Vous êtes sur la page 1sur 10

Terminale S.

Des cartes pour comprendre le monde

Cours 2
Des cartes pour comprendre le monde

Ce chapitre ne peut donner lieu à un sujet de composition.

Introduction
Une carte a trois caractéristiques majeures :

- c’est d’abord une projection.


Il s’agit de représenter un espace sphérique, la Terre, en trois
dimensions, sur un espace plan. La projection peut être
cylindrique. Les pôles sont alors déformés. Un pôle est un
point : sur la carte, il devient une ligne délimitant le
planisphère au Nord et au Sud.

La projection peut être polaire. Centrée sur l’un des pôles, elle déforme
l’espace à mesure que l’on s’en éloigne.

- C’est une représentation.


La carte est un outil qui permet de représenter une réalité tout en la
simplifiant. Depuis une vingtaine d’années, le monde a beaucoup
changé. Le communisme s’est effondré et l’opposition est/ Ouest a
disparu. La coupure Nord/Sud s’est estompée. La mondialisation a
fait émerger de nouvelles puissances. D’une certaine manière, le
monde s’est considérablement complexifié, comme en témoigne
cette caricature de Chauvin publiée dans Le Monde en 2008. Le
dessin fait référence tout à la fois à la coupure Est/ Ouest provoquée
par la guerre froide (les démocraties libérales et capitalistes à
l’Ouest, autour des Etats-Unis, les dictatures communistes à l’Est
autour de l’URSS) et à la coupure Nord/Sud entre pays riches et
pays du Tiers Monde. Les personnages semblent regretter cette
époque car depuis l’effondrement du communisme, les grandes
alliances se sont distendues. Les Etats-Unis restent une grande puissance mais de nombreuses autres aires
(Europe, Chine, Inde, Brésil peuvent être distingués sur le nouveau puzzle du monde) s’affirment comme des
Terminale S. Des cartes pour comprendre le monde

puissances rivales. Le monde semble s’être complexifié, et les cartes constituent un outil privilégié pour
appréhender cette complexité d’une manière synthétique.

- Mais la carte n’est en rien objective.


Puisque toute carte déforme l’espace réel, elle est affaire de choix. Elle est construite par une personne en
fonction de l’endroit où elle vit. Les Américains centrent leur planisphère sur le continent américain, les
Européens sur l’Europe, les Chinois sur la Chine. Les Australiens centrent leur représentation du monde sur
l’Océanie, et placent parfois le Nord en bas de la carte (la représentation du Nord n’est qu’une convention).
Le géographe construit donc la carte en fonction de ses choix et de sa vision du monde. Une carte est souvent
une représentation idéologisée du monde.

Le monde vu de Chine Le monde vu d’Australie

Si l’on pousse la logique à l’extrême, si l’on admet qu’une carte exprime elle aussi un point de vue sur le
monde, on peut aboutir à l’œuvre de l’artiste Yanko Tsvetkov (2011), qui dresse la carte du monde vu à
travers le prisme des clichés de la population américaine.

Il faut donc retenir, si l’on doit commenter ce type de document, qu’une carte permet toujours de représenter
la complexité du monde. Elle nous dit quelque chose du monde tel qu’il évolue et c’est ce que nous allons
nous appliquer à démontrer dans la suite de ce cours. Mais elle nous le dit d’un certain point de vue, qu’il faut
savoir décrypter pour exercer son esprit critique, nécessaire à l’analyse de tout document.
Terminale S. Des cartes pour comprendre le monde

I/ Représenter la complexité géo-économique du monde


A/ Richesse et développement
• Si l’on décide, à partir des valeurs de l’IDH de 2014, de ne répartir
les États du
monde qu’en
deux catégories
(ceux qui ont
un IDH
supérieur à
0,77 et ceux
qui ont un IDH inférieur à 0,77), alors la coupure Nord/ Sud reste nette. Selon cette carte, qui est construite
en fonction d’un choix, il existe alors un Nord développé et un Sud en développement. Le Nord serait riche
et le Sud pauvre.

