Vous êtes sur la page 1sur 63

See discussions, stats, and author profiles for this publication at: https://www.researchgate.

net/publication/281640894

Hydraulique des sols.

Chapter · April 2013

CITATION READS

1 25,981

3 authors, including:

Olivier Fouché
Conservatoire National des Arts et Métiers
77 PUBLICATIONS   423 CITATIONS   

SEE PROFILE

Some of the authors of this publication are also working on these related projects:

RESEAO. Hg diffusion around scattered small gold mining spots: hydrogeology & GIS View project

Halt soil salinization View project

All content following this page was uploaded by Olivier Fouché on 19 March 2016.

The user has requested enhancement of the downloaded file.


Chapitre

Hydraulique des sols 13

On a vu que le comportement du squelette du sol, corps solide déformable, est déterminé par
le champ de déplacement δ, le tenseur de contrainte σ et par sa masse volumique ρ, en négli-
geant l’influence de la température. Les lois de comportement relient le tenseur de contrainte
σ au tenseur de déformation ε ou leurs variations.

L’état d’un fluide, de l’eau généralement en géotechnique et en hydrogéologie, est déterminé


par le champ de vitesse v, de pression u, de la masse volumique notée ρw pour l’eau et de la
température T si nécessaire. Les lois de comportement relient le tenseur de contrainte au
champ de pression et au tenseur des gradients de vitesses.
L’observation et la modélisation de l’eau s’écoulant dans le sol et de ses effets mécaniques
nécessitent une double conception du sol : c’est un squelette déformable, mais aussi un milieu
poreux. Dans ce chapitre, on présente les équations fondamentales de l’hydrodynamique dans
les milieux poreux et leur application au fonctionnement des nappes, à l’échelle de la structure
géologique, puis à celle de l’ouvrage de génie civil, dans le cas où existe une surface libre qui
est l’interface entre un domaine saturé et un domaine non saturé.

13.1 Équations générales de la mécanique des fluides


Un fluide parfait est un fluide non visqueux. Un fluide visqueux a un comportement newto-
nien s’il est isotrope, si sa pression ne dépend que des variables d’état ρw et T, et si la con-
trainte de cisaillement est proportionnelle à la vitesse de déformation :
dε dv
τ=η =η
dt dz
où l’axe d z est normal à la direction du cisaillement et la constante de proportionnalité est la
viscosité dynamique η (en Pa⋅s) ou, plus généralement, si le tenseur de contrainte est une
fonction linéaire du gradient de vitesse et du gradient de la température T (quand elle est prise
en compte). L’eau est un fluide newtonien : sa viscosité η est un tenseur dont les coefficients
ne dépendent que des variables d’état ρw et T.

569
Théorie et pratique de la géotechnique

En mécanique et en thermodynamique des fluides, tout problème d’écoulement de fluide


newtonien se ramène donc à la détermination de six inconnues : ρw, u, T et les trois compo-
santes du gradient de vitesse ∇v . On doit exprimer ces six inconnues en fonction des coor-
données spatio-temporelles x, y, z et t, dans un élément de volume de fluide qui est fixe dans
le repère du laboratoire (coordonnées d’Euler). On dispose pour cela de six équations.
La première est l’équation de continuité qui exprime la conservation de la matière. Dans un
volume fermé fixe, la variation de la masse du fluide contenu par unité de temps est égale à la
somme algébrique des flux massiques en kg/s/m2 (i.e. le bilan des flux en m3/s/m2 pondérés
par la masse volumique en kg/m3) traversant (entrant et sortant) la surface extérieure du vo-
lume. C’est l’application du principe fondamental, le « rien ne se perd, rien ne se crée » de
Lavoisier.
∂ρw
div [ρ w ⋅ v ] + =0 (13.1)
∂t
Les trois équations suivantes sont les équations de Navier-Stokes qui expriment le principe
fondamental de la dynamique pour un fluide dont les coefficients de viscosité sont constants.
Ce principe se décompose selon les trois directions (x, y, z) de l’espace, d’où les trois équa-
tions faisant intervenir le champ de pression u et le vecteur vitesse v données ici en notation
tensorielle :
 µ  dv
∇u −  ξ +  ∇ ( div v ) − µ∆v = ρ w  F −  (13.2)
 3  dt 

où ξ est le coefficient de viscosité de volume, négligeable devant µ qui est le coefficient de


viscosité dynamique (en kg/(m⋅s)), ∆ représente l’opérateur laplacien F : composante des
forces à distance, gravité par exemple (en (kg⋅m)/s2).
Ensuite, l’équation de la chaleur : en milieu poreux, on peut simplifier le problème en consta-
tant que l’extrême division du milieu et son énorme capacité calorifique font que les écoule-
ments y sont en pratique toujours isothermes. L’inconnue température T disparaît donc. Cette
simplification est bien sûr à remettre en question selon les situations et les applications. Elle
est fausse en géothermie ou dans les applications sur pergélisol, par exemple.
La dernière est l’équation d’état du fluide, qui met en relation la variation de sa masse volu-
mique avec la variation de pression, en introduisant le coefficient de compressibilité β (Pa–1).

ρw = ρw 0 ⋅ exp ( β ( p − p0 ) ) (13.3)

On va voir comment transposer ces lois aux milieux poreux, l’équation de continuité d’abord,
puis celle de Navier-Stokes, dans un modèle géométrique simple.

570
Chapitre 13 – Hydraulique des sols

13.2 Équation de continuité en milieu poreux

13.2.1 Notion de volume élémentaire représentatif


Dans les applications géotechniques, on peut travailler en 2D ou en 3D selon la complexité
géométrique du problème et les outils de calcul disponibles, mais dans tous les cas, on fait
l’hypothèse que le milieu poreux, le terrain appelé couramment le sol, est homogène, quitte à
envisager plusieurs « sols » homogènes aux propriétés différentes juxtaposés ou superposés.
Cette hypothèse d’homogénéité renvoie à l’idée que l’influence des hétérogénéités de texture
ou de structure du milieu, inférieures de plusieurs ordres de grandeur au volume de travail, est
négligeable. On dit que le volume de travail est supérieur au volume élémentaire représentatif
ou volume minimum d’homogénéisation (Schoeller, 1962).
L’expression « volume élémentaire représentatif » (VER) renvoie à deux notions essentielles
pour l’estimation des grandeurs macroscopiques (par exemple la densité ou la porosité) dans
un milieu hétérogène (figure 13.1) : la notion de variabilité spatiale, la mesure de la densité ne
fournit pas le même résultat selon la position de l’échantillon prélevé dans le milieu ; la notion
de dépendance d’échelle, la mesure ne fournit pas le même résultat selon la taille de
l’échantillon.

Figure 13.1. Un milieu poreux qui semble globalement homogène quand il est vu de loin
apparaît hétérogène vu de plus près

De plus, une mesure ne prend pas la même valeur selon que l’on travaille en 2D ou en 3D.
Sur la figure 13.2, la phase en blanc représente 28 % de la surface totale, mais ceci n’est
qu’une coupe 2D dans le milieu et on a donc seulement une porosité apparente : la porosité
vaut moins de 28 % dans l’espace 3D.

571
Théorie et pratique de la géotechnique

Figure 13.2. Définition du VER, volume élémentaire représentatif ou encore volume


minimum d’homogénéisation, sur un exemple d’espace poreux
La courbe donne l’évolution de la mesure de la porosité apparente (en %)
en fonction du diamètre du cercle de mesure.

13.2.2 Vitesse de filtration, continuité macroscopique


Soit vp la vitesse réelle d’un volume intergranulaire de fluide dans un pore : c’est une vi-
tesse microscopique, locale. La direction du vecteur vitesse de ce volume et la section
d’écoulement changent brusquement d’un point à un autre. Cette vitesse ne peut pas être
mesurée, ni utilisée dans les calculs en hydraulique. Ce que l’on peut faire pour l’approcher
de façon probabiliste, c’est mesurer le temps mis par un traceur pour parcourir la distance
entre un point d’injection et un piézomètre (ou une source, ou autre point d’arrivée).
L’apparition du traceur en un point se traduit par une courbe de restitution : concentration
en fonction du temps. On définit alors une vitesse de déplacement maximale, une vitesse
médiane, une vitesse modale et une vitesse moyenne qui traduit macroscopiquement la
moyenne statistique de l’ensemble des vitesses intergranulaires microscopiques. Cette der-
nière peut être du même ordre de grandeur que la vitesse effective. Elle est plus faible que
le serait la vitesse moyenne réelle des volumes élémentaires puisqu’elle est calculée non sur
les trajectoires alambiquées de leur mouvement réel, mais sur la distance droite entre les
deux points du traçage.
Soit ρp la masse volumique réelle du fluide (ici l’eau) à l’échelle d’un pore. Soit n01 la poro-
sité ponctuelle (0 dans un grain, 1 dans un pore). L’équation de continuité s’applique dans
chaque pore, mais pas dans les grains ! L’hétérogénéité du milieu poreux lui confère un
caractère discontinu qui fait obstacle à l’application directe de l’équation de continuité. On
recherche donc des grandeurs macroscopiques v, ρw et n pour lesquelles on pourrait écrire
une équation de continuité à l’échelle du milieu poreux. Ces grandeurs peuvent être définies
de deux manières :
– soit par intégration dans l’espace sur un certain volume considéré immobile, à condition de
connaître les grandeurs microscopiques comme des fonctions continues de la position x. Par
exemple, vp est nulle dans les grains et la continuité à l’interface solide/fluide est assurée, car
en écoulement laminaire, la vitesse du fluide, s’annule par frottement à la périphérie des
grains ;

572
Chapitre 13 – Hydraulique des sols

– soit par l’espérance mathématique au point x, dans une vision probabiliste, pour l’ensemble
des réalisations possibles du volume poreux considéré.
La vitesse macroscopique ou moyenne v est appelée vitesse de filtration : c’est la vitesse ap-
parente de l’eau à travers le milieu poreux pour un observateur extérieur. Ce serait la vitesse
effective du fluide s’il disposait, pour s’écouler, de l’ensemble du volume considéré au lieu de
n’occuper que les pores. On appelle vitesse effective la vitesse de filtration divisée par la
porosité efficace pour faire intervenir la section contributive, celle des pores et non celle des
grains. On devrait en toute rigueur utiliser la porosité cinématique qui désigne le rapport entre
l’eau non liée aux grains (eau libre, pouvant circuler) et le volume total du milieu poreux.
Mais cette notion reste théorique et l’on ne sait pas la mesurer. La porosité efficace, en re-
vanche, est une notion plus expérimentale qui se rapporte à l’eau libérée par drainage gravi-
taire total d’une roche saturée.
Concernant l’équation de continuité, plusieurs situations sont à distinguer, avec dans tous les
cas l’hypothèse que les grains sont incompressibles ; dans les cas 1 et 2, le milieu poreux est
indéformable.
1. Si le fluide est incompressible, ρp est constante et l’équation de continuité microscopique
pour un volume élémentaire se réduit à :
ρp ⋅ div  vp  = 0

∂vp x ∂vp y ∂vp z


Elle s’exprime en coordonnées cartésiennes par : + + =0
∂x ∂y ∂z
1 ∂ ( r vr ) 1 ∂ vθ ∂vz
Elle s’exprime en coordonnées cylindriques par : + + =0
r ∂r r ∂θ ∂z
Et cela implique, en intégrant vp dans tout le volume :
div [ v ] = 0 (13.4)

C’est l’hypothèse généralement posée dans le cas des écoulements souterrains à l’échelle des
ouvrages géotechniques.
2. Si le fluide est compressible et l’écoulement permanent, ρp n’est pas constante dans
l’espace (mais n’évolue pas dans le temps), donc l’équation de continuité microscopique
s’écrit :

div ρp ⋅ vp  = 0

La définition des grandeurs moyennes ρw et v est compliquée dans ce cas par le fait que ρp
n’est pas continue à l’interface solide/fluide et doit être pondérée par la porosité moyenne n :
en prenant une définition mathématique adéquate pour n, ρw et v, qu’il n’est pas utile de déve-
lopper ici, on parvient à l’expression simple :
div [ ρw ⋅ v ] = 0 (13.5)

573
Théorie et pratique de la géotechnique

3. Si le fluide est compressible et l’écoulement fonction du temps, et si de plus le milieu po-


reux est déformable, la démonstration est encore plus compliquée. On montre dans ce cas
général que l’équation de continuité pour le milieu poreux s’écrit :

div [ ρw ⋅ v ] + [ρ w ⋅ n ] = 0 (13.6)
∂t
La principale différence de l’équation de continuité microscopique avec cette nouvelle équa-
tion de continuité valable pour le milieu poreux à l’échelle macroscopique est donc la nécessi-
té d’introduire dans le second terme, pour pondérer la masse volumique moyenne ρw, la poro-
sité moyenne n sur le volume considéré.
4. Si le fluide est incompressible, l’écoulement fonction du temps et le milieu poreux défor-
mable, on arrive à l’équation de la consolidation de Terzaghi, traitée au chapitre 8 :
∂n
div [ v ] + =0 (13.7)
∂t

13.2.3 Terme source


L’équation de continuité exprime la conservation de la matière au sein d’un volume fermé.
Mais en hydrogéologie, on a souvent affaire à des prélèvements ou à des apports d’eau. Le
terme source q représente, à l’échelle macroscopique, le débit volumique unitaire prélevé
(positif par convention) ou apporté (négatif). On dit unitaire quand on considère une unité de
volume en chaque point. Le débit massique unitaire prélevé sera donc ρw q.
Ainsi, l’équation de continuité la plus générale pour un aquifère s’écrit à partir de l’équation
13.6 :

div [ρ w ⋅ v ] + [ρ w ⋅ n ] + ρ w ⋅ q = 0
∂t

13.3 Équation de Navier-Stokes – milieux poreux modèles


Contrairement à l’équation de continuité, les trois équations de Navier-Stokes ne sont pas
applicables directement au milieu poreux, car on ne sait pas ce qui se passe au niveau micros-
copique dans les pores quant aux pressions et aux vitesses. Il faut donc trouver par un autre
moyen une loi macroscopique valable à l’échelle du VER du milieu poreux, reliant pression,
vitesse et forces extérieures. On verra qu’une telle loi a été trouvée expérimentalement par
Darcy.

