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Les facteurs de l’efficacité dans l’enseignement primaire p.

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INTRODUCTION
De l’évaluation à la prise de décision : quelques conclusions
opérationnelles du PASEC

En 1990, l’appel de JomTien en faveur d’un accès pour tous à l’éducation de


base a entraîné de la part des ministres de la CONFEMEN une réponse qui
intégrait la dimension de la qualité.

En effet, sous contrainte de ressources limitées, l’extension à toute force de


la scolarisation fait courir le risque d’un enseignement au rabais, qui ne puisse
porter l’ambition d’un mieux être individuel et collectif.

En conséquence, les ministres de la CONFEMEN se sont doté d’un outil


d’évaluation, le Programme PASEC, pour obtenir des éléments factuels sur
les voies et moyens d’une poursuite simultanée des objectifs qualitatifs et
quantitatifs de l’éducation de base.

Au terme d’enquêtes par échantillonnage menées dans huit pays de la


CONFEMEN, il est aujourd’hui possible de proposer un tableau des marges
de manœuvre qui s’offrent aux décideurs.

La situation de départ, du seul point de vue des acquis constatés des élèves,
est peu satisfaisante : ce n’est pas tant la maîtrise des points au programme
qui fait problème, que la grande difficulté des élèves à réutiliser ces connais-
sances hors du schéma d’enseignement initial. L’amélioration de la qualité
n’est cependant pas la seule priorité. Les résultats mettent d’abord en évi-
dence des possibilités d’extension de la scolarisation à faibles coûts :

Etendre la scolarisation

En fonction d’un objectif prioritaire d’extension de la scolarisation, sous con-


trainte de ressources limitées, la solution passe par une limitation du coût
unitaire de l’éducation.

Par nécessité, de nombreuses formules sont déjà pratiquées sur le terrain. Il


en est ainsi des classes à fort effectif, du double flux, de la réduction des
redoublements, des modalités plus souples de recrutement, de formation, et
de rémunération des enseignants.
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Le PASEC fait apparaître que ces moyens classiques de réduction des coûts
n’ont pas d’effets secondaires rédhibitoires sur la qualité de l’éducation. Lors-
qu’on réduit le ratio maître/élèves (taille des classes, double flux), qu’on aug-
mente la fluidité des cycles (diminution des redoublements), qu’on limite les
coûts de formation et les coûts salariaux des maîtres (niveau de recrutement,
catégorie d’emploi, formation initiale et continue), le gain combiné sur les
coûts unitaires peut être spectaculaire (du double au simple), alors que la
perte sur les scores des élèves à des épreuves standardisées se limite à quel-
ques points de pourcentage.

Il s’agit bien sûr d’un constat global, qui peut souffrir quelques exceptions, et
qui ne dispense pas de mesures d’accompagnement visant à amoindrir le
risque de détérioration des conditions de vie et de travail de l’élève et de
l’enseignant. Par exemple, l’acceptation de classes à grands effectifs, ou l’ins-
tauration du double flux, devrait s’accompagner d’aménagements concer-
nant les horaires, la pédagogie, les primes de difficulté, etc.

La réduction des coûts unitaires par les moyens qui viennent d’être évoqués
autorise un accès plus large à l’école. Le bénéfice en termes d’équité com-
pense largement la baisse, effective mais limitée, de la qualité des apprentis-
sages.

Explorer les gisements de qualité

Les systèmes éducatifs qui sont les plus proches de l’objectif de scolarisation
universelle peuvent envisager comme objectif prioritaire l’amélioration de la
qualité. Dans ce cas, la contrainte sur les coûts unitaires est moins forte et la
perspective devient différente.

Le PASEC permet d’identifier les gisements de qualité, sans toutefois, en


l’état actuel de son avancement, pouvoir être très précis sur les contextes et
les modalités les plus adaptés à leur mise en œuvre. D’une manière générale,
les normes de construction scolaire, d’équipement des classes, ou même de
dotation des élèves, comptent moins que des facteurs légers ou immatériels
(livres, organisation, calendriers, horaires, programmes, pédagogie, motiva-
tion,…).

Contrairement aux mesures concrètes et chiffrables évoquées pour obtenir


une baisse des coûts unitaires de l’éducation, les leviers de la qualité agissent
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de manière très inégale en fonction du contexte (situation géographique de


l’école, public d’élève, niveau d’enseignement, discipline considérée).

En fait, la difficulté vient de la complexité de mise en œuvre de ces mesures :


la dotation en livre est potentiellement, et de très loin, la mesure la plus coût-
efficace pour améliorer le niveau des élèves, mais tout dépend du taux de
possession de l’ouvrage, de sa qualité, et de son usage réel par l’enseignante
(dispose-t-elle d’un livre du maître ?).

L’enjeu principal concerne sans doute le niveau de recrutement et la forma-


tion des maîtres. D’une part, l’élévation constante du niveau de diplôme des
enseignants ne s’accompagne pas d’une meilleure efficacité pédagogique en
classe. D’autre part, en l’état actuel des pratiques, la formation profession-
nelle initiale et continue a un impact irrégulier et limité sur les acquisitions
des élèves.

Cette faible efficacité du levier de la formation est relative à un état des sys-
tèmes considérés. Les mêmes données d’analyse PASEC permettent de me-
surer de très grands écarts de performance d’un enseignant à l’autre. L’inves-
tissement dans la formation des enseignants reste donc souhaitable, mais il
faut la repenser pour la rendre plus efficace.

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