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EXTRAIT
ISSU DE L’OFFRE
RÉSUMÉ
La route restera encore longtemps une composante très lourde des systèmes mondiaux de transport des personnes et des
marchandises. Il est donc essentiel d’obtenir des réseaux routiers le meilleur service. Rendre les déplacements aussi
confortables que possible et réduire les conséquences dramatiques et économiquement très lourdes de l’insécurité routière,
font partie des aspects à couvrir. La réduction de l’impact des infrastructures routières et de la circulation routière sur
l’environnement est évidemment à l'ordre du jour. Le choix de caractéristiques géométriques appropriées est un des moyens
de répondre à tous ces objectifs.
ABSTRACT
Roads are to remain for a long time an essential component of the global transportation systems of persons and goods. It is
thus essential that road networks provide the best quality of service. The aspects which have to be taken into consideration
include making travel more comfortable and reducing the dramatic and extremely costly consequences of road insecurity;
Reducing the environmental impact of road infrastructures and road traffic is evidently on the agenda. The choice of
appropriate geometrical characteristics is one means in which to meet all of these objectives.
– leur environnement (urbain, périurbain, rase campagne) ; tout effet de surprise, la vitesse de référence soit la même sur de
– les conditions météorologiques ; longues sections (50 km ou plus) et que la transition entre deux
– les caractéristiques des véhicules. sections de vitesses de référence différentes soit perceptible.
Pour la France, elles sont définies par le Code de la route, et leurs Cette démarche est maintenant modifiée dans le sens suivant :
valeurs rappelées en introduction. – la conception générale du tracé (tracé en plan, profil en long,
Comme nous l’avons vu, le gestionnaire de la voie peut, d’autre profil en travers) est définie par les texte pour chaque catégorie de
part, par le biais de la signalisation, imposer des vitesses limites voie (maintenant très strictement codifiée) ;
plus faibles que les vitesses maximales définies par le Code de la – les modèles et abaques précédemment évoqués permettent de
route. calculer en chaque point les vitesses pratiquées ;
– de ces vitesses pratiquées, on déduit les exigences de distance
Il faut malheureusement constater que, jusqu’à maintenant, ces de visibilité ;
vitesses réglementaires n’étaient guère respectées, l’automobiliste – la comparaison de ces exigences avec les distances de visibilité
ayant tendance à rouler à la vitesse maximale qu’il croit compatible effectivement offertes (du fait des masques latéraux, du profil en
avec ses propres talents de conducteur (surestimés très générale- long, etc.) permet de détecter les insuffisances éventuelles et de
ment). La voie réglementaire n’avait donc pas permis jusqu’à pré- modifier en conséquence le tracé, les points singuliers de l’itiné-
sent de garantir que les vitesses pratiquées restent inférieures à un raire devant bénéficier d’un examen particulièrement rigoureux.
seuil prédéterminé, qui aurait pu constituer la vitesse de projet.
Le renforcement des contrôles, et surtout la multiplication des
radars, semblent heureusement avoir fait évoluer cette situation 2.3 Distances d’arrêt, de dépassement
de façon très positive, comme le montrent les rapports successifs et visibilité
de l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière.
C’est ainsi que l’on peut retenir du dernier de ses rapports, relatif Ce sont des « notions dérivées » importantes pour la définition
à la sécurité routière en 2009 [7] les conclusions suivantes. précise de la géométrie de la voie ; elles sont en arrière plan de tou-
tes les normes de tracé : « Le conducteur conduit en fonction de ce
Exemple qu’il voit… Dans un souci de sécurité, mais également de confort,
Évolution des vitesses moyennes des véhicules légers (VL) la conception géométrique des routes doit permettre d’assurer des
sur un échantillon représentatif de voies : de 90 km/h en 2 000 à conditions de visibilité satisfaisante tant au droit des points singu-
80 km/h en 2009 (la vitesse moyenne des motos restant historique- liers qu’en section courante. Une des tâches du concepteur routier
ment de l’ordre de 10 km/h plus élevée que celle des VL). est de rechercher un juste équilibre entre les besoins en visibilité et
les contraintes spécifiques au projet. Ces exigences dépendent de
Taux de dépassement des vitesses limites de plus de 10 km/ la vitesse pratiquée, du temps de réaction et de la distance néces-
h : de l’ordre de 10 à 15 % en 2009, contre 34 % en 2002. saire à la manœuvre visée » [9].
