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Cours 2
Des cartes pour comprendre le monde
Introduction
Une carte a trois caractéristiques majeures :
La projection peut être polaire. Centrée sur l’un des pôles, elle déforme
l’espace à mesure que l’on s’en éloigne.
puissances rivales. Le monde semble s’être complexifié, et les cartes constituent un outil privilégié pour
appréhender cette complexité d’une manière synthétique.
Si l’on pousse la logique à l’extrême, si l’on admet qu’une carte exprime elle aussi un point de vue sur le
monde, on peut aboutir à l’œuvre de l’artiste Yanko Tsvetkov (2011), qui dresse la carte du monde vu à
travers le prisme des clichés de la population américaine.
Il faut donc retenir, si l’on doit commenter ce type de document, qu’une carte permet toujours de représenter
la complexité du monde. Elle nous dit quelque chose du monde tel qu’il évolue et c’est ce que nous allons
nous appliquer à démontrer dans la suite de ce cours. Mais elle nous le dit d’un certain point de vue, qu’il faut
savoir décrypter pour exercer son esprit critique, nécessaire à l’analyse de tout document.
Terminale S. Des cartes pour comprendre le monde
• La mondialisation, qui s’est traduite depuis les années 1970 par une accélération des échanges et par une
diffusion des capitaux, des investissements et de la production vers d’anciens pays du Tiers monde, a
logiquement provoqué le développement de quelques pays qui ont su s’intégrer et trouver leur place dans
l’économie mondiale. Ces pays sont souvent qualifiés d’émergents. Mais il n’est pas toujours facile de définir
un pays émergent. Cette carte le montre parfaitement : elle compte le nombre de fois qu’un pays est qualifié
d’émergent par quatre grands groupes bancaires. Il s’agit donc de la vision, très financière, des banques, qui ne
recoupe pas forcément celle du géographe puisqu’elle ne prend pas en compte les performances économiques
(la croissance en particulier) ou le développement, mais seulement les capitaux qui sont investis dans chaque
État. Suivant cette carte, la Chine, l’Inde, l’Indonésie, la Malaisie, le Brésil, l’Argentine, le Chili, le Mexique et
l’Égypte sont ainsi considérés comme des émergents, sans aucune contestation possible. On voit encore que le
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trois pôles ont également un important commerce intrazone peu soumis aux fluctuations de la conjoncture.
Mais le commerce mondial intègre de plus en plus les autres régions du monde. Désormais, plus aucune aire
n’est laissée en marge des échanges.
• Ils sont particulièrement intenses et importants dans deux régions stratégiques du monde : le Proche-Orient
et l’Afrique. Les enjeux sur les ressources énergétiques et minières sont fondamentaux. C’est l’arc de crise
défini par Bernard Lewis. Il y a corrélation entre le faible développement de l’arc de crise et les conflits.
L’instabilité politique et/ou le déficit démocratique (crise de l’État : mauvaise gouvernance, corruption des
élites, tensions ethniques…) de nombreux pays est un facteur aggravant. Il faut ajouter les tensions religieuses.
La présence de matières premières stratégiques, enfin, attise et réveille les conflits.
• La carte des conflits fait également apparaître quatre types de conflits : les conflits internes, encore
nombreux en Afrique, ont pour origine des contentieux territoriaux issus de la décolonisation. Les conflits
entre États ont eux aussi des origines anciennes. Face à ces deux types de conflits classiques, deux nouveaux
risques ont fait leur apparition : des réseaux transnationaux comme Al-Qaïda pratiquent le terrorisme. Les
cyber-attaques constituent également un nouveau type de guerre. Les conflits s’inscrivent donc dans la
mondialisation par les réseaux de ventes d’armes, l’Internet ou par les réseaux sociaux qui diffusent des
événements comme le « printemps arabe » de 2011.
C/ La gouvernance mondiale
• La gouvernance mondiale désigne l’ensemble des
institutions cherchant à réguler les problèmes
communs à la planète, et à exercer une autorité sur
le monde. C’est un mode de gestion dans lequel de
nombreux pays cherchent à travailler ensemble.
Pour réguler les relations internationales et les
conflits, des organisations internationales ont été
créées. Les plus importantes se concentrent encore
dans les pays du Nord : - création du FMI et de la
Banque mondiale en 1944 à l’occasion de la
conférence de Bretton Woods,
- Création de l’ONU en 1945, pour succéder
à la SDN,
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- Création du G6 en 1975 pour lutter contre la crise économique, transformé en G8, lui-même éclipsé
par la création du G20 en 1999 (les 20 nations économiquement les plus dynamiques).
