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LE CONTEXTE DE L’ENSEIGNEMENT DES SP AU BURKINA

INTRODUCTION
L’école burkinabé a connu plusieurs réformes en vue d’une adaptation des enseignements aux différents
contextes du pays. L’enseignement des SP a connu des innovations tant dans les contenus que dans les
méthodes.
De nos jours, cet enseignement se veut expérimental. Ce caractère expérimental des SP impose à l’école de
se conformer aux exigences de cet enseignement.
L’importance de l’enseignement expérimental réside dans le fait qu’il prend en compte les trois (3)
domaines de la taxonomie: le cognitif, l’affectif et le psychomoteur. Cet enseignement se fixe pour finalité
de fournir aux élèves une culture équilibrée par l’acquisition de connaissances, d’attitudes et de savoir-
faire mais aussi de compétences pour faire face aux contraintes du monde actuel.
Il est nécessaire qu’un véritable enseignement expérimental des SP soit mis en œuvre. Mais le Burkina
Faso peine toujours pour trouver une issue favorable à la mise en œuvre effective de l’enseignement
expérimental.
Beaucoup de facteurs entravent l’application d’un véritable enseignement expérimental dans les classes.

I. FACTEURS ENTRAVANT LA MISE EN ŒUVRE D’UN ENSEIGNEMENT EXPERIMENTAL


Parmi les facteurs évoqués par les acteurs, on peut retenir les suivants qui restent spécifiques aux SP. Il
s’agit notamment :
 Des instruments d’évaluation inadaptés ;
 De la disparité de l’enseignement (contenus, méthodes, moyens, environnement (environ 10% des
établissements ont un laboratoire)) ;
 De la non évaluation de certains aspects enseignés ;
 Du décrochage des contenus enseignés avec le vécu quotidien ;
 Des effectifs pléthoriques :
Les effectifs autorisés par classe sont de 70 au post primaire et 60 au secondaire. Mais la réalité dépasse de
loin cette prescription (80-100, même 150 élèves par classe). Cette situation compromet sérieusement
l’enseignement expérimental qui nécessite des groupes réduits pour être efficace.
 Des surcharges horaires des enseignants ;
 De la faiblesse des infrastructures (que sont les laboratoires ou les salles spécialisées pour un
enseignement expérimental) et des équipements;
De nombreux établissements secondaires ne possèdent pas ces infrastructures. Quand elles existent, elles
sont, dans certaines localités, dépourvues d’installations techniques (eau et électricité).
Dans ce contexte, les cours sont dispensés de façon théorique et les laboratoires sont souvent transformés
en salles de classe.
De même, sans matériel, il ne peut y avoir d’enseignement expérimental. Or, les budgets des
établissements secondaires ne leur permettent pas de s’équiper en matériel de laboratoire. L’État, non plus,
n’axe ses efforts ni dans la construction de laboratoires dans les établissements ni dans leur équipement en
matériel.
La mise en place du Centre de Matériels Didactiques (CMD) par le Projet d’Appui à l’Enseignement
Secondaire Général (PAESG) en 1995 n’a pas résolu le problème de matériel. Ce centre en lui-même ne
peut produire du matériel en série étant donné qu’il ne dispose ni de ressources financières, ni de
subventions pour le faire, ni même de l’autonomie nécessaire pour développer des initiatives.
Au manque ou à l’insuffisance du matériel expérimental s’ajoute l’insuffisance de manuels scolaires.
 Du nombre insuffisant des enseignants de SP

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Les diplômés des universités ne viennent à l’enseignement qu’en dernier recours à cause sans doute
de l’image peu reluisante de la fonction enseignante et/ou de la faible rémunération et des exigences
du métier.
Avec la création de l’IDS en 2004, l’Etat burkinabè espérait résoudre ce problème en mettant chaque
année à la disposition du système éducatif, environ cent (100) enseignants de M/PC. Par la suite ce
nombre a augmenté passant à 300/an, mais l’explosion démographique et une prise de conscience des
populations ont entrainé une hausse de la demande.
 De l’insuffisance de la formation initiale et continue du personnel enseignant et des
encadreurs pédagogiques,
Certains enseignants de SP n’ont pas la qualification requise pour enseigner la discipline. Dans
beaucoup d’établissements, on emploie des personnes sans formation et sans qualification. Ce sont
entre autres certains vacataires, contractuels, auxiliaires et agents du SND. Cela ne contribue pas à
l’amélioration du niveau de l’enseignement que certains acteurs jugent en baisse.
Comme le soutiennent BRUNET.L et MORIN.L (1992, p.294), « c’est une erreur (...) de penser qu’un
éducateur n’a besoin que de peu de savoir ou de culture de base vu qu’il consacre ses énergies à des
enfants ou des adolescents ».
La création d’institutions, chargées de la formation d’enseignants a certes contribué à améliorer les volets
pédagogique et psychopédagogique de la formation des enseignants, mais celui de l’expérimentation en
sciences physiques a besoin d’être renforcé.
La formation continue, qui devrait relever l’insuffisance de l’expérimentation au niveau de la formation
initiale, reste elle aussi, très partielle.
Au niveau de la formation initiale par exemple, seul l’ex IDS assure le volet formation aux manipulations.
Quant à la formation continue, seuls les enseignants des lycées scientifiques ont régulièrement des
sessions.
Les freins à la mise en œuvre de la formation continue restent, le faible effectif du personnel
d’encadrement, le manque de moyens logistiques, de matériels et de ressources financières.
 Du manque de motivation chez les enseignants et les apprenants ;
 Du manque croissant d’intérêt pour l’éducation (budgétivore) de manière générale,

