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LES DROITS DE L'HOMME ET LES

ETABLISSEMENTS PENITENTIAIRES

Manuel de formation aux droits de l'homme à l'attention du


personnel pénitentiaire malgache

Juillet 2009

Manuel de formation aux droits de l'homme à l'attention du personnel pénitentiaire malgache


Médecins du Monde – Juillet 2009
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REMERCIEMENTS

Médecins du Monde souhaite remercier le Service de Coopération et d’Action

Culturelle de l’Ambassade de France à Madagascar pour sa contribution à la

réalisation du projet.

Nous exprimons également nos vifs remerciements :

- aux cadres du Ministère de la Justice ;

- aux Délégués de circonscription pénitentiaire et aux Chefs

d’établissements pénitentiaires des régions de BOENY, SOFIA et DIANA.

Et à tous ceux qui ont, de près ou de loin, contribué à la réalisation de ce manuel de

formation.

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Ont participé à l'élaboration du manuel en tant que membres de l’équipe de
Médecins du Monde - France (MdM) :

 Dr Carole Dromer, Directrice des opérations internationales

 Mme Anne Desmarest, Juriste droits de l’homme

 Melle Anne Sinic, Assistante desk

 Mr. Thierry Gontier, Coordinateur général mission Madagascar

 Mme Carole Berrih, Coordinatrice du programme prison

 Dr Aimé Adrianantenaina, Médecin

 Melle Veronirina Ramaroson, Responsable volet droits de l'homme

 Mr. Sitraka Rasolofonirina, Responsable Juridique

Ont contribué à la formation en tant que intervenants - consultants:

 Dr Anne Marie Ravaomanarivo, Médecin inspecteur de Mahajanga I

 Mr. Andrianirina Rasamoely, Coordinateur de la plate-forme des droits de


l’homme de Mahajanga

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LISTE DES ACRONYMES

ACP Aumônerie catholique des prisons

AP Administration pénitentiaire

CEP Chef d’établissement pénitentiaire

DCP Délégué de circonscription pénitentiaire

DDH Droits de l’homme

DUDH Déclaration universelle des droits de l’homme

EP Etablissement pénitentiaire

IST Infection sexuellement transmissible

MDM Médecins du Monde

OMS Organisation mondiale de la santé

PIDCP Pacte international relatif aux droits civils et politiques

PIDESC Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels

RMT Ensemble de règles minima de traitement des détenus

SIDA Syndrome d’immunodéficience acquise

VIH Virus de l’immunodéficience humaine

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SOMMAIRE
INTRODUCTION..................................................................7

Présentation de Médecins du monde.........................................................7

Les objectifs et les outils de la formation................................................12

MODULE 1: INTRODUCTION GENERALE AUX DROITS DE


L'HOMME......................................................13

CHAPITRE 1: Les droits de l’homme et les établissements pénitentiaires


......................................................................................14

CHAPITRE 2: Le cadre international des droits de l’homme....................17

CHAPITRE 3: Le cadre légal de la détention à Madagascar......................20

MODULE 2: LES PRINCIPES FONDAMENTAUX DE LA


DETENTION...................................................27

CHAPITRE 1: Le principe de non discrimination.......................................28

CHAPITRE 2: Le principe de l'intégrite physique et morale......................32

CHAPITRE 3: L'interdiction de la torture et des traitements, cruels,


inhumains ou dégradants...............................................34

CHAPITRE 4: L'interdiction de la détention arbitraire.............................44

CHAPITRE 5: La prévention de la violence : la prison doit être un lieu sûr


......................................................................................49

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MODULE 3: LES REGLES GENERALES APPLICABLES A LA
DETENTION...................................................60

CHAPITRE 1: Le droit à des conditions de vie appropriée........................61

CHAPITRE 2: L'acces aux soins et l'éthique médicale dans les


établissements pénitentiaires.........................................75

CHAPITRE 3: Les relations avec le monde extérieur...............................91

CHAPITRE 4: La gestion du temps en détention......................................96

CHAPITRE 5: La procédure de plainte...................................................104

MODULE 4 : LES REGLES CATEGORIELLES DE LA


DETENTION.................................................112

CHAPITRE 1 : Les femmes.....................................................................113

CHAPITRE 2 : Les mineurs.....................................................................119

CHAPITRE 3 : Les prévenus...................................................................125

CHAPITRE 4 : La libération conditionnelle à Madagascar.......................130

ANNEXES........................................................................134

ANNEXE 1 : Exemples de certificat médical............................................135

ANNEXE 2 : Bibliographie......................................................................141

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INTRODUCTION

PRESENTATION DE MEDECINS DU MONDE

Créée en France le 7 Mars 1980, Médecins du Monde (ci-après « MDM ») est une
association de solidarité internationale qui est régie par la loi de 1901 et qui a été
reconnue d’utilité publique par le décret du 24 Janvier 1980.

1- L’association Médecins du Monde

Médecins du Monde a pour vocation de soigner les populations les plus vulnérables
dans des situations de crise et d’exclusion, partout dans le monde et en France, en
suscitant l’engagement volontaire et en s’assurant de l’appui de toutes les
compétences indispensables à la mise en œuvre des programmes.

Toutes les missions de Médecins du Monde reposent sur l’engagement de


volontaires et de bénévoles ; médecins, sages-femmes, infirmiers, laborantins,
psychologues, juristes, administrateurs, logisticiens… L’implication des membres de
Médecins du Monde correspond à un véritable choix professionnel et éthique.

La dynamique associative de Médecins du Monde a permis la création de 15


délégations régionales en France et d’un réseau international composé de 10
délégations internationales ; Belgique, Chypre, Espagne, France, Grèce, Portugal,
Suisse, Argentine, Canada et Etats Unis.

Médecins du Monde appuie et soutient la création d’associations relais en Afrique,


en Amérique latine et en Europe. Ces organisations se sont souvent constituées à
l’initiative et autour des équipes nationales sur la base des programmes initiés par
Médecins du Monde.

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2- Les activités

Les activités de Médecins du Monde s’exercent à l’international mais également sur


le territoire français.

Les premiers programmes France ont été implantés à partir de 1986, quelques
années après les missions internationales.

Les actions développées sont toujours au bénéfice des plus vulnérables tels que les
personnes sans domicile fixe et/ou mal logées, les migrants, les enfants, les gens
du voyage, les travailleurs du sexe, les toxicomanes et s’articulent autour de trois
axes :
l’accès aux soins,
la réduction des risques,
le développement des missions de proximité.

Quelques chiffres en 2006:


 38 490 consultations médicales et dentaires ;
 21 centres d’accueil, de soins et d’orientation ont reçu 16 948 patients en
consultation ;
 84 missions de proximité dans 23 villes ;
 14 programmes de réduction des risques et plus de 82 700 contacts
prévention.

Les premières missions internationales ont été initiées dès 1980 et représentent
aujourd’hui 91 missions dans 51 pays :
 34 en Afrique,
 20 en Asie,
 14 en Amérique latine,
 13 en Europe de l’Est,
 10 au Maghreb- Moyen Orient.

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Les modalités opératoires des missions à l’international reposent sur trois types
d’intervention ou trois de types de missions :
 les missions d’urgence qui permettent de satisfaire les besoins à la survie des
populations en détresse,
 les missions de crise qui ont des incidences médicales fortes sur les populations
(crises sanitaires, politiques, économiques et environnementales) et enfin
 les missions de long terme qui permettent d’apporter des solutions plus durables
aux problèmes de santé rencontrés par les populations.

Nos programmes s’inscrivent dans un contexte humanitaire toujours évolutif et au-


delà des urgences et des conflits armés. Les crises auxquelles il nous faut répondre
nous ont amené à définir nos champs d’intervention qui sont au nombre de quatre:
l’enfance,
les maladies infectieuses,
les migrants,
la mondialisation et ses effets sur la santé.

Les axes de travail développés autour de ces thématiques sont très nombreux. Il
convient notamment de citer: les soins de santé primaire, la protection materno -
infantile, la réduction de la transmission du VIH de la mère à l’enfant, la prévention
des infections sexuellement transmissibles dont le VIH, la prise en charge de
patients infectés par le VIH, la prise en charge médicale et psychosociale des
enfants de la rue, des victimes de conflits armés, la santé mentale, l’assistance aux
victimes de violence, aux personnes détenues… .

3- Médecins du Monde à Madagascar

Médecins du Monde travaille à Madagascar auprès des populations et avec l’aide de


l’ensemble des partenaires malgaches et étrangers depuis 1990. Les actions
menées sont résumées dans le tableau suivant :

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Sites Durée Type d’activité

Maroantsetra / Mananara 1990 - 1996 Soins de santé primaire, eau et


assainissement
Antananarivo/Tuléar 1994 - 2003 IST/ VIH Sida

Maroantsetra 2004 et 2007 Soins de santé primaire


Programme d’urgence
Ilakaka 2005 -2006 IST/ VIH Sida

Antananarivo 1997 à ce jour Chirurgie réparatrice / cardiopathie

Diego/ Ambanja 2005 -2006 Milieu carcéral. 2 établissements


pénitentiaires
Axe Majunga/ Diego 2007- 2009 Milieu carcéral. 7 établissements
pénitentiaires
Axe Majunga/ Diego et 2009- 2010 Milieu carcéral. 20 établissements
Maroantsetra pénitentiaires

Le programme en milieu carcéral

Le système pénitentiaire malgache a déjà fait l’objet de nombreuses études qui


mettent unanimement l’accent sur les mauvaises conditions de vie carcérale des
personnes détenues, dont la grande majorité est des prévenus. Cependant, on note
des avancées importantes et une volonté gouvernementale de « renforcer et
moderniser le secteur judiciaire ».

La dynamique positive ressentie au niveau national et international avec les


différents intervenants en milieu carcéral montre que les acteurs sont entrés dans
une période de mobilisation, de changement et qu’il est désormais nécessaire de
travailler sur des facteurs de viabilité en pensant également à étendre les zones
d’intervention des actions pilotes entreprises.

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Le programme intitulé «Programme d’appui à la prise en charge sanitaire et
juridico sociale en milieu carcéral au sein de 7 établissements
pénitentiaires du nord de Madagascar » s’inscrit donc dans ce mouvement et a
pour objet principal l’amélioration de l’état de santé de la population carcérale en
intervenant sur les conditions de détention et l’accès aux soins en vue de
l’amélioration de la détention. Le programme a également pour objectif de proposer
des modèles de bonne pratique en vue de leur généralisation.

Concrètement, la réalisation de ces objectifs se réalise par la mise en place :


- d’un paquet minimum d’activités dans les 7 infirmeries afin d’offrir des soins
de qualité de façon durable ;
- d’une prise en charge efficace de la malnutrition sévère en impliquant
l’administration pénitentiaire et les autres intervenants extérieurs ;
- d’activités d’amélioration de l’hygiène par la réhabilitation des blocs
sanitaires ;
- de formation, de conscientisation et d’activités en lien avec les droits de
l’homme ;
- de supervisions, de suivis conjoints avec les personnels d’encadrement de
l’administration pénitentiaire ;
- d’une dynamique réseau impliquant les différents partenaires.

Le principal partenaire du projet est le Ministère de la Justice et en particulier


l’administration pénitentiaire. Afin de se placer dans une démarche responsabilisant,
type programme de développement, une convention de partenariat définissant des
engagements quantifiés a été signée. Des partenariats sont également crées avec
l’Aumônerie Catholique des Prisons (ci-après « ACP ») et autres intervenants privés
et/ou associatifs susceptibles de consolider les actions entreprises.

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LES OBJECTIFS ET LES OUTILS DE LA FORMATION

1- L’objectif général

Il s’agit d’informer et former les principaux acteurs intervenants dans le milieu


carcéral à savoir les cadres de l’administration pénitentiaire (ci-après « AP »), les
délégués de circonscription pénitentiaire (ci-après « DCP ») , les médecins référents
sur les dispositions légales nationales et internationales concernant l’humanisation
de la détention en général et les droits des personnes détenues en particulier, pour
que les participants puissent les intégrer dans leurs attributions respectives.

2- Les objectifs spécifiques

 Comprendre et assimiler le cadre légal des droits de l’homme applicable à la


détention à Madagascar en vue de l’humanisation de la détention ;
 Former les participants en matière de techniques d’enseignement et de
formation ;
 Valider le plan d’action défini lors de l’Atelier de restitution des résultats de
l’enquête sur les conditions de détention menée dans 5 établissements
pénitentiaires (ci-après « EP ») en Octobre 2007.

3- Les outils de la formation

Les modules seront présentés en Power point et chaque participant en aura en


version papier pour la prise de note.

Un résumé de l’ensemble des cours sera distribué aux participants.

Une compilation des instruments juridiques (nationaux, régionaux et internationaux)


sera également distribuée.

Un livret pédagogique a été créé pour servir de guide pour les différents exercices à
traiter au cours de la formation.
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MODULE 1:
INTRODUCTION GENERALE AUX DROITS DE L'HOMME

OBJECTIFS DU MODULE

Exposer brièvement les enjeux des droits de l’homme dans l’environnement


carcéral ;

Exposer le cadre international des droits de l’homme ;

Exposer le cadre légal de la détention à Madagascar.

PLAN DU MODULE

 Chapitre 1 : Les droits de l’homme et les établissements pénitentiaires

 Chapitre 2 : Le cadre international des droits de l’homme

 Chapitre 3 : Le cadre légal de la détention à Madagascar

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CHAPITRE 1
LES DROITS DE L’HOMME
ET
LES ETABLISSEMENTS PENITENTIAIRES

A- LES JUSTIFICATIONS DE L’EMPRISONNEMENT

L’emprisonnement d’un individu répond à plusieurs justifications :


- il est nécessaire pour les besoins de la procédure : détention d’un individu
jusqu’à sa comparution devant telle ou telle instance judiciaire ou jusqu’à son
procès ;
- il s’agit de la sanction légale d’une infraction et constitue en même temps
un moyen de réadaptation des personnes condamnées ;
- il est nécessaire pour le souci de l’intérêt général : l’individu constitue une
menace pour la société.

B- LES DROITS DE L’HOMME

Si l’expression « droits de l’homme » est récente, les principes auxquels elle se


réfère remontent à l’origine de l’humanité. Certains droits et certaines libertés ont
une importance fondamentale pour l’existence humaine : ils sont inhérents à toute
personne du fait de sa qualité d’être humain et sont fondés sur le respect de la
dignité et de la valeur de chacun. Aucun pouvoir arbitraire ne saurait par ailleurs les
retirer. Il est enfin impossible de les réfuter ou de les contester parce qu’un individu
a enfreint la loi.

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Initialement, les droits de l’homme n’avaient aucun fondement juridique, étant en
fait assimilés à des exigences morales. Le moment venu, ils ont été officiellement
reconnus et protégés par la loi. Dans nombre de cas, ils ont fini par être inscrits
dans la constitution des Etats, souvent sous la forme d’une déclaration de droits.

Avec la fin de la seconde guerre mondiale et son lot d’atrocités, la signature de la


Charte des Nations Unies en juin 1945 marque une étape cruciale en élevant les
droits de l’homme au rang de norme de droit international. Tous les Etats membres
des Nations Unies sont alors priés de prendre des mesures garantissant le respect
des droits de l’homme. Avec la Déclaration universelle des droits de l’homme
de 1948 (ci-après « DUDH »), la Communauté internationale s’entend sur un « idéal
commun à atteindre par tous les peuples et toutes les nations », fondé sur la
«reconnaissance de la dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine
et de leurs droits égaux et inaliénables »1.

Les questions et les obligations relevant des droits de l’homme sont désormais un
aspect important de la conduite des affaires publiques. Au fil des ans, depuis la
proclamation de la Déclaration universelle en 1948, les Etats ont mis au point un
nombre considérable d’instruments de promotion et de protection des droits de
l’homme, au niveau national, régional et international qu’ils se sont engagés à
respecter.

1
Voir le Préambule de la DUDH.

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C- LES DROITS DE L’HOMME DANS L’ADMINISTRATION PENITENTIAIRE

Quelles que soient les circonstances de leur vie, tous les êtres humains bénéficient
de droits fondamentaux qui ne peuvent être suspendus sans justification légale.
Les personnes détenues conservent tous leurs droits en tant qu’êtres humains, à
l’exception de ceux qu’elles ont perdu en conséquence de la privation de liberté. En
d’autres termes, les conditions de détention ne doivent pas constituer une
souffrance supplémentaire.

Le rôle du personnel pénitentiaire est de :


 traiter les personnes détenues de manière décente, humaine et juste ;
 assurer la sécurité de toutes les personnes détenues ;
 faire en sorte que les personnes détenues jugées dangereuses ne s’évadent
pas ;
 faire en sorte que l’ordre règne dans l’EP
 donner aux personnes détenues les moyens de mettre à profit le temps passé en
détention pour qu’elles puissent se réinsérer dans la société à leur sortie.

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CHAPITRE 2
LE CADRE INTERNATIONAL DES DROITS DE L’HOMME

A- LA DEFINITION ET LES CARACTERISTIQUES DES DROITS DE L’HOMME

1- La définition des droits de l’homme

L’expression « droits de l’homme » recouvre les droits dont toute personne jouit. Ils
sont la reconnaissance juridique de la dignité humaine et de l’égalité entre les
hommes.

Les droits de l’homme ont pour vocation de protéger les individus et les groupes
contre tous les actes des gouvernements portant atteinte à leurs droits et libertés
fondamentales.

Les droits de l’homme définissent les conditions indispensables au développement


de la personne.

2- Les caractéristiques des droits de l’homme

Les droits de l’homme imposent des obligations aux États et à ceux qui agissent en
leur nom. Le personnel des EP est donc, de par sa fonction, directement impliqué
dans l’application et le respect des droits de l’homme.

Les droits de l’homme sont par nature :


 indivisibles : ils ne peuvent faire l’objet d’aucune application partielle ;
 inaliénables : on ne peut pas y renoncer même volontairement ;
 intangibles : on ne peut pas y porter atteinte ;
 universels : ils sont applicables à tous sans distinction.

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Dans des circonstances particulières, un certain nombre de droits de l’homme
peuvent être limités ou suspendus par l’Etat pour une période déterminée. Il s’agit
des situations de crise, de tensions internes ou de conflits au cours desquels l’état
d’urgence est décrété. En revanche, un corpus juridique correspondant au standard
minimum de traitement de la personne humaine reste impératif. Il s’agit du noyau
dur des droits de l’homme qui est applicable à tous, en tout temps et tout
lieu.

Le noyau dur est constitué :


 du droit à la vie ;
 de l’interdiction de la torture et des traitements cruels, inhumains ou
dégradants ;
 de l’interdiction de l’esclavage ;
 du droit à un procès équitable ;
 de la liberté de pensée, de conscience et de religion.

B- LES SOURCES ET LA PORTEE DES DROITS DE L’ HOMME

Le droit international coutumier et le droit des traités constituent les principales


sources des droits de l’homme.

Selon leurs origines, les normes internationales n’ont pas la même valeur juridique
et n’engagent donc pas le même degré de responsabilité des Etats. En d’autres
termes, les obligations définies dans les Pactes et les Conventions sont
contraignantes alors que les orientations universelles, telles que définies dans les
différents types de déclarations, d’ensembles de règles minima et d’ensembles de
principes sont moralement persuasives. Ces instruments forment un cadre
juridique international complet et détaillé visant à garantir le respect des droits, de
la dignité, de la liberté de la personne humaine dans le contexte de la justice
pénale.

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1- Le droit des traités

Le droit des traités, par opposition au droit international coutumier, constitue le


droit international écrit. Il comprend les normes relatives aux droits de l’homme (ci-
après « DDH ») telles que consignées dans un grand nombre d’accords
internationaux (traités, pactes, conventions) collectivement élaborés, signés et
ratifiés par les Etats.

Tous les instruments internationaux qui relèvent du droit des traités sont
pleinement et juridiquement contraignants pour les Etats qui y sont
parties.

2- Le droit international coutumier

Le droit international coutumier relève de la coutume internationale. Contrairement


au droit des traités, il n’est pas écrit. De ce fait, pour établir qu’une norme découle
du droit coutumier, il faut démontrer qu’elle reflète une pratique générale des Etats
et qu’il existe, au sein de la communauté internationale, la conviction qu’une telle
pratique est requise par le droit. La coutume est l’une des sources du droit
international public, en d’autres termes, l’une des sources des normes qui visent à
régir les rapports entre Etats.

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CHAPITRE 3
LE CADRE LEGAL DE LA DETENTION A MADAGASCAR

A- LE DROIT POSITIF MALAGASY APPLICABLE A LA DETENTION

A Madagascar, le droit positif relatif à la détention est constitué:


 de la Constitution;
 du code pénal;
 du code de procédure pénale;
 de la Loi n° 2007-021 du 30 Juillet 2007 modifiant et complétant
certaines dispositions du Code de Procédure Pénale relative à la détention
préventive ;
 de la Loi n° 2007-023 du 20 Août 2007 sur les droits et la protection
des enfants ;
 du décret n°2005-711 du 25 Octobre 2005 portant sur la libération
conditionnelle ;
 du décret n°2006-015 du 17 Janvier 2006 portant organisation
générale de l’administration pénitentiaire ;
 du décret n°2006-901 du 19 Décembre 2006 portant organisation de
la préparation à la réinsertion sociale, familiale et professionnelle des
personnes détenues ;
 de la circulaire n°002 –MJ/DGAJ/DAJ/Circ/2008 du 25 Avril 2008
relative à l’application des dispositions de la Loi 2007-021 ;
 de la circulaire n°51 MJ/SP/06 du 2 Mai 2006 relative à la santé des
personnes détenues et en application du décret n°2006-015 ;
 de la circulaire n°417/2006-MJ/SG/DGAP du 4 Août 2006 relatif à la
vie en détention ;
 de la circulaire n°418 bis MJ/SG/DGAP du 4 Août 2006 relative au
travail des personnes détenues ;
 de la circulaire n°434/2006-MJ/DGAP du 11 Août 2006 relative à la
gestion du personnel ;
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 de la circulaire n°436/2006-MJ/DGAP du 11 Août 2006 relative à la
gestion du personnel ;
 de la circulaire n°471 MJ/SG/DGAP prise en application du décret
n°2006-15 en ce qui concerne le dossier pénal de la personne détenue ;
 de la note de service n°35 MJ/SG/DGAP/DAP- du 30 Octobre 2008
relative à la sortie de personnes détenues pour travail extérieur;
 de la note de service n°201 MJ/DGAP/DAP- du 31 Juillet 2008
relative au travail extérieur des personnes détenues ;
 de la note de service n°446-PGM/2007 DU 31 Juillet 2007 relative
au frais d’hospitalisation des personnes détenues.

B- LES INSTRUMENTS REGIONAUX APPLICABLES A LA DETENTION A


MADAGASCAR

La Charte africaine des droits de l’homme et des peuples (ci-après « Charte


africaine ») a été adoptée par l’Organisation de l’Unité Africaine en 1981.

En 2002, la Commission africaine a adopté les Lignes directrices de « Robben


Island » qui décrivent des mesures relatives à l’interdiction et à la prévention des
actes de torture et des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants en
Afrique.