En tout point du tracé, la visibilité doit être suffisante pour que le
2.2.2 Vitesse V85 véhicule puisse s’arrêter à temps devant un obstacle placé sur la
chaussée. Elle doit d’autre part être assurée, dans les conditions
Pour rendre compte de façon synthétique des vitesses maxima- définies ci après, à la fois dans les virages et à l’approche des
les effectivement pratiquées par les usagers, on utilise convention- carrefours.
nellement, et conformément aux pratiques internationales, la
vitesse V85 en dessous de laquelle roulent 85 % des usagers en
conditions de circulation fluide (véhicules dits « libres »), ce qui per- 2.3.1 Arrêt avant obstacle
met d’exclure les vitesses considérées comme atypiques et
Pour ce qui concerne l’arrêt avant un obstacle, on doit distinguer
extrêmes.
les obstacles relativement courants, tels que la présence éventuelle
Cette vitesse est en relation avec les caractéristiques géométri- d’un piéton ou d’un véhicule arrêté (accident, retenue de trafic,
ques de la route ; des modèles, abaques et logiciels permettent de etc.), et les obstacles totalement imprévus (chutes de pierre sur la
l’estimer en fonction des paramètres fondamentaux : rayons en chaussée par exemple).
plan, largeur de chaussée, déclivité etc., et inversement de s’assu-
rer que le tracé retenu est compatible avec la V85 choisie [8]. Quel que soit le cas, il est nécessaire d’assurer la visibilité à
Enfin, compte tenu de ce qui a été dit précédemment concernant une distance permettant au conducteur de s’arrêter avant
un meilleurs respect des vitesses réglementaires, le principe retenu l’obstacle.
aujourd’hui « … est d’écrêter la V85 à la vitesse maximum régle- En chaque point du tracé, la distance d’arrêt doit donc être infé-
mentaire. On ne conçoit plus de dimensionner des infrastructures rieure à la distance de visibilité, appréciée dans les conditions
pour des vitesses supérieures aux vitesses réglementaires. Donc suivantes :
sauf dans les cas où il s’avérerait que la V85 pratiquée soit infé- – point d’observation placé à une hauteur de 1 et à 2 m du
rieure à la vitesse réglementaire, c’est cette dernière qui doit être bord droit de la chaussée ;
retenue. La seule exception concerne la visibilité en carrefour où, – point observé placé sur l’axe de la voie à une hauteur de
dans tous les cas, pour des impératifs de sécurité, on prend en 0,35 m (feux arrières d’un véhicule), réduite à 0,15 m pour les
compte la V85 » [9]. routes exposées à des chutes de pierres fréquentes.
Le respect de cette condition suppose la détermination de la
distance d’arrêt.
C’est donc la V85 écrêtée au niveau de la vitesse maximale
autorisée, notée V85é, qui est retenue dans les textes les plus
Comme nous l’avons vu dans l’article [C 4 308], la distance
récents pour la définition de la géométrie des voies.
d’arrêt en ligne droite est donnée, pour une route sans déclivité,
par la formule :
Dans les premières versions des mêmes textes, on choisissait de
façon explicite une vitesse de projet, désignée par le terme de d (m) = 0,55 V (km/h) + 4 /1000 × V 2 /f
« vitesse de référence » qui, attachée à un tronçon, permettait de
définir les caractéristiques minimales d’aménagement de ses Le premier terme représente la distance parcourue pendant le
points particuliers. On prescrivait simultanément que, pour éviter temps de perception-réaction (pris égal à 2 secondes en cas de
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