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PASS ANTILLES 2022/2023

COURS HISTOLOGIE HUMAINE


UE 14
Thèmes : Les tissus conjonctifs

I- Introduction

Les cellules du tissu conjonctifs sont constituées de cellules spécialisées et résidentes ainsi que de cellules
en transit qui cheminent par ces tissus conjonctifs. Les tissus conjonctifs sont aussi constitués de matrice
extracellulaire comportant des fibres et de la substance fondamentale qui peut être plus ou moins hydratée.
En fonction de l’organisation, de l’abondance et des rapports architecturaux entre les cellules et la matrice
extracellulaire, on pourra distinguer différents types de tissus conjonctifs.

On distingue différents types de tissus conjonctifs :


– Les tissus conjonctifs communs (= non spécialisés) qui font l’objet de ce cours peuvent être lâches
s’ils sont pauvres en fibres et denses (orientés ou non orientés) s’ils sont riches en fibres.
– Les tissus conjonctifs spécialisés :
• Tissu adipeux : prédominance d’adipocytes
• Tissus squelettiques : cartilage (matrice solide non minéralisée) et os (matrice solide
minéralisée)
– Tissu sanguin : cellules circulant au sein d’une matrice liquide (= plasma)

A- Définitions

Les tissus conjonctifs de soutien commun ou les tissus conjonctifs spécialisés comportent généralement :
– Des cellules :
• Non cohésives OU jointives
 (Attention, l’un ou l’autre car non cohésives ≠
jointives. Exemple : on peut retrouver des systèmes
de jonction au niveau de l’os, ce n’est pas le cas de
toutes les cellules conjonctives)
• Non obligatoirement polarisées
 (= polarisées OU non polarisées. Exemple : les
cellules peuvent être polarisées comme dans les
épithéliums OU ne pas présenter du tout de
polarisation/différenciation apico-basale)
– Une matrice extracellulaire (MEC) qui est constituée de :
• Fibres : sur l’images elles sont colorées par le safran
en jaune/orangé (le safran va colorer un certain
nombre de types de fibres et notamment le collagène)
• Substance fondamentale plus ou moins hydratée : elle correspond sur une coupe aux espaces
qui apparaissent optiquement vides

Sur le schéma ci-dessus qui représente une coupe de peau en HES, on observe :
– Un épiderme (=épithélium) : au-dessus du tissu conjonctif on visualise l’épiderme que l’on reconnait
facilement grâce à sa kératinisation
– Un derme (=tissu conjonctif) : constitué par différents types de tissus conjonctifs communs :

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• Tissu conjonctif lâche en surface, proche de l’épiderme
• Tissu conjonctif dense en dessous, plus riche en fibre avec des grosses fibres de collagène
colorée au safran

B- Propriétés des tissus conjonctifs

Contrairement aux épithéliums, les tissus conjonctifs sont


vascularisés et innervés, sauf exception comme le cartilage et le
stroma de la cornée.

Sur la coupe de tissu adipeux coloré au Trichrome ci-contre, on


peut observer des vaisseaux et des troncs ou filets nerveux appartenant au système nerveux périphérique
qui cheminent dans le tissu conjonctif.

Les tissus conjonctifs constituent une charpente plus ou moins rigide des organes et tissus. Ils constituent
aussi le support des voies de communication des systèmes (vaisseaux et nerfs : les tissus conjonctifs
permettent au système cardiovasculaire et nerveux le cheminement des voies de communication).

Les maladies des fibres de collagène et élastiques, notamment génétiques par mutation de gènes codant
pour des composants des fibres de collagène ou élastiques, touchent majoritairement la peau, le squelette
et les vaisseaux car le rôle du tissu conjonctif dans la structure de ces tissus est particulièrement important.
Il pourrait y avoir d’autres atteintes organiques ou viscérales mais minoritairement. Les tissus conjonctifs
permettent de relier les tissus entre eux, comme par exemple au niveau de sang qui est un tissu fluide
considéré comme un tissu conjonctif. De plus, les tissus conjonctifs sont le siège principal des phénomènes
d’inflammation et d’infection.

C- Origines embryologiques des tissus conjonctifs

Un tissu adulte peut avoir différentes origines embryologiques. Ainsi,


le mésoblaste qui donne par exemple le dermomyotome va pouvoir
être à l’origine d’un certains nombres de tissus conjonctifs. De même
pour le mésenchyme qui est incorporé lors de la délimitation de
l’embryon avec des tissus mésenchymateux immatures intra et extra-
embryonnaires. Enfin, certains tissus conjonctifs sont formés à partir
de cellules du neuro-ectoblaste comme les cellules des crêtes neurales
qui sont à l’origine des tissus conjonctifs au niveau de la tête et de la face.

Ainsi les tissus conjonctifs ou de soutiens adultes ont plusieurs origines embryologiques bien que l’on parle
ensuite de cellules mésenchymateuses. Attention : cela ne veut pas dire que le tissu provient du mésenchyme
intra ou extra embryonnaire.

D- Les cellules du tissu conjonctif

Les capacités d’auto-renouvellement sont symbolisées par une flèche rouge sur le schéma. La capacité de
division/prolifération est symbolisée par une flèche noire sur le schéma.

Les cellules mésenchymateuses sont capables d’auto-renouvellement (=propriétés des cellules souches) et
elles expriment le CD34. Elles vont donner des cellules souches hématopoïétiques (CSH) CD34+ capables
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d’auto-renouvellement et qui sont multipotentes.

Ces cellules souches hématopoïétiques vont deux types de lignées :


– Myélopoïèse : avec les dérivés de la moelle hémato-
poïétique qui comporte les lignées des cellules san-
guines. Dans ces lignées on retrouve des précurseurs
communs aux polynucléaires et aux monocytes. Ces
monocytes vont migrer vers les tissus pour donner
d’autres types cellulaires comme les macrophages et
les ostéoclastes.
– Lymphopoïèse : avec les dérivés de la lignée lym-
phoïde dont les progéniteurs sont capables d’auto-re-
nouvellement contrairement aux précurseurs qui
sont capables de division et de prolifération. Les pro-
géniteurs lymphoïdes vont donner naissance aux lymphocytes, qui sont capables de division et dont
la cellule terminale de la lignée est le plasmocyte. (cf cours hématopoïèse)

Les cellules souches mésenchymateuses sont capables de donner naissance à des :


– Tissus épithéliaux : d’origine mésenchymateuse
– Tissus musculaires
– Tissus de soutien conjonctifs

Rappel : Cellules capables d’auto-renouvellement = progéniteurs + cellules souches

1- Tissus épithéliaux d’origine mésenchymateuse

Dans les tissus épithéliaux d’origine mésenchymateuse, on retrouve :


