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De l’estimation

de l’âge individuel dentaire


au modèle descriptif
des structures d’âge
des cohortes fossiles :
l’exemple des Equidae et du time-specific model
Philippe FERNANDEZ en contextes paléobiologiques pléistocenes

Résumé
Dans cette étude, les concepts des deux grands modèles, attritionnel et
catastrophique, souvent utilisés en archéozoologie, sont discutés d’un point
de vue méthodologique. La caractérisation des profils en U et en L, cons-
truits à partir de la fréquence des individus (fx), est exposée en relation
avec les différents contextes paléobiologiques décrits dans de nombreuses
publications. Les méthodes principales qui permettent d’estimer l’âge in-
dividuel à partir de l’usure dentaire sont abordées, de même que les équa-
tions prédictives établies pour les Equidae. Un exemple précis à partir de
la hauteur d’une P4/ est donné afin d’en estimer l’âge individuel, de même
que sa répartition dans les différents intervalles de classes en fonction de
l’erreur de prédiction du modèle (E). La mortalité mammalienne est alors
envisagée du point de vue de la dynamique des populations (life tables) et
plus particulièrement du time-specific model. Les aspects méthodologiques
de ce modèle descriptif de la structure d’âge des cohortes fossiles sont
présentés dans le détail, de même que les principaux indices qui peuvent
être calculés à partir de la fréquence des individus dans chaque classe
d’âge (lx, qx, ex, kx, mx, R0). Le niveau de résolution et les perspectives
comparatives entre les cohortes taxonomiquement et chronologiquement
différentes, issues de divers contextes paléobiologiques, sont discutées en
même temps qu’une brève présentation de l’utilisation des matrices de
Leslie.

Abstract
In this study, the concepts of the two main models – attritional and ca-
tastrophic – often used in archaeozoology, are discussed from a methodo-
logical point of view. The characterization of the U and L age profiles, based
on the frequency of individuals in each age group (fx), is presented within
different palaeobiological contexts studied in various publications.
Commonly applied methods are presented as well as predictive equations
for Equidae for the estimation of age based on dental wear. As a step-by-
step example, the height of P4/ is used to estimate individual age, including
its distribution in the various class-intervals according to the error ranges
predicted by the model (E). Mammalian mortality is then regarded from the

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point of view of population dynamics (life tables) with the Time-specific


model. This descriptive model of fossil cohorts and the main indices which
can be calculated in each age group are presented in detail (lx, qx, ex, kx,
mx, R0). The level of resolution of the model and its prospects for compa-
rative analysis are discussed – especially between different taxonomical
and chronological cohorts in particular palaeobiological contexts – and a
brief presentation made of the Leslie matrix used in this kind of research.

