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CHAPITRE V :
Cette étude s’appuie sur le suivi d’élèves testés en 2ème année du primaire
(CP28 ) en 1995-96 dans trois pays : le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire et le
Sénégal. Les élèves du Burkina Faso ont été testés de nouveau à la fin de
l’année 1996-97, ceux de Côte d’Ivoire et du Sénégal l’ont été à la fin des
années 1996-97 et 1997-9829 . Dans tous les cas, on s’est efforcé de retrouver
aussi bien les élèves qui étaient passés dans la classe supérieure que ceux qui
avaient redoublé.
Se fondant sur la comparaison du devenir de ces élèves selon qu’ils ont ou non
redoublé, ce document analyse la politique de redoublement pratiquée dans les
écoles afin d’en évaluer l’efficacité30 . Les taux élevés de redoublement se
justifient-ils ?
28
On a utilisé dans le texte le terme de CP pour le niveau 2 du primaire (au Burkina Faso et en
Côte d’Ivoire, CP2) ; le CM1 correspond au niveau 5.
29
Le fait que les élèves burkinabé n’aient pas été suivis en 1997-98 explique que certains
résultats, dans les pages qui suivent, ne concernent que la Côte d’Ivoire et le Sénégal : les
données manquent pour conduire ces analyses au Burkina Faso.
30
Il est prévu de poursuivre le suivi de ces élèves en Côte d’Ivoire et au Sénégal (environ 2000
élèves par pays au départ, en fin de deuxième année) jusqu’à la fin de l’année scolaire 1999-
2000, ce qui revient à suivre ceux qui ne redoublent pas jusqu’à la fin du cycle primaire. Cela
permettra de compléter cette étude sur le redoublement en la généralisant aux différents niveaux
du primaire et en mesurant de possibles effets de long terme du redoublement.
p. 100 Les facteurs de l’efficacité dans l’enseignement primaire
.05
Fraction
0
0 78
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Les facteurs de l’efficacité dans l’enseignement primaire p. 101
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Fraction
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p. 102 Les facteurs de l’efficacité dans l’enseignement primaire
Le débat sur les redoublements est ancien. Dans les pays du Nord, on a
constaté dans les dernières décennies un fort infléchissement des politiques
de redoublement, qui selon les pays va de la réduction progressive des taux de
redoublement (pays du sud de l’Europe et d’Amérique latine) à son pur et
simple bannissement au primaire (pays du nord de l’Europe, Corée du Sud,
Japon). Outre cette tendance nette, les chercheurs semblent être unanimes
pour dénoncer l’inefficacité du redoublement et prôner la recherche de répon-
ses plus appropriées aux difficultés des élèves. Jean-Jacques Paul résume
avec vigueur ces conclusions : “ Répétons-le, dans tous les pays où les
recherches ont été conduites, à tous les niveaux étudiés, l’élève qui passe
progressera plus que l’élève de niveau équivalent qui redouble, même
s’ils sont tous les deux faibles. ”31 . Dans cette vision, le redoublement est
une perte de temps pour l’élève ; elle ne répond pas à ses difficultés spécifi-
ques, mais le stigmatise et lui ôte l’opportunité que constitue le passage dans la
classe supérieure, où l’élève est exposé à un environnement nouveau, plus
stimulant.
31
Jean-Jacques Paul, Le redoublement : pour ou contre ?, ESF éditeur, 1996.
Les facteurs de l’efficacité dans l’enseignement primaire p. 103
32
Cette piste a été explorée, mais sans résultats nets : les progressions des redoublants sont
assez similaires en français et mathématiques, au Sénégal comme en Côte d’Ivoire.
p. 104 Les facteurs de l’efficacité dans l’enseignement primaire
Analyse des
Même si les décisions ne Les décisions de décisions de
Qualité des sont pas infaillibles, ce redoublement laissent redoublement :
décisions de sont bien les élèves en une trop grande part à d’autres critères
redoublement difficulté réelle qui l’arbitraire et à la que le niveau de
redoublent. subjectivité du maître. l’élève sont-ils
pris en compte ?