– L’endothélium : avec des cellules endothéliales Capables de division/prolifération
– Le mésothélium : avec des cellules mésothéliales

2- Tissus musculaires

On trouve différents types de cellules musculaires au niveau des tissus musculaires (cf cours
tissus musculaires) :
– Cellule musculaire striée squelettique (=rhabdomyocyte)
– Cellules musculaires lisse (=léiomyocyte) Capable de division/prolifération
– Cellules musculaire cardiaque (=cardiomyocyte)

On peut aussi retrouver des myoblastes et des cellules satellites doués de capacité
division/prolifération et qui sont des précurseurs qui se différencient en cellules musculaire
striée squelettique

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3- Tissus conjonctifs de soutien

Les tissus conjonctifs de soutien comportent des cellules de ma:


– Lignée fibroblastique : fibroblastes (capables de division qui
s’équilibrent avec les fibrocytes), fibrocytes, myofibroblastes et
péricytes
– Lignée adipeuse (cf cours tissu adipeux) : adipoblastes et adipo-
cytes
– Lignée osseuse (cf cours tissu squelettique) : ostéoblastes et os-
téocytes
– Lignée cartilagineuse (cf cours tissu squelettique) : chondroblastes et chondrocytes
– Autres : cellules stromales et synoviocytes

Rappel : Capacités de division/prolifération = généralement les précurseurs (suffixe –blaste souvent associé
aux précurseurs)

II- Les cellules du tissu conjonctif commun

On distingue différents types cellulaires parmi les tissus conjonctifs communs. La famille prédominante est
celle du fibroblaste. Il s’agit de cellules généralement fixes comprenant :
– Le fibroblaste actif
– Le fibrocyte résident : forme quiescente du fibroblaste actif qui peut rebasculer vers la forme active
et inversement.
– Le myofibroblaste : doué de capacités contractiles
– Le fibrocyte circulant : type de cellule particulier de la famille du fibroblaste dans les tissus (qui donne
lieu a beaucoup de questions sur le forum). C’est un précurseur des fibroblastes tissulaires qui fait
partie des cellules fixes bien qu’elle migre via le sang à partir de la moelle. (Attention, c’est bien un
précurseur même s’il à la suffixe –cyte !). Lorsqu’il y a un recrutement de cellules mésenchymateuses
médullaire, on forme les fibrocytes circulants qui vont pouvoir coloniser les tissus.

On peut avoir un paradoxe entre la dénomination de la cellule et leur activité dans la famille du fibroblaste
car par exemple, le terme de fibrocyte est souvent associé aux cellules quiescentes voir agées mais ici, il
peut correspondre soit aux fibrocytes résidents (quiescents) soit aux fibrocytes circulants (actifs).

A- Les fibroblastes

Cette cellule s’appelle fibroblaste (avec le suffixe –blaste) car elle grade des capacités de division est n’est
pas un –cyte qui est souvent un élément de fin de lignée.

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1- En microscopie optique

Sur une coupe de tissu conjonctif lâche colorée au trichrome de Masson en


microscopie optique à fort grossissement, on peut voir des fibroblastes, qui sont des
cellules jeunes d’aspect fusiformes (en fuseau = forme allongée). Le fibroblaste peut
parfois présenter des prolongements cytoplasmiques donnant un aspect étoilé et
actif, visible grâce à une culture de fibroblaste en microscopie optique (ou en
microscopie électronique). Sa taille est variable, son noyau est souvent ovalaire
allongé unique avec une euchromatine et un petit nucléole témoignant de la
transcription des gènes en ARNm. Le cytoplasme est le plus souvent basophile car le
fibroblaste ne stocke pas les protéines qu’il élabore, mais au contraire, il les relargue dans la matrice
extracellulaire. De ce fait, l’abondance de réticulum endoplasmique rugueux (REG)et ses ARNr vont donner
une basophilie en microscopie optique. Le fibroblaste ne présente pas de lame basale.

2- En microscopie électronique

En microscopie électronique, les prolongements cytoplasmiques sont plus faciles à observer. On peut
visualiser soit des cellules individuelles soit des cellules jointes par des système de jonctions communicantes
intercellulaires. Il y a une abondance du réticulum endoplasmique granuleux et de l’appareil de Golgi. On
peut aussi voir des vésicules d’exocytose et d’endocytose.

Sur les coupes ci-contre, on voit 2 fibroblastes observés en microscopie électronique à transmission :
– Le fibroblaste de gauche : a une forme plutôt fusiforme, avec un nucléole
et qui est inséré dans une matrice extracellulaire riche en fibre de colla-
gène. Ces fibres de collagène ont une forme de trousseau, de fibres/fi-
brilles de collagène.
– Le fibroblaste de droite : présente des prolongements cytoplasmiques
beaucoup plus importants avec la forme caractéristique du fibroblaste
étoilé et actif. Il se trouve dans une matrice extracellulaire beaucoup plus
équilibrée entre la substance fondamentale (apparait comme vide en ME) et les fibres qui baignent
dans ce liquide fondamental. On voit donc l’abondance des organites cellulaires dans la cellule active.

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3- En immunohistochimie

En immunohistochimie, les fibroblastes sont caractérisés par la présence de filaments de vimentine


(vimentine +) et sont CD34 – (négatifs) par rapport aux cellules souches mésenchymateuses.

B- Cellules apparentées aux fibroblastes

1- Les fibrocytes résidents

Les fibrocytes résidents sont des fibroblastes fusiformes adultes au repos,


c’est-à-dire quiescents. On les observe par exemple au niveau de la cornée et
des tendons. Cette cellule présente peu de prolongements et est de petite
taille. Son noyau moins actif que celui du fibroblaste et donc présente moins de nucléoles.

2- Les fibrocytes circulants

C’est une cellule progénitrice précurseur venant de la moelle osseuse. Il provient des cellules souches
mésenchymateuses détectable en immunohistochimie car elle est CD34+ (marqueur des cellules souches
hématopoïétiques et progéniteurs). Pour bien la détecter il faudrait réaliser un tri cellulaire sur un volume
sanguin suffisant pour isoler ces très rares fibrocytes circulants. Ces cellules colonisent le tissu conjonctif et
se différencient en fibroblaste. Les fibrocytes circulants sont plus nombreux lorsqu’il y a une nécessité de
réparation et sont impliqués dans la fibrose (production anormale de matrice extracellulaire collagénique)
lors de la cicatrisation. Les fibrocytes circulants sont amenés sur le site de la cicatrisation afin de former de
nouvelles cellules et de générer de nouveaux fibroblastes. Via les nouveaux fibroblastes générés, la
production de collagène I et III par les fibroblastes est augmentée. Les fibrocytes circulants arrivant dans les
tissus peuvent générer des cellules de la lignée fibroblastique qui jouent un rôle dans la présentation
d’antigènes aux lymphocytes T.

