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Chapitre I : Synthèse bibliographique

Ce chapitre vise à fournir une vue d'ensemble complète de l'étude de dangers pour les dépôts
de stockage de GPL, en incluant les aspects réglementaires, méthodologiques et pratiques,
afin de garantir la sécurité et la prévention des risques dans ces installations.

Nous commencerons par présenter le cadre réglementaire qui encadre ces études, notamment
les normes et réglementations nationales et internationales. Ensuite, nous détaillerons la
méthodologie utilisée pour réaliser une étude de dangers, ainsi que les outils d'analyse des
risques notamment la méthode Quantitative Risk Assessment (QRA).

Nous passerons également en revue les accidents majeurs survenus dans des installations
similaires pour identifier les types d'accidents souvent répertoriés, ainsi que les phénomènes
dangereux impliqués et les effets potentiels.
Partie A :

Comprendre le risque : une exploration des


fondements conceptuels
1. Danger et risque : Deux termes à ne pas confondre
Le terme "Danger" est souvent utilisé de manière interchangeable avec "risque", bien qu'il y
ait une distinction subtile entre les deux. En fait, un assez grand nombre d’études de dangers
et de risque s’appuient sur la connaissance des comportements techniques des produits
utilisés en faisant appel à des check-list obtenues grâces aux retours d’expériences. Les
experts complètent ensuite ces éléments de gravité par des critères probabilistes liés à la
mise en œuvre du flux agressif. A ce niveau-là, on se retrouve devant un danger connu et
caractérisé, il ne parait plus utile de réutiliser la notion de danger !
Cette façon de procéder peut entraîner une omission de la notion de danger une fois que
celui-ci est caractérisé, ce qui contribue à la confusion entre les termes "danger" et "risque".
Il paraît donc intéressant de préciser la nuance entre les deux concepts.

1.1. Le danger
Le danger a une connotation fataliste. Il se rapporte à tout source potentielle de dommage,
de préjudice ou d’effet nocif à l’égard d’une chose ou d’une personne. (Centre canadien
d’hygiène et de sécurité de travail (2020). Danger et risque – Généralités. p.1). Autrement
dit, le danger représente la capacité intrinsèque et certaine d'un élément ou d'une situation
(dont on sait que la rencontre ou l’interaction avec une cible considérée comme vulnérable)
va produire des dommages. Il suppose ainsi l’existence d’une cause le plus souvent d’origine
divine.

1.2. Le risque
Le risque est considéré comme « le fait de s’exposer à un danger, et ce dans l’espoir
d’obtenir un avantage » (Laurent Magne-Doctorant en sciences de gestion-2010-Histoire
sémantique du risque et de de ses corrélats). Cela signifie, que le risque est en quelque
sorte, un danger qui devient plus ou moins prévisible et calculable. En d’autres termes,
Lorsqu'il est possible d’identifier et évaluer à l’avance l’éventualité d’un évènement qui n'a
pas encore eu lieu, celui-ci est considérer comme une situation prévisible et quantifiable.
Ainsi, il devient possible de calculer le risque associé à ce danger.
Dans sa conception moderne, le risque est défini comme la probabilité qu'un dommage
survienne suite à une exposition à un danger. Cette notion est construite autour de la
combinaison de trois dimensions essentielles : l’évènement redouté, sa probabilité
d’occurrence et sa gravité. Sur cette approche (qualifiée comme quantitative), le terme
"risque" revêt deux sens distincts : dans un premier cas, il met l'accent sur la source du
danger, tandis que dans un second cas, il se concentre sur la cible exposée au risque. Ainsi, le
concept de risque englobe à la fois l'idée du danger lui-même et celle de l'exposition à ce
danger.
Figure 1 : Évaluation du risque en fonction de la probabilité et de la gravité
Ce double sens a eu une influence sur la construction des approches contemporaines de
prévention et gestion des risques. Un événement potentiellement dangereux ne génère un
risque que s’il est susceptible de porter atteinte à des enjeux humains, environnementaux,
économiques, culturels. Un risque naturel, par exemple, découle de la conjonction d'un
phénomène naturel aléatoire (ouragan, éruption volcanique…), de ses effets possibles sur
l’environnement immédiat et de la présence de personnes, de biens ou d'activités dans cet
environnement immédiat. La nuance est d’importance. Ainsi, un orage de forte intensité
dans une zone déserte présente un risque faible ; il en est tout autrement si cet orage
survient dans une zone fortement urbanisée.
(https://www.ineris.fr/fr/risques/est-risque/comment-definir risque#:~:text=%C2%AB
%20%C3%89ventualit%C3%A9%20d'un%20%C3%A9v%C3%A9nement%20futur,objet%20ou
%20tout%20autre%20dommage%20%C2%BB.

2. Le triptyque fondamental du concept de risque


Autour de ce concept central du risque, gravite une triplette hétérogène mais
complémentaire de notions. C’est l’évènement et sa couple probabilité-gravité. Dans ce qui
va suivre, nous effleurerons ces trois composantes.

2.1. Evènements séquentiels ou scénario


Quelle que soit l’activité considérée, la perte humaine, matérielle ou financière… peut être
perçue comme la conséquence d’un évènement redouté ou accident, lui-même aboutissant
d’un scénario d’accident décrit par l’enchaînement ou la combinaison de quatre événements
séquentiels : « présence d’un danger », « situation dangereuse », « accident ou événement
redouté » et « conséquence » (voir figure 2).
Les trois évènements moteurs du scénario d’accident, notés 2,4 et 6 sont :
- Les événements contact appelés aussi facteurs de risque d’exposition.
- Les évènements amorces appelés aussi facteurs de risque déclenchant.
- Les circonstances de l’instant, de la durée, du lieu et de l’environnement de
l’accident qui impactent directement les conséquences de l’accident appelés aussi
facteurs de risque aggravant.
Ces facteurs sont respectivement les causes génériques de la situation dangereuse, de
l’accident et des conséquences dans le scénario d’accident. Les 03 événements qu’il
engendrent, notés (situation dangereuse, événement redouté et conséquences) sont des
états de système appelés respectivement : état initial, état intermédiaire et état final. La
gestion des risques - principes et pratiques (3e éd.). Desroches, A., Leroy, A., & Vallée, F.
pp.9. (2015).).

Figure 2 : Evolution d’un scénario d’accident depuis ses causes jusqu’à ses conséquences La
gestion des risques - principes et pratiques (3e éd.). Desroches, A., Leroy, A., & Vallée, F.
pp.9. (2015).).
2.1.1. La situation dangereuse
Une situation dangereuse est un état d’exposition d’un système à un danger. Le
rapprochement relatif du système et du danger jusqu’à leur mise en présence et leur
recouvrement est dû à l’occurrence d’un « évènement contact » de nature aléatoire
(fortuite) ou déterministe (volontaire). L’évènement contact entraîne directement
l’exposition au danger des éléments sensibles ou vulnérables (enjeux) du système qui sont
des éléments dont la structure, le fonctionnement ou le comportement est affecté
« négativement » pour la mission du système par sa seule exposition du danger. L’accident
ou l’évènement redouté en est la résultante. La gestion des risques - principes et pratiques
(3e éd.). Desroches, A., Leroy, A., & Vallée, F. pp.11. (2015).)
Figure 2 : Représentation d la genèse d’une situation dangereuse (La gestion des risques -
principes et pratiques (3e éd.). Desroches, A., Leroy, A., & Vallée, F. pp.13. (2015).)
L’analyse du contexte de la situation dangereuse appelle toutefois à répondre préalablement
à quatre types de questions :
- Quel est la véritable source de danger pour l’enjeu (éléments du système) ? Et quelle
est sa nature ?
- Quel est le véritable enjeu menacé ? et quelle est sa nature ?

