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HISTOLOGIE GÉNÉRALE
Professeur Thierry Lavabre-Bertrand

ATTENTION
CE TEXTE DE COURS EST MIS À VOTRE DISPOSITION POUR VOUS AIDER À
CLARIFIER CERTAINS POINTS DE L’EXPOSÉ ORAL. SEUL CE QUI A ÉTÉ DIT
EN COURS OU INSCRIT SUR LES DIAPOSITIVES EST À APPRENDRE ET
POURRA FAIRE L’OBJET D’UNE QUESTION À L’EXAMEN.

GÉNÉRALITÉS SUR L’HISTOLOGIE

La Cytologie a pour but l’étude des cellules, l’Histologie celle des tissus.

Il y a plusieurs niveaux d’organisation morphologique dans l’être vivant pluricellulaire.


Le cours de Cytologie traite de la structure générale des cellules. Il décrit différents organites
cellulaires, dont les fonctions et la structure sont variables. Toutes les cellules n’ont pas une
structure semblable, même s’il elles possèdent de nombreux types d’organites communs : il
existe le plus souvent des particularités (par exemple cils vibratiles) qui n’existent que dans
certaines cellules. Il existe donc une spécialisation cellulaire correspondant au phénomène de
différenciation.
Les différentes variétés de cellules se regroupent dans l’organisme en ensembles coopératifs
pour former différents tissus qui ont une architecture en général caractéristique. Ces tissus
sont le plus souvent formés de plusieurs variétés de cellules différentes, entourées en principe
d’une matrice extracellulaire plus ou moins abondante. Chaque tissu va remplir une ou
plusieurs fonctions. L’étude des différents types de tissus est l’objet du cours d’Histologie
générale.
Les différents tissus s’associent dans chaque région de l’organisme, selon une architecture
précise, pour former des organes. Chaque organe est en général formé de plusieurs tissus.
Chacun de ces tissus possède l’architecture qui lui est propre, mais les cellules qui composent
ce tissu acquièrent souvent une différenciation plus ou moins spécifique de l’organe en
question. Par exemple, dans le foie, la partie essentielle est constituée par un épithélium
glandulaire formant des travées selon une architecture classique pour les épithéliums
glandulaires, mais faits de cellules caractéristiques, de « physionomie » aisément
reconnaissables, les hépatocytes. L’étude macroscopique des organes est enseignée en
anatomie. L’étude microscopique des organes fait l’objet de l’Histologie spéciale, qui sera
enseignée dans les années ultérieures. Plusieurs organes peuvent coopérer étroitement entre
eux pour former des systèmes (par exemple système endocrinien) et des appareils (par
exemple appareil digestif). Il s’agit là d’une notion plus fonctionnelle que vraiment
structurale.

Les tissus élémentaires.


Il est classique de distinguer quatre tissus fondamentaux : les épithéliums, les tissus
conjonctifs, les tissus musculaires et le tissu nerveux. Le concept de tissu conjonctif
recouvre en fait plusieurs types bien tranchés de tissu : le tissu conjonctif « banal », mais aussi
le sang et les tissus qui produisent les cellules sanguines (les tissus hématopoïétiques) ainsi
que l’os et le cartilage, qui seront étudiés successivement.
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La vie des tissus.


Les tissus à l’état habituel sont en perpétuel remaniement, et la constance de leur forme et de
leur composition est en général due à un équilibre entre production et destruction.
En ce qui concerne la production, ces tissus sont, à des degrés divers, capables d’auto-
renouvellement. Le plus souvent en fait, le renouvellement ne se fait pas à partir de n’importe
quelle cellule, mais de cellules présentes en très petit nombre dans le tissu, qui ne portent que
peu de marques de différenciation, et que l’on appelle les cellules-souches. Aux premiers
stades de développement embryonnaire, toutes les cellules présentes sont capables de se
différencier en n’importe quel type de cellule et donc de donner n’importe quel tissu : ce sont
les cellules-souches embryonnaires. Chez le fœtus puis chez l’adulte, les cellules souches
deviennent proportionnellement beaucoup moins nombreuses. On a cru pendant longtemps
que, très vite au cours du développement embryonnaire, les cellules souches perdaient la
faculté de donner tous les types de cellule et donc de tissu et qu’elles devenaient spécifiques
de tel ou tel tissu, et qu’un cellule-souche nerveuse, par exemple, ne pouvait donner naissance
qu’à du tissu nerveux. Une grande avancée de ces dernières années a été de découvrir qu’il
existe une certaine plasticité cellulaire, qui abolit les frontières entre cellules-souches :
placées dans certaines conditions, des cellules-souches nerveuses peuvent se différencier en
cellules-souches sanguines et vice-versa. C’est là une notion qui va probablement
révolutionner les possibilités thérapeutiques dans les années qui viennent. On arrive même à
remonter d’une cellule différenciée à un stade de cellule souche susceptible de donner
plusieurs tissus en modifiant l’expression d’un petit nombre de gènes (4 en principe).
Dire que les tissus se renouvellent, c’est dire aussi que leurs constituants meurent
progressivement : la peau desquame continuellement, les globules rouges sont éliminés du
sang après une vie moyenne de 120 jours…La disparition cellulaire se fait par élimination
vers l’extérieur (c’est le cas de la plupart des épithéliums), par phagocytose par une autre
cellule (par exemple les globules rouges qui au terme de leur vie sont phagocytés par les
macrophage de la moelle osseuse), par apoptose, par autophagie, ou plus rarement par
nécrose, ces différents phénomènes pouvant être d’ailleurs associés.
C’est l’équilibre entre multiplication et différenciation des cellules-souches d’une part, et
élimination des vieilles cellules d’autre part qui assure la stabilité du tissu à l’état de base.
Celle-ci n’est cependant pas absolue : par exemple, lors du phénomène de cicatrisation d’une
plaie cutanée, il existe un excès de production pour combler la brèche. Il en va de même
pendant toute la phase de croissance de l’individu. Lors de la sénescence, on pourra à
l’inverse observer l’involution de nombreux tissus : par exemple la masse musculaire ou la
masse osseuse diminuent. La notion de constance de l’équilibre entre production et
destruction est donc relative, et ne s’applique que sur une période limitée.
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LES ÉPITHÉLIUMS

Généralités

Définition
Tissu formé de cellules jointives, juxtaposées, étroitement solidarisées par des systèmes de
jonction et reposant sur du tissu conjonctif (ou chorion) dont il est séparé par une lame (ou
membrane) basale.

Rappel sur les milieux intérieur et extérieur


Sur une coupe schématique de l’organisme, on peut représenter :
- une enveloppe externe, correspondant pour l’essentiel à l’épiderme, dérivant
embryologiquement de l’ectoderme ;
- des cavités s’ouvrant sur le milieu extérieur (tube digestif, poumons, arbre urinaire…), qui
dérivent pour l’essentiel de l’endoderme
- entre les deux des structures dérivant du mésoderme
- à l’intérieur du mésoderme, des structures creuses : vaisseaux et cavités dérivant du
coelome interne.

Classification
On distingue classiquement
- les épithéliums de revêtement proprement dits, qui tapissent la surface du corps et les
cavités de l’organisme en relation avec l’extérieur. En ce dernier cas, l’ensemble formé
par les épithéliums de revêtement, leur lame basale et le tissu conjonctif immédiatement
sous-jacent sur lequel ils reposent porte aussi le nom de muqueuses. On assimile aux
épithéliums de revêtement les mésothéliums, qui tapissent les cavités closes de
l’organisme (on parle alors également de séreuses, qui comprennent mésothélium, lame
basale et chorion) et les endothéliums, qui limitent la lumière des vaisseaux. Leur
structure est proche de celle des épithéliums proprement dites et sera donc étudiée
simultanément.
- les épithéliums glandulaires qui sont spécialisés dans l’élaboration et la sécrétion,
laquelle peut être déversée hors de l’organisme (épithéliums glandulaires exocrines) ou
dans la circulation (épithéliums glandulaires endocrines).

Fonctions de base
Les fonctions de base des épithéliums peuvent se résumer en deux grands chapitres :
- être une frontière entre 2 régions de l’organisme (généralement milieux intérieur et
extérieur, mais aussi compartiment intravasculaire et extravasculaire…) : ceci implique
une forte cohésion cellulaire
- être une zone d’échange entre intérieur et extérieur, le passage étant asymétrique et pour
beaucoup de substances résultant d’un phénomène actif (absorption ou sécrétion) : ceci
implique une structure asymétrique ; les cellules sont polarisées. Cette notion de
polarisation montre bien que les fonctions de barrière et d’échange ne sont pas
contradictoires : le passage est asymétrique, ce qui suppose donc que l’épithélium en tant
que barrière participe à la constitution d’un gradient de concentration de nombreuses
substances.
Si ces fonctions de base sont évidentes pour les épithéliums de revêtement, elles se retrouvent
aussi dans les épithéliums glandulaires, bien que parfois moins nettes.
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Structure générale des épithéliums

Au sens strict, l’épithélium ne se compose que des cellules épithéliales. Le chorion sous-
jacent est du tissu conjonctif dont la structure précise sera étudiée dans le chapitre
correspondant. On en dira cependant ici un mot général, car les deux sont indissociables.

Les cellules épithéliales


- Sont étroitement liées les unes aux autres. On ne reprendra pas la description qui est faite
dans le cours de cytologie des différents dispositifs permettant la fixation d’une cellule à
ses voisines. Rappelons simplement qu’il existe des jonctions serrées (ou zonula
occludens) qui sont étanches et sont reliées à l’intérieur de la cellule aux filaments
d’actine, des jonctions intermédiaires (ou zonula adherens) également reliées aux
filaments d’actine, d’engrènements où les membranes forment des replis augmentant
(modérément) la solidarité intercellulaire, de desmosomes (ou macula adherens) reliés aux
filaments intermédiaires, de jonctions communicantes (gap-junctions) permettant des
échanges entre cellules adjacentes et d’hémidesmosomes assurant l’attachement de la
cellule épithéliale à la membrane basale sous-jacente et qui sont eux aussi rattachés aux
filaments intermédiaires. Les dispositifs de type zonula (du grec zônè, ceinture) font le
tour de la cellule, les dispositifs de type macula (du latin macula, tache) n’occupent
qu’une surface minime ; il en va de même des jonctions communicantes. Tous les types de
jonctions ne sont pas présents au même degré dans tous les épithéliums. Certains types de
jonction peuvent s’observer en dehors des épithéliums.
Les filaments intermédiaires dans les cellules épithéliales des épithéliums proprement dits
appartiennent à la famille des cytokératines. Les cellules épithéliales de chaque
épithélium n’expriment que certaines cytokératines. Dans certains épithéliums
comportant plusieurs couches, les cytokératines exprimées dans la couche basale peuvent
même être différentes de celles qui sont présentes dans les couches plus superficielles.
Dans les endothéliums et les mésothéliums, les filaments intermédiaires sont constitués
de vimentine.
Le rôle de ces différents types de jonction est essentiel. Ils assurent d’abord la cohésion
de l’épithélium et son ancrage à la lame basale. L’implication du cytosquelette fait que
c’est l’ensemble de l’épithélium qui est solidaire en masse. Ils participent ainsi à la
morphologie générale de l’épithélium. Ces jonctions contribuent enfin, notamment les
jonctions serrées, à l’étanchéité de l’épithélium, qui joue un grand rôle dans le
fonctionnement polarisé : les substances qui traversent l’épithélium doivent passer à
travers la cellule et ne peuvent revenir en arrière, les protéines présentes dans la
membrane ne peuvent se déplacer librement… Enfin, grâce aux jonctions communicantes
existe un couplage fonctionnel entre cellules voisines, permettant notamment la diffusion
d’un flux de calcium (par exemple responsable de la synchronisation du battement des
cils entre cellules voisines).
- Ont une structure asymétrique : les organites habituels de la cellule sont présents mais leur
répartition est polarisée. On distingue classiquement l’apex ou pôle apical vers l’extérieur
(c’est à dire à l’opposé de la lame basale), pouvant comprendre des différenciations
membranaires d’absorption (microvillosités p. ex.) ; pôle basal, situé en regard de la lame
basale, riche en mitochondries, par où pénètrent les nutriments. Le noyau est typiquement
situé au niveau joignant 1/3 basal, 1/3 moyen. Les jonctions serrées participent à
l’asymétrie de structure, comme on vient de le voir.
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- Les cellules épithéliales au sein d’un épithélium donné appartiennent généralement à


plusieurs types cellulaires. Intercalées entre les cellules épithéliales, on peut voir des
cellules d’autre origine (par exemple des lymphocytes).
- Il n’y a jamais de vaisseaux entre les cellules épithéliales (sauf dans la strie vasculaire de
l’oreille interne). Les nutriments proviennent des vaisseaux du chorion et doivent traverser
la lame basale. Il y a par contre souvent des terminaisons nerveuses intercalées entre les
cellules épithéliales.

Puis vient la lame basale :


- présente sous tous les épithéliums
- la plupart de ses constituants sont élaborés par la cellule épithéliale
- mise en évidence par des colorations spéciales (PAS ou imprégnation argentique)
- acellulaire, elle est une condensation de la matrice extracellulaire
- sa structure sera vue avec celle de la matrice extracellulaire à laquelle elle est étroitement
associée.

Puis vient enfin le chorion


- tissu conjonctif sous-jacent, de type tissu conjonctif lâche
- joue un rôle mécanique (glissement), nutritif (pas de vaisseaux entre les cellules
épithéliales), de défense (présence de macrophages et de lymphocytes…), de régulation
(sécrétion de cytokines réglant la multiplication des cellules épithéliales cf cicatrisation).
- dans la profondeur du chorion cheminent les vaisseaux et les nerfs.

LES EPITHELIUMS DE REVETEMENT

Définition :
Epithéliums qui recouvrent la surface de l’organisme, la paroi des cavités (ouvertes et closes)
et des vaisseaux.

Classification
La classification des épithéliums est utile :
- pour faire un diagnostic d’organe
- pour comprendre la physiologie de l’épithélium.

Elle se base sur trois critères :


- la forme des cellules
- le nombre de couches
- la présence de certaines différenciations.

Forme des cellules :


Lorsqu’on envisage un épithélium formé de plusieurs couches, on considère par convention la
forme des cellules dans la couche la plus superficielle.
- épithélium pavimenteux : cellules très aplaties. Ex : épiderme, épithélium oesophagien et
vaginal, endothélium et mésothélium.
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- épithélium cubique : cellules aussi hautes que larges. Ex : partie initiale des canaux
excréteurs des glandes exocrines.
- épithélium cylindrique ou prismatique : cellules plus hautes que larges, qui à l’état isolé
ont un aspect de cylindre mais qui prennent un aspect généralement polygonal quand elles
sont en place dans l’épithélium, du fait des tractions qu’elles exercent les unes sur les
autres. Ex : épithélium intestinal et gastrique.
- épithélium polymorphe, quand toutes les formes sont représentées. Ex : épithélium de
l’arbre urinaire. En fait, dans les épithéliums polymorphes, la forme varie également selon
le degré de tension de l’épithélium : les cellules de l’épithélium de la vessie par exemple
ont une forme qui varie selon que la vessie est vide ou pleine ;

Nombre de couches :
- épithélium simple ou unistratifié : une seule couche de cellules. Ex : endothélium et
mésothélium, épithélium gastrique ou intestinal.
- épithélium pluristratifié : plusieurs couches. Ex : peau, oesophage
- épithélium pseudostratifié : impression en microscopie optique qu’il y a plusieurs couches
(car les noyaux sont à différentes hauteurs et on ne voit pas nettement les limites
cellulaires), mais toutes les cellules reposent en fait sur la basale. Ex : muqueuse de la
trachée, épithélium urinaire.