- Pour réguler la mondialisation, le GATT a été remplacé par l’OMC (Organisation Mondiale du
Commerce) en 1995.
La concentration de ces principales institutions aux États-Unis ou en Europe occidentale est le fruit d’un
héritage de l’histoire de la gouvernance mondiale inspirée par les grandes puissances de la fin de la
Seconde Guerre mondiale.
• Dès lors, on peut affirmer que la mondialisation uniformise les modes de vie. Depuis quelques
décennies, cinq langues vivantes disparaissent chaque année. La révolution des transports et des
communications, le développement de l’Internet font disparaître les distances entre les territoires mais
aussi entre les individus. Une culture mondiale est apparue avec des événements sportifs qui rassemblent
des milliards de spectateurs. L’expansion mondiale de certains sports hors de leur berceau d’origine et la
médiatisation très large d’événements sportifs planétaires témoignent de cette uniformisation. Aucun pays
n’est absent des Jeux Olympiques. Dans ce domaine aussi, cela dit, la localisation des grands événements
sportifs depuis 2000 témoigne de la forte croissance des pays du Sud, qu’ils soient pétroliers (accueil de la
Coupe du Monde par le Qatar en 2022) ou émergents (JO de Pékin en 2008, Coupe du Monde en
Afrique du Sud en 2010 et en Russie en 2018, Coupe du Monde 2014 et JO 2016 au Brésil).
Les tensions identitaires peuvent être perçues comme une réaction à cette uniformisation culturelle.
•De même, la
carte de l’accès à
l’eau révèle les
inégalités de
développement.
L’eau potable est
rare dans les États
où les capacités
techniques pour
alimenter la
population sont
limitées. Moins de
75 % de la
population a accès
à l’eau potable dans les États d’Afrique subsaharienne. Les pourcentages sont même inférieurs à 50 % en
Mauritanie ou encore en République Démocratique du Congo, l’un des pays qui reçoivent le plus de
précipitations. Les pourcentages sont faibles, également, en Asie du Sud et du Sud-Est, notamment au
Laos et au Cambodge.
aussi ceux qui investissent le plus d’argent dans l’environnement. Dans cette optique, les moins vertueux
sont les plus pauvres (intégralité des PMA, qui apparaissent ici en rouge ou en orange). Dans le domaine
environnemental aussi, tout dépend du point de vue adopté.
Conclusion :
Les cartes permettent donc de saisir la complexité du monde :
- Du point de vue géo-économique : la limite Nord/Sud séparant les pays riches et développés du Tiers
Monde ou des pays en développement est désormais discutable. Si le monde semble toujours dominé
par les trois aires de la Triade, la mondialisation a favorisé l’apparition de pays émergents, les BRICS
(Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) dont l’importance dans l’économie mondiale ne cesse
de croître. Le monde est donc devenu polycentrique. Il est aussi interdépendant, les échanges mettant
en relation permanente toutes les régions du monde
- Du point de vue géo-politique : le monde reste dominé par les puissances anciennes, essentiellement
les États-Unis, les pays d’Europe de l’Ouest (France et Royaume-Uni) et la Russie. Mais dans ce
domaine également, il existe des puissances ascendantes qui risquent bien de bouleverser la donne
internationale. La montée en puissance de la Chine ou du Brésil est incontestable. Il faut aussi
compter avec les pays du Golfe, la Corée du Nord, l’Inde et le Pakistan. Même si les conflits sont
moins nombreux que pendant la guerre froide, ils restent dangereux. Le monde est donc fragmenté,
face à des problématiques, économiques ou environnementales, qui sont communes. On recherche
donc des modes de gouvernance internationale pour gérer les problèmes à l’échelle mondiale
- Du point de vue géo-culturel : le monde reste différencié en grandes aires de civilisation ou culturelles,
dont le découpage reste soumis à des critères idéologiques. Pourtant, la mondialisation favorise le
métissage culturel et linguistique
- Du point de vue géo-environnemental : le monde est menacé par le dérèglement climatique et par une
crise écologique sans précédent. Dans ce domaine plus que dans tout autre, la gouvernance
internationale peine à se mettre en place.