574
Chapitre 13 – Hydraulique des sols

13.3.1 Simplifications
Néanmoins, dans le cadre de l’hydraulique souterraine, on peut simplifier les lois de Navier-
Stokes en se plaçant dans le cas d’un écoulement lent, laminaire, permanent et incompres-
sible. On les applique ensuite à des configurations géométriques simples.
∂vi ∂ρ
Écoulement permanent : = 0 et =0
∂t ∂t

Eau incompressible : l’équation de continuité donne ρw ⋅ div [ v ] = 0

Les équations de Navier-Stokes se réduisent alors à :


∇u − µ ⋅ ∆ v − ρ w ⋅ F = 0

que l’on sait intégrer dans des schémas simples, par exemple dans le cas d’un tube cylin-
drique.

13.3.2 Cas d’un tube cylindrique


On s’intéresse au cas simple d’un mouvement (parallèle) isotherme et permanent d’un fluide
visqueux incompressible dans un tube de rayon R (figure 13.3) sans action des forces exté-
rieures telles que la gravité (F = 0).
Dans ce cas, en utilisant la symétrie radiale, la première équation de Navier-Stokes devient, en
coordonnées polaires ayant pour axe la direction x de l’écoulement :
du d2 v 1 d v
= µ⋅ 2 + ⋅
dx dr r dr
L’intégration de la vitesse v sur l’aire de la section du tube conduit à l’expression suivante du
débit q, où u1 – u2 est un gradient de pression positif (écoulement de 1 vers 2) :
π ⋅ R 4 u1 − u2
q= ⋅
8µ L
Un milieu poreux constitué d’une matrice imperméable percée de c canaux circulaires de
rayon R, tous parallèles entre eux, pour une surface totale A perpendiculaire à la direction des
canaux, a une porosité :
c ⋅ π ⋅ R2
n=
A
Le débit total du milieu poreux est alors Q = c⋅q soit :
n ⋅ R 2 1 u1 − u2
Q = A⋅ ⋅ ⋅
8 µ L

575
Théorie et pratique de la géotechnique

Ce calcul suggère, sans le démontrer comme une généralité, que le débit Q traversant une
section droite A de milieu poreux sous l’effet d’un gradient de pression, pour un fluide in-
compressible de viscosité µ, est de la forme :
Q k0 d u
= ⋅
A µ dx
où k0 est un coefficient de proportionnalité caractéristique du milieu poreux considéré
(k0 = nR2/8 dans le cas des tubes, vu ci-dessus ; k0 = ne2/12 dans le cas des fractures dans le
modèle des plaques parallèles d’écartement e).
On verra plus loin que cette anticipation théorique a été confirmée expérimentalement par
Darcy.

Figure 13.3. Écoulement laminaire dans un tube capillaire (cylindre) et carotte


(échantillon cylindrique) dans un milieu poreux modèle dont la phase poreuse
est constituée par c tubes capillaires identiques et parallèles

13.4 Le théorème de Bernoulli

13.4.1 Énoncé
Le théorème qui a été établi en 1739 par Daniel Bernoulli décrit le comportement simplifié
d’un fluide dans une conduite ou, en généralisant, dans un tube de courant au sein d’une
masse d’eau. Il traduit simplement la conservation de l’énergie mécanique (sans conversion

576
Chapitre 13 – Hydraulique des sols

en énergie interne, ni variation de volume, ni frottement) dans un volume V de fluide de


masse m et masse volumique ρ :
Ec + Ez + Ep = cte
1 m ⋅ v2 ρ ⋅ v2
Ec = ⋅ = est la densité d’énergie cinétique
V 2 2
1
Ez = ⋅ m ⋅ g ⋅ z = ρ ⋅ g ⋅ z est la densité d’énergie potentielle de gravité
V
1
Ep = ⋅ u ⋅ V = u est la densité d’énergie élastique (pression d’eau).
V
Les hypothèses sont très fortes : le fluide est incompressible et de viscosité négligeable, en
régime permanent, et sans transfert de chaleur.
Ce théorème a posé les bases de l’hydrodynamique et même, d’une façon plus générale, de la
mécanique des fluides.

13.4.2 Démonstration
Considérons un écoulement laminaire d’un fluide incompressible (figure 13.4).

Figure 13.4. Écoulement dans une conduite (cylindre) : cas unidirectionnel

δV
Le débit d’eau dans une canalisation est par définition : Q =
δt
Si la vitesse v du fluide, appelée aussi flux (un flux est un débit par unité de surface), est uni-
forme, après un temps δt, un élément de fluide sera déplacé de la longueur δx = v δt, donc un
volume δV = A v δt se sera écoulé : le débit vaut donc Q = A v.
On considère maintenant (figure 13.5) un tube de courant de section A constante, d’orientation
quelconque, avec des pressions ua et ub aux extrémités. Après un certain temps, sous l’effet de
la différence de pression, le fluide avance de δx et d’un volume δV. La résultante des forces
de pression est F = A (ua – ub) et le travail de ces forces vaut :
W = F ⋅ δx = A ⋅ δx ⋅ (ua − ub ) = δV ⋅ (ua − ub )

577
Théorie et pratique de la géotechnique

Ce travail doit être égal à la variation d’énergie potentielle Ez puisque Ec est constante (car
A = cte).
δEz = m ⋅ g ⋅ (b − a) = ρ ⋅ δV ⋅ g ⋅ (b − a )

L’égalité W = δEz donne, avec les deux expressions ci-dessus :


ua − ub = ρ ⋅ g ⋅ (b − a) ou encore : d u − ρ ⋅ g ⋅ d z = 0

ce qui s’écrit aussi : u(z) + ρ g z = cte, qui est la version « sans énergie cinétique » du théorème
de Bernoulli.

Figure 13.5. Écoulement dans un tube de courant (cylindre)

Plus généralement, en prenant en compte des changements de section dans le tube de courant,
on a aussi des changements de vitesse des éléments du fluide, donc de l’Ec par unité de vo-
lume, que l’on inclut dans le théorème.
S’il n’y a pas d’apport ou de perte, le débit est constant le long du tube de courant, c’est
l’équation de continuité. Lorsqu’on change de section A1 → A2, la continuité permet de calcu-
ler le changement de vitesse correspondant :
Q = cte = A1 u1 = A2 u2

13.4.3 Principe du manomètre


On considère un tube de courant particulier : la vitesse est nulle. On en déduit un moyen
simple de mesurer la pression du fluide (figure 13.6).
u + ρga = patm + ρgb
u = patm + ρg(b – a)

578
Chapitre 13 – Hydraulique des sols

Figure 13.6. Principe du manomètre

13.4.4 Application : loi de Torricelli


Soit un liquide incompressible et non visqueux dans un récipient (figure 13.7). La surface du
réservoir A1 et celle de l’orifice A2 << A1 sont à l’air libre, donc à patm. On peut mesurer v1 la
vitesse de descente du niveau d’eau supérieur. On veut déterminer v2, la vitesse de sortie.
La loi de continuité donne : A1v1 = A2v2,
donc v1 = (A2/A1)v2 << v2, donc v1 est négligeable (on écrit : v1 ≅ 0).
ρ ⋅ v2 2
Le théorème de Bernoulli donne : patm + 0 + ρgh = patm + +0
2
d’où v2 ≅ 2 gh qui est indépendante de la densité (loi de Torricelli).

Figure 13.7. Dispositif pour tester la loi de Torricelli

Cette loi est appliquée dans un dispositif simple et précis, fondé sur la théorie des ajutages, de
maintien d’un débit constant dans les essais Lefranc d’injection en forage (Cassan, 1993). Ce
dispositif nécessite un système de réservoirs reliés et un bouchon biseauté calibré (étalonné
par le fabricant) placé à l’entrée du tube d’injection. À travers un bouchon calibré dont

579
Théorie et pratique de la géotechnique

l’orifice est de section a, l’eau s’écoule selon un débit Q = C ⋅ a ⋅ 2 gh , où C est un facteur


expérimental qui caractérise la contraction de la veine liquide.

13.5 Charge hydraulique

13.5.1 Écoulement laminaire d’un fluide visqueux


Considérons deux plaques horizontales séparées par un fluide visqueux. La force nécessaire
pour faire glisser une plaque sur l’autre est analogue à une force de frottement. Il s’agit de la
force due à la viscosité du fluide, que l’on peut estimer par :
dv
F = µ ⋅ A⋅
dy

où A est l’aire des plaques, dv est la variation de la vitesse sur la distance dy mesurée transver-
salement à l’écoulement et µ est la constante de viscosité dynamique (Pa⋅s ou kg/(m⋅s)).
On peut imaginer des couches de fluide avec une distribution de vitesse entre 0 (la plaque du
bas) et v0 (vitesse imposée par le déplacement de la plaque du haut dans la direction x) : dans
ce cas, on aura dv = v0.

13.5.2 Écoulement laminaire dans un tube et perte de charge


L’écoulement se fait en couches concentriques avec une vitesse maximale vmax au centre et
quasiment nulle au contact des parois. On a déjà présenté ce schéma à la figure 13.3. Le débit
est dans ce cas, pour des tuyaux de petit diamètre :
vmax
Q = A⋅
2
La continuité impose que le débit et la vitesse soient constants le long du tube. En revanche, la
pression diminue à cause du travail dépensé pour contrer les forces de viscosité introduites ci-
dessus. Cette chute de pression est plus couramment exprimée comme une « perte de charge »
(on définit la charge ci-après).

Figure 13.8. Schéma de la perte de charge : vidange d’un réservoir par écoulement basal
horizontal et mesure du niveau d’eau décroissant à distance croissante

580
Chapitre 13 – Hydraulique des sols

Ce phénomène est facile à visualiser grâce au dispositif de la figure 13.8 : plus on est loin du
réservoir amont, moins il reste d’énergie à l’eau pour remonter dans un tube vertical. Cette
énergie est dépensée par l’écoulement de façon linéaire avec la distance parcourue, ici hori-
zontale.

13.5.3 Charge et gradient hydraulique, isopièzes


La charge hydraulique en un point M de cote z d’un fluide, incompressible et soumis à la
seule gravité, est définie par :
v2 u
h= + +z (13.8)
2 g ρw g

où v est la vitesse réelle du fluide et u sa pression interstitielle en M (en Pa). La valeur de la


charge en mètres, comptée positive vers le haut, dépend donc de l’origine choisie sur l’axe
Oz. Usuellement, la charge est exprimée par rapport au NGF (nivellement général de la
France), comme l’altitude en topographie, ou par rapport à un repère local pour un ouvrage
géotechnique.
D’après le théorème de Bernoulli, si un fluide est immobile, sa charge est constante dans
l’espace. S’il s’écoule, la déperdition d’énergie par frottement fait que la charge décroît dans
le sens de l’écoulement : c’est la perte de charge.
En milieu poreux, les vitesses réelles sont toujours très faibles et on s’autorise donc à négliger
le terme de charge dynamique. Par exemple, pour un gravier de très forte perméabilité, v
= 1 m/s, le terme v2/2g vaut 0,05 m. D’où, en un point quelconque de l’espace, l’expression
simplifiée de la charge hydraulique (en mètres), avec γw le poids volumique de l’eau approxi-
mé à 10 kN/m3 en géotechnique :
u
h= +z (13.9)
γw
La charge hydraulique simplifiée, hydrostatique, correspond à l’énergie potentielle due à la
somme de deux contributions : la colonne d’eau sus-jacente et l’altitude du point.
Les surfaces en 3D (respectivement, en 2D, les courbes) d’égale valeur de la charge hydrau-
lique h sont nommées surfaces (respectivement, en 2D, courbes) équipotentielles. Sous
l’hypothèse d’une perméabilité isotrope, l’écoulement se fait selon des lignes de courant or-
thogonales en tout point de l’espace à ces surfaces. La charge hydraulique décroît dans le sens
de l’écoulement, qui est une dépense d’énergie, elle ne peut donc pas se faire autrement que
par chute de potentiel !
Par la suite, on se place dans la situation d’une nappe phréatique, dite aussi nappe superfi-
cielle, qui possède par définition une surface libre dans un aquifère possédant une zone satu-
rée et une zone non saturée.

581
Théorie et pratique de la géotechnique

Pour mesurer la charge en un point A dans l’espace 3D d’un milieu poreux saturé, il suffit de
forer et de descendre jusqu’à la cote zA un tube de section non capillaire et ouvert seulement
aux deux extrémités (figure 13.9). Cet instrument est un piézomètre ponctuel qui sera déve-
loppé au chapitre 16. La cote zB atteinte par l’eau dans le tube est la cote piézométrique ponc-
tuelle en (x, y, z), i.e. le niveau d’équilibre de la pression hydrodynamique et de la pression
atmosphérique au point A. La charge au point A est la somme de la cote du point A et de la
hauteur de la colonne d’eau entre A et B. L’origine des cotes est choisie par convenance, par
exemple au niveau du substratum imperméable horizontal qui porte l’aquifère.

Figure 13.9. Perte de charge et surface piézométrique dans un sol, schéma général,
surfaces équipotentielles quelconques
Le gradient hydraulique est sinβ = (h1 – h2)/L qui est approximé par tanβ dans le cas idéal d’un écoulement
horizontal. L’origine des cotes est au substratum imperméable.

