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MÉTHODE DES ÉLÉMENTS FINIS

– CIV4160 –
Automne 2011

Prof. Najib Bouaanani, ing., Ph.D.


Département des génies civil, géologique et des mines
École Polytechnique de Montréal

Tous droits réservés


 Najib Bouaanani, École Polytechnique de Montréal, 2004–2011

Cet ouvrage est exclusivement réservé à l’usage du cours


Méthode des éléments finis (CIV4160)

On ne peut reproduire ni diffuser aucune partie


du présent ouvrage, sous quelque forme ou par quelque procédé
que ce soit, sans avoir obtenu au préalable l’autorisation écrite de l’auteur.
Chapitre 3

Formulation de la MEF
Problèmes unidimensionnels

3.1 Introduction
L’objectif de ce chapitre est d’illustrer les étapes d’une modélisation par éléments finis en étudiant un pro-
blème unidimensionnel. Nous introduirions les notions clef de la MEF, i.e. éléments finis, noeuds, maillages,
systèmes de coordonnées, fonctions de forme, matrices élémentaires, etc. Soulignons que la formulation pré-
sentée dans ce chapitre est généralisable à d’autres types de problèmes, et qu’elle servira en effet de référence
aux chapitres subséquents du cours.

3.2 Étapes de la modélisation


Pour illustrer la formulation de la MEF, considérons le pieu à section variable montrée sur la figure 3.1a.
Nous cherchons à déterminer la variation en fonction de la hauteur des contraintes normales au sein de
la structure. Compte tenu de la forme géométrique relativement complexe du pieu, il est difficile d’expri-
mer explicitement les contraintes normales recherchées. La structure est alors modélisée par un empilement
de briques 1 . Chaque brique a une section transversale constante. Les sections des briques sont calculées
de façon à s’approcher de la géométrie réelle de la structure tel qu’illustré sur la Figure 3.1b. Nous venons
d’approcher une forme géométrique complexe en la subdivisant en sous-ensembles de formes plus simples.
L’étude de ces sous-ensembles est plus avantageuse en termes de faisabilité et de facilité. Dans le cas de
la figure 3.1b, chaque brique a une section transversale uniforme égale à la section moyenne de la partie
correspondante de la structure. Bien entendu, l’approximation devient meilleure en augmentant le nombre
de briques.

L’identification et la modélisation des charges appliquées constituent une étape importante de l’analyse par
éléments finis. Dans le cas présent, le pieu est étudié sous l’effet : (i) d’une force axiale P appliquée en tête
du pieu, (ii) des forces de frottement provenant du sol f S , et (iii) du poids propre f V . Le pieu est supposé
1. Nous entendons par brique ici un solide parallélépipèdique plein.

1
3.3. DEGRÉS DE LIBERTÉ, DÉPLACEMENTS ET FORCES AUX NOEUDS 3-2

Figure 3.1– Étapes de modélisation d’un pieu à section variable : (a) Géométrie réelle, (b) Approximation de la
géométrie, (c) Définition des forces appliquées, (d) Définition du maillage.

encastré à sa base. La figure 3.1c illustre ces sollicitations.

Notons que pour l’économie des calculs, il est souhaitable de réduire la dimension d’un problème lorsque
cela est possible. Dans le cas présent, nous faisons ainsi l’hypothèse d’un comportement unidimension-
nel bien que la géométrie réelle de la structure soit tridimensionnelle. L’étape suivante consiste à créer
un maillage en définissant les éléments et les noeuds du modèle EF. Le modèle de la figure 3.1d comprend 3
éléments barre correspondant chacun à une brique. Chaque élément possède deux noeuds. Les propriétés de
ce type d’élément seront discutées en détail plus loin. Lors de la construction du maillage de la figure 3.1d,
notons que l’on s’est assuré de créer des noeuds aux points d’application de la force concentrée, ainsi qu’aux
points de changement de section.

Un avantage fondamental de la MEF est le fait qu’elle soit programmable. D’où la nécessité d’établir un
schéma de numérotation pour identifier les éléments et les noeuds du modèle. Cette numérotation, dite glo-
bale, est illustrée sur la figure 3.1d. Sur cette figure, les numéros des éléments sont encerclés pour les
distinguer des noeuds. Cette notation est adoptée dans ce qui suit.

3.3 Degrés de liberté, déplacements et forces aux noeuds


Les noeuds du modèle de la figure 3.1d ne peuvent se déplacer que dans une seule direction correspondant à
la dimension du problème. Cette dimension est matérialisée ici par l’axe global X. Chaque noeud i possède

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3.4. SYSTÈMES DE COORDONNÉES 3-3

un seul Degré De Liberté (DDL) ui . À chaque DDL ui correspond une force nodale fi . Les DDL et les
forces nodales sont définis avec une convention de signe voulant qu’ils soient positifs lorsqu’ils agissent
selon le sens de l’axe global. On définit le vecteur des déplacements aux noeuds
[ ]T
U = u1 u2 u3 u4 (3.1)

et le vecteur des forces aux noeuds [ ]T


F = f1 f2 f3 f4 (3.2)

Toujours pour les besoins d’un calcul automatique, les noeuds à l’intérieur de chaque élément doivent être
identifiés. Ceci est accompli en adoptant une numérotation locale pour chaque élément tel qu’indiqué sur
la figure 3.2a. La correspondence entre les numérotations globale et locale est établie en construisant un
tableau des connectivités tel que celui montré sur la figure 3.2b.

Figure 3.2– Numérotations locale et


globale : (a) Numérotation locale ; (b)
Tableau des connectivités.

3.4 Systèmes de coordonnées


Trois types de systèmes de coordonnées sont généralement utiles lors d’une analyse par éléments finis. Ces
systèmes sont illustrés sur la figure 3.3 pour un élément fini unidimensionnel.

Système de coordonnées globales : Il sert à définir la position des noeuds et la géométrie de l’ensemble du
maillage. Les axes d’un tel système sont indiqués par X, Y sur la figure 3.3a. Les coordonnées d’un point A
de l’élément fini sont également illustrées. L’origine des axes est généralement un point fixe indépendant du
modèle.

