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Analyse fréquentielle des systèmes analogiques

L'analyse fréquentielle d'un système consiste principalement dans la détermination de sa


fonction de transfert harmonique, puis en l'étude de son module G(ω) et son argument φ(ω),
en fonction de la pulsation ou de la fréquence.

A. Représentation des fonctions de transfert harmonique

A.1. Diagramme de Nyquist

Une première représentation peut être obtenue en traçant dans le plan complexe le lieu des
points représentant H(jω) c’est-à-dire définis par :

x = Re [H( j ω)]



 y = Im [H( j ω)]
pour l’ensemble des valeurs de ω.

A.2. Diagramme de Bode

La représentation de Bode décrit l’évolution d’une fonction de transfert par l’intermédiaire de


deux courbes distinctes : son module G(ω) et son argument φ(ω).
Afin de pouvoir caractériser la réponse d’un système linéaire à tout type de signaux, dont les
spectres peuvent s’étendre des très basses aux très hautes fréquences, il est indispensable de
connaître son comportement harmonique pour une très large gamme de fréquences. Pour
compresser cette gamme dynamique, la représentation graphique de Bode utilise une échelle
logarithmique pour l’axe des abscisses correspondant à la pulsation ω ou à la fréquence.

L’amplitude de la réponse peut également s’étendre sur plusieurs ordres de grandeur. On


utilise donc également une échelle des ordonnées logarithmique. En pratique, la courbe de
gain est tracée en décibels (dB) :

G (dB) = 20 log G (ω)

La variation de la phase reste quant à elle bornée. On peut donc utiliser une échelle des
ordonnées linéaire pour la courbe de phase.

On appelle représentation dans le plan de Bode d'une fonction de transfert harmonique H(jω)
l'ensemble des deux diagrammes suivants :

- la courbe de gain : tracé du module G(dB) en décibels en fonction de la pulsation ou de


la fréquence en échelle logarithmique;

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- la courbe de phase : tracé de l'argument φ(ω) de la fonction de transfert, exprimé en
radians ou degrés, en fonction de la pulsation ou de la fréquence en échelle
logarithmique.

En échelle logarithmique les pulsations ω et 10ω sont séparées d’une unité :

log 10 ω − log ω = log ω + log 10 − log ω = 1

Un tel intervalle de pulsations [ω, 10ω], ou de fréquences [f, 10 f], est appelé décade. Comme
en musique, un intervalle dont la fréquence maximale est double de la fréquence minimale
[f, 2 f] constitue une octave. L’intervalle [ω, 2ω] couvre également une octave.

A titre d’illustration nous avons matérialisé (fig. 5-1) deux décades : [0.1, 1] et [1, 10], et trois
octaves [.2, .4], [1, 2] et [5, 10].

Fig. 5-1 : Décades et octaves

A.3. Décomposition des fonctions de transfert

Nous avons vu que souvent la fonction de transfert harmonique d'un système peut se mettre
sous la forme d’un quotient de deux polynômes en p = jω. Notons {zk}k=1, m et {pk}k=1, n les
racines du numérateur N(p) et du dénominateur D(p) respectivement. Les racines du
numérateur représentent les zéros de la fonction de transfert et les racines du dénominateur
ses pôles. En utilisant leurs racines nous pouvons factoriser les deux polynômes, ce qui nous
donne pour la fonction de transfert :

N ( p)
∏ ( z k − p)
H ( p) = = A k =1
D( p ) m
∏ ( p k − p)
k =1

Les coefficients des deux polynômes étant réels, les zéros et les pôles peuvent être réels,
éventuellement nuls, ou complexes conjugués deux à deux. Pour deux racines complexes
conjuguées, r et r*, nous avons :

2
( r − p) ( r * − p ) = r − 2 Re (r ) p + p 2

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Posons :
Re (r )
ω0 = r et α = −
r

Il est habituel d’écrire un tel terme sous la forme suivante :

 ω ω 2 
(r − p)(r * − p) = ω0 2 1 + 2 α j −
 ω0 ω0 2 

Celle-ci fait apparaître une pulsation caractéristique ω0. Il sera souvent utile par la suite de
choisir une telle pulsation caractéristique comme unité de référence. Ainsi nous introduisons
la variable réduite u définie comme le rapport suivant :

ω
u=
ω0

L’utilisation d’une variable réduite permet d’alléger les écritures, par exemple le terme
d’ordre 2 précédent devient :

(
(r − p)(r * − p) = ω0 2 1 + 2 α j u − u 2 )
Une fonction de transfert peut donc se décomposer en un produit-quotient de termes de degrés
inférieurs ou égaux à 2. Le diagramme de Bode simplifie l’étude d’une fonction de transfert
harmonique qui se décompose comme le produit et/ou le quotient de plusieurs fonctions
harmoniques. Considérons par exemple une fonction de transfert H(jω) qui peut se
décomposer en trois fonctions de transfert plus simples de la manière suivante :

H1 ( j ω) H 2 ( j ω)
H( j ω) =
H 3 ( j ω)

Pour le module et l’argument nous pouvons écrire :

G1 (ω) G 2 (ω)
G (ω) =
G 3 ( j ω)

Arg [ H( jω) ] = Arg [ H1 ( jω) ] + Arg [ H 2 ( jω) ] − Arg [ H 3 ( jω) ]

Ce qui nous donne pour le gain en décibels :

20 log G (ω) = 20 log G1 (ω) + 20 log G 2 (ω) − 20 log G 3 (ω)


Soit encore :
G (dB) = G1 (dB) + G 2 (dB) − G 3 (dB)

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En représentation de Bode les courbes de gain et de phase de la fonction H(jω) s'obtiennent
simplement par addition et soustraction graphiques des courbes de gain et de phase de H1(jω),
H2(jω) et H3(jω).

A.4. Diagrammes asymptotiques

Il est souvent utile d’étudier le comportement aux limites des très basses fréquences (limite
statique) et des très hautes fréquences du comportement d’un système. En échelle
logarithmique cela correspond aux deux limites à l’infini de l’axe des abscisses :

ω → 0 ⇔ log ω → −∞

ω → +∞ ⇔ log ω → +∞

Nous chercherons systématiquement ces deux asymptotes pour toute fonction de transfert. On
appelle diagrammes asymptotiques les diagrammes de Bode réduits à leurs asymptotes. Le
diagramme asymptotique du gain, facile à obtenir, nous permettra souvent de caractériser le
comportement global d’un filtre.

L’abscisse ω0 du point d’intersection de deux asymptotes de la courbe de gain, lorsqu’il


existe, constitue une pulsation de brisure.

En conséquence de ce que nous avons vu dans le paragraphe précédent, les diagrammes


asymptotiques d’une fonction de transfert qui se décompose comme le produit-quotient de
fonctions s’obtiennent par addition-soustraction des diagrammes asymptotiques de chacune de
ces fonctions.

A.5. Bande passante à 3 dB

La courbe de gain d’un circuit réel présente toujours une borne supérieure : un gain ne peut
pas physiquement être infini. Par rapport au maximum atteint par le module de la fonction de
transfert on définit, lorsque cela est possible, une ou deux pulsations de coupure (ωb < ωh)
pour lesquelles le gain est égal au gain maximum divisé par √2 :

G max
G ( ω b ) = G (ω h ) =
2

L’intervalle compris entre ces deux pulsations de coupure [ωb, ωh ] est appelé bande passante
du filtre.

En décibels cette définition des pulsations de coupure correspond aux points d'intersection de
la courbe de gain avec une droite horizontale située à -3 dB sous le maximum
(20 log √2 = 3.01). La figure 5-2 illustre cette définition. C’est pourquoi nous parlons de
bande passante à 3 dB. Pour nos études nous utiliserons cette définition qui autorise des
calculs assez simples. Mais pour d’autres applications il est possible de définir une bande
passante avec une autre référence (10 dB, 20 dB, etc.). Cela dépend de la sensibilité du
montage placé à la sortie du circuit étudié.