On choisit la valeur de la pression atmosphérique comme origine des pressions, ce qui revient
à dire que la pression est nulle à la surface du sol et que la pression interstitielle u est nulle à
l’interface entre eau libre et eau capillaire appelée surface libre. Entre la surface du sol et la
surface libre, la pression interstitielle n’est pas nulle, car le milieu poreux non saturé est le
domaine de la succion (voir chapitre 7). La limite physique de pression nulle a donc une
épaisseur, c’est la frange capillaire où par définition l’eau monte pour annuler la succion. Sous
cette convention, la charge ponctuelle (équation 13.9) en un point de la surface libre se ré-
sume à la charge statique qui se confond avec la cote piézométrique en ce point : c’est la cote
atteinte par l’outil de forage au moment exact de la première venue d’eau (dans la frange
capillaire, le degré de saturation est de 100 %, mais l’eau ne « vient » pas).
En toute généralité, au cours du forage, la trajectoire de l’outil n’a aucune raison de suivre une
surface équipotentielle. Si l’on continue à forer assez loin sous la surface libre et que l’on tube
ensuite, alors la cote du niveau d’eau mesurée dans le tube (stabilisée après une attente qui est
d’autant plus longue que la perméabilité est faible) varie selon la profondeur de l’extrémité du
tube qui rencontre successivement les surfaces équipotentielles. Si l’on souhaite que la mesure
du niveau d’eau traduise la charge ponctuelle qui règne au fond, alors il faut tuber jusqu’en
bas. En revanche, si la paroi du tube du piézomètre est perforée sur toute sa hauteur (crépine),
le niveau d’eau traduit la charge moyenne sur cette hauteur. On revient plus loin sur ce cas

582
Chapitre 13 – Hydraulique des sols

général de surfaces équipotentielles quelconques ; on commence par présenter un cas plus


simple.
Dans le cas théorique où l’eau est immobile (absence d’écoulement), par définition la charge
est identique en tout point du fluide et par extension à l’échelle macroscopique, du milieu
poreux saturé. Tout l’espace poreux est équipotentiel. La surface libre est horizontale comme
la surface de l’eau dans un aquarium rempli de sable avec une zone inférieure saturée d’eau
au repos. Dans ce cas, la cote zB atteinte par l’eau dans un unique piézomètre, de position et
de profondeur quelconques, définit à elle seule la surface libre. S’il existe un écoulement,
c’est qu’un gradient hydraulique est apparu. Ce gradient entre les points A1 et A2 est le rap-
port noté i et toujours positif du différentiel de charge δh = h2 – h1 sur la distance parcourue
par le filet d’eau A1A2 dans le sol. Sur la figure 13.9, il s’écrit i = –δh/L = (zB1 –zB2)/L.
On considère souvent que l’écoulement est horizontal lorsque le gradient hydraulique est très
faible (de l’ordre du millième), ce qui est une approximation souvent justifiée à l’échelle
d’une nappe. Dans le cas théorique d’un écoulement horizontal dans le milieu poreux saturé
(figure 13.10), les surfaces équipotentielles sont orthogonales à la direction d’écoulement,
donc ce sont des surfaces verticales : la charge reste constante sur une verticale, elle n’évolue
pas selon la profondeur de l’orifice du tube vertical à paroi pleine. Après stabilisation du ni-
veau d’eau dans le piézomètre (voir figure 13.9) en supposant l’écoulement horizontal, la
charge hA au point d’ouverture inférieur du tube est alors égale à la charge hB et elle est don-
née par la cote zB atteinte par l’eau dans le tube. Il ne s’agit plus d’une cote piézométrique
ponctuelle en (x, y, z), mais d’une cote piézométrique ponctuelle en (x, y). Si la paroi du tube
du piézomètre est perforée sur toute sa hauteur (crépine), le niveau d’eau traduit la charge
moyenne sur cette hauteur, ici zB. Cette cote change seulement d’un piézomètre à un autre.

Figure 13.10. Graduations de charge et surface piézométrique plane (en haut) associée
aux équipotentielles verticales (en bas). Noter l’analogie avec la figure 13.8.

La surface piézométrique est une surface interpolée à partir des cotes piézométriques ponc-
tuelles données par un groupe de piézomètres dispersés dans un secteur du plan (x, y), chaque
forage ayant été arrêté à la première venue d’eau. Dans le cas général de surfaces équipoten-
tielles quelconques, chaque valeur mesurée dépend, on l’a vu, de la profondeur atteinte par le
piézomètre ; si ceux-ci ont été forés à des profondeurs variables sous la première venue d’eau,
la série de valeurs est alors difficile à interpréter. Dans le cas idéal de l’écoulement horizontal,

583
Théorie et pratique de la géotechnique

théorique, la surface piézométrique est invariable avec la profondeur des piézomètres et four-
nit la surface libre. Dans le cas d’une nappe subhorizontale, une série de quelques piézomètres
suffit donc à dessiner la surface piézométrique.
Considérons maintenant la situation plus générale où l’écoulement n’est pas horizontal. La
charge varie dans l’espace non seulement selon la position (x, y) du point considéré, mais
aussi selon sa profondeur (z). Dans ce cas plus général, la charge mesurée dans le forage tubé
varie (monte ou descend selon le sens d’écoulement de la nappe, figure 13.11) au cours du
creusement et la surface libre ne peut être définie autrement que par la cote mesurée au mo-
ment exact où le forage pénétrait dans la zone saturée.

Figure 13.11. Profil piézométrique (en haut) associé aux surfaces équipotentielles et
lignes de courant dans la coupe du sol (en bas), avec une origine quelconque en Oz
a. Nappe descendante. b. Nappe ascendante. Chaque surface équipotentielle PP′ est sondée par deux piézomètres non
crépinés seulement ouverts aux extrémités. Ainsi, on obtient deux profils distincts 1-3-5-7 et 2-4-6-8.

Dans le cas d’une nappe de forte pente, une série de couples de piézomètres (voir fi-
gure 13.11) permet d’interpréter les lignes équipotentielles et de tracer des lignes de courant
perpendiculaires. La piézométrie mesurée dépend de la position des piézomètres et de leur
profondeur : ainsi, pour la nappe ascendante, les piézomètres P′ sont forés jusqu’au toit de la
couche imperméable qui sert de mur à la nappe et les piézomètres P sont forés jusqu’à la base
de la couche imperméable qui sert de toit à la nappe. Les deux groupes de piézomètres échan-
tillonnent la même succession de surfaces équipotentielles. Les points P′ donnent un profil
piézométrique décalé des points P : la surface piézométrique a la même pente, mais on obtient
deux versions décalées de la carte des isopièzes.
On connaît un exemple d’écoulement souterrain non horizontal et non parallèle : une nappe au
voisinage d’une rivière ou d’un canal (voir chapitre 2). Ainsi, sur la figure 13.12, la surface
libre associée à des surfaces équipotentielles incurvées est toujours un peu au-dessus (+ze) de
la surface de Dupuit (voir chapitre 16), surface construite sur un modèle de surfaces équipo-
tentielles verticales (écoulement horizontal). La surface réelle ne converge pas vers la rivière :
il existe toujours une hauteur de suintement he au niveau de la berge. La surface piézomé-
trique du filet d’eau au mur de la nappe est approximativement celle d’un écoulement hori-
zontal et elle est en continuité avec le niveau libre du cours d’eau. En effet, à l’aplomb de la

584
Chapitre 13 – Hydraulique des sols

berge, la charge au mur de la nappe est égale à la hauteur h du cours d’eau. On note aussi que
l’écoulement, dans le voisinage du cours d’eau, n’est nulle part parfaitement horizontal, même
au contact du mur de la nappe. Il n’est horizontal qu’à grande distance du cours d’eau.
On verra au chapitre 16 un autre exemple d’écoulement souterrain non horizontal que l’on
modélise pourtant comme horizontal par la formule de Dupuit, il s’agit de la zone d’influence
d’un puits.

Figure 13.12. Courbes équipotentielles et lignes de courant dans une nappe


soutenue par un cours d’eau, profil en coupe verticale
Différence entre la surface libre et la surface piézométrique associée à l’écoulement
quasi horizontal au mur de la nappe.

13.5.4 Description de l’écoulement par les courbes isopièzes


La surface piézométrique est représentée en vue cartographique (vue aérienne) par des
courbes de niveau isopiézométriques (figure 13.13) appelées couramment isopièzes, dites
aussi hydro-isohypses. En théorie, elles s’obtiennent par la projection verticale sur le plan de
la carte des courbes d’intersection de la surface piézométrique avec une famille de plans hori-
zontaux d’espacement constant selon l’axe Oz. Dans le cas des surfaces équipotentielles verti-
cales, leur intersection avec le plan de la carte donne les isopièzes et on peut alors les appeler
courbes équipotentielles. La figure 13.13 montre comment en pratique on construit les
courbes isopièzes avec cinq piézomètres A, B, C, D et E : c’est le même principe que les
courbes de niveau en topographie.

585
Théorie et pratique de la géotechnique

Figure 13.13. Construction d’une carte (iso)piézométrique


Fillat (1981).

Figure 13.14. Tracé d’un profil piézométrique d’après la carte (iso)piézométrique

586
Chapitre 13 – Hydraulique des sols

Cette surface a une forme quelconque et, vue en coupe, elle se traduit par un profil piézomé-
trique courbe. La figure 13.14 montre le profil de la nappe à Amiens, vue le long du trait de
coupe SW-NE de la carte de gauche.
On constate qu’un ressaut dans le mur de la nappe n’influence pas le niveau de celle-ci et,
pour cette raison, l’épaisseur de la nappe est très variable. La carte des isopièzes révèle une
divergence dans l’écoulement au nord-est d’Amiens. Plus à l’est, il existe un axe de conver-
gence de l’écoulement qui peut correspondre à l’existence d’un thalweg. Pour y voir clair,
mieux vaut tracer quelques longs filets d’écoulement plutôt qu’un grand nombre de petites
flèches. Attention, ces filets d’écoulement doivent être courbés pour couper les courbes iso-
pièzes de façon parfaitement perpendiculaire, par hypothèse d’homogénéité et isotropie du
terrain. Le gradient hydraulique est maximum au nord-ouest et au sud-ouest d’Amiens, et le
profil est assez symétrique dans ce secteur. Globalement, les remarques ci-dessus montrent
que cette nappe alimente la Somme. Vu l’échelle de la carte, il ne s’agit pas de la nappe allu-
viale de la rivière, mais d’une nappe phréatique beaucoup plus vaste, d’importance régionale.
Par la suite, il faut toujours garder à l’esprit la définition de la charge et du gradient hydrau-
lique, de la surface équipotentielle et de la ligne de courant (ou filet d’écoulement).
Une nappe dont les lignes de courant sont parallèles en vue cartographique est dite cylin-
drique. Sinon, selon la forme et la distribution spatiale des lignes de courant déduites des
isopièzes (figure 13.15), on distingue des nappes convergentes et des nappes divergentes. Une
nappe peut avoir une forme complexe, avec des zones de convergence et des zones de diver-
gence. Une zone vers laquelle convergent les lignes de courant est appelée un axe de drainage
de la nappe.
Sur la figure 13.15, les lignes d’écoulement ne sont pas parfaitement orthogonales aux
lignes équipotentielles, ce qui signifie que le terrain n’a pas une perméabilité isotrope. Une
nappe peut être (sub)horizontale, ascendante ou descendante (voir figure 13.11). En plus des
courbes de niveau topographique et des courbes de niveau piézométrique, on peut tracer les
courbes de niveau du toit de la couche imperméable qui sert de mur à la nappe (figure 13.16).
L’épaisseur de la nappe se déduit par soustraction de ces deux dernières séries de courbes. On
peut ainsi tracer les courbes d’isovaleurs de l’épaisseur de la nappe (hydro-isopaches).

Figure 13.15. Extraits de carte (iso)piézométrique


a. Zones de divergence. b. Zone de convergence et axe de drainage.
Les flèches expriment le sens d’écoulement approximatif. Les lignes d’écoulement ne sont pas tracées :
elles doivent être perpendiculaires à l’intersection de chaque courbe isopièze.

587
Théorie et pratique de la géotechnique

Figure 13.16. Construction des courbes d’isovaleurs de l’épaisseur de la nappe


a. Coupe de l’aquifère. b. Courbes isopièzes, isohypses du toit et isopaches.

13.5.5 Application à un ouvrage géotechnique : le batardeau


Le principe des vases communiquant permet de comprendre le phénomène d’écoulement que
l’on va observer dans un batardeau. Prenons un échantillon de sol, surmonté d’une colonne
d’eau, dont la base est reliée par un flexible à un réservoir R rempli d’eau (figure 13.17).

588
Chapitre 13 – Hydraulique des sols

Figure 13.17. Gradient hydraulique vertical : écoulement descendant et ascendant

Si le niveau d’eau est identique dans la colonne et le réservoir, il n’y a pas d’écoulement
(nappe statique dans l’échantillon) ; si on abaisse le réservoir de δh, zB < zA, il se produit un
écoulement vertical descendant dans l’échantillon. Entre le point P et le point Q, on a une
perte de charge δh due au frottement de l’eau (viscosité) sur les grains. Le gradient hydrau-
lique vertical entre les points P et Q, noté i, est le rapport de la perte de charge δh sur la dis-
tance parcourue par le filet d’eau dans le sol :
δh
i=− .
l
Si, au contraire, on élevait le réservoir R tel que zB > zA, il se produirait un écoulement vertical
ascendant dans le premier échantillon. On a un bon exemple des deux types d’écoulement
dans le cas du batardeau (figure 13.17). Le long de l’écran considéré comme étanche : à
l’amont, il se produit un écoulement vertical descendant BC ; à l’aval, un écoulement vertical
ascendant CD. Le gradient hydraulique moyen entre B et D est :
δh
im = .
BCD
La figure 13.18 présente le cas de l’écoulement sous un batardeau dont le tracé est étudié aux
§ 13.11.2 et 13.11.3. Par raison de symétrie, on a représenté la moitié du batardeau. À
l’amont, le niveau de la rivière est à 10 m au-dessus du niveau du sol. À l’aval, on a pompé un
débit Q à l’intérieur du batardeau pour rabattre le niveau d’eau au niveau du sol et assécher le
fond de fouille, ce qui entraîne un écoulement de l’amont vers l’aval. Deux lignes de courant
LL′ et MM′ représentant des trajets de l’eau ont été tracées. LML′M′ définit un tube de cou-
rant. On prend comme plan de référence le plan xOz passant par la base du terrain. Les
charges sur les plans A′B′ et AB sont (équation 13.9) :
hA′B′ = 0 + 30 m = 30 m
hAB = (10x10)/10 +20 m = 30 m.

589
Théorie et pratique de la géotechnique

La nappe est statique : ces charges sont évidemment les mêmes en tout point.
La charge sur le plan CD est hCD = 0 + 20 m = 20 m.
La perte de charge totale δh entre le plan amont AB et le plan aval CD est donc :
δh = hAB – hCD = 10 m et provoque un écoulement.
Les courbes (surfaces) équipotentielles sont tracées avec un intervalle de charge de 1 m : on
voit que le gradient hydraulique et donc la vitesse ne sont pas uniformes et augmentent rapi-
dement quand on se rapproche du pied de l’écran. La perte de charge entre le fond de la ri-
vière AB (h = 30 m) et l’équipotentielle EE′ (h = 29 m) est de 1 m, ce qui traduit un écoule-
ment descendant du côté gauche. Les valeurs des équipotentielles à droite indiquent un écou-
lement ascendant.
On calcule la pression interstitielle uP dans le terrain au point P situé sur cette équipotentielle
avec l’expression de la charge (équation 13.9) en prenant γw = 10 kN/m3 : uP = (29 – 10)
× 10 = 190 kPa. On constate que la pression hydrodynamique est différente de la pression
hydrostatique qui est au point P égale à 200 kPa (10 m d’eau de sol saturé + 10 m d’eau) × 10.
Quand l’écoulement dans le sol est descendant, la pression interstitielle hydrodynamique en
un point est inférieure à la pression interstitielle hydrostatique. C’est le contraire pour
l’écoulement ascendant : on laisse le lecteur faire le calcul en un point P′ dans le terrain situé à
droite de l’écran.