Système de coordonnées locales : Contrairement au système de coordonnées globales, ce système est


attaché à chaque élément fini et sert à exprimer localement les relations gouvernant son comportement.
Les axes de ce système sont indiqués par x, y sur la figure 3.3b. L’origine des axes de ce système est
généralement confondu avec l’un des noeuds.

Systèmes de coordonnées adimensionnelles : Comme on le verra plus loin, l’utilisation de ce type de co-
ordonnées permet de simplifier les calculs lors d’une analyse par éléments finis. Elles expriment la position

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3.4. SYSTÈMES DE COORDONNÉES 3-4

Figure 3.3– Systèmes de coordonnées pour un élément fini unidimensionnel : (a) Système de coordonnées globales ;
(b) Système de coordonnées locales ; (c) Système de coordonnées barycentriques ; (d) Système de coordonnées natu-
relles.

d’un point de l’élément fini indépendamment de la taille ou de la forme de celui-ci. Les figures 3.3c et 3.3d
montrent deux types de coordonnées adimensionnelles
à Les coordonnées barycentriques ξ1 et ξ2 d’un point de coordonnée globale X sont définies par
X2 − X X2 − X
ξ1 = = (3.3)
X2 − X1 L
X − X1 X − X1
ξ2 = = (3.4)
X2 − X1 L
où L est la longueur de l’élément et où X1 et X2 sont les coordonnées globales des noeuds 1 et 2,
respectivement. Les coordonnées barycentriques varient entre 0 et 1, et leur somme est égale à l’unité
en tout point
ξ1 + ξ2 = 1 (3.5)
La coordonnée globale X peut s’exprimer par

X = ξ1 X 1 + ξ2 X 2 (3.6)

Les coordonnées barycentriques aux deux noeuds de l’élément ainsi qu’à son milieu sont données sur
la figure 3.3c.

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3.5. FONCTIONS D’INTERPOLATION ET DE FORME 3-5

à La coordonnée naturelle r d’un point de coordonnée globale X est définie par

2(X − X1 ) 2(X − XC )
r= −1= (3.7)
X2 − X1 L
où XC est la coordonnée au milieu de l’élément (voir figure 3.3d). La coordonnée naturelle varie entre
−1 et 1. La coordonnée globale X s’exprime cette fois-ci par
1 1
X = (1 − r)X1 + (1 + r)X2 (3.8)
2 2
La figure 3.3d montre les coordonnées naturelles aux deux noeuds de l’élément ainsi qu’à son milieu.

3.5 Fonctions d’interpolation et de forme


L’idée clef de la MEF consiste à supposer que le champs d’inconnues recherchées varie au sein de chaque
élément selon une fonction mathématique simple, dite fonction d’interpolation 2 . Par fonction simple, nous
entendons une fonction facile à manipuler mathématiquement, notamment en termes d’intégration et de
dérivation. Les fonctions polynômes sont généralement choisies comme fonctions d’interpolation 3 .

La figure 3.4 montre un élément fini barre à deux noeuds. Les déplacements aux noeuds 1 et 2 ont pour
valeurs u1 et u2 , respectivement. À l’intérieur de l’élément, le déplacement u en un point de coordonnée

Figure 3.4– Interpolation linéaire du champs de déplace-


ment à l’intérieur d’un élément fini barre à deux noeuds
en coordonnées globales.

globale X est approché par une fonction d’interpolation linéaire

u = α1 + α2 X (3.9)

où α1 et α2 sont deux coefficients arbitraires, appelés coordonnées généralisées. L’équation (3.9) s’écrit
sous forme matricielle [ ]
[ ] α
1
u= 1 X (3.10)
α2

2. Le terme fonction de base est parfois utilisé.


3. Bien que faisable, le recours à d’autres types de fonctions telles que les fonctions trigonométriques est rare.

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3.5. FONCTIONS D’INTERPOLATION ET DE FORME 3-6

Les coordonnées généralisées α1 et α2 sont déterminées en appliquant l’équation (3.10) pour les déplace-
ments aux noeuds [ ] [ ][ ]
u1 1 X1 α1
= (3.11)
u2 1 X2 α2
d’où [ ] [ ]−1 [ ]
α1 1 X1 u1
= (3.12)
α2 1 X2 u2
soit
u 1 X2 − u 2 X1 u1 X 2 − u2 X 1
α1 = = (3.13)
X2 − X1 L
u 2 − u1 u2 − u1
α2 = = (3.14)
X2 − X1 L
L’équation (3.9) devient donc
u = N 1 u 1 + N 2 u2 (3.15)

X2 − X
N1 (X) =
L
(3.16)
X − X1
N2 (X) =
L
Les fonctions N1 et N2 sont dites fonctions de forme, et correspondent aux DDL 1 et 2, respectivement.
Dans ce cas, les deux fonctions sont linéaires et ont pour valeurs aux noeuds

N1 (X1 ) = 1 N1 (X2 ) = 0 (3.17)


N2 (X1 ) = 0 N2 (X2 ) = 1 (3.18)

Il est important de noter la différence entre les fonctions de forme et les fonctions d’interpolation définies au
début de la section 3.5 et dont un exemple est donné par Eq. (3.9). D’une part, une fonction d’interpolation
exprime le champs inconnu en fonction des coordonnées généralisées. D’autre part, il y a autant de fonc-
tions de forme qu’il y a de DDL. La figure 3.5 illustre les deux fonctions de forme N1 et N2 de l’élément
unidimensionnel à deux noeuds. La combinaison de ces deux fonctions permet d’obtenir le déplacement u
en tout point de l’élément. L’équation (3.15) s’écrit sous forme matricielle

u = Nu(e) (3.19)

où N est la matrice des fonctions de forme et u(e) le vecteur déplacements élémentaire donnés par
[ ] [ ]T
N = N1 N2 u(e) = u1 u2 (3.20)

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3.5. FONCTIONS D’INTERPOLATION ET DE FORME 3-7

Figure 3.5– (a) Fonction d’interpolation N1 ,


(b) Fonction d’interpolation N2 et (c) Interpola-
tion linéaire sur l’ensemble de l’élément fini.

