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Ben Sassi Khouloud

GROUPE CA_REF_32_MAT

COUR D'APPEL DE PARIS

POLE 6, CHAMBRE 9

R.G. no 21/1457

Remise au greffe par RPVA le : 12/11/2023

POUR :

L’association CITE, association Loi 1901 à but non lucratif dont le siège social est situé à Paris 75020,
prise en la personne de son représentant domicilié en cette qualité audit siège

Ayant pour avocat constitué :

Maitre : khouloud ben sassi

Avocate au Barreau de Paris

CONTRE :

Madame Laurence Her

Demeurant à 91270 Vigneux sur seine

Ayant pour avocat :

Maitre : Margaux Bulliard

Avocate au Barreau de Paris

LE REQUÉRANT À L'HONNEUR D'EXPOSER :

Suivant ordonnance rendue le 9 novembre 2023, le conseiller de la mise en état a débouté


l’association CITE de ses différentes demandes formées dans le cadre d’incident et dit que la
déclaration d’appel du 28 janvier 2021 (RG 21/1457) est recevable et a renvoyé l’affaire en fixation.
Le requérant, en application des dispositions de l’article 916 du code de procédure civile, défère à la
Cour cette ordonnance.
Ben Sassi Khouloud
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I – Rappel des faits et de la procédure

Par jugement du 16 octobre 2020, le conseil de Prudhommes de Pairs a :


- Dit qu’il n’y a pas lieu de se prononcer sur la résiliation judicaire du contrat de travail de
Madame Her,
- Débouté Madame Her de l’ensemble de ses demandes,
- Débouté l’association CITE,
- Condamné Mme Her aux entier dépens.

Par déclarations des 26 janvier 2021 (RG 21/1366) et du 28 janvier 2021 (RG 21/1457), Mme Hera a
interjeté appel du jugement.

Dans le cadre du dossier RG 21/1366, Mme Her a remis au greffe ses conclusions d’appelante le 26
avril 2021, l’association des cités n’ayant pas constitué avocat.

Dans le cadre du dossier RG 21/1457, Mme Her a remis au greffe et notifié ses conclusions d’appelante
le 23 avril 2021, l’association CITE ayant pour sa part remis au greffe et notifié ses conclusions d’intimé
le 23 juillet 2021.

Suivant ordonnance de désistement du 4 avril 2023 rendue dans le cadre du dossier RG 21/1366, le
conseille de la mise en état a constaté l’extinction de l’instance et le dessaisissement de la cour. (Pièce
n°1)

Par conclusions d’incident du 20 juin 2023 (pièce n°3), l’association CITE demande au conseiller de la
mise en état de :

- Constater que l’appelante a formé une première déclaration d’appel en date du 26 janvier
2021 enregistrée sous le RG n 21/013666 qui a donné lieu à une ordonnance de désistement
par la cour en date du 4 avril 2023, sans aucune réserve.
- Constater qu’une seconde d’appel en date du 28 janvier 2021 enregistrée sous le RG n
21/01457 identique à la première a été formée pour les mêmes demandes à l’encontre du
même jugement et désignant le même intimé,
- Constater l’extinction définitive de l’instance,
- Confirmer en conséquence l’ordonnance du désistement du 1er avril 2023 aux termes de
laquelle a été donné acte au désistement de l’appelante et au désistement de la cour,
- Déclarer que la seconde déclaration d’appel en date du 28 janvier 2021 enregistrée sous le RG
n 21/01457 est privée d’effet et irrecevable,
- Déclarer l’appel du 28 janvier 2021 (RG 21/01457) irrecevable,
- Par conclusions en réponse sur incident du 17 juillet 2023, Mme Her demande au conseiller
de mise en état de :
- -juger que la déclaration d’appel enregistrée sous le numéro RG 21/1366 est définitivement
éteinte par l’ordonnance de désistement du 4 avril 2023,
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- Juger que la déclaration d’appel enregistrée sous le numéro RG 21/1457 est parfaitement
régulière,
- Débouter en conséquence l’association des cités Caritas de l’ensemble de ses demandes, fins
et prétentions,
- Renvoyer la présente affaire pour fixation en audience de plaidoiries,

Par ordonnance du 9 novembre 2023, le conseiller de la mise en état a débouté l’association CITE de
ses différentes demandes formées dans le cadre du présent incident, déclare l’appel du 28 janvier
2021 recevable et renvoie l’affaire en fixation. (Pièce n°5)

II- Discussion

1-Sur l’irrecevabilité de la deuxième déclaration d’appel : absence d’intérêt à agir

Le même jugement du conseil de prud’hommes de Paris du 16 octobre 2021 (RG n°18/09137) a fait
l’objet de deux déclarations d’appel à l'encontre des mêmes parties :

-RG n°21/01366 : une première déclaration d’appel en date du 26 janvier 2021 a été
enregistrée le 16 février 2021, portant sur “ des demandes d’indemnités liées à la rupture du
contrat du travail CDI en CDD, son exécution ou son inexécution”.