Figure 13.18. Écoulement sous un batardeau

13.6 La loi de Darcy (1856)

13.6.1 L’expérience de Darcy et le coefficient de perméabilité


Le débit d’eau s’écoulant à travers un massif de sol (figure 13.19) se calcule au moyen de la
relation suivante, établie expérimentalement par Darcy :

590
Chapitre 13 – Hydraulique des sols

Q δh
=k⋅ (13.10)
A L
A est l’aire de la section du massif sableux et L la longueur parcourue par les filets d’eau ;
δh est la perte de charge de l’eau entre le sommet et la base du massif sableux ;
k est le coefficient de perméabilité (ou tout simplement « perméabilité »), une constante qui
dépend du milieu poreux et du fluide, qui a la dimension d’une vitesse.
On reconnaît dans le terme de gauche la vitesse de filtration v, qui serait la vitesse effective de
l’eau à la sortie de la colonne si toute la section contribuait à l’écoulement, c’est-à-dire si le
milieu avait une porosité efficace égale à 1. Dans le second terme, on identifie la perte li-
néique de charge :
δh
i= (13.11)
L
aussi nommé gradient hydraulique (sans dimension). La loi de Darcy s’écrit donc simplement
en grandeurs algébriques pour un écoulement unidimensionnel :
v = − k ⋅i (13.12)

Figure 13.19. Dispositif expérimental de Darcy

13.6.2 Perméabilité intrinsèque


D’après l’équation aux dimensions, ainsi que par vérification expérimentale et par comparai-
son avec l’expression donnée par la loi de Poiseuille pour une série de tubes capillaires, on
constate que la constante k varie en raison inverse de la viscosité dynamique du fluide.
Nous savons également, d’après les calculs fondés sur la loi de Navier-Stokes, que les causes
du déplacement du fluide en milieu poreux sont les gradients de pression et la gravité. La loi
de Darcy devrait donc s’exprimer sous la forme générale :

591
Théorie et pratique de la géotechnique

k0
⋅ ( ∇u + γ w ⋅∇z )
v=−
µ
où tous les paramètres sont des grandeurs macroscopiques.
Le paramètre k0 que l’on introduit dans cette expression se rapporte au milieu poreux indé-
pendamment des caractéristiques du fluide ; il n’est défini qu’à l’échelle macroscopique car il
ne dépend que de la structure et de la connectivité des pores. Sa dimension est celle d’une
surface et on l’appelle perméabilité intrinsèque.
Une unité particulière, le darcy (= 0,987⋅10–12 m2), est définie comme suit : c’est la perméabi-
lité intrinsèque d’un milieu qui, sous une différence de pression de 1 atm/cm, laisse s’écouler
à travers une surface de 1 cm2 un débit de 1 cm3/s, pour un fluide de viscosité 1 centipoise.
En supposant le fluide incompressible, on peut écrire l’équation précédente sous la forme :
k0
v=− ⋅ ( ∇(u + γ w z ) )
µ
k0 γ w
dans laquelle on reconnaît l’expression de la charge hydraulique : v = − ⋅∇h
µ
k0 ρ w g
d’où la relation avec le coefficient de perméabilité : k =
µ
qui a bien la dimension d’une vitesse (m/s). La dépendance de k à la viscosité dynamique et à
la masse volumique du fluide implique que k est influencée par la charge en particules fines
en suspension dans le fluide.
Il faut remarquer aussi que le coefficient de perméabilité k, fonction de la viscosité, varie donc
aussi avec la température du fluide (figure 13.20) et tableau 13.1.

Figure 13.20. Influence de la température sur la viscosité dynamique de l’eau,


ici rapportée à la viscosité dynamique mesurée à 20 °C (qui vaut 1,002 centipoise)
Source : US Waterways Experiment Station, Vicksburg, Mississippi.

592
Chapitre 13 – Hydraulique des sols

Tableau 13.1. Viscosité µ en Pa⋅⋅s à patm en fonction de la température

Température en °C Viscosité µ en Pa⋅⋅s

0 1,787 × 10–3

10 1,310 × 10–3

20 1,002 × 10–3

40 0,653 × 10–3

60 0,466 × 10–3

80 0,355 × 10–3

100 0,282 × 10–3

En conséquence, l’hypothèse d’isothermie que nous avons faite pour ne pas avoir besoin de
prendre en compte l’équation de la chaleur n’est pas toujours justifiée. Les nappes superfi-
cielles, par exemple une nappe alluviale, sont affectées par des variations climatiques saison-
nières : la perméabilité est réduite de 40 % lors d’un changement de température de l’eau de
25 °C à 5 °C. On retient que 1 millidarcy équivaut à 0,966⋅10–8 m/s pour de l’eau à 20 °C.

13.6.3 Relations entre perméabilité intrinsèque et porosité


L’analogie entre le milieu poreux et le cylindre percé de tubes capillaires parallèles pose la
question de la dépendance de la perméabilité à la porosité. Les diverses tentatives de relier ces
deux caractéristiques n’ont abouti qu’à des formules empiriques, en général peu applicables
en dehors de conditions très restrictives, justement celles qui régnaient dans les essais qui ont
donné naissance à ces formules. Ces relations sont fondées sur des géométries de capillaires
ou sur des hypothèses de rayon hydraulique, ou encore sur des modèles statistiques. La plu-
part de ces formules empiriques ne sont applicables qu’aux sables, à l’exception notable de
celle de Kozeny/Carman. Elles sont utilisées dans les études sur la filtration par les matériaux
granulaires (Chapuis, 2004 ; Benosman, 2012) et les processus d’érosion interne. Les plus
connues suivent.

13.6.3.1 Hazen (1911)/Taylor (1948)


Recherchant le diamètre tel que si tous les grains de sable avaient cette taille, le matériau
laisserait passer l’eau dans la même quantité que celle observée expérimentalement, Hazen a
trouvé que le d10 est caractéristique et il l’a appelé diamètre efficace. On peut confronter cette
approche aux références théoriques obtenues par Slichter sur les empilements de sphères de
taille uniforme : le plus lâche ayant une porosité de 47 % et le plus compact de 26 %, le coef-
ficient de perméabilité du premier vaut 7 fois celui du second. La première condition de vali-

593
Théorie et pratique de la géotechnique

dité de la formule de Hazen est que la porosité soit à son maximum, i.e. la compacité est la
plus lâche pour la courbe granulométrique donnée.
Dans ses essais, Hazen considérait trois gammes de perméabilité : l’intervalle intermédiaire
était 6⋅10–7 < k < 10–5 m/s, valeurs qui étaient rencontrées pour 0,02 < d10 < 0,07 mm. La
deuxième condition de validité porte donc sur le d10. Ses essais ont montré que la perméabilité
intrinsèque k0 en cm2 croît avec le diamètre efficace des grains d10 en cm, selon la formule
suivante :
log ( k0 ) = 2 ⋅ log ( d10 ) − 3

Cependant, pour un même diamètre efficace, on peut trouver deux courbes granulométriques
de pentes différentes : la relation entre d10 et k0 est donc dépendante du coefficient
d’uniformité du sable et CU doit rester inférieur à 5, troisième condition de validité.
Plusieurs formulations existent, y compris pour exprimer directement le coefficient de per-
méabilité k en fonction de (d10)2 et la température : à 20 °C, kHazen = 1,5 ⋅ d10 2 (d10 en mm).

13.6.3.2 Terzaghi (1925)


Il a proposé la formule suivante, avec l’hypothèse que les parties les plus larges des canaux
capillaires ont au moins cinq fois la section des parties les plus étroites. Ceci implique que la
perte de charge à travers les canaux étroits vaut 25 fois celle dans les canaux larges.

µ 0 ( n − 0,13)
2

kTerzaghi = α ⋅ ⋅ 3 ⋅ d10 2
µT 1− n
où µ0 est la viscosité à 10 °C et µT est la viscosité à T °C, le facteur empirique α varie de 400,
pour des grains arrondis, à 860, pour des grains très irréguliers.

13.6.3.3 Kozeny (1927)/Carman (1937)


Elle est conçue pour être appliquée non seulement aux sols grenus, mais aussi aux sols fins, ce
qui inclut des types de sols argileux (non gonflants). Elle est abondamment citée dans la litté-
rature (Bear, 1972 ; Chapuis et Aubertin, 2003), mais sous diverses formes dont on ne donne
ici que la plus répandue :
n3
k=
5 ⋅ S0 2 ⋅ (1 − n )
2

où S0 est l’aire totale de la phase solide exposée au fluide, rapportée au volume de la phase
solide elle-même (et non au volume du milieu poreux comme pour l’aire spécifique). Le coef-
ficient 5 au dénominateur est la valeur proposée par Carman pour le coefficient empirique de
Kozeny. L’apport de Carman a été la prise en compte de la tortuosité dans ce coefficient. La
tortuosité est définie par τ = Lp /L où Lp est la longueur parcourue dans les pores par les mo-
lécules d’eau (échelle microscopique) et L la longueur droite de l’échantillon poreux. Selon le
modèle d’assemblage de sphères choisi, par exemple, elle fait varier le coefficient du simple

594
Chapitre 13 – Hydraulique des sols

au double. On trouve dans la littérature plusieurs expressions de la tortuosité en fonction de la


porosité, en général compliquées.
Parmi les versions les plus récentes de cette relation, certaines s’appuient sur des modèles
fractals de l’espace poral (Costa, 2006 ; Xu et Yu, 2008). Le transport réactif est parfois pris
en compte avec l’effet de la cimentation sur la porosité, par exemple la précipitation de car-
bonates (Davis et al., 2006). Le tableau 13.2 fournit un ordre de grandeur de la perméabilité
avant toute mesure particulière.
Tableau 13.2. Ordre de grandeur de la perméabilité pour divers sols

Coefficient k de Perméabilité
Adjectif pour qualifier
perméabilité à l’eau intrinsèque k0 Nature du sol
la perméabilité
(en m/s) (en darcy)

> 10–2 > 1 000 Très élevée Graviers

10–4 à 10–2 10 à 1 000 Élevée Sables et graviers

10–5 à 10–4 1 à 10 Moyenne Sables grossiers

10–7 à 10–5 10–2 à 1 Faible Sables fins

10–9 à 10–7 10–4 à 10–2 Très faible Limons

< 10–9 < 10–4 Extrêmement faible Argiles

Ces ordres de grandeur ont été précisés pour les argiles molles, vases, tourbes dans le ta-
bleau 8.5 du chapitre 8.

13.6.4 Application : écoulement d’une nappe libre vers un canal


On fait l’hypothèse que l’écoulement longitudinal dans le canal, de longueur infinie (pro-
blème plan), se fait en régime permanent avec un débit Q (en m3/s) et qu’il est dû entièrement
à l’alimentation transversale du canal, par la nappe, provenant du cours d’eau situé à une
longueur L du canal (figure 13.21).

Figure 13.21. Schéma de l’écoulement transversal d’une nappe libre

595
Théorie et pratique de la géotechnique

On écrit le débit Q = A⋅v en raisonnant sur une épaisseur unitaire 1, d’où A(x) est égale à h(x).
En écrivant la loi de Darcy (13.10 et 13.12), on a, avec i = dh/dx
dh dh Q
Q=k h h =
dx dx k
qui s’intègre directement avec, pour x = 0, h = H0
2Q
h 2( x ) = x + H 02
k
ou

2Q x
h ( x) = + H 02
k
Si on fait intervenir une hauteur piézométrique HR connue par un piézomètre situé environ au
rayon d’influence R du canal, limite au-delà de laquelle on peut considérer que la surface de la
nappe devient horizontale, on a donc en plus pour x = R, h = HR. En intégrant en x et R on
obtient
2Q
H R2 − h 2 ( x) = ( R − x)
k

En faisant aussi l’hypothèse, pour une grande valeur de L, que les lignes de courant sont hori-
zontales (hypothèse de Dupuit) avec un faible rabattement vers le canal, on peut calculer le
débit de la nappe dans le canal par mètre, avec x = 0 et R = L et HR = H
H 2 − H 02
Q=k
2L

On a ainsi démontré l’équation présentée au chapitre 2 (§ 2.5.2).


La surface piézométrique est une parabole (parabole de Dupuit) indépendante de k :

h ( x) =
(H 2
− H 02 ) x
+ H 02
L

13.7 Généralisation de la loi de Darcy

13.7.1 Tenseur de perméabilité


L’expérience du perméamètre de Darcy est réalisée en observant un écoulement unidirection-
nel. Quand on passe de v = k⋅i à v = –k⋅∇h, on admet en fait que la loi est généralisable dans

596
Chapitre 13 – Hydraulique des sols

les trois dimensions de l’espace, i.e. le coefficient de perméabilité est une propriété isotrope
du milieu poreux.
Or, on sait a priori que c’est faux : par exemple, les formations sédimentaires sont le plus
souvent stratifiées. L’anisotropie liée à cette structure en couches engendre une perméabilité
horizontale supérieure à la perméabilité verticale.
Plus complexes encore, les formations alluviales associent couches et lentilles alternées de
graviers, de sables et d’argiles. Dans ces milieux, la direction du gradient de charge et la di-
rection de la vitesse d’écoulement ne sont plus (en général) confondues : l’écoulement a ten-
dance à suivre les directions présentant les plus grandes valeurs de perméabilité. Ainsi, dans
un échantillon dont la texture anisotrope impose une direction d’écoulement différente de la
direction du gradient de charge, la généralisation de la relation de Darcy en 3D impose que la
perméabilité soit considérée comme une propriété tensorielle, ce qui traduit simplement dans
un formalisme mathématique les observations ci-dessus.
Ce tenseur est du second ordre (matrice à 9 coefficients) et il est symétrique par rapport à sa
diagonale, ce qui limite le nombre de coefficients à 6.
On explicite la relation de Darcy sous forme tensorielle dans le cas d’un fluide qui peut être
compressible :
k0
v=− ⋅ [∇ u + ρg ⋅∇z ] (13.13)
µ
Cette écriture tensorielle exprime bien qu’un gradient de charge dans une direction donnée x
peut donner naissance à des composantes de l’écoulement sur les directions perpendiculaires y
et z, ce qui est conforme à l’expérience. Par exemple, la composante de la vitesse sur l’axe y
s’écrit :
k0 yx ∂u k0 yy ∂u k0 yz  ∂u 
vy = − ⋅ − ⋅ −  + ρg  (13.14)
µ ∂x µ ∂y µ  ∂z 
Comme on l’a déjà vu pour tout tenseur symétrique, comme ceux de déformation et de con-
traintes, le tenseur de perméabilité peut être diagonalisé suivant les trois valeurs propres, (k0X,
k0Y, k0Z), correspondant aux trois directions propres X, Y, Z.
Dans le cas des massifs de roches fracturés, on montre que la détermination des coefficients
du tenseur symétrique est possible à partir des valeurs hétérogènes de perméabilité locale si
elles sont connues dans la matrice et dans les fractures, en tenant compte des conditions aux
limites (Pouya et Fouché, 2009).
Physiquement, il existe donc toujours un repère dans lequel l’écoulement est effectivement
parallèle au gradient de charge. Ce repère est constitué des directions principales d’anisotropie
du milieu : pour un milieu stratifié, il s’agit de deux directions perpendiculaires entre elles
dans le plan de stratification et de la direction orthogonale à ce plan.