En comparant l’équation (3.16) aux équations (3.3) et (3.4), on déduit l’expression des fonctions de forme
en fonction des coordonnées barycentriques

N1 (X) = ξ1
(3.21)
N2 (X) = ξ2

En remplaçant l’équation (3.4) dans l’équation (3.7), on peut écrire

2(X − X1 )
r= − 1 = 2ξ2 − 1 (3.22)
L
soit
1
ξ2 = (1 + r) (3.23)
2
et d’après l’équation (3.5)
1
ξ1 = 1 − ξ2 = (1 − r) (3.24)
2
D’où l’expression des fonctions de forme en fonction des coordonnées naturelles
1
N1 (r) = (1 − r)
2 (3.25)
1
N2 (r) = (1 + r)
2

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3.5. FONCTIONS D’INTERPOLATION ET DE FORME 3-8

L’équation (3.8) s’écrit alors


X = N1 X 1 + N2 X 2 (3.26)
En comparant les équations (3.15) et (3.26), on constate que le déplacement et la coordonnée sont interpolés
en utilisant les mêmes fonctions de forme N1 et N2 . C’est la définition d’une formulation isoparamétrique.

Rappelons que les déformations et les déplacements au sein de l’élément barre sont reliés par l’équation
du
ε= (3.27)
dx
qui devient en utilisant les règles de dérivation
du dr
ε= (3.28)
dr dx

Les coordonnées locale et globale étant reliées par X = X1 + x, on peut écrire


dr dr
dx = dX et = (3.29)
dx dX
Or, d’après Eq. (3.7)
dr 2
= (3.30)
dX L
Donc
2 L
dr = dx et dx = dr (3.31)
L 2

Les équations (3.15) et (3.25) permettent d’écrire


du −u1 + u2
= (3.32)
dr 2
L’équation (3.28) devient alors
1
ε= (−u1 + u2 ) (3.33)
L
ou sous forme matricielle
ε = B(e) u(e) (3.34)
où B(e) est la matrice élémentaire Déformations-Déplacements donnée par
1[ ]
B(e) = −1 1 (3.35)
L
Notons que le recours à des fonctions de forme linéaires implique que la matrice B(e) est constante, et que
par conséquent les déformations au sein de l’élément sont constantes. La contrainte au sein de l’élément est
également constante, puisque donnée par

σ = E B(e) u(e) (3.36)

Les équations (3.19), (3.34) et (3.36) relient, respectivement, les déplacements, les déformations et les
contraintes aux DDL aux noeuds de chaque élément.

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3.6. ENTITÉS ÉLÉMENTAIRES 3-9

3.6 Entités élémentaires


3.6.1 Matrice de rigidité élémentaire

L’expression générale de l’énergie potentielle d’un système structurel est donnée par
∫ ∫ ∫ ∑
1
Π= σ ε dV −
T
u f dV −
T V
uT f S dS − uTi Pi (3.37)
2 V V S i

Appliquée à un modèle unidimensionnel tel que celui de la structure de la figure 3.1, l’équation (3.37)
devient ∫ ∫ ∫ ∑
1
Π= σεA dx − uf V A dx − uf S dx − ui Pi (3.38)
2 LT LT LT
| {z } | {z } | {z } i
Π1 Π2 Π3
où LT est la longueur totale du modèle. Les termes Π1 , Π2 et Π3 résultent de la contribution de tous les
éléments du modèle, on peut donc écrire
∑m ∫
1
Π1 = σεA dx (3.39)
2 L(e)
e=1
∑m ∫
Π2 = uf V A dx (3.40)
(e)
e=1 L
∑m ∫
Π3 = uf S dx (3.41)
e=1 L(e)

où m est le nombre d’éléments du modèle, et où L(e) est la longueur de l’élément e.

L’énergie de déformation élémentaire d’un élément e est définie par



1
U =
(e)
σεA dx (3.42)
2 L(e)
soit, d’après les équations (3.34) et (3.36)
(∫ )
1 T (e) T
U (e)
= u(e) B EB(e)
A dx u(e) (3.43)
2 L(e)

En utilisant l’équation (3.31) et le fait que la matrice B(e) est constante pour un élément fini unidimensionnel
à deux noeuds, l’équation (3.43) donne
( ∫ )
1 (e) T 1 (e) (e) (e) (e) T (e) 1
U = u
(e)
E A L B B dr u(e) (3.44)
2 2 −1
∫1
En notant que −1 dr = 2 et en remplaçant la matrice B(e) par sa valeur de l’équation (3.35), l’équa-
tion (3.44) devient [ ]
1 (e) T E (e) A(e) 1 −1 (e)
U = u
(e)
u (3.45)
2 L(e) −1 1

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3.6. ENTITÉS ÉLÉMENTAIRES 3-10

ou encore
1 (e) T (e) (e)
U (e) = u k u (3.46)
2
où k(e) est la matrice de rigidité élémentaire de l’élément e
[ ]
(e) E (e) A(e) 1 −1
k = (3.47)
L(e) −1 1

Le terme Π1 devient donc


1 ∑ (e) T (e) (e)
m
Π1 = u k u (3.48)
2
e=1

Remarquons que l’expression de l’équation (3.47) est similaire à celle obtenue par d’autre méthodes clas-
siques pour calculer l’énergie de déformation d’un ressort. La similitude entre un élément fini unidimen-
sionnel et un ressort linéaire élastique est illustrée à la figure 3.6.

Figure 3.6– Analogie entre un élément


fini unidimensionnel et un ressort linéaire
élastique.