3- Les fibroblastes activés

Les fibroblastes activés s’activent avec de nombreux prolongements. Il est notamment activé par des
lésions, des facteurs de croissances et autres cytokines. On observe alors une réorganisation du
cytosquelette dans le fibroblaste avec des microfilaments d’actine formant des fibres de stress ce qui
entraine une polarisation des cellules fibroblastiques, qui peuvent être associées à des capacités de
migration.

4- Les myofibroblastes

Lorsqu’il y a des phénomènes de réparation, on voit


apparaitre à partir des fibroblastes ou des fibrocytes
circulants des myofibroblastes. Les myofibroblastes
possèdent des filaments d’actine et de vimentine
détectables en immunohistochimie. Ils comportent
également des fibres d’actines  musculaire lisse et de la
myosine qui vont s’organiser et être responsables de la rétraction/contraction de la zone cicatrisée. Les
myofibroblastes sont, au début de la cicatrisation, caractérisées par des propriétés de prolifération, et une
fois la cicatrisation effectuée, ils vont régresser et disparaitre par apoptose. Il existe donc dans les
phénomènes de cicatrisation une phase qui génère des fibroblastes puis une phase apoptotique une fois leur
travail effectué.

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5- Les cellules réticulaires

Les cellules réticulaires sont des cellules de la famille du fibroblaste spécialisées dans la production d’un
réseau de réticuline. Elles constituent les cellules de soutien des organes hématopoïétiques (moelle
osseuse) et lymphoïdes (ganglions lymphatiques, rate, foie).

6- Fibroblastes en culture

La famille du fibroblaste est une famille très riche car les fibroblastes qui ont une capacité de division peuvent
être assez facilement mis en culture. On fait des cultures pour réaliser :
– Un caryotype : on ensemence dans une boite de culture des fibroblastes que l’on obtient dans le
derme d’un individu par exemple. Cela permet une production rapide d’une grande quantité d’ADN
pour des analyses génétiques/réalisation d’un caryotype. A partir de tout petits prélèvements chez
un individu, on peut donc faire des banques de fibroblastes spécifiques de l’individu.
– Une lignée NIH3T3 : utilisée en oncologie, c’est une lignée fibroblas-
tique très célèbre générée à l’Institut National de la Santé Américaine
(National Institute of Health =NIH) appelée 3T3. Elle a été une source
d’étude très importante pour l’identification d’un oncogène au pouvoir
transformant. A partir de gènes ou de fragments de génome que l’on a
introduit dans les cellules par transfection, on pouvait identifier les
gènes qui étaient responsables de la transformation tumorale des fi-
broblastes en induisant une prolifération ou une tumorogenèse. Cette
lignée permet également de faire différents tests fonctionnels en culture après modifications géné-
tiques de la lignée. La lignée NIH3T3 est donc utilisée internationalement pour la recherche.

7- Cellules déciduales

Les cellules déciduales sont des fibroblastes au niveau de l’endomètre. Ils peuvent subir une pré-
décidualisation puis décidualisation (cf cours d’embryologie) après la nidation. Ce sont des cellules au
cytoplasme large arrondi, éosinophiles et épithélioïdes. Ce sont des cellules sécrétrices qui subissent une
réaction de pré-décidualisation en fin de phase lutéale, ce qui cause une accumulation des lipides et du
glycogène au niveau du stroma endométrial. Ces réserves seront utilisées par l’embryon s’il y a nidation. Les
fibroblastes de l’endomètre jouent un rôle très important aux stades initiaux du développement lors de
l’implantation puisqu’ils vont permettre, avant l’établissement d’une alimentation de l’embryon par des
réserves vasculaires, l’alimentation en nutriment à ses débuts d’implantation dans la muqueuse utérine.

8- Cellules de Leydig et cellules du cortex ovarien

Les cellules de Leydig et les cellules du stroma ovarien (thèque) sont des cellules que nous avons déjà vu
dans le cours des cellules endocrines. Elles sont caractérisées par la production d’hormones stéroïdes.

C- Fonctions de fibroblastes et des cellules apparentées

1- Synthèse et remodelage du tissu conjonctif

Les fibroblastes ont un rôle dans la synthèse et le remodelage du tissu conjonctif. Ils participent dans la :
– Synthèse de quasiment toutes les molécules de la matrice extra-cellulaire
– Synthèse d’enzymes détruisant la matrice extracellulaire appelées les métalloprotéinases qui sont
impliquées dans le renouvellement de la matrice extracellulaire
– Capacité de division en cas de lésion puis de régression une fois la cicatrisation achevée

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2- Cicatrisation

La cicatrisation fait suite à une agression comme une plaie cutanée, une coupure ou une brûlure par
exemple. Lors d’une agression, les signaux sont médiés par des cytokines qui sont des médiateurs solubles.
Ces cytokines vont induire, au niveau de la moelle hématopoïétique et des cellules souches
mésenchymateuse, la production de fibrocytes circulants et localement la division et le recrutement des
fibroblastes locaux. Il y a donc à la fois un recrutement des fibrocytes circulants mais également une
activation des fibrocytes circulants en fibroblastes activés et myofibroblastes. Les fibroblastes activés
peuvent se diviser et se différencier en myofibroblastes localement. Il existe donc un double recrutement à
la fois général par la génération de nouvelles cellules par l’arrivée de fibrocytes circulants mais également
selon les tissus par les fibroblastes locaux quiescent qui vont s’activer en fibroblastes activés voire en
myofibroblastes.

Il y aura ensuite cicatrisation puis régression des phénomènes et retour à un stade quiescent, ce qui parfait
la cicatrisation. A l’inverse, une division incontrôlée des cellules myofibroblastiques et fibroblastiques ainsi
que la production anormale de fibres de la matrice extracellulaire pourraient donner une cicatrice
hypertrophique.

3- Fonctions des myofibroblastes

Ces myofibroblastes par leurs filaments sont capables de


prolifération mais également de mobilité et peuvent ainsi
venir coloniser une blessure/cicatrice et combler la perte de
substance générer par le traumatisme.

Ces cellules vont, pour cela, synthétiser de nouveau


éléments de la matrice extracellulaire. Ce qui va permettre
de réparer cette matrice extra-cellulaire, tout en étant de
capable de dégrader la matrice extra-cellulaire pour 2
raisons :
– D'une part cette dégradation peut être associée à ses
capacités de mobilité au sein de la matrice
– D'autre part cette dégradation peut être associée à
des propriétés de nettoyage d'une matrice extra-cellulaire lésée lors de la blessure.

