Ainsi, l'étude de l'écoulement dans un milieu anisotrope peut être ramenée par
simple affinité de l'abscisse x, à l'étude de l'écoulement bidimensionnel dans un
milieu homogène isotrope ayant un coefficient de perméabilité équivalente K. Considérons un point M en écoulement dans le milieu anisotrope avec une vitesse de décharge v ayant pour composantes vx et vy suivant les axes x et y respectivement, et vX et vY suivant les axes X,Y. L'axe des ordonnées étant conservé, la charge hydraulique est conservée en passant du point M à son homologue dans le milieu isotrope. Ecrivons donc que le débit est conservé en passant d'un milieu à l'autre : 02 2 2 2 += x∂y ∂ψ ∂ ∂ψ Introduction à la mécanique des sols 77 - selon l'axe horizontal x : dQ=Kxixdy (débit par unité d'épaisseur), - selon l'axe X : dQ=KiXdy. Puisque ix = iX.√Kx/√Ky on trouve enfin : yx K=KK En procédant selon le même raisonnement suivant l'axe des ordonnées, on aboutira à la même relation entre la perméabilité équivalente K, Kx et Ky. Les lignes équipotentielles et celles du courant dans un milieu ansiotrope ne forment pas un réseau orthogonal, car dans ce milieu le vecteur vitesse n'est pas parallèle au vecteur gradient hydraulique. Enfin, on retient que l’étude de l'écoulement dans un milieu homogène anisotrope peut être ramenée, en transformant les coordonnées horizontales par une affinité géométrique de rapport égal à v H K / K à l'étude d'un milieu homogène isotrope, siège à un écoulement ayant le même débit, et ayant un coefficient de perméabilité équivalente K tel que : vH K=KK Les dimensions verticales restent inchangées. 4.6. ETUDE DE L'ECOULEMENT BIDIEMNSIONNEL DANS UN MILIEU ISOTROPE On rappelle que l'écoulement permanent est caractérisé par des grandeurs physiques ne variant pas dans le temps. En pratique, diverses méthodes sont utilisées pour résoudre l'équation aux dérivées partielles de l'écoulement. La solution du problème dépend des conditions aux limites, qui sont en général connues. Les méthodes les plus connues sont : • Méthode des éléments finis. Le milieu est discrétisé en un maillage plan. Le débit est supposé traverser les noeuds, et l'équilibre est étudié au niveau des noeuds. On aboutit en général à un système d'équations linéaires reliant la charge hydraulique au débit du noeud, et dont la résolution permet de calculer le gradient hydraulique et les autres paramètres. La méthode nécessite le recours à un ordinateur. • Méthode de l'analogie électrique. On exploite l'analogie entre l'écoulement de l'eau interstitielle dans un milieu isotrope bidimensionnel et la distribution du potentiel électrique dans une plaque mince et isotrope parcourue par un courant électrique, qui vérifie aussi l'équation de Laplace. Introduction à la mécanique des sols 78 Un modèle réduit est découpé sur un papier conducteur (Teledeltos, ou papier enduit d'une couche de graphite) avec des dimensions géométriquement semblables à celles du réseau. On applique une tension électrique analogue à la distribution de la charge hydraulique sur les frontières du réseau. On mesure le potentiel électrique en tout point à l'aide d'une sonde potentiométrique, ce qui permet d'obtenir le réseau d'écoulement hydraulique analogue [6], [8]. • Méthode des différences finies. Cette méthode est utilisée pour la résolution numérique de l'équation de Laplace, en approchant les dérivées partielles par des différences finies. L'annexe 3 présente le principe de cette méthode et la méthdologie à suivre pour l'appliquer. • Méthode graphique. La méthode a été initialement proposée par Prasil (1913), et mise en pratique par Casagrande (1940). Elle se propose de tracer d'une façon approximative le réseau de l'écoulement formé des équipotentielles et des lignes de courant, en tenant compte de l'orthogonalité de ces courbes et des conditions aux limites régnant dans l'ouvrage. Cette méthode est valable uniquement dans les milieux isotropes dans lesquels les lignes du réseau sont orthogonales. Le réseau est exploité par la suite pour calculer les grandeurs recherchées telles que le débit, la pression et la vitesse de décharge. Cette méthode nécessite une expérience de l'utilisateur et des approximations successives du tracé de réseau. Les résultats obtenus par cette méthode donnent un ordre de grandeur des valeurs rech-erchées, et permettent ainsi de contrôler les résultats d'autres méthodes de calcul.Le procédé est simple et est constitué des étapes suivantes : 1. Fixer le nombre NH d’équipotentielles à tracer. 2. Trouver les valeurs limites des équipotentielles et des lignes de courant correspondant aux limites géométriques de l'ouvrage. Les règles de détermination des conditions aux limites vues précédemment sont à appliquer. 3. Tracer en trait léger quelques lignes équipotentielles, en essayant de satisfaire aux conditions aux limites. Le tracé est à refaire jusqu'à satisfaction des valeurs aux limites. Il est commode que les lignes tracées soient équidistantes. 4. Tracer les lignes de courant de telle façon qu'elles soient perpendiculaires au lignes équipotentielles et qu'elles vérifient les conditions aux limites. Les lignes sont choisies équidistantes et ayant un pas identique à celui des lignes équipotentielles. 5. Compter le nombre Nc de tubes de courant. Si H est la perte totale de charge, on a ΔH =H/NH. Introduction à la mécanique des sols 79 Une fois le réseau tracé, on détermine les grandeurs de l'écoulement comme suit : - Débit d'écoulement : Considérons un tube de courant limité par deux lignes de courant ψ et ψ + dψ et ayant une largeur a (voir figure 4.6). Le débit dans ce tube est ΔQ=vS = KΔH. Notons que ΔH est la perte de charge entre deux équipotentielles. On remarque que ce débit est identique pour tout tube du réseau. Ainsi, le débit total est la somme des débits dans chaque tube : Q =ΣΔQ = NcKΔH =KNcH/Nh - Vitesse de décharge : La vitesse d'une particule fluide dans une ligne de courant est telle que : v =K(ΔH)/a - Charge hydraulique : La charge est déterminée directement si le point (x,y) se trouve sur ligne équipotentielle, sinon une interpolation linéaire est nécessaire. - Pression d'écoulement : Elle est déduite de l'équation approximative de l'écoulement : u(x,y) ≈ (h(x,y)-Y)γw Il est à noter qu'en régime permanent, le débit est constant et la perte de charge hydraulique étant donnée, de même que le milieu est supposé homogène et isotrope. Par conséquent, l’expression du débit Q=KNc/Nh montre que le terme Nc/Nh est constant, pour des dimensions données de l'ouvrage. Figure 4.6. Schéma d'un tube de courant Ainsi, on peut mener une étude de l'effet des dimensions de l’ouvrage sur ce rapport.