Présence de différenciations : inconstante du point de vue de la simple morphologie


- Différenciations apicales :
. mouvements : cils vibratiles,
. augmentation de surface : microvillosités qui peuvent être dispersées à la surface ou
organisées en plateau strié (intestin) ou bordure en brosse (rein, de taille plus inégale et
avec un degré d’organisation moindre), stéréocils (épididyme). Ces dispositifs
augmentent la surface du pôle apical et facilitent donc les échanges,
. protection : présence de mucus élaboré par des cellules glandulaires exocrines
voisines (cellules à pôle muqueux fermé de l’estomac ou cellules caliciformes, dites
aussi à pôle muqueux ouvert).
- Présence de substances particulières dans le cytoplasme visibles en microscopie : agrégats
de certaines cytokératines (en association avec certaines protéines spécifiques) dans les
cellules épithéliales superficielles de l’épiderme qui renforcent la solidité de cet
épithélium, donnant un aspect de couche cornée en surface (on parle alors d’épithélium
kératinisé), grains de mélanine élaborés par les mélanocytes de l’épiderme en fonction de
l’insolation qui sont repris par les cellules épidermiques majoritaires (les kératinocytes) et
qui protègent contre les UV (bronzage)…
- Détection de marqueurs cytoplasmiques : en fait, grâce notamment à des anticorps
monoclonaux, on peut mettre en évidence des marqueurs à l’échelle moléculaire : par
exemple, les filaments intermédiaires des cellules épithéliales (hors mésothéliums et
endothéliums) sont constitués de certaines cytokératines : il en existe un grand nombre,
chaque type de cellule épithéliale n’en exprime que quelques-unes, et au sein d’un
épithélium, le profil d’expression des cytokératines peut varier selon le degré de
différenciation. Cette répartition est caractéristique de l’épithélium considéré. En
pathologie, lorsqu’on se retrouve en présence de métastases provenant d’un cancer
primitif inconnu, la caractérisation des cytokératines exprimées par les cellules
cancéreuses peut aider à identifier la tumeur primitive et à adapter le traitement. D’autres
molécules peuvent être mises en évidence.
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Fonctions des épithéliums de revêtement


Les fonctions des épithéliums sont multiples. Elles n’impliquent pas forcément tous les
épithéliums ni toutes les cellules d’un épithélium donné :

a) Rôle de frontière :
- Barrière : les épithéliums de revêtement servent de frontière entre l’extérieur et l’intérieur
ou entre différents secteurs de l’organisme. Ce rôle est fondamental : il dépend de la
cohésion cellulaire et de l’étanchéité assurée notamment par les jonctions serrées.
- Protection mécanique, chimique, thermique, vis à vis des radiations, des agents
infectieux…Cette fonction implique la cohésion cellulaire mais va au-delà (par exemple
synthèse de mélanine dans l’épiderme, protection de la muqueuse gastrique par le mucus
qu’elle sécrète, présence de cellules immunitaires dans les épithéliums qui s’activent au
contact des antigènes extérieurs…)

b) Rôle de passage :
- Absorption (p.ex. intestin grêle, alvéoles pulmonaires) et à un moindre degré pour les
épithéliums de revêtement sécrétion (p.ex. certaines zones du tubule rénal) : traversée de
l’épithélium de « dehors » vers la lame basale ou vice versa. Ces échanges peuvent être
favorisés par une augmentation de surface (microvillosités…). Ils sont souvent liés à des
phénomènes actifs, mais il peut y avoir un passage passif. Une sécrétion particulière peut
être assurée par certaines cellules glandulaires insérées entre les cellules de l’épithélium
(cellules caliciformes sécrétant du mucus par exemple).
- Régulation du passage de cellules entre différents compartiments : les épithéliums
peuvent permettre le passage de certaines cellules d’un compartiment dans l’autre. C’est
par exemple le cas de la traversée des endothéliums par les cellules sanguines : la cellule
endothéliale exprime à sa surface des marqueurs qui vont être reconnus par les cellules
circulantes. Des cellules endothéliales adjacentes peuvent alors se disjoindre
temporairement pour laisser passer la cellule sanguine vers le chorion. La cellule peut
aussi rester parfois intercalée entre des cellules épithéliales, dans d’autres types
d’épithélium.

c) Autres :
- Activité mécanique notamment en surface (cils vibratiles…) par exemple dans les
bronches, faisant remonter le mucus.
- Réception de messages sensoriels (tact…) : il existe fréquemment des terminaisons
nerveuses entre les cellules épithéliales. Elles participent à la réception de messages
sensoriels.

Corrélation structure/fonctions
Il y a dans les épithéliums comme dans toute structure biologique, une corrélation entre
structure et fonction. La comprendre permet, connaissant la structure d’un épithélium d’en
prédire les fonctions, et inversement, connaissant le rôle qu’un épithélium donné remplit dans
l’organisme d’anticiper un certain nombre de caractéristiques morphologiques.
On peut énoncer trois principes de base :
- les épithéliums ayant une importante activité de passage sont unistratifiés, ceux ayant un
rôle important de protection sont pluristratifiés,
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- plus l’activité de passage est importante, plus le rapport surface/épaisseur des cellules
composant l’épithélium est élevé (l’augmentation de surface pouvant être due à des
différenciations de type microvillosités),
- plus le passage à travers un épithélium est rapide, sans remaniement de la substance qui
traverse, c’est à dire ne met pas en jeu le métabolisme propre de la cellule, plus les
cellules sont aplaties, plus il y a remaniement, plus elles sont hautes.

L’organisme va combiner ces différents impératifs, qui se reflètent dans la structure.


Quelques exemples :
- Endothélium : forte activité de passage sans remaniement, la structure est pavimenteuse
unistratifiée.
- Épithélium de l’intestin grêle : forte activité de passage (unistratifié), implication de la
cellule dans le transport (cellules prismatiques), différenciation pour augmenter la surface
(microvillosités).
- Epiderme : forte activité protectrice et peu de passage (pluristratifié), peu d’activité
métabolique de la cellule (pavimenteux). En outre ici existent de fortes contraintes
mécaniques (différenciation avec présence de kératine).
- Epithélium de la cavité de buccale et de l’œsophage : forte activité protectrice avec peu de
rôle de passage (pluristratifié), peu de rôle de métabolique (épithélium pavimenteux). Ces
épithéliums se distinguent de l’épiderme par l’absence de couche cornée, car les
contraintes mécaniques sont moindres. On parle alors d’épithélium malpighien ou
épidermoïde (c'est-à-dire pavimenteux stratifié non kératinisé). Les termes d’épithélium
malpighien et d’épithélium épidermoïde ont des définitions variables dans la littérature :
pour certains, les 2 termes sont synonymes et correspondent à un épithélium pavimenteux
pluristratifié non kératinisé (c’est la définition qui est retenue ici), pour d’autres, les
épithéliums malpighiens englobent tous les épithéliums pavimenteux stratifiés, et ils
peuvent être kératinisés ou non.

La vie de l’épithélium
Il y a un renouvellement permanent à partir de cellules souches situées à des endroits
variables selon les épithéliums, mais bien précis pour un épithélium donné. Il est régulé par
l’environnement, notamment le tissu conjonctif sous-jacent (facteurs de croissance tel l’EGF,
cytokines…), et le phénomène d’inhibition de contact. Il implique un phénomène de
différenciation, passant de la cellule souche, dont la morphologie est peu caractéristique, à la
structure caractéristique du type cellulaire et du tissu.
De la même façon que chaque cellule est polarisée, il existe un gradient géographique allant
de la zone où se trouvent les cellules souches vers les zones où se trouvent les cellules les plus
vieilles. Logiquement, ce gradient est vertical dans les épithéliums pluristratifiés et horizontal
dans les épithéliums simples.
Les cellules en fin de vie sont éliminées en surface, après avoir souvent subi une mort par
apoptose.
La vitesse de renouvellement est très variable d’un épithélium à l’autre, et selon les
conditions, l’âge du sujet etc.
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LES EPITHELIUMS GLANDULAIRES

Définition :
Ce sont des épithéliums orientés vers l’élaboration de substances qu’ils vont excréter :
- vers l’extérieur : épithéliums glandulaires exocrines
- vers la circulation : épithéliums glandulaires endocrines.

Généralités :
Les cellules épithéliales glandulaires peuvent être insérées dans un épithélium de revêtement.
Elles peuvent également être situées à distance de celui-ci. Elles participent alors à la
constitution des glandes organisées.
Il faut bien distinguer l’épithélium glandulaire au sens strict, de la glande qui comprend non
seulement l’épithélium mais aussi la lame basale et le tissu conjonctif d’accompagnement : la
glande est un organe, bien distinct des structures voisines. On distinguera donc les glandes
exocrines, endocrines et amphicrines (qui sont à la fois exo- et endocrines). Les glandes
exocrines, étant situées à distance d’un épithélium de revêtement, lui sont obligatoirement
rattachées par un canal excréteur plus ou moins long.

Les épithéliums glandulaires exocrines


On en distingue deux types :
a) Au sein des épithéliums de revêtement :
- unicellulaires : essentiellement cellules à mucus (intestin, muqueuse respiratoire) : cellules
caliciforme, dites à pôle muqueux ouvert. Ces cellules sont présentes au sein de nombreux
épithéliums de revêtement (trachée et intestin notamment). Le mucus qu’elles élaborent
s’observe d’abord sous forme de grains de mucigène qui fusionnent au pôle apical pour
former une gouttelette de mucus.
- pluricellulaires en plaque (muqueuse nasale) ou en amas (muqueuse gastrique) : cellules à
pôle muqueux fermé, car le mucus accumulé paraissant en MO nettement distinct de la
membrane plasmique apicale.
b) Les épithéliums glandulaires exocrines inclus dans les glandes exocrines organisées.
Ils se forment embryologiquement par bourgeonnement et invagination à partir d’un
épithélium de revêtement. La partie la plus enfouie dans le chorion formera l’épithélium
glandulaire exocrine, l’épithélium de raccordement limitera le canal excréteur.

Classification des glandes exocrines


Quatre critères sont habituellement utilisés :
- la forme du canal : simple (ou droit), contourné, ramifié ou composé
- la forme de la portion sécrétrice : tubulaire (en forme de tube), acineuse (en forme de sphère
creuse) ou alvéolaire (en forme de sphère creuse dont la paroi paraît très fine par rapport à la
partie centrale creuse)
- le produit de sécrétion :
sécrétion séreuse (fluide, noyau central, lumière étroite, enzymes, coloration
sombre en HE)
sécrétion muqueuse (épais, noyau basal écrasé, lumière large, glycoprotéines,
coloration claire en HE)
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sécrétion mixte : croissant de Gianuzzi (la zone séreuse entoure la zone


muqueuse)
sécrétion grasse (sébacée)
sécrétion lactée
sécrétion acide : cellules pariétales de l’estomac
- le mode d’excrétion :
mérocrine : évacuation du contenu de la vésicule de sécrétion par exocytose
(par exemple, dans la glande mammaire la sécrétion protéique)
holocrine : l’épithélium glandulaire prolifère, les cellules se chargent
progressivement du produit de sécrétion, finalement l’ensemble de la cellule
est expulsé avec la sécrétion (type : sécrétion sébacée)
apocrine : seule une partie de l’apex est expulsée (exemple, dans la glande
mammaire, la sécrétion lipidique : les lipides s’accumulent dans le cytoplasme
sous forme de vacuoles non limitées par une membrane propre ; les vacuoles
sont expulsées par bourgeonnement de la membrane apicale, chaque globule de
graisse expulsé étant entouré d’un fragment de la membrane apicale).

Structure et fonction d’une glande exocrine (ne s’applique pas aux cellules exocrines
incluses dans les épithéliums de revêtement)

La structure comprend :
. Une capsule conjonctive délimitant l’organe, émettant des cloisons qui délimitent des lobes,
cloisons se divisant pour délimiter des lobules. Les éléments sécréteurs sont regroupés dans
les lobules. Cette division en lobes et lobules n’est pas obligatoire et dépend de la taille de la
glande et de sa nature (seules les glandes ramifiées et composées comportent plusieurs lobes
et lobules).
. Les éléments sécréteurs (épithélium glandulaire) sont sous forme d’acinus, de tubes ou
d’alvéoles. L’épithélium sécréteur comme tout épithélium est doublé d’une lame basale.
. Les canaux excréteurs rattachent l’épithélium glandulaire à l’épithélium de revêtement. Sa
longueur est variable. La partie initiale est fine, limitée généralement par un épithélium
cubique simple. Les canaux se regroupent (dans les glandes ramifiées et composées), ont une
lumière de plus en plus large, sont d’abord intralobulaires puis cheminent dans les cloisons
conjonctives (segment extralobulaire). Ces canaux excréteurs sont d’abord unistratifiés puis se
rapprochent progressivement du type d’épithélium dans lequel ils vont déboucher : par
exemple, l’épithélium des canaux excréteurs des glandes salivaires devient progressivement
pavimenteux pluristratifié, alors que celui des canaux excréteurs du pancréas reste unistratifié.
. Les vaisseaux et les nerfs sont abondants, cheminent dans les cloisons conjonctives et se
répartissent entre les différents lobules. Ils apportent les nutriments et règlent la sécrétion,
respectivement.
. Il peut exister des cellules de type musculaire plaquées contre les cellules épithéliales,
intercalées entre celles-ci et la lame basale (cellules myo-épithéliales). Elles ont pour rôle, en
se contractant, de favoriser l’excrétion.

2) Les épithéliums glandulaires endocrines


Là encore, on distingue deux types :
a) Cellules épithéliales endocrines isolées au sein des épithéliums de revêtement. Elles
appartiennent au système endocrinien diffus (système APUD). Leur sécrétion va traverser la
lame basale et passer dans le sang.
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b) Les épithéliums endocrines situés à distance des épithéliums de revêtement : ils participent
à la formation des glandes endocrines organisées, comprenant, outre l’épithélium glandulaire
et sa lame basale, le conjonctif situé autour. L’épithélium glandulaire peut prendre diverses
dispositions et on distingue :
. les glandes de type cordonnal, où les cellules épithéliales sont organisées en cordons épais,
entourés d’une basale. Les cordons sont séparés par du tissu conjonctif riche en vaisseaux.
Exemple : la surrénale.
. les glandes vésiculaires ou folliculaires, où les cellules épithéliales délimitent des vésicules
formées d’un épithélium simple, bordant une cavité remplie par les produits de sécrétion,
exemple : thyroïde. La sécrétion se produit ici en deux temps : sécrétion dans le cavité d’une
pro-hormone, puis réabsorption du contenu de la cavité pour synthétiser l’hormone définitive
qui sera excrétée dans le sang.

Structure et fonction d’une glande endocrine

La structure générale d’une glande endocrine comporte outre l’épithélium et sa lame basale,
du tissu conjonctif lâche où cheminent vaisseaux et nerfs, entouré de tissu conjonctif dense
constituant la capsule qui délimite la glande par rapport aux structures de voisinage, et qui
peut émettre des cloisons délimitant lobes et lobules. Les capillaires assurent des transports
importants et sont donc souvent fenêtrés (c'est-à-dire comportant des pores qui facilitent les
échanges).
Les produits de sécrétion sont des hormones.
Une hormone est une substance déversée et transportée dans le sang vers un organe ou une
cellule apte à réagir sous l’effet de cette hormone, car possédant un récepteur spécifique de
celle-ci.

Selon la nature chimique on en distingue 3 types : peptidique, stéroïde ou amines biogènes.


Les hormones peptidiques sont des enchaînements plus ou moins longs d’acides aminés, les
stéroïdes des lipides dérivés du cholestérol, les amines biogènes des acides aminés
transformés.

Les récepteurs sont situés sur la membrane plasmique pour les hormones peptidiques, ils sont
nucléaires pour les stéroïdes et membranaires pour les amines biogènes.

