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LE SECRET PROFESSIONNEL

EN PHARMACIE

COURS MAGISTRAL L1

Année académique2023-2024
PLAN
INTRODUCTION
I- Le secret professionnel : une disposition du
droit pénal
II- Eléments constitutifs du délit de violation du
secret professionnel
III- Les faits justificatifs de la divulgation du
secret professionnel
CONCLUSION
INTRODUCTION

• Le patient qui s’adresse à un professionnel de santé est en


droit d’attendre de celui-ci que les faits qu’il lui confie soient
gardés secrètement par ce praticien.

• Cette relation de confiance est indispensable à la quiétude du


patient qui, du fait de son état de santé, peut être contraint
de dévoiler des aspects intimes de son histoire personnelle.
➔Le secret professionnel en pharmacie : place prépondérante
dans l’exercice de la profession pharmaceutique.
INTRODUCTION

• Intérêt du cours :
Le secret professionnel repose sur des fondements juridiques
et des mécanismes
L’étudiant en pharmacie doit les connaître afin de déterminer
sa responsabilité future de Pharmacien vis-à-vis de l’obligation
de respect du secret professionnel.

• Le secret professionnel est une disposition du Droit pénal qui


a fait l’objet d’une appropriation spécifique dans le domaine
de la santé pour en accentuer des effets, eu égard aux
spécificités de ce domaine.
I- LE SECRET PROFESSIONNEL :
UNE DISPOSITION DU DROIT PENAL

❑ La divulgation du secret d’autrui


• En principe : n’est pas une infraction pénale. Il appartient au
maître du secret de ne pas commettre l’imprudence de le
confier.
• Dans certains cas cependant : la société peut être intéressée à
la préservation des secrets => L’indiscrétion est alors érigée en
infraction pénale et justiciable de sanction pénale.
• En Côte d’Ivoire : Article 383 du Code pénal
I.1- L’article 383 du code pénal ivoirien

• Article 383 du Code pénal ivoirien :


« Tout dépositaire, par état ou profession, d’un secret qu’on lui
confie, qui, hors le cas où la loi oblige ou autorise à se porter
dénonciateur, révèle ce secret est puni d’un emprisonnement
d’un à six mois et d’une amende de 50.000 à 500.000 ».

L’obligation de respect du secret professionnel


- est une obligation d’ordre publique
- n’est point spécifique de certaines professions
I.2- Secret professionnel et professions de santé

❑ Le cas général
* Exemple de la France :
Article 378 du Code pénal français : personnes sur lesquelles
repose l’obligation du secret professionnel « les médecins,
chirurgiens et autres officiers de santé, ainsi que les pharmaciens,
les sages-femmes, … » avant de mentionner « toutes autres
personnes dépositaires … ».
Insistance sur la spécificité des professions de santé énumérées
I.2- Secret professionnel et professions de santé

❑ Le cas particulier des pharmaciens

* En Côte d’Ivoire :

i- Article 43 de la loi n°2015-534 portant code de déontologie


pharmaceutique :
« Le secret professionnel s’impose à tout pharmacien, sauf
dérogation établie par la loi. Tout pharmacien doit, en outre,
veiller à ce que ses collaborateurs soient informés de leurs
obligations en matière de secret professionnel et à ce qu’ils s’y
conforment ».
I.2- Secret professionnel et professions de santé

❑ Le cas particulier des pharmaciens


* En Côte d’Ivoire :
ii- Article 20, alinéa 2 de cette loi pharmacien maître de
stage :
parmi les exemples à transmettre à son stagiaire, lui
inculquer le respect du secret professionnel.
iii- Article 50 de la même loi :
« Afin d’assurer le respect du secret professionnel, le pharmacien
s’abstiendra de discuter en public, notamment à l’officine, de
question relatives aux maladies des clients. »
Eviter également, dans ses publications, toute allusion de nature à
compromettre le secret professionnel.
I.3- L’opposabilité du secret professionnel aux
autorités

• Respect du secret professionnel = obligation d’ordre général et


absolu.
Même le consentement du patient ne peut lever l’obligation du
respect du secret professionnel par le praticien. Seule une loi
peut relever le praticien de l’obligation au respect du secret
professionnel à laquelle il est astreint.
Ex. Jurisprudence, Chambre criminelle, Cour de cassation de
Paris (refus à un inculpé de la faculté de délier son médecin du
secret professionnel)
Extension à certains documents professionnels porteurs de
secret => Consultation de l’ordonnancier peut être refusée à
des agents autres que ceux qualifiés, tels que les inspecteurs
de la pharmacie.
II- ELEMENTS CONSTITUTIFS DU DELIT DE
VIOLATION DU SECRET PROFESSIONNEL

