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Les urgences à caractère médico-légal

INTRODUCTION ET DÉFINITION
Les urgences à caractère médico-légal sont des actes médicaux auxquels l’autorité judiciaire fait appel à tout médecin.
Ces actes ne pouvant être différés, sont effectués sur réquisition de l’autorité judiciaire.

La réquisition est une injonction faite à un individu par une autorité, d'avoir à exécuter telle ou telle mission. Dans le cas
d'un médecin, il s'agit d'un acte médico-légal urgent. La personne requise devient lors de cet examen un auxiliaire de
justice :

• Dans le cadre de la mission qui est précisée dans la réquisition ;

• Et dans le temps de l’exécution de cette réquisition.

La réquisition à médecin est donc une injonction (ordre précis) faite à tout médecin praticien par une autorité judiciaire
pour effectuer un acte médical ou médico-légal.

LÉGISLATION
Art. 178. De la loi sanitaire : « Les professionnels de santé sont tenus de déférer aux réquisitions de l’autorité publique
conformément à la législation et à la réglementation en vigueur ».

Art. 418. De la loi sanitaire : « Le refus de déférer aux réquisitions de l’autorité publique, établies et notifiées dans les
formes réglementaires en vigueur, est puni conformément aux dispositions de l’article 187 bis du code pénal ».

Les articles 49, 61 et 62 du CPP notamment le 1er alinéa de l'article 49 : « S'il y a lieu de procéder à des constatations qui
ne puissent être différées, l’OPJ a recours à toutes personnes qualifiées ».

QUI PEUT-ETRE REQUIS ?


Tout docteur en médecine autorisé à exercer sur le territoire national. Ainsi, il n'est donc pas nécessaire d'être médecin
légiste, où médecin inscrit sur la liste d'experts. Cependant, l'omnipraticien plus disponible en cas d'urgence est
habituellement celui qui est requis pour faire les 1ères constatations.

QUELLE EST L’AUTORITÉ DOTÉ DU POUVOIR DE RÉQUISITION ?


▪ Le plus souvent, c'est l'autorité judiciaire :
- Procureur
- Substitut
- Juge d'instruction
- Commissaire de la police judiciaire
▪ Beaucoup plus rarement, ce sont :
- Les magistrats de la juridiction de jugement
- Les autorités administratives : le wali, chef de daïra

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DANS QUEL CAS L’AUTORITÉ PEUT ADRESSER UNE
RÉQUISITION À MÉDECIN ?
- Lorsqu'elle a besoin des compétences d'un technicien pour se procurer des renseignements susceptibles de faciliter
l'exercice de l'action publique ou de la répression d'une infraction (crime, délit). Les cas les plus habituels sont donc les
cas de violence et mort suspecte.

De même cas de calamités (accident, incendie, tremblement de terre), l'autorité peut requérir tout citoyen de fournir un
service que sa profession lui permet de rendre.

QUEL EST LE CONTENU DE LA RÉQUISITION ET QUE


DEMANDE-T-ON AU MÉDECIN REQUIS ?
L'objet de la réquisition concerne en pratique des actes médicaux légaux urgents qui ne peuvent être différés.

Une réquisition n'est soumise à aucune forme spéciale, elle est en principe écrite et doit contenir les éléments suivants :

- L’identité et la fonction du requérant ;

- L'article du code de procédure pénale, permettant la réquisition ;

- L’énoncé précis de la mission ;

- Le numéro de la réquisition ;

- La nécessité de prêter serment ou non ;

- La date et la signature du requérant ;

- La réquisition est nominative.

La réquisition peut être cependant exprimée verbalement en cas d'urgence.

QUE DOIT FAIRE UN MÉDECIN REQUIS ?


▪ Le médecin doit répondre à la réquisition (répondre à la mission, toute la mission, et rien qu’à la mission)

▪ Le médecin doit se présenter à la personne examinée et lui dire la mission.

▪ S’il y a refus de se faire examiner, par la personne, mentionner ce refus par écrit et le respecter.

▪ L’examen doit être confidentiel (pas de policier dans le cabinet d’examen).

▪ Rédiger un rapport qui doit être remis à l’autorité requérante et qui contient :

- Un préambule : ou il rappelle le serment qu'il a prêté par écrit ou verbalement avant de procéder à l'acte médical et
consigne l'objet de sa mission, la qualité de l'autorité qui la requit, la date et lieu où il a accompli sa mission.

- Un exposé des faits : qui doit rester objectif et prudent, il note les déclarations des personnes en signalant leur originalité,
il expose ensuite les résultats de son examen dans la discussion, il doit expliquer et interpréter ses constatations.

- Une conclusion devant permettre de répondre brièvement aux questions posées et à elles seules : le médecin requis est
délié du secret professionnel, concernant l'objet de sa mission uniquement ; il est tenu au secret pour les faits qui se
situent en dehors des limites de celle-ci. Il n'est délié du secret que vis-à-vis de l'autorité qui l'a requis, il doit remettre le
rapport à l'autorité requirent dans les délais que celle-ci a fixés.

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LE MÉDECIN PEUT-IL REFUSER DE DÉFERER A UNE RÉQUISITION ?
▪ Le refus de déférer à une réquisition de l'autorité publique constitue un délit passible de sanctions prévues à l'article
182 du code pénale algérien.

