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Faculté d’Économie S4 - Année 2022

Travaux Dirigés Macroéconomie 3


Série d’exercices 5 : Modèle ASAD et courbe de Phillips CORRECTION

Exercice 1
Considérons une économie caractérisée par une production
Yt = 10Nt
Avec Nt le volume d’emploi. La taille de la population active est normalisée à 1 (L = 1).
Le taux de chômage dans l’économie à la période t s’établit à 8% (ut = 0.08). La courbe de
Phillips augmentée des anticipation est la suivante :
πt = πte + 2 − 20ut
1. Déterminer le NAIRU de cette écomomie. Que pouvez vous en conclure ? Le NAIRU
est un indicateur économique qui, estimé économétriquement pour un pays et à un
instant donné, mesure approximativement le taux de chômage qui serait compatible
avec un taux d’inflation stable. En supposant des anticipations adaptatives πte = πt−1 ,
lorsque le taux d’inflation est stable on a πt = πt−1 , cela correspond à dire qu’il n’y
a pas d’erreur d’antcipations. Le NAIRU est calculé comme
2 − 20u = 0
. NAIRU=10%. Comme le NAIRU est plus grand que le taux de chômage observé
dans l’économie, alors l’économie évolue au dessus de son potentiel.
2. Déterminer la production potentielle de cette économie. La production potentielle est
la production Y lorsque le taux de chômage est égal au NAIRU. C’est une production
de moyen/long terme. Le potentiel désigne essentiellement la capacité d’une économie
à produire des biens et services lorsque toutes les ressources productives dont elle
dispose (en particulier le travail et le capital) sont mobilisées. Lorsque l’économie
atteint ce point, il n’y a pas de tensions inflationnistes dans l’économie.
u = (L − N )/L = 1 − N/L = 1 − Ȳ /10
Comme u de moyen terme est de 0.1 on a
0.1 = 1 − Ȳ /10
Ȳ = 9
. Le revenu courant est de
0.08 = 1 − Y /10
Y = 9.2
Output gap positif. Il y a des tensions inflationniste dans cette économie.

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Exercice 2
Supposons une production macroéconomique donnée par la relation suivante Yt = Ntα
avec 0 < α < 1. Nt représente le volume d’emploi. La taille de la population active est
normalisée à L = 1. Les firmes opèrent dans un contexte de concurrence imparfaite ce qui
leur permet d’appliquer un facteur de marge 1 + γ > 1 aux coût salariaux pour fixer leur
prix Pt . L’offre de travail est formalisée à l’aide de la relation suivante
wt
z(1 − ut ) = ; z>0
Pte

avec ut le taux de chômage, wt le salaire nominal, Pte le niveau général des prix anticipé.
1. Déterminez la fonction de demande de travail et donnez la courbe d’offre agrégée
(AS) qui établit une relation entre le produit Yt et le niveau général des prix Pt .
La fonction de demande de travail émane du programme d’optimisation de la firme
qui maximise son profit
Π = Pt Yt − Nt wt
CPO, productivité marginale du travail = coût salarial (salaire réel)
wt
αNtα−1 =
Pt
Comme les firmes appliquent un facteur de marge sur les coûts salariaux pour fixer
leur prix on a :
wt
Pt = (1 + γ) α−1
Nt
γ permet de capturer les éléments autres que les charges salariales, affectant les coûts
de production des entreprises et qu’elles répercutent sur leur prix (par exemple, coût
des matières 1ère, choc pétrolier...). Cet élément est une façon simple de capturer
une potentielle inflation par les coûts.
On combine ensuite avec l’équation d’offre de travail :

Pt αNtα−1 = z(1 − ut )Pte (1 + γ)


Pt αNtα−1 = zNt Pte (1 + γ)
Pt α = Nt2−α zPte (1 + γ)
2−α
zYtPte (1 + γ)
α

Pt = ; AS
α
Relation croissante entre le produit et le prix. Mécanismes macro : Une hausse du
produit entraine une diminution du taux de chômage, favorable pour les salariés
qui voient leur pouvoir de négociation s’accroitre. Ces derniers sont en capacité de
négocier des salaires nominaux à la hausse (voir la fonction d’offre de travail). Les
coûts de production de la firme augmentent ce qui pousse les prix à la hausse.