Il existe des corrélations entre la structure des cellules sécrétrices et le type de sécrétion. Les
cellules qui sécrètent des hormones peptidiques ont les caractères cytologiques classiques des
cellules à forte activité sécrétoire : réticulum endoplasmique rugueux bien développé, noyau à
nucléole proéminent, appareil de Golgi important … On observe dans le cytoplasme des
vésicules de sécrétion contenant l’hormone limitées par une membrane propre. Leur contenu
est évacué par exocytose. Les cellules sécrétant des stéroïdes ont un réticulum endoplasmique
lisse abondant, des mitochondries nombreuses à crêtes tubulaires, des vacuoles lipidiques
importantes, faites non d’hormone mais notamment de cholestérol. Il n’y a pas de vésicules de
sécrétion ni d’exocytose. Les cellules sécrétrices d’amines biogènes ont de petites vésicules
de sécrétion à cœur dense en ME, dont l’aspect est spécifique de l’amine en cause. Le contenu
est évacué par exocytose.
12

3) Les glandes amphicrines

A la fois endo- et exocrines, on en distingue 2 types :


. Les glandes amphicrines homotypiques (type : le foie), où chaque cellule de l’épithélium
glandulaire est à la fois endocrine et exocrine.
. Les glandes amphicrines hétérotypiques, où les compartiments exocrine et endocrine sont
différents, tel le pancréas qui comporte des acinus séreux et les îlots de Langerhans
responsables de la sécrétion endocrine (insuline, glucagon…).
13

LE TISSU CONJONCTIF

Définition : Tissu d’origine mésodermique formé de cellules non jointives dispersées dans
une matrice extracellulaire abondante.

Généralités

Le terme de tissu conjonctif évoque simplement une fonction de liaison, de remplissage


(connective tissue en anglais). Le terme de tissu de soutien serait plus approprié, car ses
fonctions sont nombreuses.
La structuration de ce type de tissu est très variable selon la région envisagée. Nous avons
déjà vu le tissu conjonctif apparaître dans le chapitre des épithéliums : ceux-ci reposent sur du
tissu conjonctif. Ce conjonctif sous-épithélial correspond en général à ce que l’on appelle le
tissu conjonctif conjonctivo-vasculaire, qui servira de type de description. Nous verrons
ensuite qu’il y a des modulations à cette structure de base, et que le tissu conjonctif peut
constituer des structures apparemment aussi disparates que les tendons ou le tissu adipeux. On
en trouve dans tous les organes, sauf dans le système nerveux central.

Les constituants du tissu conjonctif

1) Les cellules
a) le fibroblaste : c’est la cellule de base du tissu conjonctif, qui se retrouve constamment.
Elle existe en fait sous 2 formes, les fibroblastes proprement dits et les fibrocytes, qui
correspondent à une forme moins active. Le terme de « fibroblaste » est malheureusement
employé souvent à tort dans les deux sens. Le fibroblaste proprement dit est une cellule
fusiforme ou étoilée de 20 à 30 µ de long sur 5 à 10 µ de diamètre, avec de courts
prolongements plus ou moins ramifiés. Le noyau est ovale, souvent profondément encoché.
La chromatine forme des mottes périphériques. Le nucléole est volumineux, le cytoplasme est
basophile et riche en organites impliqués dans la synthèse protéique (réticulum
endoplasmique rugueux, ribosomes libres). Il contient des microfilaments orientés selon le
grand axe de la cellule. La cellule est douée d’une faible mobilité. Elle a tous les caractères
d’une cellule métaboliquement active.
Le fibroblaste peut élaborer la totalité des constituants de la matrice extracellulaire : protéines
des fibres conjonctives, glycoprotéines de structure, protéoglycanes de la substance
fondamentale. Il intervient dans le métabolisme des lipoprotéines et du cholestérol. Il sécrète
l’interféron ß et des facteurs chimiotactiques et joue donc un rôle anti-infectieux. Le
fibroblaste prédomine dans le tissu conjonctif jeune et au voisinage des parenchymes actifs ou
en plein remaniement. Il dérive du mésenchyme embryonnaire. Il est capable d’auto-
renouvellement, et d’ailleurs quand on cultive in vitro les tissus humains, c’est lui qui tend à
envahir toute la culture au bout de quelques jours. Des fibroblastes plus immatures seraient
présents le long des capillaires et seraient capables en cas de besoin de se diviser très
activement pour augmenter l’effectif de la population fibroblastique.
Les fibroblastes de certains organes (la moelle osseuse par exemple) peuvent former entre eux
des réseaux, qui ont un rôle de charpente et donnent aux fibroblastes une certain coordination
fonctionnelle.
14

Le fibrocyte est une cellule morphologiquement moins active (chromatine plus condensée,
moins d’organites de synthèse…).
Une cellule proche du fibroblaste a été décrite : le myofibroblaste. Il s’agit d’une cellule
morphologiquement très proche du fibroblaste, très active, et dont les propriétés contractiles
et la mobilité sont nettement plus grandes. Ces cellules sont notamment abondantes lorsque le
tissu conjonctif prolifère au cours du processus de cicatrisation. Outre leur mobilité, les
myofibroblastes se caractérisent par leur capacité à s’accrocher aux constituants de la matrice
extracellulaire, augmentant la cohésion et la solidité de celle-ci lors de la cicatrisation.
b) l’adipocyte : c’est une cellule qui stocke une grande quantité de lipides. Les adipocytes
constituent en fait, quand ils sont groupés, un tissu conjonctif particulier, le tissu adipeux, qui
sera étudié plus loin. La description de l’adipocyte lui-même sera faite en même temps. Il est
entouré d’une lame basale.
c) les différentes variétés de cellules d’origine sanguine : ces cellules passent dans le tissu
conjonctif sous la dépendance de facteurs de reconnaissance particuliers avec les cellules
endothéliales qui limitent la paroi des vaisseaux (sélectines notamment). Elles comprennent
les cellules de la lignée lymphocytaire (lymphocytes et plasmocytes), les cellules de la lignée
dite granuleuse (polynucléaires), les cellules de la lignée monocytaire (monocytes et
macrophages) et les mastocytes. A l’exception du macrophage et du mastocyte, qui sont des
variétés cellulaires qui restent à demeure dans le tissu conjonctif et qu’on appelle pour cette
raison cellules résidentes, ces cellules d’origine sanguine ne sont pas spécifiques du tissu
conjonctif, et n’y passent qu’une partie de leur existence.
Le macrophage est une grande cellule (25-50 µ), dont la morphologie peut changer selon
l’organe où il est situé. Il possède des prolongements cytoplasmiques formant des
pseudopodes ou des voiles ondulants. Le noyau est réniforme ou encoché, la chromatine fine.
Le cytoplasme est riche en inclusions : organites de synthèse protéique, lysosomes primaires,
phagosomes et phagolysosomes, ces derniers contenant des corps étrangers (corps tingibles
qui sont des résidus non digérables de proies antérieurement phagocytées et qui ont une forte
affinité pour certains colorants, particules de charbon dans les lésions d’anthracose…)
démontrant que l’une des propriétés essentielles de cette cellule, comme son nom l’indique,
est la macrophagie. Le cytosquelette est développé. La cellule est mobile. Le macrophage est
une cellule d’origine sanguine. Une variété particulière de globules blancs, les monocytes,
formés dans la moelle osseuse puis circulant dans le sang, peuvent se fixer dans les tissus, où
ils se transforment en macrophages. Ceux-ci pourront rester plusieurs années dans le même
tissu et le même organe. Les caractères morphologiques des macrophages peuvent varier
selon les organes, ce qui a conduit à leur donner des noms différents. On les retrouve dans le
tissu conjonctif-type (conjonctivo-vasculaire), on leur y donne souvent le nom d’histiocytes ;
dans la moelle osseuse, où ils sont les cellules de soutien des autres cellules, dans le poumon
(macrophages alvéolaires…). Les plus abondants dans l’organisme sont les macrophages du
foie, que l’on appelle les cellules de Küpffer, qui rampent à la surface des cellules
endothéliales des capillaires hépatiques. Les macrophages sont proches parents d’autres
cellules, décrites dans des tissus particuliers : microglie du système nerveux central,
ostéoclaste du tissu osseux…Il ne s’agit plus alors de à proprement parler de macrophage,
mais d’une cellule constitutive du tissu considéré, et qui sera donc étudiée avec celui-ci.
Le macrophage joue d’abord un rôle immunitaire en phagocytant les antigènes étrangers et en
les lysant. Ce phénomène suppose que le macrophage soit capable de reconnaître sa proie, ce
qui dépend de mécanismes complexes qui ne seront pas étudiés ici. Deuxième rôle
immunitaire, le macrophage peut extraire des éléments digérés de petits fragments, qu’ils
pourront présenter aux autres cellules du système immunitaire en les fixant au versant externe
de leur membrane plasmique en association avec des molécules du complexe majeur
d’histocompatibilité (CMH ou système HLA). Les autres cellules immunitaires reconnaîtront
15

à la fois le peptide qui représente un antigène et la molécule du CMH. Le macrophage fait


ainsi partie des cellules présentatrices d’antigène (CPA). Il joue enfin un rôle régulateur en
sécrétant de nombreuses cytokines, ayant un rôle surtout sur les autres cellules immunitaires
ou sanguines en un sens plus général, ainsi que des médiateurs pro-inflammatoires.
Outre ce rôle immunitaire, les macrophages participent à l’élimination de cellules en fin de
vie (c’est le cas des globules rouges) ou de tissus nécrosés. Ils peuvent jouer enfin un rôle
architectural, notamment au niveau du foie (cellules de Küppfer), de la moelle osseuse et de la
rate, car ils peuvent eux aussi, comme les fibroblastes, se disposer en réseaux, qui n’ont pas
simplement un aspect morphologique mais qui jouent aussi un rôle de coordination
fonctionnelle. On débouche ainsi sur la notion de système réticulo-histiocytaire (SRH), ou
système des phagocytes mononucléés utile à la compréhension de certaines affections, où de
nombreux macrophages peuvent se dérégler simultanément (par exemple dans le « syndrome
d’activation macrophagique »).
Le mastocyte se trouve dans tous les tissus conjonctifs mais plus particulièrement dans celui
de la peau (il y en aurait 7000/mm3), des voies respiratoires, du tube digestif, donc aux
frontières externes de l’organisme. Il est surtout présent le long des vaisseaux et des nerfs. Le
mastocyte est une cellule mobile, ovalaire ou polygonale, de 12 à 20 µ de diamètre. Le noyau
est petit et arrondi. Le fait le plus notable est l’existence dans le cytoplasme de très nombreux
granules de 0,1 à 0,4 µ de diamètre, basophiles et métrachromatiques (c’est à dire changeant
la couleur du colorant, en l’occurrence le bleu de toluidine qui prend une couleur rose), rouge
violacé avec les colorants usuels. En ME, ces granules ont une structure pseudo-cristalline.
Leur analyse biochimique montre qu’ils sont riches en histamine, en héparine (à activité
anticoagulante) et en sérotonine, ainsi qu’en ECFA (eosinophil chemotactic factorof
anaphylaxy), facteur chimiotactique qui attire une variété de polynucléaires, les éosinophiles.
Ils contiennent en outre une enzyme spécifique, la tryptase. Les mastocytes sont aussi
capables de synthétiser après activation, dans leur membrane plasmique, des dérivés de
l’acide arachidonique (leucotriènes et prostaglandines), qui jouent un rôle majeur notamment
dans la régulation du calibre vasculaire. La membrane plasmique contient de très nombreux
récepteurs pour la partie Fc des immunoglobulines E (IgE), fréquemment impliquées dans
certains phénomènes allergiques. Les activités du mastocyte à l’état de base sont assez mal
connues. Par contre, leur importance est capitale dans certains phénomènes allergiques. Le
mastocyte fixe alors de grandes quantités d’IgE par leur Fc. Lorsque l’allergène vis à vis
duquel ces IgE sont dirigées pénètre dans l’organisme, sa fixation aux IgE sur la membrane
cellulaire entraîne la dégranulation brutale du mastocyte, qui libère par exocytose de grandes
quantités de médiateurs, responsables de manifestations locales plus ou moins sévères
(asthme, urticaire…). Ceux-ci peuvent passer dans la circulation générale et déclencher à
distance une violente réaction due à une vasodilatation massive (choc anaphylactique).
Simultanément, les leucotriènes et prostaglandines sont synthétisés et libérés.
Le mastocyte est produit par la moelle osseuse à partir de progéniteurs différents de ceux des
globules blancs. Il se différencie au sein du TC sous l’influence de cytokines libérées par les
fibroblastes. Les mastocytes dégranulés peuvent reconstituer leurs granulations, subir
plusieurs cycles d’activation et se diviser.

A côté de ces cellules sanguines sédentaires et à durée de vie longue, il faut dire un mot des
autres variétés de globules blancs, qui ne sont que de passage dans le tissu conjonctif.
Il s’agit d’abord des polynucléaires (neutrophiles, éosinophiles, basophiles) dont la structure
et les fonctions seront envisagés dans le chapitre sur le sang. La première variété pourra se
transformer après phagocytose en pyocyte, cellule du pus. Les 2 autres seront principalement
impliquées dans les phénomènes d’allergie.
16

Les lymphocytes ont une durée de vie longue, mais recirculent en permanence entre les
différents compartiments de l’organisme. On verra que le lymphocyte est, à l’état de base, une
cellule quiescente, mais qui peut s’activer au contact d’un antigène, notamment dans le tissu
conjonctif. Il devient alors une cellule lymphoïde activée dont on distingue plusieurs variétés
morphologique (immunoblaste, centroblaste…). Ces lymphocytes et ces cellules lymphoïdes
qui en dérivent appartiennent à 3 catégories : T, B et NK (cette dernière étant à part, la plupart
des données énoncées au sujet des lymphocytes ne leur sont pas applicables telles quelles).
Une partie des cellules lymphoïdes activées B vont donner une dernière variété de cellule,
présentes entre autres dans le tissu conjonctif : le plasmocyte. Celui-ci se présente comme une
assez grande cellule (10-20µ de diamètre), ovoïde ou piriforme, fortement basophile, avec une
chromatine dite classiquement « en rayon de roue », et zone plus claire à proximité du noyau,
l’archoplasme. En ME, le cytoplasme contient énormément de réticulum endoplasmique
rugueux : la cellule est spécialisée dans la synthèse protéique, et plus précisément les
anticorps, ou immunoglobulines.