Le Protocole additionnel à la Charte africaine portant création de la Cour


africaine des droits de l’homme et des peuples est entrée en vigueur le 25
Janvier 2004.
Cette cour a pour objectif de « renforcer l’engagement de l’Union africaine (UA)
dans la protection des droits de l’homme, du droit humanitaire et des valeurs
fondamentales de tolérance, de solidarité, et d’égalité des sexes ».
Elle est compétente pour connaître de toutes les affaires et de tous les différends
dont elle est saisie concernant l’interprétation et l’application de la Charte.

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En outre, il existe un certain nombre de déclarations non contraignantes concernant
les droits de personnes détenues :
 La Déclaration de Kampala sur les conditions de détention en
Afrique, 1996 ;
 la Déclaration de Kadouma sur les alternatives à l’emprisonnement
en Afrique, 1997 ;
 la Déclaration d’Arusha sur les bonnes pratiques pénitentiaires,
1999 ;
 la Déclaration de Ouagadougou pour accélérer la réforme pénale et
pénitentiaire en Afrique, 2002 ;
 la Déclaration de Lilongwe sur l’accès à l’assistance judiciaire dans
le système pénal en Afrique, 2004.
C- LES TEXTES INTERNATIONAUX APPLICABLES A LA DETENTION A
MADAGASCAR

1- Les Pactes et les Conventions

Il s’agit des textes, qui, par leur nature, sont juridiquement contraignants pour les
Etats qui les ont ratifiés.
En ce qui concerne, le cadre légal international applicable à la détention à
Madagascar, on peut citer :
 la Convention sur l’élimination de toutes formes de discrimination
raciale, 1963 ;
 le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, 1966 ;
 le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et
culturels, 1966 ;
 la Convention sur l’élimination de toutes les formes de
discrimination à l‘égard des femmes, 1979 ;
 la Convention contre la torture et autres peines ou traitements
cruels, inhumains ou dégradants, 1984 ;
 la Convention relative aux droits de l’enfant, 1989.

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La Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de
discrimination raciale interdit toutes les formes de discrimination raciale dans le
domaine politique, économique, social et culturel. Ces dispositions comportent
notamment l’exigence d’un traitement égal devant tous les tribunaux et autres
organes administrant la justice, sans distinction de race, de couleur ou d’origine
nationale ou ethnique.

Le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (ci-après


« PIDCP ») est un texte contraignant que les gouvernements et leurs institutions
doivent observer, notamment les autorités pénitentiaires. L’application du Pacte est
surveillée par le Comité des droits de l’homme. Il expose en détail le noyau dur des
droits de l’homme.

Le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et


culturels (ci-après « PIDESC ») énonce le droit de toute personne à un niveau de
vie suffisant2. Cela inclut le droit à la nourriture et à un logement décent. Cette
disposition revêt donc une importance particulière pour les personnes détenues.

La Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à


l’égard des femmes constitue le principal instrument international relatif aux
droits des femmes dans le domaine politique, économique, social, culturel et civil.

La Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels,


inhumains ou dégradants interdit expressément la torture et les traitements
cruels, inhumains ou dégradants. Elle prône le droit à l’intégrité physique de tous
les individus y compris les personnes détenues.

La Convention relative aux droits de l’enfant définit les droits particuliers


accordés aux mineurs délinquants, compte tenu de leur vulnérabilité spécifique et
de l’intérêt de leur réinsertion sociale.

2
Voir art. 11 du PIDESC

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Médecins du Monde – Juillet 2009
24
TEXTES DATE DE RATIFICATION DATE D’ENTREE EN VIGUEUR A
INTERNATIONAUX PAR MADAGASCAR MADAGASCAR
Convention pour
l’élimination de
toutes les formes de 7 Février 1969 9 Mars 1969
discrimination
raciale, 1963
Pacte international
relatif aux droits 21 Juin 1971 23 Mars 1976
civils et politiques,
1966
Pacte international
relatif aux droits
économiques, 22 Septembre 1971 3 Janvier 1976
sociaux et culturels,
1966
Convention pour
l’élimination de
toutes les formes de 17 Mars 1989 16 Avril 1989
discrimination à
l’égard des femmes,
1979
Convention contre la
torture et autres
peines ou 21 Octobre 2005 12 Janvier 2006
traitements cruels,
inhumains ou
dégradants, 1984
Convention sur les
droits de l’enfant, 19 Mars 1991 18 Avril 1991
1989

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Médecins du Monde – Juillet 2009
25
2- Les déclarations, principes et règles minima

La Déclaration Universelle des droits de l’homme définit les droits et libertés


fondamentales tels que proclamés dans la Charte des Nations Unies.

A cela s’ajoute :
- l’Ensemble de règles minima pour le traitement des détenus, 1955 ;
 la Déclaration sur la protection de toutes les personnes contre la
torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou
dégradants, 1975 ;
 le Code de conduite pour les responsables de l’application des lois,
1979 ;
 les Principes d’éthique médicale applicables au rôle du personnel
de santé, en particulier des médecins, dans la protection des
prisonniers et des détenus contre la torture et autres peines ou
traitements cruels, inhumains ou dégradants, 1982 ;
 l’Ensemble de principes pour la protection de toutes les personnes
soumises à une forme quelconque de détention ou
d’emprisonnement, 1988 ;
 les Garanties pour la protection des droits des personnes passibles
de la peine de mort, 1984 ;
 les Principes relatifs à la prévention efficace des exécutions
extrajudiciaires, arbitraires et sommaires et aux moyens
d’enquêter efficacement, 1989 ;
 les Principes fondamentaux relatifs au traitement des détenus,
1990 ;
 les Règles minima des Nations Unies pour l’élaboration de mesures
non privatives de liberté dites « Règles de Tokyo », 1990 ;
 la Déclaration sur la protection de toutes les personnes contre les
disparitions forcées, 1992 ;

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Médecins du Monde – Juillet 2009
26
 les Principes relatifs aux moyens d’enquêter efficacement sur la
torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou
dégradants, 2000 ;
 les Principes de base sur le recours à la force et l’utilisation des
armes à feu par les responsables de l’application des lois, 1990.

Concernant l’administration de la justice pour les mineurs, des règles fondamentales


existent et complètent la Convention relative aux droits de l’enfant :
 l’Ensemble de Règles minima des Nations Unies concernant
l’administration de la justice pour mineurs dites « Règles de
Beijing », 1985 ;
 les Règles des Nations Unies pour la protection des mineurs privés
de liberté, 1990 ;
 les Principes directeurs des Nations Unies pour la prévention de la
délinquance juvénile dits « Principes directeurs de Riyad », 1990.

CONCLUSION

Le respect des DDH améliore les droits des personnes détenues et facilite le
travail du personnel pénitentiaire en garantissant un climat de sécurité.

Le respect des DDH en milieu carcéral constitue un gage de


professionnalisme pour le personnel pénitentiaire et renforce la dignité de
la profession.

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Médecins du Monde – Juillet 2009
27
MODULE 2:
LES PRINCIPES FONDAMENTAUX DE LA DETENTION

OBJECTIFS DU MODULE

Renforcer les connaissances des participants sur les principes fondamentaux de la


détention.

Développer les capacités des participants à repérer les dysfonctionnements des EP


dont ils ont la charge et qui portent atteinte aux droits des personnes détenues.

Développer les capacités des participants à mettre en place des mesures


correctrices visant à rétablir une situation conforme aux droits des personnes
détenues.

PLAN DU MODULE

 Chapitre 1 : Le principe de non discrimination


 Chapitre 2 : Le respect de l’intégrité physique et morale
 Chapitre 3 : L’interdiction de la torture et des traitements cruels,
inhumains ou dégradants
 Chapitre 4 : La prévention de la détention arbitraire
 Chapitre 5 : La prévention de la violence : la prison doit être un
lieu sûr

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Médecins du Monde – Juillet 2009
28
CHAPITRE 1
LE PRINCIPE DE NON DISCRIMINATION

A- LES PRINCIPES ESSENTIELS

La discrimination fondée sur la race, la couleur, le sexe, la langue, la religion ou la


croyance religieuse, les opinions, l’origine nationale, ethnique ou sociale, la fortune,
la naissance ou tout autre statut est interdite pour tous, en tout temps et tout
lieu.

Toutes les personnes sont égales devant la loi et ont droit, sans distinction, à une
égale protection de la loi.

Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion.

Une protection spécifique doit être prévue pour les droits des minorités en tant que
groupes.

Les personnes détenues qui sont des ressortissants étrangers doivent être dotées
de facilités raisonnables pour communiquer avec le représentant diplomatique.

B- LES INSTRUMENTS JURIDIQUES

1-La législation malgache

La Constitution dans son Préambule fixe parmi ses priorités « la lutte contre
l’injustice, la corruption, les inégalités et la discrimination sous toutes ses formes ».
Elle ajoute, dans son article 8, que « tous les individus sont égaux en droit et
jouissent des mêmes libertés fondamentales protégées par la Loi sans

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Médecins du Monde – Juillet 2009
29
discrimination fondée sur le sexe, le degré d’instruction, la fortune, l’origine, la race,
la croyance religieuse ou l’opinion ».

Le décret 2006-015 stipule dans son article 23 qu’« aucune discrimination ne doit
être fondée à l’égard des personnes détenues sur des considérations tenant à l’état
de santé, au sexe, à la race, à la langue, à la religion, à l’origine, aux opinions
politiques ou à la situation sociale ».

2- La législation régionale

La Charte africaine stipule en son article 2 que « Toute personne a droit à la


jouissance des droits et libertés reconnus et garantis dans la présente Charte sans
distinction aucune, notamment de race, d’ethnie, de couleur, de sexe, de langue, de
religion, d’opinion politique, d’origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance
ou de toute autre situation ».

3- La législation internationale

L’article 2 de la DUDH confirme que ces droits s’appliquent à tous les êtres humains
sans exception.

« Chacun peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés


proclamés dans la présente Déclaration, sans distinction aucune, notamment
de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d’opinion politique ou
autre, d’origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute
autre situation.»

Le même principe de non-discrimination est inscrit au paragraphe 1 de l’article 2 et


à l’article 26 du PIDCP.

Les dispositions de la Convention internationale sur l’élimination de toutes les


formes de discrimination raciale sont particulièrement importantes dans le
contexte des EP. L’article 5 prévoit que :

Manuel de formation aux droits de l'homme à l'attention du personnel pénitentiaire malgache


Médecins du Monde – Juillet 2009
30
« Conformément aux obligations fondamentales énoncées à l’article 2 de la
présente Convention, les Etats Parties s’engagent à interdire et à éliminer la
discrimination raciale sous toutes ses formes et à garantir le droit de chacun
à l’égalité devant la loi sans distinction de race, de couleur ou d’origine
nationale ou ethnique, notamment dans la jouissance des droits suivants :

a) Droit à un traitement égal devant les tribunaux et tout autre organe


administrant la justice;

b) Droit à la sûreté de la personne et à la protection de l’Etat contre les voies


de fait ou les sévices de la part soit de fonctionnaires du gouvernement, soit
de tout individu, groupe ou institution; »

Le principe de l’égalité des droits sans discrimination est confirmé au paragraphe 1


du principe 5 de l’Ensemble de principes pour la protection de toutes les
personnes soumises à une forme quelconque de détention ou
d’emprisonnement :

« Les présents principes s’appliquent à toutes les personnes se trouvant sur le


territoire d’un Etat donné, sans distinction aucune, qu’elle soit fondée sur la
race, la couleur, le sexe, la langue, la religion ou les croyances religieuses, les
opinions politiques ou autres, l’origine nationale, ethnique ou sociale, la
fortune, la naissance ou sur tout autre critère. »

L’Ensemble de règles minima pour le traitement des détenus (ci-après


« RMT ») comporte des dispositions relatives aux droits spécifiques accordés aux
détenus ressortissants d’un pays étranger.

Beaucoup d’autres instruments internationaux traitent des questions de


discrimination. Leurs dispositions sont applicables aux détenus:

 la Convention sur l’élimination de toutes les formes de


discrimination à l’égard des femmes, 1979 ;

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31
 la Déclaration sur l’élimination de toutes les formes
d’intolérance et de discrimination fondées sur la religion ou la
conviction ; 1981

 la Déclaration des droits des personnes appartenant à des


minorités nationales ou ethniques, religieuses et linguistiques ;
1992

C- LES IMPLICATIONS

La société considère tous les citoyens qui la composent comme égaux en droit.
L’Etat a donc le devoir de préserver l’égalité des droits de tous les individus,
indépendamment de leurs différences. Toutefois, certains doivent faire l’objet d’une
protection particulière de façon à garantir un traitement identique.

L’emprisonnement expose les personnes détenues à risque plus grand


d’être victime de traitement discriminé. La protection contre la
discrimination est donc essentielle si l’on veut faire des EP des lieux de
justice et d’humanité.

D- LES RECOMMANDATIONS PRATIQUES

Dans chaque EP, un règlement intérieur doit être affiché à l’entrée et dans chaque
chambre. Son contenu doit être expliqué à tout nouveau détenu.

Le règlement doit énoncer dans son préambule les principes fondamentaux relatifs à
la détention dont la non-discrimination fait partie.

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32
CHAPITRE 2
LE PRINCIPE DE L'INTEGRITE PHYSIQUE ET MORALE

A- LES PRINCIPES ESSENTIELS

Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droit.

Les personnes détenues conservent tous leurs droits sauf ceux dont la perte est une
conséquence directe de la privation de liberté.

Elles doivent être traitées en toute circonstance avec humanité et dans le


respect de la dignité inhérente à la personne humaine. Cette exigence
s’applique depuis le jour de l’admission, jusqu’à celui de la libération.

B- LES INSTRUMENTS JURIDIQUES

1- La législation malgache

La Constitution stipule dans son article 13 que « tout individu est assuré de
l’inviolabilité de sa personne (…) ».

2- La législation régionale

La Charte africaine stipule en son article 5 que :« Tout individu a droit au respect
de la dignité inhérente à la personne humaine et à la reconnaissance de sa
personnalité juridique. Toutes formes d’exploitation et d’avilissement de l’homme
notamment l’esclavage, la traite des personnes, la torture physique ou morale, et
les peines ou les traitements cruels, inhumains ou dégradants sont interdites. »

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Médecins du Monde – Juillet 2009
33
3- La législation internationale

Les préambules de la DUDH des deux Pactes internationaux soulignent que :«La
reconnaissance de la dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine et
de leurs droits égaux et inaliénables constitue le fondement de la liberté, de la
justice et de la paix dans le monde ».

Le premier principe de l’Ensemble de principes pour la protection de toutes


les personnes soumises à une forme quelconque de détention ou
d’emprisonnement prévoit que :

« Toute personne soumise à une forme quelconque de détention ou


d’emprisonnement est traitée avec humanité et avec le respect de la dignité
inhérente à la personne humaine».

Ce principe est confirmé dans les Principes fondamentaux relatifs au


traitement des détenus.

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34
CHAPITRE 3
L'INTERDICTION DE LA TORTURE ET DES TRAITEMENTS,
CRUELS, INHUMAINS OU DEGRADANTS

A- LES PRINCIPES ESSENTIELS

Nul ne sera soumis à la torture ou à une peine ou un traitement cruel,


inhumain ou dégradant, SANS EXCEPTION.

Les ordres d’un supérieur ne peuvent JAMAIS être invoqués pour justifier la
torture.

AUCUNE personne détenue ne sera soumise même avec son consentement à des
expérimentations médicales ou scientifiques susceptibles de nuire à sa santé.

AUCUNE déclaration faite sous la torture ne sera citée et reçue comme élément de
preuve dans une procédure, sinon pour traduire les AUTEURS de ces actes devant
la justice.

Toute personne VICTIME de torture et de mauvais traitement a le droit de porter


plainte et de d’obtenir réparation.

B- LES DEFINITIONS

1- La torture

On entend par TORTURE « toute forme de douleur ou de souffrance, physique ou


mentale, en dehors des souffrances inhérentes à la détention ou à
l’emprisonnement proprement dit. ».

Elle est infligée dans un objectif précis et par un agent de l’Etat ou une autre
personne agissant dans le cadre d’une fonction officielle.

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Médecins du Monde – Juillet 2009
35
Selon la législation malgache, Le terme TORTURE désigne tout acte par lequel
une douleur ou des souffrances aiguës, physiques ou mentales, sont délibérément
infligées à une personne détenue par des agents ou personnes ayant accès dans
les établissements pénitentiaires, aux fins d’obtenir d’elle des aveux, de la punir
d’un acte qu’elle a commis ou qu’elle est soupçonnée d’avoir commis, ou de
l’intimider3.

2- Les traitements cruels, inhumains ou dégradants

On entend par traitements cruels, inhumains ou dégradants toute forme ou


acte de torture «atténué» :
-tout traitement sévère ou dû à la négligence qui endommage la santé
physique et/ou mentale d’une personne détenue ;
-tout châtiment visant à causer une douleur ou une souffrance physique
et/ ou mentale, ou à humilier, ou dégrader la personne détenue.

C- LES CARACTERISTIQUES

1- Les différences constitutives

La première différence a trait à la violence de la douleur ou de la souffrance


infligée. La torture constitue une forme aggravée et délibérée de traitement ou
châtiment cruel, inhumain ou dégradant.

On peut déterminer la violence de la douleur en se posant les questions suivantes:


 Combien de temps la torture a-t-elle été infligée ?
 Quel était l’état de santé de la victime avant cet acte de torture ?
 Quel est l’âge de la victime ?
 Quel est le sexe de la victime ?

3
Définition donnée par la Circulaire 436/ 2006- MJ/ DGAP du 11 août 2006

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Médecins du Monde – Juillet 2009
36
Exemples :
 Les coups portés à un homme adulte et en bonne santé constituent un
traitement cruel, inhumain ou dégradant. Ces mêmes coups infligés à un(e)
mineur(e), une personne âgée ou une femme constituent un acte de torture.

 Les coups infligés à une personne détenue durant dix minutes par un
membre du personnel pénitentiaire constituent un traitement cruel, inhumain
ou dégradant. Ces mêmes coups infligés durant une période de temps plus
longue (plusieurs heures ou jours) constituent un acte de torture.

La seconde différence réside dans le fait que la torture est toujours un acte
délibéré et réfléchi visant à imposer une grande souffrance. Les traitements
cruels, inhumains ou dégradants peuvent survenir à la suite d’une négligence
ou d’une omission.

Exemples :
 Le fait pour des personnes détenues de subir des conditions de
détention précaires, de se voir priver de conditions sanitaires
satisfaisantes, de ne pas avoir accès à des médicaments ou de ne recevoir de
la nourriture qu’en quantité insuffisante constitue une peine ou un
traitement cruel, inhumain ou dégradant.

 La privation de nourriture ou d’eau constitue un acte de torture lorsque les


personnes détenues endurant de longues souffrances décèdent des effets de
cette privation.

 Ne pas séparer les hommes des femmes, les adultes des mineurs constitue
un traitement cruel, inhumain ou dégradant. Si de cette promiscuité
découlent des actes de violence, ces derniers constituent de la torture.

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Médecins du Monde – Juillet 2009
37
2- Les différences légales

Bien souvent, il n’est pas nécessaire de différencier la torture des mauvais


traitements.

MAIS le fait de définir un acte comme de la torture plutôt qu’un mauvais


traitement a d’importantes implications sur les responsabilités étatiques
engagées. Les obligations de l’Etat en cas de torture ne sont pas
nécessairement applicables aux peines ou traitements cruels, inhumains ou
dégradants.

D- LES INSTRUMENTS JURIDIQUES

1- La législation malgache

Le code pénal ne donne aucune définition précise de la torture. Son article 303
stipule que seront punis comme coupables d’assassinat 4, tous malfaiteurs, quelle
que soit leur dénomination, qui, pour l’exécution de leurs crimes, emploient des
tortures ou commettent des actes de barbaries. Par déduction, les actes de tortures
ne constituent pas en eux-mêmes des infractions autonomes. Toutefois, ils
constituent des circonstances aggravantes s’ils s’accompagnent d’une autre
infraction.

Le décret 2006-015 stipule dans son article 16 qu’il est interdit au personnel
pénitentiaire et aux personnes ayant accès dans les établissements pénitentiaires de
se livrer à des actes de tortures ou violences sur les personnes détenues.

La circulaire 436/2006-MJ/DGAP relative à la gestion du personnel interdit le


personnel pénitentiaire de « se livrer à des actes de torture ou violences sur les
personnes détenues » et «d’user à leur égard de propos injurieux ».

4
Tout coupable d’assassinat sera puni de mort (article 302 du Code pénal malgache).

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38
2- La législation régionale

Les Lignes directrices de Robben Island incluent la criminalisation des actes de


torture et de mauvais traitements.

3- La législation internationale

L’article 5 de la DUDH stipule que :

« Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels,


inhumains ou dégradants. »

Le paragraphe 1 de l’article premier de la Convention contre la torture définit la


torture comme :

« tout acte par lequel une douleur ou des souffrances aiguës, physiques ou
mentales, sont intentionnellement infligées à une personne aux fins
notamment d’obtenir d’elle ou d’une tierce personne des renseignements ou
des aveux, de la punir d’un acte qu’elle ou une tierce personne a commis ou
est soupçonnée d’avoir commis, de l’intimider ou de faire pression sur elle ou
d’intimider ou de faire pression sur une tierce personne, ou pour tout autre
motif fondé sur une forme de discrimination quelle qu’elle soit, lorsqu’une
telle douleur ou de telles souffrances sont infligées par un agent de la
fonction publique ou toute autre personne agissant à titre officiel ou à son
instigation ou avec son consentement exprès ou tacite. Ce terme ne s’étend
pas à la douleur ou aux souffrances résultant uniquement de sanctions
légitimes, inhérentes à ces sanctions ou occasionnées par elles. »

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39
Le paragraphe 1 de l’article 16 de la Convention définit les peines ou traitements
cruels, inhumains ou dégradants comme :

« Les autres actes constitutifs de peines ou traitements cruels, inhumains ou


dégradants qui ne sont pas des actes de torture, telle qu’elle est définie à
l’article 1, lorsque de tels actes sont commis par un agent de la force publique
ou toute autre personne agissant à titre officiel ou à son instigation ou avec
son consentement exprès ou tacite. »

L’article 7 du PIDCP prévoit que :

« Nul ne sera soumis à la torture ni à des peines ou traitements cruels,


inhumains ou dégradants. En particulier, il est interdit de soumettre une
personne sans son libre consentement à une expérience médicale ou
scientifique. »

L’article 2 de la Convention contre la torture confirme le caractère absolu de


l’interdiction de la torture :

« 2. Aucune circonstance exceptionnelle, quelle qu’elle soit, qu’il s’agisse de


l’état de guerre ou de menace de guerre, d’instabilité politique intérieure ou
de tout autre état d’exception, ne peut être invoquée pour justifier la
torture. »

De plus, la Convention énonce les obligations des Etats, applicables aussi bien en
ce qui concerne les actes de torture que les mauvais traitements :

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Médecins du Monde – Juillet 2009
40
« Tout Etat Partie veille à ce que l’enseignement et l’information concernant
l’interdiction de la torture fassent partie intégrante de la formation du
personnel civil ou militaire chargé de l’application des lois, du personnel
médical, des agents de la fonction publique et des autres personnes qui
peuvent intervenir dans la garde, l’interrogatoire ou le traitement de tout
individu arrêté, détenu ou emprisonné de quelque façon que ce soit.5

Tout Etat Partie incorpore ladite interdiction aux règles ou instructions


édictées en ce qui concerne les obligations et les attributions de telles
personnes.6

Tout Etat Partie veille à ce que les autorités compétentes procèdent


immédiatement à une enquête impartiale chaque fois qu’il y a des motifs
raisonnables de croire qu’un acte de torture a été commis sur tout territoire
sous sa juridiction.7

Tout Etat Partie assure à toute personne qui prétend avoir été soumise à la
torture sur tout territoire sous sa juridiction le droit de porter plainte devant
les autorités compétentes dudit Etat qui procéderont immédiatement et
impartialement à l’examen de sa cause. Des mesures seront prises pour
assurer la protection du plaignant et des témoins contre tout mauvais
traitement ou toute intimidation en raison de la plainte déposée ou de toute
déposition faite.8

Tout Etat Partie garantit, dans son système juridique, à la victime d’un acte
de torture, le droit d’obtenir réparation et d’être indemnisée équitablement et
de manière adéquate, y compris les moyens nécessaires à sa réadaptation la
plus complète possible. En cas de mort de la victime résultant d’un acte de
torture, les ayants cause de celle-ci ont droit à indemnisation.9

5
Voir art. 10§ 1 de la Convention contre la torture.
6
Voir art. 10§ 2 de la Convention contre la torture.
7
Voir art. 12 de la Convention contre la torture.
8
Voir art. 13 de la Convention contre la torture.
9
Voir art. 14 § 1 de la Convention contre la torture.