Sans prétendre être exhaustif, ce tableau montre que les arguments sont aussi
divers que contradictoires…
Mais on voit aussitôt que le recoupement n’est pas parfait : ce ne sont pas
exactement les 14,4% des élèves les plus faibles qui redoublent. Des élèves
très faibles ne redoublent pas ; et symétriquement, des élèves de niveau que
l’on peut qualifier de moyen sont amenés à redoubler.
Le même constat est tiré en Côte d’Ivoire : à la fin du niveau 2, 17,4% des
élèves (soit 309 élèves) de notre échantillon redoublent. Parmi ceux
dont nous connaissons le score à la fin de 1995-96, 71% (soit 192
élèves sur 272) appartiennent au dernier tiers des élèves les plus
faibles.
Parmi les redoublants de 1996-97 dont nous connaissons le score fin 1995-96,
plus des trois quarts, 76,5%, appartenaient au tiers des élèves les plus
faibles. Même s’ils sont moins nombreux, les redoublants de notre échantillon
au Burkina Faso illustrent le même fait qu’en Côte d’Ivoire et au Sénégal : ce
sont en général des élèves faibles, mais pas toujours.
33
Il s’agit des élèves dont nous connaissons la classe en 1996-97. Cette mesure exclut donc les
élèves ayant abandonné et ayant été perdus par l’enquête. Comme on peut penser qu’il y a
parmi eux un pourcentage plus important d’élèves devant redoubler, on peut penser que notre
mesure sous-estime ainsi légèrement le pourcentage de redoublants en fin de niveau 2.
DÉCISION REDOUBLEMENT 2E ANNÉE - BURKINA FASO
.12 .12
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Fraction
Fraction
0 0
0 80 0 80
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Distribution de scores de ceux qui vont passer en 3ème année Distribution de scores de ceux qui vont redoubler leur 2ème année
. 0.1 . 0.1
Fraction Fraction
.80
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.0
ème 0
.0 Distribution de scores de ceux qui vont passer en 3 année .0 Distribution de scores de ceux qui vont redoubler
DÉCISION REDOUBLEMENT 2E ANNÉE - SÉNÉGAL
.12 .12
Fraction Fraction
0 0
0 Score fin 96 80 0 Score fin 96 80
Distribution scores de ceux qui vont passer en 3ème année Distribution scores de ceux qui vont redoubler leur 2ème année
Les facteurs de l’efficacité dans l’enseignement primaire
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p. 108 Les facteurs de l’efficacité dans l’enseignement primaire
S’il y a d’autres éléments que le niveau (mesuré par les tests) qui entrent en
ligne de compte, comment le choix s’opère-t-il ? Qui sont les redoublants ?
On peut d’abord donner quelques traits des redoublants : les redoublants sont
plus souvent des garçons en Côte d’Ivoire et au Burkina Faso, des
filles au Sénégal, ils viennent plus souvent de familles de niveau de vie
plus faible, et sont légèrement plus nombreux dans le milieu rural, comme le
montre le graphique ci-dessous.
Urbain/rural
(Sénégal)
(Burkina Faso) (C ôte d'Ivoire)
Urbain/rural
POURCENTAGE DES REDOUBLANTS DANS LES DIFFÉRENTS GROUPES
Urbain/rural
N iveau de vie
faible/élevé
(Sénégal)
(Burkina Faso) (C ôte d'Ivoire)
N iveau de vie N iveau de vie
faible/élevé faible/élevé
G arçons/filles G arçons/filles G arçons/filles
(Burkina Faso) (C ôte d'Ivoire) (Sénégal)
0 ,2
0 ,1 8
0 ,1 6
0 ,1 4
0 ,1 2
0 ,1
0 ,0 8
0 ,0 6
0 ,0 4
0 ,0 2