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Le secret professionnel

Un peu d’histoire

Les fondements du secret

Le serment d’Hippocrate
(Hippocrate est né en Grèce en - 460 avant JC et décédé à l’ âge de 90 ans)

" Je jure par Apollon médecin, par Esculape, Hygie et Panacée, par tous les dieux et toutes
les déesses, et je les prends à témoin que, dans la mesure de mes forces et de mes
connaissances, je respecterai le serment et l'engagement écrit suivant :

Tout ce que je verrai ou entendrai autour de moi dans l’exercice de mon art ou hors de
mon ministère et qui ne devra pas être divulgué, je le tairai et le considérerai comme
un secret »

Dans de nombreux pays, dont la France, le serment d'Hippocrate est prêté par les
médecins avant de commencer à exercer.
Le secret professionnel

Plus près de nous

« LE DROIT CANONIQUE »

Les canons 983 et suivants du Code de droit canonique font du secret de


confession un secret inviolable

Le secret sacramentel est inviolable. C’est pourquoi il est absolument interdit au


confesseur de trahir en quoi que ce soit un pénitent par des paroles ou d’une autre
manière et pour quelque cause que ce soit (….)

 Sujet de réflexion pour le juriste et le moraliste car la notion de secret doit s’efforcer
de concilier tant le droit que la morale
Le secret professionnel

Le secret : un savoir partagé et protégé

Le petit Robert définit le secret comme un “ensemble de connaissances et


d’informations qui doivent être réservées à quelques-uns et que le détenteur
ne doit pas révéler”.

Le concept de secret recouvre deux réalités : un cercle fermé et une obligation de se taire.

- un savoir partagé et protégé -


Le secret professionnel

Le secret : un contre pouvoir

Le secret est d’abord un contre-pouvoir

Il est l’espace qui résiste à l’investigation du public. Il est la part qui protège du regard
inquisiteur de la société.

Le secret est l’élément central du principe de confiance légitime

parce qu’il n’y a pas de défense possible si celui à qui je me confie me trahit, livre mes
secrets à mon adversaire ou à l’accusation !

Les personnes tenues au secret sont qualifiées de « confidents nécessaires » notion qui
s’applique à tous ceux dont la profession ou la fonction suscite ou exige la confiance des
tiers
Le secret professionnel

Le secret : une exigence morale et aussi légale

Le respect de la vie privée est non seulement une exigence morale mais aussi une exigence
légale. Il constitue, le cas échéant, un élément fondamental des droits de la défense.

« Le bon fonctionnement de la société veut que le malade trouve un


médecin, le plaideur un défenseur, le catholique un confesseur, mais ni
le médecin, ni l’avocat, ni le prêtre ne pourraient accomplir leur
mission si les confidences qui leur sont faites n’étaient assurées d’un
secret inviolable »

Il importe donc que ces confidents nécessaires soient astreints à la discrétion


et que le silence leur soit imposé sans condition ni réserve,
car personne n’oserait plus s’adresser à eux si l’on pouvait craindre la divulgation du secret
confié.

Ce secret est donc absolu et d’ordre public


Le secret professionnel

La confidence : élément déterminent de la


confiance

La confidence, du mot latin confidentia, n’est pas synonyme du secret.

La confidence n’est en réalité que la communication du secret dans laquelle la confiance est
un élément déterminent.

L’obligation de secret est établie pour assurer la confiance nécessaire à


l'exercice de certaines professions ou de certaines fonctions

Pour la chambre criminelle de la Cour de cassation, cette obligation de secret s'impose


comme un devoir de l’état de ces professions ou de ses fonctions.

Cette obligation de secret est générale et il n'appartient à personne de s’en affranchir.

C'est une position de principe qui s'applique au secret professionnel en général.


Le secret professionnel

Le secret professionnel et le privilège de


confidentialité

La dimension éthique et morale n’est pas étrangère à


l’honorabilité de certaines professions qui requièrent la vérité
comme condition d’efficacité.

Le privilège de confidentialité est la condition même du secret professionnel. C’est un droit


fondamental qui confirme le caractère absolu du secret professionnel.

Il peut également faire échec à l’article 10 du Code civil qui oblige chacun à apporter son
concours à la justice en vue de la manifestation de la vérité.

Le Professeur de droit Marie-Anne FRISON-ROCHE, définit la déontologie comme « un


ensemble de prescriptions de bons comportements professionnels tels qu’on l’attend
de tout bon professionnel […] c’est-à-dire une personne compétente, efficace et dans
laquelle on peut avoir confiance ».
Le secret professionnel

Le secret professionnel
une règle déontologique
et une obligation légale

La définition du secret professionnel selon le petit Robert est la suivante :

“l’obligation de ne pas divulguer des faits confidentiels appris dans


l’exercice de la profession, hors des cas prévus par la loi”.

Le secret professionnel est la transposition du secret au sens commun dans le cadre


professionnel où il est érigé en norme.

Ainsi, le professionnel a-t-il non seulement le droit mais aussi l'obligation d'opposer un
refus à la divulgation du secret.

Le secret professionnel est une règle déontologique et une obligation


légale.
Le secret professionnel

Le Législateur n’a pas nommément désigné les


professionnels astreints au secret

Le secret professionnel relève en principe de la compétence législative.