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Médecins du Monde – Juillet 2009
41
Tout Etat Partie veille à ce que toute déclaration dont il est établi qu’elle a été
obtenue par la torture ne puisse être invoquée comme un élément de preuve
dans une procédure, si ce n’est contre la personne accusée de torture pour
établir qu’une déclaration a été faite10».

Aux termes du principe 22 de l’Ensemble de principes pour la protection de


toutes les personnes soumises à une forme quelconque de détention ou
d’emprisonnement :

« Aucune personne détenue ou emprisonnée ne pourra, même si elle y


consent, faire l’objet d’expérience médicale ou scientifique de nature à nuire à
sa santé. »

L’interdiction absolue de toute forme de torture a des conséquences du point de vue


de l’usage de la force et des armes à feu par le personnel des prisons. L’article 3 du
Code de conduite pour les responsables de l’application des lois stipule que :

« Les responsables de l’application des lois peuvent recourir à la force


seulement lorsque cela est strictement nécessaire et dans la mesure exigée
par l’accomplissement de leurs fonctions. »

E- LES IMPLICATIONS

Les instruments internationaux ne comportent pas d’ambiguïté. Les actes de torture


et les peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants ne sont en aucun cas
justifiables.

Il en résulte les implications suivantes :

 les personnes détenues ne doivent JAMAIS être battues ou soumises à


des punitions corporelles ;

10
Voir art. 15 de la Convention contre la torture.

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Médecins du Monde – Juillet 2009
42
 les manquements à la discipline ne peuvent JAMAIS justifier les punitions
corporelles ;

 le personnel doit être formé aux méthodes non violentes de traitement


des personnes détenues récalcitrantes ;

 dans l’exercice de ses fonctions, le personnel pénitentiaire doit toujours


agir conformément à la loi ;

 le personnel pénitentiaire qui s’est rendu coupable d’actes de torture, de


mauvais traitement ou de violence injustifiée sur les personnes détenues
doit faire l’objet de poursuites et de sanctions conformément à la loi ;

 les personnes détenues doivent avoir la possibilité de déposer des plaintes


auprès de personnes indépendantes pour cause de mauvais traitements
ou de torture, sans craindre de représailles.

F- LES RECOMMANDATIONS PRATIQUES

Le personnel pénitentiaire doit être informé de l’interdiction internationale des actes


de torture et des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.

Cette interdiction doit être intégrée à la législation nationale, aux règlements


intérieurs des EP et à tous les documents de formation conçus à l’attention du
personnel pénitentiaire.

L’utilisation de tout instrument susceptible d’être employé comme une arme par le
personnel pénitentiaire doit être soigneusement réglementée. Il existe de
nombreuses circonstances dans lesquelles les membres du personnel sont munis
d’un bâton ou de matraque. Les circonstances dans lesquelles ce type d’instrument
peut être utilisé doivent toujours être liées à la nécessité d’empêcher ou d’éviter les
dommages corporels.

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Médecins du Monde – Juillet 2009
43
Les dispositifs de contrainte tels que menottes, ceintures et camisoles de force
doivent être stockés en un lieu centralisé de la prison et ne doivent être fournis que
sur instruction d’un membre du personnel d’encadrement. La fourniture et
l’utilisation de ces dispositifs doivent être soigneusement consignées par écrit et ces
registres doivent pouvoir être consultés ultérieurement.

Le droit des personnes détenues à porter plainte en cas de torture ou de mauvais


traitements doit être inscrit dans le règlement intérieur. Lequel doit être affiché, lu
et expliqué à toute nouvelle personne détenue.

La procédure à suivre pour porter plainte doit être expliquée aux personnes
détenues et au membre du personnel pénitentiaire. Des moyens matériels doivent
être mis à la disposition des personnes détenues pour formuler ces plaintes.

Le personnel infirmier/médical de l’EP doit être en mesure de recevoir la personne


détenue victime de violence. Il doit consigner les actes de violence dans un registre
correctement tenu et archivé afin de garantir la confidentialité des données
individuelles. Il doit pouvoir lui proposer un certificat médical et lui expliquer la
procédure à suivre pour pouvoir saisir une autorité compétente, porter plainte et
obtenir réparation.

Des dispositions doivent être mises en place pour permettre à une autorité
judiciaire, à des organisations non gouvernementales ou à d’autres personnes
indépendantes d’avoir régulièrement accès aux EP, afin de garantir qu’il ne se
produit aucun acte de torture ni aucune peine ou traitement cruel, inhumain ou
dégradant.

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Médecins du Monde – Juillet 2009
44
CHAPITRE 4
L'INTERDICTION DE LA DETENTION ARBITRAIRE

A- LES PRINCIPES ESSENTIELS

Les personnes privées de liberté doivent être détenues dans des lieux
reconnus officiellement en tant que lieux de détention.

L’exigence d’un traitement humain et digne des personnes détenues prévaut depuis
le moment de leur incarcération jusqu’à celui de leur libération.

Toutes les personnes détenues se verront offrir un examen et un traitement médical


appropriés au cours des 24 premières heures d’incarcération.

Un registre détaillé de toutes les personnes privées de liberté doit être tenu à jour.

Toutes les personnes détenues doivent recevoir rapidement des informations écrites
et/ou orales au sujet de leur régime de détention, comme en ce qui concerne leurs
droits et obligations.

Les personnes détenues doivent être autorisées à informer leur famille du lieu de
leur détention et à consulter leurs représentants légaux.

Les missions diplomatiques des personnes détenues étrangères doivent obtenir


toutes les informations concernant leur détention et le lieu d’incarcération.

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Médecins du Monde – Juillet 2009
45
B- LES INSTRUMENTS JURIDIQUES

1- La législation malgache

La Constitution stipule dans son article 13 §.3 que : « nul ne peut être poursuivi,
arrêté ou détenu que dans les cas déterminés par la Loi et selon les formes qu’elle a
prescrites ».

Le code pénal stipule dans son article 341 §.1 que : « seront punis de la peine de
travaux forcés à temps ceux qui, sans ordre des autorités constituées et hors les
cas où la Loi ordonne de saisir des prévenus, auront arrêté, détenu ou séquestré
des personnes quelconques ».

2- La législation régionale

La Charte africaine stipule en son article 6 que : « Tout individu a droit la liberté
et à la sécurité de sa personne. Nul ne peut être privé de sa liberté sauf pour des
motifs et dans des conditions préalablement déterminés par la loi ; en particulier nul
ne peut être arrêté ou détenu arbitrairement ».

3- La législation internationale

Dans les Principes relatifs à la prévention efficace des exécutions


extrajudiciaires, arbitraires et sommaires et aux moyens d’enquêter
efficacement sur ces exécutions le principe 6 stipule que :

« Les pouvoirs publics veilleront à ce que les personnes privées de liberté


soient détenues dans des lieux de détention reconnus officiellement comme
tels et à ce que des renseignements précis sur leur arrestation et le lieu où
elles se trouvent y compris sur leur transfert soient immédiatement
communiqués à leur famille et à leur avocat ou à d’autres personnes de
confiance. »

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46
Le paragraphe 3 de l’article 10 de la Déclaration sur la protection de toutes les
personnes contre les disparitions forcées exige la tenue d’un registre de toutes
les personnes privées de liberté, dans tout lieu de détention.

Cette exigence est confirmée par la règle 7 des RMT :

« 1) Dans tout endroit où des personnes sont détenues, il faut tenir à jour un
registre relié et coté indiquant pour chaque détenu :

a) Son identité;

b) Les motifs de sa détention et l’autorité compétente qui l’a décidée;

c) Le jour et l’heure de l’admission et de la sortie.

2) Aucune personne ne peut être admise dans un établissement sans un titre


de détention valable, dont les détails auront été consignés auparavant dans le
registre. »

La règle 35 des RMT prévoit que :

« 1) Lors de son admission, chaque détenu doit recevoir des informations


écrites au sujet du régime des détenus de sa catégorie, des règles
disciplinaires de l’établissement, des moyens autorisés pour obtenir des
renseignements et formuler des plaintes, et de tous autres points qui peuvent
être nécessaires pour lui permettre de connaître ses droits et ses obligations
et de s’adapter à la vie de l’établissement.

2) Si le détenu est illettré, ces informations doivent lui être fournies


oralement. »

A cela s’ajoute, le principe 13 de l’Ensemble de principes pour la protection de


toutes les personnes soumises à une forme quelconque de détention ou
d’emprisonnement.

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47
« Dans les plus brefs délais après l’arrestation et après chaque transfert d’un
lieu de détention ou d’emprisonnement à un autre, la personne détenue ou
emprisonnée pourra aviser ou requérir l’autorité compétente d’aviser les
membres de sa famille ou, s’il y a lieu, d’autres personnes de son choix, de
son arrestation, de sa détention ou de son emprisonnement, ou de son
transfert et du lieu où elle est détenue11.

Dans le cas d’un adolescent ou d’une personne incapable de comprendre


quels sont ses droits, l’autorité compétente devra, de sa propre initiative,
procéder à spécialement à aviser les parents ou tuteurs12.

Toute personne détenue ou emprisonnée doit être autorisée à communiquer


avec son avocat et à le consulter13 ».

C- LES IMPLICATIONS

La dignité humaine d’une personne détenue doit être reconnue dès le premier jour
de son incarcération. Selon l’une des premières exigences de la procédure
d’admission dans les EP, il incombe aux autorités pénitentiaires de veiller à ce qu’il
existe un document judiciaire ou administratif ordonnant la détention de la
personne. Lequel doit stipuler expressément le motif et la durée de l’incarcération.

Il faut tenir un registre de toutes les personnes admises dans l’EP :

 Il doit fournir toutes les informations personnelles relatives aux personnes


détenues de façon à pouvoir les identifier sans ambiguïté ;

11
Voir principe 16§1 de l’Ensemble de principes pour la protection de toutes les personnes soumises à une forme
quelconque de détention ou d’emprisonnement.

12
Voir principe 16§3 de l’Ensemble de principes pour la protection de toutes les personnes soumises à une forme
quelconque de détention ou d’emprisonnement.

13
Voir principe 18§1 de l’Ensemble de principes pour la protection de toutes les personnes soumises à une forme
quelconque de détention ou d’emprisonnement.
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48
 il doit mentionner les dates d’admission et de libération prévues pour
chaque personne détenue ;

 il doit mentionner les biens personnels de la personne détenue.

Il faut permettre un accès facile et rapide à la consultation des registres. Un bon


archivage doit faciliter cette consultation.

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CHAPITRE 5
LA PREVENTION DE LA VIOLENCE
LA PRISON DOIT ETRE UN LIEU SUR

I- LA GESTION DE LA SECURITE

A- LES PRINCIPES ESSENTIELS

Le recours à la force doit être réservé pour empêcher un crime ou pour arrêter ou
aider légalement des délinquants ou des suspects. Il ne peut être recouru à la
force au-delà de cette limite.

Conformément au principe de proportionnalité, le recours à la force doit être


restreint.

L’usage des armes à feu doit rester une réponse exceptionnelle à une situation
sécuritaire exceptionnelle et pour laquelle aucune autre réponse n’existe.

Les instruments de contrainte ne doivent jamais être appliqués en tant que


sanction.

B- LES INSTRUMENTS JURIDIQUES

1- La législation malgache

Le décret 2006-015 stipule que:


Article 19 : « Aucun moyen de contrainte ne doit être employé à titre de
sanction disciplinaire. Les moyens de contrainte ne peuvent être utilisés que
s’il n’est d’autre possibilité de maîtriser une personne détenue, de l’empêcher
de causer des dommages ou de porter atteinte à elle-même ou à autrui. Il
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50
appartient au chef d’établissement de demander l’examen de la personne
détenue par le service médical ».

Article 21 : « Le personnel de l’administration pénitentiaire ne doit utiliser la


force envers les personnes détenues qu’en cas de légitime défense, de
tentative d’évasion ou de résistance par la violence ou par inertie physique
aux ordres donnés. Lorsqu’il recourt, il ne peut le faire qu’en se limitant à ce
qui est strictement nécessaire ».

2- La législation internationale

Le principe 9 figurant dans les Principes de base sur le recours à la force et à


l’utilisation des armes à feu par les responsables de l’application des lois
stipule que:

« Les responsables de l’application des lois ne doivent pas faire usage


d’armes à feu contre des personnes sauf pour les empêcher de s’échapper, et
seulement lorsque des mesures moins extrêmes sont insuffisantes pour
atteindre [ces objectifs]… »

La règle 33 des RMT prévoit les dispositions suivantes :

« Les instruments de contrainte tels que menottes, chaînes, fer et camisoles


de force ne doivent jamais être appliqués en tant que sanction. Les chaînes et
les fers ne doivent pas non plus être utilisés en tant que moyen de contrainte.
Les autres instruments de contrainte ne peuvent être utilisés que dans les cas
suivants :

(a) Par mesure de précaution contre une évasion pendant un transfert,


pourvu qu’ils soient enlevés dès que le détenu comparaît devant une autorité
judiciaire ou administrative.

C- LES IMPLICATIONS
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51
Les autorités pénitentiaires sont responsables de la sécurité physique des personnes
détenues, du personnel pénitentiaire et des visiteurs.

Le niveau de sécurité nécessaire dépendra du risque d’évasion associé à telle ou


telle personne détenue.

La notion de sécurité implique bien davantage que les obstacles physiques destinés
à empêcher les évasions. Elle repose également sur un personnel attentif, qui
communique avec les personnes détenues et qui sait ce qui se passe à l’intérieur de
l’établissement. Ce type d’approche est qualifié de « sécurité dynamique ».

Depuis un mirador de l’enceinte de l’EP, un surveillant peut seulement observer une


tentative d’évasion lorsqu’elle a commencé ; par contre, s’il travaille en rapport
étroit avec les personnes détenues et s’il sait ce qu’ils font, il sera bien plus au
courant des risques éventuels pour la sécurité, avant qu’ils ne se réalisent.

D- LES RECOMMANDATIONS PRATIQUES

Chaque personne détenue devrait faire l’objet d’une évaluation portant sur les
points suivants :

- Le niveau de risque pour le public en cas d’évasion ;


- la probabilité de tentative d’évasion ;
- les ressources extérieures auxquelles il peut faire appel pour faciliter son
évasion.

Les membres du personnel doivent apprendre que la sécurité n’est pas une simple
question d’enceintes, de clôtures et de surveillance électronique.

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II- L’ORDRE ET LE CONTROLE

A- LES PRINCIPES ESSENTIELS

Les établissements pénitentiaires doivent être des lieux sûrs pour y vivre et pour
travailler, c’est-à-dire pour les personnes détenues, pour le personnel et pour les
visiteurs.

Personne en prison ne doit craindre pour sa sécurité physique.

Maintenir avec fermeté l’ordre et la discipline sans apporter plus de restrictions qu’il
n’est nécessaire au maintien de la sécurité et pour une vie communautaire bien
organisée.

B- LES INSTRUMENTS JURIDIQUES

1- La législation malgache

Le décret 2006-015 stipule que:


Article 19 : « Aucun moyen de contrainte ne doit être employé à titre de
sanction disciplinaire. Les moyens de contrainte ne peuvent être utilisés que
s’il n’est d’autre possibilité de maîtriser une personne détenue, de l’empêcher
de causer des dommages ou de porter atteinte à elle-même ou à autrui. Il
appartient au chef d’établissement de demander l’examen de la personne
détenue par le service médical ».

Article 21 : « Le personnel de l’administration pénitentiaire ne doit utiliser la


force envers les personnes détenues qu’en cas de légitime défense, de
tentative d’évasion ou de résistance par la violence ou par inertie physique
aux ordres donnés. Lorsqu’il recourt, il ne peut le faire qu’en se limitant à ce
qui est strictement nécessaire ».

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Médecins du Monde – Juillet 2009
53
2- La législation internationale

Les articles 1 et 16 de la Convention contre la torture sont applicables en cas


d’usage abusif par le personnel pénitentiaire des instruments de contention
physique et de différents procédés techniques de maîtrise.

La règle 27 des RMT prévoit que :

« L’ordre et la discipline doivent être maintenus avec fermeté, mais sans apporter
plus de restrictions qu’il n’est nécessaire pour le maintien de la sécurité et d’une vie
communautaire bien organisée».

C- LES IMPLICATIONS

Les établissements pénitentiaires sont des lieux de vie. Il est possible d’obtenir un
environnement peu contraignant tout en veillant à ne pas compromettre l’ordre et la
sécurité.

Les membres expérimentés du personnel pénitentiaire savent que les mesures


coercitives de contrôle ne suffisent pas pour assurer l’ordre. Ce dernier implique
beaucoup plus que la simple surveillance. La meilleure façon d’instaurer l’ordre
consiste à faire appel à des mesures positives.

Il faut trouver un équilibre entre les incitations positives et les mesures de


discipline. La grande majorité des personnes détenues réagira favorablement s’ils
sont traités de manière décente et humaine.

Les autorités pénitentiaires ne devraient placer aucune personne détenue dans une
situation qui l’autorise à imposer des mesures de discipline à d’autres personnes
détenues.

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Médecins du Monde – Juillet 2009
54
D- LES RECOMMANDATIONS PRATIQUES

Les règles relatives au maintien de l’ordre des EP et des sanctions qui découlent de
leur non respect doivent clairement apparaître dans le règlement intérieur des EP.
Les personnes détenues doivent être informées du contenu de ces règles.

Si les personnes détenues restent occupées et s’il leur est donné la possibilité
d’utiliser positivement leur temps, elles se conformeront aux règles équitables et
justifiées indispensables au maintien de l’ordre dans tout groupe important.

Les personnes détenues ne doivent pas être utilisées pour compenser les pénuries
de personnel.

III- LE REGIME DISCIPLINAIRE

A- LES PRINCIPES ESSENTIELS

Toutes les infractions et les sanctions disciplinaires doivent être spécifiées par la loi
ou par un règlement dûment publié.

Toute procédure disciplinaire doit se conformer aux principes élémentaires de


justice.

Aucune personne détenue ne sera puni avant d’avoir été informée de l’infraction
qu’elle est censée avoir commise et avant d’avoir eu la possibilité de présenter une
défense appropriée.

Les personnes détenues qui font l’objet d’une mesure disciplinaire doivent avoir le
droit de faire appel auprès d’une autorité supérieure.

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Médecins du Monde – Juillet 2009
55
Toutes les sanctions cruelles, inhumaines ou dégradantes sont strictement
interdites, notamment les peines corporelles ou la mise au cachot des personnes
détenues.

Les instruments de contrainte tels que menottes, chaînes, fers et camisoles de


force, ne doivent jamais être appliqués en tant que sanctions disciplinaires.

B- LES INSTRUMENTS JURIDIQUES

1- La législation malgache

Le décret 2006-015 dédie treize articles au régime disciplinaire à l’intérieur des EP


malgache. Le Chapitre XXII dudit décret prévoit deux degrés de fautes
disciplinaires, les types de sanctions y afférents, les autorités compétentes pour
prendre ces mesures et leur mise en application.

2- La législation internationale

Les RMT stipulent que:

«29). Les points suivants doivent toujours être déterminés soit par la loi, soit
par un règlement de l’autorité administrative compétente :

a) La conduite qui constitue une infraction disciplinaire;

b) Le genre et la durée des sanctions disciplinaires qui peuvent être infligées;

c) L’autorité compétente pour prononcer ces sanctions.

30. 1) Aucun détenu ne peut être puni que conformément aux dispositions
d’une telle loi ou d’un tel règlement, et jamais deux fois pour la même
infraction.

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56
2) Aucun détenu ne peut être puni sans être informé de l’infraction qu’on lui
reproche et sans qu’il ait eu l’occasion de présenter sa défense. L’autorité
compétente doit procéder à un examen complet du cas.

3) Dans la mesure où cela est nécessaire et réalisable, il faut permettre au


détenu de présenter sa défense par l’intermédiaire d’un interprète.

31. Les peines corporelles, la mise au cachot obscur ainsi que toute sanction
cruelle, inhumaine ou dégradante doivent être complètement défendues
comme sanctions disciplinaires.

32. 1) Les peines de l’isolement et de réduction de nourriture ne peuvent


jamais être infligées sans que le médecin ait examiné le détenu et certifié par
écrit que celui-ci est capable de les supporter.

Cette règle 32.1 n’est pas en adéquation ni avec l’éthique médicale ni avec la
Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhu-
mains ou dégradants de 1984. D’une part, la réduction de nourriture peut
constituer un traitement inhumain et le médecin ne peut donc y contribuer.
D’autre part, l’isolement prolongé entraîne des troubles psychosociaux et
donc une dégradation de l’état de santé de la personne à laquelle le médecin
ne peut contribuer.

2) Il en est de même pour toutes autres mesures punitives qui risqueraient


d’altérer la santé physique ou mentale des détenus. En tout cas, de telles
mesures ne devront jamais être contraires au principe posé par la règle 31, ni
s’en écarter.

3) Le médecin doit visiter tous les jours les détenus qui subissent de telles
sanctions disciplinaires et doit faire rapport au directeur s’il estime nécessaire
de terminer ou modifier la sanction pour des raisons de santé physique ou
mentale.

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Médecins du Monde – Juillet 2009
57
33. Les instruments de contrainte tels que menottes, chaînes, fers et
camisoles de force ne doivent jamais être appliqués en tant que sanctions».

Le paragraphe 2 du principe 30 de l’Ensemble de principes pour la protection


de toutes les personnes soumises à une forme quelconque de détention ou
d’emprisonnement, prévoit qu’ « une personne incarcérée qui a fait l’objet d’une
mesure disciplinaire a le droit d’intenter un recours contre ces mesures devant
l’autorité supérieure.»