La quantité E (e) A(e) /L(e) correspond à la raideur k (e) d’un ressort linéaire élastique, subissant un change-
ment de longueur δ donné par
T (e) T (e) L(e)
δ = u2 − u1 = (e) = (e) (e) (3.49)
k E A
où T (e) est l’effort interne dans l’élément

T (e) = σ (e) A(e) (3.50)

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3.6. ENTITÉS ÉLÉMENTAIRES 3-11

3.6.2 Vecteur des forces de volume

Le terme Π2 de l’équation (3.38) représente la contribution des forces de volume. D’après l’équation (3.15),
on peut écrire
m ∫

Π2 = uf V A dx
e=1 L(e)

m ∫
V (e)
= f A (N1 u1 + N2 u2 ) dx (3.51)
e=1 L(e)
∑m ( ∫ ∫ )
V (e)
= f A u1 N1 dx + u2 N2 dx
e=1 L(e) L(e)

Or, en remplaçant par les valeurs de N1 et N2 de l’équation (3.25), et en utilisant l’équation (3.31), on peut
écrire
∫ ∫
L(e) 1 1 − r L(e)
N1 dx = dr =
L(e) 2 −1 2 2
∫ ∫ (3.52)
L(e) 1 1 + r L(e)
N2 dx = dr =
L(e) 2 −1 2 2

Ce résultat peut également être déduit en calculant l’aire sous les droites représentant les fonctions N1 ou
N2 sur la figure 3.4. Le terme Π2 s’écrit alors


m
1
Π2 = A(e) L(e) f V (u1 + u2 )
2
e=1
(3.53)

m
(e) T V (e)
= u f
e=1

(e)
où f V est le vecteur forces de volume élémentaire défini par
[ ]
V (e) 1 (e) (e) V 1
f = A L f (3.54)
2 1

L’équation (3.54) signifie que la résultante A(e) L(e) f V de la force volumique appliquée sur l’élément e, est
répartie de façon égale sur les deux noeuds de l’élément.

3.6.3 Vecteur des forces de surface

La contribution des forces de surface est représentée par le terme Π3 de l’équation (3.38). En suivant le
même raisonnement que pour les forces de volume, on peut écrire

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3.7. ASSEMBLAGE DES MATRICES ÉLÉMENTAIRES 3-12

m ∫

Π3 = uf S dx
e=1 L(e)

m ∫
S
= f (N1 u1 + N2 u2 ) dx
e=1 L(e)
(3.55)
∑m
1 (e) S
= L f (u1 + u2 )
2
e=1
∑m
T (e)
= u(e) f S
e=1
(e)
où f S est le vecteur forces de surface élémentaire défini par
[ ]
S (e) 1 (e) S 1
f = L f (3.56)
2 1

De même que pour les forces de volume, l’équation (3.56) signifie que la résultante L(e) f S de la force de
surface est répartie de façon égale sur les deux noeuds de l’élément e.

3.6.4 Vecteur des forces concentrées



La contribution des forces concentrées appliquées au modèle est représentée par le terme i uTi Pi où i est
le point d’application de la force concentrée Pi . Seuls les éléments ayant des noeuds confondus avec les
points d’application des forces contribuent à ce terme. Dans le cas de l’exemple de la figure 3.1

uTi Pi = P u1 (3.57)
i

3.7 Assemblage des matrices élémentaires


D’après les développements de la section 3.6, l’expression de l’énergie potentielle totale devient
Terme de rigidité Termes de force
z }| z
{ ( }| ){
1 ∑ (e) T (e) (e) ∑ ∑ ∑
m m m
T (e) T (e)
Π= u k u − u(e) f V + u(e) f S + uTi Pi (3.58)
2
e=1 e=1 e=1 i

Comme on le verra plus loin, l’assemblage des matrices élémentaires permet de condenser cette expression
en écrivant
1
Π = UT KU − UT F (3.59)
2
où U est le vecteur global des déplacements (ou DDL)
[ ]
UT = u1 u2 u3 u4 (3.60)

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3.7. ASSEMBLAGE DES MATRICES ÉLÉMENTAIRES 3-13

et où K et F, calculées plus loin, sont la matrice de rigidité globale et le vecteur forces global. Notons
pour l’instant que si n est le nombre de DDL du modèle EF, les dimensions des matrices U, K et F sont,
respectivement, (n × 1), (n × n) et (n × 1). Le processus d’assemblage est illustré dans ce qui suit en
l’appliquant à la structure de la figure 3.1.

3.7.1 Assemblage direct

Dans cette section, nous aborderons la technique d’assemblage directe. Considérons d’abord les termes de
rigidité. On peut écrire pour l’élément 1
 
(1) (1)
1 (1) T (1) (1) 1 (1) T k11 k12  (1)
u k u = u  u
2 2 (1)
k21 k22
(1)

   (3.61)
1[ ] k (1) (1)
 11 k12  u1 
= u1 u2   
2 (1)
k21 k22
(1)
u2

Le modèle EF possède 4 DDL. La dimension de la matrice de rigidité globale est donc (4 × 4). Afin de
pouvoir effectuer la sommation des contributions des éléments, l’assemblage direct consiste à augmenter les
dimensions des matrices de rigidité k(1) de (2 × 2) à (4 × 4) en ajoutant des lignes et des colonnes de zéros.
On peut ainsi écrire
  
(1) (1)
k11 k12 0 0 u1
  
 (1)  
1 (1) T (1) (1) 1 [ ] k (1)  
 21 k22 0 0 u2 
u k u = u1 u2 u3 u4    (3.62)
2 2   
 0 0 0 0 u3 
  
0 0 0 0 u4

et de façon similaire, on peut déduire que pour les éléments 2 et 3


  
0 0 0 0 u
   1
  
1 (2) T (2) (2) 1 [ ] 0 k (2) k (2) 0  
 11 12  u2 
u k u = u1 u2 u3 u4    (3.63)
2 2  (2) (2)  
0 k21 k22 0 u3 
  
0 0 0 0 u4
  
0 0 0 0 u
   1
  
1 (3) T (3) (3) 1 [ ] 0 0 0 0   
  u2 
u k u = u1 u2 u3 u4    (3.64)
2 2  (3) (3)   
0 0 k11 k12  u3 
  
(3) (3)
0 0 k21 k22 u4

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3.7. ASSEMBLAGE DES MATRICES ÉLÉMENTAIRES 3-14

La sommation des contributions des trois éléments du modèle EF donne alors

1 ∑ (e) T (e) (e) 1 T


3
u k u = U KU (3.65)
2 2
e=1

où la matrice de rigidité globale K est donnée par


 
(1) (1)
k11 k12 0 0
 
 (1) 
k k
(1)
+ k
(2)
k
(2)
0 
 21 22 11 12 
K=  (3.66)
 (2) (2) (3) (3) 
 0 k21 k22 + k11 k12 
 