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En fonction de la bande passante, nous définissons quatre types de filtres :
- filtre passe-bande ( [ωb, ωh ] ) : la bande passante admet deux bornes finies ;
- filtre passe-bas ( [0, ωh ] ) : la limite inférieure est 0 ;
- filtre passe-haut ( [ωb, +∝ [ ) : la limite supérieure est infinie ;
- filtre coupe-bande ( [0, ωb ] ∪ [ωh, +∝ [ ) : la bande passante est scindée en deux
intervalles.

Fig. 5-2 : Définition de la bande passante à 3 dB

B. Fonctions de transfert de base

Dans la suite de ce chapitre nous allons passer en revue quelques fonctions de transfert
harmoniques classiques. Nous commençons par les fonctions de base que nous retrouverons
ensuite dans l’étude générales des fonctions de transfert.

B.1. La fonction constante

Commençons par une fonction de transfert d’ordre 0, c’est-à-dire un terme constant réel
positif ou négatif :
H( j ω) = A

Son étude est triviale. Les courbes de gain (fig. 5-3) et de phase (fig. 5-4) sont des droites
horizontales :
φ = 0 si A > 0
G (dB) = 20 log A et 
φ = π si A < 0

Le lieu de Nyquist se résume à un point (fig. 5-5).

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Fig. 5-3 : Courbe de gain d’un terme réel constant (ici |A| < 1)

Fig. 5-4 : Courbe de phase d’un terme réel constant (ici A < 0)

Fig. 5-5 : Lieu de Nyquist d’un terme réel constant (ici A < 0)

B.2. Fonction élémentaire du premier ordre : dérivateur

Nous considérons une fonction de transfert du premier ordre de la forme :

ω
H( j ω) = j avec ω0 > 0
ω0

Elle correspond à un zéro réel nul de multiplicité 1.

Cette fonction de transfert est celle d’un dérivateur gouverné par l’équation différentielle
suivante :

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1 d e( t )
s( t ) =
ω0 dt

Le module et l’argument de cette fonction de transfert sont faciles à calculer :

ω π
G (ω) = = u et φ =
ω0 2

où u est la variable réduite. Ce qui nous donne pour le gain en décibels :

 ω 
G (dB) = 20 log   = 20 log u
ω
 0

Dans la représentation de Bode la courbe de gain G(dB) tracée par rapport à log u est une
droite. Par définition, nous dirons qu’il s'agit d'une droite de pente +1, coupant l'axe
horizontal en ω = ω0 (u = 1). Une pente +1 correspond à une variation du gain de +6 dB par
octave ou +20 dB par décade. En effet :

ω  ω  ω 
∆G = G dB (ω 2 ) − G dB (ω1 ) = 20 log  2  − 20 log  1  = 20 log  2 
 ω0   ω0   ω1 

pour une octave, ω2 = 2 ω1 donc ∆G = 20 log 2 ≈ 6 dB;


pour une décade, ω2 = 10 ω1 donc ∆G = 20 dB.

Le lieu de Nyquist (fig. 5-7) est le demi-axe imaginaire positif.

Fig. 5-6 : Courbe de gain d’un dérivateur

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Fig. 5-7 : Courbe de phase d’un dérivateur

Fig. 5-8 : Lieu de Nyquist d’un dérivateur

Les figures 4 et 5 représentent les courbes de gain et de phase pour une fonction élémentaire
d’ordre 1.

B.3. Fonction élémentaire d’ordre n

Considérons la fonction de transfert définie comme la puissance n-ième de la fonction de


transfert d’un dérivateur :

n
 ω 
H( j ω) =  j  avec ω0 > 0 et n entier non nul
 ω0 

Elle correspond à un zéro ou à un pôle réel nul de multiplicité |n|. C’est un zéro (racine du
numérateur) pour n positif et pôle (racine du dénominateur) pour n négatif.

En utilisant la variable réduite u = ω/ω0, nous pouvons écrire la fonction de transfert


élémentaire d’ordre n, sous la forme :

H( j ω) = u n e j n π / 2

Nous en extrayons module et argument :

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n
n  ω  π
G (ω) = u =   et φ≡n ( 2 π)
 ω0  2

Soit pour le gain en décibels :

 ω 
G (dB) = 20 n log u = 20 n log  
 ω0 

Dans la représentation de Bode il s'agit d'une droite de pente n (20n dB par décade), coupant
l'axe horizontal en ω = ω0. La figure 5-9 montre ces droites pour n = -1, 1 et 2. Les courbes de
gain ont été tracées en fonction de la variable réduite u, sur un peu plus de deux décades
centrées sur ω0.

Fig. 5-9 : Courbes de gain des fonctions élémentaires d’ordre -1, 1 et 2

Fig. 5-10 : Courbes de phase des fonctions élémentaires d’ordre -1, 1 et 2

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Selon la valeur de n le lieu de Nyquist d’une fonction élémentaire d’ordre n est un des demi-
axes.

Fig. 5-11 : Lieux de Nyquist des fonctions élémentaires d’ordre -1, 1 et 2

Considérons un intégrateur gouverné par l’équation différentielle suivante :

s( t ) = ω0 ∫ e(t) dt
Si nous dérivons cette équation nous obtenons :

d s( t )
= ω 0 e( t )
dt
Prenons la transformée de Fourier :

S( j ω) ω
j ω S( j ω) = ω0 E ( j ω) ⇒ H( j ω) = =j
E ( j ω) ω0

Nous trouvons une fonction de transfert élémentaire d’ordre n = -1. Nous pouvons généraliser
l’interprétation de la fonction de transfert :

n
 ω 
H( j ω) =  j  avec ω0 > 0
 ω0 

Pour n positif elle correspond à un dérivateur d’ordre n, pour n négatif à un intégrateur


d’ordre |n|.

C. Fonction de transfert fondamentale du premier ordre

Considérons la fonction de transfert harmonique suivante :

1
H( jω) = avec ω0 > 0
ω
1+ j
ω0

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Il est facile de déterminer l’équation différentielle, reliant entrée et sortie, à laquelle elle
correspond :
1 d s( t )
s( t ) + = e( t )
ω0 dt

Le système est dit du premier ordre fondamental, ou principal, car il fait intervenir la dérivée
première du signal de sortie et aucune dérivée du signal d’entrée.

La fonction de transfert harmonique peut être écrite en utilisant la variable réduite u :

1 ω
H( j u ) = avec u =
1 + ju ω0
Elle a pour module :
1 1
G (ω) = =
1+ u2 ω2
1+
ω0 2

Si nous réécrivons la fonction nous en déduisons facilement son argument :

1 − ju  ω 
H( j u ) = ⇒ φ(ω) = − arctan u = − arctan  
1+ u2  ω0 

En effet l’argument est compris entre -π/2 et 0, puisque les parties réelle et imaginaire de la
fonction de transfert sont respectivement positive et négative.

Pour le gain en décibels nous avons :

 ω 2 
G (dB) = −20 log 1 + u 2 = −10 log (1 + u 2 ) = −10 log 1 +
 ω 2
 0 

Etudions les asymptotes du gain et de la phase. Pour la limite statique, à très basse fréquence,
lorsque u tend vers 0, le terme en 1 + u2 tend vers 1, et le gain en décibels tend vers 0.
L’argument φ tend également vers 0.

ω → 0 ⇒ G (dB) → 0 et φ → 0

L’asymptote se confond avec l’axe horizontal. Aux très hautes fréquences, lorsque u tend vers
l’infini, le terme en 1 + u2 se comporte comme u2. D’autre part, l’argument φ tend vers -π/2.

π
ω → ∞ ⇒ G (dB) → −10 log u 2 = −20 log u et φ → −
2

L’asymptote est une droite de pente -20 dB/décade. Les deux asymptotes de la courbe de gain
se coupent en ωc = ω0. C'est la fréquence de brisure. Le gain pour cette pulsation vaut :

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G (dB) = −10 log 2 = −3 dB

et la phase est égale à -π/4. Les figures 5-12 et 5-13 présentent les courbes de gain et de phase
sur un peu plus de deux décades centrées sur ω0, en utilisant la variable réduite u = ω/ω0. Les
asymptotes ont été tracées de part et d’autre de la pulsation de brisure.

