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Furr N.,H.Dyer Nathan J. Havard Business Review. « Innovation. Leading your team into the unkwnow ». Decembre 2014.
https://hbr.org/2014/12/leading-your-team-into-the-unknown (consulté le 25 mars 2022)
1000 chansons dans votre poche », en réalité ce défi ne supposait-il pas déjà la vision préalable
de l’iPod ? Peut-être ne faut-il pas alors parler d’opposition entre vision et défi, mais plutôt de
différence de focus, de point de vue.
Il y a plusieurs traits caractéristiques propres au défi que l’on peut énumérer ici. Tout d’abord,
un défi repoussera nécessairement certaines limites, par exemple en réinventant certaines
hypothèses fondamentales de l’entreprise au niveau des produits, des clients ou des modèles
commerciaux. Prenons ici l’exemple de Kraft en Chine. L’entreprise entre sur le marché
Chinois en 1984 avec pour objectif de devenir une entreprise d’un milliard de dollars. Vingt-
deux ans plus tard, elle n’est arrivée qu’au dixième de cet objectif. Kraft a alors envoyé trois
hauts dirigeants avec chèque en blanc pendant douze mois pour apporter les changements
nécessaires. Qu’ont-ils fait ? D’un côté, ils ont parlé aux consommateurs pour remettre en
question la nature de l’Oreo lui-même et d’un autre côté, ils ont visé des marges plus faibles.
Après avoir testé 20 prototypes d’Oreo qui ont tenu compte des remarques des
consommateurs, les revenus ont été multipliés par six et la marque de biscuits est devenue
numéro 1 en Chine. Ensuite, le leader lançant un défi devra être capable à la fois d’embrasser
et de gérer une certaine incertitude, car même si l’incertitude est une bonne chose dans une
certaine mesure, il faut aussi fixer des limites à l’incertitude. [il faut que cette quête des limites
ait elle-même une limite] Pour cela, il s’agira 1°) [et notamment une limite temporelle, c’est à
dire] de fixer un laps de temps pour résoudre les incertitudes élémentaires entourant un
projet d’innovation ; 2°) [+ une limite concernant l’interprétation des résultats et la
modification des expériences en fonction résultats] de gérer les correctement l’interprétation
des résultats, la modification des expériences, en prenant les bonnes décisions concernant
l’approbation ou le refus du produit des expériences.
2. De la décision à l’expérimentation
De la même manière que le leader de l’innovation ne doit pas d’abord élaborer une grande
vision, mais d’abord de concevoir un grand défi en repoussant des limites d’une part et en en
posant de nouvelles d’autre part, il ne s’agit pas de prendre de grande décision, mais de
concevoir des expérimentations. Ce fut le cas par exemple à la fin des années 80 lorsque les
ingénieurs de NEC ont conçu le premier ordinateur portable réellement distinct de la
concurrence, l’UltraLite. Ils ont été face au choix d’inclure ou non un disque dur interne de 3,5
pouces, ce qui augmenterait bien entendu sa mémoire, mais aussi son poids et diminuerait
donc sa portabilité. Alors qu’au moment de la sortie la campagne marketing battait son plein
et que les éloges pleuvaient, en réalité le produit fut un flop sur le marché et il s’est avéré a
posteriori que la raison en a été l’absence de ce disque dur interne, qui impliquait l’usage d’un
disque dur externe, inacceptable pour les utilisateurs.
Deux erreurs ont été commises : la première était celle d’omettre le disque dur, et la deuxième
de croire que c’était au chef de projet de prendre cette décision. Il faut donc en réalité que le
leader de l’innovation passe du rôle de décideur à celui d’expérimentateur, [à celui qui avoue
son ignorance et son incapacité d’avoir une vision et qui devienne capable de mener les
expériences nécessaire] de celui qui donne des réponses à celui qui pose des questions.
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Il y a toutefois plusieurs difficultés à mener ce changement d’attitude dans le chef du leader
de l’innovation. Premièrement, il y a une difficulté dans la compréhension de ce qui constitue
une décision, car il y a une certaine habitude chez les décideurs qui consiste à considérer
qu’une décision est de type go/no go alors qu’elle devrait laisser place à l’incertitude et à
l’expérience permettant de lever ou de réduire cette incertitude. La première difficulté est
donc l’inertie dans le rôle « traditionnel » du leader. La deuxième difficulté réside dans le fait
même de mener ces expérimentations, car cela suppose en soi de nouvelles compétences,
telles que l’identification des hypothèses critiques, la conception des expériences et
l’interprétation des résultats. Or, tout au long de cet objectif, il s’agit de maintenir l’approche
initiale de l’expérimentation, ce qui peut contrevenir à l’inertie des habitudes de l’équipe.
Troisièmement, même si l’expérimentation comme méthode est intellectuellement facile à
comprendre, elle est plus difficile à accepter émotionnellement, car elle ressemble souvent à
un lancement de produit raté. C’est d’ailleurs pour cette raison que bien souvent les
innovateurs surdéveloppent leurs prototypes, les lancent plus largement qu’ils ne le devraient
et se concentrent, par conséquent, sur les mauvais indicateurs de réussites. Afin de contrer
cette difficulté émotionnelle, le leader de Qualcomm nous rappelle que toute expérience
commerciale, réussie ou ratée, génère trois types de valeur. La première est la valeur de la
perspicacité dans le sens où toute expérimentation permet d’évaluer la perspicacité d’une
hypothèse innovante et de réduire le niveau d’incertitude. La deuxième est la valeur d’option,
au sens où l’hypothèse une fois testée permettra de poursuivre, modifier ou abandonner un
schéma d’action. Et la troisième est le plan stratégique, au sens où la multiplicité des
hypothèses testées permettra d’établir de nouvelles combinaisons à tester au vu des résultats.