Cette cellule myofibroblastique est capable d'attirer des éléments du système immunitaire, ce qu'on appelle
des cellules inflammatoires qui vont, s'il existe des agents infectieux dans la plaie, être capable de jouer un
rôle anti-infectieux. Donc, non seulement le myofibroblaste peut directement éliminer une lésion et la
réparer par prolifération synthèse des éléments de la MEC. Mais il peut aussi, par l'intermédiaire des
interferons et des cytokines (qui sont des médiateurs solubles de l'inflammation relargués dans le sang),
recruter sur le foyer de la lésion des éléments inflammatoires.

Enfin, après avoir exercé leurs fonctions, ces myofibroblastes vont former un réseau qui, grâce aux propriétés
contractiles de l'actine musculaire lisse, va être capable de tirer sur les bords d'une plaie pour les rapprocher
et permettre ensuite (par exemple au niveau cutané) à l'épithélium de recouvrir cette cicatrice qui va alors
être très esthétique.

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4- Métabolisme des lipides

A côté de ces fonctions mécaniques et anti-infectieux, les cellules


fibroblastiques jouent d'autres rôles très importants pour notre organisme
notamment dans le métabolisme des lipides. En effet, les fibroblastes
expriment à leur surface des récepteurs aux LDL (ce qu'on appelle dans le
langage courant le « mauvais cholestérol »). Ces LDL ainsi fixés par les fibroblastes sont endocytés puis
dégradés, ce qui va prévenir, par transfert du cholestérol des LDL sur les HDL, des maladies athéromateuses.
Ces mécanismes constituent une protection contre le développement de l'athérome.

Le problème, notamment dans les pays développés où la maladie cardio-vasculaire athéromateuse est
importante, c'est qu'elle touche les vaisseaux sanguins cardiaques et/ou cérébraux et/ou aortique. Cette
maladie va résulter soit d'une augmentation de ce mauvais cholestérol du fait par exemple d'une
suralimentation soit d'une diminution de ses fonctions métaboliques du fibroblaste notamment au cours du
vieillissement (ou les deux). Et ceci va entraîner des dépôts de lipides au niveau des fibroblastes qui sont sous
l'endothélium vasculaire ce qui entraine des lésions au niveau des vaisseaux.

D- Autres cellules

A côté du fibroblaste qui caractérise le tissu conjonctif commun, le tissu conjonctif commun peut comporter
des adipocytes. Les autres types cellulaires (chondrocytes et ostéocytes) sont observés au niveau des tissus
squelettiques. Les adipocytes lorsqu'ils sont très nombreux et prédominants sur les autres types cellulaires
constituent ce qu'on appelle les tissus adipeux.

1- Péricyte

Dernier type un peu particulier de cette famille fibroblastique : le


péricyte.
Le péricyte est un intermédiaire entre la cellule myoépithéliale et
le myofibroblaste. En fait, ce sont des cellules d'origine
mésenchymateuse qu'on retrouve dans la paroi de certains
vaisseaux au niveau du dédoublement de leur lame basale avec
dans la lumière du vaisseau des globules rouges. Le vaisseau est
délimité par une couche de cellule endothéliales qui forme l'endothélium.
Sur la lame basale qui entoure cet endothélium, il y a possibilité, pour certaines zones vasculaires, d'avoir
des péricytes qui sont en fait des cellules contractiles d'origine fibroblastique.

2- Cellules mobiles

Cette diapositive montre en fait, qu'il existe dans les tissus conjonctifs différents types cellulaires qui sont
des cellules plutôt fixes. Même si on a vu que dans la famille du fibroblaste les myofibroblastes pouvaient se
déplacer localement au sein de la matrice, ces cellules restent dans le tissu conjonctif et font parties des
habitants permanents du tissu conjonctif.

Après, dans ces tissus conjonctifs, il existe des cellules mobiles qui sont des cellules ayant des capacités de
déplacement. Ces déplacements sont nécessaires pour assurer des fonctions qui existent au niveau de
l'ensemble des tissus conjonctifs notamment des fonctions immunitaires qui sont des fonctions permettant
à l'organisme de se défendre quel que soit la voie d'entrée par exemple d'un agent infectieux.
On distingue 2 types de cellules mobiles :
– celles qui ont « leur carte de séjour » et qui sont des résidents réguliers dans le tissu conjonctif bien
qu'elles viennent de précurseurs sanguins : comme les macrophages, les cellules dendritiques, les
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plasmocytes et les mastocytes ( qui sont, comme on l'a vu avec la cellule mésenchymateuse, issues
de l'hématopoïèse).
– Celles qui sont très très mobiles, qui sont des migrants qui ne vont pas forcément s'arrêter mais qui
en général sont issues du sang et qui quittent les vaisseaux sanguins pour venir assurer les fonctions
de l'immunité spécifique et non spécifique. Ces cellules sont : les lymphocytes, les polynucléaires
neutrophiles et éosinophiles.

Au total, il faut retenir que, grâce à ses cellules mobiles, les tissus conjonctifs sont le siège prédominant des
phénomènes inflammatoires.

a- Les macrophages

Ces cellules mobiles ne vont pas uniquement nous défendre contre des agents
infectieux ou des actions mécaniques, mais vont être capable par exemple de
nous débarraser de particules ingérer ou inhaler. C'est le cas pour les
macrophages qui sont des cellules capables de phagocytose avec, dans les
tissus, la possibilité de corps résiduels qui sont en fait des phagolysosomes
qui n'ont pas réussi à détruire les agents ingérés par phagocytose et qui
restent souvent sous une forme pigmentée dans les macrophages comme on
le voit ci-contre. On observe ici les pigments dans les phagolysosomes.

(De ce que j'en comprends, parfois certains éléments ne sont pas détruits totalement par le macrophage et
reste du coup sous formes de résidus dans les phagolysosomes).

b- Variétés et localisation des monocytes/macrophages

Les variétés et localisation des différentes cellules de cette famille des monocytes/macrophages sont variés :
– Le monocyte est la forme circulante dans le sang. Il n'existe à l'état normal pas de cellules
macrophagiques dans le sang.
– L'histiocyte ou le macrophage est la cellule de cette
lignée qui est présente dans le tissu conjonctif sans être
forcément activé.
– La cellule de Kupffer est un macrophage qui borde les
capillaires sinusoïde dans le foie (relation étroite avec les
hépatocytes).
– Les ostéoclastes sont des macrophages fusionnés qui
génèrent des cellules géantes multinucléées du tissu
osseux.
– Les macrophages alvéolaires sont des cellules en
association avec la paroi alvéolaire qui vont être
responsable du nettoyage des alvéoles pulmonaires.
– La microglie correspond au niveau du système nerveux central à une cellule résidente du système
nerveux central ne dérivant pas du neuroépithélium mais bien de notre lignée
monocyte/macrophage. Ce sont des monocytes qui ont colonisées le système nerveux central

On peut voir, au niveau de l'histiocyte, une cellule plurinucléée car on peut avoir une fusion des
monocytes/macrophages qui génère des cellules avec plusieurs noyaux. Les monocytes du sang sont très
visibles sur les frottis sanguins et médullaires.
Les cellules de la microglie ont une forme un peu étoilée visible avec certaines colorations ou avec de
l'immunohistochimie.