Fig. 5-12 : Courbe de gain de la fonction fondamentale du 1er ordre

Fig. 5-13 : Courbe de phase de la fonction fondamentale du 1er ordre

Le lieu de Nyquist est défini par :


 1
 x =
 1+ u2

y = − u
 1+ u2

Essayons de trouver une relation entre x et y. Comme x est une fonction monotone de u, nous
pouvons inverser la première relation pour exprimer u en fonction de x :

1 1− x
1+ u2 = et x ∈ [0, 1] ⇒ u =
x x

Reportons dans l’expression de y, il vient :

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1− x
y = −x
x
En élevant au carré il vient :
y 2 = x (1 − x ) avec y < 0
Ce qui nous donne :

2
2 2 2  1 1
y +x −x =0 ⇔ y + x −  =
 2 4

Il s’agit de l’équation d’un cercle de centre (1/2, 0) et de rayon 1/2, dont nous ne conservons
que la moitié telle que y < 0.

Fig. 5-14 : Lieu de Nyquis de la fonction fondamentale du 1er ordre

D. Fonction de transfert fondamentale du deuxième ordre

D.1. Définition

Considérons la fonction de transfert harmonique suivante :

1
H( jω) = avec α et ω0 réels positifs
ω ω2
1+ 2 α j −
ω0 ω0 2

Il est facile de déterminer l’équation différentielle, reliant entrée et sortie, à laquelle elle
correspond :
2 α d s( t ) 1 d 2 s( t )
s( t ) + + = e( t )
ω0 dt ω0 2 dt 2

Le système est dit du deuxième ordre fondamental, ou principal, car il fait intervenir les
dérivées première et deuxième du signal de sortie et aucune dérivée du signal d’entrée.

Elle nous servira de prototype pour l’étude des autres fonctions de transfert du second ordre.
Commençons par en étudier le module. Nous traiterons l’argument plus loin. Le module et le
gain en dB ont pour expressions :

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1
G (ω) =
2
 ω2  2
1 −  + 4 α2 ω
 ω2  ω02
 0

 2
2
2
  ω  2 ω 
G (dB) = −10 log 1 − +4α
 ω 2  ω02 
 0  

Pour alléger les notations et les calculs utilisons la variable réduite u = ω/ω0 :

 1
G (u ) =
 (1 − u 2 ) 2 + 4 α 2 u 2
 2 2 2 2
G (dB) = −10 log [(1 − u ) + 4 α u ]

Nous notons f(u) le terme sous le radical dans l’expression du module :

f (u ) = (1 − u 2 ) 2 + 4 α 2 u 2

D.2. Diagramme asymptotique et allure générale

Commençons notre étude par la recherche des asymptotes. A très basse fréquence, lorsque u
tend vers 0, il est évidemment que le module tend vers 1 et le gain vers 0 dB. Aux très hautes
fréquences le terme sous le radical f(u) se décompose en la somme de deux termes, le premier
de degré 4 et le second de degré 2. Lorsque u tend vers l’infini le premier est dominant et
l’ensemble se comporte comme u4 :

f (u ) = (1 − u 2 ) 2 + 4 α 2 u 2 ≡ u4

Nous avons donc pour les asymptotes :

ω → 0 G (dB) → 0

  ω 
ω → ∞ G (dB) → − 40 log u = −40 log  
  ω0 

La première asymptote se confond avec le demi-axe horizontal. La seconde est une droite de
pente –2 (-40 dB/décade), coupant l’axe horizontal en u = 1. Les deux asymptotes de la
courbe de gain se coupent en ω0, qui représente donc la pulsation de brisure.

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Fig. 5-15 : Diagramme asymptotique d’une fonction de transfert
fondamentale du deuxième ordre

Ce diagramme asymptotique nous donne une première idée du comportement de la fonction


de transfert. Nous allons préciser cette information en étudiant la variation de la courbe de
gain en fonction de la fréquence. Pour cela nous pouvons dériver le gain en décibels par
rapport à u :

d G (dB) 10 1 d f (u )
=−
du ln 10 f (u ) du

Pour étudier le signe de cette dérivée il suffit de connaître celui de la dérivée de f(u) :

d f (u )
= −4 u (1 − u 2 ) + 8 α 2 u = 4 u (u 2 + 2 α 2 − 1)
du

Cette dérivée s’annule pour u = 0. Elle peut également s'annuler pour :

1
u = 1− 2 α2 si α <
2

En reportant les expressions de la fonction f(u) et de sa dérivée nous avons :

d G (dB) 40 u (u 2 + 2 α 2 − 1)
=−
du ln 10 (1 − u 2 ) 2 + 4 α 2 u 2

Si le diagramme asymptotique est indépendant du paramètre α, celui-ci influe sur la forme


effective de la courbe de gain. Pour α > 1/√2, la courbe de gain est monotone décroissante.
Pour α < 1/√2, elle présente un maximum pour la pulsation :

ω m = ω0 1 − 2 α 2

inférieure à ω0. Le maximum vaut alors :

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 1
G max =
 2 α 1− α2

G (dB) = −20 log  2 α 1 − α 2 
 max  

D.3. Recherche des pôles

Pour étudier plus précisément la courbe de gain selon les valeurs du paramètre α nous devons
chercher les pôles de la fonction de transfert. Pour cela nous devons résoudre l'équation du
deuxième degré suivante :
1 + 2 α p + p2 = 0

où la variable p remplace ju.

Elle a pour discriminant réduit :


∆' = α 2 − 1

La nature des pôles dépend de la valeur du paramètre α, avec trois cas possibles :
- α > 1 : deux pôles réels distincts ;
- α = 1 : un pôle réel double ;
- α < 1 : deux pôles complexes conjugués.

Etudions la courbe de gain pour ces trois cas.

D.4. Deux pôles réels distincts (α > 1)

Lorsque le paramètre α est supérieur à 1, l'équation admet deux racines réelles :

p = − α − α 2 − 1
 1

p = − α + α 2 − 1
 2

Remarquons que ces racines sont inverses l’une de l’autre. En effet :

p1 p 2 = α 2 − (α 2 − 1) = 1

D’autre part ces racines sont négatives. Prenons les valeurs absolues pour définir deux
quantités u1 et u2 :
u = α − α 2 − 1
 1

u = α + α 2 − 1
 2

Avec ces notations, nous pouvons réécrire le dénominateur de la fonction de transfert :

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1 + 2 α p + p 2 = (p − p1 ) (p − p 2 ) = ( j u + u1 ) ( j u + u 2 )

Soit encore en factorisant u1 et u2 :

 u  u   u  u 
1 + 2 α j u − u 2 = u1 u 2 1 + j  1 + j  = 1 + j  1 + j 
 u1   u2   u1   u2 

Définissons deux pulsations caractéristiques ω1 et ω2 :


ω = u1 ω0 = ω0  α − α 2 − 1 
 1  

ω 2 = u 2 ω0 = ω0  α + α 2 − 1 

  

Celles-ci vérifient :
ω1 ω 2 = ω02

ce qui signifie qu’en échelle logarithmique l’intervalle [ω1, ω2] est centré sur ω0. Nous avons
en effet :
1
log ω0 = ( log ω1 + log ω 2 )
2

Dans ce cas la fonction de transfert s’écrit donc :

1
H( j ω) =
 ω  ω 
1 + j  1 + j 
 ω1   ω 2 

Nous avons le produit de deux fonctions de transfert fondamentales du premier ordre :

H( j ω) = H1 ( j ω) H 2 ( j ω)
avec :
1 1
H1 ( jω) = et H 2 ( jω) =
ω ω
1+ j 1+ j
ω1 ω2

Nous avons étudié ces fonctions dans le paragraphe C. Nous savons également que les
courbes de gain en décibels et de phase peuvent être obtenues par addition des courbes de ces
deux fonctions :

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  ω2    ω2 
G1 (dB) = −10 log 1 +  G 2 (dB) = −10 log 1 + 
  ω2    ω2 
 1   2
 et 
  ω   ω 
φ1 (ω) = − arc tan   φ 2 (ω) = − arc tan  
  ω1    ω2 

Commençons par tracer les diagrammes asymptotiques. Par exemple pour la fonction de
transfert H1 nous avons :

ω → 0 G1 (dB) → 0 ϕ1 → 0

  ω π
ω → ∞ G1 (dB) → − 20 log   ϕ1 → −
  ω1  2

Ces deux asymptotes s’interceptent pour la pulsation de brisure ω1. Le diagramme


asymptotique de la fonction H2 est similaire avec une pulsation de brisure ω2. Nous pouvons
tracer les deux diagrammes asymptotiques (fig. 5-16). Pour tracer ces courbes nous avons pris
ω1 = ω0/10 et ω2 = 10 ω0, pour un domaine couvrant au total environ 5 décades. Constatons
qu'en échelle logarithmique ω0 est le milieu de l'intervalle [ω1, ω2].