- Les éléments matériels (3)

L’existence d’un secret


La connaissance acquise du fait de la profession
L’acte de révélation

- L’élément intentionnel du délit


II.1- Les éléments matériels

L’existence d’un secret


• Secret = fait confidentiel qui n’est pas destiné à être divulgué.
• peut être : - fait confié sous le sceau du secret
- ou fait confidentiel par nature (Ex. identification
d’une maladie par lecture d’une ordonnance)
Notes :
* Le secret est révélé autant de fois que son dépositaire le
divulgue successivement à des personnes différentes.
* En principe, un fait de notoriété publique ne peut être un
secret. Cependant, la confirmation d’un fait connu par un
professionnel qualifié peut donner à une rumeur une certitude
nouvelle ou des précisions qui justifient une condamnation.
II.1- Les éléments matériels

La connaissance acquise du fait de la profession


pharmaceutique
• doit avoir été acquise à l’occasion de l’exercice de la
pharmacie.
• Cas de l’exercice en commun (ex. exploitation par plusieurs
pharmaciens d’une même officine)
=> Secret est confié à l’ensemble du personnel. En effet, divers
praticiens peuvent donc se communiquer entre eux le secret
quand il paraît indispensable dans l’intérêt du malade et du
bon exercice de la profession.
II.1- Les éléments matériels

L’acte de révélation
• Existence nécessaire d’un acte de révélation
• Modes de révélation :
*naturels : la parole, les écrits, adressés à d’autres
personnes que l’intéressé.
*Une simple allusion est un fait de révélation.
II.2- L’élément intentionnel du délit

• La divulgation du secret professionnel doit être la


conséquence directe ou indirecte d’un fait volontaire
• Sinon, l’infraction n’est pas constituée.
Ex. praticien laissant traîner par simple désordre des papiers contenant
le secret d’un client.

# Intention de nuire de l’auteur de la divulgation non


recherchée Peu importe le mobile, l’infraction n’en est
pas moins constituée.
Ex. désir de défendre la mémoire d’un client ou d’éviter un scandale.

• Il peut s’agir d’une négligence


Ex. cas d’une publication scientifique sur une observation médicale
permettant d’identifier le malade.
III- LES FAITS JUSTIFICATIFS DE LA
DIVULGATION DU SECRET PROFESSIONNEL

• la légitime défense

• la permission de la loi

• l’ordre de la loi
III.1- La légitime défense

• suppose que le praticien dépositaire du secret de son client ne


puisse répondre aux attaques de ce client autrement qu’en
révélant le secret qui lui a été confié.

• Ex: lorsque le client poursuit le praticien en justice pour n’avoir


pas rempli ses obligations professionnelles, le praticien ne
peut souvent se défendre qu’en révélant des faits et
documents couverts par le secret professionnel.
III.2- La permission de la loi

Existe des cas où la loi autorise (facultativement) le dépositaire


d’un secret à le dénoncer.
❑ Avortements criminels
.dénonciations d’avortements criminels.
.le professionnel peut aussi donner son témoignage en justice
s’il est cité dans une affaire d’avortements.
❑ Sévices sur les mineurs
.dénonciation de sévices sur les mineurs dont les pharmaciens
ont eu connaissance, ou à l’occasion de l’exercice de leur
profession : Dénonciation exclusivement faite aux autorités
chargées des actions sanitaires et sociales.
.donner son témoignage
III.3- L’ordre de la loi

❑ Les maladies à déclaration obligatoire


La révélation du diagnostic de ces maladies permet d’éviter la
contagion et préserve les intérêts de la collectivité.
Ex. tuberculose

❑ Les crimes
La loi oblige à dénoncer un crime qui risque de se commettre

❑ La preuve de l’innocence
La loi oblige le professionnel qui détient la preuve de
l’innocence d’un inculpé détenu ou d’un condamné à en faire
part aux autorités judiciaires.
CONCLUSION
Secret professionnel
• semble une obligation particulièrement rigide
• conforte la confiance placée par le patient dans le professionnel
de santé

En pharmacie : obligation amplifiée


Respect du secret professionnel édicté par le Code pénal a été érigé
une règle déontologique.

But réel :
Secret professionnel : pas une fin en soi, mais repose sur une
notion d’ordre public => Engagement de la responsabilité
professionnelle, pénale, civile du pharmacien

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