(3) (3)
0 0 k21 k22

Considérons maintenant les termes de force. On peut écrire pour l’élément 1


   
V (1) S (1)
T (1) T (1) T f1  f
(1) T  1 
u(1) f V + u(1) f S + P u1 = u(1)  +u   + P u1
V (1) S (1)
f2 f2
    (3.67)
[ ] f V (1) [ ] f S (1)
 1   1 
= u1 u2   + u1 u2   + P u1
(1) (1)
f2V f2S

La dimension du vecteur forces est (4 × 1). Pour effectuer la sommation des contributions des 3 éléments,
les dimensions des vecteurs forces sont augmentées de (2 × 1) à (4 × 1) en ajoutant des zéros. On peut alors
écrire  
(1) (1)
f V + f1S + P
 1 
 
[ ]  f V (1) + f S (1) 
T (1) T (1)  2 2 
u(1) f V + u(1) f S + P u1 = u1 u2 u3 u4   (3.68)
 
 0 
 
0
De même, on trouve pour les éléments 2 et 3
 
0
 
 (2) 
[ 
] f V + f1 
S (2)
T (2) T (2)  1 
u(2) f V + u(2) f S = u1 u2 u3 u4   (3.69)
 V (2) (2) 
f2 + f2S 
 
0

Méthode des éléments finis - Automne 2011  Najib Bouaanani


3.7. ASSEMBLAGE DES MATRICES ÉLÉMENTAIRES 3-15

 
0
 
 
[ ] 0 
T (3) T (3)  
u(3) f V + u(3) f S = u1 u2 u3 u4   (3.70)
 V (3) (3) 
f1 + f1 
S
 
(3) (3)
f2V + f2S
La sommation des contributions des trois éléments donne alors
∑3 ∑
3
(e) T V (e) T (e)
u f + u(e) f S + P u1 = UT F (3.71)
e=1 e=1
où le vecteur forces global F s’écrit
 (1) (1)
    
f1V + f1S + P f1 (1) P
 V (1) (2)  
f2 + f1  f2 + f1   0  
S (1) V (2) S (1) (2)
F=
+ f2 + f1 =


 V (2) (3)  (3)  +   (3.72)
+ f1  f2 + f1   0 
S (2) V (3) S (2)
f2 + f2 + f1
f V (3)
+f S (3) f2 (3) 0
2 2
(e) (e)
avec fi (e) = fiV + fiS .

Comme on vient de le voir, l’assemblage direct des matrices et vecteur forces globaux implique l’augmen-
tation des tailles des matrices élémentaires en ajoutant des zéros. Pour des modèles EF avec un nombre
relativement élevé de DDL, ce processus de remplissage entraîne une augmentation importante des efforts
de calcul. L’assemblage direct est donc réservé uniquement pour les besoins de l’illustration et doit être évité
en pratique.

3.7.2 Assemblage par connectivités

Le tableau des connectivités 3.2b est exprimée sous forme d’une matrice ML , dite matrice de localisation.
Éléments
z }| {
1 2 3
[ ] }
1 2 3 1
ML = DDL (3.73)
2 3 4 2

Cette matrice est utilisée pour construire la matrice de rigidité globale K élément par élément, selon les
opérations
Élément 1 Élément 2 Élément 3
(1) (2) (3)
k11 → k11 k11 → k22 k11 → k33
(1) (2) (3)
k12 → k12 k12 → k23 k12 → k34 (3.74)
(1) (2) (3)
k21 → k21 k21 → k32 k21 → k43
(1) (2) (3)
k22 → k22 k22 → k33 k22 → k44

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3.7. ASSEMBLAGE DES MATRICES ÉLÉMENTAIRES 3-16

De la même manière, le vecteur forces global F est assemblé à partir des vecteurs forces élémentaires selon
les opérations
Élément 1 Élément 2 Élément 3
(1) (2) (3)
f1 → f1 f1 → f2 f1 → f3 (3.75)
(1) (2) (4)
f2 → f2 f2 → f3 f2 → f4

Les figures 3.7 et 3.8 illustrent le processus d’assemblage par connectivité appliqué au modèle de la fi-
gure 3.1. Cette technique est utilisée dans la majorité des logiciels d’analyse par éléments finis.

Figure 3.7– Processus d’assemblage de la matrice de rigidité globale par connectivités.

Méthode des éléments finis - Automne 2011  Najib Bouaanani


3.7. ASSEMBLAGE DES MATRICES ÉLÉMENTAIRES 3-17

Figure 3.8– Processus d’assemblage du vecteur forces global par connectivités.

Méthode des éléments finis - Automne 2011  Najib Bouaanani


3.8. ÉQUATIONS DE LA MEF 3-18

Tous calculs faits, on retrouve bien entendu la matrice de rigidité globale K et le vecteur forces global F
obtenu précédemment par assemblage directe
 
(1) (1)
k k12 0 0
 11 
 (1) 
k (1) (2) (2)
0 
 21 k22 + k11 k12 
K=  (3.76)
 (2) (2) (3) (3) 
 0 k21 k22 + k11 k12 
 
(3) (3)
0 0 k21 k22

 
f1 (1) + P
f (1) + f (2) 
 2 1 
F =  (2)  (3.77)
f2 + f1 (3) 
f2 (3)

Il est important de rappeler deux propriétés importantes de la matrice de rigidité globale


– K est symétrique.
– K est une matrice-bande.
Ces deux propriétés sont avantageusement utilisées pour faciliter la manipulation et la sauvegarde de la
matrice K. Selon l’équation (3.76), la demie-bande de la matrice est wK = 1, ce qui correspond à une
largeur bande 2wK + 1 = 3 (voir Annexe A). La partie utile de K est alors généralement sauvegardée dans
un vecteur-colonne, tel que le vecteur A
 
(1)
 k11 
 
 (1) (2) 
k22 + k11 
 
 
 k12 (1)

 
 (2) 

A = k22 + k11 (3) 
(3.78)
 
 (2) 
 k12 
 
 
 k (3) 
 22 
 
(3)
k12

3.8 Équations de la MEF


3.8.1 Méthode Rayleigh-Ritz

D’après les développements précédents, la fonctionnelle du problème, représentée ici par l’énergie poten-
tielle, s’écrit
1
Π = UT KU − UT F (3.79)
2

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3.8. ÉQUATIONS DE LA MEF 3-19

L’objectif est d’établir les équations d’équilibre permettant d’obtenir les déplacements U, inconnus du pro-
blème. Pour ce faire, nous appliquerons le théorème d’énergie potentielle minimum, équivalent à la méthode
de Rayleigh-Ritz décrite au Chapitre 2.