INTRODUCTION La mortalité de masse, ou catastrophique, s’indivi-


MORTALITÉ ATTRITIONNELLE dualise du premier modèle par une courbe de fréquence
ET CATASTROPHIQUE selon l’âge souvent associée à un L. Parce qu’elle est
non sélective et qu’elle reflète à un instant précis l’en-
semble de la population, le nombre d’individus dans
L’alimentation constitue un aspect culturel fonda- les classes d’âge successives est généralement décrois-
mental au Pléistocène et les stratégies de chasse ou de sant dans une population en équilibre (Lubinski, 2001).
charognage peuvent témoigner de la capacité ou non Les catastrophes naturelles comme les inondations
des populations humaines à exploiter leur milieu de (Shipman, 1975 ; Haynes, 1987 et 1988 ; Kahlke et
façon optimale. Par extension, ce domaine de recherche Gaudzinski, 2005), les feux de brousse (Spinage, 1973)
permet d’envisager les occupations saisonnières, les ou encore les éruptions volcaniques (Lyman, 1987 et
déplacements et, d’une manière plus générale, les 1989) sont autant de phénomènes naturels qui peuvent
modes de vie des groupes humains. Un des aspects caractériser ce type de mortalité. Le modèle catastro-
méthodologiques pour aborder ces thématiques de re- phique trouve son équivalent archéologique dans les
cherche est l’établissement de courbes de mortalité. gisements où les animaux ont été piégés ou abattus
D’une manière générale, l’établissement des classes massivement. La distinction graphique entre ces deux
d’âge chez les Ongulés fossiles est réalisé à partir du types de mortalité est toujours difficile, voire impos-
matériel dentaire, qui se conserve mieux que les os. sible, lorsque deux taxons ont une espérance de vie
Dans la littérature archéozoologique, les méthodes différente (fig. 1). C’est pourquoi B. Kurtén (1953a
mises en œuvre sont nombreuses et presque toutes et b) en paléontologie, C.A. Spinage (1972) en biologie
fondées sur l’observation d’espèces actuelles, l’objec- des mammifères et R.G. Klein (1982a) en archéo-
tif étant de passer d’une estimation individuelle de zoologie ont été les premiers dans leur domaine de
l’âge de l’animal à l’image de la cohorte fossile tout recherche à standardiser les classes d’âge en pourcen-
entière. Les dents, qui sont très souvent déterminables tage de la longévité maximale de l’espèce considérée.
au niveau spécifique, sont par conséquent très utiles Par ailleurs, afin d’associer au modèle attritionnel ou
dans les deux cas de figure et en particulier pour l’esti- catastrophique un assemblage fossile, R.G. Klein et
mation du nombre d’individus de la population consi- K. Cruz-Uribe (1983) proposent de tester statistique-
dérée et ce, quel que soit le mode de calcul (Poplin, ment (D de Kolmogorov-Smirnov) les fréquences de
1976 ; Grayson, 1979 ; Ringrose, 1993 ; Lyman, chaque classe d’âge avec celles d’espèces actuelles
1994). dont l’âge des individus et le type de mortalité (na-
Les paramètres concernant l’établissement et la turelle ou catastrophique) sont connus. Les différences
construction des classes d’âge des animaux sauvages observées peuvent être alors significatives ou non, en
ont été abondamment décrits en dynamique des popula- fonction du seuil de probabilité retenu. La méthodo-
tions (Deevey, 1947 ; Caughley, 1966, 1968, 1970a logie a été validée par R.L. Lyman (1989), qui disposait
et b ; Craig et Oertel, 1966 ; Spinage, 1970 ; Polacheck, d’une population de Cervus elaphus canadensis dont
1985 ; Ricklefs, 1997 ; Krebs, 2001). Les notions de les individus sont morts à la suite de l’éruption volca-
mortalité attritionnelle et catastrophique, au centre des nique du mont Saint-Helens près de Washington en
problématiques sur les stratégies d’acquisitions et de 1980. Dans la même perspective, afin de comparer les
comportements humains au Paléolithique, ont été in- structures d’âge de différentes espèces fossiles,
férées à partir de ces modèles écologiques. M.C. Stiner (1990) a défini deux aires graphiques à
À l’échelle d’une population, le modèle attritionnel dominante attritionnelle ou catastrophique selon trois
est caractérisé par un profil en U où les individus les axes représentant la fréquence respective des juvéniles,
plus jeunes et les plus vieux sont proportionnellement des adultes et des vieux. Sur la base et en complément
plus nombreux que les adultes reproducteurs. D’un de ces travaux, en particulier dans la redéfinition des
point de vue écologique, ceci s’explique principale- aires graphiques, on retiendra les études de T.E. Steele
ment par les effets combinés de la mortalité néonatale, et D. Weaver (2002).
la prédation et la compétition intraspécifique pour les Néanmoins, la révision des modèles classiques (at-
ressources. C’est la combinaison de l’ensemble de ces tritional versus catastrophic) n’implique pas obligatoi-
facteurs qui affecte les effectifs des classes d’âge les rement une distribution de type catastrophique de la
plus vulnérables (Sinclair et Norton-Griffiths dir., structure d’âge des proies (profil en L) lorsque la chasse
1979). est sélective. De la même manière, un comportement de

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Fig. 1 – Exemple du calcul de l’estimation et de la répartition de l’âge d’une P4/ de cheval. A à D (voir détails dans le texte). Valeurs médianes des
coefficients de régression d’après Fernandez et Legendre, 2003, tabl. 5 ; Fernandez et al., 2006, tabl. 2.