La révélation d’une information à caractère secret par une personne qui en est
dépositaire soit par état ou par profession, soit en raison d’une fonction ou d’une
mission temporaire,

Ainsi, l’avocat, le notaire, l’expert-comptable, le banquier, le médecin, l’assistante sociale,


le ministre du culte, pour ne citer que ceux-là, sont-ils soumis à la même règle : le secret
professionnel.
Le secret professionnel

Le secret partagé : Une pratique nécessaire

Le secret est partagé lorsque les professionnels sont amenés à


se communiquer, en équipe, des informations relevant du
secret professionnel.

Il en va souvent dans l’intérêt du patient ou du client d’être pris en charge par une équipe
pluridisciplinaire.

Dans ce cas une conception trop stricte du secret professionnel serait une entrave à la
pratique. Cela rappelle la formule d’Alexis DE TOCQUEVILLE dans l’Ancien Régime et
la Révolution : « Une règle rigide, une pratique molle ».
Le secret professionnel

La dénonciation des délits Hypothèse ou les


professionnels sont conduits à dénoncer

Si les personnes tenues au secret professionnel n’ont pas l’obligation de dénoncer un délit,
elles peuvent toutefois le faire après avoir été déliées du secret par
l’autorité compétente.

Il existe également des hypothèses où les professionnels sont obligés de dénoncer un


délit ou divulguer un secret professionnel.

Quel en est le sens et la portée ?

Il ressort que même le client dans l’intérêt duquel le secret est institué ne peut pas obliger le
professionnel à le divulguer.

Si l’on admet que le professionnel n’est pas lié par la volonté du maître du secret (le client
ou le patient) alors on peut conclure que le secret professionnel revêt un caractère
général et absolu.
Le secret professionnel

La dénonciation ne constitue un délit que si


elle est délibérée

D’un côté, il y a le secret professionnel qui est « d’ordre public » qui sous-entend une
idée d’intérêt général. Lequel intérêt général réside dans le concept même du secret
professionnel.

D’un autre côté, il y a l’intérêt général de la Justice (la décision éclairée, juste et
équitable).

Que choisir ?

On peut convenir avec J.-P. SARTRE que « se taire c’est être complice »

La divulgation du secret ne constitue un délit que si elle est


délibérée.
Le secret professionnel

La sécurité des données sensibles


Les données des professionnels astreints au secret doivent être protégées

Les données sensibles tombent naturellement dans le domaine


du secret professionnel.

L’informatisation des entreprises met en relief les limites de la confidentialité.


La sécurité des données à caractère personnel (les informations relatives au client, au
patient…) est une préoccupation.

Cette situation se trouve être une menace pour le secret professionnel.

La protection des bases de données des professionnels astreints au secret s’avère ainsi
nécessaire.
Le secret professionnel

Le principe de précaution

Garantir l’intégrité du secret professionnel dans un


environnement numérisé revient à garantir une protection
efficace des données qui en sont les objets.

L’obligation qui pèse sur le professionnel est une obligation de moyens

Il ne devra répondre de l’effusion de l’information confidentielle à sa charge que s’il


n’avait pas pris les mesures nécessaires à sa protection.
Le secret professionnel

La porosité des frontières professionnelles

Un partage élargi du secret professionnel ?

L’intermédiaire garde envers les tiers le secret le plus absolu sur ce qu'il a vu ou
entendu au cours de son expertise.

L’intermédiaire technique ne doit être tenu de communiquer les éléments


d'identification des utilisateurs de ses services qu'à la seule requête de l'autorité
judiciaire, dans les conditions prévues par la loi.

Il ne peut se départir du secret qu'avec l'accord des parties et si la loi le permet.

Dès lors qu’il accède à des informations confidentielles dont les gardiens réguliers ne
sont pas autorisés à les lui donner, l’atteinte au secret est consommée, ipso facto.
Le secret professionnel

L’infraction de violation du secret


professionnel

l’existence de trois éléments constitutifs de l’infraction de


violation du secret professionnel, à savoir :

- une information à caractère secret ;

- une personne dépositaire d’une telle information ;

- une révélation de cette information.


Le secret professionnel

Une personne dépositaire d’une information


à caractère secret

soit par état, soit par profession, soit en raison d’une fonction ou d’une
mission temporaire.

Il ne s’agit plus de lister un certain nombre de professions puisqu’on peut être soumis au
secret professionnel en fonction de son état, de sa profession ou de sa fonction temporaire
ou permanente.

L’innovation du Nouveau Code Pénal (N.C.P.) tient dans l’introduction à côté du


critère de fonction, du critère de la mission.
Le secret professionnel

La violation d’une information à caractère


secret

Pour la jurisprudence, la révélation est un fait volontaire ayant pour


conséquence directe ou indirecte de faire connaître à un tiers ce qui
relève du secret professionnel. C'est donc un délit intentionnel. Il doit
s'agir d'une personne qui avait conscience qu'elle passait outre son
obligation de se taire même si elle n'avait pas l'intention de nuire.
Le secret professionnel

La révélation obligatoire

concerne les situations dans lesquelles la personne à qui l'on a confié un


secret peut ou doit parler.

• soit parce qu'elle a été dispensée de l'obligation de secret,

• soit parce que la loi justifie qu'elle parle,

• soit encore parce qu'une autorité, c'est-à-dire la justice, impose la


divulgation du secret.

CE N’EST PLUS LE BAVARDAGE QUI EST PUNI, C’EST LE SILENCE


Le secret professionnel

Les limites du secret professionnel

Les professionnels qui sont tenus au secret professionnel en


sont déliés :

Dans les cas d’informations ouvertes contre eux,

Dans les cas de poursuites engagées à leur encontre par les


pouvoirs publics,

Dans les actions intentées devant les chambres de disciplines


d’un ordre professionnel

Sur réquisition du procureur de la République

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