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CHAPITRE II : LES FILTRES ANALOGIQUES

II.1 Les Filtres : définition, classification.

Un filtre est un système linéaire invariant dans le temps permettant de diviser le spectre (espace fréquentiel) afin
de conserver une ou plusieurs parties (bande) de ce spectre.
Le filtre idéal permet de transmettre sans distorsion une partie du spectre (bande passante) et bloque toutes les
autres parties (bande coupée), avec un passage abrupt (discontinuité) entre ces deux parties.
On distingue deux types de filtres :
Les filtres passifs : ce sont des filtres qui utilisent uniquement des dipôles passifs (R, L, C).
Les filtres actifs : ce sont des filtres qui utilisent en plus des dipôles passifs au moins un composant actif.
Les filtres peuvent être classés en 4 familles :
- passe-bas ;
- passe-haut ;
- passe-bande ;
- coupe-bande.

II.2 Fonction de transfert d’un filtre

La fonction de transfert d’un filtre est le rapport de la tension de sortie à la tension d’entrée, s’écrit avec les
notations complexes (jp opérateur d’Heaviside lorsque le signal de test est sinusoïdal), comme le rapport de

a  a1p  a 2 p 2  a 3p3  a 4 p 4  ......  a  p


deux polynômes : H  p   .
b  b1p  b 2 p 2  b3p3  b 4 p 4  .....  bp

L’ordre d’un filtre est donné par le degré du polynôme du dénominateur () de la fonction de transfert.
Toutes les fonctions de transfert peuvent être décomposées comme le produit de fonctions de transfert du
premier et du deuxième ordre.

II.3 Représentation des fonctions de transfert – Diagramme de Bode

La fonction de transfert H (j) d’un système quelconque est un nombre complexe.


Trois solutions sont utilisées en pratique pour représenter ce nombre complexe graphiquement.
- Partie imaginaire en fonction de la partie réelle avec paramétrage en fréquence : plan de Nyquist.
- Module en fonction de la phase avec paramétrage en fréquence : plan de Black.
- Module en décibels en fonction de la fréquence et phase en fonction de la fréquence sur une échelle de
fréquence logarithmique : diagrammes de Bode.
Dans cette partie, nous décrivons la représentation par les diagrammes de Bode.
Pour la suite, on notera H, HdB et  le module linéaire, le module en décibels et la phase de la fonction de
transfert respectivement.

II-3.1 Diagrammes de Bode - Intérêt de l’échelle logarithmique

a) Echelle logarithmique : L'échelle des fréquences est logarithmique. On fait correspondre x à log (x). On peut
indifféremment utiliser le log népérien où en base 10.
Trois points importants sont à retenir lorsque l'on utilise une échelle logarithmique :

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- Une multiplication de la fréquence par un facteur constant se traduit par un décalage géométrique constant sur
l'axe des fréquences.
- L'échelle ne peut pas démarrer du point 0 (fréquence nulle) du fait que log (0) = – ∞.
- Une octave et une décade correspond respectivement à une multiplication par un facteur 2 et 10 de la
fréquence.

b) Le décibel

Le décibel (dB) est une échelle logarithmique définie à partir des puissances de la façon suivante :
PdB  10 log 10 P  .

où : P est une puissance exprimée en Watts sur une échelle linéaire.


Pour les tensions, le facteur devant le log est 20 du fait que la puissance est proportionnelle au carré de la
tension.
Le module de la fonction de transfert s’exprime comme le rapport du module de la tension de sortie sur le
module de la tension d’entrée du système considéré.
En dB, on aura donc :
v 
H dB  20log10 H   20log10  s  .
v 
 e 
Pour la suite, on utilisera "log" pour signifier le logarithme en base 10.