597
Théorie et pratique de la géotechnique

Ceci est aussi valable, à un facteur multiplicatif près, pour le coefficient de perméabilité de
Darcy qui devient un tenseur k .

Par la suite, on se place toujours dans le repère propre du tenseur pour ne manipuler que les
termes diagonaux. Pour un milieu stratifié horizontal, une direction propre est l’axe z, ce qui
simplifie le terme ∇z. Mais si la stratification est oblique, alors il faut distribuer le terme ∇z
sur les trois axes propres. Cette remarque disparaît si l’on considère un fluide incompressible,
car on peut alors utiliser directement l’expression avec la charge :
v = −k ⋅∇ h (13.15)

Le vecteur gradient hydraulique ∇h est tangent à la ligne de courant et est orienté dans le
même sens.
En coordonnées cartésiennes :
∂h ∂h ∂h
vx = − k vy = −k vz = − k
∂x ∂y ∂z
En coordonnées cylindriques :
∂h 1 ∂h ∂h
vr = − k vθ = −k vz = −k
∂r r ∂θ ∂z

13.7.2 Transmissivité
La transmissivité est le produit de la perméabilité par la puissance de l’horizon aquifère dans
la section transversale considérée.
Cette notion est très utile dans l’étude des eaux souterraines libres dont le débit d’écoulement
est déterminé essentiellement par k et la puissance e de l’aquifère.
Sur la figure 13.22, la vitesse d’écoulement peut varier selon la position du point M sur l’axe
Oz. Exprimons le flux, c’est-à-dire la vitesse moyenne, transitant dans la direction x
d’écoulement à travers une section perpendiculaire à l’écoulement (section dont le vecteur
normal sera noté n), pour une largeur unitaire de couche. On va montrer ici un exemple de
manipulation du tenseur de perméabilité.

Figure 13.22. Généralisation du tenseur de transmissivité pour un sol anisotrope

598
Chapitre 13 – Hydraulique des sols

Notant vx la composante du vecteur vitesse selon l’axe Ox :


e e
Q
L ∫0
= v ⋅ n ⋅ d z = ∫ vx ⋅ d z
0

On s’intéresse à une couche anisotrope, telle que z soit une des trois directions principales
d’anisotropie. Cela signifie que les deux autres directions principales d’anisotropie sont dans
le plan (x, y), qui est le plan de la couche. Alors, en tout point M de la couche, on a :
vM = − kM ⋅∇h (13.16)

où kM est le tenseur de perméabilité dans le plan (x, y) passant par le point M et ∇h le gra-
dient de charge dans ce plan.
Pour combiner les deux expressions ci-dessus, on fait une hypothèse simplificatrice : suppo-
sons que le gradient de charge soit constant le long de la transversale Oz. On peut alors le
sortir de l’intégrale et on obtient :
e
Q
= −∇h ⋅ ∫ kM ⋅ d z
L 0

On appelle tenseur de transmissivité le second membre :


e
T = ∫ kM ⋅ d z (13.17)
0

Figure 13.23. Transmissivité et perméabilité de Darcy dans un domaine de sol isotrope

599
Théorie et pratique de la géotechnique

La transmissivité dans sa définition la plus simple correspond au cas particulier où la perméa-


bilité est isotrope (figure 13.23) et constante selon l’axe Oz, le tenseur au point M se réduisant
alors à un simple coefficient k qui sort de l’intégrale :
T = k⋅e (13.18)

13.8 Limites de validité de la loi de Darcy


Si l’on a pu se permettre de généraliser la loi expérimentale de Darcy à des milieux com-
plexes et en 3D, c’est seulement que les calculs effectués au moyen de cette loi s’accordent
généralement bien avec l’observation. Il existe cependant des distorsions de cette loi quand on
a affaire à des gradients très faibles ou très forts. On est rarement confronté à ces distorsions
en pratique.

13.8.1 Gradients faibles


Les gradients faibles se rencontrent surtout dans des terrains très argileux. On présente sur la
figure 13.24 l’allure de la courbe v = f(i) dans le cas des argiles compactes (Jacquin, 1965) : la
linéarité ne s’applique qu’à partir d’un certain seuil (i > i1) et la relation est alors de la forme
v = k⋅(i – i2).

Figure 13.24. Vitesse de filtration pour de très faibles gradients


Jacquin (1965).

Pour un gradient i entre i0 et i1, la relation n’est pas linéaire. Pour i < i0, il n’y a pas
d’écoulement du tout.
Les valeurs de i0, i1 et i2 varient beaucoup selon le type d’argile, son état, sa structure et selon
la teneur de l’eau en sels minéraux.

600
Chapitre 13 – Hydraulique des sols

13.8.2 Gradients forts


Lorsqu’on augmente le gradient hydraulique dans l’expérience de Darcy, on observe qu’il n’y
a plus linéarité entre le gradient et la vitesse de filtration.
i = αv + β v 2 (13.19)

αv, pertes dues au frottement visqueux sur les parois des grains constituant la matrice.
βv2, pertes dues à l’inertie du fluide, i.e. la dissipation d’énergie dans les pores, analogue aux
pertes dans les coudes et les étranglements des tubes. Le régime turbulent apparaît : les lignes
de courant convergent et divergent très vite.
Le gradient hydraulique limite au-delà duquel la loi de Darcy n’est plus utilisable dépend
essentiellement du milieu considéré.
On peut retenir à titre d’ordre de grandeur la formule empirique de Sichardt pour le gradient
limite imax :
1
imax = (13.20)
15 k
où k est en m/s.
En pratique, la limite est rarement atteinte et l’écoulement reste laminaire dans les pores, à
l’exception de contextes particuliers comme un réseau karstique ou le voisinage immédiat
d’un ouvrage captant. Même dans ce cas, les pertes quadratiques faisant apparaître le régime
turbulent sont cantonnées à une zone restreinte autour d’un puits, là où justement on facilite
l’écoulement par un massif de graviers filtrant. On développe cet aspect dans le chapitre 16
sur les essais de pompage.

13.8.3 Régime transitoire


La loi de Darcy a été établie expérimentalement en régime permanent, i.e. l’écoulement ne
varie pas dans le temps. Avant que ce régime permanent ne s’installe, on est en régime transi-
toire : un terme supplémentaire (faisant intervenir la dérivée de la vitesse dans le temps) doit
être ajouté à la loi de Darcy. Cependant, ce terme est toujours négligeable devant les autres et
finalement on n’en tient jamais compte.
Un terme transitoire apparaît, par contre, dans les milieux à double porosité, à savoir surtout
les roches fracturées : présence d’une porosité d’interstice et d’une porosité de fissures, cha-
cune avec son propre comportement hydrodynamique. Ce terme ne doit alors pas être négligé.

13.9 Équation générale de l’écoulement en milieu saturé


On se place dans l’hypothèse où l’eau est considérée comme un fluide incompressible (voir
§ 13.2.2).

601
Théorie et pratique de la géotechnique

En combinant l’équation de continuité (équation 13.7) et en tenant compte d’une source q,


∂n
div v + = q et la loi de Darcy généralisée v = –k ∇h (équation 13.15) qui remplace les
∂t
équations de Navier-Stokes, on obtient la loi de l’écoulement en milieu saturé :
∂n
div(k∇h) = + −q (13.21)
∂t

Si les axes principaux coïncident avec les axes Oxyz et en considérant qu’il n’y a pas de
source volumique q, on peut développer l’équation 13.21 en coordonnées cartésiennes :

∂  ∂h ∂  ∂ h  ∂  ∂ h  ∂n
 k xx  +  k yy  +  k zz =
∂x  ∂ x  ∂y  ∂ y  ∂z  ∂ z  ∂t

Cette équation s’applique aux types d’écoulement suivant dans les sols saturés : écoulement
permanent ou transitoire et en milieu déformable.
Si le milieu est homogène et isotrope, k est un scalaire constant, la loi de l’écoulement est
∂n
k ∆h = + (13.22)
∂t
avec ∆h, laplacien de la charge h. C’est le cas traité au chapitre 8.
Pour un écoulement permanent, div v = 0, on a la loi de Laplace et h est harmonique
∆h = 0 (13.23)
C’est la situation supposée généralement en hydraulique souterraine. L’équation 13.23
s’exprime en coordonnées cartésiennes par :
∂2 h ∂2 h ∂2 h
+ + =0 (13.24)
∂ x2 ∂ y2 ∂ z 2

et en coordonnées cylindriques :
∂2 h 1 ∂ h 1 ∂2 h ∂2 h
+ + + =0 (13.25)
∂ r 2 r ∂ r r 2 ∂ θ2 ∂ z 2


Pour un écoulement de révolution = 0 et pour un écoulement ne dépendant pas de z ;
∂θ

= 0 , il reste seulement :
∂z
d2 h 1 d h
+ =0 (13.26)
d r2 r d r

602
Chapitre 13 – Hydraulique des sols

Cette équation est utilisée dans les essais de pompage. On peut constater que les valeurs des
charges hydrauliques, donc les surpressions interstitielles, par définition, ne dépendent pas de
la perméabilité du milieu. Ce n’est donc pas parce qu’il n’y a qu’un très faible débit qu’il ne
règne pas dans le sol des pressions interstitielles importantes, ce qui signifie simplement que k
est très faible puisque le débit dépend de k et de h.
On a vu au § 13.2.2 qu’en raison du caractère multi-échelle de l’hétérogénéité du sol,
l’écoulement ne peut être défini que par des caractéristiques moyennes. Puisque l’eau ne
circule que dans les vides (figure 13.25), la surface des vides dans la section S est nS et on
peut définir une vitesse moyenne vraie vr, évidemment supérieure à la vitesse moyenne appa-
rente v, en fonction du débit Q.
Q v
vr = =
n×S n
La vitesse apparente v (figure 13.25) de l’écoulement est donc définie par le rapport
Q
v= (13.27)
S
Elle est normale à la surface S.

Figure 13.25. Définition des vitesses vraies et apparentes

On généralise cette notion de la vitesse de l’eau dans le sol en définissant en chaque point du
sol saturé un vecteur vitesse de l’écoulement v, les lignes tangentes au vecteur v sont les
lignes de courant.
Pour une surface donnée S, dans un écoulement bidimensionnel, on définit un tube de courant
déterminé par les lignes de courant extrêmes (figure 13.26).

603
Théorie et pratique de la géotechnique

Figure 13.26. Lignes de courant

On rappelle que les surfaces équipotentielles sont définies par h = cte. Le vecteur gradient est
donc orthogonal aux surfaces équipotentielles. Pour un milieu homogène et isotrope, les vec-
teurs vitesses et gradients sont colinéaires, donc les lignes de courant sont orthogonales aux
surfaces équipotentielles. Ce n’est pas le cas pour des milieux anisotropes (voir § 13.10.2 et
13.11.4).

13.10 Étude des réseaux d’écoulement :


cas unidimensionnel

13.10.1 Sol homogène


Dans le cas d’un tube de section S rempli d’un sol homogène de perméabilité k, dont l’axe est
disposé selon Ox, on a un écoulement suivant Ox. Considérons un segment MN de longueur
L. Le gradient hydraulique, constant, vaut : i = (hA – hB)/L = (hM – hN)/L (figure 13.27).

Figure 13.27. Écoulement unidimensionnel

604
Chapitre 13 – Hydraulique des sols

Les lignes de courant sont parallèles au tube, les surfaces équipotentielles sont orthogonales à
l’axe du tube. La variation de la charge en fonction de x est, selon l’équation 13.24 :
∂2 h
=0
∂ x2

En intégrant, on obtient h(x) = ax + b, qui décroît linéairement de M à N :

h ( x ) = hM −
( hM − hN ) x
L
La vitesse d’écoulement est constante, égale à : v = k⋅i. La section du tube étant orthogonale à
l’axe x, le débit est égal à Q = v⋅S.

13.10.2 Multicouche
Le cas général est celui du terrain multicouche. On distingue les écoulements horizontaux des
écoulements verticaux.

13.10.2.1 Écoulement vertical


On a un écoulement vertical à travers un multicouche composé de n couches de sol
d’épaisseur hi et de perméabilité ki. On détermine le coefficient de perméabilité vertical équi-
valent kv pour une couche de sol dont l’épaisseur H est égale à la somme des épaisseurs hi de
toutes les couches (figure 13.28).

Figure 13.28. Écoulement vertical à travers un multicouche horizontal

La perte de charge totale δH est égale à la somme des pertes de charge δhi dans chaque
couche. Les variations des charges δhi à l’intérieur de chaque couche sont linéaires.
Par application du principe de continuité de l’écoulement, le débit est constant à travers
chaque interface, donc la vitesse est identique dans toutes les couches.

605
Théorie et pratique de la géotechnique

On peut donc écrire, en appliquant la loi de Darcy :


δ h1 δh
v = k1 = ki i
h1 hi
D’où :
δH = v Σ
hi H
=v
ki kv

H
kv = n
(13.28)
h
∑1 kii
L’écoulement vertical à travers le multicouche est équivalent à un écoulement vertical dans un
massif homogène de coefficient équivalent kv.
On remarque que pour des couches d’épaisseur à peu près égales, c’est la couche la plus im-
perméable qui conditionne la valeur de kv. L’essentiel de la perte de charge y sera aussi con-
centré. Prenons l’exemple d’un tricouche composé du haut vers le bas de 5 m d’argile, avec
une perméabilité k = 10–10 m/s, de 1 m de sable avec une perméabilité k = 10–5 m/s et de 4 m
d’argile avec une perméabilité k = 10–10 m/s. La perméabilité kv est égale à 1,1 × 10–10 m/s
≅ 10–10 m/s. C’est le cas, par exemple, pour les batardeaux, où à l’amont on a une couche de
sol grenu (gravier, sable) surmontant une couche de sol fin (limon, argile). Il n’y a pas de
perte de charge dans la couche de sol grenu, toute la perte de charge est concentrée dans la
couche de sol fin.