Suivant les conclusions du désistement notifiées par Madame Laurence Her, la Cour d’Appel
de Paris a rendu une ordonnance de désistement le 4 avril 2023 sans aucune réserve . (Pièce
n°1)

-RG n°21/01457 : une deuxième déclaration d’appel en date du 28 janvier 2021 a été
enregistrée le 19 février 2021, portant sur exactement les mêmes “des demandes
d’indemnités liées à la rupture du contrat du travail CDI en CDD, son exécution ou son
inexécution” à l’égard du même intimé.

L'adage “appel sur appel ne vaut” interdit de saisir une seconde fois, d'un même appel, la juridiction
d'appel alors que celle-ci est déjà saisie.

Il en découle que si deux déclarations d’appel sont formulées simultanément contre la même décision,
la seconde déclaration d'appel est privée d'effet, dès lors que la précédente déclaration était régulière
et avait emportée inscription de l'affaire au rôle.

Néanmoins, certaines exceptions existent en fonction des circonstances spécifiques. Par exemple, il
pourrait y avoir des motifs de nullité ou des vices de procédure qui permettraient de remettre en
cause la première déclaration d'appel. Dans de tels cas, une nouvelle déclaration d'appel pourrait être
envisagée. C'est ce que démontre la jurisprudence de la Cour de cassation.
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En effet, Cette dernière n’hésite pas à faire preuve de souplesse lorsqu’une deuxième déclaration
d’appel est introduite afin de rectifier la première. C'est ce que témoigne l’affaire suivante :

"Pour notamment rectifier une erreur contenue dans une déclaration d’appel, l’appelant peut
être amené à réitérer son acte d’appel. Ce sera le cas notamment pour mentionner les chefs
expressément critiqués, oubliés dans la précédente déclaration d’appel, ou pour préciser la
qualité d’une partie” (Cass. civ. 2e, 16 nov. 2017, n ° 16-23.796).”

Ainsi, la Cour de cassation admet la recevabilité d’une deuxième déclaration d’appel, introduite par la
même partie contre le même jugement afin de lui permettre de critiquer les chefs du jugement qu’elle
a omis de mentionner dans la première déclaration (Cass. civ. 2, 19 novembre 2020, n° 19-13.642).

Elle a aussi précisé que sous réserve que le délai d'appel n'ait pas expiré et que le premier appel n'ait
pas été déclaré irrecevable, la saisine irrégulière d'une cour d'appel n'interdit pas à son auteur de
former un second appel, même sans désistement préalable du premier appel (Cass. civ. 2e, 1er oct.
2020, n° 19-11.490).

La cour d’appel de Chambéry adopte la même logique dans une décision récente (CA Chambéry, 1re
ch., 29 mars 2022, n° 21/01702) ou elle affirme que :

“Si, la saisine irrégulière d’une cour d’appel, qui fait encourir une irrecevabilité à l’appel,
n’interdit pas à son auteur de former un second appel, tel n’est pas le cas en l’espèce, dès lors
que le premier appel constituait une saisine régulière de la cour de Chambéry.
L’appelante n’avait donc aucun intérêt à former un second appel identique au premier, contre
le même jugement et entre les mêmes parties, alors que ce second appel n’avait pas pour objet
ni pour effet de rectifier une première déclaration d’appel, nulle, erronée ou incomplète.”

Il ressort des jurisprudences susmentionnées qu’une seconde déclaration d’appel ne peut être admise
que si elle aurait pour effet de permettre à la partie appelante de se rattraper sur un appel mal engagé,
et irrégulier. C’est la vérification de cette condition qui permet de déroger au principe d’appel sur
appel ne vaut, consacré par l’article 546 du code de procédure civile. En l’espèce, Madame Her a choisi
d’introduire une nouvelle déclaration d‘appel le 28 avril 2021 alors que la première datant du 26
janvier 2021 est régulière et a déjà ouvert l’instance d’appel. L’introduction du second appel semble
alors injustifiée. Son intérêt ne se révèlera avec certitude qu'avec l’irrégularité du premier. Il en résulte
que la deuxième déclaration d’appel doit être déclarée irrecevable.

En outre, si la deuxième déclaration est considérée comme irrecevable, le désistement de Madame


Her de son premier appel emportera acquiescement au jugement d’où l’extinction de l’instance
d’appel conformément aux dispositions de l’article 403 du code de procédure civile.

