble hésiter à entrer. Peut-être
son hésitation annonce-t-elle celle de l’héroïne, qui arrive au lycée en plein milieu d’année
scolaire et qui devra se faire à ce nouveau monde.
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Introduction
« Qu’il est facile de faire des contes ! » écrit Diderot dans Jacques le fataliste. On a en effet
longtemps reproché au roman de n’être qu’aventures amoureuses invraisemblables. Mais
avec La Princesse de Clèves le roman entre dans la profondeur de l’analyse de l’âme humaine,
tâche longtemps dévolue à la tragédie. Sous quelles conditions et par quels moyens, le roman
peut-il être le lieu d’une interrogation à la fois morale, psychologique et existentielle qui
regarde la condition humaine.
1. Roman et réalité
• Les romans peuvent être ancrés dans une réalité historique qu’ils restituent avec plus ou
moins de fidélité et de précision selon les mouvements et les époques auxquels ils
appartiennent. La deuxième moitié du XVIe siècle pour les deux princesses de Mme de
Lafayette, la Régence pour les Liaisons dangereuses, l’époque d’écriture du roman pour
Manon Lescaut. Sans qu’il y ait une volonté de reconstitution historique, les éléments de
structure sociale sont ceux d’une époque donnée. Ils ne sont pas une pure invention, fruit de
l’imaginaire de l’auteur. Ainsi les stratégies matrimoniales chez Mme de Lafayette ou chez
Laclos, la destinée de Manon au début du roman qui devait aller au couvent, chez Prévost, la
petite ville de la campagne normande dans Madame Bovary sont des faits empruntés à la
réalité.
• Mais les romans n’ont pas une fonction documentaire première. Ce qui prime, surtout dans
les romans d’analyse, c’est la quête de l’âme humaine et de ses complexités. S’interroger sur
l’amour, le bonheur, le malheur, la souffrance, la joie, la passion, la jalousie, la colère... c’est
proposer aux lecteurs des thématiques intemporelles et universelles. Les inquiétudes d’une
mère vis-à-vis de sa fille (Mme de Chartres), les émois amoureux d’une jeune fille (Cécile de
Volanges), l’amour fou (La religieuse portugaise, Des Grieux), la jalousie d’un mari (Clèves),
l’ennui (Julie) sont des motifs qui peuvent toucher tout le monde.
2. Roman et romanesque
• Cependant, le roman fabrique du destin sur mesure, comme le dit Camus (L’Homme révolté).
Le roman va vers une fin, est dans une construction qui vise à une signification générale. Alors
que la vraie vie n’a pas de sens prédéfini, en dehors de la finitude, le roman articule les
événements en vue d’un aboutissement orienté. C’est pourquoi, il n’hésite pas à recourir à
des artifices qui sont souvent invraisemblables comme le fait que Nemours se perde et arrive,
comme par hasard au pavillon de Coulommiers. Les rencontres (Manon et Des Grieux), les
morts (Mme de Chartres) arrivent à point nommé pour forcer le destin des personnages. On
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peut donc dire que le roman fabrique du romanesque, comme lorsqu’on dit que « la vie est
un roman ».
• De plus le roman peut idéaliser les faits, les sentiments, comme les personnages. La vie est
sans doute plus médiocre, plus routinière et moins intense. Le côté féerique de la cour
d’Henri II où tout le monde est merveilleusement beau est une déréalisation du réel. Les
aventures de Manon et Des Grieux sont assez extravagantes. On peut aussi se dire que les
sentiments intenses, comme l’amour éperdu de la religieuse portugaise, sont peu probables...
mais rien n’est moins sûr !
3. Roman et condition humaine
• Le roman, malgré la structure et les motifs romanesques, en articulant des destins
particuliers dans une société donnée, fabrique des situations où est problématisée la
condition humaine. Est notamment interrogée l’idée de liberté de l’individu. Comment faire
des choix lorsqu’on est déterminé tant par nos propres faiblesses et passions, que par la
société dans laquelle on vit ? Mademoiselle de Clèves ou Julie, qui se marient pour obéir à
leurs parents, seront à jamais déterminées par ce non-choix.
• Un autre thème existentiel phare est celui du bonheur, problématique philosophique
centrale et éternelle. C’est la finalité des finalités. Qu’est-ce qu’être heureux et comment être
heureux sont les questions fondamentales. Les réflexions finales de Mme de Clèves à ce sujet
sont fondamentales et forment presque une dissertation à elles seules.