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charognage n’est pas systématiquement corrélé à une Brugal et David, 1993 ; Enloe et Turner, 2006 ; Steele,
distribution de type attritionnel (profil en U) (Fernandez, 2004, 2005 et 2006). Les travaux de M.C. Stiner (1990,
2001). Dans les deux cas, ces associations ne sont cor- 1991 et 1994) combinent dates d’éruption et stades
rélées à aucun autre indice de mortalité. En définitive, d’usure dentaire, lesquels peuvent être associés à trois
ces deux grands types ne décrivent que de façon incom- grandes classes d’âge. La première comprend les indi-
plète la mortalité des individus dans chaque classe d’âge, vidus dont les DP4 sont encore présentes ; la seconde
laquelle constitue une des problématiques fondamentales et la troisième sont caractérisées par des individus dont
que les statistiques du vivant permettent d’évaluer. les P4 définitives sont moyennement et très usées. Ces
classes représentent respectivement environ 20, 50 et
70 % de la longévité maximale de l’animal. Dans le
PRINCIPES, MÉTHODES domaine de la gestion des populations actuelles d’On-
ET MODÈLE PRÉDICTIF gulés sauvages et en médecine vétérinaire, certaines
DE L’ÂGE INDIVIDUEL DES CHEVAUX espèces ont fait l’objet du même type de recherches et
les résultats sont parfois utilisés pour établir les classes
Pour l’établissement des structures d’âge des Ongu- d’âge des espèces fossiles. Les travaux concernent
lés fossiles, les aspects méthodologiques initialement essentiellement le Cerf (Lowe, 1967 ; Riglet, 1977 ;
développés par B. Kurtén (1953a et b, 1954, 1958 et Briot et Voilquin, 1986), le Chevreuil (Paulus, 1973 ;
1983) concernant le remplacement de la denture lac- Mauries, 1979 ; Van Laere et al., 1989) ou encore le
téale par la définitive, la hauteur de la couronne et les Chamois et le Bouquetin (Couturier, 1938 et 1962).
différents degrés d’usure dentaire ont été complémen- Le degré d’hypsodontie consiste à mesurer la hau-
tés par de nombreuses méthodes. teur de la couronne, généralement de la racine à la
La cémentochronologie est fondée sur l’analyse micro- surface occlusale de la dent, en la corrélant à l’âge réel
scopique, d’une part des couches de cément (Mitchell, d’individus actuels ou de référence. Certains aspects
1963 ; Klevezal et Kleinenberg, 1969 ; Spinage 1971 et méthodologiques ont été largement développés avec
1973 ; Morris, 1972 ; Klevezal, 1996), d’autre part des les travaux de C.A. Spinage (1972) et M.A. Levine
couches de dentines secondaires (Lowe, 1967 ; Quéré et (1979, 1982 et 1983). De la même manière, la méthode
Pascal, 1983). L’individualisation de ces dernières n’est quadratique de R.G. Klein et al. (1981) permet d’obte-
que faiblement corrélée avec l’âge. En revanche, le nir pour chaque dent selon son rang une équation
comptage des couches de cément est fiable et donne à prédictive de l’âge à partir de la hauteur de la couronne.
un an près une bonne estimation de l’âge réel (Low et Ces travaux, qui présentent néanmoins un certain nom-
Cowan, 1963 ; Pike-Tay, 1991). La cémentochronologie bre de biais (Gifford-Gonzalez, 1991 ; Pike-Tay et al.,