• Mais la carte du PIB nous révèle une autre réalité. Il


s’agit ici d’une carte par anamorphose, qui représente
les États par des formes géométriques. La rupture entre
la réalité et la représentation permet de mettre en
évidence les phénomènes que l’on veut représenter. Ici
la superficie des carrés représente le Produit Intérieur
Brut et la couleur le PIB par habitant. Si l’on s’attache,
donc, à la superficie des carrés et au PIB total, trois
grandes aires se distinguent du reste du monde :
l’Amérique du Nord, l’Europe (Allemagne, France, Royaume-Uni, Italie, Espagne), et l’Asie de l’Est (Chine,
Japon, Corée du Sud). Ce sont les trois aires les plus riches et les plus puissantes économiquement. Ce sont
les aires motrices de la mondialisation, autrement appelées « Triade ». Cependant les couleurs nous donnent
aussi une indication intéressante. Un pays comme la Chine est en train de s’imposer comme la première
puissance économique mondiale. Son PIB est en passe de devenir (ou est déjà devenu, suivant les études) le
plus important au monde. Mais le PIB par habitant, lui, reste moyen. C’est que le PIB total ne prend pas en
compte l’importance de la population. À PIB égaux (ce qui est le cas, désormais, des États-Unis et de la
Chine), la richesse par habitant est bien évidemment supérieure dans le pays le moins peuplé. Le gâteau de la
richesse est à partager entre davantage de bouches en Chine.

B/ Montée des pays émergents et inégalités de développement

• La mondialisation, qui s’est traduite depuis les années 1970 par une accélération des échanges et par une
diffusion des capitaux, des investissements et de la production vers d’anciens pays du Tiers monde, a
logiquement provoqué le développement de quelques pays qui ont su s’intégrer et trouver leur place dans
l’économie mondiale. Ces pays sont souvent qualifiés d’émergents. Mais il n’est pas toujours facile de définir
un pays émergent. Cette carte le montre parfaitement : elle compte le nombre de fois qu’un pays est qualifié
d’émergent par quatre grands groupes bancaires. Il s’agit donc de la vision, très financière, des banques, qui ne
recoupe pas forcément celle du géographe puisqu’elle ne prend pas en compte les performances économiques
(la croissance en particulier) ou le développement, mais seulement les capitaux qui sont investis dans chaque
État. Suivant cette carte, la Chine, l’Inde, l’Indonésie, la Malaisie, le Brésil, l’Argentine, le Chili, le Mexique et
l’Égypte sont ainsi considérés comme des émergents, sans aucune contestation possible. On voit encore que le
Terminale S. Des cartes pour comprendre le monde

classement est sujet à caution puisqu’il va à l’encontre


du classement des géographes, qui considèrent les
fameux BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et
Afrique du Sud) comme des pays émergents, à savoir
des pays dont l’économie est caractérisée par une
forte croissance économique mais dont le niveau de
développement doit encore progresser.

•Un pays peut donc s’enrichir et connaître des


problèmes de développement. Pour qu’un pays se
développe, il faut que la richesse soit partagée et
profite à la population.