Fig. 5-16 : Diagrammes asymptotiques des deux fonctions de transfert


fondamentales du premier ordre (α > 1)

Nous obtenons ensuite le diagramme asymptotique de H(jω) en faisant la somme de ces deux
diagrammes. Il apparaît ainsi trois intervalles délimités par ω1 et ω2, qui constituent deux
points de brisure.

Pour ω < ω1, l’asymptote se confond avec l’axe des abscisses : G(dB) → 0.

Pour ω1 < ω < ω2, l’asymptote est une droite "de pente –1 passant par ω1" :

 ω
G (dB) → −20 log   + 0
 ω1 

S. Tisserant – ESIL – Traitement du signal – 2008-2009 5 - 18


Lorsque ω tend vers l’infini, l’asymptote est une droite "de pente –2 passant par ω0". En
effet la somme des deux asymptotes nous donne :

 ω  ω   ω2   2
− 20 log   − 20 log   = −20 log   = −20 log  ω 
 ω1   ω2   ω1 ω 2   ω2 
   0

C’est-à-dire :
 ω 
G (dB) → −40 log  
 ω0 

Nous retrouvons la droite de pente –40 dB/décade, coupant l’axe horizontal en ω0 que nous
avions calculé au début de notre étude (§ D.2.). Remarquons la continuité des asymptotes.

Fig. 5-17 : Courbe de gain d’une fonction de transfert


fondamentale du deuxième ordre (α > 1)

Fig. 5-18 : Courbe de phase d’une fonction de transfert


fondamentale du deuxième ordre (α > 1)

S. Tisserant – ESIL – Traitement du signal – 2008-2009 5 - 19


Sur la figure 5-18 nous avons tracé le diagramme de phase. La phase de chacune des fonctions
du premier ordre varie entre 0 et -π/2 lorsque ω varie de 0 à l’infini. La phase de la fonction
du deuxième ordre, somme des deux premières, varie donc entre 0 et -π. Le tracé du
diagramme asymptotique fait également apparaître les trois domaines pour lesquels les
asymptotes sont 0, -π/2 et -π respectivement.

D.5. Pôle réel double (α = 1)

Lorsque le paramètre α est égal à 1, le dénominateur de la fonction de transfert fondamentale


du deuxième ordre admet alors une racine double –1, ce qui nous donne :

1 + 2 α p + p 2 = (p + 1) 2 = (1 + j u ) 2

La fonction de transfert s'écrit donc :

1 1
H( jω) = =
 ω 
2
(1 + j u )2
1 + j 
 ω 0

où ω0 est pôle de multiplicité 2. Elle a pour gain et phase :



 ω2 
G (dB) = −20 log 1 +
 2
 = −20 log 1 + u 2

( )
  ω0 
  ω 
φ(ω) = −2 arc tan  ω  = −2 arc tan (u )
  0

Fig. 5-19 : Courbe de gain d’une fonction de transfert


fondamentale du deuxième ordre (α = 1)

S. Tisserant – ESIL – Traitement du signal – 2008-2009 5 - 20


Fig. 5-20 : Courbe de phase d’une fonction de transfert
fondamentale du deuxième ordre (α = 1)

Il est facile de tracer les courbes de gain et de phase dans la représentation de Bode.

ω → 0 G (dB) → 0 φ→0



ω → ∞ G (dB) → −40 log x φ → −π

Les asymptotes ne présentent qu’une seule pulsation de brisure ω0. Lorsque la pulsation tend
vers l’infini l’asymptote de la courbe de gain est encore une droite de "pente –2 passant par
ω0".

D.6. Deux pôles complexes conjugués (α < 1)

Dans le troisième cas, avec un paramètre α inférieur à 1, l’équation associée au dénominateur


admet deux racines complexes conjuguées :

p = − α − j α 2 − 1
 1

p 2 = −α + j α 2 − 1

Nous ne pouvons pas décomposer la fonction du second ordre. Nous devons étudier le module
et l'argument de la fonction de transfert directement. Pour le module nous avons :

1
G (u ) =
(1 − u 2 )2 + 4 α 2 u 2
Ce qui nous donne en décibels :

G (dB) = −10 log [(1 − u 2 ) 2 + 4 α 2 u 2 ]

S. Tisserant – ESIL – Traitement du signal – 2008-2009 5 - 21


Nous connaissons déjà les asymptotes (§ D.2). Nous savons également que l’évolution de la
courbe de gain dépend du paramètre α comparé à 1/√2. Les deux cas sont présentés sur la
figure 5-21.

Fig. 5-21 : Courbe de gain d’une fonction de transfert fondamentale


du deuxième ordre (1/√2 <α < 1 en bleu, α < 1/√2 en vert)

Dans le premier cas, la courbe de gain, toujours située sous les asymptotes, est décroissante.
Dans le second cas, la courbe de gain, toujours située au-dessus des asymptotes, présente un
maximum pour une valeur ωm (calculée en § D.2) légèrement inférieure à ω0. Il y a résonance.

Intéressons nous maintenant à la phase de la fonction de transfert. Pour plus de clarté


réécrivons la fonction de transfert en multipliant numérateur et dénominateur par le complexe
conjugué du dénominateur :

1 (1 − u 2 ) − 2 α j u
H( j ω) = =
1 + 2 α ju − u 2 (1 − u 2 ) 2 + 4 α 2 u 2

Nous en déduisons les informations suivantes pour la phase :

 1− u2
cos φ(u ) =


(1 − u 2 )2 + 4 α 2 u 2
sin φ(u ) = − 2α u

 (1 − u 2 )2 + 4 α 2 u 2
Le sinus de la phase est toujours négatif, celle-ci est donc comprise entre -π et 0. Pour u
inférieur à 1 le cosinus est positif, la phase est alors comprise entre -π/2 et 0. De même elle est
comprise entre -π et -π/2 pour u supérieur à 1. Ce que nous pouvons résumer sous la forme
suivante, avec continuité en u = 1 (φ = -π/2) :

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  2α u 
φ(u ) = arc tan  2  pour u < 1
  u −1

  2α u 
φ(u ) = arc tan  2  − π pour u > 1
  u − 1 

Fig. 5-22 : Courbe de phase d’une fonction de transfert fondamentale


du deuxième ordre (1/√2 <α < 1 en bleu, α < 1/√2 en vert)

L'allure de la courbe de phase ne dépend pas de α, qu’il y ait ou non résonance du gain. C’est
ce que nous vérifions sur la figure 5-22 où la courbe de phase a été tracée pour une valeur de
α supérieure à 1/√2 et une valeur inférieure à 1/√2.

Fig. 5-23 : Lieux de Nyquis d’une fonction de transfert fondamentale


du deuxième ordre pour trois valeurs de α

Le lieu de Nyquist d’une fonction de transfert fondamentale du deuxième ordre est défini par :

S. Tisserant – ESIL – Traitement du signal – 2008-2009 5 - 23


 1− u2
x =
 (1 − u 2 ) 2 + 4 α 2 u 2

 − 2α u
y =
 (1 − u ) + 4 α 2 u 2
2 2

L’allure des courbes est indiquée sur la figure 5-23 pour trois valeurs du paramètre α.

E. Filtres du deuxième ordre

Appliquons ce que nous venons de présenter à l’analyse de quatre filtres du deuxième ordre.
Nous commençons par un filtre passe-bas.