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La microscopie cellulaire illustre la présence de d'autres types
cellulaires avec à gauche un mastocyte qui est caractérisé par la
présence de ces gros grains denses aux électrons et qui sont aussi
visibles sur la coloration de May-Grünwald Giemsa (basophile). A
droite, le plasmocyte qui est une véritable usine de production des
immunoglobulines (Ig) ou Anticorps (Ac) et qui est caractérisé par ce
très abondant réticulum endoplasmique rugueux (RER) autour du noyau.

Résumé final :

Les tissus conjonctifs dérivent principalement de cellules mésenchymateuses. Ils comportent différents types
cellulaires dont les cellules apparentées aux fibroblastes sont les plus nombreuses. Leur matrice cellulaire
est constituée de fibres et de substance fondamentale. Selon la proportion et l'organisation entre cellules,
fibres et substance fondamentale, il existe différents types de tissus conjonctifs communs. Les tissus
conjonctifs spécialisés sont caractérisés par des types cellulaires spécifiques qui assurent ses fonctions. La
structure des tissus conjonctifs est donc adaptée à leur fonction.

III- La matrice extracellulaire (=MEC)

A- Les fibres

Les fibres sont de longs polymères insolubles et de nature protéique. On distingue 3 grands types de fibres :
– Les fibres de collagène
– Les fibres de réticulines
– Les fibres élastiques

Les fibres de collagène et les fibres de réticuline sont constituées au niveau biochimique de collagène tandis
que les fibres d’élastines sont constituées d’élastine centrale et de fibrilline.

Ces fibres sont produites notamment par des fibroblastes et d’autres cellules apparentées. Elles peuvent
aussi être produites par les cellules musculaires lisses ou encore par des cellules épithéliales qui
permettront ainsi de constituer certains composants de la lame basale.

1- Les fibres de collagène

Les collagènes sont des protéines insolubles très abondantes au niveau de la


matrice extracellulaire puisqu’elles représentent 30% du poids total sec du
corps humain. Il existe au moins 25 sous-types différents de collagène dont
la structure de base est un trimère qui est une triple hélice alpha qui
correspond à une répétition de tri-peptides de type Gly-X-Y identiques ou non
selon le type de collagène. Cette triple hélice alpha aboutit à ce que l’on
appelle la molécule de tropocollagène .

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a- Les formes de collagène

Il existe 2 grandes formes de collagène produites à partir du tropocollagène :


– Les collagènes fibrillaires : les molécules de tropocollagène s’associent pour former des fibres ob-
servables en MO et en ME. Parmi ces collagènes fibrillaires, les plus abondants et les plus résistants
sont les collagènes de type 1 et 3. Le plus rare reste le collagène de type 5.

– Les collagènes non fibrillaires : Pour ce type de collagènes, les triples hélices sont séparées par des
domaines non collagéniques empêchant leur association. Parmi ces collagènes non fibrillaires on
trouvera :
• FACITs : collagènes de liaison avec les collagènes fibrillaires composés des collagènes de type 12
et 14
• Le collagène 7 : collagène de liaison qui permet l’ancrage des épithéliums au niveau de la lame
basale
• Le collagène 4 : collagènes en feuillets ou en réseau des lames basales
• Lecolagène 6 : collagène un peu particulier formant des filaments perlés

Type Forme Organisation Localisation


Peau, os, tendon
Mémo : ce qui passe en
I Fibrillaire Grosse fibres premier c’est les potes (1er =
collagène 1 et P : peau ; O :
os ; T : tendon)
II Fibrillaire Petites fibres Cartilage
Fibres isolées ou fines fibres en Muscle, foie, tissus
III Fibrillaire
trousseau (=réticuline) lymphoïdes
IV Non fibrillaire Réseau en feuillet Lames basales

b- La synthèse des fibres de collagènes

1) D’abord , le réticulum endoplasmique


rugueux est le lieu de synthèse des 3
chaines alpha qui sont des polypeptides
qui formeront la molécule de procolla-
gène par association en triple hélice. On
observera également des phénomènes
d’hydroxylation des résidus de proline et
de lysine .

2) Au niveau de l’appareil de Golgi il y aura


un emballage de ce procollagène notam-
ment dans des vésicules de sécrétion.

3) Les vésicules de sécrétion vont être transportés jusqu’à leur exocytose. Ce procollagène est caractérisé
par la présence de peptides linéaires à ses extrémités (= appelés télopeptides) qui sont comme des
moustaches aux extrémités de ces triples hélices alpha.

4) Lors de l’exocytose et au niveau de la membrane plasmique il y aura une coupure enzymatique des
extrémités non hélicoïdales (donc des télopeptides) du procollagène pour former le tropocollagène ex-
tracellulaire insoluble.

12
5) Dans la matrice extracellulaire la synthèse des fibres
de collagène se poursuit par polymérisation des colla-
gènes avec un décalage des molécules de tropocolla-
gène pour former une fibrille de collagène. Ces fibrilles
ont un aspect strié en microscopie électronique.

6) Les liaisons croisées entre les fibrilles de collagènes si-


tués côte à côte forment des fibres de collagène grâce
notamment au collagène FACITs qui permettent l’as-
sociation de ces fibrilles en fibres et aux protéogly-
canes qui facilitent cette association. C’est à ce mo-
ment-là que l‘observation des fibres sera possible en MO et non plus uniquement en ME.
Rappel : fibrilles visibles uniquement en ME et fibres visibles en MO et en ME

Il est important de comprendre que des mutations génétiques sur des gènes codant pour les collagènes ou
pour des enzymes impliqués dans la maturation ou dans la dégradation de ces collagènes vont avoir des
conséquences majeures structurelles et fonctionnelles sur les tissus où ces collagènes sont très présents .

c- L’assemblage des molécules de collagène

Les faisceaux de collagène qui sont épais seront facilement visible en


microscopie optique de même que les fibres. Les fibrilles sans que
vous ayez à le retenir de façon exacte ont une épaisseur de l’ordre de
la dizaine de nanomètre d’épaisseur et puis effectivement les
microfibrilles comme le tropocollagène ont une épaisseur de l’ordre
du nanomètre ayant ainsi comme propriété commune avec les fibrilles
de n’être visible qu’au microscope électronique avec sur le plan
moléculaire cette hélice alpha .

d- La striation périodique des fibrilles de collagène en ME

La ME permet de différencier fibres et fibrilles de


collagène puisque les fibrilles présentent une striation
transversale périodique du fait de l’association avec un
décalage en marches d’escalier des molécules de
tropocollagène . Cela va former des régions où le produit
de contraste utilisé en ME peut se déposer , ce qui créera
des régions denses avec beaucoup de métal et donc les
électrons ne pourront pas passer et des régions ou il n’y
aura pas ou peu de métal ce qui donne de manière
transversale cette striation uniquement visible sur une
coupe longitudinale.