c) Représentation en échelle linéaire

Prenons l’exemple du circuit RC. R

vs 1 1
On a: H   
v e 1  j  C
1 j
0 ve vs

où = RC et 0 = 1/RC.
1
Soit pour le module : H 
2
  
1   

 0 

 1
En posant x  , on obtient : H 
0 1 x 2
Si l'on représente |H| sur une échelle linéaire, on obtient une courbe ne représentant pas d'asymptote lorsque
x<<1 ou x >>1.
Le tracé de H nécessite donc le calcul d'un grand nombre de points.
Le tracé en échelle linéaire est long et fastidieux.

d) Représentation en échelles logarithmiques

1. Représentation du module

Le module est représenté en dB sur une échelle logarithmique. On peut tracer en premier temps les droites
asymptotiques limitant le diagramme de Bode.
En reprenant l'exemple du circuit RC, on a :

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 
H dB  20log H   20log
1   - 20log 1  x 2 
 2   
 1 x 

- Lorsque x >>1, on a : lim H dB  -20log x 2   -20logx  qui représente une droite de pente -20dB/décade
x 1  
(ou -6dB/octave).
- Lorsque x << 1, on a: lim H dB  0 qui représente une droite de pente nulle.
x 1

HdB
1
0dB x (log)

-20dB/décade

En échelle logarithmique, le module en dB présente donc deux asymptotes, pour x >> 1 et x << 1, soit pour les
hautes fréquences et les basses fréquences.
Quelques points suffisent pour représenter le module de la fonction de transfert à partir du tracé asymptotique.

2. Bande passante – Fréquence de coupure

En observant le tracé asymptotique, on remarque que le circuit RC laisse passer, sans trop les atténuer, les
signaux de basse fréquence et atténue fortement les signaux haute fréquence.
De façon arbitraire on définit une limite entre les basses et les hautes fréquences. Cette limite aboutit aux notions
de fréquence de coupure et de Bande passante.
H max
Les fréquences de coupure du système sont les fréquences pour lesquelles on a : H  . En dB, cela devient
2

Hmax
: HdB  20log(H )  20log( )  HdBmax  3dB. On parlera dans ce cas de fréquences de coupure à -3 dB.
2
H max
La bande passante est l'intervalle de fréquence f pour lequel :  H  H max .
2
3. Représentation de la phase
La phase est représentée en degrés ou en radians sur l'échelle logarithmique.
En reprenant l'exemple du circuit RC, on a:   - ArcTanx  .


- Lorsque x >> 1, on a lim   - qui représente une droite de pente nulle.
x 1 2
- Lorsque x << 1, on a lim   0 qui représente une droite de pente nulle.
x 1

En échelle logarithmique, la phase présente donc deux asymptotes, pour x >> 1 et x << 1, soit pour les "hautes"
fréquences et les "basses" fréquences.
Quelques points suffisent à représenter la phase de la fonction de transfert à partir du tracé asymptotique.

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φ
0 1 x (log)

-2

II-3.2 Intérêt de l’échelle logarithmique pour le tracé du diagramme de Bode.


n
Soit un filtre dont la fonction de transfert H s'écrit sous la forme : H  H i 1
i .

n n
Le module et la phase de H s'écrivent alors : H  H
i 1
i et   
i 1
i

 n  n
Le module en dB s’écrit : H dB  20log
  Hi  
 H dBi
 i 1  i 1

Le module en dB et la phase de la fonction de transfert H s'obtiennent en additionnant les modules en dB et les


phases des Hi.
Il est alors aisé de tracer les diagrammes asymptotiques de H à partir des diagrammes asymptotiques des Hi en
additionnant simplement les asymptotes.
Exemple :
On considère un filtre dont la fonction de transfert H s’écrit sous la forme de produit des deux fonctions de
transfert élémentaires H1 et H2:
1 1
H1 = et H 2 =
 
1+j 1+j
1 2

On représente les diagrammes de Bode de H1 et H2 (en considérant 1 > 2), puis ceux de H = H1.H2.
Pour le module de H, on a une asymptote HdB = 0 pour  << 2, un "palier" de pente -20dB/décade entre 2 et
1 et une asymptote de pente -40 dB/décade pour  >> 1.
Pour la phase de H, on a une asymptote  = 0 pour  << 2, un palier  = - /2 entre 2 et 1 et une asymptote 
= - pour >> 1.
L'allure des courbes réelles se déduit ensuite très simplement à partir des tracés asymptotiques.