2.1.2. L’évènement redouté central ou accident


L’accident correspond à la « concrétisation » ou la matérialisation du risque par l’occurrence
de ses conséquences La gestion des risques - principes et pratiques (3e éd.). Desroches, A.,
Leroy, A., & Vallée, F. pp.12. (2015).). Cependant, le mot « redouté » reflète bien l’état
d’esprit a priori qui veut qu’on travaille sur les évènements incertains. En effet, il s’applique
de même aux opportunités qu’aux menaces. Cela signifie que pour avoir une définition assez
précise et opérationnelle d’un évènement indésirable, nous devons, à certaines limites,
abandonner nos préjugés habituels et analyser préalablement le contexte du système étudié
et ses enjeux. Dans cette optique, la notion de « l’événement redouté » est étroitement liée
à celle de « situation dangereuse ».
2.1.3. La conséquence
La notion de conséquence se réfère aux effets ou résultats, qu'ils soient positifs ou négatifs,
qui découlent d'un événement, d'une action ou d'une situation donnée et qui affectent les
objectifs.

2.2. La probabilité d’occurrence


La probabilité est la mesure de notre ignorance sur l’état d’une situation ou sur le
déroulement d’un processus parfaitement déterministe mais trop complexe pour que nous
puissions appréhender l’ensemble des éléments. Les valeurs de cette mesure sont donc
directement fonction du degré de connaissance ou de couverture que l’on a du processus
étudié. (La gestion des risques - principes et pratiques (3e éd.). Desroches, A., Leroy, A., &
Vallée, F. pp.17. (2015).)
Dans le cadre des études de risque, on s’intéresse le plus souvent à calculer la probabilité
d’occurrence annuelle (POA) d’un événement redouté. Cela crée une grande confusion entre
les notions de fréquence (f), qui est l'inverse du temps, et de probabilité (P), qui est sans
dimension.
En effet, La fréquence peut être utilisée comme mesure de la probabilité pour évaluer des
évènements futurs. Elle est le paramètre de la loi exponentielle définissant l’intervalle de
temps entre deux observations de l’évènement.
L’espérance mathématique de la période de retour vaut alors :
𝐸(𝑋) = 1/𝑓
La probabilité que l’évènement se produise sur une durée T vaut alors :
𝑃 = 1 − 𝑒−𝑓.𝑇
Pour des valeurs très faibles on peut approximer la relation précédente par :
𝑃 = 𝑓. 𝑇
Pour une période de 1 an, et une fréquence inférieure ou égale à 10 -1 on considérera que la
probabilité est égale à la fréquence annuelle.
En pratique, la fréquence sera à exprimer en an-1 (ou POA) pour le système considéré. À titre
d’exemple :

 Si la probabilité de l’événement E est de 10-3 par heure, étant donné qu’il y a 8760
heures dans une année, la POA de E peut être estimée par la relation P = 1 – e -0,001x8760 soit
environ 0,999 ;
 Si la probabilité de l’événement E est de 10 -1 par an, la POA de E peut être estimée par la
relation P = 1 – e-0,1 soit environ 0,1 (0,095). (INERIS-Omega 24- Probabilité dans les
études de sécurité et études de dangers- p14- Marion DEMEESTERE, François MASSE,
Franck PRATS)

2.3. La gravité des conséquences


La gravité est une mesure des conséquences d’un événement indésiré contrariant la réussite
des objectifs du projet ou celui de l’étape considérée. Technique de l’ingénieur- Sécurité et
management des risque- management de la sécurité -3 ème edition-p62. Cependant, dans son
sens originel, La gravité reste aussi un terme subjectif, elle dépend de pour qui on l’évalue
« Ce qui est considéré comme grave pour certains c’est tout à fait normal pour d’autres ».
Sur cette base, la gravité sera définie d’une manière qualitative par un échelle de cinq
classes caractérisant l’ensemble des conséquences sur le déroulement de la mission en
termes de réussite, dégradation ou échec.
2.3.1. Echelle de gravité
Les gravités des conséquences sont définies indépendamment de leurs natures et des causes
qui ont généré les risques. (Tableau 1). (La gestion des risques – principes et pratiques (3 e
éd.). Desroches, A., Leroy, A., & Vallée, F. pp.28. (2015).).

Tableau 1 : Exemple d’échelle de gravité des conséquences (La gestion des risques –
principes et pratiques (3e éd.). Desroches, A., Leroy, A., & Vallée, F. pp.28. (2015).).
3. Niveau de risque ou « criticité »
La criticité est le résultat d’une fonction de décision fD(G, P) ou fD(G, f) associée à une échelle
de valeurs ou de contraintes de nature politique, sociale, religieuse, éthique, économique ,
etc., relativement à un risque définie par ses deux composantes. (La gestion des risques –
principes et pratiques (3e éd.). Desroches, A., Leroy, A., & Vallée, F. pp.29. (2015).).
La représentation du risque sous une forme bidimensionnelle est couramment réalisée à
l'aide d'une matrice. La fréquence (ou probabilité) et la gravité sont classées en différentes
catégories (généralement 3 à 5), et chaque intersection entre une catégorie de fréquence et
une catégorie de gravité est associée à un niveau de risque spécifique (souvent appelé
"criticité" dans ce contexte). Les cases de la matrice sont généralement colorées en rouge
(risque inacceptable), orange ou jaune (à réduire si possible) ou vert (acceptable), ce qui
représente différents "niveaux d'acceptabilité" (mais il peut y en avoir moins de deux ou plus
de trois). Cette représentation, ainsi que les processus de construction et d'utilisation qui
l'accompagnent, est largement répandue et couramment utilisée.

Figure 3 : Exemple de matrice de représentation du risque (Fondamentaux de l’analyse de


risque - Regard fiabiliste sur la sécurité industrielle- Yves Mortureux-pp10-2016

 Risque acceptable : le risque est décidé comme structurellement acceptable.


 Risque tolérable (sous contrôle) : le risque ne peut être conjoncturellement toléré que s’il
est inferieur a un seuil préalablement défini.
 Risque inacceptable : Le risque ne peut être justifié dans le cadre de déroulement de
l’activité considérée. Il pourra néanmoins être toléré ou accepté dans des circonstances
exceptionnelles.
Partie B :
Phénomènes dangereuses liées aux stations de traitement de
Gas naturel liquéfiée