Avant de poursuivre avec le troisième point de passage, nous voulons ajouter ici l’hypothèse
d’un autre article, intitulé « Culture for a digital age »2 concernant les raisons qui compliquent
l’implémentation des technologies et de l’innovation. Le diagnostic posé dans cet article est
plus global et complète les raisons évoquées plus haut concernant la difficulté du changement
d’attitude dans le chef du leader de l’innovation. En effet, le diagnostic ici concerne la culture
organisationnelle dans son ensemble, qui comporte elle-même trois dimensions : 1°) les silos
fonctionnels et départementaux, ce qui, concrètement, signifie que chaque segment du
système d’une entreprise ne communique pas et n’a pas connaissance du fonctionnement des
autres segments ni du système global ; 2°) l’aversion au risque ; 3°) une orientation client, qui
n’est donc pas dynamique et ne permet pas d’aller et retour entre l’entreprise et ses
« utilisateurs », entre le concepteur et l’usager.
De manière assez similaire, les deux articles attribuent la cause de l’inefficacité à un manque
d’information, c’est-à-dire que les articles renvoient à la nécessité d’une éducation ou à une
prise de responsabilité de la part au niveau des employés pour connaitre leur l’importance de
leur rôle dans le système global. L’article « Culture for a digital age »3 met ainsi en avant la
possibilité d’échanger les places entre les employés pour les aider à comprendre très
concrètement le point de vue des autres. Les deux articles évoquent également la nécessité
2
Goran J. LaBerge L., Srinivasan R. McKinsey digital. « Culture for a digital age ». Juillet
2017. https://www.mckinsey.com/business-functions/mckinsey-digital/our-insights/culture-for-a-digital-age (consulté le 25
mars 2022)
3
Ibid.
3
d’une sorte d’éducation : rendre l’information accessible à tous afin d’élargir les points de vue
et les approches (collecter, analyser et distribuer les données à travers les silos).
4
Furr N.,H.Dyer Nathan J. Havard Business Review. « Innovation. Leading your team into the unkwnow ». Decembre 2014.
https://hbr.org/2014/12/leading-your-team-into-the-unknown (consulté le 25 mars 2022)
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interagissent réellement avec celui-ci. Cela a permis à cette entreprise d’augmenter de 50% la
prime de l’action pour l’innovation depuis la mise en œuvre de ces types de changement.
5
C. Kane G., Nguyen Phillips A., Copulsky J., Andrus G. MITSloan management review. « How digital leadership is(n’t)
different ». Mars 2019. https://sloanreview.mit.edu/article/how-digital-leadership-isnt-different/ (consulté le 25 mars
2022)
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investissement et des ressources nécessaires. 2) Il faut également, selon l’étude, amener
l’ensemble de l’entreprise à se transformer technologiquement et ne pas limiter cette
fonction qu’à certains départements comme IT ou le marketing, la transformation est active
et se passe également au sein de la gouvernance. 3) Il faut soutenir les employés dans la
transformation technologique en leur laissant la possibilité, les outils et le temps de s’adapter
et d’apprendre dans ce nouvel environnement.
Outre ces points, d’autres initiatives favorisent les entreprises : 1) créer une équipe externe
de responsables ayant une expérience et une perspective dans l’innovation digitale et éviter
ainsi de commencer de nulle part. 2) former ses employés aux évolutions technologiques, car
ceux-ci évoluent très rapidement et qui peuvent créer un gouffre entre ce qu’ils ont appris
lors de leur formation initiale. 3) Favoriser un nouveau business model où la hiérarchie en
cascade (waterfall approach), linéaire, fait place à un modèle de réseaux (network approach)
qui contribue à collaborer, innover, aider ses collègues, etc. 4) Enfin, intégrer dans la culture
de l’entreprise une place aux expérimentations et récompenser l’apprentissage. Il faut casser
cette approche où « failure is not an option », mais favoriser une approche où l’apprentissage
est bien reçu qu’elle découle d’une mauvaise ou d’une bonne expérience.
6. Conclusion
Afin d’inciter les entreprises a évolué en fonction de nouvelles technologies, des stratégies
communes sont mises en place et ont un réel impact dans un contexte incertain.
L’expérimentation est un élément important en faveur des entreprises qui veulent innover,
car elle donne la possibilité aux employés de faire des erreurs, à prendre des risques et
d’apprendre. L’apprentissage est une constante des trois articles et ils caractérisent tout le
temps propre de l’apprentissage comme un temps qui doit y être spécialement consacré. Et
le temps de l’apprentissage et de l’innovation sont pratiquement similaires. L’apprentissage
favorise notamment la collaboration horizontale en brisant le cloisonnement entre les
différents acteurs de l’entreprise et laisse la place pour la collaboration et l’entraide.
Références
Furr N.,H.Dyer Nathan J. Havard Business Review. « Innovation. Leading your team into the
unknow ». Decembre 2014. https://hbr.org/2014/12/leading-your-team-into-the-unknown
(consulté le 25 mars 2022)
C. Kane G., Nguyen Phillips A., Copulsky J., Andrus G. MITSloan management review. « How
digital leadership is(n’t) different ». Mars 2019. https://sloanreview.mit.edu/article/how-
digital-leadership-isnt-different/(consulté le 25 mars 2022)
Goran J. LaBerge L., Srinivasan R. McKinsey digital. « Culture for a digital age ». Juillet
2017. https://www.mckinsey.com/business-functions/mckinsey-digital/our-insights/culture-
for-a-digital-age (consulté le 25 mars 2022)