reste relativement lourde car elle repose sur l’observation 2000), ont été appliqués à de nombreux gisements
de lames minces établies pour chaque dent. La méthode pléistocènes africains et ont permis de mettre en
entraîne ainsi la destruction du matériel dentaire et né- perspective la mortalité mammalienne en contexte
cessite parallèlement la constitution de référentiels d’ani- archéologique et d’interpréter l’exploitation animale
maux d’âge connu pour chaque espèce. De plus, la par les Hominidae (Klein, 1982a et b ; Klein et al.,
lecture des couches demeure parfois impossible en rai- 1983 et 2007; Klein et Cruz-Uribe, 1983).
son de l’altération de la structure du cément avec des Il apparaît aussi dans toutes ces études que plusieurs
lacunes parfois très nombreuses sur le matériel dentaire facteurs peuvent constituer autant de biais dans l’éta-
fossile (Burke et Castanet, 1995). blissement des classes d’âge. Ainsi, nous ne pouvons
Les tables d’éruption construites à partir du rempla- que supposer, par analogie aux formes actuelles, les
cement des dents lactéales par les définitives sont re- dates d’éruption et de remplacement dentaire des
lativement bien connues. À partir de la seconde moitié espèces fossiles. Pour les tables d’usure, il faut égale-
du XIXe siècle, le rôle économique du cheval domes- ment disposer de nombreux individus actuels, issus de
tique a conduit à de nombreuses observations sur le la même cohorte, correspondant à toutes les classes
développement et l’estimation de l’âge dentaire dans d’âge, ce qui est rarement le cas. Enfin, il est toujours
de nombreux travaux de médecine vétérinaire (Corne- difficile d’évaluer le degré d’abrasion induit par l’ali-
vin et Lesbre, 1894 ; Montané et al., 1949 ; Tagand et mentation qui conditionne l’usure dentaire (Fandos et
Barone, 1954). Depuis, les travaux concernant le rem- al., 1993), à moins de mettre parallèlement en œuvre
placement dentaire ont été menés chez de nombreux d’autres méthodes comme celles de la méso-usure
animaux sauvages et domestiques (Wilson et al. dir., (mesowear) (Fortelius et Solounias, 2000 ; Rivals et al.,
1982 ; Bignon, 2005). Cependant, ces tables d’éruption 2007) ou de la micro-usure (microwear) (Solounias et
ne permettent pas de distinguer les individus adultes Sempredon, 2002 ; Rivals et Solounias, 2007).
entre eux et leur utilisation reste donc limitée à la dis-
tinction entre juvéniles et adultes. Un modèle de type curvilinéaire, testé à partir d’un
Les tables d’usure sont fondées sur la disparition référentiel actuel d’Equidae, a été développé pour les
progressive de l’émail sur la surface occlusale. Chaque chevaux fossiles et appliqué dans différents contextes
stade d’usure est codifié et correspond à une classe paléobiologiques (Fernandez et Legendre, 2003 ; Fer-
d’âge observée sur des individus d’âge connu. Dans le nandez et al., 2006). À la différence du modèle de
registre fossile, ces stades sont parfois combinés aux R.G. Klein (Klein et al., 1981), largement utilisé en
tables d’éruption ou au degré d’hypsodontie (Grant, archéozoologie, il prend en compte l’usure différen-
1982 ; Wilson et al. dir., 1982 ; Koike et Ohtaishi, 1985 ; tielle qui affecte plus particulièrement les dents des