Accidentologie : Retour d’expérience


Cette partie est consacrée à l'accidentologie liée au stockage de GPL, qui servira ensuite de
support dans la partie d'analyse des risques.
La liste des accidents ci-dessous a été élaborée en utilisant la base de données ARIA du
BARPI et en employant les mots clés « stockage GPL » pour la recherche.
La base de données ARIA (Analyse, Recherche et Information sur les Accidents) répertorie les
incidents, accidents ou presque accidents qui ont porté, ou auraient pu porter atteinte à la
santé ou la sécurité publiques ou à l’environnement. (https://www.aria.developpement-
durable.gouv.fr/le-barpi/la-base-de-donnees-aria/)
Il est important de souligner que l'objectif de l'analyse des accidents n'est pas de fournir une
liste complète de tous les incidents ou accidents qui se sont produits, ni d'en tirer des
statistiques. L'accent est mis principalement sur l'identification des types d'accidents les plus
fréquents, leurs causes et leurs conséquences, ainsi que sur les mesures prises pour prévenir
leur survenue ou réduire leurs impacts.
Le tableau ci-après détaille des exemples d’évènements selon l’ordre chronologique ainsi
que leurs causes et conséquences.
Tableau : Exemples d'accidents technologiques liés au stockage de GPL répertoriés par la base de données ARIA
Date Site Description de l’évènement Causes Conséquences
*Une fausse manœuvre des vannes
*Explosion d’une sphère de stockage de des cuves sphériques de stockage de
butane et propane (BLEVE). butane et de propane provoque une 18 morts
04/01/1966 RAFFINERIE ELF *Création d’une mer de flamme à un rayon de fuite qui se produit et ne peut être 88 brûlés
DE FEYZIN-France 150 m. colmatée. Sur 8 sphères des stockage,
*Création d’un champignon de feu et des *Moteur d’un véhicule calé dans les 5 ont été enflammées.
fumées qui s’élèvent à 600 m de hauteur. nuages de gaz sert comme
détonateur pour enflammer la
nappe de gaz.
19/11/1984 SAN IXUATEPEC- *Nuage gazeux qui s’enflamme. Rupture de la canalisation entre les 6000 morts
Mexique *Génération d’une forte surpression. sphères de stockage de GPL et la 7000 blessés
*Déclaration des incendies. série des cylindres 39000 évacués
*Production de plusieurs BLEVE
RAFFINERIE- *Rejet puis flash de GPL sur un poste de *Défaillance du raccord vissé entre 1 mort
23/04/2004 BADEN chargement camion dans une raffinerie suite à le bras et la citerne suite a des coups Rejet de 10 kg de GPL
WÜRTTEMBERG - une séparation inopinée de la connexion bras- de marteau répétitifs.
Allemagne citerne.
25/04/2018 MARTIGUES- Présence de butane en phase liquide au Ouverture anormale de la vanne de Rejets de butane dans l'air
France niveau de la purge du point haut de la ligne mise à l’évent de la boucle
évent densimétrique du compteur GPL.
*Absence d'interlock sur les organes Pas de dégâts humaines et
de sectionnement sur les vannes de matérielles mais c’est un
sélection de logistique butane. accident qui présente des
23-07-2021 THIANT-France *Surpression due au rejet de gaz et à * Pas de vérification de risques environnementaux
l'introduction accidentelle de propane. l'ouverture/fermeture des vannes de et de sécurité
sélection.
* Absence d'une alarme et de
sécurité de pression haute.
Identification et caractérisation des potentiels de danger
L'objectif de l'identification des dangers est de recenser, de la manière la plus exhaustive
possible, les sources de dangers qui pourraient entraîner un accident, qu’elles aient déjà
conduit à un accident ou non. (Étude de dangers d’un ouvrage de transport de gaz naturel –
Partie Générique-GrtGaz-2017-page 94)
Cette étape comprend essentiellement les éléments suivants :
- Faire une liste et décrire les dangers présents dans une installation.
- Repérer les éléments susceptibles de présenter un danger sur un schéma
représentant l'emplacement de l'installation.
- Identifier les événements redoutés potentiels (ER) qui sont étudiés lors de l'analyse
préliminaire des risques (APR).

Potentiels de danger liés aux produits


Les seuls produits examinés dans cette étude sont des gaz de pétrole liquéfiés (GPL) :
- Propane
- Butane
D’autres produits sont présents mais en très faibles quantités (< 10 litres) : produits
dégraissants et nettoyants utilisés pour la maintenance et l’entretien des installations.
Pour identifier les dangers potentiels associés aux GPL, une analyse est effectuée en utilisant
les méthodes suivantes :
- L'examen des fiches de données de sécurité (FDS) de propane et de butane.
- L'évaluation de l'étiquetage des produits, y compris les phrases de risque.
- La consultation des informations toxicologiques disponibles.
- L'identification des incompatibilités potentielles.
- La prise en compte des retours d'expérience pertinents.

Risques présentés par le GPL


Le gaz de pétrole liquéfié (GPL), composé principalement de propane et de butane
comprimé, présente une dangerosité liée à sa combustibilité et à sa propension à
l'explosion.
L’appellation GPL est réservée à ces deux alcanes car ils sont les seuls alcanes gazeux à
pression atmosphérique et à 15°C, à se laisser liquéfier sous une faible pression (0,17 à 0,75
MPa, soit 1,7 à 7,5 bar). (Ineris-B.Marbach-L.sandoval-Guide pour la prise en compte des
dépôts logistiques de bouteilles de GPL dans les études de dangers.page 17).
Le tableau suivant regroupe les informations collectées à partir du FDS du produit :
Classification selon le règlement
Produits Caractéristiques (CE)
No 1272/2008
Etat Couleur Odeur Réactivité / Symbole Signification Mention
Incompatibilité de de
danger danger
Propane Gaz Incolore Caractéristique Oxydants forts, Gaz H220
liquéfié et déplaisante Acides, Bases inflammable

Cat. 1
Gaz sous H280
pression
Butane Gaz Incolore Caractéristique Oxydants forts, Gaz H220
liquéfié et déplaisante Acides, Bases inflammable H280
– H340
Cat. 1 H350
Gaz sous
pression
Peut induire
des
anomalies
génétiques
Peut
provoquer
le cancer

D’autres propriétés sont à prendre en considération notamment :


- Le GPL forme un mélange inflammable avec l'air dans une concentration comprise
entre 2 % et 10 %.
- Le GPL est approximativement deux fois plus lourd que l'air lorsqu'il est sous forme
gazeuse et aura tendance à descendre au niveau le plus bas et peut s'accumuler dans
les caves, les fosses, les égouts, etc.
- Le GPL sous forme liquide peut causer de graves brûlures par le froid sur la peau en
raison de sa vaporisation rapide.
- La vaporisation peut refroidir les équipements au point de causer des brûlures par le
froid.
- Le mélange vapeur/air provenant de fuites peut s'enflammer à une certaine distance
du point de fuite et la flamme peut revenir à la source de la fuite.
- À très haute concentration lorsqu'il est mélangé avec l'air, la vapeur est un
anesthésique et devient ensuite un asphyxiant en diluant l'oxygène disponible.
- Un récipient ayant contenu du GPL est nominativement vide mais peut encore
contenir de la vapeur de GPL et être potentiellement dangereux. Par conséquent,
traitez tous les récipients de GPL comme s'ils étaient pleins.

Après avoir examiné la dangerosité inhérente du gaz de pétrole liquéfié (GPL), il est essentiel
d'explorer les phénomènes dangereux qui peuvent découler de sa manipulation, de son
stockage ou de son transport. Ces phénomènes critique nécessitent une attention
particulière et une compréhension approfondie.
Phénomènes accidentels dangereux associés aux GPL
Le risque principal des sites GPL est évidemment la perte de confinement qui peut, en
fonction des conditions d’exploitation et environnementales, conduire à un jet enflammé ou
à une explosion UVCE. De plus, L’apparition, il y a une vingtaine d’années, des réservoirs
sous talus (sphères ou cylindres) a permis de se prémunir du risque de BLEVE avec un coût
non négligeable pour les industriels. (retour d’expérience sur les études de dangers dans le
secteur du GPL- Thierry Tixier et Pierre. Sécher-page 167).
Dans cette section, nous explorerons en détail ces phénomènes dangereux, en examinant
leurs mécanismes leurs causes et leurs effets.

1. BLEVE (Boiling Liquid Expanding Vapour Explosion)


 Théorie
Le BLEVE est un phénomène très spécifique à l’industrie du GPL mais qui concerne tous les
stockages de gaz liquéfié sous pression.
En effet, le phénomène de BLEVE correspond à la destruction complète d'un réservoir sous
pression contenant un liquide dont la température est nettement supérieure à sa
température d'ébullition à pression atmosphérique. Cette destruction intervient après une
agression extérieure (par exemple incendie, choc mécanique) au cours de laquelle de très
grandes quantités de gaz sont instantanément libérées à la pression d'éclatement dudit
réservoir avec surpression et effets thermiques dus à l'inflammation de ce gaz.
Le BLEVE est associé avant tout à un changement d’état à caractère explosif, et non à une
réaction de combustion. Aussi, il n’est pas nécessaire que le produit concerné soit
inflammable pour parler de BLEVE. (Ministère de l'Environnement et de l'Écologie.
"Circulaire du 10/05/10 récapitulant les règles méthodologiques applicables aux études de
dangers, à l'appréciation de la démarche de réduction du risque à la source et aux plans de
prévention des risques technologiques (PPRT) dans les installations classées en application
de la loi du 30 juillet 2003." 10 mai 2010.).
Le BLEVE est donc l’effet domino d’un évènement initiateur comme par exemple l’impact
d’un projectile, l’échauffement par un feu de torche ou bien un sur-remplissage.

