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EDU’CONSULTING

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FORMATEUR : Inspecteur KIENTEGA P. David
FORMATION POUR L’EXAMEN DU CAPES PROFESSIONNEL 2023

LE CONTEXTE DE L’ENSEIGNEMENT DES SP AU BURKINA


INTRODUCTION
L’école burkinabé a connu plusieurs réformes en vue d’une adaptation des enseignements aux différents contextes du
pays. L’enseignement des SP a connu des innovations tant dans les contenus que dans les méthodes.
De nos jours, cet enseignement se veut expérimental. Ce caractère expérimental des SP impose à l’école de se
conformer aux exigences de cet enseignement.
L’importance de l’enseignement expérimental réside dans le fait qu’il prend en compte les trois (3) domaines de la
taxonomie: le cognitif, l’affectif et le psychomoteur. Cet enseignement se fixe pour finalité de fournir aux élèves une
culture équilibrée par l’acquisition de connaissances, d’attitudes et de savoir-faire mais aussi de compétences pour
faire face aux contraintes du monde actuel.
Il est nécessaire qu’un véritable enseignement expérimental des SP soit mis en oeuvre. Mais le Burkina Faso peine
toujours pour trouver une issue favorable à la mise en oeuvre effective de l’enseignement expérimental.
Beaucoup de facteurs entravent l’application d’un véritable enseignement expérimental dans les classes.
I. FACTEURS ENTRAVANT LA MISE EN OEUVRE D’UN ENSEIGNEMENT EXPERIMENTAL

Parmi les facteurs évoqués par les acteurs, on peut retenir les suivants qui restent spécifiques aux SP. Il s’agit
notamment :
 Des instruments d’évaluation inadaptés ;
 De la disparité de l’enseignement (contenus, méthodes, moyens, environnement (environ 10% des établissements
ont un laboratoire)) ;
 De la non évaluation de certains aspects enseignés ;
 Du décrochage des contenus enseignés avec le vécu quotidien ;
 Des effectifs pléthoriques :

Les effectifs autorisés par classe sont de 70 au post primaire et 60 au secondaire. Mais la réalité dépasse de loin cette
prescription (80-100, même 150 élèves par classe). Cette situation compromet sérieusement l’enseignement
expérimental qui nécessite des groupes réduits pour être efficace.
 Des surcharges horaires des enseignants ;
 De la faiblesse des infrastructures (que sont les laboratoires ou les salles spécialisées pour un enseignement
expérimental) et des équipements;
De nombreux établissements secondaires ne possèdent pas ces infrastructures. Quand elles existent, elles sont, dans
certaines localités, dépourvues d’installations techniques (eau et électricité).
Dans ce contexte, les cours sont dispensés de façon théorique et les laboratoires sont souvent transformés en salles de
classe.
De même, sans matériel, il ne peut y avoir d’enseignement expérimental. Or, les budgets des établissements
secondaires ne leur permettent pas de s’équiper en matériel de laboratoire. L’État, non plus, n’axe ses efforts ni dans la
construction de laboratoires dans les établissements ni dans leur équipement en matériel.
La mise en place du Centre de Matériels Didactiques (CMD) par le Projet d’Appui à l’Enseignement Secondaire
Général (PAESG) en 1995 n’a pas résolu le problème de matériel. Ce centre en lui-même ne peut produire du matériel
en série étant donné qu’il ne dispose ni de ressources financières, ni de subventions pour le faire, ni même de
l’autonomie nécessaire pour développer des initiatives.
Au manque ou à l’insuffisance du matériel expérimental s’ajoute l’insuffisance de manuels scolaires.
 Du nombre insuffisant des enseignants de SP
Les diplômés des universités ne viennent à l’enseignement qu’en dernier recours à cause sans doute de l’image peu
reluisante de la fonction enseignante et/ou de la faible rémunération et des exigences du métier.
Avec la création de l’IDS en 2004, l’Etat burkinabè espérait résoudre ce problème en mettant chaque année à la
disposition du système éducatif, environ cent (100) enseignants de M/PC. Par la suite ce nombre a augmenté passant à
300/an, mais l’explosion démographique et une prise de conscience des populations ont entrainé une hausse de la
demande.
 De l’insuffisance de la formation initiale et continue du personnel enseignant et des encadreurs pédagogiques,

Certains enseignants de SP n’ont pas la qualification requise pour enseigner la discipline. Dans beaucoup
d’établissements, on emploie des personnes sans formation et sans qualification. Ce sont entre autres certains
vacataires, contractuels, auxiliaires et agents du SND. Cela ne contribue pas à l’amélioration du niveau de
l’enseignement que certains acteurs jugent en baisse.
Comme le soutiennent BRUNET.L et MORIN.L (1992, p.294), « c’est une erreur (...) de penser qu’un éducateur n’a
besoin que de peu de savoir ou de culture de base vu qu’il consacre ses énergies à des enfants ou des adolescents ».
La création d’institutions, chargées de la formation d’enseignants a certes contribué à améliorer les volets
pédagogique et psychopédagogique de la formation des enseignants, mais celui de l’expérimentation en sciences
physiques a besoin d’être renforcé.
La formation continue, qui devrait relever l’insuffisance de l’expérimentation au niveau de la formation initiale, reste
elle aussi, très partielle.
Au niveau de la formation initiale par exemple, seul l’ex IDS assure le volet formation aux manipulations. Quant à la
formation continue, seuls les enseignants des lycées scientifiques ont régulièrement des sessions.
Les freins à la mise en oeuvre de la formation continue restent, le faible effectif du personnel d’encadrement, le
manque de moyens logistiques, de matériels et de ressources financières.
 Du manque de motivation chez les enseignants et les apprenants ;
 Du manque croissant d’intérêt pour l’éducation (budgétivore) de manière générale,
II. AUTRES MAUX DU SYSTEME EDUCATIF
 Les enseignements et les apprentissages dans les différentes disciplines se font dans un cadre cloisonné. On
constate que dans une même discipline les concertations entre enseignants sont rares. Il en est de même entre les
enseignants de plusieurs disciplines. Dans les programmes, on retrouve des thèmes transversaux qui nécessitent les
apports de plusieurs disciplines. Pourtant, dans chaque discipline, les concepts sont enseignés avec des méthodes et
des techniques différentes, sans référence aux autres disciplines.