2) La matrice extracellulaire
Les cellules décrites ci-dessus baignent dans une matrice extracellulaire faite d’eau, de sels
minéraux, et de macromolécules, qui peuvent exister sous 3 formes : organisées en fibres et
alors souvent détectables en microscopie optique (en général après coloration appropriée), ou
organisé uniquement à l’échelle moléculaire et correspondant alors à ce que l’on appelle la
substance fondamentale d’une part, ainsi qu’à des molécules de jonction ou de pontage, aussi
dénommées colle biologique (qui font le lien entre les cellules, les fibres et la SF), d’autre
part.

a) Les fibres
- fibres collagènes : ce sont les plus abondantes. Elles représentent le quart du poids sec des
mammifères et le quart des protéines totales. Elles sont très résistantes. Elles ne peuvent être
détruites que par des enzymes spécifiques : les collagénases.
On a identifié à ce jour 19 types différents de collagène (numérotés de I à XIX), et en fait 29
avec les formes dérivées.
La structure de base du collagène est le tropocollagène, formé de 3 chaînes alpha regroupées
en une chaîne trihélicoïdale de 300 nm de long sur 1,5 nm de large. La structure primaire du
tropocollagène est basée sur un motif de base de 3 acides aminés contenant de la glycine :
Gly-X-Y. La glycine formant un angle constant, la structure hélicoïdale est très solide. Il
existe de nombreuses séquences Gly-Pro-Y. L’acide aminé Y est fréquemment de
l’hydroxyproline, permettant l’établissement de nombreuses liaisons hydrogène stabilisant
l’architecture. Les unités élémentaires de tropocollagène se lient les unes aux autres pour
former des microfibrilles dont la solidité est due au chevauchement des unités sur 65 nm, ainsi
qu’à l’établissement de liaisons hydrogène. Les microfibrilles s’associent en fibrilles qui se
regroupent en faisceaux (fibres de collagène, qui ne sont jamais anastomosées entre elles).
Ces fibres présentent en ME une striation transversale du fait de la régularité de l’organisation
des motifs de base.
Les molécules de tropocollagène sont synthétisées par le fibroblaste sous forme de
protocollagène, comprenant un élément de tropocollagène associé à de très longs télopeptides
non hélicoïdaux qui empêchent la polymérisation. Cette phase comporte d’importants
phénomènes d’hydroxylation de la proline, qui nécessite la présence de vitamine C. En cas de
carence prolongée en vitamine C, on aboutit à une maladie grave, le scorbut, marqué par un
déchaussement et un perte des dents, des hémorragies cutanées, chez l’enfant des anomalies
de l’ostéoformation et une fragilisation osseuse…Fréquent jadis dans les équipages lors des
navigations au long cours qui restreignaient les apports en produits frais, un traitement
17

efficace a pu être proposé par le médecin de marine anglais Lind au milieu du XVIIIe siècle
qui avait démontré l’effet protecteur des agrumes et notamment du citron. Le protocollagène
sort de la cellule par exocytose. Les télopeptides sont clivés par des procollagène-peptidases,
ce qui libère le tropocollagène qui peut alors se polymériser.
Les différents collagènes diffèrent par l’enchaînement de leurs acides aminés et par
l’organisation spatiale de leurs chaînes, donnant des aspects ultrastructuraux différents.
Certains collagènes (I, II et III notamment) ont une organisation en fibres et sont donc dits
fibrillaires, d’autres (collagène IV par exemple) une organisation en réseau, à la manière
d’une pièce de tissu.
Les principaux collagènes de l’organisme sont :
. le collagène I : le plus abondant. Les molécules de tropocollagène s’assemblent pour
former des fibrilles. Ces fibrilles se regroupent en faisceaux de 2 à 10 µ visibles au MO, et
doués d’une grande solidité.
. le collagène de type II se voit dans le cartilage, il est formé de fibrilles plus fines. On
l’identifie en général par coloration au rouge Sirius ou observation en lumière polarisée. Les
fibres ne sont pas visibles dans les conditions standard du fait de leur finesse.
. le collagène de type III correspond aux fibres de réticuline, que l’on peut détecter
après imprégnation par les sels d’argent. Ce sont des fibres très fines, qui peuvent former un
grillage sur lequel les cellules peuvent s’accrocher. Elles forment la trame de base de
nombreux organes hématopoïétiques (moelle osseuse, ganglions…). Les mailles de ce grillage
ont l’ordre de grandeur des cellules. Bien qu’on parle souvent de « réseau de réticuline », il
s’agit d’une dénomination qui n’a rien à voir avec ce qui est dit ci-dessous du collagène IV,
organisé de façon beaucoup plus compacte.
. le collagène de type IV forme des réseaux à maille très serrée (à l’échelle
moléculaire) et non des fibres. On le rencontre dans la lame basale.
. le collagène de type VII constitue les fibrilles d’ancrage à la membrane basale
(notamment dans les épithéliums épidermoïdes).
Les autres types de collagène se voient dans des localisations particulières.

- fibres élastiques : elles sont d’abord faites d’élastine. Il s’agit d’une protéine très
hydrophobe non glycosylée, riche en proline et en glycine. Elle est synthétisée par les
fibroblastes sous forme de tropoélastine qui se polymérise en dehors de la cellule : les
molécules d’élastine se lient les unes aux autres par des liaisons covalentes de 4 lysines
(desmosine), pour former des amas amorphes. La formation des fibres requiert la présence
d’une protéine de structure, la fibrilline. Les fibres élastiques contiennent aussi de la MAGP
(Microfibrill Associated GlycoProtein).
Lors de la mise en tension, toutes les molécules s’orientent parallèlement. La synthèse
d’élastine est maximale en fin de vie fœtale et diminue nettement chez l’adulte, pour
disparaître chez le vieillard (cf peau sénile). Elles sont remplacées par des fibres de collagène
(sclérose). On a décrit une maladie (maladie de Marfan) où un gène codant pour la fibrilline
est muté. Ceci aboutit à des anomalies profondes de comportement des fibres élastiques,
notamment au niveau des ligaments (hyperlaxité ligamentaire) et des vaisseaux (formation de
dilatations ou anévrysmes).

b) La substance fondamentale
Elle forme la charpente de la matrice extracellulaire. Elle est formée par les
glycosaminoglycanes (GAGs) autrefois appelés mucopolysaccharides. Selon le GAG, on
distingue :
. l’acide hyaluronique, qui est le seul non sulfaté, et qui est très anionique. C’est un
polyanion fortement hydraté. Cet acide hyaluronique prédomine dans les tissus conjonctifs
18

lâches. Il est organisé en immenses molécules formées de chaînes bifurquées. Le CD44 joue
le rôle de récepteur de l’acide hyaluronique sur la membrane plasmique de nombreuses
cellules.
. les GAG sulfatés (chondroïtine sulfate, kératane-sulfate, dermatane-sulfate,
héparane-sulfate dont une variété particulière, le perlécan…) ont des chaînes beaucoup plus
courtes et sont moins hydratés, donnant une consistance beaucoup plus rigide. Liés à un
noyau protéique, ces molécules forment des protéoglycanes, qui s’associent à l’acide
hyaluronique pour former de grands complexes.
La structure globale est celle d’un gel poreux contrôlant la diffusion des molécules. Ce sont
des polyanions qui retiennent des ions Na+ et donc de l’eau. Environ 90% de l’eau est sous
forme liée et 10% sous forme libre, avec un échange permanent entre ces 2 compartiments.
La SF lie aussi des molécules régulatrices, tels certains facteurs de croissance.

c) Les protéines d’adhérence, de jonction ou de pontage : « colle biologique »


Ce sont surtout des glycoprotéines (chaînes protéiques reliées à des polysaccharides ramifiés).
Certaines sont fibrillaires, telles la fibrilline et la fibronectine, d’autres sont non fibrillaires :
laminine, entactine (appelé aussi nidogène).
La fibrilline constitue des microfibrilles de 8-12 nm de diamètre, et joue notamment un rôle
dans la formation des fibres élastiques en s’insérant à la surface de l’élastine.
La fibronectine est une protéine de forme fibrillaire, de structure dimérique, à structure
hautement conservée au cours de l’évolution. Elle existe sous 3 formes : dimère soluble dans
le plasma, oligomère à la surface des cellules, fibrille (polymère de grande longueur) à la
surface cellulaire et dans la matrice extracellulaire. Il existe dans la membrane cellulaire des
récepteurs liant la fibronectine par ses motifs RGD, récepteurs qui appartiennent à la famille
des intégrines, et qui font le lien avec le cytosquelette. La fibronectine peut aussi se lier au
collagène, à la fibrine et aux héparanes sulfates par des régions spécifiques. Elle va donc
orienter le collagène et l’attachement de la cellule à la matrice extracellulaire. La vitronectine
joue un rôle proche.
La laminine (en fait le groupe des laminines) est un constituant des lames basales, se liant aux
membranes cellulaires (notamment aux hémidesmosomes) par des intégrines (notamment
), et à beaucoup d’autres constituants de la lame basale (notamment le réseau de
collagène IV). Elle peut former des réseaux, par polymérisation.
L’entactine ou nidogène fait le pont entre la laminine et le collagène de type IV de la lame
basale, ainsi qu’avec certains protéoglycanes (tel le perlécan) et stabilise la structuration de
celle-ci.

Le contact entre les cellules et la MEC met aussi en jeu d’autres molécules que cette
« colle » : CD44 par exemple, qui est le récepteur de l’acide hyaluronique. Ce sont des
molécules souvent de grande taille, qui interagissent avec d’autres constituants de la MEC, et
qui peuvent par ailleurs transmettre à la cellule divers signaux.

L’organisation du tissu conjonctif


Le tissu conjonctif, qui paraît peu organisé en MO, est en fait un milieu d’une extrême
complexité. On étudiera sa structure à la frontière, qui est la lame basale (puisqu’on ne peut
entrer dans le TC sans traverser une lame basale), et dans la masse du TC.

1) La lame basale
C’est un feuillet formé de constituants de la matrice extracellulaire jouant un rôle d’interface
entre le TC et les cellules des autres tissus.
19

En ME, la LB paraît formée de 3 couches : la lamina lucida ou rara (10-50 nm), peu dense
aux électrons, est au contact de la membrane plasmique de la cellule (s’il s’agit d’un
épithélium, sa membrane plasmique au pôle basal) ; la lamina densa (20-300 nm), plus
opaque aux électrons ; la lamina ou pars fibro-reticularis, peu dense, qui fait la transition avec
le TC.
La lamina lucida correspond à un réseau de laminine qui se lie notamment à l’intégrine 
présente au niveau des hémidesmosomes. La laminine se lie au collagène de type IV. Elle se
lie enfin au nidogène, qui peut lui aussi se lier au collagène IV et à certains protéoglycanes
(perlécan). La lamina densa est donc un empilement de couches de collagène IV, entremêlées
de laminine, de nidogène, de perlécan…La 3° couche (fibro-reticularis, que certains
n’incluent pas dans la LB proprement dite) est une zone d’ancrage de la LB à la masse du TC
sous-jacent. Dans sa localisation la mieux connue (au contact des épithéliums malpighiens),
elle comprend du collagène VII formant des trousseaux d’ancrage (qui descendent vers la
profondeur), entre lesquels s’intercalent des plaques d’ancrage faites de collagène IV. Dans
les boucles de collagène VII passent des fibres de collagène I et III.
La membrane plasmique (par exemple épithéliale) s’accroche également à d’autres structures
grâce à des récepteurs plus ou moins spécifiques : fibronectine et acide hyaluronique
notamment. Ces molécules adhèrent en profondeur à différents constituants de la matrice
extracellulaire conjonctive, ce qui augmente la cohésion.

2) Structure du TC proprement dit


L’organisation de la masse du TC représente un équilibre entre cellules, fibres, SF et
molécules qui lui sont liées, avec une interaction constante entre ces différents constituants.
Les cellules (et notamment les fibroblastes) sont reliées à la matrice extracellulaire par des
molécules qui ont été citées plus haut qui se lient également aux fibres de collagène I et III. Il
n’y a pas à leur surface d’hémidesmosomes.
La proportion des différents constituants est à peu près constante au cours du temps, avec
cependant une diminution de la part des fibres élastiques avec l’âge.
La SF est plus ou moins hydratée et joue un grand rôle sur les échanges et le métabolisme de
l’eau. Différentes situations pathologiques s’accompagnent d’une augmentation d’eau libre. Il
se forme alors cliniquement des oedèmes dépressibles (« prenant le godet »). La composition
de la SF et notamment le pourcentage des protéoglycanes par rapport à l’acide hyaluronique
va déterminer également la quantité d’eau, mais cette fois-ci surtout de l’eau liée (possibilité
de myxoedème, qui ne prend pas le godet). La composition de la SF joue aussi parallèlement
sur la rigidité de la MEC : la SF du cartilage sera riche en GAG sulfatés.

Lorsque les données de l’environnement changent (plaie par exemple), un remodelage


tissulaire va se produire. Le fibroblaste peut se transformer en myofibroblaste, plus contractile
et à pouvoir de synthèse et de sécrétion supérieur. A l’état de base, la MEC est également
remodelée de façon permanente par un processus de digestion protéolytique de ses
constituants assuré essentiellement par des protéases à sérine et des métalloprotéinases
matricielles (collagénases, gélatinases, stromélysines). Ces enzymes sont sécrétées par les
fibroblastes et par certaines cellules épithéliales (kératinocytes, cellules de l’épithélium
respiratoire…). Ce remodelage est régulé par des hormones, et différents médiateurs libérés
de façon loco-régionale et parfois adsorbés par la SF.

Le TC contient de nombreuses cellules d’origine sanguine qui vont jouer un rôle dans la
défense immune : polynucléaires, lymphocytes, plasmocytes, monocytes qui vont donner les
20

macrophages. L’arrivée de ces cellules dans le TC présuppose le passage à travers


l’endothélium principalement au niveau des veinules post-capillaires. Ce passage débute par
l’expression de récepteurs à la surface des cellules endothéliales (sélectines) reconnues par
une molécule complémentaire sur la membrane plasmique de la cellule sanguine.
L’expression des sélectines sera forte en cas de réaction inflammatoire. Après cette phase de
reconnaissance, l’accrochage des cellules sanguines sera renforcée par la reconnaissance
d’autres marqueurs membranaires (dont certains sont des intégrines). Ce processus de passage
est favorisé par la libération de facteurs chimiotactiques à partir du tissu conjonctif.
Les lymphocytes sont nombreux dans le TC qui double les épithéliums. Ils peuvent se
retrouver à l’état isolé, ou regroupés en nappes ou en follicules. Ceux-ci sont des structures
sphériques, charpentées notamment par un réseau de fibres de réticuline. Ces follicules
peuvent prendre 2 aspects : follicule primaire, amas homogène de lymphocytes, qui sont des
follicules au repos ou follicules secondaires comprenant une zone centrale ou centre
germinatif et une zone plus sombre ou manteau en périphérie. Ces follicules secondaires sont
activés, ils sont siège d’une réponse immunitaire. Ces follicules lymphoïdes comprennent
majoritairement des lymphocytes B. Les lymphocytes travaillent en synergie avec des cellules
présentatrices d’antigène (macrophages, mais aussi autres cellules présentatrices spécialisées).
On a vu que certains lymphocytes pouvaient aller s’intercaler entre les cellules épithéliales, de
même que certaines cellules présentatrices d’antigène. Il y a donc un couplage fonctionnel
étroit entre l’épithélium et le chorion.
L’ensemble des lymphocytes (et des cellules qui en dérivent) présent dans le chorion des
muqueuses est dénommé MALT (acronyme de Mucosa Associated Lymphoid Tissue).