•Dès lors, si l’on reprend la carte de l’IDH en 2014,


trois catégories de pays peuvent être distinguées :
- Les pays à l’IDH élevé, supérieur à 0,8, voire
0,9. Il s’agit des pôles de la Triade (Amérique
du Nord, Europe de l’Ouest et Asie de l’Est),
auxquels s’ajoutent quelques pays désormais développés comme l’Arabie Saoudite ou l’Argentine.
- Les pays à l’IDH moyen, compris entre 0,54 et 0,8. Dans cette catégorie se retrouvent des pays
émergents (Chine, Inde, Brésil ou
Afrique du Sud) qui étaient considérés
comme faisant partie du Tiers monde
en développement il y a encore
quelques années et des pays que l’on
peut plutôt qualifier de ré-émergents.
La Russie, en effet, lorsqu’elle était
intégrée à l’URSS, était une grande
puissance. Elle a connu une baisse
importante de son IDH dans les
années 1980 et 1990, à la suite de
l’effondrement du communisme.
Aujourd’hui elle progresse à nouveau.
Cette catégorie de pays à l’IDH moyen
se retrouve en Amérique latine, en
Afrique du Nord, en Europe de l’Est
et en Asie.
- Les pays à l’IDH faible (moins de 0,54) sont aussi très
souvent appelés Pays les Moins Avancés. Ce sont
essentiellement des pays d’Afrique subsaharienne et
d’Asie du Sud. Les problèmes de développement y
sont très importants et empêchent souvent la croissance
économique.

C/ Un monde de plus en plus interdépendant

Les échanges mondiaux sont largement dominés par le Triade


(Amérique du Nord, Union Européenne, Japon et dans une
moindre mesure l’Asie orientale). Ces trois pôles concentrent
l’essentiel des flux. Ils commercent principalement entre eux
car ils échangent des biens élaborés et coûteux pour lesquels
les consommateurs doivent avoir un certain niveau de vie. Ces
Terminale S. Des cartes pour comprendre le monde

trois pôles ont également un important commerce intrazone peu soumis aux fluctuations de la conjoncture.
Mais le commerce mondial intègre de plus en plus les autres régions du monde. Désormais, plus aucune aire
n’est laissée en marge des échanges.

II/ Représenter la complexité géo-politique du monde

A/ Puissances anciennes et puissances ascendantes

• En 1991, la disparition de l’URSS laisse un


monde dominé par une seule grande
puissance : les États-Unis, parfois qualifiés
d’hyperpuissance. Ils possèdent l’arme
nucléaire, de grandes capacités de projection
(ce qui veut dire qu’ils sont capables
d’intervenir et de monter une opération dans
n’importe quelle région du monde en moins de
24 heures, comme l’a montré, en 2011,
l’intervention au Pakistan pour supprimer
Oussama Ben Laden), et une énorme industrie
militaire. Ils sont un membre permanent du
Conseil de Sécurité de l’ONU (ce qui signifie
qu’ils y ont un droit de veto : toute décision de
l’ONU doit être approuvée par les États-Unis et
par les 4 autres membres). Mais d’autres
puissances jouent encore un rôle mondial
important : la Russie, qui a récupéré l’arsenal nucléaire de l’URSS et membre permanent du Conseil de
sécurité, est un acteur majeur de la diplomatie mondiale. En Europe, la France possède elle aussi l’arme
atomique et une capacité de projection importante grâce à des bases militaires dans tous les océans et la
Grande-Bretagne reste une puissance militaire et diplomatique importante. Mais depuis les années 2000, la
puissance américaine est moins évidente. Dans ce domaine aussi, la montée des
pays émergents est évidente. Les dépenses militaires se concentrent sur la Chine,
puissance issue de la Seconde Guerre mondiale mais aussi sur les puissances
régionales d’Amérique latine (Brésil), d’Asie orientale (Inde, Corée du Sud) et
du Moyen-Orient (Arabie Saoudite) et sur des zones de tensions interétatiques
(Inde/ Pakistan, Corée du Nord/ Corée du Sud). La Corée du Nord, l’Inde et le
Pakistan ont acquis l’arme atomique. Le Japon, également sous la menace de la
Corée du Nord, voire de la Chine, tend à se réarmer.