E.1. Filtre passe-bas du deuxième ordre

Un tel filtre correspond à la fonction de transfert harmonique fondamentale du deuxième


ordre que nous avons étudiée dans le paragraphe précédent :

1
H( j ω) =
ω ω2
1+ 2 α j −
ω0 ω02

En général on choisit α de manière à éviter le phénomène de résonance (α > 1/√2).

La limite statique (ω → 0) du gain est égale à 1 et la courbe de gain est monotone


décroissante lorsque la fréquence croît. Les basses fréquences sont donc peu atténuées alors
que les hautes fréquences le sont fortement. Il s’agit donc d’un filtre passe-bas. Calculons la
borne supérieure de sa bande passante. Travaillons avec la variable réduite u, et cherchons
u ≥ 0 tel que :
1 G 1
G (u ) = = max =
(1 − u 2 ) 2 + 4 α 2 u 2 2 2

Ce qui est équivalent à :


(1 − u 2 ) 2 + 4 α 2 u 2 = 2

Elevons cette équation au carré, il vient :

(1 − u 2 ) 2 + 4 α 2 u 2 = 2

sachant que les solutions de celle-ci ne sont pas toutes solutions de la première. Nous avons
donc l’équation suivante :

1 − 2 u 2 + u 4 + 4 α 2 u 2 = 2 ⇒ u 4 + 2 (2 α 2 − 1) u 2 − 1 = 0

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que nous pouvons traiter comme une équation du deuxième degré en u2. Elle a pour
discriminant réduit :
∆' = (2 α 2 − 1) 2 + 1

Celui-ci étant positif, l’équation admet deux solutions. Celles-ci sont de signes opposés
puisque leur produit est égal à –1. Seule la solution positive peut être retenue, c’est-à-dire :

u 2 = −(2 α 2 − 1) + (2 α 2 − 1) 2 + 1

La borne supérieure de la bande passante est donnée par la racine positive donc :

u= 1− 2α2 + (2 α 2 − 1) 2 + 1
Et :

ω h = ω0 1− 2α2 + (2 α 2 − 1) 2 + 1

E.2. Filtre passe-haut du deuxième ordre

Considérons une fonction de transfert harmonique de la forme :

ω2

ω02
H( j ω) =
ω ω2
1+ 2 α j −
ω0 ω02

Soit encore en utilisant la variable réduite :

− u2 ω
H( j u ) = avec u =
1+ 2 α j u − u2 ω0

Cette fonction de transfert a pour module :

u2
G (u ) =
(1 − u 2 ) 2 + 4 α 2 u 2

La fonction de transfert peut se décomposer comme le produit de deux fonctions :

H( j ω) = H1 ( j ω) H 2 ( j ω)
avec :

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ω2 1
H1 ( j ω) = − et H 2 ( j ω) =
ω0 2 ω ω2
1+ 2 α j −
ω0 ω02

Ce qui nous donne pour le gain en décibels :

G (dB) = G1 (dB) + G 2 (dB)


avec :

G (dB) = 20 log u 2 = 40 log u


 1

 2 2 2 2 2 2 2 2
G 2 (dB) = −20 log (1 − u ) + 4 α u = −10 log (1 − u ) + 4 α u [ ]
Soit :
[
G (dB) = 40 log u − 10 log (1 − u 2 ) 2 + 4 α 2 u 2 ]
Etudions le diagramme asymptotique de cette courbe de gain. Tout d’abord remarquons que la
représentation de la courbe de gain G1(dB) est très simple. Il s’agit d’une droite de pente
+40 dB/décade coupant l’axe horizontal en ω0. Il suffit de faire la somme de cette droite avec
les asymptotes de G2(dB), ce qui nous donne :

ω → 0 G (dB) → 40 log u + 0 = 40 log u



ω → ∞ G (dB) → 40 log u − 40 log u = 0

La pulsation de brisure est ω0. Cela correspond au diagramme asymptotique d’un filtre passe-
haut.

Cependant si le diagramme asymptotique ne dépend pas des valeurs du paramètre α, il n’en


est pas de même de la forme de la courbe de gain. Calculons la dérivée par rapport à u de
G(dB), c’est-à-dire la somme des dérivées de G1(dB) et G2(dB). La première dérivée est facile
à calculer. Nous avons déjà calculé la seconde dans le paragraphe D.2. Nous avons donc :

d G (dB) 40 1 40 u (u 2 + 2 α 2 − 1)
= −
du ln 10 u ln 10 (1 − u 2 ) 2 + 4 α 2 u 2
Soit encore :
d G (dB) 40 (1 − u 2 ) 2 + 4 α 2 u 2 − u 2 (u 2 + 2 α 2 − 1)
du
=
ln 10 [
u (1 − u 2 ) 2 + 4 α 2 u 2 ]
Le dénominateur est positif, le signe de cette dérivée est donc donné par le numérateur :

N(u ) = 1 − 2 u 2 + u 4 + 4 α 2 u 2 − u 4 − 2 α 2 u 2 + u 2

N(u ) = 1 − u 2 + 2 α 2 u 2 = (2 α 2 − 1) u 2 + 1

S. Tisserant – ESIL – Traitement du signal – 2008-2009 5 - 26


Celui-ci s’annule pour :

1 1
u= si et seulement si α <
1− 2 α2 2

Nous observons à nouveau un phénomène de résonance pour 0 < α < 1/√2, sinon la fonction
est monotone croissante. Les deux cas ont été tracés sur la figure 21.

Lors de la réalisation d’un filtre passe-haut on évite en général le phénomène de résonance en


choisissant α > 1/√2. Calculons la limite inférieure de la bande passante dans ce cas. Le gain
maximum est atteint à la limite des très hautes fréquences et vaut 1. Nous cherchons donc
u ≥ 0 tel que :
u2 G 1
G (u ) = = max =
(1 − u 2 ) 2 + 4 α 2 u 2 2 2
Ce qui est équivalent à :
(1 − u 2 ) 2 + 4 α 2 u 2 = 2 u2

Elevons cette équation au carré, il vient :

(1 − u 2 ) 2 + 4 α 2 u 2 = 2 u 4

sachant que les solutions de celle-ci ne sont pas toutes solutions de la première. Nous avons
donc l’équation suivante :

1− 2 u2 + u4 + 4 α2 u2 = 2 u4 ⇒ u 4 + 2 (1 − 2 α 2 ) u 2 − 1 = 0

que nous pouvons traiter comme une équation du deuxième degré en u2. Elle a pour
discriminant réduit :
∆' = (1 − 2 α 2 ) 2 + 1

Celui-ci étant positif, l’équation admet deux solutions. Celles-ci sont de signes opposés
puisque leur produit est égal à –1. Seule la solution positive peut être retenue, c’est-à-dire :

u 2 = −(1 − 2 α 2 ) + (1 − 2 α 2 ) 2 + 1

La borne inférieure de la bande passante est donnée par la racine positive donc :

u= 2α2 −1+ (1 − 2 α 2 ) 2 + 1
et

ω b = ω0 2α2 −1+ (1 − 2 α 2 ) 2 + 1

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Fig. 5-24 : Courbe de gain d’un filtre passe-haut du deuxième ordre
(1/√2 <α en bleu, α < 1/√2 en vert)

E.3. Filtre passe-bande du deuxième ordre

Considérons une fonction de transfert harmonique de la forme :

ω
j
ω0
H( j ω) = K
ω ω2
1+ 2 α j −
ω 0 ω0 2
Soit en utilisant la variable réduite :

ju ω
H( j u ) = K avec u =
1+ 2 α j u − u2 ω0

De même nous avons pour le module et le gain en décibels :

u
G (u ) = K
(1 − u 2 ) 2 + 4 α 2 u 2

[
G (dB) = 20 log K + 20 log u − 10 log (1 −u 2 ) 2 + 4 α 2 u 2 ]
La courbe de gain apparaît donc comme la somme de trois termes que nous avons étudiés plus
avant dans ce chapitre. Sur la figure 5-25 nous avons tracé en vert les deux premiers termes
(en pointillés et tirets respectivement) et le diagramme asymptotique du troisième. Cela nous
a servi pour construire le diagramme asymptotique de G(dB), en rouge.