Les différents tissus conjonctifs

La proportion et la nature des différents constituants du TC peuvent varier. On distingue :

1) les TC lâches
Ils sont définis par leur relative pauvreté en fibres. On distingue :
a) le TC lâche type ou conjonctivo-vasculaire, équilibré en ses différents éléments. C’est le
plus banal. Il a été pris pour modèle de description. On le trouve sous les épithéliums, il
remplit l’espace libre dans les différents organes.
b) le TC mucoïde, riche en GAG et pauvre en fibres, est un TC très lâche dont les cellules
sont dispersées dans une SF très hydratée, riche en acide hyaluronique. Il correspond au
mésenchyme embryonnaire, à la gelée de Wharton du cordon ombilical et persiste chez
l’adulte dans la pulpe dentaire.
c) le TC réticulé, fait de nombreuses cellules et surtout d’une trame de réticuline, constitue la
charpente de nombreux organes, notamment les organes hématopoïétiques (moelle osseuse) et
lymphoïdes (ganglion lymphatique, rate…).
d) le tissu adipeux est un TC lâche à prédominance cellulaire, dont la population cellulaire
principale est constituée par les adipocytes, entourés d’une lame basale et d’une mince couche
de matrice extracellulaire faite de fibres de réticuline, de quelques fibroblastes et de nombreux
vaisseaux. Il contient de nombreux nerfs sympathiques. On distingue 3 types de tissu adipeux,
correspondant à 3 types d’adipocytes : la graisse blanche, la graisse brune et le tissu adipeux
de la moelle osseuse.
La graisse blanche représente environ 15% du volume corporel chez l’homme et 22% chez la
femme, avec une répartition liée au sexe. Les adipocytes forment des lobules de 5 mm de
diamètre, chacun étant vascularisé par une artériole entourée de fibres nerveuses
sympathiques. La graisse blanche se localise principalement dans le pannicule sous-cutané,
21

les franges péritonéales, les orbites, les paumes et plantes, l’orbite, la face (boule graisseuse
de Bichat).
Les adipocytes blancs (dit aussi adipocytes uniloculaires) sont des cellules sphériques ou
polyédriques de 100 à 150 µ de diamètre. Le noyau est aplati et refoulé en périphérie. Le
cytoplasme est réduit à une mince frange périphérique. Il contient un Golgi juxtanucléaire et
de nombreuses mitochondries. L’essentiel de la cellule est occupé par une énorme vacuole de
graisse, centrale, non limitée par une membrane. Cette vacuole apparaît optiquement vide en
MO du fait de la dissolution des graisses par les agents utilisés pour la préparation
histologique. Il s’agit essentiellement de triglycérides. L’adipocyte a tous les caractères d’une
cellule à haute activité métabolique. En permanence il effectue une liposynthèse, sous
l’influence notamment de l’insuline. Il stocke ensuite les lipides synthétisés, mais pendant une
courte période, le taux de renouvellement étant très rapide. Il hydrolyse les lipides, sous
l’influence de l’adrénaline. Il a également un rôle hormonal. Il synthétise de la leptine, dont la
sécrétion est accrue chez les obèses, hormone de la satiété, et qui inhibe la synthèse
d’insuline. Il contient par ailleurs une aromatase, capable de transformer les androgènes en
oestrogènes.
La graisse brune ne se rencontre dans l’espèce humaine à un niveau appréciable que chez les
nouveau-nés, elle est abondante chez les mammifères hibernants. Chez l’homme, la
topographie est principalement interscapulaire, autour des gros vaisseaux, des reins et du
cœur.L’adipocyte brun (adipocyte multiloculaire) est une cellule polyédrique de 50 µ dont le
cytoplasme contient de nombreuse vacuoles lipidiques de petite taille et des mitochondries qui
ont la faculté, grâce à une enzyme spéciale, la thermogénine, de découpler l’oxydation des
graisses de la formation d’ATP, ce qui entraîne une importante thermogenèse. Les reliquats de
graisse brune chez l’adulte pourraient jouer un rôle de protection contre l’obésité.
Les adipocytes médullaires représentent probablement une variété à part. Ils ont le même
aspect que les adipocytes blancs, mais ils semblent être fonctionnellement distincts. C’est
ainsi qu’ils sont les derniers à fondre en cas de malnutrition. Ils occupent une partie de
l’espace médullaire, sécrètent de la leptine et des cytokines et pourraient ainsi participer à la
régulation de l’hématopoïèse et de l’ostéogénèse. Dès la fin de la vie fœtale, l’hématopoïèse
se fait de façon quasi-exclusive dans la moelle osseuse. Chez le jeune enfant, toute la moelle
est dite moelle rouge car elle a une activité hématopoïétique intense, et contient notamment
beaucoup d’érythroblastes, précurseurs des globules rouges contenant beaucoup
d’hémoglobine, qui lui donne cette teinte. Les adipocytes y sont à l’état isolé, modérément
abondants. Chez l’adulte, l’hématopoïèse se limite au squelette axial (os plats et rachis). Le
reste des cavités médullaires est occupé par la moelle jaune, très adipeuse. Celle-ci peut, si
nécessaire, revenir à l’état de moelle rouge. Les zones les plus distales deviennent chez le
vieillard la moelle grise, fibreuse, qui ne reviendra jamais à l’état actif.
Tous les adipocytes sont entourés d’une lame basale et proviennent d’une cellule souche
mésodermique.
e) sang et organes hématopoïétiques seront vus à part.

2) les TC denses
Les fibres prédominent. Les cellules sont peu nombreuses et ont peu d’activité métabolique en
général. On en distingue plusieurs variétés :
a) TC dense non orienté. Les fibres n’ont pas d’orientation préférentielle : ces TC forment les
capsules des organes et les cloisons conjonctives qui les découpent. Ils contiennent de gros
vaisseaux, correspondant à la vascularisation de l’organe.
b) TC denses orientés. Ils peuvent être unitendus, c’est le cas des tendons : toutes les fibres
sont orientées dans le même sens. Ils peuvent être non unitendus, c’est le cas des aponévroses
(qui entourent les principales masses musculaires) ou de la cornée : les fibres se répartissent
22

en couches superposées ; dans chaque couche, toutes les fibres ont la même orientation, mais
celle-ci change d’une couche à l’autre. La même disposition se retrouvera dans le tissu osseux
lamellaire.
c) Le tissu cartilagineux et le tissu osseux sont stricto sensu des TC. Ils sont trop abondants
et trop spécifiques pour ne pas faire l’objet d’un chapitre à part.

Les fonctions du TC

Elles sont beaucoup plus nombreuses que ce que l’on a longtemps cru. Si l’on reprend les
différents points énoncés ci-dessus, on peut énumérer différentes fonctions :
1) Fonctions mécaniques : le TC joue un grand rôle dans
. le soutien et la cohésion des structures, assurant la forme des épithéliums et des
parenchymes,
. emballage et protection, par la formation des capsules et le cheminement des vaisseaux et
des nerfs
. la résistance à l’étirement due à la présence de collagène, surtout de type I
. l’élasticité due aux fibres élastiques. Il existe une balance entre résistance et élasticité en
fonction du type de fibre qui prédomine.
2) Fonctions métaboliques :
. régulation des échanges avec les tissus de voisinage puisque passage obligé entre les
vaisseaux et les parenchymes
. rôle métabolique général : métabolisme de l’eau, réserve adipeuse, métabolisme des lipides,
leptine, stockage et production de stéroïdes
3) Rôle de défense
. défense non spécifique : rôle de barrière mécanique, par exemple coque fibreuse limitant les
pustules et les abcès
. défense immunitaire spécifique assurée notamment par les cellules lymphoïdes, les
polynucléaires et les macrophages.
4) Rôle dans la cicatrisation et la régulation des parenchymes (épithéliums notamment) et
plus généralement le renouvellement des tissus de voisinage.
23

LES TISSUS CONJONCTIFS SPÉCIALISÉS : SANG, CARTILAGE, OS

LE SANG

Définition : le sang est un tissu conjonctif particulier, dont la MEC est liquide (plasma).

Généralités : le sang remplit essentiellement un rôle de transport, permettant


l’homogénéisation rapide du milieu intérieur. Les organes hématopoïétiques fabriquent les
cellules sanguines. On peut distinguer les organes hématopoïétiques proprement dits, qui dès
la naissance sont uniquement représentés par la moelle osseuse de type rouge, et le système
lymphoïde, dont le fonctionnement est à part.
Il peut sembler paradoxal de parler de tissu au sujet du sang. On verra qu’on peut y trouver un
certain degré d’organisation, compromis entre la nécessité de transport et donc la fluidité, et la
sélectivité des échanges avec la paroi des vaisseaux et le compartiment interstitiel. Les
organes hématopoïétiques sont un TC réticulé et dérivent du mésenchyme embryonnaire : on
peut donc considérer le sang comme une variété très particulière de TC. Le système apparaît
dès les premiers jours de la vie embryonnaire sous forme d’îlots de Wolff et Pander, qu’on
peut observer dans la paroi de la vésicule vitelline dès le 17ème jour. L’hématopoïèse se
produira ensuite dans le foie et dans la rate. La moelle osseuse, au fur et à mesure qu’elle
apparaît, va prendre la place du foie et de la rate dans l’hématopoïèse, et deviendra le siège
exclusif de celle-ci pour le reste de la vie. Toute le M.O. ne sera pas cependant active chez
l’adulte (cf cours TC)

Le sang et ses différentes « phases »


Ayant un volume de 4 à 5 litres chez un adulte normal, le sang, si on le laisse sédimenter
(avec anticoagulants !) apparaît formé de 2 phases : le plasma, liquide acellulaire fait d’eau,
d’ions, de différentes protéines dont l’albumine et d’une phase cellulaire, qui seule sera
étudiée ici. Le rapport du volume de la phase cellulaire sur le volume du sang représente
l’hématocrite, dont la valeur normale est d’environ 45%. Avec les colorations habituelles
(May-Grünwald-Giemsa ou MGG en hématologie), on peut en MO identifier les différents
types cellulaires se rattachant aux différentes lignées.

Les cellules sanguines


a) Les globules rouges ou érythrocytes, qui appartiennent à la lignée « rouge », se présentent
sous forme de disques biconcaves de 7,5 µ de diamètre. Ils sont anucléés chez les
mammifères, mais ont un noyau chez les vertébrés inférieurs et jusqu’aux oiseaux inclus. Ce
sont des sacs remplis d’hémoglobine, sous forme dissoute, d’enzymes du métabolisme
énergétique notamment (glycolyse anaérobie), et d’enzymes chargées du maintien de la
structure à l’état fonctionnel (lutte contre l’oxydation de l’hémoglobine, pompes à Na+ dans
la membrane etc.). La membrane cellulaire est formée des 2 couches lipidiques classiques, et
contient des protéines de structure maintenant la forme caractéristique de la cellule. Elle porte
également des structures principalement glycolipidiques support des groupes sanguins
érythrocytaires, qui jouent un rôle essentiel en transfusion. Il y a quelques organites
intracytoplasmiques, mais assez rares. Les mitochondries disparaissent dès les premières
heures de la formation du globule rouge. Les globules rouges jeunes (moins de 48 h) portent
le nom de réticulocytes, qu’on peut identifier par la présence de polyribosomes qui finissent
leur rôle de synthèse protéique (ils ne seront pas renouvelés puisque la cellule est dépourvue
de noyau). La détermination du nombre de réticulocytes est importante pour déterminer le
24

mécanisme d’une anémie : si les réticulocytes sont diminués, c’est qu’il y a un défaut de
fabrication des globules rouges (anémie centrale) ; s’ils sont augmentés, c’est qu’il y a soit
hémorragie, soit destruction excessive des globules rouges (anémies périphériques). Les
globules rouges sont normalement au nombre d’environ 4-5 millions/mm3 de sang. Il y en a
un peu moins chez la femme. Le volume normal d’un globule rouge est de 85 à 100
femtolitres (10-15 l). Sa durée de vie dans le sang est longue : 110 jours en moyenne. Chez le
sujet normal, les globules rouges anciens sont filtrés et retirés de la circulation par les
macrophages de la moelle osseuse (et accessoirement de la rate) qui les phagocytent. En cas
d’excès de destruction érythrocytaire, cette activité aura lieu de façon beaucoup plus
importante dans le foie et dans la rate.
Les GR ont pour rôles principaux : le transport de l’oxygène, lié à la présence d’hémoglobine
(normalement 13-15 g/dl de sang) ; un pouvoir tampon ; l’aide au transport du CO2.

b) Les globules blancs ou leucocytes (au nombre de 4 à 8000/mm3), parmi lesquels on


distingue plusieurs variétés.
- Les polynucléaires, appartenant à la lignée granuleuse ou myéloïde, qui doivent leur nom au
fait que leur noyau apparaît très segmenté (bien qu’il soit en fait unique). Ils contiennent
chacun 2 types de granulations (d’où le terme de granuleux) : granulations primaires (rares),
communes aux différents types et qui contiennent de la myéloperoxydase, et granulations
secondaires, spécifiques de chaque variété de polynucléaires. Selon les affinités tinctoriales,
on va distinguer :
. les polynucléaires neutrophiles, dont le noyau présente en moyenne 3 lobes et dont le
cytoplasme contient 2 types de granulations, comme annoncé ci-dessus : grains primaires
(minoritaires) de teinte dite « azurophile » contenant une myéloperoxydase et grains
secondaires, majoritaires, bien que de plus petite taille, qui prennent une coloration beige et
renferment notamment de l’élastase et de la phosphatase alcaline. Ces polynucléaires sont
capables de phagocyter les particules étrangères ou mortes et de les digérer. Cette activité de
digestion entraîne en général la mort du polynucléaire, dont il ne persiste plus qu’une ombre.
La cellule prend alors le nom de pyocyte, dont l’accumulation forme en partie le pus. Le
polynucléaire passe en principe dans le TC pour y exercer son activité. La durée de vie du
polynucléaire dans le sang est brève (48 heures). S’il n’exerce pas ses activités de
phagocytose, il va mourir dans les tissus par apoptose. Il joue un rôle essentiellement de
défense, notamment contre les agents microbiens. Il peut être attiré sur un foyer infectieux par
des médiateurs, à activité chimiotactique, et qui peuvent notamment être sécrétés par les
macrophages présents sur site. Dans le sang, les neutrophiles sont les plus nombreux et
représentent 60 à 70 % chez l’adulte normal. Chez le jeune enfant (avant 10 ans, passés les
premiers jours de la vie où il existe une polynucléose), la proportion est moindre (30-40 %) et
ce sont les lymphocytes qui prédominent.
. les polynucléaires éosinophiles, à noyau généralement bilobé et à cytoplasme riche
en granulations (secondaires) éosinophiles de couleur orangée, montrant un aspect
microcristallin en ME. Ils contiennent notamment une protéine basique majeure. On trouve
dans les polynucléaires éosinophiles une myéloperoxydase spécifique, différente de celle des
neutrophiles. Les éosinophiles sont en principe moins de 500/mm3. Ils jouent un rôle de
défense notamment contre les parasites. Ils sont augmentés en cas d’allergie. Les 2 grandes
causes d’hyperéosinophilie seront donc les parasitoses et les allergies surtout
médicamenteuses. Ils ont leurs propres médiateurs chimiotactiques (ECFA libéré par le
mastocyte par exemple).
. les polynucléaires basophiles, peu nombreux (moins de 1%), ont un noyau souvent
masqué par d’abondantes granulations métachromatiques rouge violacé. Ils jouent un rôle
proche des mastocytes. Ils différent de ceux-ci sur plusieurs points : ils se forment à partir de
25

progéniteurs différents, leur durée de vie est brève, ils ne sont pas capables de se diviser ni de
resynthétiser des granulations après activation : ils ne se dégranulent qu’une fois.
- les lymphocytes sont des cellules d’environ 7 µ de diamètre pour la plupart (il existe
physiologiquement 10 % environ de formes plus grandes), ne contenant pas typiquement de
grains (quelques lymphocytes peuvent contenir de fines granulations violettes). En ME, le
lymphocyte apparaît comme une cellule généralement peu active, avec une chromatine
condensée, facilement identifiable sur coupe histologique, et une mince couronne
cytoplasmique contenant quelques organites. Le lymphocyte est en fait une cellule qui
recircule en permanence entre les différents compartiments de l’organisme. On distingue 3
groupes de lymphocytes T, B et NK (Natural Killer). On a vu leur répartition dans le TC.
- les monocytes sont de grandes cellules, à noyau de forme variable (dit classiquement en
drapeau), mais qui peut être encoché. Le cytoplasme contient des grains très fins violacés. Le
monocyte contient des lysosomes, est capable de phagocytose et exprime notamment une
activité enzymatique estérasique (inhibée par le fluorure de sodium, ce qui est spécifique à la
lignée monocytaire). C’est en fait une cellule de transit, qui va passer dans les tissus pour
donner différents types de cellules : histiocytes, microglie, cellules de Küppfer du foie,
ostéoclaste. Il y en a normalement moins de 1000/mm3.

c) Les plaquettes ou thrombocytes ne sont que des fragments de cytoplasme (issus de la


fragmentation des mégacaryocytes) de 2 µ de diamètre environ, au nombre de 150 000 à 400
000/mm3. Elles sont limitées par une membrane plasmique, et présentent dans la zone sous-
membranaire un réseau de canalicules communiquant avec l’extérieur. Elles contiennent au
MGG des granulations, qu’en ME on distingue en granules alpha et en granules denses. La
zone non granulaire, périphérique, du cytoplasme est optiquement vide et porte le nom de
hyalomère, la zone granuleuse, centrale, celle de granulomère. La durée de vie des plaquettes
dans le sang est de l’ordre de 8 jours. Elles sont capables de s’activer après liaison au
collagène sous-endothélial exposé en cas de plaie, ainsi que sous l’effet de divers médiateurs
(ADP…). Après activation, elles libèrent le contenu de leurs granules qui va provoquer
l’activation des plaquettes voisines, elles s’agrégent les unes aux autres et se fondent en un
« clou plaquettaire » qui représentera la première barrière après plaie vasculaire.

LE TISSU CARTILAGINEUX

Définition : variété de TC ayant une MEC rigide, non minéralisée et non vascularisée.