B/ Permanences et mutations des conflits dans le monde


• Contrairement à une idée reçue, les conflits se sont raréfiés depuis la fin de la
guerre froide. Les guerres civiles en particulier, qui étaient souvent le fruit de
tensions entre l’URSS et les États-Unis, sont bien moins nombreuses. De même,
les conflits entre États du Nord sont devenus très rares. Cela tient d’abord à des
arguments géopolitiques : possession de l’arme nucléaire, arme de « dissuasion »,
réseaux d’alliances hérités de la guerre froide et étendus ensuite (OTAN), fin de la guerre froide, rôle
important tenu par les grandes puissances du Nord dans les instances internationales. Il existe aussi un lien
entre prospérité économique et stabilité politique. En revanche, au Sud, les conflits, quoiqu’en baisse, sont
encore nombreux.
Terminale S. Des cartes pour comprendre le monde

• Ils sont particulièrement intenses et importants dans deux régions stratégiques du monde : le Proche-Orient
et l’Afrique. Les enjeux sur les ressources énergétiques et minières sont fondamentaux. C’est l’arc de crise
défini par Bernard Lewis. Il y a corrélation entre le faible développement de l’arc de crise et les conflits.
L’instabilité politique et/ou le déficit démocratique (crise de l’État : mauvaise gouvernance, corruption des
élites, tensions ethniques…) de nombreux pays est un facteur aggravant. Il faut ajouter les tensions religieuses.
La présence de matières premières stratégiques, enfin, attise et réveille les conflits.

• La carte des conflits fait également apparaître quatre types de conflits : les conflits internes, encore
nombreux en Afrique, ont pour origine des contentieux territoriaux issus de la décolonisation. Les conflits
entre États ont eux aussi des origines anciennes. Face à ces deux types de conflits classiques, deux nouveaux
risques ont fait leur apparition : des réseaux transnationaux comme Al-Qaïda pratiquent le terrorisme. Les
cyber-attaques constituent également un nouveau type de guerre. Les conflits s’inscrivent donc dans la
mondialisation par les réseaux de ventes d’armes, l’Internet ou par les réseaux sociaux qui diffusent des
événements comme le « printemps arabe » de 2011.

C/ La gouvernance mondiale
• La gouvernance mondiale désigne l’ensemble des
institutions cherchant à réguler les problèmes
communs à la planète, et à exercer une autorité sur
le monde. C’est un mode de gestion dans lequel de
nombreux pays cherchent à travailler ensemble.
Pour réguler les relations internationales et les
conflits, des organisations internationales ont été
créées. Les plus importantes se concentrent encore
dans les pays du Nord : - création du FMI et de la
Banque mondiale en 1944 à l’occasion de la
conférence de Bretton Woods,
- Création de l’ONU en 1945, pour succéder
à la SDN,
Terminale S. Des cartes pour comprendre le monde

- Création du G6 en 1975 pour lutter contre la crise économique, transformé en G8, lui-même éclipsé
par la création du G20 en 1999 (les 20 nations économiquement les plus dynamiques).
- Pour réguler la mondialisation, le GATT a été remplacé par l’OMC (Organisation Mondiale du
Commerce) en 1995.
La concentration de ces principales institutions aux États-Unis ou en Europe occidentale est le fruit d’un
héritage de l’histoire de la gouvernance mondiale inspirée par les grandes puissances de la fin de la
Seconde Guerre mondiale.

III/ Représenter la complexité géoculturelle du monde

A/ La difficulté à représenter les aires de civilisations

• Les aires de civilisation sont particulièrement


difficiles à cartographier de manière
incontestable. Le premier à s’y risquer est
l’Américain Samuel Huntington, dans son
ouvrage Le Choc des civilisations (1996). Il divise
le monde en 9 aires de civilisations et estime que
maintenant que la guerre froide est terminée, les
nouveaux conflits se feront, non plus entre systèmes
idéologiques opposés, mais entre civilisations. Il s’appuie
pour cela sur le conflit en ex-Yougoslavie : à cette
occasion, la Grèce et la Turquie, qui faisaient pourtant
partie de l’OTAN, ont choisi des partis opposés pour
des raisons religieuses. La Grèce a soutenu la Serbie
orthodoxe tandis que la Turquie a soutenu la Bosnie
musulmane. Huntington appuie ainsi très largement son
découpage sur le critère religieux.