13
A droite on voit bien ici les striations transversales sur une coupe longitudinales de fibres au ME. A gauche
à plus faible grossissement en ME , on voit bien cette striation comme un code barre mais aussi comme des
baguettes dans le Mikado . Vous avez effectivement cette striation qui apparait transversale lorsque l’on
regarde la baguette dans le sens longitudinal .

Comprenez bien en haut à gauche sur la plaque de gauche que cette striation ne peut pas être vue si on fait
une coupe transversale de ces fibrilles puisque c’est comme si on cassait un paquet de spaghettis , on ne
pourrait pas voir les striations transversales sur une coupe transversale .

e- Le derme

A l’échelle de la microscopie optique , le safran va révéler ces


fibres de collagène qui sont organisés en faisceaux épais au
niveau du derme profond et moyen qui est le derme réticulaire
ou principal. En fines fibres ( donc pas de gros faisceaux ) au
niveau du derme superficiel sous la lame basale que l’on
appelle le derme papillaire.

Au niveau du derme papillaire les fibres sont à la fois moins nombreuses et moins épaisses.

2- Le réseau de fibrilles de réticulines

a- En microscopie optique

Dans la famille des collagène nous allons maintenant nous intéresser aux fibres de réticuline qui sont en fait
des fibrilles associées en réseaux formant ainsi un réseau non anastomosé avec de temps en temps des fines
fibres de collagène et ce réseau de fibrilles de collagène 3 n’est pas visible sur une coupe coloré par l’HES
mais il est révélé si l’on utilise une coloration spéciale qui par une imprégnation argentique comme sur la
vue va colorer en noir ce réseau qui correspond à un filet discontinu entre les cellules .

b- En microscopie électronique

En ME, ces fibrilles sont isolées ou en trousseau mais sont bien constituées d’un collagène fibrillaire avec
une striation transversale. Ce type de réseau est présent entre les cellules d’organes où les déplacements
cellulaires sont particulièrement importants, ceci va former un tissu réticulaire très important pour soutenir
les fonctions de ces organes notamment dans les organes hématopoïétiques , lymphoïdes mais également
d’autres tissus comme le tissu adipeux qui peut se déformer lorsqu’il se remplit de graisse ou des tissus
contractiles comme les muscles (dont le cœur).

En cas d’une liaison ou d’une intoxication par exemple, le réseau de réticuline est remplacé par du collagène
épais de type I. L’organe ou le tissu sera le siège d’une fibrose ce qui aura de graves conséquences
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fonctionnelles (fonction cellulaire ou échanges au sein du tissu). On observera ainsi par la suite des
pathologies fibrosantes qui impactent le foie, les poumons , le cœur , la moelle osseuse qui sont des
pathologies très fréquente pour lesquelles on pourra faire une biopsie de ces tissus pour vérifier si le réseau
de réticuline est bien présent organisé ou s’il est remplacé par une fibrose.

3- Les fibres élastiques

Nous allons voir un troisième type de fibres : les fibres élastiques. Leur fonction est d’assurer l’élasticité des
tissus en formant un réseau élastique visible en ME puis sur des colorations spéciales en MO. Et en ME, cela
a permis de révéler l’existence de 2 types de fibres élastiques : les fibres matures qui comporte de l’élastine
qui correspond au composant central homogène ou zone amorphe. Associé à cette élastine, la fibrilline
périphérique composant des microfibrilles anastomosées au niveau des bifurcations de l’élastine.

Nb : ces fibres élastiques matures ou immatures ainsi que la fibrilline ne présente aucune striation
transversale en ME ce qui permet effectivement de différencier par cette technique les fibres de la famille du
collagène, des fibres de types élastiques.

a- Les fibres élastiques en microscopie électronique

Ici, des fibres élastiques matures on voit très bien que la composante centrale
(=élastine) prédomine sur les microfibrilles périphériques. Vous noterez à
côté, les fibrilles de collagène avec leurs striations.

Dans les fibres élastiques plus jeunes ou immatures , la composante micro fibrillaire prédomine par rapport
à la composante amorphe (=élastine ).

Les faisceaux de microfibrilles qui sont dépourvues de composantes amorphe centrale et qui
correspondent aux fibres oxytalanes décrites en microscopie optique .

Les fibres élastiques sont effectivement observables en MO mais pas


sur l’HES car elles sont généralement (sauf là où elles sont très
abondantes) peu colorées, sont translucides et réfringentes comme un
pare-brise ou une vitre c’est à dire qu’on ne les voit que si la lumière les
traverse obliquement donc il est nécessaire de recourir à des
colorations spéciales.

La coloration à l’orcéine standard est la plus utilisé , elle va mettre en


évidence les fibres élastiques matures qui sont en fait rectiligne et qui
forment dans le TC des fibres anastomosées. Si l’on veut tester la présence de fibres immatures, il faudra
réaliser sur une deuxième lame et parallèlement à la première une oxydation préalable de la coupe suivie
de la coloration à l’orcéine. Cette technique mettra en évidence des fibres oxytalanes immatures
dépourvues d’élastine. On retrouvera les fibres élastiques dans le derme et notamment dans le derme
papillaire.

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b- Les fibres de collagènes et les fibres élastiques au niveau du derme

A gauche on peut voir les fibres de collagène qui sont très bien colorées par le safran dans l’HES et à droite
on voit les fibres élastiques colorées en noir par la coloration de l’orcéine avec une contre coloration en vert
des fibres de collagène.

c- Les propriétés des fibres élastiques et leur dégradation

Les propriétés des fibres élastiques résultent de leur


structure protéique continue du fait de ponts
desmosines et isodesmosines qui relient entre elles les
molécules et ceci va permettre de différencier des
phases d’étirement puis des phases de repos .

Toute anomalie sur les composants de ce réseau va se traduire par une perte d’élasticité. Il existe un
renouvellement de ces fibres qui va malheureusement diminuer considérablement avec l’âge car ces fibres
sont synthétisées par les fibroblastes, les fibres musculaires lisses et les chondroblastes. Ces fibres vont être
également dégradés par des élastases qui sont synthétisées par les fibroblastes et les polynucléaires.

d- Les pathologies associées à des défauts de fibres élastiques.