Généralités : le cartilage est la forme de squelette la plus ancienne (cf poissons


cartilagineux). Il est lié à la présence d’une SF rigide mais non calcifiée. Chez chaque
individu, le cartilage est le premier élément du squelette à apparaître. L’ossification fera en
partie appel au cartilage (ossification enchondrale).

Les constituants du cartilage

1) La cellule : chondrocyte/chondroblaste
Comme pour le fibroblaste, il existe une dualité entre forme active et forme quiescente, mais
peut-être un peu moins nette. Le chondrocyte a un appareil de synthèse développé. Il a une
forme arrondie et non fusiforme, et possède de petites microvillosités trapues, ainsi que du
26

glycogène et des vacuoles lipidiques. Il synthétise les constituants de la matrice


extracellulaire, qui va finir par constituer une logette l’enfermant complètement, le
chondroplaste. En fait, si cette logette est bien réelle, l’aspect microscopique est trompeur : il
n’y a pas in vivo d’espace entre membrane plasmique et limite du chondroplaste, mais au
contraire une solidarité étroite entre cellule et MEC.
Le chondroblaste a un aspect plus immature,: on le rencontre notamment dans la partie la
plus périphérique du cartilage, la couche chondrogène du périchondre. Il s’agit en fait de la
même variété cellulaire que le chondrocyte, mais sous forme plus active.
La densité cellulaire du cartilage est faible et inversement proportionnelle à son épaisseur.

2) Les fibres
La base est constituée par des fibres collagènes de type II. Il s’agit d’un collagène de type
fibrillaire, qui tend à rester sous forme purerment fibrillaire, sans former de faisceaux, et qui
n’est donc pas observable dans les conditions habituelles en MO : la MEC a un aspect
amorphe en MO. Certains cartilages contiennent une certaine quantité de fibres élastiques
(cartilage élastique) ou de fibres de collagène de type I (cartilage fibreux).

3) La substance fondamentale
De même nature que la SF du TC, elle contient une proportion plus grande de GAGs sulfatés
et notamment de chondroïtine sulfate (60%). Il y a 40% de kératane sulfate. Le milieu est
donc moins hydraté (et l’eau liée proportionnellement plus importante), ce qui accroît la
solidité. Il n’y a pas de calcification de la MEC qui est donc transparente aux rayons X.

Organisation du cartilage

Les chondrocytes restent à l’état isolé dans leur chondroplaste. Un chondroplaste peut
contenir 2 chondrocytes voire plus lorsqu’une division cellulaire vient de se produire, et que
les cellules-filles n’ont pas eu le temps d’élaborer une cloison de MEC entre elles.
Les fibres sont disposées selon une distribution hiérarchisée :
- autour de une ou plusieurs logettes, elles sont à disposition circulaire : fibres en
panier délimitant un domaine ou chondrone, qui est l’unité de base fonctionnelle du
cartilage. Un chondrone contient souvent un seul chondroplaste ; il peut en contenir
plusieurs, si une division cellulaire s’est produite peu avant : les cellules-filles n’ont
pas eu le temps d’élaborer un nouveau trousseau de fibres en panier.
- Les fibres les plus longues sont les fibres interdomaniales (ou interterritoriales), qui
sont réparties selon les lignes de force.
Le cartilage est en effet soumis fréquemment à des contraintes mécaniques considérables : on
évalue à 200-300 atmosphères la pression qui s’exerce sur un cartilage articulaire du genou en
position debout ! On comprend ainsi l’importance de la répartition spatiales des fibres, selon
des lignes de force, optimisant les contraintes. Les fibres les plus longues, dites arciformes, se
disposent selon ces lignes de contrainte.
A l’exception des cartilages articulaires, les pièces cartilagineuses sont entourées par un TC
dense richement vascularisé, le périchondre.
La nutrition du cartilage ne se fait pas par une vascularisation propre, mais à partir du
périchondre. Les cartilages articulaires se nourrissent à partir du liquide synovial.
La croissance et la réparation du cartilage se produisent selon 2 modalités : appositionnelle et
interstitielle. Dans la croissance appositionnelle, la croissance se fait à partir du périchondre :
c’est un TC riche en fibres mais aussi en cellules et en vaisseaux. Les fibroblastes prolifèrent
et se transforment en chondroblastes qui synthétisent une MEC de type cartilagineux. La
croissance se fait donc par apposition de couches successives.
27

Dans la croissance interstitielle, les chondrocytes redeviennent très actifs donc


chondroblastes et se divisent au sein d’un cartilage déjà formé. Les cellules filles peuvent
prendre deux dispositions et former soit des groupes isogéniques axiaux, donnant un cartilage
sérié, où les cellules filles restent alignées : c’est exceptionnel en dehors des cartilages de
conjugaison (voir le chapitre sur l’os) ; ou bien les cellules sont disposées en tous sens : ce
sont les groupes isogéniques coronaires.

Les différents types de cartilage

1) Cartilage hyalin
Il s’agit du cartilage du nez, des bronches, des côtes et des cartilages articulaires. Les fibres
sont très majoritairement des fibres de collagène de type II, invisibles en morphologie
standard mais pouvant être mises en évidence par des colorations au rouge Sirius et/ou en
lumière polarisée.
2) Cartilage fibreux
Il siège dans les disques intervertébraux, les ménisques et l’insertion du tendon d’Achille. Les
fibres collagènes de type I y sont abondantes, en gros faisceaux multidirectionnels.
3) Cartilage élastique
Il constitue le pavillon de l’oreille et l’épiglotte. Il est proche du cartilage hyalin, mais
contient de nombreuses fibres élastiques.

LE TISSU OSSEUX

Définition : TC spécialisé dont la MEC est calcifiée, ce qui lui confère rigidité et solidité,
jouant un rôle mécanique et un rôle métabolique général (homéostasie calcique).

Généralités : La MEC osseuse contient 2 phases : une phase minérale et une phase organique
comprenant de nombreuses protéines. Le « squelette », au sens commun du terme, ne
représente pour l’essentiel que la phase minérale de l’os. L’os vivant est un milieu beaucoup
plus complexe. Ne voir que le côté mécanique serait passer à côté de très nombreuses
fonctions de l’os (par exemple métabolisme du calcium). La calcification n’est pas en soi une
caractéristique exclusive de l’os : on la rencontre souvent au cours du vieillissement (par
exemple dans la paroi des artères). Ce qui est caractéristique ici, c’est qu’il s’agit d’une
calcification physiologique, nécessaire et obligatoire.

Les constituants du tissu osseux :

1) les cellules
On distingue 4 types cellulaires dans l’os, qui proviennent de 2 lignées différentes, TC
« classique » qui donne les 3 premiers types et lignée hématopoïétique, qui donne le dernier.
L’ostéoblaste se localise à la surface de l’os. C’est une grande cellule polygonale, basophile
en MO, et alignée avec ses voisines formant la ligne ostéogène d’Ollier, qui est un pseudo-
épithélium. En ME, c’est une cellule qui présente tous les caractères d’une cellule
métaboliquement active, mais polarisée, avec un pôle synthétique tourné vers l’os et le noyau
au pôle opposé. Il y a quelques prolongements grêles qui s’enfoncent dans la MEC de
voisinage, correspondant à de l’os néoformé, non encore calcifié (substance pré-osseuse),
28

voire dans l’os calcifié sous-jacent. L’ostéoblaste peut entrer ainsi en contact avec les
ostéocytes les plus superficiels. L’ostéoblaste synthétise tous les constituants de la matrice
osseuse, et intervient dans le mécanisme de calcification de façon encore discutée. 10% des
ostéoblastes se laissent enfermer dans la MEC calcifiée et deviennent des ostéocytes. Les
autres restent en périphérie de l’os et continuent à apposer des couches successives de MEC.
Leur métabolisme peut se ralentir : ils deviennent alors des cellules bordantes.
Les ostéocytes sont des cellules enfermées dans la MEC calcifiée, dans une logette,
l’ostéoplaste. La cellule forme de nombreux prolongements qui s’enfoncent dans la MEC et
viennent au contact des ostéocytes et des ostéoblastes voisins, avec les prolongements
desquels elles nouent des jonctions communicantes, qui servent au transfert de l’information
et de nutriments. Les canalicules permettant ce passage sont les canalicules de Holmgren. Le
cytoplasme semble moins actif que celui des ostéoblastes, mais contient encore quelques
organites. L’ostéocyte ne se divise en principe plus : c’est une cellule terminale.
Les cellules bordantes sont des cellules métaboliquement peu actives, mais qui peuvent
redevenir des ostéoblastes. Elles ont un aspect aplati en formant une couche pseudo-
épithéliale (car sans lame basale). Elles possèdent également sur la face au contact de l’os des
prolongements qui peuvent entrer en contact avec les ostéocytes. Elles jouent un rôle de
régulation de passage des nutriments vers l’ostéocyte. Elles ont aussi un rôle de « protection »
de la surface osseuse, la mettant à l’abri de l’action de la 4ème variété de cellules, les
ostéoclastes.
Les ostéoclastes sont de grandes cellules (50-100 µ), plurinucléées (jusqu’à 30-50 noyaux).
Ils se forment à partir des monocytes, selon des modalités complexes. Cette formation est
favorisée par des médiateurs issus des ostéoblastes dans des conditions particulières. Ils sont
mobiles et contiennent de nombreux lysosomes (surtout primaires et quelques secondaires), ce
qui laisse prévoir un rôle important de « digestion » osseuse. La cellule est polarisée et porte
des microvillosités sur la face osseuse, doublées de nombreux microcanalicules. Au bord de la
zone ostéoclastique en regard de l’os, l’ostéoclaste est fixé à celui-ci et notamment à certaines
protéines de la matrice osseuse par des intégrines spécifiques, formant le podosome. Cette
fixation forte permet d’assurer un certain degré d’étanchéité de la zone en regard de la face
osseuse de l’ostéoclaste : c’est la chambre de résorption où l’ostéoclaste peut maintenir un pH
acide grâce à une pompe à protons couplée à une anhydrase carbonique. L’acidité favorise la
lyse osseuse et active les enzymes lysosomiales déversées au niveau des microvillosités. Les
ostéoclastes agissent le plus souvent en groupe. L’activité de résorption aboutit à la formation
d’une lacune dans l’os, la lacune de Howship. Cette cavité sera ensuite comblée par la
formation d’un nouvel os. L’activité ostéoclastique est stimulée par la PTH (parathormone,
élaborée par les glandes parathyroïdes) et la vitamine D, et inhibée par la calcitonine
(synthétisée par une population minoritaire de cellules de la thyroïde, les cellules C).

2) La MEC
Elle comprend d’abord des fibres, qui sont essentiellement des faisceaux de collagène de type
I, dont l’orientation diffère selon le type d’os : multidirectionnelle dans l’os primaire, en
lames concentriques d’orientation complémentaires dans l’os secondaire (au sein de chaque
lamelle toutes les fibres ont la même direction, qui change d’une lamelle à l’autre), formant
selon le type d’os secondaire des cylindres (os compact) ou des spicules (os spongieux).
La SF comprend les mêmes constituants que dans le TC, mais avec une proportion spécifique
des divers GAGs. Il y en a une forte proportion de sulfatés, ce qui va donner une forte
compacité à cette SF, qui contient moins d’eau que la SF du TC lâche, mais encore plus de
50% de la masse totale sera imputable à l’eau sur un os vivant.
Les protéines à fonction structurale (colle biologique) sont représentées par de la
fibronectine et des protéines spécifiques du TO : ostéocalcine (qui favoriserait la fixation du
29

calcium), ostéopontine (qui fait le lien entre cristaux minéraux et cellules osseuses),
ostéonectine (qui favoriserait la minéralisation par sa double fixation au calcium et au
collagène), sialoprotéine osseuse et thrombospondine (qui permet l’attachement des cellules à
la MEC via une intégrine). Il existe en outre noyés dans la SF des facteurs de croissance (IL-
1, IL-6…) et des protéines régulant la morphogénèse de l’os (BMP Bone morphogenetic
proteins, au nombre de 8). La présence de ces facteurs liés à la MEC jouera un grand rôle sur
le couplage fonctionnel entre ostéoblastes et ostéoclastes.
Ce qui est tout à fait caractéristique de l’os, c’est la présence d’une forte minéralisation,
essentiellement liée à la présence de calcium. L’os contient plus de 98% du calcium de
l’organisme. Les minéraux, organisés sous forme de cristaux comprennent aussi d’autres
cations (Na+, K+, Mg2+). Ils comprennent bien des anions en quantité équivalente : CO3--,
SO4--, F-, citrates et surtout phosphates. Le sel le plus abondant est du phosphate tricalcique,
qui se dépose sous forme de cristaux d’hydroxyapatite, de forme hexagonale, alliant à la fois
solidité et grande surface d’échange. Ces cristaux sont liés aux fibres de collagène. La MEC
du TO est donc extrêmement solide. Elle constitue d’autre part un réservoir mobilisable au
moins en partie de Ca et de phosphates. Plusieurs hormones vont jouer un rôle essentiel : la
parathormone va stimuler l’ostéolyse et faire libérer du calcium. La calcitonine aura l’effet
inverse.
Le rôle de la vitamine D est complexe : elle favorise l’action des ostéoclastes, mais elle
favorise aussi la fixation du calcium sur l’os ne serait-ce qu’en augmentant l’absorption
intestinale du calcium et en réduisant sa fuite urinaire. L’effet prédominant semble en fait
dépendre de la concentration de la vitamine D dans les tissus. A forte dose, la stimulation de
l’ostéolyse prédomine, avec diminution de la masse osseuse. La vitamine D est cependant
nécessaire à la fixation du calcium sur l’os. En cas de carence profonde, on assiste chez
l’enfant à un rachitisme et chez l’adulte à une ostéomalacie (formation d’un os peu minéralisé
et donc peu résistant, possibilité de déformation des os). On préconise souvent une
supplémentation modérée en calcium et en vitamine D à partir d’un certain âge, ce qui
diminuerait le risque de fracture.

Les différents types de tissu osseux

Il faut d’abord opposer os primaire, qui est le premier à se former, et os secondaire, qui ne se
formera que par la suite.
1) L’os primaire se caractérise par le fait que les fibres y sont dirigées dans toutes les
directions. Ce type d’os n’existe de façon abondante que chez le fœtus ou le jeune enfant.
Chez l’adulte, il est limité à certaines zones (insertion du tendon d’Achille, cal osseux après
fracture…).
2) L’os secondaire est plus structuré : les fibres ne sont pas orientées au hasard. On distingue
l’os compact et l’os spongieux.
L’os compact (ou haversien) est constitué de lamelles séparées par un mince film de SF
formant des cylindres emboîtés concentriques, où l’orientation des fibres de collagène varie
d’une couche à l’autre, mais est constante au sein d’une même lamelle : il se forme ainsi un
système dit de Havers, formés d’ostéones (ou ostéons, chaque ostéon représentant un
emboîtement de 4 à 20 lamelles concentriques). L’axe de l’ostéon (ou canal de Havers)
contient du TC lâche appartenant à l’endoste (tissu conjonctif lâche en continuité entre les
différents ostéons et, le cas échéant, avec la moelle osseuse voisine), avec des vaisseaux et des
nerfs. L’os compact comprend également des canaux transversaux, dirigés
perpendiculairement à l’axe de l’ostéon et en continuité avec les canaux de Havers), les
canaux de Volkmann, qui laissent passer les vaisseaux et les nerfs (l’os est un tissu très
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sensible). Il existe de grandes lamelles concentriques entourant l’os en périphérie et à la limite


de la cavité centrale : les systèmes fondamentaux externe et interne.
L’os spongieux ou trabéculaire est organisé selon le même principe de lamelles concentriques
structurées en spicules, formant des mailles délimitant un espace où est logée la moelle
osseuse. Il existe donc une surface importante de contact entre os et moelle osseuse,
expliquant les interrelations étroites qui seront détaillées plus loin. On aboutit à une structure
en éponge à larges mailles.
Un os donné comprend souvent en périphérie (ou zone corticale) de l’os compact. Pour la
partie centrale, il faut opposer les os plats, où cette partie centrale est constituée d’os
spongieux (et de moelle osseuse, souvent rouge, dans l’espace laissé libre entre les spicules
osseux) et les os longs, où l’os spongieux initialement formé au centre de la pièce osseuse
s’est quasiment délité, et où ne subsiste plus que la moelle (chez l’adulte souvent de type
moelle jaune). Quoiqu’il en soit, on trouve autour de l’os un tissu conjonctif dense mais très
actif, le périoste.