Tous ces aspects ne favorisent pas un brassage harmonieux des connaissances et les apprenants sont très souvent
amenés à attacher le même signifiant à des concepts différents.
 Au niveau de l’évaluation, les méthodes, les outils employés, sont disparates d’une discipline à l’autre et les seules
rencontres interdisciplinaires sont les seules fois où les enseignants se retrouvent pour effectuer des sommations de
notes au cours des examens scolaires.

Ce constat se retrouve dans les conclusions de l’analyse du système éducatif burkinabè réalisée en 2002 par le bureau
d’étude Tecsult Eduplus et qui a passé en revue tous les problèmes qui minent l’efficacité et l’efficience de
l’enseignement secondaire général. Cette étude met en évidence les caractéristiques actuelles de l’enseignement
secondaire général :
• les enseignants n’arrivent pas toujours à épuiser leur programme ;

• tout n’est pas mis en oeuvre pour aider l’élève à bien travailler ;

• l’enseignement dispensé ne répond pas toujours aux besoins des apprenants ;


• l’enseignement est dispensé sans un souci permanent d’interdisciplinarité ;
• l’objectivité n’est pas une donnée permanente dans le type d’approche en vigueur ;
• les examens sont très sélectifs ;
• les enseignements reçus ne permettent pas de développer toutes les potentialités des apprenants ;
• la formation reçue par les sortants du secondaire général ne leur permet pas de s’intégrer harmonieusement dans la
société ;
• la loi d’orientation de l’Éducation est méconnue de la plupart des enseignants ;
• les programmes en vigueur n’indiquent pas les modalités d’évaluation et ne fournissent pas toujours des consignes
utiles à ce sujet ;
• les programmes en vigueur n’indiquent pas les méthodes pédagogiques à utiliser ;
• la formation initiale et continue des enseignants est insuffisante ;
• les valeurs et les capacités décrites par la loi d’orientation ne sont pas développées par la formation reçue ;
• les élèves en difficulté ne constituent pas toujours une préoccupation pédagogique réglementée par le système
(limitation du redoublement) ;
• la formation dispensée au secondaire général permet aux élèves d’acquérir des connaissances cloisonnées mais elle
ne leur permet pas de développer des attitudes et des aptitudes pour faire face aux problèmes de la vie ;
• la formation reçue par les sortants du secondaire général ne leur permet pas de continuer à apprendre par eux-
mêmes ;
• les programmes sont lourds, trop vastes, irréalistes et inadaptés ;
• le manque d’enseignants, d’infrastructures et d’équipements est criard ;
• les effectifs dans les classes sont pléthoriques ;
• la corruption grandissante souille les structures de l’Éducation ;
• la formation est essentiellement théorique :
o Très peu d’initiation aux métiers manuels et peu de formation pratique et concrète ;
o le goût des travaux pratiques utiles et l’esprit technologique et pragmatique ne sont pas suffisamment développés ;
o les nouvelles techniques de production, l’esprit d’initiative et le respect de la nature ne sont pas pris en compte de
manière adéquate dans l’enseignement.
o l’école n’insiste pas assez sur le respect et la pratique des valeurs morales et civiques (formation militaire avec un
volet instruction civique) ;
III. PERSPECTIVES
Ce bref panorama un peu sombre a inspiré les propositions suivantes :
• tous les programmes d’enseignement doivent être révisés ;
• tous les programmes doivent être adaptés au contexte ;
• les formations initiale et continue des enseignants doivent être assurées et améliorées ;
• une politique soutenue de recrutement d’enseignants doit être menée ;
• le système d’évaluation doit être revu dans le sens de la recherche de l’équité;
• la recherche d’un enseignement utile et intégré avec un lien permanent entre l’école, la vie et la réussite du sortant
doit être la visée première ;
• l’adoption d’une nouvelle approche d’enseignement, l’approche par les compétences, apparait comme une solution
possible. Mais cette adoption reste conditionnée par la mobilisation d’importantes ressources (humaines, financières,
matérielles, organisationnelles, ...).
Les inspections de l’enseignement secondaire qui ont entre autres pour mission d’assurer la formation initiale et
continue des enseignants et de concevoir les innovations pédagogiques peuvent constituer un des maillons privilégiés
pour un début de résolution de certains problèmes.
L’affectation des encadreurs pédagogiques dans les différentes régions et provinces du pays devrait contribuer à
l’amélioration du système en assurant un encadrement de proximité aux enseignants.

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