13.10.2.2 Écoulement horizontal


On a un écoulement horizontal à travers un multicouche composé de n couches de sol
d’épaisseurs hi et de perméabilités ki. On détermine le coefficient de perméabilité horizontal
équivalent kh pour une couche de sol homogène d’épaisseur égale à la somme des couches
(figure 13.29).
Les lignes de courant sont horizontales. Entre deux équipotentielles verticales, la perte de
charge δh est constante donc le gradient hydraulique est le même pour toutes les couches. On
écrit que le débit total est la somme des débits dans chaque couche et on applique la loi de
Darcy.
Q = Σ qi = Σ vi hi ⋅1 = Σ ki ⋅ i ⋅ hi ⋅1 = kh ⋅ i ⋅ H ⋅1
n

∑k i hi
kh = 1
(13.29)
H
L’écoulement horizontal à travers le multicouche est équivalent à un écoulement horizontal
dans un massif homogène de coefficient de perméabilité équivalent kh. On remarque que c’est
la couche la plus perméable qui influence le plus la perméabilité kh. Reprenons l’exemple du
tricouche ci-dessus. Sa perméabilité kh est égale à 10–6 m/s.

606
Chapitre 13 – Hydraulique des sols

Figure 13.29. Écoulement horizontal à travers un multicouche horizontal

Ceci montre la difficulté d’avoir une valeur fiable de la perméabilité dans les vallées où les
dépôts de sédiments entrecroisés comportent des sols fins (argile, limon) avec des passages de
sols grossiers beaucoup plus perméables (sable et gravier).
Si l’on considère ce multicouche comme un terrain unique anisotrope, de perméabilité hori-
zontale kh et verticale kv, la loi de Darcy s’écrit en supposant que les directions horizontale et
verticale sont principales :
∂h
vx = − k h
∂x
∂h
v y = − kh
∂y
∂h
vz = − k v
∂z

Les vecteurs vitesses et gradients ne sont plus colinéaires, les lignes de courant ne sont plus
perpendiculaires aux surfaces équipotentielles.
On a vu que kh est supérieur à kv, on montre que c’est toujours le cas. Dans les terrains strati-
fiés, la perméabilité est plus grande dans le sens de la stratification que perpendiculairement.

13.11 Étude des réseaux d’écoulement : cas bidimensionnel


C’est le cas très courant des ouvrages ayant une grande dimension orthogonalement à la direc-
tion de l’écoulement et homogènes suivant cette dimension (digues, tranchées, parois, rideaux
de palplanches...). Dans ce cas, on cherche à résoudre l’équation de Laplace (13.24)
∂2 h ∂2 h
+ =0
∂ x2 ∂ z 2

en fonction des conditions aux limites du problème.

607
Théorie et pratique de la géotechnique

13.11.1 Conditions aux limites


On examine les différentes conditions aux limites sur les exemples de l’écoulement à travers
des ouvrages géotechniques, une digue (figure 13.30), un batardeau (figure 13.31) et une
fouille double soutenue par deux écrans parallèles (figure 13.32). On trouve dans le cha-
pitre 16 d’autres exemples en hydrogéologie.
Les batardeaux et les écrans ont un rôle d’étanchéité et de soutènement. Pour les batardeaux,
en rivière, en mer, le niveau de la nappe reste au-dessus du terrain naturel. Pour les fouilles, la
nappe avant excavation se trouve en dessous du terrain naturel ; pendant l’excavation et le
pompage, la nappe est rabattue et constitue une surface libre inconnue a priori.

Figure 13.30. Écoulement dans une digue


D’après Rat et Josseaume (1968).

13.11.1.1 Condition de Neumann, flux imposé


Le long des couches imperméables, étant donné qu’il n’y a pas de débit à travers ces couches,
le flux est nul, ce qui se traduit par la condition de Neumann :
∂h
=0
∂n
avec n la direction normale à la surface imperméable.

Figure 13.31. Écoulement dans un batardeau

608
Chapitre 13 – Hydraulique des sols

On a donc des lignes de courant AE le long du substratum imperméable sous le corps de la


digue (voir figure 13.30), des lignes de courant MN le long du substratum imperméable du
batardeau (voir figure 13.31) et de la fouille (voir figure 13.32). C’est aussi le cas des lignes
de courant le long de l’écran considéré étanche pour le batardeau et la fouille. Enfin, par rai-
son de symétrie, les lignes de courant sont verticales dans l’axe de symétrie du batardeau et de
la fouille.

Figure 13.32. Écoulement dans une fouille

13.11.1.2 Condition de Dirichlet, potentiel imposé


Les surfaces filtrantes submergées sont orthogonales aux lignes de courant, la charge h est
constante, ce qui se traduit par la condition de Dirichlet. Ce sont donc des équipotentielles.
C’est le cas pour le parement amont de la digue pour l’équipotentielle h = H1, pour la surface
du terrain submergé du batardeau (équipotentielles passant par B et D) et pour le fond EF.
Dans le cas du batardeau, l’écoulement est parfaitement défini par les deux équipotentielles
précédemment définies et par les deux lignes de courant tangentes au substratum imperméable
MN et aux écrans étanches ABF et CDE (voir figure 13.31). Ce type d’écoulement est nom-
mé écoulement confiné.
Ce n’est pas le cas pour les surfaces initiales passant par B et D pour la fouille, puisqu’il y a
rabattement ; par contre, le fond de fouille EF est une équipotentielle. Dans le cas de la digue
et de la fouille, la ligne de courant qui définit la surface libre n’est pas prédéterminée. Ce type
d’écoulement est appelé non confiné.

13.11.1.3 Condition de surface libre et de suintement


On détermine la position de la surface libre par le calcul. La surface libre s’établit en respec-
tant les équations de l’écoulement. Le flux d’eau est nul à travers la surface libre, on a donc
∂h
une première condition : = 0.
∂n

609
Théorie et pratique de la géotechnique

Par ailleurs, sur la surface libre, la pression interstitielle est à la pression atmosphérique, qu’on
prend comme pression de référence, donc u = 0. On a donc comme seconde condition : h = z.
Dans le cas de la digue, les lignes de courant qui arrivent au-dessus de la nappe aval passant
par D produisent un suintement entre C et D. La surface de suintement n’est ni une surface
équipotentielle ni une surface de courant. L’eau sort à la pression atmosphérique : la pression
interstitielle est donc également nulle et on a : h = z.
Connaissant les conditions aux limites, on peut déterminer les réseaux d’écoulement par diffé-
rentes méthodes.
On débute par le cas assez simple du batardeau, en exposant d’abord la méthode graphique
qui permet de comprendre la structure des réseaux d’écoulement avant de passer à la résolu-
tion de l’équation de Laplace par les méthodes numériques dans un cadre plus général qu’on
applique également au réseau d’écoulement dans une fouille.
Dans des cas simples et pour un batardeau, on peut utiliser des méthodes analytiques (Man-
del) qui fournissent les pertes de charge le long de l’écran ou des abaques expérimentaux
(Davidenkoff) qui donnent à la fois les pertes de charge le long de l’écran et les débits.

13.11.2 Méthode graphique de tracé du réseau d’écoulement :


cas du batardeau
Soit le réseau d’écoulement à tracer pour le batardeau de la figure 13.18 dont on n’étudie que
la moitié par raison de symétrie. Le massif de sol a une épaisseur de 20 m et une longueur de
100 m, l’écran a une hauteur totale de 20 m et une fiche de 10 m. On détermine d’abord les
conditions aux limites : équipotentielles et lignes de courant (figure 13.33). Les équipoten-
tielles connues sont, en prenant l’origine du plan de référence à la base du terrain, pour DE,
h = 30 m et pour FG, h = 20 m. Les lignes de courant connues sont la ligne de courant le long
du substratum imperméable MN, la ligne de courant verticale NP, suivant l’axe de symétrie
du batardeau et la ligne de courant ABC, qui suit l’écran considéré comme étanche par rap-
port à la perméabilité du sol. Ensuite, on trace le réseau de telle sorte qu’il y ait le même débit
dans chacun des tubes de courant et qu’il y ait toujours la même perte de charge entre deux
équipotentielles consécutives.
Soit le rectangle curviligne ABCD (figure 13.33) délimité par deux équipotentielles et deux
lignes de courant. Avec AB = a, la surface traversée par l’eau à l’entrée dans ABCD est donc
S = a × 1 m pour chaque unité de longueur d’écran (sur l’axe y orthogonal à la coupe) et on
note b, la distance moyenne entre les deux équipotentielles (AB + CD)/2. Le gradient i est
δh
− , avec δh perte de charge entre les deux équipotentielles AB et CD.
b
Le débit, pour ce tube de courant limité par les deux lignes de courant AD et BC, qui traverse
la surface S est : δq = v⋅S = k⋅i⋅S. On a donc :
δh a
δq = k a = k ×δh (13.30)
b b

610
Chapitre 13 – Hydraulique des sols

Si on garde constants, pour tout le réseau d’écoulement :


• δq, le débit par tube de courant ;
• δh, la perte de charge constante entre deux équipotentielles ;
alors a/b est constant, quel que soit le rectangle curviligne du réseau d’écoulement.
On peut choisir a = b tel que l’on ait des carrés. On peut alors construire un premier réseau
d’écoulement grossier (figure 13.34) en traçant deux familles de courbes orthogonales qui
respectent les conditions aux limites avec un nombre restreint d’équipotentielles et de lignes
de courant en dessinant des carrés curvilignes.

Figure 13.33. Conditions aux limites pour le tracé de l’écoulement


autour d’un batardeau

Figure 13.34. Tracé préliminaire du réseau d’écoulement

On peut ensuite affiner le tracé du réseau pour obtenir un nombre suffisant d’équipotentielles
et de lignes de courant. Dans le cas traité, simple puisque symétrique, on a dessiné onze équi-
potentielles en comptant les deux équipotentielles connues DE et FG (figure 13.35). La perte
de charge totale δh étant de 10 m, on a une perte de charge entre chaque équipotentielle de
1 m. Le débit par tube de courant est donc, d’après l’équation 13.30, de δq = k⋅1⋅1 m (avec a/b
≅ 1), le débit total pour les cinq tubes de courant est donc de Q = 5⋅1⋅k par mètre d’écran. Si k
= 10–7 m/s, on a alors par mètre d’écran, Q = 5⋅10–7 m3/s et le double 10–6 m3/s pour
l’ensemble du batardeau.

611
Théorie et pratique de la géotechnique

Figure 13.35. Tracé définitif du réseau d’écoulement

13.11.3 Méthode numérique du tracé du réseau d’écoulement :


cas du batardeau
On présente la méthode de résolution numérique de l’équation de Laplace par la méthode des
éléments finis développé ici sous Plaxis dans le cas bidimensionnel.
Elle est appliquée à l’écoulement du batardeau de la figure 13.33. Le maillage a été réalisé
avec des éléments triangulaires à six nœuds qui fournissent pour chaque triangle aux trois
points d’intégration des contraintes la valeur de la charge h(x, z) et de la pression interstitielle
u(x, z). Ainsi, on peut connaître h et u en un très grand nombre de points, dans tout le massif
de sol. Le logiciel fournit des sorties graphiques représentant le champ de vitesse
d’écoulement, le tracé des équipotentielles, la répartition des pressions interstitielles, en parti-
culier le long de l’écran, et calcule le débit pour un écran sur 1 m linéaire d’écran selon l’axe
Oy, perpendiculaire au plan de calcul (Oz = Oy pour le logiciel).
La résolution numérique de l’équation de Laplace nécessite, comme pour la méthode gra-
phique, de fixer les conditions aux limites en déclarant imperméable, pour cet exemple, les
frontières gauche et droite, le substratum, ainsi que l’écran. Les équipotentielles sont DE
(h = 30 m) et FG (h = 20 m). Les sorties graphiques indiquent la répartition des vecteurs vi-
tesses de l’eau dans le sol, les équipotentielles avec une perte de charge constante de 1 m
(figure 13.36), le résultat du calcul du débit est Q = 5⋅10–7 m3/s par mètre d’écran.

Figure 13.36. Tracé des équipotentielles

612
Chapitre 13 – Hydraulique des sols

Enfin, la figure 13.37 donne la répartition des pressions interstitielles dans la partie de l’écran
qui est dans le sol (fiche AB). La pression interstitielle au pied de l’écran (point B de la fi-
gure 13.33) vaut 150 kPa. On constate que la répartition de la pression interstitielle est prati-
quement linéaire, on verra que c’est conforme à la solution de Mandel (voir § 13.11.5).

Figure 13.37. Diagramme des pressions interstitielles le long de l’écran


dans le terrain (fiche)

13.11.4 Méthode numérique de tracé du réseau d’écoulement pour une fouille


blindée dans un monocouche
On n’est plus dans le cas du batardeau, mais dans le cas d’une fouille blindée. Ici, on utilise
directement la méthode des éléments finis. Les résultats du calcul permettent de connaître le
débit, mais aussi la surface libre, c’est-à-dire la hauteur du rabattement, ce qui est essentiel
pour tracer le diagramme des pressions interstitielles, en particulier le long de l’écran. Le
rabattement dans la fouille dépend évidemment de la distance de l’alimentation de
l’écoulement et de l’anisotropie du massif de sol. Si la distance d’alimentation n’est pas trop
éloignée de la fouille, on prend cette distance dans les calculs. Si l’alimentation est à grande
distance, on peut, pour un premier calcul, limiter la distance d’alimentation par la formule de
Sichardt L = 3000 k δh , avec L et δh en m et k en m/s.

Les conditions aux limites sont les mêmes que pour le batardeau, sauf pour la frontière gauche
qui est une équipotentielle h = 30 m. Pour ce calcul d’un écoulement non confiné, le logiciel
fait une série de calculs itératifs pour déterminer la surface libre. On présente deux exemples
de calcul d’écoulement pour une fouille blindée, pour une perméabilité isotrope et une per-
méabilité orthotrope. La hauteur initiale du massif de sol est de 30 m (figure 13.38). Au dé-
part, la nappe est affleurante, l’alimentation sur toute la hauteur est située à 50 m. On terrasse

613
Théorie et pratique de la géotechnique

de 10 m en pompant pour rabattre la nappe. Le premier calcul est réalisé pour un sol isotrope
kh = kv = 10–7 m/s, le second pour un sol orthotrope tel que kh = 10 kv.