Évaluons Eq. (3.79) dans le cas du modèle EF de la figure 3.1


(
1
Π = k11 u21 + k12 u1 u2 + k13 u1 u3 + k14 u1 u4
2
+ k21 u2 u1 + k22 u22 + k23 u2 u3 + k24 u2 u4

+ k31 u3 u1 + k32 u3 u2 + k33 u23 + k34 u3 u4 (3.80)


)
+ k41 u4 u1 + k42 u4 u2 + k43 u4 u3 + k44 u24
( )
− f1 u1 + f2 u2 + f3 u3 + f4 u4

Minimiser Π revient à imposer


∂Π
= 0, j = 1, 2, 3, 4 (3.81)
∂uj

En dérivant Eq. (3.80) tour à tour par rapport à u1 , u2 , u3 et u4 , on obtient, respectivement

k11 u1 + k12 u2 + k13 u3 + k14 u4 = f1


k21 u1 + k22 u2 + k23 u3 + k24 u4 = f2
(3.82)
k31 u1 + k32 u2 + k33 u3 + k34 u4 = f3
k41 u1 + k42 u2 + k43 u3 + k44 u4 = f4

ou, sous forme matricielle     


k11 k12 k13 k14 u1 f1
k k24  u  f 
 21 k22 k23   2  2
   =   (3.83)
k31 k32 k33 k34  u3  f3 
k41 k42 k43 k44 u4 f4
soit
KU = F (3.84)
K étant la matrice de rigidité globale, F le vecteur forces global et U le vecteur des déplacements.

3.8.2 Conditions aux frontières

Les équations (3.84) ne tiennent pas compte des conditions aux frontières, et l’étape suivante consiste à les
inclure dans l’analyse. Dans le cas présent, le pieu est supposé encastré à sa base, donc

u4 = 0 (3.85)

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3.8. ÉQUATIONS DE LA MEF 3-20

Établissons toutefois les équations dans le cas plus général où l’on aurait

u4 = β4 (3.86)

Remplaçons Eq. (3.86) dans Eq. (3.83)


    
..
k11 k12 k13 . 14  u1   f1 
. k
    
k21 k22 k23 .. k24  u2   f2 
   =   (3.87)
k .    
 31 k32 k33 .. k34  u3   f3 
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
.
k41 k42 k43 .. k44 β4 f4

Les matrices de l’équation (3.87) sont partitionnées en fonction des DDL inconnus u1 , u2 , u3 et connus
u4 = β4 . Notons    
k11 k12 k13 k14
   
Kaa = k21 k22 k23  Kab = k24 
k31 k32 k33 k34 (3.88)
[ ] [ ]
Kba = k41 k42 k43 Kbb = k44
   
u1 f1
   
Ua = u2  Fa = f2 
u3 f3 (3.89)
[ ] [ ]
Ub = u4 Fb = f4

L’équation (3.87) s’écrit alors [ ][ ] [ ]


Kaa Kab Ua Fa
= (3.90)
Kba Kbb Ub Fb
donnant lieu à

Kaa Ua = Fa − Kab Ub (3.91)


Kba Ua + Kbb Ub = Fb (3.92)

Ces équations ont été établies pour l’exemple de la figure 3.1. Elles sont cependant généralisables à n’im-
porte quel problème EF avec des vecteurs de DDL inconnus Ua , et connus Ub . Le vecteur des déplace-
ments U est généralement ré-ordonné pour les fins de la partition matricielle de l’équation (3.90). Cette ap-
proche d’imposition des conditions aux frontières porte le nom de technique directe ou par élimination.

La résolution de l’équation 3.91 permet d’obtenir les DDL inconnus Ua . Notons que la matrice de rigi-
dité réduite Kaa est obtenue en éliminant les lignes et colonnes correspondant aux DDL connus. Notons

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3.8. ÉQUATIONS DE LA MEF 3-21

également que le terme de force, représenté par le membre de droite de l’équation (3.91), est modifié de
façon à tenir compte des DDL connus Ub .

En plus des forces appliquées connues de volume FVb , de surface FSb et concentrées FC
b , le terme de force Fb
contient aussi les réactions inconnues que nous noterons R. On peut donc écrire

Fb = FVb + FSb + FC
b +R (3.93)

d’où l’on déduit, selon Eq. (3.92)

R = Kba Ua + Kbb Ub − FVb − FSb − FC


b (3.94)

Exemple 3.1
Déterminer les déplacements et les contraintes au sein du pieu modélisé sur la figure 3.1. Calculer les ré-
actions d’appui. Considérer que la masse volumique du pieu est ρ = 2400 kg/m3 , et que E = 30000 MPa ;
L = 3 m ; L(1) = L(2) = L(3) = 1 m ; A0 = 0,402 m2 ; AL = 0,252 m2 ; P = 500 kN ; f S = −10 kN/m ;
g = 9.81 m/s2 .