Figure : mécanisme de BLEVE (http://www.previnfo.net/sectionsphp?


op=viewarticle&artid=65)
 Types de BLEVE
Fondamentalement il y’a deux types de BLEVE, « les BLEVE chauds » et « les BLEVE froids ».
La distinction théorique entre les deux se fait en se référant à leur température limite de
surchauffe (TLS) :
- On parle de « BLEVE chaud » lorsque la température moyenne de gaz liquéfié
dépasse la TLS à la pression atmosphérique (le gaz qui est dépressurisé brutalement à
la pression atmosphérique va subir une vaporisation homogène, rapide et totale à
caractère explosif, car il ne peut subsister à l’état liquide).

- On parle de « BLEVE froid » lorsque la température moyenne de gaz liquéfié est


inférieure à la TLS à la pression atmosphérique. Cependant, il y aura une vaporisation
instantanée intense et même une explosion, mais la nucléation dans le noyau liquide
n’aura pas lieu.

Figure : Température limite de surchauffe en fonction de la pression : La transformation B-E


(BLEVE froid), la transformation C-D (BLEVE chaud) (INERIS- DRA-17-(2017) - Le BLEVE,
phénoménologie et modélisation des effets. Page 29.).

 Conditions d’occurrence d’un BLEVE


Trois conditions sont nécessaires pour qu’il y ait BLEVE :
- Surchauffe du liquide en cause ;
- Baisse rapide de pression dans le réservoir ;
- Nucléation spontanée.

 Les phases de développement d’un BLEVE


Un BLEVE se produit lorsqu’un réservoir partiellement rempli avec un liquide surchauffé sous
pression est exposé à un feu. Le scénario du BLEVE peut être décrit comme suit :
1- Un réservoir sous pression contenant un liquide surchauffé est exposé à un flux
thermique élevé.
2- La température du liquide augmente, ce qui entraîne une augmentation de la pression
dans le réservoir.
3- Lorsque la pression atteint la valeur de tarage des soupapes, celles-ci s'ouvrent et
libèrent de la vapeur ou du liquide dans l'atmosphère.
4- La coque du réservoir, non en contact avec le liquide, subit une augmentation
dramatique de température.
5- Le métal en contact avec la phase vapeur est affaibli et des tensions internes élevées
se développent dans la structure du réservoir.
6- La combinaison de tensions thermiques, de la dégradation des caractéristiques
mécaniques de l'acier et de l'augmentation de la pression interne conduit à la rupture
du réservoir.
7- La rupture du réservoir provoque deux phénomènes de surpression successifs : la
détente adiabatique du volume vapeur et le flash d'une fraction du liquide surchauffé.
8- Des fragments du réservoir sont projetés loin en raison de la détente adiabatique du
volume gazeux.
9- Une quantité de fluide est libérée dans l'atmosphère, comprenant la phase vapeur du
réservoir, la vapeur issue du flash du liquide surchauffé et des gouttelettes de liquide
atomisé mécaniquement par l'explosion.
10- Une boule de feu se forme par la combustion du fluide inflammable libéré dans
l'atmosphère.

 Les effets de BLEVE


Il y a principalement trois types d'effets de BLEVE : l'onde de surpression, le rayonnement
thermique et la projection de fragments. (Abbasi T., Abbasi S.A., 2007, The boiling liquid
expanding vapour explosion (BLEVE): Mechanism, consequence assessment, management,
Journal of Hazardous Materials, 141, 489-519.).
- Ondes de surpression : due à la détente rapide de la phase vapeur, suivie
immédiatement par une onde de dépression. Ensuite, une seconde onde de
surpression apparaît lorsque la phase liquide du réservoir se vaporise brutalement.
Enfin, une autre onde de choc peut être générée si le produit rejeté est inflammable
et provoque une combustion explosive avec l'air ambiant.
- Le rayonnement thermique : dont la boule de feu est le phénomène ayant les
conséquences les plus importantes. L’estimation des effets de ce dernier sur une
population donnée dépend de plusieurs facteurs notamment l’intensité des
radiations qu’elle reçoit et la durée d’exposition.
- Projection de fragments : ils présentent une forte potentialité d’effets domino vu
qu’ils peuvent atteindre des distances importantes.
Il est important de préciser que les recherches menées sur le BLEVE au cours des 20
dernières années, tant en Europe qu’en Amérique, ont essentiellement porté sur les effets
thermiques du BLEVE de réservoirs de GPL (Leprette, 2005). (INERIS- DRA-17-(2017) - Le
BLEVE, phénoménologie et modélisation des effets. Page 20.).
2. Boil over
 Théorie
Le NFPA (National Fire Protection Association - USA) propose une définition précise du
phénomène : « Le terme de boil over est attribué à un événement survenant lors d’un
incendie de certains hydrocarbures contenus dans un réservoir à ciel ouvert, lorsqu’une
soudaine augmentation de l’intensité du feu de réservoir est observée, accompagnée de
l’expulsion de l’hydrocarbure lorsque les résidus de combustion, issus de la surface en feu,
deviennent plus denses que les hydrocarbures non brûlés et sombrent formant une couche
chaude qui progresse vers le fond plus rapidement que la régression de la surface de liquide.
Lorsque cette couche chaude, également appelée onde de chaleur, atteint l’eau ou une
émulsion d’eau dans l’hydrocarbure située en fond de bac, l’eau est d’abord surchauffée,
puis portée à ébullition de façon quasi explosive entraînant le débordement du bac. »
(Groupe de Travail Dépôts Liquides Inflammables, Les boil over et autres phénomènes
générant des boules de feu concernant les bacs des dépôts de liquides inflammables, (2007).

 Les phases de développement d’un boil over


Ci-dessous nous allons expliciter les phases de développement d’un boil over :
1- Un bac qui contient entièrement un produit de composition homogène va subir un
incendie.
2- Lorsqu'une flamme rayonne à la surface d'un liquide, une distillation se produit,
séparant une fraction légère d'une fraction lourde. La fraction lourde se déplace
lentement vers le bas du bac en raison de la gravité, créant une onde de chaleur.
3- Ce phénomène se poursuit jusqu'à ce que l’onde de chaleur atteigne l’eau du fond du
bac. Cette onde possède une température aux alentours de 200°C.
4- Lorsque l'onde de chaleur entre en contact avec l'eau, celle-ci se vaporise
brusquement. Cette vaporisation rapide entraîne une augmentation significative du
volume, agissant comme un piston et maintenant le liquide inflammable restant dans le
bac en suspension.
5- Une partie du liquide s'écoule hors du bac, tandis qu'une autre partie se brise en
gouttelettes lorsqu'elle traverse la flamme et s'évapore en suspension, créant une
boule de feu lors de sa combustion.
Figure : différentes phases d’un boil-over (INERIS-Omega 13- Boil-over classique et boil-over
couche mince-Formalisation du savoir et des outils dans le domaine des risques majeurs-page 16).

 Conditions d’occurrence d’un boil over


Pour qu'un boil-over se produise, 4 conditions doivent donc être réunies :
- le feu du bac ;
- la présence d'eau à transformer en vapeur ;
- la création d'une onde de chaleur qui entre en contact avec le fond d'eau situé sous
la masse d'hydrocarbures ;
- un hydrocarbure suffisamment visqueux que la vapeur ne puisse pas traverser
facilement depuis le bas (Guide methodologique ufip pour la réalisation des études
de dangers en raffineries, stockages et dépots de produits liquides et liquefiés-
volume 1 -regles et criteres de base-juillet 2002- Page 438).
Pour survenir, il était couramment admis que l’hydrocarbure doit principalement satisfaire
deux critères :
- une plage de températures d’ébullition s’étendant sur 60 °C au-delà de la
température d’ébullition de l’eau à la pression d’interface hydrocarbure/fond d’eau,
soit au-delà de 393°K,
- une viscosité cinématique supérieure à celle du kérosène à 393°K, soit νHC > 0,73 cSt.
(INERIS-Omega 13- Boil-over classique et boil-over couche mince-Formalisation du
savoir et des outils dans le domaine des risques majeurs-page 15).
3. UVCE (Unconfined Vapour Cloud Explosion)
 Théorie
L’UVCE se réfère à l’explosion d'un nuage de gaz/vapeurs non confiné (cas de l’accident de
Flixborough, en 1974, 28 morts), Il s'agit d'un phénomène qui suppose l'inflammation
accidentelle d'un nuage ou panache de gaz/vapeurs combustibles mélangés avec l'oxygène
de l'air. Suite à l'inflammation, une flamme se propage dans le nuage et engendre une
combustion des vapeurs et une onde de surpression aérienne, qui sont susceptibles de
produire respectivement des effets de rayonnement thermique et des effets mécaniques.
(Groupe de Travail Dépôts Liquides Inflammables, UVCE dans un dépôt de liquides
inflammables, version 01Bis, (2007).)