Dans les Principes d’éthique médicale applicables au rôle du personnel de


santé, en particulier des médecins, dans la protection des prisonniers et
des détenus, contre la torture et autres peines ou traitements cruels,
inhumains ou dégradants, le principe 3 souligne la nécessité pour les médecins
de préserver leur indépendance vis-à-vis des sanctions :

« Il y a violation de l’éthique médicale si les membres du personnel de santé,


en particulier, ont avec des prisonniers ou des détenus des relations d’ordre
professionnel qui n’ont pas uniquement pour objet d’évaluer, de protéger ou
d’améliorer leur santé physique ou mentale ».

Parmi les Principes fondamentaux relatifs au traitement des détenus le


principe 7 se rapporte à l’utilisation du régime cellulaire comme sanction :

« Des efforts tendant à l’abolition du régime cellulaire ou à la restriction du


recours à cette peine doivent être entrepris et encouragés. »

C- LES IMPLICATIONS

Il importe que les personnes détenues soient informées de toutes les règles qui
régissent l’EP. Lorsqu’une personne détenue commet une infraction à la discipline,
son cas doit être jugé conformément à une série de procédures préalablement
rendues publiques et décrites dans le règlement intérieur de l’EP. Si elle est jugée
coupable, la personne détenue peut se voir imposer différentes peines, qui seront
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58
définies dans la même série de procédures. Les personnes détenues doivent être
informées de toutes les règles relatives aux procédures et sanctions disciplinaires.

Les procédures disciplinaires en vigueur dans le cadre des EP doivent être régies par
les principes élémentaires de justice. Parmi ces derniers figurent le droit à connaître
la nature l’accusation afin de préparer sa défense.

Le médecin ne peut pas contribuer à des sanctions qui atteignent l’état de santé de
la personne. Leur relation avec toute personne détenue est avant tout celle d’un
médecin avec son patient. Ils ne doivent jouer aucun rôle susceptible d’être
interprété comme une participation à l’imposition d’une sanction.

D- LES RECOMMANDATIONS PRATIQUES

Le règlement intérieur de chaque EP doit lister les actes qui contreviennent à la


discipline, la sécurité et à l’ordre, ainsi que les mesures disciplinaires
correspondantes. Ce règlement intérieur doit être affiché et porté à la connaissance
des personnes détenues aussi souvent que nécessaire.

Il importe que le système de punition en vigueur dans les EP soit formalisé et bien
connu du personnel pénitentiaire comme des personnes détenues. Ce système doit
généralement comporter les différents éléments suivants :

 L’autorité responsable juger le cas en présence des personnes détenues et


du membre du personnel qui porte l’accusation ;

 la personne détenue doit être informée à l’avance de la nature de


l’accusation ;

 la personne détenue doit avoir le temps suffisant pour préparer sa défense


et la soutenir lors de l’audience disciplinaire ;

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Médecins du Monde – Juillet 2009
59
 la personne détenue doit être autorisée à poser des questions aux
membres du personnel qui présente l’accusation et appeler ses propres
témoins ;

 dans les cas complexes, la personne détenue doit pouvoir faire appel à un
conseiller juridique ;

 la personne détenue doit avoir le droit de déposer un recours auprès de


l’autorité compétente pour faire appel de la décision disciplinaire.

Toute forme de représailles est interdite. Toute forme de punitions imposées hors
cadre légal est rigoureusement interdite.

CONCLUSION

Le respect des principes fondamentaux applicables à la détention est


essentiel à l’humanisation de la détention.

Aucune circonstance de quelque nature que ce soit ne peut suspendre


l’application de ces principes fondamentaux.

Le non-respect de ces principes essentiels créent au sein de l’EP une zone


de non droit dans laquelle la sécurité du personnel pénitentiaire et des
personnes détenues ne peut plus être garantie.

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Médecins du Monde – Juillet 2009
60
MODULE 3:
LES REGLES GENERALES APPLICABLES A LA DETENTION

OBJECTIFS DU MODULE

Renforcer les connaissances des participants sur les règles générales applicables à
la détention.

Développer les capacités des participants à repérer les dysfonctionnements des EP


dont ils ont la charge et qui portent atteinte aux droits des personnes détenues.

Développer les capacités des participants à mettre en place des mesures


correctrices visant à rétablir une situation conforme aux droits des personnes
détenues.

PLAN DU MODULE

 Chapitre 1 : Le droit à des conditions de vie appropriées


 Chapitre 2 : L’accès aux soins et l’éthique médicale dans les EP
 Chapitre 3 : Les relations avec le monde extérieur
 Chapitre 4 : La gestion du temps en détention
 Chapitre 5 : La procédure de plainte

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Médecins du Monde – Juillet 2009
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CHAPITRE 1
LE DROIT A DES CONDITIONS DE VIE APPROPRIEE

I- LES LOCAUX DE DETENTION

A- LES PRINCIPES ESSENTIELS

Les personnes détenues sont des êtres humains, elles ont droit à des conditions de
vie appropriées.

Des conditions de vie appropriées incluent le droit au logement, à l’alimentation et à


l’eau potable, à l’habillement et à la literie.

Priver une personne détenue d’un de ces droits équivaut à un mauvais traitement
voire même à un acte de torture.

Les personnes détenues ont droit à un espace de vie suffisant, assez aéré et
lumineux pour rester en bonne santé.

Leurs chambres de détention doivent disposer des installations sanitaires


appropriées.

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Médecins du Monde – Juillet 2009
62
B- LES INSTRUMENTS JURIDIQUES

1- La législation malgache

Le décret 2006 -015 stipule que :

« L’incarcération doit être subie dans des conditions satisfaisantes d’hygiène


et de salubrité, tant en ce qui concerne l’aménagement et l’entretien des
bâtiments, le fonctionnement des services et l’organisation du travail, que
l’application des règles de propreté individuelle.14 »

« Les locaux de détention doivent être propres et répondre aux exigences de


l’hygiène, du cubage d’air, de l’éclairage et de l’aération. Dans les chambres
les fenêtres doivent être suffisamment grandes pour permettre l’entrée d’air
frais. Les installations sanitaires doivent être propres. Elles doivent être
réparties d’une façon convenable et leur nombre proportionné à l’effectif des
personnes détenues. »15

La circulaire 51- MJ/ SP/ 06 du 02 Mai 2006 portant sur la santé dans
l’établissement pénitentiaire exige de « maintenir la salubrité des locaux de
détention » dans son paragraphe 3.

2- La législation internationale

La DUDH stipule dans son article 24 que : « toute personne a droit à un niveau de
vie suffisant pour assurer sa santé, son bien être et ceux de sa famille, notamment
pour l’alimentation, le logement, les soins médicaux ».

Le PIDESC dans son article 11 paragraphe 1 stipule que : «les Etats parties
reconnaissent le droit de toute personne à un niveau de vie suffisant pour elle-
14
Voir art. 70
15
Voir art. 71

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Médecins du Monde – Juillet 2009
63
même et sa famille, y compris une nourriture, un vêtement et un logement
suffisant ».

Les RMT exigent le respect des principes suivants :

Règle 9 : « 1) Les cellules ou chambres destinées à l’isolement nocturne ne


doivent être occupées que par un seul détenu.
2) Lorsqu’on recourt à des dortoirs, ceux-ci doivent être occupés par des
détenus soigneusement sélectionnés et reconnus aptes à être logés dans ces
conditions. La nuit, ils seront soumis à une surveillance régulière, adaptée au
type d’établissement considéré. »

Règle 10. : « Les locaux de détention et, en particulier, ceux qui sont destinés
au logement des détenus pendant la nuit, doivent répondre aux exigences de
l’hygiène, compte tenu du climat, notamment en ce qui concerne le cubage
d’air, la surface minimum, l’éclairage, le chauffage et la ventilation ».

Règle 11 : « Dans tout local où les détenus doivent vivre ou travailler,


a) Les fenêtres doivent être suffisamment grandes pour que le détenu puisse
lire et travailler à la lumière naturelle; l’agencement de ces fenêtres doit
permettre l’entrée d’air frais, et ceci qu’il y ait ou non une ventilation
artificielle;
b) La lumière artificielle doit être suffisante pour permettre au détenu de lire
ou de travailler sans altérer sa vue. »

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Médecins du Monde – Juillet 2009
64
C- LES IMPLICATIONS

L’état des chambres de détention a des impacts sur l’hygiène, la santé et même le
bien-être des personnes détenues.

Les locaux de détention doivent donc disposer des installations sanitaires (douches
et WC) en bon état et en nombre suffisant. En outre, elles doivent être disponibles,
propres16 et décentes. Cela répond à l’exigence du respect de l’intégrité physique et
morale de la personne détenue.

Ci-dessous les normes fixées par le CICR et l’OMS17:

CAPACITE D'ACCUEIL ET CONDITIONS DE LOGEMENT

Surface minimum pour le logement Surface attribuée au logement 3.4 - 5.4m2/personne


Surface de logement situation de
crise grave Surface au sol (cellules ou dortoirs) 2m2/personne*
1.6m2/personne
Literie et lits superposés Surface minimale de couchage (2mX0.80m)
Espace minimum entre sol et 1er niveau 0.2m
Espace minimum entre 2 niveaux de couchage 1.2m
Hauteur minimum entre dernier niveau et toit 3m
Distance minimum entre les lits 1.5m
Ventilation et éclairage Volume minimum disponible 3.5m3 / personne
Ventilation par niveau de couchage 0.025m3/personne
Intensité lumière artificielle 0.5watt/personne
Intensité lumière artificielle pour
locaux>100m2 2.5watts/m2
Lumière naturelle (surf ouvertures/personne) 0.015m2 / personne

16
Décret 2006- 015 article 71
17
Source : Pier GIORGIO NEMDRINI, « Eau, assainissement, hygiène, habitat dans les
prisons », CICR, Août 2004.

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II- L’ACCES A L’ALIMENTATION ET A L’EAU POTABLE

A- LES PRINCIPES ESSENTIELS

Les personnes détenues ont droit à une nourriture en qualité et en quantité


suffisante.
Elles doivent pouvoir s’approvisionner librement en eau potable.

B- LES INSTRUMENTS JURIDIQUES

1- La législation malgache

Le décret 2006 -015 stipule que :


« Les personnes détenues doivent recevoir une alimentation variée, bien
préparée répondant tant en ce qui concerne la qualité et la quantité aux
règles de la diététique et de l’hygiène. Deux repas au moins, sont distribués
chaque jour.18 »

« Le médecin fait des inspections régulières et conseille le chef


d’établissement en ce qui concerne la quantité, la qualité, la préparation et la
distribution des aliments ».19

2- La législation internationale

La DUDH stipule dans son article 24 que « toute personne a droit à un niveau de
vie suffisant pour assurer sa santé, son bien être et ceux de sa famille, notamment
pour l’alimentation, le logement, les soins médicaux ».

Le PIDESC stipule en son article 11 « les Etats Parties au présent Pacte


reconnaissent le droit de toute personne à un niveau de vie suffisant pour elle-
18
Voir art. 72.
19
Voir art. 80.

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même et sa famille, y compris une nourriture, un vêtement et un logement
suffisants ». Il ajoute que : « les Etats Parties reconnaissent le droit fondamental
qu’a toute personne d’être à l’abri de la faim ».

Les RMT disposent des mêmes termes à la Règle 20:

« Tout détenu doit recevoir de l’administration aux heures usuelles une


alimentation de bonne qualité, bien préparée et servie, ayant une valeur
nutritive suffisant au maintien de sa santé et de ses forces.
Chaque détenu doit avoir la possibilité de se pourvoir d’eau potable lorsqu’il
en a besoin. »

En outre et conformément à la Règle 26, le médecin doit faire des inspections


régulières et conseiller le directeur en ce qui concerne la quantité, la qualité, la
préparation et la distribution des aliments.

C- LES IMPLICATIONS

Les personnes détenues doivent pouvoir s’approvisionner régulièrement en eau


potable. Elles doivent pouvoir disposer en quantité voulue et lorsqu’elles en ont
besoin20. En d’autres termes, l'eau potable doit être à tout moment (jour et nuit)
mise à disposition des personnes détenues.

Fournir aux personnes détenues une nourriture saine et propre permet de les
maintenir en bonne santé et en bonne forme.

La ration offerte aux personnes détenues doit être variée et suffisante. Elle doit
avoir une valeur nutritive suffisante au maintien de sa santé et de ses forces.
La préparation de ces nourritures doit respecter les règles de la diététique et de
l’hygiène21.
20
RMT règle 20
21
Idem

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67
Ci-dessous un tableau illustrant une ration alimentaire type (à base de produits locaux) répondant
aux 2250 Kcal exigées par l’Organisation Mondiale de la Santé:

ALIMENTS Poids en gramme par


Kcal/100 g Total Kcal
(Variables) personne par jour

RIZ 400 350 1 400

HUILE 60 900 540

KODRY 100 340 340

SEL 1,5 - -

OIGNONS 15 - -

PATSA 30 300 90

2 370

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Médecins du Monde – Juillet 2009
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III- L’HABILLEMENT ET LA LITERIE

A- LES PRINCIPES ESSENTIELS

Les personnes détenues doivent porter des vêtements décents.


Elles ont droit chacune à un lit individuel.

B- LES INSTRUMENTS JURIDIQUES

1- La législation malgache

Le décret 2006 -015 stipule dans son article 69 que « dans tous les
établissements pénitentiaires les personnes détenues prévenues ou condamnées
portent les vêtements personnels qu’elles possèdent ou qu’elles acquièrent par
l’intermédiaire de l’administration ou de leurs familles. Ils doivent être maintenus en
bon état et lavés avec une fréquence suffisante pour assurer leur propreté ».

2- La législation internationale

Le PIDESC stipule que les Etats parties reconnaissent le droit de toute personne à
un vêtement et un logement suffisants.22

Les RMT comportent les exigences suivantes :


Règle 17 : « 1) Tout détenu qui n’est pas autorisé à porter ses vêtements
personnels doit recevoir un trousseau qui soit approprié au climat et suffisant
pour le maintenir en bonne santé. Ces vêtements ne doivent en aucune
manière être dégradants ou humiliants.
2) Tous les vêtements doivent être propres et maintenus en bon état. Les
sous-vêtements doivent être changés et lavés aussi fréquemment qu’il est
nécessaire pour le maintien de l’hygiène.

22
Voir art. 11.

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Médecins du Monde – Juillet 2009
69
3) Dans des circonstances exceptionnelles, quand le détenu s’éloigne de
l’établissement à des fins autorisées, il doit lui être permis de porter ses
vêtements personnels ou des vêtements n’attirant pas l’attention. »

Règle 18 : « Lorsque les détenus sont autorisés à porter leurs vêtements


personnels, des dispositions doivent être prises au moment de l’admission à
l’établissement pour assurer que ceux-ci soient propres et utilisables. »

Règle 19 : « Chaque détenu doit disposer, en conformité des usages locaux


ou nationaux, d’un lit individuel et d’une literie individuelle suffisante,
entretenue convenablement et renouvelée de façon à en assurer la
propreté. »

Règle 26 : « Le médecin doit faire des inspections régulières et conseiller le


directeur en ce qui concerne la qualité et la propreté des vêtements et de la
literie des détenus. »

C- LES IMPLICATIONS

La propreté des vêtements et de la literie des personnes détenues a des


conséquences positives sur leur santé.

Les personnes détenues doivent porter des vêtements propres et en bon état 23.
Dans ce cadre, l’administration pénitentiaire doit prévoir des installations de lavage
et de séchage permettant d’assurer la propreté des vêtements et de les maintenir
en bon état.

Chaque personne détenue a droit à un lit individuel; en conformité avec les


coutumes locales ou nationales. Le type de lit et de literie peut varier selon les
traditions locales ou nationales.

23
RMT règle 17

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Médecins du Monde – Juillet 2009
70
Il convient de prévoir dans les établissements pénitentiaires le même type de lit et
de literie que dans la communauté. Enfin, les personnes détenues doivent pouvoir la
laver régulièrement pour assurer sa propreté24.

IV. L’HYGIENE

A- LES PRINCIPES ESSENTIELS

Le médecin a la responsabilité importante de veiller au respect de normes d’hygiène


adéquates.

Le médecin peut faire des inspections régulières et conseiller le chef d’établissement


quant au caractère approprié de la nourriture, de l’eau potable, de l’hygiène, de la
propreté, des installations sanitaires, du chauffage, de l’éclairage, de la ventilation
des locaux, des vêtements, de la literie et des possibilités d’exercice.

Toutes les personnes détenues doivent disposer des installations permettant de


satisfaire aux besoins naturels et de veiller conjointement à leur propreté
personnelle et à leur bonne présentation.

B- LES INSTRUMENTS JURIDIQUES

1- La législation malgache

Le décret 2006-015 prévoit en son article 70 que : « L’incarcération doit être


subie dans des conditions satisfaisantes d’hygiène et de salubrité , tant en ce qui
concerne l’aménagement et l’entretien des bâtiments, le fonctionnement des
services et l’organisation du travail, que l’application des règles de propreté
individuelle ».

24
RMT règle 19

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Médecins du Monde – Juillet 2009
71
Il ajoute en son article 74 que : « La propreté est exigée de toutes les personnes
détenues. Les facilités et les temps convenable leur sont accordés pour qu’elles
procèdent quotidiennement à leurs soins de propreté .Elles doivent pouvoir se
doucher régulièrement ».

En outre, le décret précise en son article 80 que : « Le médecin fait des inspections
régulières et conseille le chef d’établissement en ce qui concerne :
- la quantité, la qualité, la préparation et la distribution des aliments ;
- l’hygiène et la propreté de l’établissement et des personnes détenues ;
- les installations sanitaires, l’éclairage et la ventilation des chambres ;
- la qualité et la propreté des vêtements et de la literie des personnes
détenues ».

2- La législation internationale

Le paragraphe 1 de l’article 12 du PIDESC reconnaît à tous le droit à la santé


physique et mentale.
Les RMT stipulent que :
Règle 12 : «Les installations sanitaires doivent permettre au détenu de
satisfaire aux besoins naturels au moment voulu, d’une manière propre et
décente ».

Règle13 : «Les installations de bain et de douche doivent être suffisantes


pour que chaque détenu puisse être mis à même et tenu de les utiliser, à une
température adaptée au climat et aussi fréquemment que l’exige l’hygiène
générale selon la saison et la région géographique, mais au moins une fois
par semaine sous un climat tempéré ».

Règle 14 : « Tous les locaux fréquentés régulièrement par les détenus doivent
être maintenus en parfait état d’entretien et de propreté ».

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72
Règle 15 : « On doit exiger des détenus la propreté personnelle; à cet effet,
ils doivent disposer d’eau et des articles de toilette nécessaires à leur santé et
à leur propreté ».

Règle 16 : « Afin de permettre aux détenus de se présenter de façon


convenable et de conserver le respect d’eux-mêmes, des facilités doivent être
prévues pour le bon entretien de la chevelure et de la barbe; les hommes
doivent pouvoir se raser régulièrement ».

Règle 24 : « Le médecin doit examiner chaque détenu aussitôt que possible


après son admission et aussi souvent que cela est nécessaire ultérieurement,
particulièrement en vue d’assurer la séparation des détenus suspects d’être
atteints de maladies infectieuses ou contagieuses ».

Règle 26 :« Le médecin doit faire des inspections régulières et conseiller le


directeur en ce qui concerne l’hygiène et la propreté de l’établissement et des
détenus ».

C- LES IMPLICATIONS

La salubrité du milieu ambiant repose sur la coopération de tous dans un EP. Cela
implique :
 une formation sanitaire pour le personnel pénitentiaire;
 une éducation à la santé pour les personnes détenues.

Dans certains pays, les responsables de l’hygiène du milieu, qui ont parfois la
charge des problèmes d’hygiène publique ont le droit de visiter les EP et peuvent
contraindre les autorités pénitentiaires à adopter les mesures nécessaires pour
garantir le respect de règles d’hygiène adéquates.

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Médecins du Monde – Juillet 2009
73
Dans beaucoup d’EP, des effectifs importants doivent partager une situation de
promiscuité pendant des périodes de temps prolongées. Or, il est essentiel du point
de vue sanitaire comme pour leur dignité personnelle, d’offrir aux personnes
détenues toute possibilité de satisfaire à leurs besoins naturels les plus élémentaires
avec un degré d’intimité approprié, et de prêter spécialement attention aux
exigences en matière d’hygiène personnelle.

Il importe, pour la santé du personnel pénitentiaire comme pour les personnes


détenues de prévoir des installations appropriées adaptées aux exigences d’hygiène
et de propreté.

D- LES RECOMMANDATIONS PRATIQUES

Le personnel doit veiller au bon état de fonctionnement de tous les lavabos et


toilettes disponibles. Il doit assurer le maintien en état de propreté des
infrastructures par des groupes de personnes détenues.

Les installations sanitaires et hygiéniques des dortoirs risquent d’être insuffisantes


pour les effectifs hébergés. En pareille circonstance, il est envisageable d’autoriser
les personnes détenues à utiliser d’autres installations à l’extérieur des dortoirs.

Du savon, des serviettes propres et du papier doivent être mis à la disposition de


toutes les personnes détenues. Les femmes incarcérées doivent pouvoir se procurer
facilement de produits hygiéniques. Les hommes doivent être munis d’accessoires
de rasage personnels.

Les personnes détenues qui accomplissent des travaux salissants, et ceux qui
préparent ou qui servent la nourriture doivent avoir la possibilité de se laver plus
régulièrement.

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Médecins du Monde – Juillet 2009
74
Il faut veiller à ce que les exigences de l’hygiène ne servent pas de prétexte pour
imposer la discipline.

Les conditions de vie des personnes détenues doivent être contrôlées régulièrement
par un médecin.

Le personnel et les personnes détenues qui participent à la préparation des aliments


doivent recevoir une formation spéciale à l’hygiène alimentaire.

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Médecins du Monde – Juillet 2009
75
CHAPITRE 2
L'ACCES AUX SOINS ET L'ETHIQUE MEDICALE DANS LES
ETABLISSEMENTS PENITENTIAIRES

I. L’ACCES AUX SOINS EN DETENTION

A- LES PRINCIPES ESSENTIELS

Tout individu dispose du droit à la santé qu’il soit détenu ou non. Les personnes
détenues conservent leur droit fondamental à jouir d’une bonne santé physique et
mentale.

L’établissement pénitentiaire est responsable de la santé des personnes dont il a la


charge.

Toutes les personnes détenues doivent avoir librement accès aux services de santé
disponibles dans les pays où ils se trouvent.

Tous les traitements médicaux nécessaires doivent alors être fournis gratuitement.

Les décisions concernant la santé d’une personne détenue doivent être prises
uniquement pour des raisons médicales, par des personnes dotées des compétences
médicales requises.

Elles conservent leur droit à recevoir un niveau de soins médicaux au moins


équivalent à celui qui est fourni à l’extérieur de l’établissement pénitentiaire.

Toute personne détenue doit faire l’objet d’une visite médicale dans un délai aussi
bref que possible (dans les 24 premières heures) après son entrée dans
l’établissement25.

25
RMT règle 24

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Médecins du Monde – Juillet 2009
76
Toute personne détenue peut demander à ce qu’un deuxième examen médical soit
fait, à condition que cela ne nuise pas à la sécurité et au maintien de l’ordre dans
l’EP.