Les différentes sections des trois éléments du modèle sont calculées en utilisant l’équation (2.3)
0,252 − 0,402
A1 = 0,402 + × 2,5 = 0,0788 m2
3
0,252 − 0,402
A2 = 0,402 + × 1,5 = 0,1113 m2
3
0,252 − 0,402
A3 = 0,402 + × 0,5 = 0,1438 m2
3

Les matrices de rigidité élémentaires sont obtenues à partir de l’équation (3.47)


[ ] [ ]
30000 × 106 × 0,0788 1 −1 1 −1
(1)
k = = 2,3640 × 10 9
(N/m)
1 −1 1 −1 1
[ ] [ ]
30000 × 106 × 0,1113 1 −1 1 −1
k (2)
= = 3,3390 × 10 9
(N/m)
1 −1 1 −1 1
[ ] [ ]
30000 × 106 × 0,1438 1 −1 1 −1
k(3) = = 4,3140 × 10 9
(N/m)
1 −1 1 −1 1

La matrice de rigidité globale est alors assemblée par connectivités pour donner
 
2,3640 −2,3640 0 0
−2,3640 5,7030 −3,3390 0 
 
K=  × 109 (N/m)
 0 −3,3390 7,6530 −4,3140
0 0 −4,3140 4,3140

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3.8. ÉQUATIONS DE LA MEF 3-22

Les vecteurs forces de volume élémentaires pour les trois éléments sont donnés par Eq. (3.54)
[ ] [ ]
(1) 1 1 0,9276
fV = × 0,0788 × 1 × 2400 × 9,81 × = × 103 (N)
2 1 0,9276
[ ] [ ]
V (2) 1 1 1,3102
f = × 0,1113 × 1 × 2400 × 9,81 × = × 103 (N)
2 1 1,3102
[ ] [ ]
(3) 1 1 1,6928
fV = × 0,1438 × 1 × 2400 × 9,81 × = × 103 (N)
2 1 1,6928
d’où le vecteur forces de volume global par assemblage
 
0,9276
2,2379
 
FV =   × 103 (N)
3,0030
1,6928

Les vecteurs forces de surface élémentaires pour les trois éléments sont donnés par Eq. (3.56)
[ ] [ ]
S (1) S (2) S (3) 1 1 −5
f =f =f = − × 1 × 10 × 10 × 3
= × 103 (N)
2 1 −5

d’où le vecteur forces de surface global par assemblage


 
−5
−10
 
FS =   × 103 (N)
−10
−5

En tenant compte du vecteur des forces concentrées


 
5
0
 
FC =   × 105 (N)
0
0

le vecteur forces global est alors


 
4,9593
−0,0776
 
F = FV + FS + FC =   × 105 (N)
−0,0700
−0,0331

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3.8. ÉQUATIONS DE LA MEF 3-23

La partition des matrices en fonction des DDL inconnus u1 , u2 , u3 et connus u4 = 0, entraîne


   
2,3640 −2,3640 0 0
   
Kaa = −2,3640 5,7030 −3,3390 × 109 Kab =  0  × 10
9

0 −3,3390 7,6530 −4,3140


[ ] [ ]
Kba = 0 0 −4,3140 × 109 Kbb = 4,3140 × 109
 
4,9593
 
Fa = −0,0776 × 105
−0,0700
[ ]
Fb = −3,3072 × 103

Le terme de droite de l’équation (3.91) est donné par


 
4,9593
 
Fa − Kab Ub = −0,0776 × 105 (N)
−0,0700

d’où les déplacements inconnus


 
4,67521
 
Ua = 2,57738 × 10−4 (m)
1,11537

L’équation (3.36) permet de calculer les contraintes au sein de chaque élément


[ ]
1 [ ] 4,67521
σ (1) = 30000 × 106 × × −1 1 × 10−4 = −6,2935 × 106 Pa
1 2,57738
[ ]
1 [ ] 2,57738
σ (2) = 30000 × 106 × × −1 1 × 10−4 = −4,3860 × 106 Pa
1 1,11537
[ ]
1 [ ] 1,11537
σ (3) = 30000 × 106 × × −1 1 × 10−4 = −3,3461 × 106 Pa
1 0
La réaction à l’appui du pieu est obtenue à partir de l’équation (3.94)

R = −4,7786 × 105 N

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3.8. ÉQUATIONS DE LA MEF 3-24

Figure 3.9– Modélisation de l’appui par un


ressort.

Exemple 3.2
Refaire l’exemple 3.2 en modélisant l’appui du pieu par un ressort tel qu’indiquée sur la figure 3.9. Consi-
dérer que kr = 70000 kN/m.

Le déplacement u4 n’est pas nul dans ce cas, et le vecteur des forces concentrées devient
 
P
 0 
 
FC =  
 0 
−kr u4

L’équation (3.84) s’écrit alors


    
(1) (1)
k11 k12 0 0 u1 f1 (1) + P
    
 (1)     (1) 
k (1) (2) (2)     (2) 
 21 k22 + k11 k12 0  u2  f2 + f1 
   =  
 (2) (2) (3) (3)     
 0 k21 k22 + k11 k12  u3  f2 (2) + f1 (3) 
    
(3) (3)
0 0 k21 k22 u4 f2 − kr u4
(3)

soit     
(1) (1)
k11 k12 0 0 u1 f1 (1) + P
    
 (1)     (1) 
k k
(1)
+ k
(2)
k
(2)
0  u   f + f (2) 
 21 22 11 12   
2 2 1 
   =  
 (2) (2) (3) (3)     (2) (3) 
 0 k k + k k   3  2
u f + f 1 
 21 22 11 12
   
(3) (3) (3)
0 0 k21 k22 + kr u4 f2

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3.9. ÉLÉMENTS TREILLIS EN DEUX ET TROIS DIMENSIONS 3-25

Dans ce cas, aucun élément du vecteur des déplacements U n’est connu contrairement à l’exemple 3.1
où le DDL u4 était imposé. Le système d’équations précédent peut donc être résolu directement sans
effectuer le partitionnement des matrices. Tous calculs faits, on trouve les déplacements
 
7,2941
7,0843
 
U=  × 10−3 (m)
6,9381
6,8266

3.9 Éléments treillis en deux et trois dimensions


Considérons un élément fini unidimensionnel ou treillis illustré sur la figure 3.10. On démontre aisément
(voir annexe A) que les DDL u b1 et u
b2 dans le système d’axes locaux (bx, yb) s’expriment en fonction des
DDL u1 , v1 , u2 et v2 dans le système d’axes globaux (x, y) en écrivant

b1 = u1 cos θ + v1 sin θ
u
(3.95)
b2 = u2 cos θ + v2 sin θ
u

b. L’équation (3.95) s’écrit sous forme matricielle


où θ est l’angle de rotation entre les axes x et x

b (e) = T(e) u(e)


u (3.96)

où  
[ ] [ ] u1
b1 v 
u cos θ sin θ 0 0  1
b (e) =
u T(e) = u(e) =  (3.97)
b2
u 0 0 cos θ sin θ u2 
v2

Figure 3.10– Degrés de liberté d’un élément treillis selon


des systèmes d’axes locaux et globaux.