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plus jeunes et des plus vieux individus. À chaque type C. Estimation de l’âge individuel moyen et de l’âge
de dent (ex : P2/, P/3…) correspond une équation poly- minimum et maximum selon l’erreur moyenne de
nomiale d’ordre 3 qui permet d’estimer l’âge individuel prédiction associée à chaque équation (E).
comme indiqué ci-dessous : D. Répartition de l’âge dans l’intervalle de classes. Ce
3 dernier ne peut pas être inférieur à l’erreur moyenne
Âge = Σ
k=0
ak (crown height)k de prédiction (E) (correspondant aux P4/ dans notre
exemple).

ak étant les valeurs médianes des coefficients de


régression. MODÈLE DESCRIPTIF
DE LA STRUCTURE D’ÂGE
Les résultats de cette étude fournissent pour chaque DES COHORTES FOSSILES
équation les valeurs médianes des coefficients de ré-
gression (pente, intercepte, erreur de prédiction, coef- Pour aborder la mortalité et l’équilibre des po-
ficient de détermination) (Fernandez et Legendre, 2003, pulations fossiles, je présente ici les outils de la dy-
tabl. 5). Les paramètres des équations ont été calculés namique des populations, en particulier les tables de
selon les procédés de randomization et de bootstrapping vie (life tables) (fig. 2). Le transfert au contexte ar-
(Sokal et Rohlf, 1981) à partir des intervalles d’âge et chéologique est possible lorsque le taxon considéré
de hauteur du référentiel actuel de M.A. Levine (1979). est suffisamment abondant, que les conditions de
Ce modèle prédictif de l’âge est désormais applicable dépôt et que les agents accumulateurs sont clairement
aux chevaux antéwürmiens Equus mosbachensis et établis (Van Valen, 1963, 1964 et 1965 ; Voorhies,
Equus cf. taubachensis, ainsi qu’à la forme Equus 1969 ; Koike et Ohtaishi, 1987). Les tables de vie se
caballus cf. gallicus. À titre d’exemple, les étapes à calculent à partir de la fréquence (fx) des individus
suivre (A à D) pour l’estimation de l’âge d’une P4/ de présents dans les classes d’âge successives d’une
cheval sont détaillées dans la figure 1 : cohorte et fournissent des indices descriptifs de la
A. Mesure de la hauteur de la couronne dentaire, de mortalité développés plus loin (qx ; ex ; lx…). Certains
la racine à la partie occlusale du mésostyle pour les de ces indices participent à l’évaluation de l’intensité
dents supérieures ; pour les dents inférieures, de la du/des facteurs de mortalité (k-factor ou killing fac-
racine au pédicule. tor) ou encore de la stabilité de la cohorte du taxon
B. Utilisation des paramètres de l’équation prédictive considéré (R0) (Fernandez et Legendre, 2003 ; Fer-
en fonction de la hauteur de la P4/. nandez et al., 2006).

Fig. 2 – Représentation schématique des modèles classiques de mortalité attritionnelle, catastrophique et du graphique triangulaire de
Stiner en fonction de la fréquence des individus par classes d’âge. Modèle time-specific avec schématisation de quelques indices de
mortalité (voir détails dans le texte).