Les pathologies associées à des défauts de fibres élastiques ont des conséquences majeures. Il peut s’agir de
pathologies rares comme les maladies génétiques. Le syndrome de Marfan est une maladie où une mutation
va entrainer un défaut de fibrilline. Les sujets sont anormalement grands avec une large ouverture de bras
et sont prédisposés à des pathologies cardio-vasculaires notamment aux ruptures de l’aorte qui est une
artère de type élastique dont la média comporte de très nombreuses fibres élastiques pour restituer la
systole cardiaque tous comme l’artère pulmonaire et de ce fait il y a des conséquences graves chez ces sujets
au niveau de l’hémodynamique sanguine).

« Vous n’avez pas à apprendre toutes les sympthomatologies de ce syndrome de Marfan »

Il existe aussi des pathologies acquises qui sont beaucoup plus fréquentes que les pathologies génétiques du
fait notamment du vieillissement et de l’impossibilité de régénérer de nouvelles fibres élastiques qui va se
traduire après l’âge adulte par une incapacité à retrouver un nouveau réseau élastique faisant apparaitre par
exemple au niveau de la peau les rides par pertes d’élasticité du derme superficiel voir moyen. Cette perte
d’élasticité va également toucher les artères comme l’aorte, les poumons où le réseau élastique permet et
participe au défroissement des alvéoles lors de l’inspiration . Les causes de la perte d’élasticité sont
multiples : le soleil pour la peau , le tabac pour la peau et les poumons ou les vaisseaux, le vieillissement…
On peut conjuguer ces facteurs et avoir un vieillissement prématuré. Histologiquement cela va se traduire
par une disparition de la production de nouvelles fibres jeunes oxytalanes en MO et au niveau de l’élastine
à proprement dite il y aura une vacuolisation et une rupture : on parlera d’élastose cutanée sénile solaire
et/ou tabagique.

Résumé final :

La matrice extracellulaire est composée de fibres et de substance fondamentale. Les différents collagènes
fibrillaires ou non sont distribués sous différents types et formes. Le réseau de réticuline est formé par un
maillage de fibrilles de collagène III permettant les mouvements cellulaires et les déformations. Les fibres
élastiques s’associent en réseaux continus et impliqués dans l’élasticité des structures vitales (vaisseaux,
poumons…) et/ou mécaniques.
16
B- La substance fondamentale

La substance fondamentale est un gel hydrophile qui retient l’eau entre les cellules et les fibres. Elle est
transparente (= optiquement vide) en MO.
Elle est composé de :
– Protéoglycanes
– GAG ( glycosaminoglycanes)
– Acide hyaluronique ( AH )
– Protéines d’adhérences

Elle permet les mouvements d’eau, d’électrolytes et des métabolites avec certaines particularités comme
les protéoglycanes qui vont fixer certaines cytokines ou des facteurs de croissances en modulent ainsi leur
biodisponibilité .De plus la charge négative élevée des complexes de protéoglycanes et de l’aide
hyaluronique leur permet de retenir dans la substance fondamentale une grande quantité d’eau ce qui va
permettre de différencier les différents tissus conjonctifs en fonction de leur hydratation. Cette substance
permet aussi un déplacement des cellules .

1- Les glycosaminoglycanes

Les GAG sont de longues chaines polysaccharidiques non ramifiées . Il s’agit en réalité d’une répétition de
disaccharides ( donc de 2 oses ) qui ont une charge négative avec l’hexosamine et d‘autres oses .

Il existe en réalité 7 différents sous types de GAG et on distingue 2 grandes familles :


– Les GAG non sulfatés comme l’acide hyaluronique dont le récepteur cellulaire qui permet aux cel-
lules de se fixer sur cet acide hyaluronique est le CD44 ;
– Les GAG sulfatés qui terminent tous par un suffixe sulfate avec une sulfatation + ou – importante .
On les appelle par exemple chondroïtine sulfate , héparane sulfate , dermatane sulfate ou kératane
sulfate en fonction de l’endroit où ces GAG sulfatés sont présents .

2- Les protéoglycanes

Les protéoglycanes ont une structure en double peigne avec un axe


protéique synthétisé dans le REG sur lequel sont branchés des GAG
latéraux sulfatés .

On distingue en réalité :
– Les protéoglycanes de la substance fondamentale avec :
• Le versicane qui est un gros protéoglycane formant des amas avec l’acide hyaluronique
• La décorine qui est un petit protéoglycane qui a été identifié autour des fibres de collagènes
.

– Les protéoglycanes membranaires ou cellulaires qui ne sont pas stricto sensu dans la substance
fondamentale interviennent néanmoins dans l’adhérence cellulaire et donc les rapports entre cel-
lules et substance fondamentale ainsi que dans le stockage de ligands . Ils peuvent être :
• Intégrés dans la membrane plasmique : les syndécanes
• Liés à la membrane par une ancre GPI

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3- Les agrégats d’acide hyaluronique

Les agrégats d’acide hyaluronique participent à la formation


d’agrégats avec les protéoglycanes . Ces agrégats sont
constitués d’un axe d’acide hyaluronique sur lequel sont
branchés des protéoglycanes pour former un polymère de 2 à
25 micromètres de diamètre .

La proportion relative entre les protéoglycanes et les GAG


sulfatés et l’acide hyaluronique va permettre de distinguer 2
types de tissus conjonctifs :
– Les tissus rigides où les GAG sulfatés sont très abon-
dants
– Les tissus conjonctifs lâches jeunes plus hydratés ou l’acide hyaluronique est proportionnellement
plus abondant

4- Les protéines d’adhérences ou « colles » biologiques

Les protéines d’adhérences assurent la connexion et les rapports entre cellules, fibres et GAG.

Il s’agit par exemple :


– De la fibronectine
– De la laminine notamment au niveau de la lame basale
– De la chondronectine au niveau du cartilage , qui assurent les liaisons entre le collagène 2 et les
chondrocytes

Ces protéines jouent également un rôle dans la migration cellulaire et l’adhésion à la matrice des cellules.
Ces phénomènes sont particulièrement importants à la fois au cours du développement mais aussi dans
l’inflammation qui se passe dans les TC ou aussi dans la migration cellules tumorales lorsqu’elles envahissent
un tissu pour aller disséminer .

a- La fibronectine

Parmi les principales protéines d’adhérence on trouve la fibronectine. Il s’agit


d’une glycoprotéine formée par 2 chaines identiques reliées entre elles par
2 ponts disulfures situés à l’extrémités C-terminale de la protéine.

Il existe 2 formes de fibronectine :


– La fibronectine plasmatique ( le plasma étant la MEC du sang ) , cette
fibronectine produite par les hépatocytes va par la suite être libérée
dans la circulation sanguine et va ainsi intervenir dans des processus
physiologiques .

– La fibronectine tissulaire ( de la MEC en dehors du sang ), elle est


produite par les fibroblastes qui sont absents de ce sang et va ainsi constituer cette MEC.