Figure : Exemple de mécanisme de production des effets de pression lors d’un UVCE
(Ministère de l'Environnement et de l'Écologie. "Circulaire du 10/05/10 récapitulant les
règles méthodologiques applicables aux études de dangers, à l'appréciation de la démarche
de réduction du risque à la source et aux plans de prévention des risques technologiques
(PPRT) dans les installations classées en application de la loi du 30 juillet 2003." 10 mai
2010.).

Pour les gaz liquéfiés sous pression comme le GPL, une fuite en phase liquide produira
toujours un nuage inflammable plus important qu'une fuite en phase gazeuse car le débit
libéré est beaucoup plus élevé. On estime que 1 litre de phase liquide engendre 270 litres de
phase gazeuse.

Le GPL est susceptible de s’enflammer dans l’air dès lors que sa concentration sera comprise
entre 1.5% et 9.5% en volume dans le mélange.

 Les phases de développement d’un UVCE


Un UVCE comprend généralement les étapes suivantes :

1- Rejet dans l'atmosphère d'un GPL, le produit étant en phase gaz ou en phase liquide,
2- Mélange avec l'oxygène de l'air pour former un volume inflammable,
3- De manière concomitante, dilution et transport du nuage de gaz dont une partie du
volume reste inflammable
4- Inflammation de ce nuage,
5- Propagation d'un front de flamme des parties inflammables du nuage ; ce front de
flamme, associé à l'expansion des gaz brûlés, agit à la manière d'un piston sur les gaz
frais environnants et peut être à l'origine de la formation d'une onde de pression
aérienne, appelée déflagration, si sa vitesse de propagation est suffisante,
6- Enfin, le cas échéant, mélange avec l'air et combustion des parties du nuage qui
étaient initialement trop riches en combustible pour être inflammables. (Ministère
de l'Environnement et de l'Écologie. "Circulaire du 10/05/10 récapitulant les règles
méthodologiques applicables aux études de dangers, à l'appréciation de la démarche
de réduction du risque à la source et aux plans de prévention des risques
technologiques (PPRT) dans les installations classées en application de la loi du 30
juillet 2003." 10 mai 2010.).

 Conditions d’occurrence d’un UVCE


Pour qu’un UVCE soit possible il faut deux conditions réalisées simultanément :
1- Un nuage de gaz inflammable (dont la concentration en combustible se situe au
moins en un point de la plage d’inflammabilité).
2- Présence d’une source d’inflammation (pas nécessairement une flamme nue).
N.B :

- Lorsque les vapeurs ou le gaz se trouvent dans leur plage d'inflammabilité, ils deviennent
potentiellement explosifs, et les deux ensembles de termes LII-LSI et LIE-LSE se superposent.

- Une erreur fréquente consiste à penser que le risque d'explosivité n'existe pas avant d'atteindre
la LII. Cependant, le phénomène d’UVCE suit une distribution gaussienne, ce qui signifie que
même en deçà de la LII, il y a un potentiel d'explosivité qui augmente progressivement en
s'approchant du mélange stœchiométrique, atteint un pic maximal, puis diminue en s'éloignant
vers la LSI.

4. Feu de torche (Jet fire)

 Théorie
Le feu de torche, également connu sous le nom de "jet fire," est un phénomène dangereux
résultant de fuites de fluides inflammables qui, au contact d'une source d'inflammation,
produisent des jets enflammés à forte puissance calorifique. Ces flammes peuvent être
dévastatrices et risquent de propager un incendie. Les feux de torche accidentels
surviennent généralement suite à des fuites causées par la rupture d'un raccord, d'une
vanne, d'une paroi ou d'une canalisation. Ils peuvent provoquer des dégâts graves sur les
installations industrielles et entraîner des effets domino, tels que la propagation de
l'incendie ou des phénomènes comme le BLEVE (Boiling Liquid Expanding Vapor Explosion)
de réservoirs.
Le feu de torche est caractérisé par différents aspects, notamment son aspect chimique
résultant des réactions chimiques exothermiques de combustion entre l'oxygène de l'air
(comburant) et les gaz de combustion. Ces réactions produisent des produits tels que le
dioxyde de carbone, le monoxyde de carbone, la vapeur d'eau, des suies et des produits
imbrûlés. La combustion génère également une production de chaleur transmise à
l'environnement par diffusion, convection et rayonnement. Le transfert de masse joue
également un rôle important dans le phénomène de feu de torche, avec des mouvements de
convection des gaz de la flamme et des transferts de masse par diffusion de certaines
espèces par rapport à d'autres dans le milieu de la flamme.

 Conditions d’occurrence d’un feu de torche


D’une manière plus explicite, le feu de torche survient lorsque :
- Un jet de combustible gazeux ou diphasique provenant d'une fuite accidentelle ou
intentionnelle liée à la défaillance d'un équipement (comme une brèche dans une
canalisation ou un réservoir, une rupture guillotine, corrosion des conduites, fissures de
soudures) pénètre dans l'air ambiant au repos.
- Le combustible se mélange à l'air par l'effet d'entraînement et de diffusion.
- Le mélange s'enflamme suite à une source d'inflammation, le feu de torche prend
naissance sous la forme d'une flamme de diffusion.
- Intervention externes (travaux de maintenance, perforations de canalisation par des
engins de terrassement ou des agressions naturelles)

5. Feu de nappe ou floque (pool fire)


 Théorie
Le feu de nappe se produit en cas d’épandage au sol du liquide inflammable. La surface de la
nappe est alors limitée soit par la surface de la rétention, soit lorsque le taux de combustion
de la nappe devient équivalent au débit de fuite. (Technique de l’ingénieur. Anousone
CHAMPASSITH. "Feu de nappe/feu de bac : Phénomènes dangereux dans les dépôts de
liquides inflammables - Incendies et explosions." Date de publication : 10-05-2020).
En effet, il concerne les flammes qui se développent sur des surfaces de combustible
horizontales. Généralement, ces surfaces ont des limites définies et si un combustible liquide
est présent, sa profondeur est déterminée par l'accumulation de combustible dans la zone
prédéfinie. S'il n'y a pas de combustible, il peut en résulter un feu de déversement,
l'épaisseur de la couche de combustible étant déterminée par l'équilibre des forces affectant
le mouvement de l'écoulement des fluides. Ces incendies sont souvent de grande ampleur et
peu profonds, ce qui nécessite des considérations spécifiques.

Figure : Mécanisme d’un feu de nappe (http://www.previnfo.net/sectionsphp?


op=viewarticle&artid=65)

 Conditions d’occurrence d’un feu de nappe


Le feu de nappe résulte de la présence concomitante de :
- Une nappe de liquide inflammable dont la température est supérieure à son point éclair.
- Une source d’inflammation.
- Un comburant (l’air de l’atmosphère).