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Ces statistiques ont d’abord été développées en car le nombre de survivants diminue de manière cons-
biologie expérimentale, en particulier pour la durée de tante et linéaire. Enfin, le type III, qui comprend les
vie des insectes (Pearl et Miner, 1935). Dans le premier poissons et de nombreux invertébrés marins, montre
modèle, les conditions d’observation sont idéales et des taux de survie beaucoup plus faibles tout au long
prennent en compte l’effectif total et fini des animaux de la vie avec un profil en L (Krebs, 2001).
issus de la même cohorte, donc nés en même temps, - (qx) indique le taux de mortalité durant l’intervalle x
suivis et comptabilisés à l’âge de leur mort et ce à x + 1. Il se calcule par le ratio de fx et lx, soit :
jusqu’au dernier. Les tables de vie sont alors cons- qx = fx / (lx x 100)
truites selon le modèle de la cohorte finie (cohort life - (ex) correspond à l’espérance de survie par classe
tables, horizontal life tables). Un autre modèle, où les d’âge. C’est un autre indice de la mortalité qui per-
observations sont au contraire indirectes (time-specific, met de comparer l’espérance de survie des individus
static life tables), a été adapté plus largement à la dy- dans les différents intervalles avec :
namique des mammifères et des oiseaux par E.S. Deevey ex = tx / fx où tx = ∑ (sx)
(1947). Il est fondé sur la proportion d’individus - (kx) caractérise l’intensité de la mortalité (k-factor,
(femelles) de chaque classe d’âge successive, censée killing factor) dans chaque intervalle. Le calcul est :
représenter une multitude de cohortes se chevauchant kx = Abs (kx) = Log10 (fx + 1).
dans le temps. Pour le transfert au fossile, lorsqu’il est Cette variable, qui constitue l’intensité de la mortalité
impossible de faire la distinction entre mâles et dans chaque classe d’âge, est additive. La somme des
femelles, il faut admettre comme condition préalable valeurs kx de chaque intervalle aboutit à un indice
une sex-ratio de 1 et que la structure d’âge de l’échan- global (∑ kx) qui peut être comparé entre différentes
tillon correspond bien à différentes cohortes dont les cohortes ;
taux de survie et de fécondité sont demeurés stables - (mx) est le taux de fécondité, soit la proportion de
(Caughley, 1966 ; Spinage, 1970 ; Caughley et Sinclair, jeune par femelle qui survit dans l’intervalle de
1994). Le time-specific model prend alors la forme x à x+1, et (lxmx) le taux de fécondité global dans
d’une table de vie détaillée dans le tableau 1 dont les chaque classe d’âge. Le R0 constitue la somme des
indices sont explicités ci-dessous : valeurs lxmx de chaque intervalle et représente le taux
- (x) représente les classes d’âge qui correspondent à de remplacement (net reproductive rate) de la po-
un intervalle de temps, jours, mois ou années selon pulation et le calcul est le suivant :
le groupe zoologique. Dans le tableau 1, l’intervalle R0 = lxmx = (lx x mx)/100.
est d’un an mais peut être plus grand, comme c’est Lorsque R0 = 1, la population est parfaitement stable
souvent le cas avec les méthodes d’estimation de et en équilibre. Si R0 < 1, la population décroît et
l’âge utilisées pour le matériel dentaire fossile ; l’inverse est vrai si R0 > 1.
- (fx) est la fréquence des individus dans chacune des
classes d’âge successives. C’est le pourcentage NR Il est possible d’adjoindre au time-specific model
(NISP) ou NMI qui correspond au (dx) habituelle- l’utilisation des matrices de Leslie (1945 et 1948). Elles
ment utilisé pour le comptage des individus en dy- ouvrent de nouvelles perspectives méthodologiques pour
namique des populations. la compréhension de l’image de la mortalité d’une co-
- (lx) désigne le taux de survie durant l’intervalle x à horte à un instant t, de même que de multiples voies de
x + 1. La valeur de la première classe est selon les recherche en termes de prospective (Caswell, 1989 ; Oli,
auteurs rapportée à 1, 100 ou 1000 et le calcul est le 2003 ; Charles-Bajard, 2004). Elles nécessitent les taux
suivant : lx + 1 = lx - fx de survie (lx) et de fécondité (mx) détaillés dans le

On retiendra les travaux de G. Caughley (1966), qui


indiquent que les taux de survie de la plupart des po-
pulations stables de mammifères ont des caracté-
ristiques communes et sont tout à fait comparables chez
tous les mammifères. En effet, lorsque les valeurs lx
sont portées sur une échelle logarithmique et les classes
d’âge standardisées en pourcentage de la longévité
maximale, la courbe de survie est systématiquement la
même chez la plupart des mammifères et ce, quelles
que soient la taille ou la longévité du taxon considéré.
Il est donc par exemple possible de comparer la struc-
ture d’âge d’une population de souris et d’éléphants
sur une même base méthodologique. Les taux de survie
permettent ainsi d’évaluer trois grands types de mor-
talité (fig. 3). Le type I, qui regroupe la plupart des
mammifères, montre très clairement que la survie est
relativement élevée, stable et que la forme de la courbe, Fig. 3 – A : Représentation graphique des intervalles de classes (1 à 3,
en demi-cloche, décroît surtout à la fin de la vie chez en gris), des taux de survie lx (1,2 et 0,9) et de fécondité mx (0,6 ; 0,3 et
0,1). B. Report des taux dans la matrice de Leslie pour le calcul de
les sénescents. Le type II, qui caractérise essentielle- l’indice de stabilité R0 (voir Caswell, 1989, pour le détail des calculs
ment les oiseaux, est particulièrement bien individualisé, matriciels).