Elle possède des sites de fixation lui permettant d’assurer son rôle de colle biologique pour les cellules avec
des intégrines cellulaires , avec les fibres pour le collagène mais également avec l’héparine et la fibrine ce qui
est important dans le phénomène de coagulation .
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b- La laminine

Elle est constitué de 3 chaines polypeptidiques différentes : alpha –


béta – gamma reliées entre elles par des ponts disulfures .

Elle possède également des sites de liaisons :


– Aux intégrines , via des motifs RGD( arginine – glycine – acide
aspartique) présent au niveau de la laminine ce qui permet
aux intégrines de reconnaitre ces motifs
– Aux collagènes
– Aux protéoglycanes

5- Le modelage de la MEC

La MEC est en perpétuel remodelage ainsi qu’en perpétuel renouvellement notamment lors des
phénomènes de migration cellulaires. En effet ils nécessitent au niveau cellulaire différentes modifications
avec bien sur les modifications du cytosquelette et de la membrane qui émet des prolongements que l’on
appelle la protrusion (ce sont des phénomènes d’adhésion sur la MEC par l’intermédiaires de molécules que
nous avons déjà vu ), des phénomènes de traction grâce au cytosquelette et des phénomènes de
désadhésion.

Ces mouvements cellulaires nécessitent également la dégradation de la MEC sur laquelle des cellules
progressent , notamment grâce à des MatrixMetalloprotéases (MMPs) qui dépendent de la présence de
cations pour la plupart. Ces MMPs sont à l’état basal quiescent inhibés par des inhibiteurs tissulaires que
l’on appelle les TIMMPs.

IV- Les différents types de tissus conjonctifs communs (=non spécialisés)

Ils se distinguent schématiquement en :


– Tissus conjonctifs lâches qui sont pauvres en fibres
– Tissus conjonctifs denses qui eux sont riches en fibres et que l’on va classer selon les fibres et puis
l’on verra des tissus conjonctifs cellulaires .

A- Les TC communs lâches

Il s’agit de TC riches en substance fondamentale avec un relatif équilibre entre


les fibres et les cellules . Ils permettent le cheminement des nerfs et des
vaisseaux. On les retrouve dans l’emballage d’un certain nombre d’organes de
voies de communication. Mais aussi au niveau du derme superficiel où nous
l’avons vu il existe de fines fibres et une substance fondamentale relativement
importante. Au niveau du chorion des muqueuses ainsi qu’au niveau de
l’adventice des vaisseaux. Parmi ces TC lâches il en existe un très particulier
par son abondance en substance fondamentale : c’est le TC lâche muqueux qui forme une gelée au niveau
du cordon ombilical .

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B- Le TC lâche réticulaire

Bien qu’il se caractérise par un type de fibre particulier (fibre de réticuline = collagène 3) qui forme un
maillage ou un réseau.
Ce tissu est un tissu conjonctif lâche du fait de la dissociation de fibres qui permettent des mouvements ou
des déformations cellulaires. Ce tissu est le TC du stroma qui est celui des Tissus lymphoïdes et
hématopoïétiques : rate , foie , moelle osseuse, thymus , ganglions lymphatiques. On le retrouvera aussi
entre les adipocytes et les cellules musculaires striées ( cardiaques ou squelettiques ) au niveau de
l’endomysium .

Si ce collagène de type 3 est remplacé par du collagène de type 1 alors on aura une fibrose pathologique .

C- Le TC commun dense fibreux

Lorsque les tissus conjonctifs sont caractérisés par une prédominance de fibres par rapport à la substance
fondamentale ou par rapport aux cellules on parle de TC dense qui peuvent être :
– Non orienté = les fibres sont alors orientés dans différents plans de l’espace comme par exemple au
niveau du derme moyen , au niveau du périoste , du périchondre mais aussi au niveau des capsules
articulaires .
– Orienté
• Unitendu = au niveau des ligaments et des ten-
dons
• Bitendus = comme au sein des aponévroses
• Multitendus = comme le diaphragme dans le
centre phrénique au niveau de la coupole dia-
phragmatique et qui permet l’insertion des fibres
musculaires striées du diaphragme sur une clé de
voute au niveau du centre du diaphragme ce qui
va permettre une traction de ce muscle pour aug-
menter le volume de la cage thoracique.

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D- Les TC denses élastiques

Ils se caractérisent par une prédominance de fibres élastiques les rendant visibles sur une coloration
standard HES. En dehors de ces TC , les fibres élastiques peuvent être colorés par l’orcéine pour être visualisé
au niveau des TC communs par exemple . Alors qu’au niveau de ces tissus denses leur nombre et leur
épaisseur les rends visibles .

Il s’agit par exemple du ligament jaune au niveau de la nuque qui crée un


plan élastique au niveau de la nuque à proximité des vertèbres et permet
d’amortir les mouvements de la tête. La média des artères élastiques sert
d’amortisseur à la systole cardiaque en restituant l’énergie absorbée au
niveau de l’éjection discontinue du sang artériel . Au sein de cette média très
particulière , les fibres élastiques prédominent sur les cellules musculaires
lisses . A l’inverse au niveau des artères musculaires qui sont les artères les
plus nombreuses , les cellules musculaires lisses prédominent au niveau de
la média. Les fibres élastiques sont à ce niveau là condensées au sein de 2
limitantes :
– La limitante élastique interne entre l’intima et la média
– La limitante élastique externe entre la média et l’adventice .

E- Les TC cellulaires

Ils se distinguent par une prédominance de cellules. On le retrouve au niveau des organes de la reproduction
comme au niveau de l’endomètre dans le chorion , à coté des glandes utérines sous l’épithélium utérin qui
est formé essentiellement par des fibroblastes et des fibrocytes qui vont se diviser pendant la phase
proliférative puis vont se prédécidualiser durant la phase oestroprogestative . ( = 2nd phase du cycle ) . Ce TC
est aussi présent dans le stroma des gonades que sont les ovaires ou les testicules où on aura des cellules
conjonctives douées de propriétés endocrines ;

Résumé final :

Les TC ne sont pas caractérisés comme la partie noble des organes car il s’agit de la partie d’emballage. Leur
proportion de cellules, de fibres et de substance fondamentale est variable et va permettre de modifier leurs
caractéristiques.

Les tissus conjonctifs sont caractérisés par une proportion variable de cellules, fibres et substance
fondamentale. Cette proportion est adaptée aux différentes fonctions des différents tissus conjonctifs
communs : la rigidité, la résistance, l’élasticité et la déformabilité. Les tissus conjonctifs sont le siège de
phénomènes de remodelages qui assurent leur intégrité et sont impliqués lors de réparation post-lésionnelle.
Ces capacités dépendent de la plasticité et du renouvellement des cellules et diminuent au cours du
vieillissement.

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