Figure 13.38. Étude de l’écoulement pour une fouille blindée

Pour le premier calcul, concernant la perméabilité isotrope, la figure 13.39 indique le rabatte-
ment. Le résultat du calcul du débit est Q = 3,2⋅10–7 m3/s/m.

Figure 13.39. Rabattement dans le cas d’une fouille blindée,


perméabilité isotrope

La figure 13.40 donne les équipotentielles.

Figure 13.40. Tracé des équipotentielles dans le cas d’une fouille blindée,
perméabilité isotrope

La figure 13.41 montre la répartition des pressions interstitielles le long de l’écran, à l’amont
et à l’aval.

614
Chapitre 13 – Hydraulique des sols

Figure 13.41. Diagramme des pressions interstitielles le long de l’écran dans le terrain
dans le cas d’une fouille blindée, perméabilité isotrope
Pression maxi = 130 kPa.

La seconde série de calculs avec une perméabilité horizontale dix fois plus forte que la per-
méabilité verticale montre des différences très importantes avec le cas précédent. La
figure 13.42 indique un rabattement beaucoup plus faible que dans le cas isotrope. Le débit
Q = 15,6⋅10–7 m3/s/m est cinq fois supérieur.

Figure 13.42. Rabattement dans le cas d’une fouille blindée,


perméabilité anisotrope

La figure 13.43 donne le tracé des équipotentielles qui ne sont plus orthogonales aux lignes de
courant quand la perméabilité n’est plus isotrope.

Figure 13.43. Tracé des équipotentielles dans le cas d’une fouille blindée,
perméabilité anisotrope

615
Théorie et pratique de la géotechnique

La figure 13.44 indique la répartition des pressions interstitielles à l’amont et à l’aval de


l’écran. La pression à la base de l’écran est de 156 kPa et, le rabattement étant faible, le dia-
gramme de pression débute presque au sommet de l’écran, ce qui n’est pas le cas pour le
massif de sol ayant une perméabilité isotrope.

Figure 13.44. Diagramme des pressions interstitielles le long de l’écran


dans le terrain, perméabilité anisotrope
Second exemple. Pression maxi = 156 kPa.

En conclusion, il est nécessaire de distinguer le cas de l’alimentation verticale pour les batar-
deaux où le terrain, surface de filtration, est une équipotentielle (situation de projet de type I
ou « réservoir » de la norme Écrans NF P 94-282), du cas de l’alimentation horizontale pour
les fouilles blindées où la surface initiale de la nappe n’est pas une équipotentielle et nécessite
la recherche de la surface libre de rabattement (situation de projet de type II de la norme
Écrans NF P 94-282). Si, dans certains cas simples de batardeau, on peut utiliser des mé-
thodes simplifiées ou des abaques qui sont développés plus loin, dans le cas des fouilles il est
conseillé d’utiliser des logiciels de calcul qui donnent des résultats complets. On veille à
prendre des valeurs réalistes et prudentes pour les perméabilités horizontales et verticales. En
particulier, il faut être très prudent sur les valeurs théoriques de rabattement obtenues en pre-
nant des perméabilités isotropes ; la norme Écrans NF P 94-282 indique d’ailleurs « qu’il
convient de ne pas tenir compte, lorsqu’il est incertain, de l’effet d’un rabattement sur les
positions des surfaces de l’eau libre… ».

13.11.5 Écoulement de l’eau dans un batardeau le long d’un écran


dans une couche de sol infinie. Solution de Mandel
Mandel (1951) a donné une solution analytique du calcul de la perte de charge aval δh2 con-
naissant la perte de charge totale δh le long de l’écran (figure 13.45). On désigne par δh la
perte de charge totale entre B et E, par δh2 la perte de charge aval entre D et E, et δh1 la perte
de charge amont entre B et C. On a évidemment δh = δh1 + δh2.

616
Chapitre 13 – Hydraulique des sols

Figure 13.45. Écoulement sous un écran dans un sol infini

On désigne par ρ le rapport de la perte de charge aval sur la perte de charge totale :
δ h2
ρ= .
δh

La valeur exacte pour ρ donnée par Mandel est :


d2
tan ( πρ ) − πρ = π (13.31)
δh
Il propose une solution explicite très proche de la valeur exacte
0,81
ρ = 0,095 + (13.32)
δh
1 + 1+
d2

On remarque que l’approximation du gradient uniforme, c’est-à-dire des pertes de charge


réparties uniformément dans le sol le long de l’écran, si elle est simple, est fausse et sous-
estime largement la perte de charge à l’aval de l’écran surtout pour des valeurs de δh/(d1 + d2)
supérieures à 1.
Par contre, on accepte généralement l’hypothèse des gradients uniformes séparément à
l’amont et à l’aval, calculés à partir de la formule de Mandel, sans grande erreur, comme on a
pu le constater dans les exemples de calcul des § 13.11.3 et 13.11.4.
On présente une application de la détermination des pertes de charges dues à l’écoulement
dans un massif de sol dans le calcul de la stabilité d’un écran au chapitre 17 (§ 17.2).

13.11.6 Écoulement dans un batardeau le long d’un écran dans une couche
de sol limitée par un substratum imperméable. Solution de Mandel
Mandel (1951) a également donné une solution analytique pour une couche de sol limitée par
un substratum imperméable (figure 13.46).

617
Théorie et pratique de la géotechnique

Mandel a fourni une solution explicite très proche de la valeur exacte en fonction de ρ1
1 8 1 
− ρ = 2  − ρ1  (13.33)
2 π 2 

Figure 13.46. Écoulement sous un écran de batardeau


dans un sol limité par un substratum imperméable

Avec ρ1 égal à :
 T T22 
ln  2 + −1 
 T1 − d1 (T1 − d1 ) 
2

ρ1 =   (13.34)
 T T12   T T22 
ln  1 + − 1  + ln  2 + −1 
 T1 − d1 (T1 − d1 )   T1 − d1 (T1 − d1 ) 
2 2
   

T1 T2
Pour et élevés, on tend vers :
T1 − d1 T1 − d1
 8 T2 
ln  
ρ=  π (T1 − d1 )  (13.35)
 8 T1   8 T2 
ln   + ln  
 π (T1 − d1 )   π (T1 − d1 ) 

13.11.7 Abaques de Davidenkoff pour un batardeau


Davidenkoff, à partir d’un grand nombre d’essais en modèles réduits, a établi des abaques qui
permettent d’obtenir directement, sans construire le réseau d’écoulement, la perte de charge et
le débit pour un batardeau ou une fouille à l’amont de laquelle on a une couche de sol grenu
très perméable (gravier, sable) surmontant une couche de sol fin (limon, argile) peu per-
méable. Ces abaques s’appliquent à des cas bidimensionnels et tridimensionnels. La fi-
gure 13.47 décrit les différents arguments nécessaires à l’utilisation de l’abaque de la fi-
gure 13.48.

618
Chapitre 13 – Hydraulique des sols

Figure 13.47. Définition des paramètres des abaques de Davidenkoff

La valeur de ϕ1 (figure 13.48) est donnée par la courbe T2/b = 0 en fonction de d1/T1. La va-
leur de ϕ2 est donnée par les autres courbes T2/b en fonction de d2/T2.
δ h2
Le rapport de perte de charge aval sur perte de charge totale ρ = et le débit pour plu-
δh
sieurs types d’enceinte sont donnés dans le tableau 13.3.

Tableau 13.3. Détermination des pertes de charge et des débits


pour différents types d’enceintes

Ouvrage ρ Débit Q

Écrans parallèles δ h2 ϕ2 δh
ρ= = Q/m=k pour 1 écran
distants de 2b δ h ϕ1 + ϕ2 ϕ1 + ϕ2

Enceinte fermée ϕ2 δh
ρ = 1,3 Q = 0,8 k 2π b
circulaire de rayon b ϕ1 + ϕ2 ϕ1 + ϕ2

ϕ2
ρ = 1,3 (côté)
Enceinte carré ϕ1 + ϕ2 δh
Q = 0,7 k 8b
de côté 2b ϕ2 ϕ1 + ϕ2
ρ = 1,7 (coin)
ϕ1 + ϕ2

Enceinte rectangulaire 2 k δ h  2b   2b 
Q= 1 +  1 − 0,3 
de côtés 2b et L ϕ1 + ϕ2  L  L 

619
Théorie et pratique de la géotechnique

kv
Dans le cas d’un milieu poreux orthotrope, on remplace la valeur de b par b' = b et k par kh.
kh

Figure 13.48. Abaques de Davidenkoff

13.12 Rupture du fond de fouille d’origine hydraulique


Pour un écran soutenant des terrains sous nappes, il est indispensable de vérifier qu’il n’y aura
pas de rupture du fond de fouille suivant les modes de rupture suivant. Nous reprenons ici les
définitions de la norme NF P 94-282 :
– rupture par soulèvement hydraulique global du terrain, notée UPL (uplift) ;
– rupture par soulèvement hydraulique des particules du sol, notée HYD ;
– rupture par érosion régressive ;
– rupture par érosion régressive, « renard hydraulique ».

620
Chapitre 13 – Hydraulique des sols

Les deux premiers types de rupture sont calculables, mais les ruptures par érosion interne et
régressive sont encore mal connues et font l’objet d’un projet national français Erinoh (Éro-
sion interne dans les ouvrages hydrauliques).

13.12.1 Soulèvement hydraulique global du terrain


Ce mode de rupture se produit lorsque la sous-pression d’eau sous un fond étanche naturel ou
artificiel est supérieure à la contrainte verticale totale des terrains et des structures sus-jacents.
Le niveau étanche peut être constitué, naturellement, d’une couche imperméable (argile, par
exemple) surmontée d’une couche perméable (sable et gravier, par exemple), mais il peut
aussi s’agir d’un radier injecté nécessaire à la réduction du débit d’exhaure dans la fouille.
La figure 13.49 en donne un exemple. La craie pour cet ouvrage ayant une forte perméabilité
de fissures de l’ordre de 10–3 m/s, pour réduire le débit d’exhaure en phase de chantier, un
radier injecté a été réalisé pour abaisser la perméabilité à environ de 10–6 m/s. La sous-
pression d’eau à la base du radier est de 250 kPa et on lui applique un coefficient de sécurité
de 1, la contrainte totale de la craie fissurée et du radier de craie injectée est égale à 277 kPa, à
laquelle on applique un petit coefficient de sécurité de 0,9, ce qui équilibre tout juste les
250 kPa de sous-pression.
Le paramètre fondamental dans la vérification de ce mode de rupture est évidemment la
bonne connaissance du niveau amont de la nappe et non pas le coefficient de sécurité.

Figure 13.49. Vérification du soulèvement hydraulique en fond de fouille

13.12.2 Forces hydrodynamiques exercées par l’écoulement de l’eau


sur les grains, boulance
Les pertes de charge étant dues à un frottement visqueux entre l’eau et les grains,
l’écoulement de l’eau entraîne, comme on l’a vu, des forces volumiques sur les grains, diri-

621
Théorie et pratique de la géotechnique

gées dans le sens de l’écoulement. Par exemple, à l’aval de la fouille de l’écran de la fi-
gure 13.50, les grains de sol sont soumis à un gradient ascendant qui risque, en diminuant les
contraintes effectives, d’annuler les contraintes de cisaillement et d’amener le sol dans un état
de boulance. Le gradient critique qui amène à cet état de rupture a été établi par Terzaghi.

Figure 13.50. Répartition des forces volumiques sur un élément de sol


soumis à un écoulement

On peut en faire la démonstration en faisant intervenir :


Équations d’équilibre : div t + F = 0
Postulat de Terzaghi : σ = σ′ + u
τ = τ′
u
Équation de la charge h ( x, z ) = +z
γw
σ = σ′ + γw (h – z)
τ = τ′
Les équations d’équilibre s’expriment en contraintes totales :
∂σ x ∂τ
+ =0
∂x ∂z
∂τ ∂σ z
+ +γ =0
∂x ∂z
∂σ' x ∂h ∂τ'
+ γw + =0 (13.36)
∂x ∂x ∂z
∂τ' ∂σ' z ∂h
+ + γw + γ − γw = 0 (13.37)
∂x ∂z ∂z
Les deux équations 13.36 et 13.37 montrent qu’un élément de sol dV (figure 13.50) est soumis
aux forces verticales volumiques de pesanteur orientées vers le bas γ⋅dV, aux forces verticales

622
Chapitre 13 – Hydraulique des sols

volumiques d’Archimède orientées vers le haut γw⋅dV et à des forces hydrodynamiques, qui
sont également des forces volumiques de composantes :
 ∂h
 γ w ∂x
γ w ∇h  (13.38)
γ w ∂h
 ∂z
Dans le cas particulier d’un écoulement unidimensionnel ou pour des lignes de courant verti-
cales, par exemple le long des écrans étanches des batardeaux et des fouilles blindées (fi-
gures 13.31 et 13.32), on peut additionner ou soustraire directement la force hydrodynamique
verticale descendante ou verticale ascendante. Si l’écoulement est vertical descendant, les
forces hydrodynamiques s’additionnent à (γ + γw) dV et la contrainte effective dans le sol en
écoulement est supérieure à celle qu’elle serait dans le sol dans une nappe hydrostatique. Par
contre, si l’écoulement est vertical ascendant, les forces hydrodynamiques se retranchent à
(γ – γw) dV et la contrainte effective σ′ dans le sol en écoulement est inférieure à celle qu’elle
serait dans le sol dans une nappe hydrostatique ; elle peut même s’annuler si le gradient est
trop important. Dans ce cas, un sol grenu n’a plus de résistance au cisaillement puisque
τ = σ′ tan ϕ′, les grains flottent, c’est le phénomène de boulance.
Ces résultats supposent que les conditions et les paramètres hydrauliques des sols soient bien
connus, ce qui est rarement le cas. Généralement, on met un dispositif de pompage pour ré-
duire les écoulements ascendants et éviter la rupture par boulance.