• Quelques mois plus tard, le géographe


français Yves Lacoste lui répond et présente un
autre découpage des aires de civilisations. Il
affirme que la majorité des conflits a lieu à
l’intérieur des aires de civilisations et que celles-
ci ne sont pas condamnées à se faire la guerre.
Son découpage, tantôt géopolitique (la
colonisation a joué, selon lui, un rôle dans la
diffusion du mode de vie occidental sur une
bonne partie du monde), tantôt basé sur des
critères physiques (archipels et péninsules
justifient le découpage d’une aire du Pacifique
occidental). Son découpage se limite à 5
grandes aires de civilisations et une bonne
partie de l’Afrique n’est pas clairement
identifiée.
Terminale S. Des cartes pour comprendre le monde

B/ Vers l’unification culturelle ?


• Si le monde est marqué par la permanence de grandes civilisations, il est aussi caractérisé par une
diversité linguistique importante. On compte plus de 5600 langues vivantes.
Cependant, certaines langues tendent à s’imposer, soit parce que les peuples qui les parlent constituent
une masse démographique importante (c’est le cas pour le mandarin, parlé par plus d’un milliard
d’individus), soit parce que l’histoire, et notamment la colonisation, a diffusé une langue (c’est le cas de
l’espagnol, qui s’est répandu à l’ensemble de l’Amérique du Sud, à l’exception du Brésil, ou du français,
parlé en Afrique et dans certains pays asiatiques). L’anglais, surtout, s’impose comme la langue de
communication universelle. Elle est parlée comme langue secondaire par plusieurs centaines d’individus,
partout dans le monde et véhicule des références culturelles.

• Dès lors, on peut affirmer que la mondialisation uniformise les modes de vie. Depuis quelques
décennies, cinq langues vivantes disparaissent chaque année. La révolution des transports et des
communications, le développement de l’Internet font disparaître les distances entre les territoires mais
aussi entre les individus. Une culture mondiale est apparue avec des événements sportifs qui rassemblent
des milliards de spectateurs. L’expansion mondiale de certains sports hors de leur berceau d’origine et la
médiatisation très large d’événements sportifs planétaires témoignent de cette uniformisation. Aucun pays
n’est absent des Jeux Olympiques. Dans ce domaine aussi, cela dit, la localisation des grands événements
sportifs depuis 2000 témoigne de la forte croissance des pays du Sud, qu’ils soient pétroliers (accueil de la
Coupe du Monde par le Qatar en 2022) ou émergents (JO de Pékin en 2008, Coupe du Monde en
Afrique du Sud en 2010 et en Russie en 2018, Coupe du Monde 2014 et JO 2016 au Brésil).
Les tensions identitaires peuvent être perçues comme une réaction à cette uniformisation culturelle.

IV/ Représenter la complexité géo-environnementale


A/ L’environnement, un révélateur des inégalités de développement
Les cartes environnementales sont révélatrices à la fois des inégalités de développement et des problèmes
démographiques.

• Les États qui émettent le plus


de CO2 sont la Chine, les États-
Unis, l’Inde, la Russie ou encore
le Japon. Les 5 premiers
émetteurs de la planète sont
donc soit des puissances
anciennes soit de grandes
puissances émergentes très
peuplées. Le lien entre
population et pollution n’est
cependant pas automatique
puisque la Nigéria par exemple,
l’un des pays les plus peuplés d’Afrique, n’émet que très peu de CO2. Il s’agit cependant d’un problème
environnemental mondial car c’est l’ensemble des États du monde qui est concerné par le changement
climatique, conséquence de ces émissions de CO2 dans l’atmosphère.
Terminale S. Des cartes pour comprendre le monde

•De même, la
carte de l’accès à
l’eau révèle les
inégalités de
développement.
L’eau potable est
rare dans les États
où les capacités
techniques pour
alimenter la
population sont
limitées. Moins de
75 % de la
population a accès
à l’eau potable dans les États d’Afrique subsaharienne. Les pourcentages sont même inférieurs à 50 % en
Mauritanie ou encore en République Démocratique du Congo, l’un des pays qui reçoivent le plus de
précipitations. Les pourcentages sont faibles, également, en Asie du Sud et du Sud-Est, notamment au
Laos et au Cambodge.