6. Feu de nuage (Flash fire)


Un feu de nuage peut être décrit comme la combustion laminaire "lente" ou peu turbulente
d'un nuage de gaz ou de vapeur, c'est-à-dire sans production d'une onde de souffle en raison
du faible confinement et/ou de la congestion du nuage, ou de la faible réactivité du mélange
inflammable (par exemple, un nuage stratifié, un mélange combustible-air non homogène
ou un nuage inflammable dont la concentration moyenne est proche du niveau
d'inflammabilité inférieur ou supérieur).
Le phénomène de « flash fire » est caractérisé par une faible vitesse de flamme, dont la
durée typique peut varier de quelques millisecondes à quelques secondes pour les nuages
inflammables stratifiés de grande taille. Lees, 1996; AIChe-CCPS, 1996; Landucci et al.,
2011; Pontiggia et al., 2011)
Le vocabulaire distingue alors, selon les effets produits, l’UVCE du Flash fire classés comme
des phénomènes de type « feu de nuage ». De manière générale, le terme UVCE s’applique
lorsque des effets de pression sont observés, alors que le terme Flash fire est réservé aux
situations où la combustion du nuage ne produit pas d’effets de pression. Cependant il s’agit
dans les deux cas du même phénomène physique, à savoir la combustion d’un mélange
inflammable. Groupe de Travail sectoriel, Explosion de gaz à l’air libre (UVCE), décembre
2006.

Description du Réservoir et de ses Caractéristiques :


Les réservoirs de stockage de gaz de pétrole liquéfié (GPL) au sein des installations de
traitement de gaz naturel représentent une prouesse d'ingénierie harmonisant sécurité,
densité énergétique et efficacité opérationnelle. Ces réservoirs, élaborés avec des matériaux
avancés et des conceptions optimisées, maintiennent le GPL à l'état liquide à des pressions
modérées, permettant ainsi un entreposage dense tout en minimisant les risques associés.
Les systèmes de sécurité intégrés, orchestrés par des algorithmes de pointe, surveillent en
temps réel les paramètres essentiels tels que la pression, la température et le niveau de
liquide, garantissant une intégrité structurelle et une prévention proactive des incidents. En
parallèle, des mécanismes de récupération de chaleur sophistiqués sont employés pour
maximiser l'efficacité énergétique et minimiser les pertes thermiques, contribuant ainsi à la
durabilité environnementale de l'ensemble du processus de stockage de GPL au sein de ces
stations de traitement de gaz naturel. Examinons en détail certains aspects essentiels des
réservoirs de stockage de GPL :
Tableau : Aspects Clés des Réservoirs de Stockage de GPL dans les stations de traitement
de gaz naturel
Source: (API Standard 2510, Design and Construction of LPG Installations, 6th Edition, August
2001)

Aspect clés Details important


- Réservoirs sphériques : pour des capacités supérieures à
Types et capacités 500 m3 et allant jusqu’à 100 000 m 3 (avec répartition
uniforme de pression).
- Réservoirs cylindriques horizontaux : pour des capacités
plus petites allant de 100 m3 jusqu’à 500 m3.
- Acier au carbone pour robustesse et résistance à la
corrosion.
Matériaux de construction - Acier inoxydable pour une résistance supérieure à la
corrosion.
- Alliage d’aluminium pour applications avec contrainte de
poids.
- Vannes de remplissage et vidange pour transfert de GPL.
- Vannes de sécurité, soupape de décharge de pression et
Accessoires et instruments de vide pour régulation.
- Instruments de mesures (manomètre, thermomètre et
jauge de niveau)
- Détecteurs de fuites et systèmes de surveillance en
Sécurité et contrôle continu pour niveau, pression et température.
- Systèmes automatisés pour alarmes et arrêt en cas
d’anomalie.

Exemple Concret : Fiche Technique du Réservoir de Stockage de GPL de la


Station de Traitement de Gaz Naturel de Tazarka
À présent, pour illustrer concrètement les principes abordés précédemment, nous
examinerons la fiche technique détaillée du réservoir de stockage de gaz de pétrole liquéfié
(GPL) conçu spécifiquement pour répondre aux besoins opérationnels de la station de
traitement de gaz naturel de Tazarka. Cette étude de cas réelle offre un aperçu concret des
spécifications techniques et des caractéristiques essentielles du réservoir de GPL, mettant en
lumière l'intégration de matériaux, d'accessoires et d'instruments pour assurer une gestion
optimale et sécurisée du GPL au sein d'une infrastructure de traitement de GN.

Tableau : Fiche Technique de réservoir de Stockage de GPL de la station de Tazarka

Description du réservoir
Type de réservoir Cylindrique horizontale en surface
(Aboveground)
Capacité géométrique (CG) 320 m3
Capacité nominale (CN) 300 m3 (93.75% de CG)
Capacite de stockage (CS) 288 m3 (90% de CG)
Matériau de construction Acier inoxydable (AISI 304)
Conditions opératoires
Pression opératoire 18 bars
Température opératoire -20 °C à 50 °C
Conditions de conception
Pression de design -30 °C à 55 °C
Température de design 20 ± 2 bars
Dimensions
Longueur 8m
Diamètre 2.5 m
Epaisseur de la paroi 8 mm
Accessoires
Vanne de remplissage DN 50
Vanne de vidange DN 80
Vanne de sécurité 2 * DN 25
Soupape de décharge de pression Réglable de 10 à 18 bars
Soupape de décharge de vide -1 bar
Détecteurs de fuites Système de Détection de Gaz avec Alarme
Systèmes de contrôle de niveau Flotteur Magnétique avec Transmetteur de
Niveau
Système de contrôle de pression Transmetteur de Pression Électronique
Instruments
Manomètre Indicateur de Pression (0-25 bar)
Thermomètre Indicateur de Température (-30°C à 60°C)
Jauge de niveau Lecture en pourcentage de capacité
Transmetteur de niveau Sortie 4-20 mA pour Contrôle Automatique
Transmetteur de pression Sortie 4-20 mA pour Surveillance de la
Pression
Sécurité et contrôle
Le réservoir est conçu pour respecter les normes de sécurité en vigueur. Le système de
détection de gaz surveille en permanence la présence de fuites. Les vannes de sécurité et
la soupape de décharge de pression assurent la régulation de la pression interne pour
éviter toute surpression.
En somme, les réservoirs de stockage de GPL sont des éléments essentiels de l'infrastructure
énergétique moderne. Leur conception soignée, associée à des accessoires sophistiqués et à
des systèmes de contrôle avancés, garantit la sécurité, l'efficacité et la fiabilité du stockage
et de la distribution du GPL, contribuant ainsi à une utilisation sûre et durable de ce
carburant précieux.