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II-4 Formes canoniques usuelles

II-4.1 Filtre passe-bas

1 1 
1er ordre : H  j   module : H j   phase :   -arctan
 2 0
1 j   
0 1   

 0 

1 1
2ième ordre : H  jω   2
module : H jω  
2
      
2   
2
1  2m . j   1      2m . 
 0   0   

  


0
  0    

2m .  .  0
phase :   -arctan
 02   2
0 est la pulsation pour laquelle le gain HdB diminue de 3dB.
m est le coefficient d’amortissement. Il caractérise la fonction de transfert autour du point 0 (passage de la
bande passante à la bande atténuée).
Plus m est grand, et plus l’amortissement est important, ce qui se traduit par un passage très progressif de la
bande passante à la bande atténuée.
Lorsque m ≥ 1, la fonction de transfert est décomposable en deux fonctions du premier ordre.
Pour les valeurs m < 0.707, il y a une résonance de la fonction d’amortissement.
Le facteur de qualité est noté Q et défini par Q = 1/2m.

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2
 w  w w
En effet, soit le polynôme P     2mj  1 de second ordre en j .
 w0  w0 w0
Le discriminant Δ = 4(m2 – 1).
Si Δ ≥ 0 → m ≥ 1, le polynôme (admet deux racines réelles) peut se décomposer en deux polynômes d’ordre 1.
w w
P  (1  j ).(1  j ) Avec w1, 2  w0 (m  m 2  1) .
w1 w2
w
Si Δ < 0, les racines du polynôme P en j sont complexes et la fonction de transfert ne peut être décomposée
w0
en un produit de deux fonctions de transfert d’ordre 1 à coefficients réels.
1 w
Donc la fonction de transfert H peut s’écrire sous la forme : H ( jw0 x )  , avec x .
(1  x )  2mjx
2
w0
1
H dB  20 log  10 log(1  x 2 ) 2  4m 2 x 2 ).
(1  x )  4m x
2 2 2 2

Quand ( x  1)  H dB  10 log(1)  0.


La courbe de réponse en gain admet une asymptote horizontale à HdB = 0 dB en basse fréquence.

Quand ( x  1)  H dB  10 log( x 4 )  40 log x.


La courbe de réponse en gain admet, en haute fréquence une asymptote oblique de pente – 40dB/décade.
Le diagramme asymptotique HA (x) est la réunion des deux asymptotes basse fréquence et haute fréquence.

H(x) admet un maximum si : y  (1  x 2 ) 2  4m 2 x 2  x 4  2(2m 2  1) x 2  1 admet un minimum, c-à-d


1
si : x 2  (1  2m 2 ) / 3  0, soit si m   0,707 .
2

Ce minimum est atteint pour : x  1  2m 2  x s ( 1).


Si m << 1 alors x s  1.
Le gain H(x) est égal à H (1)  20 log(2m), quantité qui peut être importante si m est faible (m << 1).
La courbe de réponse en gain passe un maximum (phénomène de résonance) pour x  x s lorsque :
1 1
m  mc  0,707 ou Q   Qc  0,707.
2 2

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2
   
j   

0  0 
II-4.2 Filtre passe-haut 1er ordre : H  j   2ième ordre : H  jω  
   
2
1 j
0 1  2m . j  
 0   0 


2m . j
0
II-4.3 Filtre passe-bande 2ième ordre : H  jω   2
  
1  2m . j  
 0   0 

2
  
1   

 0 
II-4.4 Filtre coupe-bande 2ième ordre : H  jω   2
  
1  2m . j  
 0   0 

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