13.12.3 Érosion interne et régressive


L’érosion interne est l’entraînement des particules d’un sol sous l’action de l’écoulement qui
le traverse. Elle se développe si deux conditions nécessaires sont réunies : l’arrachement et le
transport. Le gradient critique qui provoque l’érosion interne varie suivant les types de terrain.
Il ne faut pas le confondre avec le gradient critique de Terzaghi ; en général, il lui est inférieur.
La suffusion se développe au sein d’un volume de sol et à l’interface de deux terrains où la
condition d’autofiltration n’est pas assurée. L’écoulement emporte les particules les plus
petites entre les particules les plus grosses. Deux types de suffusion se distinguent :
– la suffusion interne ou suffusion volumique, qui se développe au sein d’une masse de sol
dont la granulométrie n’assure pas l’autofiltration ;
– la suffusion externe ou suffusion de contact, qui se développe à l’interface d’un matériau
grossier et d’un matériau fin, sous l’action d’un écoulement parallèle à l’interface.
L’érosion interne est la première cause de rupture et d’incidents de digues et de barrages en
France.
L’érosion régressive ou « renard hydraulique » (ou piping pour les Anglo-saxons) concerne
tout phénomène d’érosion qui produit un vide en un point aval et qui se poursuit en progres-
sant vers l’amont.

623
Théorie et pratique de la géotechnique

L’érosion régressive peut se produire en présence de passages ouverts très perméables (fo-
rages non rebouchés, fissures dans une couche de terrain, karsts, le long de conduites, terriers
d’animaux fouisseurs).

13.13 Hydraulique des sols non saturés


On présente les équations régissant le transfert d’eau dans un sol non saturé et quelques mé-
thodes de détermination de la perméabilité à l’eau et à l’air. Dans le cas d’un sol non saturé, la
charge hydraulique est définie par
−s
h= +z (13.39)
γw
où s est la succion, z la côte et γw le poids volumique de l’eau pris en général égal à
10 kN/m3).
On généralise la loi de Darcy avec
v = −k (θ)∇h (13.40)

où v est le vecteur de la vitesse d’écoulement et k le coefficient de perméabilité fonction de la


teneur en eau volumique θ. On rappelle que dans la loi de Darcy appliquée aux sols saturés, k
est une constante.
L’équation de continuité s’écrit
∂θ
div v = − (13.41)
∂t
Cette condition signifie que, physiquement, la variation de la quantité d’eau contenue dans un
élément unitaire de sol non saturé est égale à la variation de la teneur en eau. On rappelle pour
comparaison que, pour les sols saturés, on a div v = 0 : le volume entrant est égal au volume
sortant.
En reportant l’équation (13.40) dans (13.41) et après quelques transformations, on a

∂θ  ∂h  ∂k ( θ )
= div  −k ( θ ) ∇θ  + (13.42)
∂t  ∂θ  ∂z
Cette équation, appelée équation de Richards, est non linéaire. Elle décrit la variation de la
teneur en eau dans le sol. On définit la diffusivité D(θ) par
∂h
D (θ) = k ( θ ) (13.43)
∂θ
∂h
On observe qu’elle est égale au coefficient de perméabilité multiplié par . Ce dernier n’est
∂θ
autre que la pente de la courbe de rétention d’eau en terme de teneur en eau volumique.

624
Chapitre 13 – Hydraulique des sols

On a finalement l’équation de Richards sous la forme courante suivante :


∂θ ∂k ( θ )
= div  − D ( θ ) ∇θ  + (13.44)
∂t ∂z
Afin d’appliquer l’équation de Richards pour décrire le transfert d’eau dans le sol, il est im-
portant de déterminer le coefficient de perméabilité k(θ) ou la diffusivité D(θ) par des tech-
niques expérimentales qui seront décrites dans le chapitre 16.
La figure 13.51 présente les perméabilités relatives obtenues par Daniel (1982) pour six sols
de différente nature. On note que, conventionnellement, on parle de la perméabilité relative kr.
Pour l’eau, krw est égale à la perméabilité à l’eau rapportée à celle à l’état saturé et de même
kra pour l’air. On voit clairement que le sol est d’autant plus perméable à l’eau que son degré
de saturation est élevé : à l’état saturé, on trouve la perméabilité maximale qui est la perméa-
bilité saturée ksat. La figure 13.51 donne également l’ordre de grandeur des coefficients de
perméabilité des sols. Par exemple, pour une argile, ksat est de l’ordre de 10–10 m/s et à
Sr = 50 %, krw est égal à 10–3 environ ; on a donc un coefficient de perméabilité k = 10–13 m/s.

Figure 13.51. Variation de la perméabilité à l’eau en fonction du degré de saturation


pour différents sols
D’après Daniel (1982).

Comme la détermination de la perméabilité à l’eau, les essais de la perméabilité à l’air seront


présentés dans le chapitre 16.

625
Théorie et pratique de la géotechnique

 p (t ) 
Yoshimi et Osterberg (1963) ont montré que la variation de ln   est proportionnelle
 p ( 0 ) 
avec le temps, p(t) et p(0) étant la pression à l’instant t et la pression à l’instant t = 0, respecti-
vement.
Ils ont démontré aussi que la perméabilité intrinsèque à l’air est donnée par
 p (t ) 
log  
Ka = −
2,3Vhµ a  p ( 0)  (13.45)
t  p (0) 
S  pa + 
 4 

avec V, volume du réservoir ; h, épaisseur de l’échantillon ; S, section de l’échantillon ; µa,


1,83 × 10–5 Pa⋅s, viscosité dynamique de l’air ; pa, pression atmosphérique.

Figure 13.52. Variation de la perméabilité à l’air en fonction de l’indice des vides d’air

Les résultats obtenus par Delage et al. (1998) sur le limon de Jossigny ont montré que la per-
méabilité à l’air est fonction seulement de l’indice des vides d’air défini par e(1 – Sr). Delage
et al. (2000) ont confirmé cette observation sur le même sol. Effectivement, en travaillant sur
des échantillons compactés à différentes teneurs en eau, donc de différentes microstructures
(Delage et al., 1996), on obtient une bonne relation quasi linéaire entre log(kra) et log[e(1 – Sr)]
(figure 13.52), ce qui signifie que la perméabilité à l’air obéit à une loi de puissance :

626
Chapitre 13 – Hydraulique des sols

K ra = a  e (1 − Sr ) 
n
(13.46)

où Kra = kraµ a est la perméabilité intrinsèque, exprimé en m2, a et n sont des paramètres. Pour
le limon de Jossigny, a = 2,4 × 10–10 (m2), n = 1,823.
Sur la figure 13.53 sont présentées les variations de kra (air) et krw (eau) en fonction du degré
de saturation pour un sable non saturé. On observe que :
– avec l’augmentation de Sr, la perméabilité à l’eau augmente, alors que la perméabilité à l’air
diminue, ce qui est à relier à l’augmentation de la continuité pour l’eau ou la diminution de la
continuité à l’air quand le degré de saturation augmente ;
– quand Sr est supérieur à 75 %, la perméabilité à l’air devient égale à zéro, montrant la dis-
continuité totale pour l’air ;
– quand Sr tombe en dessous de 25 %, c’est la perméabilité à l’eau qui devient égale à zéro,
montrant la discontinuité pour l’eau.

Figure 13.53. Perméabilités relatives d’un sable non saturé


Vachaud et al. (1974).

En conclusion, on peut distinguer trois phases en terme de degré de saturation : quand Sr est
faible, on a seulement la continuité pour l’air ; en revanche, quand Sr est important, on a la
continuité pour l’eau. À des valeurs moyennes de Sr, on a coexistence des deux fluides. On
note que pour des sols naturels, il y a en général la coexistence de l’air et de l’eau.

627
Théorie et pratique de la géotechnique

13.14 Références
Bear J. (1972). Dynamics of fluids in porous media. American Elsevier, New-York, 764 p.
Benosman G. (2012). Migration de particules fines dans un milieu poreux : application au
phénomène de colmatage. Thèse de l’École Centrale de Paris. 186 p.
Buckingham E.A. (1907). Studies on the movement of soil moisture, U.S. Dept. of Agric.
Bureau of Soils, Bull. No. 38.
Carman P. (1937). Fluid flow through granular beds. Transactions of the Institution of Chemi-
cal Engineers, 15, pp. 150-166.
Cassan M. (1980). Les essais d’eau dans la reconnaissance des sols. Eyrolles, 275 p.
Cassan M. (1986). Aide-mémoire d’hydraulique souterraine. Presses ENPC, 189 p.
Cassan M. (2005). Les essais de perméabilité sur site dans la reconnaissance des sols.
Presses ENPC, 568 p.
Castany G. (1967). Traité pratique des eaux souterraines. Dunod, 683 p.
Castany G. (1982). Principes et méthodes de l’hydrogéologie. Dunod, 237 p.
Castany G. (1998). L’hydrogéologie, principes et méthodes. Dunod, 236 p.
Chapuis R., Aubertin M. (2003). On the use of the Kozeny-Carman equation to predict the
hydraulic conductivity of soils. Canadian Geotechnical Journal, 40 (3), pp. 616-628.
Chapuis R. (2004). Predicting the saturated hydraulic conductivity of sand and gravel using
effective diameter and void ratio. Canadian Geotechnical Journal, 41 (5), pp. 787-795.
Corey E.C. (1957). Measurement of air and water permeability in unsaturated soil. Proc. Soil
Science Society of America, 21, pp. 7-11.
Costa A. (2006). Permeability-porosity reltionship: A reexamination of the Kozeny-Carman
equation based on a fractal pore-space geometry assumption. Geophysical Research Letters,
33(2), pp. 1-5.
Daniel D.E. (1982). Measurement of hydraulic conductivity of unsaturated soils with thermo-
couple psychrometers. Soil Science Society of America J., 20, 6, pp. 1125-1129.
Darcy H. (1856). Les fontaines publiques de la ville de Dijon. Dalmont, 647 p.
Davidenkoff F.O. (1965). Untersuchung der Raümlichen Sickerströmung in eine
Limpspundente Baugrube in Offenen Gewässen. Baumtecnik.
Davis J., Roy N., Mozley P., Hall J. (2006). The effect of carbonate cementation on permea-
bility heterogeneity in fluvial aquifers: an outcrop analog study. Sedimentary Geology, 184,
pp. 267-280.

628
Chapitre 13 – Hydraulique des sols

Delage P., Alzoghbi-Massaad P., Cui Y.J. (2000). Air, water and oil transfers in an unsatu-
rated compacted silt. Proc. of the Inter. Symp. on Physical Modelling and Testing in Envi-
ronmental Geotechnics. La Baule, pp. 61-68.
Delage P., Cui Y.J., De Laure E. (1998). Air flow through an unsaturated compacted silt.
Proc. 2nd Int. Conf. on Unsaturated Soils Unsat’98, Beijing, Vol. 1, pp. 563-568.
Delage P., Cui Y.-J. (2000). L’eau dans les sols non saturés. Techniques de l’ingénieur.
C 301, novembre 2000.
De Marsily G. (2004). Cours d’hydrogéologie. Université Pierre et Marie Curie, Paris VI,
septembre 2004, 220 p.
Filliat G. (1981). La pratique des sols et fondations. Editions du Moniteur.
Green W.H., Ampt G.A. (1911). Studies on soil physics. 1. The flow of air and water through
soils. J. Agric. Sci., 4 (1), pp. 1-24.
Hazen A. (1911). Discussion of Dams on sand formations, by A.C. Koenig. Transactions of
the American Society of Civil Engineers, 73, pp. 199-203.
Holtan H.N. (1961). A concept for infiltration estimates in watershed engineering. Agricul-
tural Research Service, US Dept. of Agriculture, Ed. Beltsville, MD.
Horton R.E. (1940). An approach towards a physical interpretation of infiltration capacity.
Soil Sci. Soc. Am. Proc., 5, pp. 399-417.
Jacquin, 1965. Étude des écoulements et des équilibres de fluides dans les sables argileux.
Thèse. Sc. appliq. n°5272, Université de Paris. Revue de l’Institut français du pétrole et An-
nales des combustibles liquides, 20 (4), 51 p.
Kostiakov A.N. (1932). On the dynamics of the coefficient of water percolation in soils and
on the necessity of studying it from a dynamic point of view for purposes of amelioration.
Trans. 6th Comm. Int. Soc. Soil Sci., A, pp. 17-21.
Kozeny J. (1927). Über kapilläre leitung des wassers in boden. Sitzungsber Akad. Wiss. Wien,
136 (2a), pp. 271-306.
Mandel J. (1951). Écoulement de l’eau sous une ligne de palplanches, abaque pour la condi-
tion de renard. Revue Travaux, pp. 273-281.
Mestat P., Prat M. (1999). Ouvrages en interaction, chap. 6. modélisation des écoulements
dans les massifs de sol. Hermès, pp. 391-464.
Miyazaki T. (2006). Water Flow in Soils. Taylor & Francis Ed., 418 p.
Musy A., Soutter M. (1991). Physique du sol. Presses Polytechniques et Universitaires Ro-
mandes, Lausanne, 348 p.
Neuman S.P. (1976). Wetting front pressure head in the infiltration model of Green and
Ampt. Water Resources Research, 12(3), pp. 564-566.

629
Théorie et pratique de la géotechnique

Philip J.R. (1957). The theory of infiltration. 1. The infiltration equation and its solution. Soil
Sci., 83, pp. 345-357.
Philip J.R. (1969). Theory of infiltration. Adv. Hydrosci., 5, pp. 216-296.
Richards L.A. (1931). Capillary conduction of liquids in porous mediums, Physics, 1,
pp. 318-333.
Schneebeli G. (1966). Hydraulique souterraine. Eyrolles, 357 p.
Schoeller H. (1962). Les eaux souterraines : hydrologie dynamique et chimique, recherche,
exploitation et évaluation des ressources. Masson, 642 p.
Taylor D. (1948). Fundamentals of Soil Mechanics. John Wiley and Sons, New-York.
Terzaghi K. (1925). Erdbaumechanik auf Bodenphysikalischer Grundlagen. Deuticke, Leip-
zig.
Vachaud G., Gaudet J.P., Kuraz E. (1974). Air and water flow during ponded infiltration in a
bounded column of soil. Journal of Hydrology, 22, pp. 89-108.
Xu P., Yu B. (2008). Developing a new form of permeability and Kozeny-Carman constant
for homogeneous porous media by means of fractal geometry. Advances in Water Resources,
31 (1), pp. 74-81.
Yoshimi Y., Osterberg J.O. (1963). Compression of partially saturated cohesive soils, ASCE
J. Soil Mech. and Found. Div., 89 (4), pp. 1-24.

Norme
NF P 94-282 (mars 2009 – indice de classement : P 94-282) : Calcul géotechnique – Ou-
vrages de soutènement – Écrans.

630

View publication stats

Vous aimerez peut-être aussi