B- LES INSTRUMENTS JURIDIQUES

1- La législation malgache

La Constitution stipule dans son article 19 que « l’Etat reconnaît pour tout individu
le droit à la protection de sa santé dès sa conception ».

Le décret 2006 -015 stipule que :


Article 76 : « Chaque établissement pénitentiaire doit disposer au moins de
service d’un médecin, d’un dentiste et / ou d’infirmier. Le médecin et le
dentiste sont désignés par le Ministre en charge de la santé ou son délégué ».

Article 77 : « Dans les établissements réservés aux femmes détenues, des


installations nécessaires au traitement des femmes enceintes sont mise en
place. Des dispositions sont prises pour que l’accouchement ait lieu dans un
hôpital. Si l’enfant est né dans l’établissement pénitentiaire, l’acte de
naissance n’en fait pas mention ».

Article 78 : « Le médecin examine chaque détenu après sont admission et


aussi souvent que nécessaire, particulièrement en vue de :
- déceler l’existence d’une maladie physique ou mentale, et de prendre toutes
les mesures nécessaires ;
- assurer la séparation des personnes détenues atteintes de maladies
contagieuses ».

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Médecins du Monde – Juillet 2009
77
Article 79 : « Le médecin est responsable de la santé physique et mentale des
personnes détenues ».
Article 81 : « Pour les maladies qui ont besoin de soins spéciaux, il faut
prévoir leurs admissions dans un établissement hospitalier spécialisé. Lorsque
le traitement hospitalier est organisé dans l’établissement, celui-ci doit être
pourvu d’un matériel, d’un outillage ainsi que des produits pharmaceutiques
permettant de donner les soins et traitements convenables aux personnes
détenues malades, et le personnel doit avoir une formation professionnelle
suffisante ».

La circulaire 51- MJ/ SP/ 06 du 02 mai 2006 portant Santé dans


l’établissement pénitentiaire exige de « préserver le bon état de santé des
détenus ».

L’arrêté interministériel N° 4673/80 fixant le régime d’hospitalisation des


personnes détenues stipule que :
Article 2 : « L’hospitalisation d’une personne détenue a lieu obligatoirement
dans une formation sanitaire relevant des autorités malgaches. En aucun cas,
l’hospitalisation d’une personne détenue en catégorie payante ne pourra être
admise ».

Article 3 : « L’admission d’une personne détenue dans un établissement


hospitalier est prononcée par le médecin chef de l’établissement pénitentiaire
ou à défaut par le médecin chef du service de santé du district sanitaire ou un
médecin désigné par lui dans le chef lieux du district ou le médecin chef de la
circonscription médicale du ressort ou la plus proche dans la circonscription ».

La Note de service26 n°446- PGM/2007 relative au frais d’hospitalisation


des personnes détenues mentionne que « tous les frais d’hospitalisation des
personnes détenues sont supportés par les frais de justice criminelle ».

26
Cette Note de service couvre tout le ressort de la Cour d’Appel de Mahajanga, notamment les Régions
administratives de Boeny, Betsiboka, Melaky, Sofia, et Diana.
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78
2- La législation régionale

La Charte africaine stipule dans son article 16 que :


« 1. Toute personne a le droit de jouir du meilleur état de santé physique et
mentale qu’elle soit capable d’atteindre.
2. Les Etats parties à la présente Charte s’engagent à prendre les mesures
nécessaires en vue de protéger la santé de leurs populations et de leur
assurer l’assistance médicale en cas de maladie ».

3- La législation internationale

La DUDH stipule dans son article 24 que « toute personne a droit à un niveau de
vie suffisant pour assurer sa santé, son bien être et ceux de sa famille, notamment
pour l’alimentation, le logement, les soins médicaux ».

Le PIDESC dans son article 12 paragraphe 1 stipule que « les Etats parties au
présent Pacte reconnaissent le droit qu’a toute personne de jouir du meilleur état de
santé physique et mentale qu’elle soit capable d’atteindre ».

Les Principes fondamentaux relatifs au traitement des détenus prévoient


dans son principe 09 que « les détenus ont accès aux services de santé existant
dans le pays, sans discrimination aucune du fait de leur statut juridique ».

L’Ensemble de principes pour la protection de toutes les personnes


soumises a une forme quelconque de détention ou d’emprisonnement
prévoit que :
Principe 24 : « Toute personne détenue ou emprisonnée se verra offrir un
examen médical approprié dans un délai aussi bref après son entrée dans le
lieu de détention ou d’emprisonnement; par la suite, elle bénéficiera de soins
et traitements médicaux chaque fois que le besoin s’en fera sentir. Ces soins
seront gratuits ».

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79
Principe 25 : « Toute personne détenue ou emprisonnée ou son conseil a,
sous la seule réserve des conditions raisonnablement nécessaires pour
assurer la sécurité et le maintien de l’ordre dans le lieu de détention ou
d’emprisonnement, le droit de demander à une autorité judiciaire ou autre un
deuxième examen médical ou une deuxième opinion médicale ».

C- LES IMPLICATIONS

Une personne détenue doit bénéficier de soins et traitements médicaux chaque fois
que le besoin s’en fera sentir.

Le médecin référent doit pouvoir se rendre disponible quand cela est nécessaire.

Les personnes détenues doivent recevoir des soins tant préventifs que curatifs.

Lorsqu’une personne détenue souffre d’une quelconque maladie, elle a droit d’être
soignée par un médecin de l’EP ou si la maladie s’avère compliquée, une évacuation
à l’extérieur de l’EP doit être prévue.

Les soins et les traitements offerts doivent être gratuits qu’il soit à l’intérieur ou à
l’extérieur de l’établissement pénitentiaire27.

27
Ensemble de principes pour la protection de toutes les personnes soumises a une forme quelconque de détention
ou d’emprisonnement, Principes 24. Note de service n°446-PGM/2007 du 31/07/2007 relative au frais
d’hospitalisation des personnes détenues.
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80
II. L’ETHIQUE ET LA DEONTOLOGIE MEDICALE DANS LA PROTECTION DES
PERSONNES DETENUES

A- LES PRINCIPES ESSENTIELS

L’INDEPENDANCE MEDICALE DOIT ETRE GARANTIE.

Principe 1 : La primauté de la personne et l’obligation de traiter sans


discrimination et Primum non nocere (d’abord ne pas nuire)

Les membres du personnel pénitentiaire de santé chargés de dispenser des soins


médicaux aux personnes détenues sont tenus d’assurer la protection de leur santé
physique et mentale

En cas de maladie, ils doivent leur dispenser un traitement de même qualité et


répondant aux mêmes normes que celui dont bénéficient les personnes qui ne sont
pas détenues.

Ils ont le devoir de traiter toutes les personnes détenues sans discrimination
de races, ethnies, nations, sexes, religions ou croyances, groupes sociaux, opinions
politiques, mœurs, situation de famille, réputation, handicaps, fortune, états de
santé.

Principe 2 : La confidentialité, le secret médical et le consentement

La confidentialité commence par un aménagement des locaux de consultation


garantissant un minimum d’intimité et la formation du personnel. Il faut éviter un
va et vient permanent pendant l’entretien ou l’examen. Les locaux de consultation
doivent être agencés de manière à garantir un minimum d’intimité.

Concernant le secret professionnel, il est préférable en réalité de parler du « secret


du patient ou de la victime de violence » plutôt que du secret médical qui laisse

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Médecins du Monde – Juillet 2009
81
croire, à tort, que le secret est celui du médecin. Le médecin est seulement le
dépositaire.
Le respect de ce secret sert l’intérêt du patient ou de la victime de violence, il
permet de mieux le soigner, voire de le protéger. Il respecte sa vie privée et
contribue à la relation de confiance soignant - soigné.

Il peut exister des dérogations possibles ou obligatoires au secret médical dictées


par des lois nationales dont il faut s’enquérir ; par exemple en cas de sévices
infligés aux mineurs.

Concernent l’intervention médicale, que celle-ci soit de caractère préventif,


diagnostique ou thérapeutique, elle ne doit être mise en œuvre qu’avec un
consentement préalable, libre et éclairé de la personne concernée.

Principe 3 : L’obligation d’attester à la demande de la personne victime de


violence

Si une personne détenue est victime d’actes de violence, elle doit pouvoir obtenir un
certificat médical auprès du médecin référent de l’EP qui attestera de ces lésions.
C’est un droit pour la personne et un devoir pour le médecin. Si la personne
ne demande pas de certificat, le médecin doit le lui proposer. Même si la personne
refuse de le prendre, le médecin doit le rédiger et le garder dans les archives en
informant la victime qu’elle pourra en disposer quand bon lui semblera.

Le médecin doit en informer les autorités pénitentiaires et judiciaires compétentes.

Principe 4 : L’obligation de protéger

Les soignants ont l’obligation de protéger les personnes détenues. Il s’agit bien sûr
ici de faire valoir une protection légale et non d’assurer soi-même une protection
physique encore qu’il existe, dans certains cas, des possibilités de protection
physique relative, passive, temporaire comme l’hospitalisation au sein d’une
structure médicale.

Manuel de formation aux droits de l'homme à l'attention du personnel pénitentiaire malgache


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82
Principe 5 : L’obligation d’agir en cas de suspicion de torture ou de
traitement inhumain ou dégradant

Les soignants ne peuvent JAMAIS participer activement ou passivement à des


mauvais traitements, ni même les tolérer une fois qu’ils en ont eu connaissance.
Une fois qu’il a une telle connaissance, le médecin doit agir. Les mauvais
traitements ne constituent pas une obligation légale de déroger au secret
professionnel. En revanche, le médecin doit documenter le ou les cas et trouver un
moyen d’agir dans l’intérêt de la/les personnes victimes de ces actes (peser les
risques de représailles par exemple). Ne rien faire pourra être considéré comme un
acquiescement tacite des mauvais traitements.

B- LES DEFINITIONS

L’Organisation Mondiale de la Santé (ci-après « OMS) définit la santé comme


étant « un état de complet bien-être physique, mental et social qui ne consiste
pas seulement en l’absence de maladie ou d’infirmité ».
Les soins de santé primaires sont quant à eux décrits comme étant « les soins
essentiels sur des méthodes et des technologies pratiques, scientifiquement
valables et socialement acceptables ».

C- LES INSTRUMENTS JURIDIQUES

1- La législation malgache

Les articles 30 à 55 du Code de déontologie médicale prévoient les droits et


devoirs du médecin envers le patient/ personne détenue.

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Médecins du Monde – Juillet 2009
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Le médecin doit ainsi « assurer aussitôt tous les soins médicaux, agir avec
correction et aménité envers les malades et donc se montrer compatissant envers
eux. Il doit élaborer son diagnostic avec le plus grand soin, sans précipitations et en
s’aidant si besoins de méthodes scientifiques les mieux adaptées ; formuler ses
prescriptions avec toute la clarté indispensable et s’assurer de la compréhension des
prescriptions par le malade ou son entourage, donner une information loyale, claire
et appropriée sur l’état de la personne, sauf exceptionnellement en cas de pronostic
fatal. En revanche, les proches doivent être prévenus sauf si le malade au courant
de son état a préalablement interdit la révélation de son état le médecin doit s’y
conformer. Le médecin a aussi l’obligation de respecter la volonté du malade qui
refuse les investigations ou les traitements proposés ».

En toutes circonstances, « le médecin doit s’efforcer de soulager les souffrances


de son malade, l’assister moralement et ne pas s’obstiner à des investigations
thérapeutiques déraisonnables ».

Il doit en outre :
« Accompagner un mourant jusqu’à ses derniers moments et assurer par des
soins la qualité de la vie qui prend fin, réconforter son entourage mais le
médecin n’a pas le droit de provoquer délibérément la mort.
Assurer la continuité des soins quelles que soient les circonstances
Etablir lui-même sa note d’honoraire avec tact et mesure. »

Pour la prise en charge d’un patient mineur ou d’un majeur protégé le médecin doit
prévenir les parents ou le représentant légal.
« Au cas où le médecin discerne qu’une personne est victime de sévices ou de
privations il doit mettre en œuvre les moyens pour la protéger avec toutefois
de prudence et circonspection. Si le sujet est mineur ou ne peut se défendre
(age, état mental ou physique), en son âme et conscience le médecin doit
alerter les autorités judiciaires ou administratives. »

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Médecins du Monde – Juillet 2009
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Ce que le médecin n’a pas le droit de faire :
-« S’immiscer, pour des raisons professionnelles dans les affaires de famille et
la vie privée des patients. Procéder à un avortement thérapeutique sauf si
cette intervention est le seul moyen susceptible de sauvegarder la vie de la
mère et sans le refus éventuel de l’intéressée. Ainsi le médecin et 2 médecins
consultants (dont 1 issu des experts du tribunal civil) après examen et
discussion attesteront par écrit que la vie de la mère ne peut être
sauvegardée qu’au moyen d’une interruption de la grossesse ; le malade et
les 2 médecins consultants doivent avoir une copie de cette décision ».
-« Faire courir au patient un risque injustifié dans les investigations et
intervention
-Pratiquer une intervention mutilante sans le consentement de l’intéressé.
-Partager les honoraires entre médecin traitant d’une part, consultant,
chirurgien ou spécialiste d’autre part. »

L’article 69 du même code stipule que :


« le médecin doit disposer au lieu de son exercice professionnel d’une
installation convenable de locaux adéquats pour permettre le respect du
secret professionnel et de moyens techniques suffisants en rapport avec la
nature des actes qu’il pratique ou de la population qu’il prend en charge. Il
doit notamment veiller à la stérilisation et à la décontamination des dispositifs
médicaux qu’il utilise et à l’élimination des déchets selon les procédures
réglementaires.
Il ne doit pas exercer sa profession dans les conditions qui puissent
compromettre la qualité des soins et des actes médicaux ou la sécurité des
personnes examiner. Il doit veiller à la compétence des personnes qui lui
apportent leurs concours. »

Les infractions aux dispositions du Code de déontologie relèvent de la juridiction


disciplinaire de l’Ordre Nationale des Médecins, sans préjudice des poursuites
pénales qu’elles seraient susceptibles d’entraîner.

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Médecins du Monde – Juillet 2009
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2-La législation internationale

La Déclaration de Tokyo (1975) condamne la torture. Elle précise que le


médecin ne devra jamais assister, participer ou admettre les actes de torture ou
autre formes de traitements cruels, inhumains ou dégradants, quelque soit la faute
que la personne est suspectée, accusée ou jugée coupable d’avoir commise.

Tout membre du corps médical doit se conformer à l’éthique médicale, au respect


de bonnes mœurs et de la moralité.

Il est ainsi interdit de :


- Cautionner ou porter atteinte à l’intégrité physique ou mentale du patient ou à
la dignité de ce dernier ;
- User de son influence pour obtenir une faveur ou une concession de
complaisance à son avantage profitant de la situation du patient qui est placé
dans une position de faiblesse ;
- Délivrer un certificat ou une conclusion de complaisance sur un état de santé
en vue de:
- dispenser quelqu’un d’une obligation de service public légalement dû ou de
le soustraire d’une contrainte légale, de la soustraire d’une peine
d’emprisonnement en le faisant admettre dans une formation sanitaire hors
du milieu carcéral ;
- porter préjudice à l’une ou l’autre des parties dans un procès sans qu’il y
ait lieu d’établir ou non d’un fait de corruption.

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D- LES IMPLICATIONS

1- La confidentialité des données écrites

L’utilisation très répandue dans les infirmeries des EP, de registres de consultation
où sont indiqués les noms des personnes, se prêtent très mal à l’indispensable
discrétion vis à vis des données à caractère personnel, voire à la protection des
données sensibles. On entend par « données à caractère personnel » toutes les
informations qui se rapportent à une personne identifiée ou identifiable. Les
« données sensibles » sont des données personnelles susceptibles d’être utilisées au
détriment de l’individu auxquels elles se rapportent. Or les données médicales
(information sur l’état de santé d’un individu) sont considérées comme des données
sensibles dans la plupart des textes nationaux et internationaux.

2- L’information et le consentement

Les patients/blessés doivent comprendre ce que l’on va faire (entretien, examen,


traitement, suivi) et doivent y consentir. Cela est encore plus important avec les
personnes victimes de violences qui ont été dans la situation de ne pas contrôler ce
qui leur arrivait, voire de ne plus avoir aucun contrôle sur leur propre vie.
On insiste sur l’intérêt supérieur du patient/ blessé mais cela présuppose que le soi-
gnant connaît cet intérêt. Actuellement, on estime que le patient/blessé est le mieux
à même de juger où est son intérêt à partir du moment où il a été correctement in-
formé. Le Code de déontologie médicale malgache le prévoit.
Une des conditions au consentement éclairé est la bonne communication entre soi-
gnant-soigné, le soignant devant fournir toutes les informations nécessaires à une
prise de décision par le soigné. L’information donnée doit être loyale et le soignant
doit s’assurer que la personne a compris, par exemple en lui demandant de refor-
muler avec ses propres mots. Le patient/ blessé adulte a le droit de refuser un trai -
tement même si ce refus peut le conduire à la mort.

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Médecins du Monde – Juillet 2009
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Le consentement peut être implicite ou explicite. On admet un consentement
implicite quand le comportement du patient va en ce sens, par exemple on admet
que le patient accepte une prise de sang lorsqu’il tend le bras pour ce geste. Il ne
s’agit pas de demander des consentements écrits pour tout acte, mais il vaut mieux
les faire pour les traitements ou examens comportant un danger ou inconfort
certain.

3- Le certificat médical à Madagascar

Définition du certificat médical :


Le certificat médical est une attestation écrite des constatations cliniques et para
cliniques, positives ou négatives, concernant l’état de santé d’un individu qui a
bénéficié d’un examen médical. Il est rédigé par une autorité médicale.

Le certificat médical est destiné à constater ou interpréter des faits d’ordre médical.
La responsabilité disciplinaire, pénale et civile du médecin est engagée chaque fois
qu’il accepte de rédiger un certificat médical.

26 articles du Code de déontologie se rapportent aux certificats médicaux dont


le principal est l’ article 76, alinéa 1 du code de déontologie qui stipule:
« L’exercice de la médecine comporte normalement l’établissement par le
médecin, conformément aux constatations médicales qu’il est en mesure de
faire, des certificats, attestations et documents dont la production est
prescrite par les textes législatifs et réglementaires ».

Les personnes pouvant rédiger un certificat médical :


Les personnes qui sont habilitées à rédiger un certificat médical sont : les médecins,
les sages-femmes, les pharmaciens et les chirurgiens-dentistes.
Il y a des cas particuliers concernant les infirmiers et les aides sanitaires. Ils doivent
toujours être établis sous la couverture du médecin inspecteur pour certains actes
comme l’admission et sortie d’hôpital, décès, vaccination et usage scolaire.

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Médecins du Monde – Juillet 2009
88
Les différents types de certificat médical :
Il existe deux types de certificat médical reconnus à Madagascar : les certificats
médicaux obligatoires et les certificats médicaux non obligatoires.
Les certificats médicaux sont obligatoires pour la naissance, le décès, l’expertise,
l’hospitalisation, la grossesse, l’internement, le travail, l’usage scolaire, la pension.
Les certificats médicaux non obligatoires concernent la constatation de blessure, la
toxicologie et la visite médicale.

Bien que le Code malgache considère le certificat de coups et blessures comme non
obligatoire, en examinant bien ce Code, on peut considérer que c’est un devoir :
- le médecin ne peut refuser des soins sauf dans quelques conditions et les
soins incluent les certificats médicaux ;
- il est interdit au médecin de cautionner l’atteinte à l’intégrité physique ou
mentale de la personne ou l’atteinte à sa dignité. Or, ne pas documenter
une telle atteinte par un certificat médical peut être considéré comme un
acquiescement ;
- le médecin doit porter assistance à un malade ou à une personne en
péril ;
- le médecin doit porter son concours à la promotion et la protection de la
santé ;
- au cas où le médecin discerne qu’une personne est victime de sévices ou
d’une privation, il doit mettre en œuvre les moyens pour la protéger. Cette
protection peut être physique mais elle est au mieux légale et ne peut
passer que par le certificat médical ;
- le serment médical précise : « J’interviendrai pour les (personnes)
protéger si elles sont affaiblies, vulnérables ou menacées dans leur
intégrité ou leur dignité ».
Au total, une fois que le médecin a connaissance de violences envers une
personne détenue ou un gardé à vue, il ne peut plus ne rien faire, il doit
au minimum documenter les faits et leurs conséquences.

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Médecins du Monde – Juillet 2009
89
Sur quoi rédiger un certificat médical ?
Un certificat médical est à rédiger sur une feuille d’ordonnance ou un papier à en-
tête d’un établissement sanitaire public ou privé. Le cachet de l’établissement avec
titre du médecin et nom du médecin doit être visible.

E- LES RECOMMANDATIONS PRATIQUES

Le médecin doit se rendre quotidiennement dans les EP.

Chaque EP doit disposer de matériel médical et de médicaments en quantité et


qualité suffisantes pour garantir le respect du droit à la santé des personnes
détenues.

Un dossier médical doit être crée pour chaque personne détenue dès son
incarcération. Il doit être correctement tenu et archivé afin de garantir la
confidentialité des données personnelles qu’il contient.

La rédaction de trois types de certificats médicaux dans les EP doit être rendue
obligatoire pour garantir la protection des personnes détenues et préserver leurs
droits. Il s’agit du :
 Certificat médical de naissance ;
 Certificat médical de décès ;
 Certificat médical de constatation d’actes de violences et de blessures.

Les médecins référents doivent donc se rendre disponible à tout moment.

Un format unique pour chaque type de certificat facilitera le travail du personnel


pénitentiaire médical. Une formation sera dispensée au personnel pénitentiaire
médical pour apprendre à rédiger un certificat médical.

La confidentialité et le secret médical doivent être protégés. On peut envisager de


en mettre en place une armoire et/ou étagère fermée par une clé et y conserver

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Médecins du Monde – Juillet 2009
90
tout dossier médical, fiche, certificat médical (…) qui contient des données
personnelles.

Il convient de s’assurer que les locaux destinés à l’infirmerie répondent aux


exigences de l’éthique médicale en limitant les passages de non médicaux.

Plusieurs médecins référents devraient être désignés pour chaque établissement


pénitentiaire afin de garantir la continuité des soins et d’intervention en cas
d’absence ou incapacité de l’autre. Un dialogue entre le Ministère de la justice et le
Ministère de la santé s’impose à ce sujet.

Des procédures relatives au circuit des malades et à leur référencement devraient


être mises en place afin d’assurer rapidement et correctement l’accès aux soins des
personnes détenues et leur garantir une prise en charge adéquate.

Tous les médecins et les infirmiers oeuvrant dans tous les établissements
pénitentiaires devraient être inscrits aux tableaux de leur Ordre national respectif.

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Médecins du Monde – Juillet 2009
91
CHAPITRE 3
LES RELATIONS AVEC LE MONDE EXTERIEUR

A- LES PRINCIPES ESSENTIELS

Les personnes détenues, leurs proches (familles et amis) et leurs défenseurs ont
droit à la correspondance.

Les correspondances des personnes détenues avec leurs défenseurs et les autorités
judiciaires sont CONFIDENTIELLES conformément au respect des droits de la
défense.