S. Tisserant – ESIL – Traitement du signal – 2008-2009 5 - 28


Fig. 5-25 : Courbe de gain d’un filtre passe-bande du deuxième ordre

Il s'agit d'un filtre passe-bande. Le maximum du gain semble être atteint pour u = 1 (ω = ω0).
Ce que nous pouvons vérifier par le calcul. La dérivée de G(dB) par rapport à u est égale à :

d G (dB) 20 1 40 u (u 2 + 2 α 2 − 1)
= −
du ln 10 u ln 10 (1 − u 2 ) 2 + 4 α 2 u 2
Soit :
d G (dB) 20  1 2 u (u 2 + 2 α 2 − 1) 
=  − 
du ln 10  u (1 − u 2 ) 2 + 4 α 2 u 2 

Réduisons au même dénominateur :

d G (dB) 20 (1 − u 2 ) 2 + 4 α 2 u 2 − 2 u 2 (u 2 + 2 α 2 − 1)
du
=
ln 10 [
u (1 − u 2 ) 2 + 4 α 2 u 2 ]
Soit en développant :

d G (dB) 20 1 − 2 u 2 + u 4 + 4 α 2 u 2 − 2 u 4 − 4 α 2 u 2 + 2 u 2
du
=
ln 10 [
u (1 − u 2 ) 2 + 4 α 2 u 2 ]
Ce qui nous donne :
d G (dB) 20 1− u4
du
=
[
ln 10 u (1 − u 2 ) 2 + 4 α 2 u 2 ]

S. Tisserant – ESIL – Traitement du signal – 2008-2009 5 - 29


Nous trouvons donc un maximum en u = 1, quelque soit la valeur de α. Le gain est alors égal
à:
K
G max =

Déterminons la bande passante à 3 dB de ce filtre. Cherchons u ≥ 0 tel que :

G max
G (u ) =
2
C'est-à-dire :
u K
K =
(1 − u 2 ) 2 + 4 α 2 u 2 2 2α

En simplifiant par K, puis en élevant au carré nous obtenons :

u2 1
=
2 2 2 2
(1 − u ) + 4 α u 8 α2
Soit :
8 α 2 u 2 = (1 − u 2 ) 2 + 4 α 2 u 2
Ce qui nous donne :

(1 − u 2 ) 2 = 4 α 2 u 2 ⇔ (1 − u 2 ) = ± 2 α u

Nous obtenons deux équations du deuxième degré :

u2 ± 2α u −1 = 0

qui ont le même discriminant réduit :


∆' = α 2 + 1

Celui-ci étant positif, chaque équation admet deux solutions réelles. Nous avons donc quatre
solutions :
r = ± α ± 1+ α2

dont nous ne conservons que les racines positives. Ce qui nous donne pour les limites de la
bande passante :

  2
ω b = ω0  − α + 1 + α 


ω = ω  α + 1 + α 2 
 h 0  
 

Nous pouvons remarquer que :

S. Tisserant – ESIL – Traitement du signal – 2008-2009 5 - 30


ω b ω h = ω 02

Cela signifie qu’en échelle logarithmique la bande passante est centrée sur ω0 :

1 1
log ω0 = log ω b ω h = (log ω b + log ω h )
2 2

Remarquons également que la bande passante ne dépend pas de la quantité K. Elle a pour
largeur :
B ω = ω h − ω b = 2 α ω0

La sélectivité du filtre peut être caractérisée par un facteur de qualité Q défini par :

ω0
Q=

Un filtre sélectif (bande passante étroite) se caractérise par un facteur de qualité important.
Pour le filtre que nous venons d’étudier nous avons :

1
Q=

La figure suivante présente la courbe de gain dans le plan de Bode pour trois valeurs du
facteur de qualité du filtre, la constante K a été ajustée pour assurer le même gain maximum.

Fig. 5-26 : Courbes de gain d’un filtre passe-bande du deuxième ordre


pour différents facteurs de qualité

S. Tisserant – ESIL – Traitement du signal – 2008-2009 5 - 31


On rencontre souvent la forme canonique de la fonction de transfert de deuxième ordre
fondamentale en remplaçant le paramètre α par le facteur de qualité, ce qui donne :

1 1
H( j ω) = =
2
1 ω ω u
1+ j − u2
1+ j −
Q ω0 ω0 2 Q

Pour déterminer le lieu de Nyquist d’un filtre passe-bande du deuxième ordre nous pouvons
écrire sa fonction de transfert harmonique sous la forme suivante :

1
H( j u ) = K
u2 −1
2α +
u

La partie réelle du dénominateur est constante et sa partie imaginaire couvre ℝ. Le lieu du


dénominateur est la droite verticale d’équation x = 2α et son inverse est le cercle passant par
x = 0 et x = 1/2α (cf. annexe en fin du chapitre § F). Le facteur K correspond à une
homothétie de centre O et de rapport K. Le lieu de Nyquist du filtre étudié est donc le cercle
passant par x = 0 et x = K/2α.

Fig. 5-27 : Lieu de Nyquist d’un filtre passe-bande du deuxième ordre (K>0)

E.4. Filtre coupe-bande du deuxième ordre

Considérons une fonction de transfert harmonique de la forme :

ω2
1−
ω02
H( j ω) =
ω ω2
1+ 2α j −
ω0 ω02

Utilisons la variable réduite pour exprimer la fonction de transfert :

S. Tisserant – ESIL – Traitement du signal – 2008-2009 5 - 32


1− u2
H( j u ) =
1 + 2 α ju − u 2
Le gain a pour expression :

[
G (dB) = 20 log 1 − u 2 − 10 log (1 − u 2 ) 2 + 4 α 2 u 2 ]
La gain que nous étudions peut s’écrire comme la somme de deux termes, que nous notons
G1(dB) et G2(dB) respectivement. La courbe de gain G2(dB) a déjà été étudiée. Par contre le
terme du premier degré est absent au numérateur. Nous remarquons qu’alors le gain s’annule
pour u = 1. En décibels le gain tend alors vers -∝. La courbe de gain G1(dB) présente donc
une asymptote supplémentaire verticale pour u = 1. Nous en déduisons le diagramme
asymptotique de la courbe de gain G(dB) :

x → 0 G1 (dB) → 0 G 2 (dB) → 0 G (dB) → 0


 
x → ∞ G1 (dB) → 40 log u G 2 (dB) → −40 log u ⇒ G (dB) → 0
 
x → 1 G1 (dB) → −∞ G 2 (dB) → −20 log 2 α G (dB) → −∞

La courbe de gain a été tracée sur la figure 5-28. Il s'agit d'un filtre coupe-bande, qui rejette un
domaine en pulsation autour de ω0.

Fig. 5-28 : Courbe de gain d’un filtre coupe-bande du deuxième ordre

Pour vérifier l'évolution de G(dB) nous pouvons dériver par rapport à u, en utilisant le
résultant déjà obtenu § D.2. Pour u ≠ 1 nous avons :

S. Tisserant – ESIL – Traitement du signal – 2008-2009 5 - 33


d G (dB) 20 2 u 40 u (u 2 + 2 α 2 − 1)
= −
du ln 10 u 2 − 1 ln 10 (1 − u 2 ) 2 + 4 α 2 u 2
Ce qui nous donne :
d G (dB) 40  u u (u 2 + 2 α 2 − 1) 
=  − 
du ln 10  u 2 − 1 (1 − u 2 ) 2 + 4 α 2 u 2 

Réduisons au même dénominateur, il vient :

d G (dB) [ ]
40 u (1 − u 2 ) 2 + 4 α 2 u 2 − u (u 2 − 1) (u 2 + 2 α 2 − 1)
du
=
ln 10 [
(u 2 − 1) (1 − u 2 ) 2 + 4 α 2 u 2 ]
Soit en développant :

d G (dB) 40 u (1 − 2 u 2 + u 4 + 4 α 2 u 2 − u 4 − 2 α 2 u 2 + u 2 + u 2 + 2 α 2 u 2 + 1)
du
=
ln 10 [
(u 2 − 1) (1 − u 2 ) 2 + 4 α 2 u 2 ]
Ce qui nous donne :
d G (dB) 40 2 α 2 u (1 + u 2 )
du
=
[
ln 10 (u 2 − 1) (1 − u 2 ) 2 + 4 α 2 u 2 ]
Cette dérivée est du signe de u2 – 1. La fonction est donc décroissante pour u < 1, puis
croissante pour u > 1.

