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Un courageux est-il un lâche qui a des obligations?

Incontrôlable, la peur est ce sentiment qui grimpe en nous, s’entamant des pieds,
remontant délicatement vers la nuque jusqu’à ce qu’il s’éparpille tout à travers notre
corps, comme des milliers de petits êtres rampants, c’est ce que l’on appelle les
frissons. La peur est ce qui se manifeste dans une situation de pure inconfort, lorsque
nos vieux démons décident soudain de ressurgir; c’est la manière adoptée par le
corps pour exprimer ce malaise et son souhait de s’en libérer. A cet instant là, deux
chemins s’offrent à l’esprit : l’affronter ou se morfondre sur son sort. En effet, l’esprit
a en lui cette capacité à se renforcer. Il est capable de puiser en lui-même une force
morale, une énergie, une volonté, lui permettant d’affronter l’hostilité, c’est le
courage.

Le courage est celui sur qui l’homme prendra appui lors d’épreuves difficiles, celui
qui le poussera à aller dans le sens contraire des vagues ténébreuses, en l’occurrence
cette peur qui nous envahit ou ce mal être qui nous prend à la gorge dans certaines
situations.

En opposition au courage, on trouve la lâcheté. La lâcheté est ce vers quoi l’homme se


réfugie, lorsqu’il ressent en lui l’incapacité d’aller au bout d’une certaine action, en
l’occurrence faire face à cette peur, et affronter cette situation angoissante.

Communément, on présente courage et lâcheté comme deux vertus de l’Homme dont


le seul lien est leur opposition. Or, cette opposition peut être vue d’un angle différent,
car l’un et l’autre sont reliés bien plus que par une simple opposition. En effet,
comme le dirait Robert Heinlein, “La différence entre un homme courageux et un
lâche est essentiellement un problème de chronométrage.” Sous entends ici que ces
deux termes, couramment exposés comme deux extrêmes, pourraient aller jusqu’à
représenter la même chose si l’on venait à faire abstraction de la notion de temps. En
effet, pensez y, un lâche peut bien finir par prendre son courage à deux mains, puiser
en lui ce souffle de bravoure et faire face à ce dont il se sent si incapable de réaliser,
on pourra dire de lui qu’il est courageux. Et si ce même lâche se retrouvait dans une
cage sans issue, si la seule manière de s’en sortir était d’aller au bout de cette action,
et qu’il finissait par l’accomplir, pourra t il réellement être considéré comme une
personne dotée de vrai courage?

C’est ainsi que nous nous penchons sur la question suivante : qu’est-ce réellement
une personne courageuse? En réponse à ce problème, nous structurerons notre
réponse en trois parties distinctes.

Dans un premier temps nous aborderons la notion de courage en décrivant ce


sentiment de vitalité, pour quelles raisons et de quelle manière il fait surface en nous.
Puis nous tenterons d’établir en nous basant sur cette représentation du courage ce
qu’est un homme courageux. Nous verrons si un homme lâche soumis a des
obligations peut réellement être considéré comme doté de courage pour enfin établir
qu’un courageux n’est peut être rien d’autre qu’un lâche mais qui fait face aux
obligations, et qui est maître de la manière dont il va les affronter.
Plan
(3 parties)

Qu’est ce que le courage?

● force qui provient de l’intérieur, qui nous pousse a affronter ce que l’on craint,
une situation hostile, endurance du cœur dans les épreuves compliquées
● apparaît dans des situations hostiles qui nous plongent dans un état de mal
être
● etre courageux c’est savoir prendre une décision face à une situation difficile,
c’est savoir aller contre le sens du vent et rester ferme sur cette décision et de
façon durable
● ressentir un apaisement, un nouveau souffle d’air frais même si léger suite au
surpassement de soi, sentiment de reconnaissance envers soi-même, fierté,
gratitude.