▪ Le refus ne constitue pas un délit si le médecin se justifie par un motif légitime :

- Soit qu'il estime que les questions qui lui sont posées dépassent sa compétence ;

- Soit qu'une inaptitude physique l'empêche d'accomplir sa mission ;

- Soit surtout qu'une impossibilité d'ordre morale le retienne, par exemple s'il est médecin traitant de la personne
concernée par les faits

▪ De toute façon, le médecin doit déférer à la réquisition qui lui a été adressée et exposer à l'autorité requérante les
raisons pour lesquelles il se récuse

▪ Enfin, le médecin doit se récuser lorsqu'il estime que les questions qui lui sont posées sont étrangères à la technique
proprement médicale.

LES DIFFÉRENTES URGENCES À CARACTÈRE MÉDICO-LÉGAL


1. Examen de victimes de coups et blessures :

▪ Examen du patient ;

▪ Demander une imagerie ou des examens complémentaires confirmant la clinique ;

▪ Une bonne description des lésions ;

▪ Délivré un CMD, avec évaluation de l’ITT si cela est précisé dans la mission.

2. Examen de victimes de violences sexuelles :

▪ L’examen se fait sur réquisition.

▪ La victime peut être de sexe masculin ou féminin, mineur ou majeur, mariée ou célibataire.

▪ L’examen somatique à la recherche de lésions de violence pouvant évoquer une agression sexuelle ou prouver le non
consentement.

▪ Examen en position gynécologique en présence d’un aide pour éviter toute accusation calomnieuse.

▪ Rechercher les éléments formels témoignant d’une pénétration sexuelle (déchirure de l’hymen, présence de sperme).

▪ Préciser le caractère ancien ou récent de la déchirure hyménéale.

▪ La pratique des différents prélèvements est indispensable :

- Pour la recherche des spermatozoïdes.

- Pour l’étude de l’ADN

- Pour l’analyse toxicologique.

- Pour le diagnostic d’une grossesse et des différentes maladies infectieuses.

- Rédiger un certificat descriptif mais non interprétatif sous pli fermé à l’autorité requérante.

- Prévoir une prise en charge psychologique.

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3. Examen d’enfants victimes de sévices

4. Examen des personnes suspectes d’état alcoolique :

- En application du code de la route ou du code des débits de boisson en cas d'accident, d'infraction ou contrôle
systématique ou devant un auteur ou victime d’une infraction (crime ou délit).

- Prélèvements de 02 tubes de sang de 05 cc, chacun avec EDTA à remettre aux autorités.

- Il faut savoir que le seuil légal est de 0,10 g/l de sang.

- S’il y a refus de se faire prélever, il faut le mentionner par écrit et le respecter.

5. Examen médical d’aptitude à la garde à vue :

Cette examen médico-légal vise à répondre à la question suivante : l’état de santé de la personne est-il compatible avec
la garde à vue ? :

- Interrogatoire minutieux.

- Un examen clinique minutieux.

- Rechercher une pathologie aigue incompatible à la garde à vue, préconiser une prise en charge médicale.

- Pour les pathologies chroniques, exiger la continuité de la prise de ses médicaments.

6. Examen médico-psychologique :

Pour avoir un avis sur l'état psychologique et mental rapidement après les faits.

7. Examen de cadavre, levée de corps :

Il se fait sur réquisition, et consiste en un examen du cadavre sur les lieux de la découverte du corps.

Cet examen se fait en 3 temps :

▪ L’examen des lieux et des choses ;

▪ L’examen des vêtements ;

▪ L’examen externe du cadavre :

- Notez les différents signes d’identification : le sexe, la race, la corpulence, la taille, les cheveux, la denture, les signes
particuliers (les cicatrices, les tatouages, les malformations, les déformations...)

- Notez les phénomènes cadavériques (déshydratation, refroidissement, lividités et rigidités) qui permettent de
déterminer la date et l’heure du décès et témoignent d’éventuelle manipulation.

- Rechercher les lésions traumatiques externes en insistant sur les zones médico-légales (l’ensemble des orifices, derrière
les oreilles, l’angle interne des yeux, la région cervicale, sous les seins et les régions axillaires.

Le médecin établira un rapport descriptif de levée de corps ou un certificat de décès selon la demande de l’autorité
requérante, il affirmera la réalité de la mort, sa constance et sa nature.

8. Réquisition administrative :

- Le maire, le wali peuvent requérir le médecin dans le cadre de la santé public, en cas d'épidémie, de mouvement de
population

- Le directeur d'hôpital pour assurer le bon fonctionnement de son établissement.

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9. Autres types de réquisition :

- Détermination de l’âge.

- Nécessité d'un emplacement en milieu psychiatrique.

- Possibilité d'un transfert en avion en cas : de transfert, d'expulsion, de reconduite à la frontière.

CONCLUSION
- Le médecin ne saurait ignorer les conditions et la conduite à tenir lorsqu’il est appelé en vue d’une mission d’auxiliaire
de justice c’est : « Le respect de la vie humaine, le respect dû à toute personne et à sa dignité ».

- Le médecin requis doit répondre seulement à la mission, à toute la mission et rien qu’à la mission.

- Le médecin mandaté par une autorité judiciaire lors de sa mission : son indépendance professionnelle et le secret
professionnel doivent en toute circonstance être respectés afin de répondre à bien à sa mission en toute objectivité.

- L’autorité judiciaire n’est pas théoriquement tenu de suivre les conclusions du médecin. Cependant, elle statue rarement
en contradiction avec les termes du rapport, lesquels lui apportent justement l’éclairage technique qui lui fait défaut pour
se prononcer.

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