Les personnes détenues, leurs proches (familles et amis) et leurs défenseurs ont le
droit de se rendre visite.

Les visites et/ou rencontres des personnes détenues avec leurs défenseurs sont
couverts par le secret professionnel conformément aux droits de la défense.

Les visites ne doivent jamais être suspendues pour des raisons disciplinaires.

Le droit de visite et le droit à la correspondance doivent être davantage protégés et


maintenus pour un prévenu.

Les personnes détenues ont le droit d’être informées des évènements à l’extérieur
de l’établissement.

La visite est un droit et non pas un privilège ou une récompense pour les personnes
détenues. Ce droit ne doit pas être restreint ou suspendu à titre de sanction, quelles
que soient les circonstances.

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92
B- LES INSTRUMENTS JURIDIQUES

1- La législation malgache

La Constitution stipule en son article 11 que : « tout individu a droit à


l’information. L’information sous toutes ses formes n’est soumise à aucune
contrainte préalable ».

Le décret 2006 -015 stipule que :


Article 93 : « Les personnes détenues prévenues ou condamnées peuvent
écrire à toute personne de leur choix et recevoir des lettres de toute
personne. Le chef d’établissement peut toutefois interdire la correspondance
occasionnelle ou périodique lorsque cette correspondance paraît
compromettre gravement la réinsertion de la personne détenue, la sécurité
ou le bon ordre de l’établissement. Il informe de sa décision le directeur
régional et le procureur de la République ».

Article 95 : «Les lettres de toutes les personnes détenues, tant à l’ arrivée


qu’au départ , peuvent être lues par un membre du personnel désigné par le
chef d’établissement , aux fins de contrôle à l‘exception des lettres reçues et
envoyés aux autorités judiciaires ou aux défenseurs des prévenus . Le
magistrat saisi du dossier de l’information peut prendre connaissance des
lettres du prévenu ».

Article 96 : « Les personnes détenues peuvent écrire à leurs frais tous les
jours et sans limitation. Les lettres sont adressées sous pli ouvert à
l’exception de celles envoyées aux autorités judiciaires ou aux défenseurs des
prévenus ».

Article 101 :« Les jours et heures de visites sont déterminés par le règlement
intérieur de l’établissement. La durée est fixée à 15 minutes, au minimum,
par parloir. Les personnes détenues prévenues ou condamnées peuvent être
visitées au moins, deux fois par semaine ».
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Article 102 : «Les avocats communiquent avec les personnes détenues
prévenues après présentation d’un permis délivré par le magistrat ou la
juridiction en charge du dossier. Le tableau des avocats demeure affiché dans
les locaux de détention.
L’avocat communique librement avec son client dans un local spécial hors la
présence d’un agent.
L’avocat peut, à titre exceptionnel, être autorisé par le procureur de la
République à communiquer avec son client après que celui-ci ait été
condamné à titre définitif.
Les agents d’affaires dans le cas où ils sont admis à la barre et les officiers
ministériels et autres auxiliaires de justice, régulièrement chargés de la
défense des intérêts civils des personnes détenues, peuvent être autorisés à
communiquer dans les même conditions.
La visite a lieu dans un local spécial déterminé par le chef d’établissement ».

Article 103 : « Toutes communications et toutes facilités compatibles avec les


dispositions du présent décret sont accordées aux prévenus et accusés pour
l’organisation de leur défense et le choix de leur défenseur ».

2- La législation internationale

L’Ensemble de principes pour la protection de toutes les personnes


soumises à une forme quelconque de détention ou d’emprisonnement
prévoit que :
Principe 19 : « Toute personne détenue ou emprisonnée a le droit de recevoir
des visites, en particulier de membres de sa famille, et de correspondre, en
particulier avec eux, et elle doit disposer de possibilités adéquates de
communiquer avec le monde extérieur, sous réserve des conditions et
restrictions raisonnables que peuvent spécifier la loi ou les règlements pris
conformément à la loi ».

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Médecins du Monde – Juillet 2009
94
Principe 20 : «Si une personne détenue ou emprisonnée en a fait la demande,
elle sera placée, si possible, dans un lieu de détention ou d’emprisonnement
raisonnablement proche de son lieu de résidence habituel. »

Les RMT prévoient que :


Règle 37 : « Les détenus doivent être autorisés, sous la surveillance
nécessaire, à communiquer avec leur famille et ceux de leurs amis auxquels
on peut faire confiance, à intervalles réguliers tant par correspondance qu’en
recevant des visites ».

Règle 39 : « Les détenus doivent être tenus régulièrement au courant des


événements les plus importants, soit par la lecture de journaux quotidiens, de
périodiques ou de publications pénitentiaires spéciales, soit par des émissions
radiophoniques, des conférences ou tout autre moyen analogue, autorisés ou
contrôlés par l’administration ».

C- LES IMPLICATIONS

En dépit du fait d’être incarcérées, les personnes détenues ont le droit de


communiquer avec leurs proches et leurs défenseurs soit en recevant de la visite,
soit en ayant une correspondance, ou encore en ayant des informations relatives
aux évènements extérieurs.

Les personnes détenues ont le droit d’envoyer et de recevoir des lettres de leurs
proches. Il en est de même pour leurs familles, proches et leurs Défenseurs.

Elles doivent pouvoir le faire librement et sans limitation.

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Médecins du Monde – Juillet 2009
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D- LES RECOMMANDATIONS PRATIQUES

Les autorités pénitentiaires doivent offrir toutes les facilités pour que le droit à la
visite et le droit à la correspondance soient pleinement respectés.
Les autorités pénitentiaires doivent donc mettre à disposition des personnes
détenues des moyens pour permettre leurs relations avec leurs proches et les
représentants légaux.

Les autorités pénitentiaires doivent donc mettre à disposition des personnes


détenues et des familles des locaux permettant les visites.

Les autorités pénitentiaires doivent donc mettre à disposition des personnes


détenues et des représentants légaux des locaux répondant aux exigences du
respect du secret professionnel.

Les visites et les correspondances des personnes détenues doivent être consignées
dans des registres correctement tenus et archivés de manière à en faciliter la
consultation.

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Médecins du Monde – Juillet 2009
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CHAPITRE 4
LA GESTION DU TEMPS EN DETENTION

I. L’EDUCATION ET LA FORMATION PROFESSIONNELLE

A- LES PRINCIPES ESSENTIELS

Les personnes détenues ont droit à l’éducation, à la formation professionnelle et aux


loisirs.

Dans un contexte d’analphabétisme majeur, il est de la mission sociale des EP de


permettre aux personnes détenues dont ils ont la charge d’acquérir la capacité de
lire et d’écrire en vue de leur réinsertion sociale.

L’éducation des mineurs doit être prioritaire.

B- LES INSTRUMENTS JURIDIQUES

1-La législation malgache

La Constitution stipule que :


Article 23 : « tout enfant a droit à l’instruction et à l’éducation… L’Etat
s’engage à développer la formation professionnelle ».

Article 27 : « le travail et la formation professionnelle sont pour tout citoyen


un droit et un devoir ».

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Médecins du Monde – Juillet 2009
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Le décret 2006- 901 stipule que :
Article 5 : « Les personnes détenues doivent avoir la possibilité d’acquérir
durant leur période de détention, les connaissances qui leur seront
nécessaires après leur libération en vue d’une meilleure réinsertion sociale.
L’enseignement scolaire et professionnel en particulier aux plus jeunes et aux
moins instruits, doit être facilité dans le respect des exigences de la discipline
et de la sécurité ».

Article 7 : « L’enseignement primaire est assuré dans tous les établissements


pénitentiaires ».

Article 10 : « Au sein des établissements pénitentiaires, toutes les


dispositions sont prises pour assurer la formation professionnelle des
personnes incarcérées qui le souhaitent ».

2- La législation internationale

La DUDH stipule que :


Article 26 : « 1) Toute personne a droit à l’éducation.
2) L’éducation doit viser au plein épanouissement de la
personnalité humaine et au renforcement du respect des droits
de l’homme et des libertés fondamentales ».

Article 27 : « 1) Toute personne a le droit de prendre part librement à la vie


culturelle de la communauté, de jouir des arts et de participer au progrès
scientifique et aux bienfaits qui en résultent ».

Le PIDESC stipule en son article 13 que « les Etats au présent Pacte reconnaissent
le droit de toute personne à l’éducation. Ils conviennent que l’éducation doit viser
au plein épanouissement de la personnalité humaine et du sens de sa dignité et
renforcer le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales ».

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Médecins du Monde – Juillet 2009
98
Les Principes fondamentaux relatifs au traitement des détenus prévoient
dans le principe 6 que « tous les détenus ont le droit de participer à des activités
culturelles et de bénéficier d’un enseignement visant au plein épanouissement de la
personnalité humaine ».

Les RMT stipulent que :


Règle 71 : « 5) Il faut donner une formation professionnelle utile aux détenus
qui sont à même d’en profiter et particulièrement aux jeunes ».

Règle 77 : « 1) Des dispositions doivent être prises pour développer


l’instruction de tous les détenus capables d’en profiter, y compris l’instruction
religieuse dans les pays où cela est possible. L’instruction des analphabètes et
des jeunes détenus doit être obligatoire, et l’administration devra y veiller
attentivement.
2) Dans la mesure du possible, l’instruction des détenus doit être
coordonnée avec le système de l’instruction publique afin que ceux-ci
puissent poursuivre leur formation sans difficulté après la libération ».

Règle 78 : « Pour le bien-être physique et mental des détenus, des activités


récréatives et culturelles doivent être organisées dans tous les
établissements ».

C- LES IMPLICATIONS

Les activités éducatives devraient être obligatoires pour les mineurs détenus et pour
les personnes détenues illettrées.

L’administration pénitentiaire doit mettre à disposition les infrastructures et


matériels adéquats (bibliothèque, matériels didactiques, TV, journaux, etc.)28.

28
RMT règle 40

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Médecins du Monde – Juillet 2009
99
II. LE TRAVAIL PENITENTIAIRE

A- LES PRINCIPES ESSENTIELS

Les personnes détenues ont droit au travail.

Les conditions de travail doivent se rapprocher le plus possible de celles qui


prévalent dans la communauté libre.

La réglementation nationale de l’hygiène et de la sécurité du travail s’applique dans


les EP, de la même façon qu’au sein de la communauté.

Le travail des personnes détenues doit être rémunéré.

Toute personne détenue peut demander à effectuer un travail pénitentiaire sans


considération du statut pénal et du sexe.

Les personnes détenues prévenues ne sont pas obligées de travailler.

Les ressources financières des personnes détenues doivent être enregistrées au


greffe en contrepartie d’un récépissé. Elles doivent pouvoir en user librement

Le travail pénitentiaire ne doit EN AUCUN CAS présenter un caractère infamant ou


afflictif pour les personnes détenues.

Le travail d’une personne détenue à des fins personnelles est FORMELLEMENT


PROHIBÉ qu’il s’agisse de particulier ou de fonctionnaire.

Toute forme d’esclavage est FORMELLEMENT INTERDITE.

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Médecins du Monde – Juillet 2009
100
B- LES INSTRUMENTS JURIDIQUES

1- La législation malgache

La Constitution stipule que :


Article 27 : « le travail et la formation professionnelle sont pour tout citoyen
un droit et un devoir ».

Article 29 : « tout citoyen a droit selon la qualité et le produit de son travail à


une juste rémunération lui assurant, ainsi qu’à sa famille, une existence
conforme à la dignité humaine ».

Le décret 2006 -015 stipule que :


Article 105 : « Les personnes détenues, quelle que soit leur catégorie pénale,
peuvent demander qu’il leur soit proposé un travail. Elles sont soumises à un
examen médical en vue de déterminer leur aptitude au travail ».

Article 110 : « Le travail au service ou pour la commodité personnelle des


particuliers, qu’ils soient magistrat, fonctionnaires publics ou personnes
privées est interdit ».

Article 112 : « 3) Dans le cadre du travail en concession de la main d’œuvre


pénitentiaire la rémunération et les conditions de travail doivent se
rapprocher des dispositions du Code du travail ».

La circulaire 418 Bis MJ/ SG/ DGAP exige que les personnes détenues qui
travaillent soient rémunérées.

Les Notes de service29 relatives aux travaux des personnes détenues à l’extérieur
des EPs posent les conditions d’accès à ces activités.

29
Note de service n°35 –MJ/SG/DGAP/DAP- du 23/10/2008 et Note de service n°201 –MJ/DGAP/DAP- du
31/07/2008
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Médecins du Monde – Juillet 2009
101
2- La législation internationale

La DUDH stipule dans son article 23 que :


« 1) Toute personne a droit au travail
2) Tous ont droit, sans aucune discrimination, à un salaire égal pour un
travail égal
3) Quiconque travaille a droit à une rémunération équitable et satisfaisante
lui assurant ainsi qu’à sa famille une existence conforme à la dignité humaine
et complétée, s’il y a lieu, par tout autre moyen de protection sociale ».

Le PIDESC stipule que :


Article 6 : « Les Etats parties au présent Pacte reconnaissent le droit au
travail, qui comprend le droit qu’a toute personne d’obtenir la possibilité de
gagner sa vie par un travail librement choisi ou accepté».

Article 7 : « Les Etats parties au présent Pacte reconnaissent le droit qu’a


toute personne de jouir de conditions de travail justes et favorables. »

Les Principes fondamentaux relatifs au traitement des détenus dans son


principe 8 stipule qu’ « il faut réunir les conditions qui permettent aux détenus de
prendre un emploi utile et rémunéré, lequel facilitera leur réintégration sur le
marché du travail du pays et leur permettra de contribuer à subvenir à leurs propres
besoins financiers et à ceux de leur famille ».

Les RMT prévoient que :


Règle 71 : « 1) Le travail pénitentiaire ne doit pas avoir un caractère afflictif.
2) Tous les détenus condamnés sont soumis à l’obligation du travail, compte
tenu de leur aptitude physique et mentale telle qu’elle sera déterminée par le
médecin.
4) Ce travail doit être, dans la mesure du possible, de nature à maintenir ou à
augmenter leur capacité de gagner honnêtement leur vie après la
libération ».

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Médecins du Monde – Juillet 2009
102
Règle 72 : « 1) L’organisation et les méthodes de travail pénitentiaire doivent
se rapprocher autant que possible de celles qui régissent un travail analogue
hors de l’établissement, afin de préparer les détenus aux conditions normales
du travail libre.
2) Cependant, l’intérêt des détenus et de leur formation professionnelle
ne doit pas être subordonné au désir de réaliser un bénéfice au moyen du
travail pénitentiaire ».

Règle 74 : « 1) Les précautions prescrites pour protéger la sécurité et la


santé des travailleurs libres doivent également être prises dans les
établissements pénitentiaires ».

Règle 76 : « 1) Le travail des détenus doit être rémunéré d’une façon


équitable.
2) Le règlement doit permettre aux détenus d’utiliser au moins
une partie de leur rémunération pour acheter des objets
autorisés qui sont destinés à leur usage personnel et d’en
envoyer une autre partie à leur famille.
3) Le règlement devrait prévoir également qu’une partie de la
rémunération soit réservée par l’administration afin de
constituer un pécule qui sera remis au détenu au moment de
sa libération ».

C- LES IMPLICATIONS

L’accès au travail pénitentiaire ne doit être ni un privilège ni assujetti à des


conditions discriminatoires.
Il importe aussi de signaler que des conditions ont été fixées pour l’accès au travail
pénitentiaire. Les notes de service30 relatives au travail extérieur des personnes

30
Note de service n°35 –MJ/SG/DGAP/DAP- du 23/10/2008 et Note de service n°201 –MJ/DGAP/DAP- du
31/07/2008
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Médecins du Monde – Juillet 2009
103
détenues dictent les obligations que doivent remplir les personnes détenues qui
désirent travailler à l’extérieur de l’EP.
Ainsi, certaines personnes détenues sont frappées d’incapacité pour l’accès aux
travaux extra muros. Ces incapacités sont relatives à certaines catégories
d’infractions et à la durée de leur période de détention (uniquement pour les
condamnés).

Toute personne détenue peut demander à effectuer un travail pénitentiaire sans


considération de statut pénal et du sexe.

Les prévenus ne sont pas obligés de travailler, mais, la possibilité de le faire doit
toujours lui être donnée. Par contre, les personnes condamnées reconnues aptes
sont tenues d’effectuer des travaux pénitentiaires31.

Le travail pénitentiaire doit être utile et rémunéré équitablement, car il facilite la


réintégration professionnelle et permet aux personnes détenues de contribuer à
subvenir à leurs propres besoins financiers et à ceux de leur famille 32.

31
RMT article 71
32
Principes fondamentaux relatifs aux traitements des détenus, Principe 8.

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Médecins du Monde – Juillet 2009
104
CHAPITRE 5
LA PROCEDURE DE PLAINTE

A- LES PRINCIPES ESSENTIELS

Toute personne dont les droits ou les libertés ont été violés a le droit à un recours
utile, déterminé par un tribunal compétent.

Toute personne détenue a le droit de formuler une plainte par écrit ou oralement

Toute plainte formulée aux autorités compétentes doit être protégée par la
confidentialité dans un souci de protection de l’auteur.

Toute forme de représailles en réponse à une plainte formulée est rigoureusement


interdite.

Toute personne détenue a droit à ce que sa requête soit examinée sans retard.

Si nécessaire, la plainte peut être déposée au nom de la personne détenue par son
représentant légal ou par sa famille.

Lors de son admission, chaque personne détenue doit recevoir des informations sur
le règlement intérieur lequel doit énoncer les procédures de plainte et les
procédures disciplinaires dans une langue qu’elle comprend. Si nécessaire, ces
règles doivent être exposées oralement.

Les plaintes des personnes détenues doivent être consignées dans un registre et
correctement archivées.

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Médecins du Monde – Juillet 2009
105
B- LES INSTRUMENTS JURIDIQUES

1- La législation malgache

Le décret 2006-015 prévoit que :


Art.123 : « Toute personne détenue peut présenter des requêtes ou des
plaintes relatives à la vie en détention, au chef d’établissement. Ce dernier
lui accorde audience si elle invoque un motif suffisant.
Chaque personne détenue peut demander à être entendue par les magistrats
et fonctionnaires chargés de l’inspection ou de la visite de l’établissement,
hors la présence de tout membre du personnel de l’établissement
pénitentiaire ».

Art.124 : « Les personnes détenues peuvent, à tout moment adresser des


lettres aux autorités judiciaires. Ces lettres peuvent être remises sous pli
fermé. Elles font l’objet d’un enregistrement tant à l’arrivée qu’au départ, sur
le registre prévu à cet effet ».

2- La législation régionale

Les Lignes directrices de Robben Island stipulent que les Etats devraient :
Ligne17 : « Prendre les mesures nécessaires à la mise en place de
mécanismes indépendants et accessibles qui puissent recevoir toute personne
se plaignant des actes de torture ou de mauvais traitements ».

3- La législation internationale

Les principes généraux concernant les recours sont énoncés à l’article 2 du PIDCP:
« Les Etats Parties au présent Pacte s’engagent à:

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Médecins du Monde – Juillet 2009
106
a) Garantir que toute personne dont les droits et libertés reconnus dans le
présent Pacte auront été violés disposera d’un recours utile, alors même que
la violation aurait été commise par des personnes agissant dans l’exercice de
leurs fonctions officielles;
b) Garantir que l’autorité compétente, judiciaire, administrative ou législative,
ou toute autre autorité compétente selon la législation de l’Etat, statuera sur
les droits de la personne qui forme le recours et développer les possibilités de
recours juridictionnel;
c) Garantir la bonne suite donnée par les autorités compétentes à tout
recours qui aura été reconnu justifié ».

L’article 13 de la Convention contre la torture exige que :« tout Etat Partie


assure à toute personne qui prétend avoir été soumise à la torture sur tout territoire
sous sa juridiction le droit de porter plainte devant les autorités compétentes dudit
Etat qui procèderont immédiatement et impartialement à l’examen de sa cause ».

En vertu du paragraphe 1 de l’article 16 de la Convention contre la torture, les


mêmes principes s’appliquent aux allégations de peines ou de traitements cruels,
inhumains ou dégradants.

Le droit de récuser les conditions d’emprisonnement ou les traitements en détention


est également inscrit dans le principe 33 de l’Ensemble de principes pour la
protection de toutes les personnes soumises à une forme quelconque de
détention ou d’emprisonnement :
1. « Toute personne détenue ou emprisonnée, ou son conseil, a le droit de
présenter une requête ou une plainte au sujet de la façon dont elle est
traitée, en particulier dans le cas de tortures ou d’autres traitements cruels,
inhumains ou dégradants, aux autorités chargées de l’administration du lieu
de détention et aux autorités supérieures, et, si nécessaire, aux autorités de
contrôle ou de recours compétentes.

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2. Lorsque ni la personne détenue ou emprisonnée ni son conseil n’ont la
possibilité d’exercer les droits visés au paragraphe 1 du présent principe, un
membre de la famille de la personne détenue ou emprisonnée ou toute autre
personne qui connaît l’affaire peut exercer ces droits.

3. Le caractère confidentiel de la requête ou de la plainte est maintenu si le


demandeur le requiert.

4. Toute requête ou plainte doit être examinée sans retard et une réponse
doit être donnée sans retard injustifié. En cas de rejet de la requête ou de la
plainte ou en cas de retard excessif, le demandeur est autorisé à saisir une
autorité judiciaire ou autre. Ni la personne détenue ou emprisonnée ni aucun
demandeur aux termes du paragraphe 1 du présent principe ne doit subir de
préjudice pour avoir présenté une requête ou une plainte ».

Afin de déterminer la recevabilité d’une requête ou d’une plainte concernant le


traitement dont ils font l’objet, les personnes détenues doivent avoir accès aux
procédures écrites qui régissent leur régime quotidien. Ce droit est inscrit à la règle
35 des RMT.

En outre, la règle 36 ajoute que :


« 1) Tout détenu doit avoir chaque jour ouvrable l’occasion de présenter des
requêtes et des plaintes au directeur de l’établissement ou au fonctionnaire
autorisé à le représenter.
2) Des requêtes ou plaintes pourront être présentées à l’inspecteur des
prisons au cours d’une inspection. Le détenu pourra s’entretenir avec
l’inspecteur ou tout autre fonctionnaire chargé d’inspecter hors la présence du
directeur ou des autres membres du personnel de l’établissement.
3) Tout détenu doit être autorisé à adresser, sans censure quant au fond mais
en due forme, une requête ou plainte à l’administration pénitentiaire centrale,
à l’autorité judiciaire ou à d’autres autorités compétentes, par la voie
prescrite.

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Médecins du Monde – Juillet 2009
108
4) A moins qu’une requête ou plainte soit de toute évidence téméraire ou
dénuée de fondement, elle doit être examinée sans retard et une
réponse donnée au détenu en temps utile ».

C- LES IMPLICATIONS

Il est essentiel que tous les systèmes pénitentiaires soient administrés de manière
juste et équitable et considérés comme tels. L’existence d’un ensemble de
procédures clairement définies permettant à un détenu de formuler une requête ou
une plainte ou d’exprimer un grief, sans crainte de représailles, constitue un moyen
garantissant la réalisation de cet objectif.