2- Sur le désistement de l’instance :

À l’appui de ses dernières conclusions d’incident, Madame Her a fait valoir que son désistement de
son instance dans le cadre de la déclaration d’appel enregistrée sous le n° RG 21/01366 ne porte pas
acquiescement au jugement. Afin de justifier son allégation, elle se fonde sur sa lecture donnée de la
jurisprudence du 21 février 2019 de la Cour de cassation et le défaut de constitution d’avocat par
l’association au premier appel du 26 janvier 2021.
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D’abord, la jurisprudence du 21 février 2019 ne se trouve pas à s’appliquer en l’espèce puisque dans
cette affaire l'appelante s’est désistée de son premier appel et a introduit un nouveau afin de rectifier
le premier appel entaché d’irrégularité, ce qui n’est pas le cas pour Madame Her :

Aux motifs qu'il ressort du message adressé par l'avocat de Mme P... par voie du RPVA que
celle-ci a indiqué au conseiller de la mise en état le 2 octobre 2017 que Mme P... se désistait
de sa déclaration d'appel n°17/8709 du 27 septembre dernier, précisant « je vais procéder à
une nouvelle déclaration d'appel dans ce dossier », et adressait à la suite des conclusions de «
désistement de la déclaration d'appel » en donnant pour motifs que « l'appelante souhaite
rectifier cette déclaration d'appel en procédant à une nouvelle déclaration d'appel ».

De plus, l’article 403 du code de procédure civile précise les effets du désistement devant la cour
d’appel : « Le désistement de l’appel emporte acquiescement au jugement » et, selon l’article 408, «
l’acquiescement à la demande emporte reconnaissance du bien-fondé des prétentions de l’adversaire
et renonciation à l’action ». C’est seulement en première instance que « le désistement d’instance
n’emporte pas renonciation à l’action mais seulement extinction de l’instance » conformément à
l’article 398 du code de procédure civile, ce qui permet l’introduction d’une nouvelle instance une fois
le désistement acté. Mais, en appel, le désistement vaut acquiescement au jugement. La seule
possibilité d’en retarder ou d’en écarter les effets serait qu’il contienne des réserves. C’est ce qui est
finalement retenu par la deuxième chambre civile lorsqu’elle indique que l’acte de désistement
d’appel mentionnant être accompli en vue de la formation d’un nouveau recours n’emporte pas
acquiescement au jugement et renonciation à l’exercice de ce recours.

Le désistement de Madame Her a été réalisé sans réserve, il emporte alors acquiescement au
jugement.

L’acceptation de l’avocat de l’intimé n’est pas requise afin que le désistement produit ses effets s’il a
été émis sans réserve.

En tout état de cause, Madame Her ne peut pas se prévaloir du défaut de constitution d’avocat par
l’association. Cela ne saurait en aucun cas porter préjudice à Madame Her, puisque le Conseiller de la
mise en état serait tenu de rendre un jugement réputé contradictoire selon l’article 923 du CPC, en se
fondant seulement sur les prétentions avancées par celle-ci ce qui sera sans doute en sa faveur. Ce
fait démontre l’absence de tout intérêt à son désistement et l’introduction d’un second appel 28
janvier 2021.

Ainsi, Madame Her est mal fondée à se prévaloir de la non-constitution d’avocat par l’association afin
de justifier son désistement et l’introduction du second appel.

III- MOTIFS

En conséquence, la Cour infirmera la décision entreprise et déboutera Mme Laurence Her de son
incident.

Il serait inéquitable de laisser à la charge de l’association les frais irrépétibles qu’elle a eus à exposer
pour assurer sa défense.

Mme Her sera en conséquence condamné à payer l'association Cité la somme de 3000€ au titre de
l’article 700 du code de procédure civile.
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C’est pourquoi, L’exposant requiert qu’il vous plaise de fixer telle audience pour qu’il soit statué sur
les mérites de la présente requête.

POUR VOIR LA COUR

Vu les articles visés,

Vu la jurisprudence,

▪Dire bien fondé le déféré,

En conséquence :

▪Déclarer Mme Her mal fondé en son incident,

▪L’en débouter,

▪Juger que le second appel est irrecevable,

▪Déclarer l’acquiescement au jugement du premier appel et l’extinction définitive de l’instance,

▪Le condamner à payer à l’association CITE la somme de 3000 € au titre des dispositions de l’article
700 du code de procédure civile ainsi qu’aux entiers dépens du présent incident.

Fait à Pairs, le 12/10/2023

Liste des pièces : [......] [......] [......]

ORDONNANCE

Nous, Président [chambre] de la cour d’appel de Paris,

Vu la requête qui précède et les pièces à l’appui,

Fixons au [date] à [heure] heures L’audience de plaidoiries de notre chambre au cours de laquelle il
sera statué sur les mérites de la présente requête.

Fait en notre cabinet,

À Paris, le

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