Calculons la bande passante de ce filtre. Le gain maximum est atteint lorsque ω tend vers zéro
ou vers l'infini. Il est égal à 1. Nous cherchons ω ou x tels que :

G max
G (u ) =
2
C'est-à-dire :
1− u2 1
=
(1 − u 2 ) 2 + 4 α 2 u 2 2

Ce qui nous donne en élevant au carré :

2 (1 − u 2 ) 2 = (1 − u 2 ) 2 + 4 α 2 u 2 ⇔ (1 − u 2 ) 2 = 4 α 2 u 2

En prenant la racine nous obtenons deux équations :

1− u2 = ± 2 α u
Soit encore :
u2 ± 2 α u −1 = 0

S. Tisserant – ESIL – Traitement du signal – 2008-2009 5 - 34


Nous avons rencontré et résolu ces équations dans le paragraphe E3. Nous savons qu’elles
admettent deux racines positives, ce qui nous donne pour les limites de la bande passante :

  2
ω b = ω0  − α + 1 + α 


ω = ω  α + 1 + α 2 
 h 0  
 

La bande passante comprend deux intervalles : [0, ωb] et [ωh, ∞[.

Pour déterminer le lieu de Nyquist de ce filtre coupe-bande nous pouvons écrire la fonction de
transfert sous la forme suivante :

1
H( j u ) =
u
1+ 2α j
1− u2

La partie réelle du dénominateur est constante et sa partie imaginaire couvre ℝ. Le


dénominateur correspond donc à la droite verticale x = 1 et son inverse est le cercle passant
par x = 0 et x = 1.

Fig. 5-29 : Lieu de Nyquist d’un filtre coupe-bande du deuxième ordre

F. Quelques exemples de filtres particuliers

Nous passons ici en revue quelques familles de filtres particuliers souvent utilisés dans la
pratique.

F.1. Filtres de Butterworth

Les filtres de Butterworth sont les plus plats dans leur bande passante. Pour les filtres d’ordre
2, tels que ceux étudiés dans le paragraphe précédent, ils correspondent à α = 1/√2.

De manière générale un filtre de Butterworth passe-bas d’ordre n (≥ 1) a un gain exprimé en


fonction de sa pulsation réduite de la forme :

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1
G (u ) =
1 + u 2n
Soit en décibels :
G (db) = −10 log (1 + u 2 n )

Il s’agit d’un filtre passe-bas de gain maximum 1 et ayant pour asymptote à haute fréquence
une droite de pente -20 n dB/décades, avec une fréquence réduite de brisure u = 1
indépendante de n. D’autre part :

1
G (1) = soit − 3 dB
2

Fréquences de brisure et de coupure sont donc identiques. Calculons la dérivée du gain, nous
avons :
d G (u ) n u 2n −1
=−
du
(1 + u 2n )3 / 2
Cette dérivée étant toujours négative la courbe de gain est monotone et ne présente aucune
ondulation en particulier dans sa bande passante.

Fig. 5-30 : Courbes de gain de filtres passe-bas de Butterworth d’ordre 1 à 5

La fonction de transfert H(jω) d’ordre n possède nécessairement n pôles. Nous pouvons par
exemple écrire :
n −1
H( jω) = H(p) = ∏ (p − p k ) avec p = ju
k =0

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En remarquant que prendre le complexe conjugué d’une fonction de transfert revient à
changer le signe de la variable jω :
n −1
*
H ( jω) = H(− jω) = H(−p) = − ∏ (p + p k )
k =0

nous pouvons écrire pour le gain :

n −1 n −1 n −1
H ( p)
2
= ∏ ( p − p k ) ∏ (− p − p l ) = ∏ ( p k 2 − p 2 )
k =0 l=0 k =0

Le gain a donc 2n pôles de signes opposés deux à deux. Cherchons ces pôles. En posant p = ju
nous avons à résoudre :

1 + u 2n = 1 + − p 2 ( )n = 0 ⇔ (− p 2 )n = −1
Ce qui nous donne pour p2 n solutions sur le cercle unité :

− p 2 = e j( 2 k +1) π / n avec k = 0,..., n − 1


Soit encore :
p 2 = e j( 2k + n +1) π / n avec k = 0,..., n − 1

Pour p nous avons donc 2n solutions :

p = ± e j( 2 k + n +1) π / 2n avec k = 0,..., n − 1

Ces pôles sont visualisés pour n = 4 et 5 sur la figure 5-31.

Fig. 5-31 : Pôles du gain d’un filtre de Butterworth d’ordre 4 ou 5. Les pôles de la
fonction de transfert, à partie réelle négative, sont indiqués en rouge

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La fonction de transfert de Butterworth est construite en choisissant les pôles à partie réelle
négative, en rouge sur la figure. C’est-à-dire :

p k = e j( 2k + n +1) π / 2 n avec k = 0,..., n − 1

Les autres pôles correspondent alors à la fonction conjuguée.

En combinant les pôles conjugués deux à deux nous pouvons écrire la fonction de transfert
d’un filtre de Butterworth d’ordre n sous la forme suivante :

1
H( jω) =
B n ( jω)
Avec selon la parité de n :

 n
 2
 
 2 k + n −1 
B ( p ) =
 n ∏ 

1 − 2 p cos 
 2n
π  + p 2 
 
pour n pair
k =1


 n −1
 2
  2 k + n −1  

B n (p) = (1 + p) ∏ 1 − 2 p cos 
 2n
π  + p 2  pour n impair

 k =1  

Pour les premiers ordres nous avons :

B1 (p) = 1 + p
B 2 ( p) = 1 + 2 p + p 2
( )
B 3 (p) = (1 + p) 1 + p + p 2
B 4 (p) = (1 + 0.7654 p + p )(1 + 1.8478 p + p 2 )
2

F.2. Filtres de Chebychev

Les filtres de Chebychev présentent un front de transition plus raide que les filtres de
Butterworth, mais au prix d’ondulations dans la bande passante.

Un filtre de Chebychev passe-bas d’ordre n (≥ 1) a un gain exprimé en fonction de sa


pulsation réduite de la forme :
1
G (u ) =
1 + ε 2 C n 2 (u )

où Cn(u) est un polynôme de Chebychev (cf. § G.2.). Le paramètre ε est appelé facteur
d’ondulation ou ronflement.

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Pour u supérieur à 1 Cn(u) est une fonction croissante, le gain diminue donc au-delà de la
pulsation caractéristique. Par contre pour u inférieur à 1 le polynôme Cn(u) présente n zéros,
n+1 extrema et oscille entre -1 et 1.
Nous avons donc :

1
∀u ≤ 1 Cn (u ) ≤ 1 ⇒ ≤ G (u ) ≤ 1
2
1+ ε
Soit en décibels :
( )
∀u ≤ 1 − 10 log 1 + ε 2 ≤ G (dB) ≤ 0

Nous avons tracé l’allure des courbes de gain jusqu’à n = 5. On observe que l’amplitude des
ondulations dans la bande passante est inférieure à :

(
∆G = 10 log 1 + ε 2 )
Pour notre illustration nous avons choisi ∆G = 3 dB. D’autre part, toutes les courbes passent
par G(dB) = ∆G pour u = 1.

Fig. 5-32 : Courbes de gain pour des filtres de Chebychev d’ordre 1 à 5,


pour des ondulations de ∆G = 3 dB.

Les pôles de la courbe de gain ont pour expression (k = 0,…,n-1) :

 2k +1   2k +1  1 1
p = ± sh (ν) sin  π  + j ch (ν) cos  π  avec ν = arg sh  
 2n   2n  n ε

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Ils se situent sur une ellipse. Sur la figure 5-33 nous montrons la distribution de ces pôles pour
n = 4 et 5. Nous nous choisi un facteur d’ondulation de .3 dB.