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2. Utilisez la courbe d’offre agrégée pour définir la relation théorique de la courbe de
Phillips dit “augmentée”. Commentez cette relation. Comment peut-on l’utiliser pour
expliquer les phénomènes de stagflation observés dans les années 70.
En remplaçant la production par son expression en fonction du taux de chômage
Yt = (1 − ut )α , on a :

z(1 − ut )2−α Pte (1 + γ)


Pt = ; AS
α
Pe
Pt z(1 − ut )2−α Pt−1
t
(1 + γ)
=
Pt−1 α
 e 
2−α Pt −Pt−1
Pt − Pt−1 z(1 − ut ) Pt−1
+ 1 (1 + γ)
+1=
Pt−1 α
z(1 − ut )2−α (1 + πte )(1 + γ)
1 + πt =
α
1 + πt
≈ 1 + πt − πte − γ
(1 + πte )(1 + γ)
z(1 − ut )2−α
πt = + πte + γ − 1
α
Selon cette relation l’inflation est une fonction décroissante avec le taux de chômage
et croissante avec le facteur de marge (qui permet de capturer l’inflation par les
coûts) et l’inflation anticipée par les salariés. Une hausse de l’inflation combinée à
une hausse du taux de chômage (stagflation) peut donc provenir d’une inflation par
les coûts ou d’une hausse des anticipations d’inflation. Les choc pétroliers de 70 ont
alimentée l’inflation par les coûts mais cet élément n’a pas été suffisant pour expliquer
la dynamique atypique entre relation chômage observée (voir faits stylisée dans le
cours). Il apparait évident que durant cette période, face à l’inflation grandissante et
persistente, le processus de formation des anticipations a changé. πe à progressivement
augmenté et c’est principalement cela qui a entrainé un déplacement de la courbe de
Phillips vers le haut, expliquant ainsi la possibilité d’avoir un taux de chomage élevé
combiné avec un taux d’inflation élevé.
3. Donnez l’expression de la courbe de Phillips dite “accélérationnsite”. Démontrez
que, selon cette relation, l’inflation s’accélère lorsque l’output gap d’une économie
est positif.
La courbe de Ph. accélerationniste est basée sur l’hypothèse d’anticipations adapta-
tives dites naı̈ves tel que πte = πt−1 . On a ainsi :

z(1 − ut )2−α
πt − πt−1 = +γ−1
α
Selon cette théorie, on observe une relation négative entre la variation de l’inflation
et le chômage et non entre le taux d’inflation et le taux de chômage. Cette relation
semble fidèle aux évidences empiriques observées entre 70’s-2000.

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L’output gap est l’écart entre la production effective de l’économie et sa production
potentielle Ȳ . Cette dernière définie le volume maximal de biens et de services que
l’économie peut produire en utilisant toutes ses facteurs de production en place. Ainsi,
elle correspond généralement au niveau maximal de production qu’une économie peut
atteindre sans pressions inflationnistes (elle correspond au volume produit lorsque le
taux de chômage est égal au NAIRU, le taux de chômage n’accélérant pas l’inflation).
La production potentielle vérifie donc :
2−α
z Ȳ α
0= +γ−1
α
2−α
z Ȳ α
γ−1=−
α
On peut donc écrire la courbe de Ph. accélérationniste comme :
z  2−α 2−α

πt − πt−1 = Yt α − Ȳ α
α
L’inflation s’accélère ssi
 2−α 2−α

πt − πt−1 > 0 ⇒ Yt α
− Ȳ α > 0 ⇒ Yt > Ȳ

Rq : on peut faire le corolaire avec le NAIRU : l’inflation s’accélère ssi le taux de


chômage est plus faible que le NAIRU (ut < ū)

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