Conclusion
En guise de conclusion, on peut prolonger le questionnement sur la vérité psychologique du
roman en utilisant les analyses de Julien Gracq dans En lisant en écrivant : « L'accroissement
du pouvoir séparateur de l'œil interne, de Mme de La Fayette à Stendhal et de Stendhal à
Proust, est sans doute l'indice le plus clair du progrès du "roman psychologique". Mais progrès,
si progrès il y a, non dans le sens d'une "vérité" serrée de plus en plus près : plutôt dans celui
de la libération d'une féerie intime, plus subtile, plus riche, dont l'auteur se donne le spectacle
sur la scène intérieure, et dont son art étend la jouissance à son lecteur sans enrichir sa
connaissance. La psychologie dans la fiction est création pure, doublée d'un pouvoir de
suggestion active ».
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1. Un lyrisme inquiet
• Si le texte commence sur le mode impersonnel et parle de l’homme en général, à l’aide de
l’indéfini « on », à partir du troisième paragraphe, il prend une tonalité clairement lyrique,
avec la domination du « je ».
• Les exclamatives et les interrogatives sont nombreuses et manifestent à la fois les doutes et
les émotions du personnage.
• La sensibilité de Julie apparaît également à travers le champ lexical des sentiments et des
émotions. Le verbe « sentir » est le verbe clé (« je le sens vide et gonflé »). C’est donc une
sensibilité exacerbée qu’ausculte Rousseau.
2. Un aveu intime
• On entre dans l’intimité émotionnelle d’une femme qui exprime ses souffrances. Elle ose
parler de l’échec de son mariage.
• En ce sens, le texte est un aveu dans lequel Julie rend compte de ses contradictions
profondes, notamment en tant que femme. Comment être mère, fille et femme ? Du point de
vue d’une certaine norme sociale et morale, Julie est une femme comblée, pleine « de
contentement » et pourtant pas « contente ». L’antithèse et l’isolexisme (ou polyptote)
soulignent la contradiction et le paradoxe.
• Elle exprime un dégoût du réel, motif mélancolique du taedium uitae, une « langueur », un
sentiment d’étrangeté (cette peine est bizarre).
3. Une certaine idée du bonheur
• Le texte prend in fine une tournure philosophique. Les trois premiers paragraphes sont très
pascaliens car s’y exprime la puissance de l’illusion et de l’imagination, « le pays des
chimères », marquée par la spirale du désir.
• Une opposition entre le vide et le plein vient concrétiser cette problématique du désir et de
la satisfaction, du manque et du comble : charme / tourments ; perdre / posséder ; obtenir /
espérer ; ici-bas / ailleurs ; trouver / chercher ; sécheresse et langueur / renaître, ranimer.
• Contrairement à l’éthique du XVIIe siècle, les passions ne sont donc pas condamnées. La vie
sans passion, même heureuse, est une vie sans saveur, d’où le constat ans appel que fait Julie
« le bonheur m’ennuie ». La raison n’est pas la seule solution au bonheur. Le désir est présenté
comme une énergie incontournable.
• La contradiction entre l’insatisfaction corrélée au désir et le désintérêt du comble est résolue
par Rousseau par la quête d’un absolu, appelé « l’Être immense ».
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incontrôlé de Nemours ; ce désir à défaut d’être physique passe par le portrait qui devient un
objet érotique dans un ordre fétichiste.
• Lignes 782-792. L’action en elle-même : le vol du portrait.
Mme de Lafayette dispose ses personnages comme au théâtre. On dirait presque du théâtre
de boulevard avant l’heure.
Le regard est fondamental dans cette scène, comme fenêtre sur l’âme et comme échange
amoureux.
• Lignes 793-805. Réflexions et réactions de deux protagonistes : l’audace de Nemours, la
défaite de la princesse.
Mise en scène du trouble et du combat intérieur de la princesse, qui sous couvert du laisser-
faire et du souci de la bienséance, pour ne pas causer d’esclandre, se retrouve complètement
dégradée par sa passion. On assiste à une défaite morale. Ce lieu intime et public à la fois sert
à la princesse d’excuse sociale. Elle n’a pas pleinement conscience que ce qui vient de se
passer est un véritable plaisir pour elle, le plaisir de se savoir aimée par le plus bel homme de
la cour. Cette absence de lucidité est marquée par l’euphémisme « elle fut bien aise », en fait
elle est très heureuse.
Quant à Nemours, il retrouve son assurance de séducteur et d’homme expérimenté puisqu’il
contraint la princesse à lui accorder une faveur malgré elle. Il se sert pleinement des impératifs
des convenances sociales pour imposer son amour à la princesse. Mais à la fin, il fuit. Cette
couardise finale est bien peu reluisante pour le personnage.
◼ GRAMMAIRE. « qui étaient encore attaché sur lui » (l. 791) : quel est l’antécédent du
pronom relatif « qui » dans cette proposition et quelle est la fonction de ce pronom ?
L’antécédent est « les yeux » et non le nom qui est juste devant le pronom. La fonction de
« qui » est sujet de la proposition relative.
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