La personne détenue doit être raisonnablement convaincue que sa requête, sa


plainte ou son grief seront examinés de façon objective et équitable. Les procédures
destinées à régler ces questions, doivent être rédigées, de façon à pouvoir être
comprises et acceptées par les personnes détenues comme par les responsables de
l’administration des EP.

Tout système d’examen des plaintes et de réparation des griefs doit s’appuyer sur
des principes d’équité et de justice.

Toutes les personnes concernées ont intérêt à ce que le système de traitement des
requêtes, des plaintes et des griefs présente certaines caractéristiques, parmi
lesquelles figurent l’accessibilité, la crédibilité, l’ouverture, le bien-fondé,
l’objectivité, la sensibilité, la souplesse, l’efficacité et la rapidité.

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Médecins du Monde – Juillet 2009
109
On distingue au moins cinq questions majeures pouvant donner lieu à la formulation
d’une plainte par une personne détenue :

 Allégation de comportement criminel : Des personnes détenues


pourront accuser parfois des membres du personnel ou d’autres de s’être
livrés à des activités constituant des infractions au regard du droit pénal.
Bien que les responsables de l’administration pénitentiaire soient
généralement habilités à enquêter sur les infractions disciplinaires, tant du
personnel que des personnes détenues, ils ne possèdent habituellement
aucun pouvoir en matière d’enquête criminelle ou d’action pénale. Ils n’ont
pas non plus le pouvoir de décider si des allégations de comportement
contraire au droit pénal doivent faire l’objet d’une enquête ou d’une action
pénale. Toute allégation de ce type de comportement doit être
immédiatement soumise aux autorités responsables.

 Demande de réparation civile : Dans différentes circonstances, les


personnes détenues peuvent affirmer que les responsables des
établissements pénitentiaires ont assuré de façon inadéquate la gestion
des EP et déclarer par conséquent qu’ils requièrent de façon légitime des
réparations civiles. Dans certains pays, des plaintes ont été
déposées par des personnes détenues au sujet de la
réglementation de la santé et de la sécurité, de la législation de
l’hygiène, des soins de santé et de la protection des personnes
détenues contre les agressions de codétenus réputés dangereux.
Les personnes détenues désireuses de poursuivre ce type d’action
doivent être autorisées à saisir librement et confidentiellement les
tribunaux.

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Médecins du Monde – Juillet 2009
110
 Plainte concernant la vie carcérale: Des plaintes peuvent être
formulées concernent de nombreux aspects de la vie carcérale. Par
exemple, les repas peuvent être mal cuits ou servis froids ; le personnel
pénitentiaire est parfois brutal ou incompréhensif; des objets personnels
peuvent disparaître; le courrier ou les visites peuvent être retardés,…. Les
responsables de l’administration pénitentiaire doivent veiller à ce que les
plaintes de ce type soient dûment prises en considération et à ce que les
enquêtes qui en résultent soient menées à bien de façon approfondie et en
toute objectivité. Lorsque des plaintes mineures mais justifiées, ne font
pas l’objet d’une enquête suffisamment approfondie, il en résulte souvent
des griefs d’une importance démesurée par comparaison aux plaintes
initiales. Bien qu’en maintes circonstances, de telles plaintes ne justifient
pas une enquête judiciaire, par principe les autorités pénitentiaires ne
doivent pas chercher à préjuger de la question et doivent autoriser un
libre accès à une assistance juridique.

D- LES RECOMMANDATIONS PRATIQUES

Si nécessaire, la plainte peut être déposée au nom de la personne détenue par son
représentant légal ou par sa famille.

Les autorités pénitentiaires doivent tenir à jour des registres complets de toutes les
plaintes.

La procédure de plainte doit être inscrite dans le règlement intérieur, expliqué aux
personnes détenues et au personnel pénitentiaire y compris le personnel médical.

Il faut que le registre des plaintes soit correctement tenu et archivé pour faciliter la
consultation par le représentant légal de la personne ou des institutions œuvrant
dans la protection des droits de l’homme. Le registre de plainte doit être confidentiel
et gardé sous clé.

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Médecins du Monde – Juillet 2009
111
Une formation devrait être envisagée à l’attention du personnel pénitentiaire tant en
ce qui concerne l’intérêt que les règles d’une bonne tenue et d’archivage des
registres.

Un format unique de plainte et de registre de plainte participent au respect du droit


des personnes détenues de porter plainte.

CONCLUSION

Le respect des règles générales applicables à la détention participe à


l’humanisation de la détention.

Le respect des règles générales applicables à la détention améliore les


conditions de détention.

Le respect des règles générales de la détention facilite le travail du


personnel pénitentiaire en garantissant un climat de sécurité.

Le respect des règles générales constitue un gage de professionnalisme


pour le personnel pénitentiaire et renforce la dignité de la profession.

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Médecins du Monde – Juillet 2009
112
MODULE 4 :
LES REGLES CATEGORIELLES DE LA DETENTION

OBJECTIFS DU MODULE

Renforcer les connaissances des participants sur les règles catégorielles de la


détention

Développer les capacités des participants à repérer les dysfonctionnements des EP


dont ils ont la charge et qui portent atteinte aux droits spécifiques reconnus à
certaines catégories de personnes détenues.

Développer les capacités des participants à mettre en place des mesures


correctrices visant à rétablir une situation conforme aux droits spécifiques de
certaines catégories de personnes détenues.

PLAN DU MODULE

 Chapitre 1 : Les femmes


 Chapitre 2 : Les mineurs
 Chapitre 3 : Les prévenus
 Chapitre 4 : La libération conditionnelle à Madagascar

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Médecins du Monde – Juillet 2009
113
CHAPITRE 1
LES FEMMES

A- LES PRINCIPES ESSENTIELS

Les règles générales de la détention sont applicables aux femmes détenues.

Les femmes détenues ne doivent subir aucune discrimination.

Les femmes détenues doivent être protégées contre toutes les formes de violence
ou d’exploitation.

Les femmes détenues doivent être surveillées et fouillées (si nécessaire) par un
personnel pénitentiaire féminin.

Elles doivent être détenues séparément des hommes.

Un accès aux soins spécifique doit être accordé aux femmes détenues.

Les femmes enceintes et les mères allaitant détenues doivent être dotées de
facilités spéciales requises par leur état.

B- LES INSTRUMENTS JURIDIQUES

1- La législation malgache

La Constitution mentionne dans son Préambule que « les Conventions relatives


aux Droits de la Femme et de l’Enfant … sont toutes considérées comme partie
intégrante du droit positif malagasy ».
Le décret 2006 -015 stipule que :
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Médecins du Monde – Juillet 2009
114
Article 16 : « Il est interdit au personnel pénitentiaire et aux personnes ayant
accès dans les établissements pénitentiaires :
- de se livrer à des actes de tortures ou violences sur les personnes détenues ;
- d’user à leur égard de propos injurieux ;
- d’avoir des relations sexuelles avec les personnes détenues ».

Article 23 : « Aucune discrimination ne doit être fondée à l’égard des personnes


détenues sur des considérations tenant à l’état de santé, au sexe, à la race, à la
langue, à la religion, à l’origine, aux opinions politiques ou à la situation
sociale ».

Article 28 : « Les hommes, les femmes et les mineurs sont incarcérés dans des
établissements ou des quartiers distincts. Les personnes détenues sont
surveillées par des personnes de leur sexe.
Toutes dispositions doivent être prises pour qu’il ne puisse y avoir aucune
communication entre les uns et les autres ».

Article 37 : « 2) Les personnes détenues ne peuvent être fouillées que par des
agents de leur sexe dans des conditions qui, tout en garantissant l’efficacité du
contrôle, préservent le respect de la dignité inhérente à la personne humaine ».

Article 77 : « Dans les établissements réservés aux femmes détenues, des


installations nécessaires au traitement des femmes enceintes sont mise en place.
Des dispositions sont prises pour que l’accouchement ait lieu dans un hôpital ».

La circulaire 436/ 2006- MJ/ DGAP interdit les membres du personnel


pénitentiaire d’avoir des relations sexuelles avec les personnes détenues.

Concernant les femmes détenues, « tout Chef d’établissement pénitentiaire doit


faire preuve de diligence raisonnable pour prévenir tout acte de violence dirigé
contre elles :

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Médecins du Monde – Juillet 2009
115
1) Un personnel féminin, au moins, doit être affecté à la garde, à la fouille et
à la surveillance des détenues dans chaque établissement pénitentiaire.
2) La séparation entre femmes et hommes devant aller de paire avec la
répartition des responsabilités entre le personnel pénitentiaire masculin et
féminin du lieu de détention.
3) Conformément aux dispositions de l’article 28 du Décret 2006- 015, les
femmes sont séparées des hommes. En aucun cas, les clés des chambres des
femmes détenues ne doivent pas être laissées au personnel masculin.
4) Dans la mesure du possible, les femmes enceintes et les mères de l’enfant
en bas âge ont faveur à des installations spéciales dans les établissements
pénitentiaires ».

2- La législation régionale

Les Lignes directrices de Robben Island prévoient à la Ligne 36 que « les Etats
doivent prendre des mesures pour que les jeunes, les femmes ou toute autre
personne appartenant à un groupe vulnérable soient détenus séparément dans des
locaux appropriés ».

3- La législation internationale

La DUDH en son article 2 stipule que « chacun peut se prévaloir de tous les droits
et de toutes les libertés proclamés dans la présente déclaration, sans distinction
aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d’opinion
politique ou autre, d’origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de
toute autre situation »

L’article 3 des PIDCP et PIDESC stipule que les Etats Parties « s’engagent à
assurer le droit égal des hommes et des femmes de jouir de tous les droits civils et
politiques, économiques, sociaux et culturels énoncés respectivement dans les
Pactes ».

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Médecins du Monde – Juillet 2009
116
Les exigences générales de non-discrimination et d’égalité de traitement sont
énoncées dans la Convention sur l’élimination de toutes les formes de
discrimination à l’égard des femmes. La Convention interdit « toute
discrimination qui prive les femmes des mêmes protections et libertés
fondamentales dans tous les domaines – politique, économique, social, culturel et
civil – que celles accordées aux hommes. Les Etats Parties condamnent la
discrimination à l’égard des femmes sous toutes ses formes et reconnaissent à la
femme l’égalité avec l’homme devant la loi33 »

L’Ensemble de principes pour la protection de toutes les personnes


soumises à une forme quelconque de détention ou d’emprisonnement
précise que « les mesures appliquées conformément à la loi et destinées
exclusivement à protéger les droits et la condition particulière des femmes, surtout
des femmes enceintes et des mères d’enfants en bas âge, des enfants, des
adolescents et des personnes âgées, malades ou handicapées ne sont pas réputées
34
être des mesures discriminatoires »

Les RMT stipulent que :


Règle 8 : « Les différentes catégories de détenus doivent être placées dans
des établissements ou quartiers d’établissements distincts, en tenant compte
de leur sexe, de leur âge, de leurs antécédents, des motifs de leur détention
et des exigences de leur traitement ».

Règle 23 : « 1) Dans les établissements pour femmes, il doit y avoir les


installations spéciales nécessaires pour le traitement des femmes enceintes,
relevant de couches et convalescentes.
Dans toute la mesure du possible, des dispositions doivent être prises pour
que l’accouchement ait lieu dans hôpital civil.

33
Voir art. 15 §1
34
Voir principe 5 §2

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Médecins du Monde – Juillet 2009
117
2) Lorsqu’il est permis aux mères détenues de conserver leurs
nourrissons, des dispositions doivent être prises pour organiser une crèche,
dotée d’un personnel qualifié, où les nourrissons seront placés durant les
moments où ils ne sont pas laissés aux soins de leurs mères ».

Règle 53 : « 1) Dans un établissement mixte, la section des femmes doit être


placée sous la direction d’un fonctionnaire féminin responsable qui doit avoir
la garde de toutes les clefs de cette section de l’établissement.
2) Aucun fonctionnaire du sexe masculin ne doit pénétrer dans la section
des femmes sans être accompagné d’un membre féminin du personnel.
3) Seules des fonctionnaires féminins doivent assurer la surveillance des
femmes détenues. Ceci n’exclut pas cependant que, pour des raisons
professionnelles, des fonctionnaires du sexe masculin, notamment des
médecins et des instituteurs, exercent leurs fonctions dans les établissements
ou sections réservées aux femmes ».

C- LES IMPLICATIONS

Toutes les normes de droits de l’homme en vigueur exigent clairement que les
femmes détenues soient à l’abri des harcèlements sexuels et exploitations des
hommes.

Contraindre une femme à une fouille corporelle effectuée par un agent de sexe
masculin constitue une atteinte à sa dignité et un traitement inhumain et
dégradant.

Dans un souci de protection contre les éventuels sévices ou brutalités du personnel


masculin, les femmes détenues doivent être surveillées par des agents
pénitentiaires de sexe féminin.

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Médecins du Monde – Juillet 2009
118
Lorsque des membres du personnel de sexe masculin s’occupent de femmes
détenues, un fonctionnaire féminin doit toujours être présent.

Les autorités pénitentiaires doivent tenir compte des besoins spécifiques des
femmes détenues en matière de soins de santé. Chaque fois que cela est possible,
elles doivent pouvoir consulter des femmes médecins et avoir accès à des
consultations spécialisées de gynécologues (et en particulier des soins génésiques).

Les femmes ont en outre des besoins spécifiques d’hygiène qui doivent être pris en
compte. Elles doivent disposer des produits nécessaires à leur hygiène intime.
Les femmes détenues doivent pouvoir suivre des activités éducatives.

D- LES RECOMMANDATIONS PRATIQUES

Les agents pénitentiaires de sexe masculin ne doivent JAMAIS fouiller les femmes
détenues.

Les femmes doivent être incarcérées dans des quartiers différents de ceux des
hommes.

En cas d’accouchement, il est préférable de transférer la personne détenue dans un


hôpital extérieur. Lorsque les nourrissons restent avec leur mère dans
l’établissement pénitentiaire, des soins appropriés doivent être prévus.

Elles doivent disposer des produits nécessaires à leur hygiène intime.


Les femmes détenues doivent pouvoir suivre des activités éducatives.

L’administration pénitentiaire doit mettre à profit le temps passé en détention en


leur offrant soit une éducation soit une formation professionnelle. Il en est de même
concernant l’accès au travail et sa rémunération.

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Médecins du Monde – Juillet 2009
119
CHAPITRE 2
LES MINEURS

A- LES PRINCIPES ESSENTIELS

L’emprisonnement des mineurs doit être évité toutes les fois où cela est possible.
Plus la personne concernée est jeune, plus il faut être résolu à éviter la détention.

La détention des mineurs doit rester une décision exceptionnelle. Ils doivent être
déférés devant un tribunal dans les meilleurs délais.

La peine capitale et l’emprisonnement à vie ne doivent jamais être prononcés à


l’encontre d’un mineur.

Toutes les garanties des droits de l’homme en matière de détention sont applicables
aux mineurs.

Les mineurs doivent être détenus séparément des adultes.

Les mineurs doivent avoir un accès aux soins libre et de qualité ainsi qu’à des soins
spécifiques compte tenu de leur vulnérabilité.

Les parents doivent être avisés de l’admission, du transfert et de la libération des


mineurs ou en cas de maladie, d’accident ou de décès.

Les mineurs ont le droit de recevoir des visites et de correspondre avec leur proche
et leurs défenseurs.

Les mineurs d’âge scolaire doivent recevoir une éducation et/ou formation
professionnelle.

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B- LES INSTRUMENTS JURIDIQUES

1- La législation malgache

La Constitution mentionne dans son Préambule que « les Conventions relatives


aux Droits de la Femme et de l’Enfant … sont toutes considérées comme partie
intégrante du droit positif malagasy ».

Le décret 2006-015 stipule en son article 28 que « les hommes, les femmes et
les mineurs doivent être placés dans des établissements ou quartiers distincts »

2- La législation régionale

Le paragraphe 36 des Lignes directrices de Robben Island exige des Etats qu’ils
prévoient pour les mineurs des installations de détention appropriées et distinctes.

3- La législation internationale

La Convention relative aux droits de l’enfant souligne que:


Article 28 §.1 : « Les Etats Parties reconnaissent le droit de l’enfant à
l’éducation et à la formation professionnelle ».

Article 37 : « Il est interdit d’emprisonner à vie les mineurs, et la nécessité de


les protéger contre la peine capitale. L’emprisonnement d’un enfant doit être
une mesure de dernier ressort, et lorsqu’elle est adoptée, sa durée doit être
aussi brève que possible.

Aux termes de l’article 37, les Etats Parties sont tenus de veiller à ce qu’aucun
enfant ne soit soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains
ou dégradants.

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Médecins du Monde – Juillet 2009
121
Dans chaque cas, l’article 37 exige que « les enfants qui ont enfreint la loi soient
traités avec humanité et avec le respect dus à la dignité de la personne humaine,
d’une manière tenant compte de leur âge »
A cet égard, tout enfant privé de liberté sera séparé des adultes, à moins que l’on
estime préférable de ne pas le faire dans l’intérêt supérieur de l’enfant. Les
enfants détenus ont en outre le droit de rester en contact avec leur famille, par la
correspondance et par les visites, sauf circonstances exceptionnelles.

Le premier paragraphe de l’article 40 souligne l’intérêt qu’il y a à faciliter la


réintégration de l’enfant dans la société et à lui faire assumer un rôle constructif au
sein de celle-ci.

Le PIDCP prévoit en son article 10 §.2(b) que : « les jeunes prévenus seront
séparés des adultes et il sera décidé de leur cas aussi rapidement que possible ».

L’Ensemble de Règles minima des Nations Unies concernant


l’administration de la justice pour mineurs prévoit des règles particulières
applicables aux mineurs privés de liberté :

Règle 13 : « Détention préventive


2) Autant que faire se peut, la détention préventive doit être remplacée par
d’autres mesures telles que la surveillance étroite, une aide très attentive ou
le placement dans une famille ou dans un établissement ou un foyer éducatif.
4) Les mineurs en détention préventive doivent être séparés des adultes et
détenus dans des établissements distincts ou dans une partie distincte d’un
établissement qui abrite aussi des adultes.
5) Pendant leur détention préventive, les mineurs doivent recevoir les soins,
la protection et toute l’assistance individuelle — sur les plans social, éducatif,
professionnel psychologique, médical et physique — qui peuvent leur être
nécessaires eu égard à leur âge, à leur sexe et à leur personnalité »

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Médecins du Monde – Juillet 2009
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Règle 26 : « Objectifs du traitement en institution
1) La formation et le traitement des mineurs placés en institution ont pour
objet de leur assurer assistance, protection, éducation et compétences
professionnelles, afin de les aider à jouer un rôle constructif et productif dans
la société.
2) Les jeunes placés en institution recevront l’aide, la protection et toute
l’assistance — sur le plan social, éducatif, professionnel, psychologique,
médical et physique — qui peuvent leur être nécessaires eu égard à leur âge,
à leur sexe et à leur personnalité et dans l’intérêt de leur développement
harmonieux.
3) Les mineurs placés en institution doivent être séparés des adultes et
détenus dans un établissement distinct ou dans une partie distincte d’un
établissement qui abrite aussi des adultes.
4) Les jeunes délinquantes placées en institution doivent bénéficier d’une
attention spéciale en ce qui concerne leurs besoins et leurs problèmes
propres. En aucun cas, l’aide, la protection, l’assistance, le traitement et la
formation dont elles bénéficient ne doivent être inférieurs à ceux dont
bénéficient les jeunes délinquants. Un traitement équitable doit leur être
assuré.
5) Les parents ou le tuteur du mineur placé en institution ont le droit de visite
dans son intérêt et pour son bien-être.
6) On favorisera la coopération entre les ministères et les services en vue
d’assurer une formation scolaire ou, s’il y a lieu, professionnelle adéquate aux
mineurs placés en institution, pour qu’ils ne soient pas désavantagés dans
leurs études en quittant cette institution ».

Les Règles des Nations Unies pour la protection des mineurs privés de
liberté prévoient que :
Règle 56 : « La famille ou le tuteur du mineur et toute autre personne
désignée par celui-ci ont le droit d’être informés de l’état de santé du mineur,
sur leur demande, ainsi que dans le cas de modifications importantes de cet
état de santé.

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Médecins du Monde – Juillet 2009
123
Le directeur de l’établissement doit aviser immédiatement la famille ou le
tuteur du mineur en cause, ou toute autre personne désignée, en cas de
décès du mineur ou en cas de maladie ou d’accident exigeant le transfert du
mineur dans un établissement médical extérieur à l’établissement, ou si l’état
de santé du mineur nécessite qu’il soit traité à l’infirmerie de l’établissement
pendant plus de 48 heures ».

Règle 57 : « En cas de décès d’un mineur en détention, le parent le plus


proche doit avoir le droit d’examiner le certificat de décès, de voir le corps et
de décider s’il doit être inhumé ou incinéré. Lorsqu’un mineur décède en
détention, une enquête indépendante doit être effectuée sur les causes du
décès et le plus proche parent du mineur doit avoir accès au rapport de
l’enquête. Une enquête doit également être effectuée si le décès du mineur se
produit dans les six mois de sa libération et que l’on a des raisons de croire
que le décès est lié à la période de détention ».

C- LES IMPLICATIONS

Les mineurs soupçonnés ou accusés d’enfreindre la loi doivent être traités


différemment des adultes.

Plusieurs raisons jouent dans ce sens :

- Les mineurs sont censés avoir une moins grande responsabilité de leurs
actes, leur niveau de responsabilité augmentant néanmoins en fonction de
leur âge ;

- les mineurs qui ont commis des délits sont jugés plus réceptifs à un
changement d’attitude et à l’acquisition de comportements différents, par
comparaison aux adultes.

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Médecins du Monde – Juillet 2009
124
La législation applicable aux mineurs devrait mettre l’accent sur le bien-être des
intéressés et sur une approche fondée sur la rééducation, et non sur la sanction.

L’emprisonnement de mineurs de sexe féminin conduit à prendre en considération


des aspects particuliers.

Il convient de prêter spécialement attention à la conception et à l’agencement des


établissements pénitentiaires et des institutions de détention des mineurs.

Il convient de chercher à obtenir la participation de la communauté dans le cadre


des institutions pour mineurs.

D- LES RECOMMANDATIONS PRATIQUES

Les mineurs doivent être incarcérés dans des quartiers différents de ceux des
adultes.

Les mineurs détenus doivent pouvoir suivre des activités éducatives.

L’administration pénitentiaire doit mettre à profit le temps passé en détention en


leur offrant soit une éducation soit une formation professionnelle.

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125
CHAPITRE 3
LES PREVENUS

A- LES PRINCIPES ESSENTIELS

Les prévenus ont droit à la présomption d’innocence.

Les prévenus doivent être jugés dans un délai raisonnable.

Les prévenus doivent être logés dans des quartiers ou chambres différents des
personnes condamnées.

Ils ont droit à la santé au même titre que toute personne détenue. Toutefois, s’ils le
désirent, ils peuvent demander à être soignés par son médecin personnel.

Ils ont droit au travail mais ne doivent jamais être obligés de le faire.

Les prévenus ont droit à un défenseur légal. L’Etat doit lui en commettre un d’office
s’il ne dispose pas d’un avocat personnel.