Potentiels de danger liés au procédé


Potentiels de
Danger liés Exemple d'Accident Réel Similaire
au Réservoir Description
de Stockage
de GPL
Fuite Risque de fuite due à la En 2005, une fuite dans un réservoir de
Structurelle corrosion, l'usure ou les stockage de GPL à Pembrokeshire, Pays de
du Réservoir défauts de fabrication du Galles, a provoqué un incendie qui a duré
réservoir, pouvant entraîner plusieurs jours. La fuite a été causée par la
des déversements ou des corrosion due à des conditions
ruptures. environnementales corrosives.
Incendie ou Possibilité d'incendie ou En 2017, une explosion s'est produite dans
Explosion dû d'explosion en cas de un réservoir de stockage de GPL à Rennes,
à une défaillance mécanique telle France, en raison de la défaillance d'une
Défaillance que la rupture d'une vanne, soupape de sûreté. La surpression
Mécanique d'un joint ou d'une partie du résultante a conduit à l'explosion.
réservoir.
Risque d'effondrement du En 2013, un réservoir de stockage de GPL
réservoir en raison de s'est effondré à Nizhny Novgorod, Russie,
Effondrement conditions météorologiques en raison de la faiblesse de la structure et
du Réservoir extrêmes, d'une mauvaise d'une mauvaise conception.
conception ou de défauts de L'effondrement a entraîné une explosion
construction. et des dégâts importants.
Accumulation de pression En 2009, un réservoir de stockage de GPL
Surpression interne due à des erreurs de a subi une surpression à Séville, Espagne,
dans le régulation ou de contrôle, en raison d'une mauvaise régulation des
Réservoir pouvant provoquer des vannes d'évacuation. Cela a provoqué une
déformations ou une rupture déformation du réservoir et des fuites de
du réservoir. gaz.
Manque de ventilation En 2011, un réservoir de GPL à Hangzhou,
Mauvaise adéquate autour du Chine, a connu un incident de ventilation
Ventilation réservoir, pouvant entraîner insuffisante en raison d'une mauvaise
ou Circulation l'accumulation de gaz conception de l'installation de ventilation.
d'Air potentiellement dangereux Cela a entraîné l'accumulation de gaz
ou de vapeurs inflammables. inflammables et a nécessité une
évacuation.
Défaillance des systèmes de En 2014, une défaillance des systèmes de
Détérioration sécurité tels que les sécurité dans une installation de stockage
des Systèmes dispositifs de détection de de GPL à Pernis, Pays-Bas, a provoqué une
de Sécurité fuites, les alarmes ou les fuite de gaz non détectée. Les dispositifs
systèmes d'extinction de détection avaient été négligés lors de la
d'incendie. maintenance.
Négligence des procédures En 2016, un réservoir de stockage de GPL
Problèmes de de maintenance régulières, à Sharjah, Émirats arabes unis, a subi une
Maintenance pouvant entraîner des défaillance en raison d'une maintenance
défaillances du réservoir et inadéquate. La corrosion non traitée a
des risques accrus. conduit à une fuite de gaz.
La chimie inflammable et explosive du GPL
.
En effet, en présence d'une source d'inflammation et d'un apport suffisant d’oxygène, la
faible énergie des liaisons carbone-hydrogène des molécules de propane et butane les rend
plus susceptibles de se rompre libérant ainsi l’énergie sous forme de chaleur. Cela est dû à
leurs différence d’énergie avec les liaisons carbone-oxygène et oxygène-hydrogène formées
pendant la combustion.
Le processus de combustion du GPL implique différentes étapes, notamment l'initiation, la
propagation et la terminaison.
L'initiation se produit lors de la formation des radicaux réactifs, tandis que la propagation
implique la réaction en chaîne des radicaux avec le GPL et l'oxygène c’est-à-dire (les radicaux
réactifs réagissent avec d'autres molécules de GPL, créant ainsi un cycle de réactions en
chaîne). La terminaison se produit lorsque les radicaux réactifs sont neutralisés par des
réactions secondaires ou par recombinaison.
Il est à mentionner que l’étape de propagation représente le potentiel explosif du GPL.
La réaction globale de combustion du GPL peut être représentée par :
C3H8 + 5O2 -> 3CO2 + 4H2O
C4H10 + 6,5O2 -> 4CO2 + 5H2O

Outre la réaction de combustion, la volatilité du GPL joue également un rôle essentiel dans
sa dangerosité. Le propane et le butane s'évaporent facilement à des températures et des
pressions ambiantes normales, ce qui les rend hautement inflammables. Lorsque le GPL se
trouve dans une plage de concentration appropriée dans l'air, il peut former un mélange
explosif en présence d'une source d'inflammation.
Les limites d'explosivité du GPL, définissant la plage de concentration dans l'air où il peut
former un mélange explosif, sont des facteurs importants à prendre en compte. Par
exemple, les limites d'explosivité typiques du propane et de butane sont respectivement de
2,1% à 9,5% et 1,9% à 8,4% en volume dans l'air.
Introduction
L'étude de danger est un concept clé dans le domaine du risque industriel, notamment dans le
secteur du pétrole et du gaz, visant à identifier et évaluer les risques associés à des
installations industrielles, afin de prendre des mesures de prévention et de protection
appropriées.

L'origine de ce concept remonte aux années 1940-1950, avec les premières études de sécurité
menées dans le cadre de projets d'ingénierie complexes, tels que la construction de centrales
nucléaires et d'installations chimiques. (1)

Dans le secteur du pétrole et du gaz, l'étude de danger est particulièrement nécessaire en


raison des activités hautement complexes et potentiellement dangereuses impliquées dans
l'exploration, la production, le transport et le stockage de ces hydrocarbures. Les accidents
majeurs survenus dans l'industrie pétrolière et gazière au cours des dernières décennies ont
souligné la nécessité d'identifier et de gérer les risques associés à ces activités de manière
proactive.

Cadre réglementaire
Le cadre réglementaire doit concilier la protection de la santé et de l'environnement avec le
développement économique des industries manipulant des substances dangereuses, tout en
s'adaptant en permanence aux nouvelles technologies et aux nouveaux risques émergents.
Le régime de classement d’une installation classée détermine les attentes réglementaires
minimales relatives à la délivrance d’une autorisation d’exploiter, notamment pour ce qui
concerne le contenu de l’étude de dangers (2).

Echelle internationale

Les risques industriels liés aux substances dangereuses sont réglementés à l'échelle
internationale par différentes conventions et directives. Une réglementation européenne
majeure dans ce domaine est la directive SEVESO. Elle a été adoptée pour la première fois en
1982 suite à la catastrophe de SEVESO en Italie en 1976, où une fuite de dioxine a causé de
graves impacts sur la santé humaine et l'environnement.

La directive SEVESO a ensuite été modifiée à plusieurs reprises, avec la dernière version,
appelée SEVESO III, adoptée en 2012.

La directive SEVESO III établit des obligations pour les exploitants d'installations classées
SEVESO, qui sont des installations industrielles utilisant, stockant ou manipulant des
substances dangereuses au-delà de certains seuils.

Les principales obligations comprennent (2) :

 La réalisation d'évaluations des risques,


 La mise en place de mesures de prévention, de protection et d'intervention d'urgence,
 La communication avec le public,
 La formation du personnel
 La mise en place de plans d'urgence

Echelle nationale

En Tunisie, l’assurance de la sécurité industrielle des installation classées et la prévention des


accidents majeurs qui pourraient avoir un impact sur l'environnement, la santé publique, la
sécurité des travailleurs et les populations avoisinantes est prévu par la Loi n° 2017-22 du 23
mars 2017.

Plusieurs textes réglementaires ont été mis en place à cette fin :

- L’arrêté du ministre de l'Industrie et des PME du 18 janvier 2012 portant approbation


de la nomenclature des établissements dangereux, insalubres ou incommodes. Elle a
pour objectif de classer les établissements selon leur niveau de dangerosité et
d'insalubrité, et de permettre aux autorités compétentes d'adopter les mesures
nécessaires pour protéger la population et l'environnement contre les risques
industriels.

- Arrêté conjoint du ministre de l'intérieur et du développement local et du ministre de


l'industrie et de la technologie du 20 février 2010, fixant les termes de référence de
l'étude de dangers et du plan d'opération interne relatives aux établissements
dangereux, insalubres ou incommodes de première et de deuxième catégorie.

- Arrêté du ministre de l'industrie du 24 octobre 2012, modifiant et complétant l'arrêté


du ministre de l'industrie, de l'énergie et des petites et moyennes entreprises du 15
novembre 2005, fixant la nomenclature des établissements dangereux, insalubres ou
incommodes en précisant les critères de qualification de ces établissements et les
mesures à prendre pour prévenir les risques associés à leurs activités.

- L’Arrêté du ministre de l'industrie et de la technologie du 21 août 1992 relatif aux


installations classées pour la protection de l'environnement fixant les critères de
classement des établissements dangereux en fonction des risques qu'ils présentent pour
l'environnement et la santé publique :
 Installation classée soumise à déclaration ;
 Installation classée soumise à autorisation ;
 Installation classée pour la protection de l'environnement (ICPE) soumise à
étude d'impact et à autorisation ;
 Établissement SEVESO seuil haut ;
 Établissement SEVESO seuil bas.

- Arrêté du 27 janvier 2012 modifiant l'arrêté du 25 octobre 2011 portant approbation de


diverses dispositions complétant et modifiant le règlement de sécurité contre les
risques d'incendie et de panique dans les établissements recevant du public.

- Décret n° 2006-2687 du 9 octobre 2006, relatifs aux procédures d’ouverture et


d’exploitation des établissements dangereux, insalubres ou incommodes.
- Décret n° 2011-413 du 19 février 2011 relatif aux conditions de sécurité des
établissements industriels soumis au contrôle de l'Etat.