B/ La difficulté à mettre en place des indicateurs


• Les géographes, récemment, ont mis
en place deux indicateurs pour tenter
d’évaluer l’impact des pays sur
l’environnement. L’empreinte écologique
évalue la superficie moyenne par
habitant, nécessaire à chaque État pour
assouvir ses besoins. Plus l’empreinte est
forte, plus l’État est prédateur. Suivant cet
indicateur, les États les plus vertueux sont
aussi les plus pauvres. L’intégralité des
PMA (Pays les Moins Avancés) offrent
les scores les plus performants. À
l’inverse, les États développés sont aussi
les États les plus prédateurs pour leur
environnement. Parmi les trois moins
vertueux se retrouvent deux pays pétroliers (Émirats Arabes Unis et Qatar). L’Amérique du Nord,
l’Australie et l’Europe de l’Ouest ont une empreinte très élevée.

• L’EPI (Indice de Performance


Environnementale), élaboré par des
chercheurs américains de l’Université de
Yale, prend en compte la santé
environnementale et surtout les
politiques environnementales des pays.
Dès lors la situation est inversée : les
États les plus vertueux sont situés
essentiellement dans le Nord, en
particulier en Europe (Islande, Suisse),
même si certains États du Sud peuvent
aussi être présentés comme performants.
Les États développés, très pollueurs, sont
Terminale S. Des cartes pour comprendre le monde

aussi ceux qui investissent le plus d’argent dans l’environnement. Dans cette optique, les moins vertueux
sont les plus pauvres (intégralité des PMA, qui apparaissent ici en rouge ou en orange). Dans le domaine
environnemental aussi, tout dépend du point de vue adopté.

Conclusion :
Les cartes permettent donc de saisir la complexité du monde :
- Du point de vue géo-économique : la limite Nord/Sud séparant les pays riches et développés du Tiers
Monde ou des pays en développement est désormais discutable. Si le monde semble toujours dominé
par les trois aires de la Triade, la mondialisation a favorisé l’apparition de pays émergents, les BRICS
(Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) dont l’importance dans l’économie mondiale ne cesse
de croître. Le monde est donc devenu polycentrique. Il est aussi interdépendant, les échanges mettant
en relation permanente toutes les régions du monde
- Du point de vue géo-politique : le monde reste dominé par les puissances anciennes, essentiellement
les États-Unis, les pays d’Europe de l’Ouest (France et Royaume-Uni) et la Russie. Mais dans ce
domaine également, il existe des puissances ascendantes qui risquent bien de bouleverser la donne
internationale. La montée en puissance de la Chine ou du Brésil est incontestable. Il faut aussi
compter avec les pays du Golfe, la Corée du Nord, l’Inde et le Pakistan. Même si les conflits sont
moins nombreux que pendant la guerre froide, ils restent dangereux. Le monde est donc fragmenté,
face à des problématiques, économiques ou environnementales, qui sont communes. On recherche
donc des modes de gouvernance internationale pour gérer les problèmes à l’échelle mondiale
- Du point de vue géo-culturel : le monde reste différencié en grandes aires de civilisation ou culturelles,
dont le découpage reste soumis à des critères idéologiques. Pourtant, la mondialisation favorise le
métissage culturel et linguistique
- Du point de vue géo-environnemental : le monde est menacé par le dérèglement climatique et par une
crise écologique sans précédent. Dans ce domaine plus que dans tout autre, la gouvernance
internationale peine à se mettre en place.

Vous aimerez peut-être aussi