La matrice T(e) est dite matrice de transformation. De la même manière, les composantes du vecteur des
forces nodales sont reliées par
b
f (e) = T(e) f (e) (3.98)

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3.9. ÉLÉMENTS TREILLIS EN DEUX ET TROIS DIMENSIONS 3-26

où  
[ ] f1x
fb1 f 
b  1y 
f (e) = b f (e) =  (3.99)
f2 f2x 
f2y

Par ailleurs, les forces nodales et les DDL locaux et globaux de l’élément e sont reliés par les équations
b b(e) u
f (e) = k b (e) (3.100)
f (e) = k(e) u(e) (3.101)
b(e) est la matrice de rigidité élémentaire de l’élément e dans le système d’axes locaux
où k
[ ]
b(e) = E (e) A(e)
1 −1
k (3.102)
L(e) −1 1

et où k(e) est la matrice de rigidité élémentaire de l’élément e dans le système d’axes globaux. L’énergie de
déformation de l’élément e s’écrit dans le système d’axes locaux [Eq. (3.46)]
1 (e) T b(e) (e)
U (e) = b
u k u b (3.103)
2
et dans le système d’axes globaux
1 (e) T (e) (e)
U (e) = u k u (3.104)
2
d’où en utilisant Eq. (3.96)
1 (e) T (e) (e) 1 (e) T (e) T b(e) (e) (e)
u k u = u T k T u (3.105)
2 2
soit
b T
T (e) (e)
k(e) = T(e) k (3.106)
En introduisant les équations (3.97) et (3.102), on obtient la matrice de rigidité de l’élément e exprimée dans
les axes globaux
 
cos2 θ cos θ sin θ − cos2 θ − cos θ sin θ
 
 2
− − 2 
(e) E A 
(e) (e)

sin θ cos θ sin θ sin θ 

k = (e)   (3.107)
L  2
cos θ cos θ sin θ 
 
2
SYM sin θ

Notons que les cosinus et sinus de l’angle θ sont calculés en écrivant


x2 − x1 x2 − x1
cos θ = (e)
=√
L (x2 − x1 )2 + (y2 − y1 )2
(3.108)
y2 − y1 y2 − y1
sin θ = (e)
=√
L (x2 − x1 )2 + (y2 − y1 )2

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3.9. ÉLÉMENTS TREILLIS EN DEUX ET TROIS DIMENSIONS 3-27

où (x1 , y1 ) et (x2 , y2 ) sont les coordonnées globales des noeuds 1 et 2, respectivement.

La même démarche s’applique également au cas tridimensionnel. On démontre que la matrice de rigidité
élémentaire d’un élément treillis en trois dimensions a pour expression
 
cos2 θx cos θx cos θy cos θx cos θz − cos2 θx − cos θx cos θy − cos θx cos θz
 
 
 cos2 θy cos θy cos θz − cos θx cos θy − cos2 θy − cos θy cos θz 
 
 
E (e) A(e)  cos2 θz − cos θx cos θz − cos θy cos θz − cos2 θz 
(e)  
k =  
L(e)  cos2 θx cos θx cos θz 
 cos θx cos θy 
 
 
 cos2 θy cos θy cos θz 
 
SYM cos2 θz
(3.109)
où les angles θx , θy et θz définissent la position de l’élément treillis par rapport aux axes globaux x, y, et z.
Les cosinus sont donnés par
x2 − x1 y2 − y1 z2 − z1
cos θx = ; cos θy = ; cos θz = (3.110)
L(e) L(e) L(e)
avec √
L(e) = (x2 − x1 )2 + (y2 − y1 )2 + (z2 − z1 )2 (3.111)

Rappelons que la modélisation par des éléments treillis 2D ou 3D est basée sur l’hypothèse qu’ils ne trans-
mettent que des efforts de traction et/ou de compression. Dans une structure en treillis réelle, les connections
aux noeuds ne sont pas parfaitement articulées, étant généralement réalisées par soudure ou par boulonnage.
Des moments de flexion peuvent donc se développer à ces endroits. Cependant, ces efforts sont générale-
ment négligeables lorsque les axes centraux des sections des membrures aboutissant à chaque noeud sont
concourantes en un seul point. La construction du maillage d’une structure en treillis doit donc se faire en
respectant fidèlement les dessins d’atelier et en s’assurant que les axes des éléments treillis du modèle sont
confondus avec les axes centraux des membrures réelles. Ceci permet d’annuler les excentricités des efforts
normaux dans un treillis et par le fait même de minimiser les efforts secondaires constitués des moments
fléchissants et des efforts de cisaillement. La figure 3.11 illustre une structure en treillis et sa modélisation
par des éléments finis.

Rappelons également que les charges appliquées à une structures en treillis peuvent l’être uniquement aux
noeuds. La prise en compte des charges réparties se fait en les transformant en forces équivalentes appliquées
aux noeuds. C’est le cas notamment des charges de poids propre qui sont généralement faibles par rapport
aux autres charges appliquées au treillis.

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3.9. ÉLÉMENTS TREILLIS EN DEUX ET TROIS DIMENSIONS 3-28

Figure 3.11– Géométrie du maillage d’une structure en treillis : (a) structure réelle ; (b) maillage à base d’éléments
finis de treillis.

Exemple 3.3
Déterminer les déplacements et les réactions pour le treillis illustré sur la figure 3.12. Considérer que E =
200 GPa, α = 20,56 ◦ et que les sections des éléments 1, 2 et 3 sont respectivement A1 = 20 × 103 mm2
et A2 = A3 = 25 × 103 mm2 .

Figure 3.12– Structure en treillis avec un appui incliné : (a) Géométrie, chargements, noeuds et éléments ; (b) Degrés
de liberté globaux.

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