La formation du tissu osseux


1) Ossification : elle peut se faire selon 2 modalités, à partir du tissu conjonctif (ossification
endoconjonctive) ou à partir du cartilage (ossification endocartilagineuse).
L’ossification endoconjonctive part du TC. Les fibroblastes se transforment en ostéoblastes
qui élaborent une substance pré-osseuse. Un certain nombre d’ostéoblastes s’enferment dans
cette MEC et se transforment en ostéocytes. Il se forme ainsi un os primaire, non lamellaire,
dont les fibres sont disposées de façon multidirectionnelle.
L’ossification enchondrale (ou endochondrale ou endocartilagineuse) démarre à partir du
cartilage hyalin. Les chondroblastes prolifèrent puis s’hypertrophient (cartilage
hypertrophique) : leur cytoplasme accumule du glycogène et devient vacuolaire ; le
chondroplaste s’élargit, la matrice cartilagineuse est réduite à de fines travées et se calcifie.
Les chondrocytes meurent par apoptose. La MEC est alors envahie par des bourgeons
conjonctivo-vasculaires en avant desquels se trouvent des ostéoclastes qui vont digérer cette
matrice calcifiée. Avec les bourgeons arrivent des fibroblastes qui vont se transformer en
ostéoblastes, puis certains en ostéocytes, avec formation d’un os primaire non lamellaire.
Dans les 2 cas, cette ostéoformation d’os primaire est suivie de la transformation en os
secondaire. On observe alors l’irruption dans l’os primaire de bourgeons conjonctivo-
vasculaires, précédés d’ostéoclastes. Des ostéoblastes se forment à partir du TC de ces
bourgeons, mais il y là plusieurs vagues d’ostéoblastes qui apparaissent successivement,
chaque vague étant responsable de la formation d’une lamelle où toutes les fibres ont la même
orientation. Cette unité fonctionnelle associant ostéoclastes, bourgeon conjonctivo-vasculaire
et ostéoblastes a été dénommée B.M.U. (Basic multicellular unit) par Frost. Les ostéoblastes
les plus anciens vont donner des cellules bordantes, peu actives, mais protégeant la substance
osseuse sous-jacente vis à vis des ostéoclastes.

2) Formation et croissance des différents os


La formation de l’os (au sens de pièce anatomique donnée : fémur, humérus etc) se fera de
façon différente selon l’os considéré. Les os de la voûte du crâne et les petits os de la face (os
de membrane) vont se former par ossification uniquement endoconjonctive. Des foyers
osseux se développent au sein du TC. Il ne persistera en surface qu’un TC fibreux et
cellulaire, le périoste, qui va assurer la croissance en épaisseur de l’os.
Pour les autres os (os longs, os courts et reste des os plats), la structure initiale est
cartilagineuse, ayant grossièrement la forme de l’os définitif. Le schéma le plus simple à
comprendre est celui des os longs. L’ébauche initiale est cartilagineuse, faite de cartilage
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hyalin. On va distinguer dans l’os qui se forme différentes régions (diaphyse ou partie
centrale, épiphyse proximale et distale aux extrémités, et, entre épiphyses et diaphyse,
métaphyses). On peut distinguer plusieurs phases qui s’enchaînent :
- La couche interne du périchondre (TC) de la région médiane de l’os ou diaphyse
donne une couche d’ostéoblastes (virole périchondrale, et dès que de l’os apparaît le
périchondre prend le nom de périoste), par un phénomène d’ossification
endoconjonctive.
- Au centre de la diaphyse, les chondrocytes prolifèrent (cartilage hypertrophique) et les
autres étapes de l’ossification endocartilagineuse se succèdent. Des bourgeons
conjonctivo-veasculaires vont pénétrer dans la diaphyse de l’ébauche cartilagineuse
pour donner un premier foyer d’ossification de type endocartilagineux : c’est le centre
primaire d’ossification centrodiaphysaire.
- Le cartilage métaphysaire (qui va devenir le cartilage de croissance) commence à être
lui aussi le siège d’une ossification endocartilagineuse, mais, du fait de la
multiplication des chondroblastes sous forme de groupes isogéniques axiaux, il se met
en place un phénomène continu de croissance en longueur (voir plus bas).
- Plus tard, un noyau identique apparaît au niveau de l’épiphyse proximale, puis distale.
Les différents os voient les noyaux apparaître selon une chronologie extrêmement précise, si
bien que la simple radiographie standard permet de déterminer l’âge osseux, puisque le
cartilage est transparent aux rayons X à la différence de l’os. Cet âge osseux peut différer de
l’âge réel en fonction notamment de l’état hormonal et de nombre d’autres paramètres.
La croissance de l’os se fera de 2 façons. La croissance en épaisseur résultera d’une
ossification endoconjonctive à partir du périoste : les ostéoblastes prolifèrent et forment de la
MEC où s’enferment quelques ostéocytes. La croissance en longueur résultera, elle, du
cartilage de croissance qui est le cartilage métaphysaire. La zone la plus éloignée de la
diaphyse est du cartilage hyalin, qui va servir de réserve (zone germinative). Au dessous se
trouve une zone où la prolifération cartilagineuse est active, avec formation de groupes
isogéniques axiaux, expliquant l’allongement de l’os : c’est la zone de cartilage sérié. Celui-ci
se transforme, selon les étapes classiques de l’ossification endocartilagineuse en cartilage
hypertrophique, qui va se calcifier, avec mort des chondrocytes, pénétration de bourgeons
conjonctivo-vasculaires et ossification primaire. La prolifération de la couche germinative est
stimulée par l’hormone de croissance (GH, élaborée par l’hypophyse), par les hormones
thyroïdiennes et par les oestrogènes (même chez l’homme où la testostérone est transformée
en œstrogènes dans le chondrocyte par une aromatase), qui favorisent la multiplication mais
limitent également le nombre des mitoses possibles pour les chondroblastes de la zone
germinative, qui ne sont donc pas de vraies cellules souches. Une fois ce nombre limité de
mitoses atteint, c’est à dire à la fin de la puberté, le cartilage de conjugaison disparaît, ce qui
entraîne l’arrêt de la croissance.
Tout ceci explique un certain nombre de tableaux pathologiques. Notamment, s’il y a
production excessive d’hormone de croissance avant la puberté, on verra apparaître un
gigantisme. Par contre, si cet excès ne survient qu’après la puberté (par exemple en cas
d’adénome de l’hypophyse, tumeur bénigne sécrétant de beaucoup d’hormone de croissance),
seule la croissance en épaisseur restera possible, donnant le tableau typique d’acromégalie
(gros crâne, épaississement des arcades sourcilières, des pieds et des mains…).

3) Le remodelage osseux
L’os secondaire une fois formé ne reste pas figé, mais évolue continuellement pour s’adapter
aux contraintes mécaniques et aux nécessités métaboliques. Ce remodelage se fait selon le
modèle de la BMU vu plus haut : l’os est détruit par un front d’ostéoclastes, suivi d’un
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bourgeon conjonctivo-vasculaire amenant des cellules conjonctives qui vont se transformer en


ostéoblastes et former un nouvel ostéone. Ce phénomène est rapide, puis qu’on estime qu’il
est complet en 3 mois. Le remodelage de l’os spongieux est plus important que celui de l’os
compact : un adulte normal renouvelle le quart de sa masse d’os spongieux chaque année,
alors que ce renouvellement n’intéresse que 4% de la masse d’os compact. Le phénomène
suppose un couplage parfait des ostéoclastes et des ostéoblastes. Sous l’effet de la 1,25 OH-
vitamine D3 et d’une prostaglandine (la PGE2), les cellules bordantes se rétractent et
exposent la MEC sous-jacente. Il y a en outre synthèse de collagénase qui va détruire la
couche superficielle non calcifiée de cette MEC. Les ostéoclastes entrent alors en action (avec
l’action facilitante de la parathormone) et constituent une lacune de Howship, avec
constitution dans la foulée d’une BMU. La résorption osseuse libère des facteurs de
croissance emprisonnés dans la matrice, ce qui favorise et module la différenciation
d’ostéoblastes à partir des fibroblastes de la BMU, qui prennent le relais et procèdent à la
reconstruction osseuse. Différentes hormones, notamment les stéroïdes sexuels, interviennent
dans cette phase. La fixation de calcium nécessite aussi l’action de certaines hormones,
notamment la calcitonine, ainsi que de la vitamine D.
De façon idéale, les phases de destruction et de reconstruction sont étroitement liées
quantitativement, maintenant constante la masse osseuse. Ceci suppose cependant que
l’imprégnation hormonale, notamment des hormones sexuelles, soit suffisante. En cas de
déséquilibre, on aboutira à une ostéoporose, particulièrement chez la femme, du fait de la
ménopause et ceci d’autant plus que cette ménopause a été précoce. Parmi les médiateurs qui
interviennent dans l’activation des ostéoclastes, certains proviennent notamment des cellules
hématopoïétiques et d’adipocytes de la moelle osseuse. En pathologie, certaines proliférations
malignes de cellules présentes dans la moelle osseuse peuvent activer les ostéoclastes de
façon importante : ceci aboutit à une destruction osseuse découplée de l’ostéoformation,
aboutissant à une fragilisation de la région considérée : il y a un risque de fracture
pathologique (c’est à dire pour un traumatisme minime voire spontanément), et sur la
radiographie l’existence de lacunes osseuses. S’il y a un excès de parathormone (adénome
parathyroïdien par exemple), on assistera aussi à un excès de destruction osseuse. Dès qu’il y
a excès de destruction osseuse, il y a aussi excès de libération de calcium dans le sang, d’où
risque d’hypercalcémie.

Les fonctions de l’os


Elles résultent immédiatement de ce qui a été dit ci-dessus.
L’os joue un rôle mécanique essentiel, de maintien de la forme du corps et de répartition des
charges. Ceci aboutit d’ailleurs à des variations de taille au cours du temps, en fonction des
contraintes : on se tasse en cours de journée de façon réversible, et au cours des années de
façon irréversible. Il est en outre évident que l’os est indispensable à la transmission du travail
mécanique fourni par les muscles, et donc au mouvement.
L’os est un tissu qui se répare. Après facture, il se forme plus ou moins rapidement un cal
osseux qui va ressouder les deux fragments osseux.
Le deuxième rôle est métabolique : l’os est un réservoir de calcium, et il y a une interrelation
étroite entre rôle mécanique et rôle métabolique.
Les ostéoblastes situés au contact de la moelle osseuse jouent un rôle que l’on sait maintenant
important dans la régulation de l’hématopoïèse.
Au total, l’os, bien que très rigide, est un tissu très actif et vivant.
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LE TISSU MUSCULAIRE

Définition : Tissu hautement spécialisé dans la production d’un travail mécanique.

Généralités : La production d’un travail mécanique est une propriété fréquente des cellules
vivantes. Le macrophage, le fibroblaste, l’ostéoclaste sont par exemple des cellules mobiles.
Mais le tissu musculaire est pour l’essentiel fait de cellules dont c’est la fonction essentielle,
indissociable d’ailleurs de la production de chaleur. Ce travail mécanique ne sert pas au
déplacement de la cellule, mais il est transmis aux structures environnant la cellule
musculaire. Ceci suppose une étroite coordination de la cellule musculaire et des structures
qui l’environnent.
Ce tissu musculaire est constitué de fibres dont on distingue 3 variétés : la fibre musculaire
striée squelettique, qui est l’agent de la motricité volontaire, la fibre myocardique (qui est
aussi une fibre striée, mais organisée spécifiquement), dont on verra qu’elle fonctionne de
façon autonome, et enfin la fibre musculaire lisse, qui est le support de la motricité
involontaire, sous la dépendance plus ou moins étroite du système nerveux végétatif.
Le tissu musculaire est d’origine mésodermique, et il n’est, stricto sensu, constitué que de
fibres musculaires. L’organisation du muscle va inclure la participation d’autres tissus
notamment tissu conjonctif.

I. LE MUSCLE STRIÉ SQUELETTIQUE

La fibre musculaire striée (ou rhabdomyocyte)


La FMS est une grande cellule, dont la longueur peut atteindre 10 voire exceptionnellement
50 cm de longueur, de forme cylindrique (10-100 µ de diamètre). Elle a un aspect strié en MO
et en ME.

1) Les organites « classiques » :


La FMS est composée d’une membrane plasmique, ou sarcolemme, dont la structure de base
est celle de toutes les membranes cellulaires (avec cependant des différenciations particulières
qui seront vues ultérieurement : plaque motrice, points d’ancrage du système contractile à la
paroi…). Cette membrane plasmique est doublée sur son versant extracellulaire d’une lame
basale, dont la structure de base est la même que celle de toute lame basale, avec cependant
des particularités, notamment de la composition en sous-types de laminine.
LA FMS contient plusieurs noyaux (souvent plusieurs centaines), refoulés en périphérie, sous
la membrane plasmique. On retrouve les organites habituels des cellules (REL notamment
dont on verra la structure plus loin, Golgi) et surtout de nombreuses mitochondries, qui se
répartissent entre les structures contractiles. Le cytosquelette comprend des microtubules et
des filaments intermédiaires de desmine, et va relier les structures contractiles à la membrane
plasmique. On voit des dépôts de glycogène. Le cytoplasme contient d’importantes quantités
de myoglobine, qui fixe l’oxygène selon une courbe de dissociation différente de
l’hémoglobine, bien que leur structure soit proche (noyau héminique contenant du fer et
chaîne polypeptidique). L’ensemble du cytoplasme hors la partie contractile est appelé
sarcoplasme.

2) Le système contractile :
Il correspond au myoplasme, occupant la grande majorité de l’espace intracellulaire, et de
topographie relativement centrale. Il est fait de myofibrilles.
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En MO, cet appareil contractile apparaît comme une succession de bandes ou disques sombres
(A pour anisotrope, en lumière polarisée) séparés par des disques clairs (I, pour isotropes)
chaque disque I comprenant en son milieu un mince trait sombre, la strie Z. L’unité
fonctionnelle contractile, ou sarcomère, se compose d’une bande A et des 2 demi-disques I
adjacents, et est donc limité par 2 stries Z consécutives. La bande A apparaît comme
hétérogène à fort grossissement, avec en son milieu une bande H plus claire, parcourue en son
milieu par une strie sombre, la strie M. Le sarcomère mesure 2,5 µ au repos.
En ME, on montre que cette disposition s’explique par l’interpénétration de deux types de
myofilaments : myofilaments épais dont l’analyse montre qu’ils sont composés de myosine, et
myofilaments fins d’actine, associée à de la troponine et à de la tropomyosine. La bande A
correspond au chevauchement des myofilaments épais de myosine et des myofilaments fins
d’actine. La bande H correspond à une zone où ne se trouvent que des filaments épais seuls, et
la strie M à une zone de renflement médian de ces filaments de myosine, au niveau de
laquelle se font des liens entre filaments épais. La bande I correspond à des filaments fins
seuls, la strie Z à une interpénétration des filaments fins de 2 sarcomères voisins, qui sont
d’ailleurs reliés par un système de pont entre les filaments fins de chaque sarcomère, fait
d’lpha-actinine. C’est l’extrême régularité de disposition et de position relative de chaque type
de filaments qui donne à la fibre son aspect strié.
En ME en coupe, la disposition est elle-même extrêmement précise et logique. Dans les zones
de chevauchement entre filaments épais et filaments fins, la disposition de ces derniers se fait
de façon hexagonale autour de chaque filament épais.
Si l’on passe à l’échelle moléculaire, il faut distinguer :
- la myosine, formant les filaments épais. Les molécules de myosine sont disposées tête-
bêche. Chaque molécule de myosine est formée de 2 chaînes lourdes identiques et de 2 paires
de chaînes légères. Toutes ces chaînes existent sous différentes isoformes, exprimées de façon
variable au cours du développement et d’un muscle à l’autre, ce qui a des répercussions sur le
type de contraction que pourra assurer ce muscle (lente ou rapide). Les 2 chaînes lourdes
s’enroulent en torsade et une zone de structure globulaire les termine à une extrémité (têtes de
myosine). Les têtes émergent de l’enroulement selon une disposition elle-même hélicoïdale.
Les chaînes légères se localisent à l’émergence de la zone globulaire. Dans la strie M se font
des liens entre filaments de myosine, à l’opposé des têtes, par des filaments de myomésine et
de M-protéine. La tête de la myosine a une activité ATPasique dépendante de l’actine. La
titine est une molécule élastique non vue en ME qui, dans chaque demi-sarcomère, relie les
filaments de myosine à la strie Z et permet de maintenir un alignement strict, tout en
empêchant un étirement excessif du sarcomère.
- l’actine est le constituant principal des filaments fins. C’est en fait un polymère sous forme
filamentaire d’unités d’actine qui est par elle-même une protéine globulaire. La molécule est
faite d’une double hélice, à laquelle s’associent la tropomyosine qui stabilise la structure et la
troponine, formée de 3 sous-unités I, C et T, qui se dispose en regard des têtes de myosine et
qui peut coulisser sur la double hélice d’actine, en fonction de la concentration locale en
calcium. Il existe enfin des protéines de structure d’importance moindre, la tropomoduline et
la nébuline. Les disques Z sont faits de filaments d’alpha-actinine disposés en carré.