- Décret n° 2011-3320 du 14 février 2011 relatif aux mesures de prévention et de


protection contre les accidents majeurs impliquant des substances dangereuses.

Méthodologie de réalisation d’une étude de danger

Introduction

L’étude de dangers (EDD) s’inscrit dans la démarche de maîtrise des risques qu’un exploitant
de site industriel doit mettre en place en vue d’obtenir in fine, après un processus administratif
impliquant l’instruction par les services de l’État et la consultation du public, une autorisation
d’exploiter dans les conditions décrites dans cette (EDD) et pour les différents risques qui y
sont exposés (2).

D’un point de vue technique, l’EDD est une évaluation systématique et structurée des dangers
potentiels liés à une activité, un processus, un projet ou un système. Elle a pour objectif de
démontrer la bonne maitrise de risque par l’exploitant au regard du processus de gestion du
risque.

PROCESSUS DE REALISATION D’UNE ETUDE DE DANGERS

La réalisation d’une EDD se compose de 5 étapes principales (2) :

- La collecte des données d’entrée et la compréhension du contexte de réalisation de


l’EDD
- La préparation de l’analyse des risques.
- L’analyse des risques.
- L’étude détaillée des risques.
- L’évaluation des risques et le classement des accidents.

La préparation de l’analyse des risques consiste à mettre en œuvre une méthodologie


d’analyse de type inductive (Situation dangereuse, Causes, Conséquences, Moyens de
prévention, Moyen protection). C’est une étape indispensable pour comprendre les
installations, identifier les potentiels de dangers et évaluer les enjeux à protéger en cas
d’accident. Ensuite, l’analyse des risques proprement dite est généralement réalisée par un
groupe de travail composé d’experts expérimentés dans le domaine des installations
industrielles. Ce travail est complété par une étude détaillée des risques qui met en œuvre une
méthodologie de caractérisation de type déductive (couple arbre de défaillances / arbre
d’événements représentée au travers d’un nœud papillon) uniquement sur les phénomènes
dangereux dont les conséquences sortent des limites du site ou qui par effet domino peuvent
impacter des installations dont les effets sortent des limites du site.

La caractérisation de ces phénomènes dangereuses se fait en se basant sur quatre aspects


probabilistes (3) :

- Probabilité d’occurrence (en prenant en compte les éventuelles barrières de sécurité


dont la performance peut être justifiée).
- Cinétique des effets du phénomène.
- Intensité des effets du phénomène,
- Gravité des conséquences potentielles sur les enjeux,

Le processus se termine lorsque la maîtrise de tous les accidents majeurs potentiels est jugée
conforme aux exigences réglementaires.

Ci-dessous, une présentation sous forme de logigramme des étapes mentionnée :


Figure 1 : Logigramme représentant le processus de réalisation d’une Étude de dangers pour
les installations classées (2)

Gestion des risques


(4)
Le risque est défini comme étant l’effet de l’incertitude sur l’atteinte des objectifs . Cela
signifie qu'une mesure du risque doit prendre en compte les conséquences potentielles
(gravités) des évènements résultants d’un dommage et les pondérer avec leurs probabilités
correspondantes.

C'est dans ce contexte que le concept de management des risques est apparu comme étant un
processus itératif (Voir figure 2) permettant de coordonner un ensemble d’activités dont le
but est de diriger et piloter un organisme vis-à-vis le risque.

Evaluation des risques


Selon ISO/CEI 31010 :2009, l'évaluation des risques est le cœur du processus de gestion des
risques (voir figure 2), elle consiste à aboutir une estimation (mesure) des risques en
répondant à trois questions fondamentales :

- Qu'est-ce qui peut se passer et pourquoi ?


- Quelles en sont les conséquences ?
- Quelle est la probabilité de sa future occurrence ?

Figure 2 : Processus de gestion des risques (ISO/CEI 31010 :2009)

Une réponse formelle à ces trois questions nécessite de décrire le risque à travers l'utilisation
d'un ensemble de triplets (5) :

R = {< Si, ɸi, Yi >} i = 1,2,..., N.

Où :

R : Risque

Si : le scénario i dans l'ensemble de N scénarios considérés.

ɸi : la probabilité du scénario i.

Yi : la conséquence potentielle dans les conditions du scénario i .


Sous cette définition, chaque scénario est caractérisé par sa probabilité et sa ou ses
conséquences (une ou plusieurs variables de conséquence peuvent être considérées, mais
seule une valeur possible de chaque variable de conséquence est considérée). Cela signifie
que tous les scénarios possibles doivent être identifiés et que la probabilité de chacun doit être
estimée. De plus, pour chaque scénario, les conséquences pour le système doivent être
évaluées.

Afin de réaliser toutes ces tâches, l'ISO 31000 et CEI/ISO 31010 divisent l'évaluation des
risques en trois étapes :

 Identification des risques


 Analyse des risques
 Évaluation des risques.

En fonction des résultats de l’évaluation des risques, des mesures de réduction du risque
doivent être envisagées, notamment si le risque est jugé non maîtrisé. Le processus de
réduction des risques se poursuit alors jusqu’à atteindre un niveau aussi bas que
raisonnablement réalisable (2).

L’étude de dangers s’inscrit dans ce processus et représente l’étape d’évaluation des risques,
risques qui devront être suivis et maintenus à un niveau acceptable dans le temps (2).

Identification des risques

L'organisation doit identifier les sources de risque, les domaines d'impact, les événements (y
compris les changements de circonstances) et leurs causes ainsi que leurs conséquences
potentielles. L'objectif de cette étape est de générer une liste complète des risques basée sur
les événements qui pourraient créer, améliorer, empêcher, dégrader, accélérer ou retarder la
réalisation des objectifs (4).

Pour définir le risque, il est important d'identifier tous les scénarios possibles qui peuvent
affecter le système, de manière exhaustive et mutuellement exclusive. Cela inclut le scénario
d'évolution normale et les scénarios ayant une probabilité des conséquences non négligeables.

L'identification des sources de risque est essentielle pour éviter toute sous-estimation du
risque. Des techniques telles que le brainstorming, les interviews structurées ou semi-
structurées, les listes de contrôle, HAZOP et FMEA sont les plus appropriées pour identifier
les risques dans le secteur de oïl and Gas, selon la norme CEI/ISO 31010.

La phase d'identification des risques fournit les données d'entrée pour les phases d'évaluation
et de hiérarchisation. Il est donc crucial que ces données soient valides et complètes afin
d'obtenir des conclusions réalistes.

Analyse de risque

L'analyse des risques, en revanche, implique une évaluation plus approfondie des risques
identifiés. Elle vise à déterminer la probabilité et la gravité de chaque risque, ainsi que les
mesures qui pourraient être prises pour les atténuer ou les éliminer. Cette étape permet de
hiérarchiser les risques en fonction de leur importance et de leur urgence, afin de déterminer
les actions à prendre en priorité.

Références
1. Buchet, J.P., Le Coze, J.C., Reniers, G., & Sochet, I. (2011). Hazard Identification
Techniques in Corporate Risk Management. In Handbook of Loss Prevention and
Crime Prevention (pp. 21-48). CRC Press.
2. T. Balouin, S. Kribi, F. Prats, Étude de dangers d’une installation classée, Rapport
INERIS Ω-9, (2015), pp. 13-32.
3. Commission européenne. (2012). Directive 2012/18/UE du Parlement européen et du
Conseil du 4 juillet 2012 concernant la maîtrise des dangers liés aux accidents majeurs
impliquant des substances dangereuses. Journal officiel de l'Union européenne, L
197/1
4. ISO 31000 :2018. Management du risque – Guide pratique. Organisation
internationale de normalisation, 2018, pp. 7-19.
5. Kaplan S, Garrick BJ. “On the quantitative definition of risk”. Risk Analysis; 1(1),
1981: 11-27,at http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/j.1539-
6924.1981.tb01350.x/abstract

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