II. AUTRES MAUX DU SYSTEME EDUCATIF


 Les enseignements et les apprentissages dans les différentes disciplines se font dans un cadre
cloisonné. On constate que dans une même discipline les concertations entre enseignants sont rares. Il en
est de même entre les enseignants de plusieurs disciplines. Dans les programmes, on retrouve des thèmes
transversaux qui nécessitent les apports de plusieurs disciplines. Pourtant, dans chaque discipline, les
concepts sont enseignés avec des méthodes et des techniques différentes, sans référence aux autres
disciplines.
Tous ces aspects ne favorisent pas un brassage harmonieux des connaissances et les apprenants sont très
souvent amenés à attacher le même signifiant à des concepts différents.
 Au niveau de l’évaluation, les méthodes, les outils employés, sont disparates d’une discipline à
l’autre et les seules rencontres interdisciplinaires sont les seules fois où les enseignants se retrouvent pour
effectuer des sommations de notes au cours des examens scolaires.
Ce constat se retrouve dans les conclusions de l’analyse du système éducatif burkinabè réalisée en 2002
par le bureau d’étude Tecsult Eduplus et qui a passé en revue tous les problèmes qui minent l’efficacité et
l’efficience de l’enseignement secondaire général. Cette étude met en évidence les caractéristiques
actuelles de l’enseignement secondaire général :
• les enseignants n’arrivent pas toujours à épuiser leur programme ;
• tout n’est pas mis en œuvre pour aider l’élève à bien travailler ;

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• l’enseignement dispensé ne répond pas toujours aux besoins des apprenants ;
• l’enseignement est dispensé sans un souci permanent d’interdisciplinarité ;
• l’objectivité n’est pas une donnée permanente dans le type d’approche en vigueur ;
• les examens sont très sélectifs ;
• les enseignements reçus ne permettent pas de développer toutes les potentialités des apprenants ;
• la formation reçue par les sortants du secondaire général ne leur permet pas de s’intégrer
harmonieusement dans la société ;
• la loi d’orientation de l’Éducation est méconnue de la plupart des enseignants ;
• les programmes en vigueur n’indiquent pas les modalités d’évaluation et ne fournissent pas
toujours des consignes utiles à ce sujet ;
• les programmes en vigueur n’indiquent pas les méthodes pédagogiques à utiliser ;
• la formation initiale et continue des enseignants est insuffisante ;
• les valeurs et les capacités décrites par la loi d’orientation ne sont pas développées par la formation
reçue ;
• les élèves en difficulté ne constituent pas toujours une préoccupation pédagogique réglementée par
le système (limitation du redoublement) ;
• la formation dispensée au secondaire général permet aux élèves d’acquérir des connaissances
cloisonnées mais elle ne leur permet pas de développer des attitudes et des aptitudes pour faire face
aux problèmes de la vie ;
• la formation reçue par les sortants du secondaire général ne leur permet pas de continuer à
apprendre par eux-mêmes ;
• les programmes sont lourds, trop vastes, irréalistes et inadaptés ;
• le manque d’enseignants, d’infrastructures et d’équipements est criard ;
• les effectifs dans les classes sont pléthoriques ;
• la corruption grandissante souille les structures de l’Éducation ;
• la formation est essentiellement théorique :
o Très peu d’initiation aux métiers manuels et peu de formation pratique et concrète ;
o le goût des travaux pratiques utiles et l’esprit technologique et pragmatique ne sont pas
suffisamment développés ;
o les nouvelles techniques de production, l’esprit d’initiative et le respect de la nature ne sont
pas pris en compte de manière adéquate dans l’enseignement.
o l’école n’insiste pas assez sur le respect et la pratique des valeurs morales et civiques
(formation militaire avec un volet instruction civique) ;
III. PERSPECTIVES
Ce bref panorama un peu sombre a inspiré les propositions suivantes :
• tous les programmes d’enseignement doivent être révisés ;
• tous les programmes doivent être adaptés au contexte ;
• les formations initiale et continue des enseignants doivent être assurées et améliorées ;
• une politique soutenue de recrutement d’enseignants doit être menée ;
• le système d’évaluation doit être revu dans le sens de la recherche de l’équité;
• la recherche d’un enseignement utile et intégré avec un lien permanent entre l’école, la vie et la
réussite du sortant doit être la visée première ;
• l’adoption d’une nouvelle approche d’enseignement, l’approche par les compétences, apparait
comme une solution possible. Mais cette adoption reste conditionnée par la mobilisation
d’importantes ressources (humaines, financières, matérielles, organisationnelles, ...).

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Les inspections de l’enseignement secondaire qui ont entre autres pour mission d’assurer la formation
initiale et continue des enseignants et de concevoir les innovations pédagogiques peuvent constituer un des
maillons privilégiés pour un début de résolution de certains problèmes.
L’affectation des encadreurs pédagogiques dans les différentes régions et provinces du pays devrait
contribuer à l’amélioration du système en assurant un encadrement de proximité aux enseignants.

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