3) Le système canaliculaire et l’organisation du réticulum sarcoplasmique :


La membrane plasmique (sarcolemme) émet, sous la MB, des invaginations dans le
cytoplasme : les tubules T, à hauteur de la jonction entre bande A et I. Le réticulum
sarcoplasmique (REL), lui, est très développé et forme un réseau grillagé autour des
myofibrilles, avec un renflement (citerne terminale) à la hauteur A-I. L’extrémité du tubule T
et les 2 citernes adjacentes forment la triade. Ce système permet un flux rapide de calcium
jusqu’au contact des myofilaments.
35

4) La liaison du système contractile à la membrane basale et/ou la MEC :


Elle se fait de deux façons :
- par un complexe faisant intervenir dystrophine, protéine sarcoplasmique située sous la
membrane plasmique. La dystrophine se lie d’une part à l’actine sous-sarcolemmique
et aux syntrophines (protéines intracytoplasmiques sous-sarcolemmiques) et d’autre
part à un complexe protéique comprenant 5 glycoprotéines transmembranaires (dont la
sous-unité ß du dystroglycane et l’adhaline) et d’une protéine extracellulaire, la sous-
unité  du dystroglycane qui se lie à la laminine de la lame basale (ou plus
précisément la laminine 2 dont la chaîne alpha-2 est la mérosine).
- Latéralement, dans la cellule, le lien se fait avec l’actine par une association au niveau
de la strie Z de multiples protéines (vinculine, taline notamment et  actinine) se liant
à une intégrine, récepteur de la fibronectine et faisant le lien avec la MEC. On donne
le nom de costamère (ou de point focal d’adhérence) à cet enchaînement (attention :
certains appellent costamère l’ensemble de ces deux dispositifs d’attachement).

Différentes myopathies s’expliquent d’un point de vue moléculaire par une mutation de gène
codant pour l’une de ces protéines. L’une des mieux connues, la myopathie de Duchenne, est
due à une mutation du gène de la dystrophine. Ce gène est porté par le chromosome X. La
maladie se transmet donc sur le même mode que l’hémophilie, transmise par les femmes,
mais ne touchant que les hommes.

5) La jonction neuromusculaire : la plaque motrice sera vue avec le tissu nerveux.

La contraction musculaire : corrélations structure/fonction.

Elle ne sera pas étudiée ici, puisque son mécanisme sera exposé dans le cours de physiologie
correspondant.
36

Les différents types de FMSS (Fibre musculaire striée squelettique)

1) Cellules extrafusales
Elles représentent la majorité des fibres. On en distingue 2 types : type I dans les muscles dits
rouges, qui sont riches en myoglobine, en mitochondries, en enzymes oxydatives, qui donnent
une contraction lente mais soutenue et qui correspondent aux muscles posturaux ; type II de
contraction rapide mais fatigables, qui eux sont riches en ATPase et en glycogène. Le type est
régulé notamment par le type d’innervation : une unité motrice (c’est à dire l’ensemble des
fibres innervées par un même motoneurone) ne contient qu’un seul type de FMS.

2) Cellules satellites
Sous la basale, plaquées contre la FMSS se trouvent les cellules satellites, petites cellules
quiescentes, possédant un seul noyau et un cytoplasme très réduit. Ce sont des cellules à partir
desquelles le muscle peut se régénérer. En cas de lésion d’une FMSS, ces cellules vont se
multiplier, les cellules adjacentes vont fusionner pour former des myotubes, qui en
s’allongeant progressivement permettront de reformer une FMSS complète.

3) Cellules intrafusales
Elles constituent le fuseau neuromusculaire, qui est un récepteur permettant d’évaluer le degré
d’étirement du muscle. L’ensemble du fuseau est orienté dans le même sens que le muscle lui-
même. Il se compose de cellules musculaires intrafusales, qui sont des FMS particulières,
innervées par des voies afférentes et efférentes. Les FMS intrafusales sont au maximum une
dizaine. Elles sont de 2 types : à chaîne nucléaire, avec des noyaux centraux en file, ou
cellules à sac nucléaire, renflées en leur milieu où sont accumulés les noyaux. Elles sont
contractiles, mais leur travail moteur est négligeable. Les afférences motrices proviennent de
la corne antérieure de la moelle (motoneurone gamma). Ces motoneurones sont régulés de
façon inconsciente par le tronc cérébral. Ils assurent un certain degré de tonus au fuseau. Les
efférences sensitives sont assurées par des neurones dont le corps cellulaire se trouve dans les
ganglions rachidiens. Ces terminaisons sensitives (dont on décrit 2 variétés de caractéristiques
fonctionnelles différentes) s’enroulent comme un ressort autour des fibres intrafusales. Leur
degré d’étirement, compte-tenu du fait que le tonus de base des FMS intrafusales les met juste
en-dessous de leur seuil de déclenchement, permet d’informer le SNC sur le degré d’étirement
du muscle.
Le fuseau est entouré d’une capsule conjonctive propre.
Une structure proche, l’organe myo-tendineux de Golgi, se trouve dans les tendons.

L’organisation du muscle strié squelettique

La fibre n’est pas le seul composant du muscle. Si l’on étudie un muscle à des grossissements
successifs, on voit, en partant des fibres :
- autour des fibres, la lame basale,
- puis un tissu conjonctif lâche, l’endomysium, contenant les terminaisons nerveuses et les
capillaires,
- le périmysium, qui est un TC dense où cheminent vaisseaux et nerfs, délimitant des
faisceaux au sein du muscle,
- une mince zone de TC lâche puis
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- une enveloppe externe conjonctive, l’épimysium, faite de TC dense qui peut être entouré
d’une structure de type TC orienté non unitendu, donc disposé en plusieurs couches,
l’aponévrose, pour les masses musculaires les plus volumineuses

Les FMS les plus longues peuvent avoir la même longueur que le muscle. D’autres, plus
courtes, s’articulent avec le conjonctif de l’endomysium. L’extrémité du muscle se prolonge
par les tendons. Ceux-ci sont faits d’un TC dense unitendu, les fibres de collagène très
compactes s’articulant avec la lame basale qui entoure les FMSS.

La vascularisation est abondante, et fonction de l’importance du travail musculaire.


L’innervation motrice provient de la corne antérieure de la moelle épinière, à partir des
motoneurones (alpha pour les FMS extrafusales, gamma pour les intrafusales). Chaque
neurone innerve plusieurs FMS.

II. Le tissu myocardique

Il possède un certain nombre de particularités structurales qui sont corrélées à la fonction


particulière du cœur qui a un fonctionnement permanent, dépensant une énergie importante et
absolument vital (une suspension de la circulation cérébrale supérieure à 3 minutes entraînant
des lésions cérébrales irréversibles). Les cellules musculaires de base du myocarde ont des
fonctions contractiles essentielles. Elles assurent aussi, à travers des cellules myocardiques
modifiées, 2 autres rôles : sécrétion endocrine et genèse d’un rythme cardiaque autonome.

Les différents types de cellules myocardiques


1) Les cardiomyocytes contractiles
En MO, la fibre myocardique est une fibre striée, dont la forme est différente de la FMS
squelettique. La cellule a une forme de cylindre bifurqué. Elle est entourée d’une lame basale.
Les cardiomyocytes forment des réseaux tridimensionnels complexes, formés d’une
associations de fibres myocardiques faites de cardiomyocytes alignés. Le noyau est unique et
central. Les organites se trouvent nombreux dans la zone périnucléaire. La jonction entre
cellule est nettement visible et porte le nom de stries scalariformes, formées de petites lignes
transversales et longitudinales. Le cardiomyocyte ne se divise pas et il n’y a pas de cellule
satellite dans le myocarde (d’où la tendance actuelle à injecter des cellules satellites de MSS
dans les cas d’infarctus myocardique avec insuffisance cardiaque majeure).
En ME, les myofibrilles sont organisés en sarcomères, de composition et de disposition
quasiment identique à ce que l’on voit dans le MSS. Cependant les tubules T sont localisés à
la hauteur de la strie Z (et non à la jonction A-I comme dans le MSS). Il n’y a pas de citernes
terminales, donc pas de triade, mais un rapport direct des tubules T avec le réticulum, formant
des diades. Il y a beaucoup de grains de lipofuscine et de glycogène. Les mitochondries sont
abondantes. Au niveau des stries scalariformes, on voit un grand nombre de desmosomes dans
la partie transversale (c’est à dire perpendiculaire à l’axe des myofibrilles) et de jonctions
communicantes dans la partie latérale (parallèle à l’axe des myofibrilles. Les stries
scalariformes se disposent au niveau des stries Z pour permettre une actions couplée des
différents sarcomères. Ces dispositifs assurent ainsi un double rôle : transmission des forces
mécaniques développées au sein du myocarde ; progression de l’influx électrique à travers les
jonctions communicantes, assurant un couplage électrophysiologique et une contraction
synchronisée des cardiomyocytes.
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2) Les cellules myoendocrines


Ce sont des cellules plus petites ne contenant pas de tubule T. Elles sont principalement
localisées dans les oreillettes et surtout l’oreillette droite. Elles ont une différenciation
endocrine nette et contiennent des grains de sécrétion à contenu hormonal de nature
peptidique (notamment hormone atriale natriurétique, sécrétée sous l’effet de la distension
auriculaire).

3) Les cellules cardionectrices


Elles sont responsables de la création du rythme cardiaque spontané et de sa transmission. Le
tissu cardionecteur se répartit de façon hiérarchique entre le nœud sinusal ou sino-auriculaire,
le nœud atrio-ventriculaire, le faisceau de His et le réseau de Purkinje. On distingue les
cellules nodales, qui sont des cardiomyocytes très modifiés, ayant perdu la plus grande partie
de leur matériel contractile et qui sont des cellules de petite taille et fusiformes. Elles ne
possèdent pas de stries scalariformes. On les trouve dans les 2 noeuds et dans le faisceau de
His. Les cellules du réseau de Purkinje sont des cellules de grande taille contenant beaucoup
de mitochondries et de glycogène mais encore peu de myofibrilles. Elles ont de nombreuses
jonctions, bien qu’elles ne possèdent pas de stries scalariformes. Les cellules les plus distales
ont une morphologie qui se rapprochent progressivement de celle des cardiomyocytes
contractiles, avec lesquels elles vont finir par s’articuler.

L’organisation du tissu myocardique


Les cardiomyocytes contractiles forment un réseau tridimensionnel. L’espace laissé libre entre
les cellules contractiles est occupé par du TC lâche.
La partie contractile et la partie cardionectrice sont séparées par du TC dense. Les éléments
cardionecteurs cheminent à la frontière entre endocarde (la zone la plus interne du cœur) et
myocarde. La vascularisation est abondante et de type terminal (chaque artériole est
responsable de la vascularisation d’un secteur, sans suppléance possible).

III. Le tissu musculaire lisse

Agent de la contraction involontaire, la FML va se retrouver notamment dans la paroi des


viscères et de vaisseaux.

1) La FML
En MO, la FML a un aspect fusiforme de 20-200 µ de long. Les organites cytoplasmiques
sont regroupés aux 2 pôles du noyau, qui est unique. La majeure partie du cytoplasme est
occupée par des myofilaments d’actine et de myosine non regroupés en sarcomères et
allongés selon le grand axe de la cellule. En ME, chaque myofilament épais de myosine est
entouré de 12 à 15 myofilaments fins d’actine. La myosine n’est pas la même que dans la
FMSS. Il n’y a pas de troponine. La cellule contient peu de myoglobine. Elle est entourée
d’une lame basale. Les filaments s’attachent à la membrane plasmique via des zones (ou
corps) denses constituées d’alpha-actinine sous-membranaires. S’attachent aussi des filaments
intermédiaires de desmine et de vimentine.
Le lien entre le cytoplasme et la MEC met en jeu des données déjà vues avec le TC. La
membrane plasmique présente 2 grandes zones :
- les plaques d’adhérence accrochent les filaments d’actine à la paroi, et les relient à des
intégrines, qui se lient notamment à la fibronectine, elle-même reliée à la MEC
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- les zones cavéolaires, situées entre les plaques d’adhérence, contiennent notamment de la
cavéoline. Celle-ci est reliée à la dystrophine et à une série de molécules associées. Ce
complexe transmembranaire est capable de lier la laminine et donc la lame basale.
Les FML peuvent en outre avoir entre elles de nombreuses jonctions communicantes, où la
basale disparaît. Le nombre de ces jonctions est directement corrélé à la synchronisation des
contractions, qui peut avoir une signification physiologique : par exemple, pendant la
grossesse, il y a peu de jonctions communicantes entre les FML de l’utérus. La contraction est
donc asynchrone et l’utérus ne se contracte pas en masse. En fin de grossesse, notamment en
fonction du contexte hormonal, ces jonctions deviennent nombreuses et la contraction en
masse en est facilitée, ce qui débouche sur l’accouchement.
Les FML sécrètent une part importante de la MEC qui les entoure, à l’exception de l’acide
hyaluronique.

2) Les différentes variétés de FML


a) Le type décrit ci-dessus correspond aux FML des viscères.
b) FML des parois vasculaires : elles ont des particularités phénotypiques. On en distingue les
péricytes, qui ont des marqueurs communs, mais sont limités à la paroi de certains capillaires.
c) cellules myoépithéliales : cf glandes exocrines
d) cellules myoépithélioïdes (appareil juxtaglomérulaire du rein : sécrétion d’angiotensine)
e) myofibroblaste (cf TC).
Il semble en fait exister une sorte de continuum entre FML et fibroblaste, qui ont une origine
embryologique commune.

3) Les différents types d’organisation du tissu musculaire lisse


a) FML isolées : se voient par exemple dans les capsules conjonctives (la rate par exemple),
certaines régions de TC (scrotum, mamelon)…
b) FML en couches concentriques : c’est le cas le plus fréquent. Il y a une superposition de
couches d’orientation complémentaire (p.ex. dans le TD, avec le plus souvent une couche
circulaire, autour de la lumière, entourée d’une couche longitudinale, organisée parallèlement
à l’axe de la lumière). On joue ainsi sur le calibre de la lumière et la longueur des différents
segments, ce qui aide la progression du contenu (veine, tube digestif).
c) Muscles organisés : rare (muscle arrecteur du poil, iris…).

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