La fonction de transfert de Chebychev est construite en choisissant les pôles à partie réelle
négative, en rouge sur la figure. Les autres pôles correspondent alors à la fonction conjuguée.

Fig. 5-33 : Pôles du gain d’un filtre de Chebychev d’ordre 4 ou 5. Les pôles de la
fonction de transfert, à partie réelle négative, sont indiqués en rouge

Les coefficients de la fonction de transfert dépendent du facteur d’ondulation.

F.3. Filtres de Bessel

Les filtres de Bessel sont des approximations de filtres à phase linéaire, c’est-à-dire dont la
phase varie linéairement avec la fréquence. Cela permet de limiter les distorsions des signaux.
En effet si on ne souhaite aucune distorsion, c’est-à-dire que le signal en sortie a la même
forme que le signal en entrée, il faut que le signal n’ait subi qu’une amplification/atténuation
et un retard pur :
s ( t ) = A e ( t − τ)

Soit par transformation de Fourier :

S( j ω) = A E( j ω) e − j ω τ ⇔ H( j ω) = A e − j ω τ

Dans la pratique un tel filtre n’est pas réalisable. Il comporterait un nombre infini de pôles.
Mais les filtres de Bessel en sont une bonne approximation.

Un filtre de Bessel passe-bas d’ordre n (≥ 1) a une fonction de transfert harmonique exprimée


en fonction de sa pulsation réduite de la forme :

A
H( j u ) =
D n ( j u)

Dn est un polynôme de Bessel, de degré n, défini par la relation de récurrence :

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D n ( x ) = (2 n − 1) D n −1 ( x ) + x 2 D n − 2 ( x ) pour n ≥ 2
avec
D 0 ( x ) = 1 et D1 ( x ) = 1 + x

Le numérateur A est égal au coefficient du terme de degré 0 d0 du polynôme (normalisation


en gain).

La pulsation caractéristique n’est pas la pulsation de coupure. Lorsque celle-ci est choisie
comme pulsation caractéristique (normalisation en fréquence), les coefficients du polynôme
de Bessel sont à modifier :

k
ω 
dk →  c  × d k
 ω0 

Les figures suivantes montrent une comparaison de trois filtres d’ordre 4 avec la même
fréquence de coupure : Bessel, Butterworth et Chebychev avec un facteur d’ondulation de
3 dB. Le front d’atténuation du filtre de Bessel est nettement moins raide.

Fig. 5-34 : Comparaison des courbes de gain de trois filtres d’ordre 4, en vert Bessel,
en rouge Butterworth et en bleu Chebychev à 3 dB.

Pour mesurer la linéarité de la phase nous utilisons la vitesse de groupe définie par :

d Φ(ω)
D(ω) = −

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Cette quantité est tracée sur la figure 5-36 pour les trois filtres utilisés comme référence dans
ce paragraphe. Pour le filtre de Bessel elle est constante jusqu’à la fréquence de coupure.
Cette caractéristique assure une faible distorsion dans la bande passante du filtre.

Fig. 5-35 : Comparaison des courbes de gain de trois filtres d’ordre 4, en vert Bessel,
en rouge Butterworth et en bleu Chebychev à 3 dB.

Fig. 5-36 : Comparaison des vitesses de groupe de trois filtres d’ordre 4, en vert Bessel,
en rouge Butterworth et en bleu Chebychev à 3 dB.

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G. Annexe

G.1. Quelques transformations dans le plan complexe

Dans ce chapitre, pour l’étude des lieux de Nyquist nous avons eu besoin de l’inverse d’une
droite dans le plan complexe et de l’homothétie d’un cercle passant par l’origine. Nous
rappelons dans ce paragraphe ces deux résultats.

Commençons par déterminer l’inverse d’une droite verticale que nous pouvons paramétrer
par :
 x = a

 y = u
avec a constant et u variable réelle.

L’inverse de cette droite est défini par le lieu des points tels que :

1 a − ju
z= =
a + ju a 2 + u 2
Soit :
 a
 x =
 a2 + u2

y = − u
 a2 + u2

Il est facile de vérifier que la variation de x en fonction de u est monotone avec : x ∈ [0, 1/a]
si a > 0 et x ∈ [1/a, 0] si a < 0. Nous pouvons donc essayer d’exprimer u en fonction de x :

a a (1 − a x ) a (1 − a x )
a2 + u2 = ⇔ u2 = ⇔ u=±
x x x

En reportant dans l’expression de y il vient :

x a (1 − a x ) x (1 − a x )
y=m =m
a x a
Elevons au carré :

2
x (1 − a x ) x x  1  1
y =
2
= − x2 ⇔ x − + y 2 = 0 ⇔  x −
2  + y 2 =
a a a  2a  4a2

Nous obtenons l’équation d’un cercle de centre (1/2a, 0) et de rayon 1/2a, donc passant par les
points x = 0 et x = 1/a.

Calculons la transformée par l’homothétie de centre O de rapport k, d’un cercle passant par
x = 0 et x = 2R. Ce cercle a pour équation :

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(x − R ) 2 + y 2 = R 2

Notons (x’, y’) les coordonnées de la transformée de (x, y) par l’homothétie. Nous avons :

x ' = k x

 y' = k y

Et reportant dans l’équation du cercle il vient :

2
 x'  y' 2 2
 − R + 2 = R ⇔ ( x '− k R ) 2 + y' 2 = k 2 R 2
k  k

Nous obtenons l’équation d’un cercle de centre (kR, 0) et de rayon kR, donc passant par les
points x = 0 et x = 2kR.

G.2. Polynômes de Chebychev

Les polynômes de Chebychev sont définis par la relation de récurrence suivante :

C n ( x ) = 2 x C n −1 ( x ) − C n − 2 ( x ) pour n ≥ 2
avec
C 0 ( x ) = 1 et C1 ( x ) = x

Le polynôme Cn(x) est un polynôme de degré n. Le coefficient du terme en xn est 2n-1.

Nous allons étudier ici quelques propriétés utiles des polynômes de Chebychev.

Tout d’abord nous avons :


C n [cos ( x )] = cos (nx )

Nous pouvons vérifier cette propriété par récurrence. Elle est vraie pour 0 et 1. Vérifions que
si elle est vraie jusqu’à n-1, elle l’est également pour n :

C n [cos ( x )] = 2 cos ( x ) cos [(n − 1) x ] − cos [(n − 2) x ]


= cos (nx ) + cos [(n − 2) x ] − cos [(n − 2) x ]
= cos (nx )

Cette propriété nous permet de donner une formulation valable sur l’intervalle [-1, 1], à
savoir :
∀x ∈ [−1, 1] C n ( x ) = cos [n arc cos ( x )]

Donc :
∀x ∈ [−1, 1] C n (x ) ≤ 1

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Cherchons les racines du polynôme sur cet intervalle [-1, 1] :

π
C n ( x ) = cos [n arc cos ( x )] = 0 ⇔ n arc cos ( x ) = +kπ
2

Nous avons donc n racines distinctes :

 2k +1 
rk = cos  π  avec k = 0,..., n − 1
 2n 

Puisque le polynôme Cn(x) est de degré n, toutes ses racines sont comprises entre -1 et 1.

Cherchons les extrema de Cn(x) sur [-1, 1]. Nous pouvons calculer sa dérivée sur cet
intervalle :

d C n (x) sin [n arc cos ( x )]


=n
dx 1− x2
Qui s’annule pour :

n arc cos ( x ) = k π

Ce qui nous donne n+1 extrema différents :

kπ
m k = cos   avec k = 0,..., n
 n 

Ces extrema ont pour amplitude :

C n (m k ) = cos [n arc cos (m k )] = cos (k π) = (−1) k

Remarquons que x = 1 est un toujours un maximum quel que soit n :

∀n C n (1) = 1
Pour x = 0 nous avons :

 π C n (0) = 0 pour n pair


C n (0) = cos  n  ⇒ 
 2 C n (0) = (−1) ( n +1) / 2 pour n impair

Pour |x| > 1 on montre facilement par récurrence que :

n n
2 C n ( x ) =  x + x 2 − 1  +  x − x 2 − 1 
   

qui est une fonction monotone croissante.

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