Un lâche soumis à des obligations est un “courageux”

● il va aller à l'encontre de sa peur, va affronter cette obligation, cet obstacle, on


pourrait donc le définir comme étant courageux
● Or, il va ressentir une pression, c’est cette pression, cette impulsion qui va
nourrir ce “courage”, qui n’est rien d’autre que fictif au final. Son acte aura été
poussé par cette peur même, qui devient dominante de ses actions. On pourra
plus parler de courage à partir du moment où son action sera nourrie par une
forme de pression. On pourrait meme parler de torture de l’esprit, le fait de se
pousser à affronter quelque chose dont on se sens incapable d’affronter
● il aura accompli sa tâche certes, mais au final sera t-il fier de son achèvement?
l’aura t-il fait de son propre gré? aura t-il été réellement maître de ses actes?
La réponse est bien évidemment non.

Un courageux est un lâche qui fait face aux obligations

● Face à sa peur ou à cette obligation, s’il aura envie de l’affronter, il cherchera


le moyen d’y parvenir, et l’affrontera. Il est donc courageux.
● Obligation s’oppose à volonté. Lorsque l’on parle de courage, on parle d’un
sentiment voulu, d’une énergie que l’on est soi-même partis chercher au fond
de notre âme. L’homme doit lui-même décider de quelle manière affronter la
situation qui lui est hostile, et non se sentir forcé de l’affronter.

Pour Descartes le courage n’est pas une vertu mais une passion « qui dispose
l’âme à se porter puissamment à l’exécution des choses qu’elle veut faire »
(Les Passions de l’âme, 1649)

● renforce la solidité de l’âme, il aura plus de conviction : il sait pourquoi il le


fait, éprouvera de la fierté et aura de l’estime pour lui même à l’issue de son
action
● il puise en lui-même, de son propre gré, la force pour y parvenir, n’est ce pas
un acte admirable? c’est ce que l’on pourra qualifier de vrai courage.
Courage et lâcheté sont donc finalement deux états si lointains mais si proches à la
fois. L’hardiesse, cette vertus de l’homme qui lui permet d’aller contre ce qu’il croit
impossible, à l’époque le poussant à défendre la terre aux couleurs de son drapeau et
de nos jours le poussant à sauver des vies au péril parfois de la sienne.

Or le courage ne peut être inné chez tout le monde, il ne l’est d’ailleurs généralement
pas. Comme tant d’autres vertus le courage peut s’acquérir, et s’obtient en menant un
combat contre soi-même. Nous pouvons tous prendre la décision de faire face un
jour à ce “nous” qui s’éclipse face à ses vieux démons ou face à la difficulté, et décider
qu’il n’en sera plus ainsi. Or, y parvenir, devrait être le fruit de votre volonté ou être
le résultat d’un ultimatum?

Notre analyse nous permet de dire, en guise de conclusion, que mit face à
l’obligation, un lâche deviendrait courageux que s’il décide de son propre gré
d’entreprendre cet acte et non s’il l'entreprend par pure soumission. En effet, comme
le dirait Laurence Hansen-Løve « La hardiesse n’est pas l’absence de peur, mais la
volonté de la combattre par les moyens dont nous disposons. » Le courage
authentique proviendrait alors de quelqu’un qui face à la difficulté irait lui-même à la
quête de cette force d’âme, et cette endurance du cœur, qu’il aurait conscience de ses
actes, et qu’à l’issue de cette épreuve il soit reconnaissant de sa bravoure.

Par opposition, entreprendre cet acte par pure obéissance, étant esclave de ce sort,
n’aurait rien d’authentique et irait à l’encontre de la volonté qui donne naissance à ce
courage. L’action ne serait plus que le fruit empoisonné de la soumission. Bien que la
personne sera allée outre sa peur ou aura affronté l’hostilité et qu’on la considérera
peut être comme courageuse, cela n’aura été que le fruit d’un courage feint. A l’issue,
que lui restera-t-il? ni estime, ni respect, ni figure, hormis la lâcheté de son sort…

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