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LA RESPONSABILITE MEDICALE

EN CŒLIOSCOPIE

Pr. Ahmed BELHOUSS

Casablanca 07 mars 2024


Introduction

* Exercice de la médecine : règles morales et juridiques établies


* But : équilibre entre deux besoins de sécurité légitime mais difficilement
conciliables

* Responsabilité médicale : plusieurs siècles

Code de Hammourabi : « Si le médecin traite un homme libre d’une plaie

grave, avec le poinçon de bronze et le tue, ou si avec le poinçon de bronze il

lui crève un œil, on lui coupera la main »

* En France : début de 19ème siècle

* Au Maroc : instruction jurisprudentielle


Devoirs du médecin

Arrêt de Mercier du 20 mai 1936 :


« des soins, non pas quelconques, mais
consciencieux, attentifs et conformes aux
données actuelles et acquises de la science »
* Devoirs de la science
* Devoirs de la conscience
* Devoirs de la confiance
Types de responsabilité médicale

*Responsabilité pénale : responsabilité « sanction »


*Responsabilité civile : responsabilité
« indemnisation »
*Responsabilité ordinale : responsabilité « sanction »
*Responsabilité administrative : responsabilité
« indemnisation »
Responsabilité pénale
Trois éléments nécessaires :
* Elément légal : comportement répréhensible par
la loi
* Elément matériel : comportement matériellement
adopté par l’individu dont on engage la
responsabilité
* Elément moral : intention volontaire de
commettre les faits
Responsabilité pénale
Les infractions involontaires
* Coups et blessures
* Maladresse
* Imprudence
* Négligence
Article 432 code pénal marocain (CPM) : 3 mois à 5
ans et une amende
Article 433 du CPM : 1 mois à 2 ans et/ou amende
Responsabilité pénale
Les infractions volontaires
* Blessures :
- Art 400 du CPM (ITT< 20 j) : 1 mois à 1 an et/ou amende
- Art 401 du CPM (ITT > 20 j) : 1 à 3 ans et une amende
- Art 402 du CPM (infirmité permanente) : 5 à 10 ans
* Homicide : euthanasie
(art 392, 393 et 398 du CPM : réclusion perpétuelle ou peine de mort)
* Castration : art 412 du CPM (réclusion perpétuelle ou peine de mort)
* Avortement : art 449 à 458 du CPM : 1 à 5 ans et amende
- En cas de mort : 10 à 20 ans
- Délit d’habitude : double de la peine
- Interdiction d’exercer la médecine
Responsabilité pénale
Les autres infractions
* Exercice illégal de la médecine : loi 131-13
3 mois à 5 ans et amende
* Non assistance à personne en danger : art 431 du CPM
3 mois à 5 ans et/ou amende
* Violation du secret médical : art 446 du CPM
1 à 6 mois et amende
* Faux certificats : art 366 du CPM
6 mois à 2 ans et/ou amende
* Corruption : art 248 (2 à 5 ans et amende)
* Refus de répondre à une réquisition : art 609 (amende)
Responsabilité civile
* Obligation juridique à réparer le dommage devant les
tribunaux civils
* Au Maroc : Dahir des obligations et contrats (DOC)
* Souvent contractuelle
* Trois types de faute :
- Faute contractuelle : inexécution ou mauvaise exécution
d’un contrat
- Faute délictuelle : absence de contrat
- Faute quasi délictuelle : fait des choses ou fait d’autrui
Responsabilité civile
Principe de la faute contractuelle :
* Capacité juridique de contracter :
- Praticien : conditions légales d’exercer
- Patient : majeur et capable
* Cause de contrat :
- Praticien : ses connaissances et sa compétence
- Patient : nécessité thérapeutique
* Objet tacite et licite du contrat : obligation de moyen
* Consentement libre et éclairé des parties :
Patient : information simple, loyale et appropriée
Responsabilité civile
Principe de la faute délictuelle :
Art 77 du DOC : Tout fait quelconque de l’homme, qui sans
l’autorisation de la loi, cause sciemment et volontairement à
autrui un dommage matériel ou moral oblige son auteur à
réparer le dit dommage s’il s’est établi que cette faute en est
la cause, lorsque :
- Le dommage est né en dehors de tout rapport contractuel
préexistant
- Le contrat est nul
- L’action en réparation a été portée devant les juridictions
répressive
Responsabilité civile
Principe de la faute quasi délictuelle :
* Responsabilité du fait des choses : art 88 du DOC
« Chacun doit répondre du dommage causé par les choses
qu’il a sous sa garde, lorsqu’il est justifié que ces choses
sont la cause directe du dommage »
* Responsabilité du fait d’autrui : art 85 du DOC
On est responsable non seulement du dommage que l’on
cause par son propre fait, mais encore de celui qui est causé
par le fait des personnes dont on doit répondre
Responsabilité civile
Conditions de mise en jeu de la responsabilité civile :
* La faute : écart de conduite que n’aurait pas commis un praticien
compétent et moralement diligent, placé dans les mêmes conditions.
- Les fautes d’imprudence banale
- Les fautes professionnelles
Fautes de technique médical : fautes de diagnostic
fautes dans le traitement
fautes de surveillance
Fautes contre l’humanisme : défaut d’information et de consentement
devoir d’assistance.
Responsabilité civile
Conditions de mise en jeu de la responsabilité civile :
* Le dommage : tout espèce de tort causé à autrui
Article 98 du DOC : « les dommages sont la perte effective éprouvée
par le demandeur, les dépenses nécessaires qu’il a dû ou devrait faire
afin de réparer les suites de l’acte commis à son préjudice, ainsi que
les gains dont il est privé dans la mesure normale en conséquence de
cet acte »
* Le lien de causalité :
- Pas d’événement étranger qui s’interpose entre la faute et le
préjudice
- Eliminer toute coïncidence entre la commission de la faute et la
survenue du dommage.
Responsabilité ordinale