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Classes Taux de Taux de Espérance Intensité de Taux de


Fréquence
d’âge survie mortalité de survie la mortalité fécondité
(fx)
(x) (lx) (qx) (sx) (ex) (tx) (kx) (mx) (lxmx)
0 40 100 40 35 2 80 0,12 0 0
1 30 60 50 25 1,5 45 0,18 1,2 0,72
2 20 30 67 15 1 20 0,30 0,9 0,27
3 10 10 100 5 0,5 5 1 0 0
4 0 - - - - - - - -
k = Σ (kx) = 1,60 R0 = Σ (lxmx) = 0,99

Tabl. 1 – Exemple et calcul d’une table de vie d’une cohorte animale avec les principaux indices de mortalité (time specific
model) (nb : valable aussi pour les oiseaux, insectes et invertébrés). Voir l’utilisation combinée avec les matrices de Leslie
dans le tableau 2.

Classes Taux de Taux de


Equidae montre que la résolution du modèle repose
d’âge survie fécondité préalablement sur une estimation fiable de l’âge den-
(x) (lx) (mx) taire et de sa répartition dans les intervalles de classes.
1 0,6 1,2 Cet intervalle dépend lui-même de l’erreur moyenne
2 0,3 0,9 de prédiction (E) associée à chaque type de dent.
3 0,1 0 Par ailleurs la mortalité n’est plus appréhendée uni-
Tabl. 2 – Report préalable des taux de survie (lx)
quement à partir de la fréquence des individus dans
et de fécondité (mx) provenant du tableau 1 pour chaque classe d’âge (fx), mais corrélée à d’autres indices.
l’établissement des matrices de Leslie. Les valeurs Ces indices correspondent alors à autant de courbes qui
lx initiales du tableau 1 ont été ici divisées par 100
pour l’utilisation des matrices de Leslie.
peuvent être utilisées indépendamment les unes des
autres. Leur utilisation en complément des modèles
classiques, attritionnel et catastrophique, fournit de nou-
velles informations quantitatives concernant par exemple
tableau 1 et reportés en exemple dans le tableau 2. Ces l’équilibre (R0) ou l’intensité de la mortalité avec le
indices sont généralement portés sur un diagramme (life k-factor. Il est donc possible de comparer différentes
history diagram) et associés à chaque intervalle selon le cohortes provenant du même site ou de gisements diffé-
modèle choisi (en ce qui nous concerne time-specific), rents au niveau inter et intraspécifique. De ce point de
lequel va décrire les classes d’âge successives (1 à 3) vue, on mesure l’intérêt d’une telle analyse et les perspec-
(fig. 3). La position des valeurs dans la matrice peut ainsi tives comparatives du point de vue archéozoologique. De
renvoyer l’indice de stabilité de la population (R0) com- plus, les taxons actuels dont les facteurs de mortalité sont
biné à l’ensemble des paramètres décrivant la structure connus et étudiés grâce aux mêmes indices constituent
d’âge étudiée (Hood, 2006). des courbes-étalons. Ce sont les distorsions ou analogies
établies avec ces dernières qui doivent permettre de ca-
ractériser la mortalité mammalienne dans les différents
CONCLUSIONS contextes paléobiologiques pléistocènes : gisements
anthropiques, naturels ou de repaires de carnivores.
L’adaptation du time-specific model aux probléma-
tiques archéozoologiques se révèle fondamentalement Remerciements : je tiens à remercier vivement
innovante pour l’interprétation de la mortalité mam- F. Delpech (UMR 5199, PACEA) pour le rapport de
malienne en contextes paléobiologiques. L’exemple des cet article et ses remarques constructives.

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