Faute disciplinaire : tout manquement aux règles de


la déontologie médicale
* Elément matériel : faute contre l’ordre, contre un
confrère, contre un malade, contre une autorité
* Elément moral : imputabilité de la faute au
praticien
* Elément légal : n’existe pas
Responsabilité ordinale

Faits punissables :
* Violation des règles professionnels
* Manquement aux règles d’honneur et de la dignité
de la profession
* Irrespect des lois et des règlements applicables au
médecin dans l’exercice de sa profession
* Atteinte aux règles ou réglements édictés par
l’ordre au respect dus aux institutions ordinales.
Responsabilité ordinale
Les peines principales :
* Morales : avertissement ou blâme avec inscription
au dossier administratif et professionnel
* Matérielles : suspension pour une durée d’un an
ou radiation du tableau de l’ordre
La peine complémentaire :
Interdiction de faire partie des conseils d’ordre
pendant une durée n’exédant pas 10 ans
Responsabilité administrative

Fondement de la responsabilité administrative :


 Article 79 du DOC : « L’état et les municipalités sont
responsables des dommages causés directement par le
fonctionnement de leurs administrations et par les fautes de
service de leurs agents »
Responsabilité pour faute ou responsabilité
pour risque ?
Jurisprudence marocaine

 Application parfois de la théorie du risque :

« Si un risque grave existe dans l’application d’un


traitement même ne constituant pas une innovation, le
malade ne doit pas être seul à supporter la charge de ce
risque, mais doit le partager avec le service qui en a fait
une application malencontreuse »
cour d’appel, Rabat, 1940
Responsabilité administrative
La responsabilité administrative est engagée quand les
trois conditions classiques sont remplies :
 La faute dans l’organisation de service et le
fonctionnement du service public ou une faute commise par
l’agent.
 Le préjudice causé au patient.
 Le lien de causalité entre la faute et le préjudice.
Responsabilité administrative
Typologie de faute :
 Classiquement, exigence d’une faute dans l’une des trois
catégories d’actes :
- Acte médical : acte qui ne peut être exécuté que par un
médecin ou acte pouvant être exécuté par un auxiliaire sous la
responsabilité et la surveillance directe d’un médecin ou sur
protocole préétabli en cas d’urgence
- Acte de soins : sur initiative de l’auxiliaire ou sur prescription
du médecin
- Acte d’organisation du service : acte d’administration
hospitalière
Exception à la mise en jeu de la responsabilité
administrative

Art. 80 du DOC :

« Les agents de l’état et des municipalités sont personnellement

responsables des dommages causés par leur dol et par des fautes

lourdes dans l’exercice de leur fonctions.

L’état et les municipalités ne peuvent être poursuivis à raison de ces

dommages qu’en cas d’insolvabilité des fonctionnaires responsables »

Notion de la faute détachable du service


Aspects médico-légaux de la chirurgie
laparoscopique

Obligation de moyens :
* Contrôle du matériel
* Amélioration du matériel de cœlioscopie
* Amélioration du matériel opératoire
* Respect des règles de sécurité
* Formation personnelle de chaque chirurgien
* Surveillance chirurgicale dans les suites opératoires
Information du patient

* Caractéristiques d’une bonne information :


* Loyale
* Claire
* Appropriée
* Contenu de l’information :
* Les risques de complications prévisibles
* Les risques exceptionnels ?
Information du patient
* Etendue de l’information :
- Etat de santé du patient
- Résultats des investigations
- Nature des soins et actes médicaux
- Séquelles et complications
- Pronostic
- Information post-opératoire : geste effectué et difficultés rencontrées
* Limites de l’information
- L’urgence
- Le refus du patient
Consentement du patient

* Caractéristiques du consentement :
- Libre
- Eclairé
* Poursuites en cas de défaut de consentement :
- Défaut de consentement : pas de responsabilité pénale
- Défaut de consentement : faute civile
- Faute engageant la responsabilité de l’établissement
hospitalier
Compte-rendu opératoire
* Description de l’état pathologique
* Raisons du choix de la technique cœlioscopique
* Méthode de constitution du pneumopéritoine
* Lieu de ponction avec l’aiguille de Palmer-Veress
* Pression intrapéritonéale obtenue lors de la mise en place des trocarts
* Description de la mise en place des trocarts
* Description des lésions rencontrées
* Description de la technique opératoire
* Durée de l’intervention, cessation du pneumopéritoine et exsufflation
* Type de fermeture des points de ponction avec le fil utilisé
Compétence du chirurgien

Comment acquiert-on la compétence ?


* Obligation prioritaire et morale
* Importance d’une formation continue
* Formation sur la technique, l’instrumentation, le
matériel et les indications chirurgicales, leurs
complications et leurs limites
Que cherche le magistrat ?

* Que l’acte est médicalement justifié, le patient informé, le

consentement obtenu

* Que l’acte a été effectué dans des conditions techniques et

environnement médical satisfaisant

* Que le médecin ayant réalisé l’acte avait toutes les

qualifications requises.
Conclusion

* Pertinence de l’indication opératoire


* Information loyale du patient
* Obtention d’un consentement libre et éclairé du patient
* Compétence du chirurgien
* Soins attentifs per et post-opératoires
Cette attitude permettra au chirurgien, non pas de se mettre à
l’abri du risque inhérent à la pratique chirurgicale, mais de tenir
son engagement envers le patient et d’aborder plus sereinement la
survenue d’une action en responsabilité médicale.

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