B- LES INSTRUMENTS JURIDIQUES

1- La législation malgache

La Constitution stipule en son article 13 §.7 que « tout prévenu ou accusé a droit à
la présomption d’innocence jusqu’à ce que sa culpabilité soit établie par une
juridiction compétente ».

Le décret 2006 -015 stipule en son article 28 §3 que « Les prévenus doivent être
séparés des condamnés ».
Manuel de formation aux droits de l'homme à l'attention du personnel pénitentiaire malgache
Médecins du Monde – Juillet 2009
126
Il ajoute dans son article 105 que : «Les personnes détenues, quelle que soit leur
catégorie pénale, peuvent demander qu’il leur soit proposé un travail. Elles sont
soumises à un examen médical en vue de déterminer leur aptitude au travail »

Le Code de Procédure Pénale ou CPP (Art.614) et la Loi n°2007-021 (Art.06)


modifiant et complétant certaines dispositions du CPP relative à la détention
préventive stipulent que « La responsabilité des magistrats, greffiers et
fonctionnaires, est susceptible d’être engagée en cas d’inobservation, volontaire ou
résultant d’une simple négligence, des délais prévus par le présent Code notamment
ceux applicables en matière de détention préventive »

2- La législation régionale

La Charte africaine stipule dans son article 7 §.1 que : « toute personne a droit à
ce que sa cause soit entendue. Ce droit comprend le droit à la présomption
d’innocence, jusqu’à ce que sa culpabilité ait été légalement établie par une
juridiction compétente ».

3- La législation internationale

La DUDH stipule dans son article 11 §.1 que : « toute personne accusée d’un acte
délictueux est présumé innocente jusqu’à ce que sa culpabilité ait été légalement
établie au cours d’un procès public où toutes les garanties nécessaires à sa défense
lui auront été assurées ».

Le PIDCP stipule en son article 10 §2 que : « Les prévenus sont, sauf, dans des
circonstances exceptionnelles, séparés des condamnés et sont soumis à un régime
distinct, approprié à leur condition de personnes non condamnées.
Les jeunes prévenus sont séparés des adultes et il est décidé de leur cas aussi
rapidement que possible ».

Les RMT stipulent que :

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Médecins du Monde – Juillet 2009
127
Règle 84 : « Le prévenu jouit d'une présomption d'innocence et doit être
traité en conséquence ».

Règle 85 : « 1) Les prévenus doivent être séparés des détenus condamnés.


2) Les jeunes prévenus doivent être séparés des adultes. En
principe, ils doivent être dans établissements distincts ».
Règle 86 : « Les prévenus doivent être logés dans des chambres
individuelles, sous réserve d’usages locaux différents eu égard au climat ».

Règle n°89 : « La possibilité doit toujours être donnée au prévenu de


travailler, mais il ne peut y être obligé. S’il travaille, il doit être rémunéré ».

Règle n°91 : « Un prévenu doit être autorisé à recevoir la visite et les soins
de son propre médecin ou dentiste si sa demande est raisonnablement fondée
et s’il est capable d’en assurer la dépense ».

Règle 93 : « Un prévenu doit être autorisé à demander la désignation d'un


avocat d'office, lorsque cette assistance est prévue, et à recevoir des visites
de son avocat en vue de sa défense. Il doit pouvoir préparer et remettre à
celui-ci des instructions confidentielles. A cet effet, on doit lui donner, s'il le
désire, du matériel pour écrire. Les entrevues entre le prévenu et son avocat
peuvent être à portée de la vue, mais ne peuvent pas être à la portée d'ouïe
d'un fonctionnaire de la police ou de l'établissement ».

L’Ensemble de principes pour la protection de toutes les personnes


soumises à une forme quelconque de détention ou d’emprisonnement
précise que :
Principe 8 : « Les personnes détenues sont soumises à un régime approprié à
leur condition de personnes non condamnées. Elles sont donc, chaque fois
que possible, séparées des personnes emprisonnées ».

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Médecins du Monde – Juillet 2009
128
Principe 17 : « 1) Toute personne détenue pourra bénéficier de l’assistance
d’un avocat
2) Si une personne détenue n’a pas choisi d’avocat, elle aura le
droit de s’en voir désigner un par une autorité judiciaire ou autre
dans tous les cas où l’intérêt de la Justice l’exige, et ce sans frais
si elle n’a pas les moyens de le rémunérer ».

Principe 36 : « 1) Toute personne détenue soupçonnée ou inculpée d’une


infraction pénale est présumée innocente et doit être traitée en conséquence
jusqu’à ce que sa culpabilité ait été légalement établie au cours d’un procès
public pour lequel elle aura reçu toutes les garanties nécessaires à sa
défense ».

C- LES IMPLICATIONS

Un individu qui se trouve en détention préventive bénéficie de la présomption


d’innocence. En d’autres termes, il est présumé non coupable d’une infraction
jusqu’à ce qu’une décision judiciaire ou administrative prouve le contraire.
Par conséquent, le traitement des prévenus doit répondre à l’exigence du respect du
droit à la présomption d’innocence.
Le prévenu n’est pas contraint de travailler, par contre, la possibilité de le faire doit
toujours lui être donnée.
Un prévenu a droit à la désignation d'un avocat d'office et à recevoir des visites de
celui-ci en vue de la préparation de sa défense. Leurs entretiens peuvent être à
portée de vue et non à la portée d'ouïe d'un fonctionnaire de la police ou de l'EP.

D- LES RECOMMANDATIONS PRATIQUES

Les prévenus doivent être incarcérés dans des quartiers différents des condamnés.

L’administration pénitentiaire doit mettre à la disposition des prévenus les moyens


permettant leur communication et entretiens avec leurs représentants légaux.

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Médecins du Monde – Juillet 2009
129
Les prévenus doivent avoir la possibilité de travailler sans en être contraints.
Les prévenus doivent pouvoir suivre des activités éducatives.

L’administration pénitentiaire doit mettre à profit le temps passé en détention en


leur offrant soit une éducation soit une formation professionnelle.

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130
CHAPITRE 4
LA LIBERATION CONDITIONNELLE A MADAGASCAR

A- LES PRINCIPES ESSENTIELS

La libération conditionnelle constitue une mesure de réadaptation sociale.

Toute personne condamnée a droit à demander la libération conditionnelle.

B- LA LEGISLATION MALGACHE

Les articles 574 et suivants du code de procédure pénale décrivent les conditions
d’octroi et la procédure à suivre pour bénéficier de la liberté conditionnelle.
La libération conditionnelle est régie par le décret n°2005- 711 du 25 Octobre
2005 et la circulaire n°002-MJ/ DAJ- Circ/ 06 du 17 Janvier 2006 en explique
les modalités d’application.

1- Les conditions d’octroi de la liberté conditionnelle

QUI ? CONDITIONS
-Avoir purgé 3 mois pour les condamnés
de six mois ;
Les délinquants primaires35 -Avoir accompli la moitié de leur peine
pour les condamnés à six mois et plus.
-Avoir purgé 6 mois si condamné à une
peine inférieure à neuf mois ;
Les récidivistes36 -Avoir accompli les deux tiers de leur
peine si condamné à neuf mois et plus.
Les condamnés à perpétuité Avoir purgé quinze ans de détention

35
Il s’agit des personnes qui sont incarcérées pour la première fois.
36
Il s’agit des personnes qui ont été condamnées à plusieurs reprises.

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131
2- La procédure
La procédure peut être engagée soit sur demande de la personne détenue, soit
d’office.

 Sur requête
Le condamné adresse une requête au Ministre de la Justice par l’intermédiaire du
Chef d’établissement pénitentiaire (ci-après « CEP ») ou du Procureur de la
République.

Le Procureur de la République transmet pour constitution du dossier au CEP les


requêtes qui lui ont été adressées ou transmises.

 Constitution d’office
Le CEP constitue lui même (en l’absence de demande de la personne détenue) le
dossier de proposition de libération conditionnelle.

En toute circonstance, il faut retenir qu’il appartient au CEP de constituer le dossier


de proposition de libération conditionnelle.

 Le contenu du dossier
Le dossier doit comporter :
- L’avis motivé du CEP sur le comportement en détention de la personne
condamnée et sur ses gages sérieux de réadaptation sociale ;
- un extrait du registre d’écrou ;
- le relevé des mesures disciplinaires prises contre l’intéressé ;
- l’adresse à laquelle la personne condamnée déclare vouloir résider.

Toutefois, pour la nécessité de l’instruction de cette demande de libération, il


appartient au Procureur d’annexer au dossier constitué par le CEP les pièces
suivantes :
- Le bulletin n°02 de la personne détenue ;
- l’extrait du jugement ou de l’arrêt ;

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Médecins du Monde – Juillet 2009
132
-l’avis du Ministère public près la juridiction ayant prononcé la
condamnation ;
- l’avis motivé du Chef d’établissement;
- le rapport et l’avis du Magistrat instructeur (Magistrat du Parquet) ;
- l’avis du Magistrat du Parquet où est subie la détention.

3- L’exécution de la libération conditionnelle

Le Ministre de la justice accorde la libération conditionnelle par voie d’arrêté.


Cet arrêté fixe le délai d’épreuve qui ne peut dépasser la durée de la peine restant à
subir.

Il est transmis au Procureur de la République qui le notifie à l’intéressé par


l’intermédiaire du Chef d’établissement.
Le procès-verbal de notification sera adressé par le CEP au Procureur de la
République qui le transmet au Ministre de la Justice.

Enfin, la libération conditionnelle soumet le condamné libéré à un contrôle


périodique par le Commissaire de police, ou par la brigade de gendarmerie, ou par
le Maire de la Commune de résidence.

C- LES IMPLICATIONS

Le règlement intérieur doit comprendre des dispositions relatives à la libération


conditionnelle.

Les personnes condamnées doivent être informées de leur droit à bénéficier de la


libération conditionnelle.
Les personnes condamnées doivent être informées de la procédure y afférente

Toute personne condamnée remplissant les conditions requises doit pouvoir


demander la libération conditionnelle sans aucune discrimination.

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133
D- LES RECOMMANDATIONS PRATIQUES

Le personnel pénitentiaire doit informer régulièrement les personnes condamnées


de leur droit à demander la libération conditionnelle ainsi que de la procédure à
suivre.

Le CEP doit systématiquement constituer le dossier de proposition à la libération


conditionnelle pour toute personne détenue remplissant les conditions requises.

CONCLUSION

Le respect des droits spécifiques de certaines catégories de personnes


détenues participe à l’humanisation de la détention.

Le respect des droits spécifiques de certaines catégories de personnes


détenues améliore les droits des personnes détenues.

Le respect des règles générales de la détention facilite le travail du


personnel pénitentiaire en garantissant un climat de sécurité. Le respect
des règles générales constitue un gage de professionnalisme pour le
personnel pénitentiaire et renforce la dignité de la profession.

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134
ANNEXES

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135
ANNEXE 1
EXEMPLES DE CERTIFICAT MEDICAL

CERTIFICATS MEDICAUX EN CAS DE VIOLENCES SEXUELLES

Certificat médical pour un adulte

Je soussigné(e) ………………………………….(NOM,prénom), Docteur en Médecine, certifie


avoir examiné ce jour …………………..(heure, jour, mois, année), à sa demande,
Monsieur, Madame, Mademoiselle ………………..( NOM,prénom), né(e) le ………………..
(jour, mois, année), domicilié(e) à ……………………………………………(adresse précise).

Il (elle) déclare avoir été victime d’une agression sexuelle le …… (Heure, jour, mois,
année), à ………………. (Lieu) par ……………………. (Inconnu ou personne connue).

A l’entretien, il, elle a déclaré :


« ……………………………………………………………………………………………… »

Monsieur, Madame, Mademoiselle …………………….. présente les signes suivants :

- A l’examen général : …………………………………………………………………


(préciser le comportement : prostration, excitation, calme, frayeur, mutisme,
pleurs, etc.)

- A l’examen somatique : ………………………………………………………..


(décrire précisément toute lésion observée sur toutes les parties du corps : traces
d’ecchymoses, érosions cutanées, griffures, morsures, strangulation, tuméfactions,
brûlures, etc. Indiquer le siège, l’étendue, le nombre, le caractère ancien ou récent,
les éléments de gravité, etc.).

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Médecins du Monde – Juillet 2009
136
- A l’examen génital : ……………………………………………………………..
(signes de défloration récente ou ancienne, lésions traumatiques, etc.).

- A l’examen anal : ………………………………………………………………………


(lésions traumatiques décelables, etc.).

- Examens pratiqués (notamment prélèvements) : ……………………………………..

- Evaluer le risque de grossesse : ……………………………………………………….

En conclusion, Monsieur, Madame, Mademoiselle …………………………….. présente (ou


non) des traces de violences récentes et une réaction psychique compatible (ou
non) avec l’agression qu’il (elle) dit avoir subie.
(Rappel : l’absence de lésions ne permet pas de conclure à l’absence de l’agression
sexuelle).

L’incapacité Totale de Travail (ITT) pourrait être de ….. jours sous réserve de
complications. Des séquelles pourraient persister donnant lieu à une Incapacité
Permanente Partielle (IPP) à expertiser ultérieurement.

Certificat fait ce jour et remis en mains propres à l’intéressé (e) pour valoir ce que
ce droit.

Signature du Médecin.

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137
Certificat médical pour un enfant

Je soussigné(e) ………………………………….(NOM, prénom), Docteur en Médecine, certifie


avoir examiné ce jour …………………..(heure, jour, mois, année), à la demande de
………………..(père, mère, représentant légal), l’enfant ………………..( NOM, prénom),
né(e) le ……………….. (jour, mois, année), domicilié à…………..………………………………………
(adresse précise des parents ou lieu de résidence de l’enfant).

A l’entretien, l’enfant m’a dit:


« ……………………………………………………………………………………………… »
(citer le plus fidèlement possible les paroles de l’enfant sans chercher à les
interpréter)

A l’entretien, ……………………(nom de la personne accompagnant l’enfant) a déclaré :


« …………………………………………………………………………………………….. »

Cet enfant présente les signes suivants :

- A l’examen général : …………………………………………………………………


(préciser le comportement de l’enfant: prostration, excitation, calme, frayeur,
mutisme, pleurs, etc.)

- A l’examen somatique : ………………………………………………………..


(décrire précisément toute lésion observée sur toutes les parties du corps : traces
d’ecchymoses, érosions cutanées, griffures, morsures, strangulation, tuméfactions,
brûlures, etc. indiquer le siège, l’étendue, le nombre, le caractère ancien ou récent,
les éléments de gravité, etc.).

- A l’examen génital : ……………………………………………………………..


(signes de défloration récente ou ancienne, lésions traumatiques, etc.).

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Médecins du Monde – Juillet 2009
138
- A l’examen anal : ………………………………………………………………………
(lésions traumatiques décelables, etc.).

- Examens pratiqués (notamment prélèvements) : ……………………………………..

- Evaluer le risque de grossesse : ……………………………………………………….

En conclusion, cet enfant présente (ou non) des traces de violences récentes et une
réaction psychique compatible (ou non) avec l’agression qu’il (elle) dit avoir subie.
(Rappel : l’absence de lésions ne permet pas de conclure à l’absence de l’agression
sexuelle).

L’incapacité Totale de Travail (ITT) pourrait être de ….. jours sous réserve de
complications. Des séquelles pourraient persister donnant lieu à une Incapacité
Permanente Partielle (IPP) à expertiser ultérieurement.

Certificat fait ce jour et remis en mains propres à pour faire valoir ce que ce
droit.

Signature du Médecin.

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Médecins du Monde – Juillet 2009
139
PROPOSITION DE CERTIFICAT MEDICAL EN CAS DE COUPS ET BLESSURES

Je soussigné(e) ………………………………….(NOM, prénom), Docteur en Médecine, inscrit


au tableau de l’Ordre National des Médecins sous le n° …. , certifie avoir examiné
ce jour …………………..(heure, jour, mois, année), Monsieur, Madame, Mademoiselle
………………..( NOM, prénom), âgée de………………………………….., actuellement détenu(e)
à l’établissement pénitentiaire de ………. et habituellement domicilié(e) à ………………...
(adresse précise).

A l’entretien :
- Déclaration de la personne :(quoi ? qui ? Comment ? Quand ? Où ?)
« . …………………………………………………………………………………………………………………………….. ».

- Plaintes actuelles de la personne :


« ………………………………………………………………………………………………………………………………. ».

Monsieur, Madame, Mademoiselle …………………….. présente les signes suivants :

- A l’examen général : …………………………………………………………………


(Préciser le comportement : prostration, excitation, calme, frayeur, mutisme,
pleurs, etc.)

- A l’examen somatique : ………………………………………………………..


(Décrire précisément toute lésion observée sur toutes parties du corps : traces
d’ecchymoses, érosions cutanées, griffures, morsures, strangulation, tuméfactions,
brûlures, etc. indiquer le siège, l’étendue, le nombre, le caractère ancien ou récent,
les éléments de gravité, etc.).

- A l’examen génital : ……………………………………………………………..


(Signes de défloration récente ou ancienne, lésions traumatiques, etc.).

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140
- A l’examen anal : ………………………………………………………………………
(Lésions traumatiques décelables, etc.).

- Examens complémentaires pratiqués (notamment prélèvements éventuels) et


résultats : ……………………………………………………………………………………………………………

En conclusion, les lésions constatées (physiques, psychiques) sont compatibles ( ou


non ) avec les dires de Monsieur, Madame, Mademoiselle ……………………………..
………………………………………………………………………………………………………………………………………..
(Rappel : l’absence de lésions ne permet pas de conclure à l’absence de l’agression
sexuelle ; de même elle ne permet pas de conclure à l’absence d’autres agressions
physiques si l’agression a eu lieu longtemps avant l’examen clinique. C’est une
question de délai entre l’agression et l’examen).

L’Incapacité Temporaire de Travail (ITT) est estimée à …. jours sous réserve de


complications. (Ajouter si pertinent que des séquelles pourraient persister donnant
lieu à une Incapacité Permanente Partielle (IPP) à expertiser ultérieurement).

Certificat fait à ……………………………………….ce jour :…………..………………………et remis à


mains propres pour servir et valoir ce que de droit.

Signature du Médecin.

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Médecins du Monde – Juillet 2009
141
ANNEXE 2
BIBLIOGRAPHIE

I- Les ouvrages et manuels

1. Surveiller et enquêter en matière de torture et autres peines ou traitements


cruels, inhumains ou dégradants et de conditions pénitentiaires, Amnesty
International /CODESRIA, Amsterdam et Dakar, 2001.

2. Manual of effective Investigation and Documentation of Torture and other


Cruel, inhuman or Degrading Treatment or Punishment (the Istanbul
Protocol), United Nations, 1999. www.unhchr.ch/pdf/8istprot.pdf.

3. Andrew Cole, Gérer les prisons dans le souci du respect des droits de
l’homme, Manuel destiné au personnel pénitentiaire, Centre International
d’Etudes Pénitentiaires, Londres, 2002.

4. Les droits de l’homme et les prisons, Manuel de formation aux droits de


l’homme à l’intention du personnel pénitentiaire, Haut – Commissariat des
Nations unies aux droits de l ‘homme, New York et Genève, 2004.

5. Les droits de l’homme et les prisons, Guide du formateur aux droits de


l’homme à l’intention du personnel pénitentiaire, Haut – Commissariat des
Nations unies aux droits de l ‘homme, New York et Genève, 2005.

6. Uniformisation des soins de santé des établissements pénitentiaires à


Madagascar, Ministère de la Justice, Juillet 2006 ;

7. Françoise Bouchet-Saulnier, Dictionnaire pratique du droit humanitaire, Paris,


La Découverte édition actualisée et enrichie, 2006.

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Médecins du Monde – Juillet 2009
142
II- Les rapports

1. Rapport d’enquête sur les conditions de détention dans cinq établissements


pénitentiaires, Médecins du Monde, Novembre 2007.

2. Pier GIORGIO NEMDRINI, « Eau, assainissement, hygiène, habitat dans les


prisons », CICR, Août 2004.

III- Les instruments juridiques

1. Les textes nationaux Malgaches

- Constitution révisée, 2007 ;


- Ordonnance n° 60-086 du 31 Août 1960 portant Code pénal malgache et
ses textes subséquents ;
- Loi n° 2007-021 du 30 Juillet 2007 modifiant et complétant certaines
dispositions du Code de Procédure Pénale relative à la détention
préventive ;
- Loi n° 2007-023 du 20 Août 2007 sur les droits et la protection des
enfants ;
- Ordonnance n° 62-052 du 20 Septembre 1962 portant Code de procédure
pénale malgache et ses textes subséquents ;
- Code de déontologie médicale ;
- Décret n°2005-711 du 25 Octobre 2005 portant sur la libération
conditionnelle ;
- Décret n°2006-015 du 17 Janvier 2006 portant organisation générale de
l’administration pénitentiaire ;
- Décret n°2006-901 du 19 Décembre 2006 portant organisation de la
préparation à la réinsertion sociale, familiale et professionnelle des
personnes détenues ;
- Circulaire n°002 –MJ/DGAJ/DAJ/Circ/2008 du 25 Avril 2008 relative à

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143
l’application des dispositions de la Loi 2007-021 ;
- Circulaire n°51 MJ/SP/06 du 2 Mai 2006 relative à la santé des personnes
détenues et en application du décret n°2006-015 ;
- Circulaire n°417/2006-MJ/SG/DGAP du 4 Août 2006 relative à la vie en
détention ;
- Circulaire n°418 bis MJ/SG/DGAP du 4 Août 2006 relative au travail des
personnes détenues ;
- Circulaire n°434/2006-MJ/DGAP du 11 Août 2006 relative à la gestion du
personnel ;
- Circulaire n°436/2006-MJ/DGAP du 11 Août 2006 relative à la gestion du
personnel ;
- Circulaire n°471 MJ/SG/DGAP prise en application du décret n°2006-15 en
ce qui concerne le dossier pénal de la personne détenue ;
- Note de service n°35 MJ/SG/DGAP/DAP- du 30 Octobre 2008 relative à la
sortie de personnes détenues pour travail extérieur;
- Note de service n°201 MJ/DGAP/DAP- du 31 Juillet 2008 relative au travail
extérieur des personnes détenues ;
- Note de service n°446-PGM/2007 du 31 Juillet 2007 relative aux frais
d’hospitalisation des personnes détenues.

2. Les textes régionaux


- Charte africaine sur les droits de l’homme et des peuples, 1981 ;
- Déclaration de Kampala sur les conditions de détention en Afrique, 1996 ;
- Déclaration de Kadouma sur les alternatives à l’emprisonnement en
Afrique, 1997 ;
- Déclaration d’Arusha sur les bonnes pratiques pénitentiaires, 1999 ;
- Résolution sur les lignes directrices et mesures d’interdiction et de
prévention de la torture et des peines ou traitements cruels, inhumains ou
dégradants en Afrique (Lignes directrices de Robben Island), 2002 ;
- Déclaration de Ouagadougou pour accélérer la réforme pénale et
pénitentiaire en Afrique, 2002 ;

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144
- Protocole additionnel à la Charte africaine portant création de la Cour
africaine des droits de l’homme et des peuples, 2004 ;
- Déclaration de Lilongwe sur l’accès à l’assistance judiciaire dans le
système pénal en Afrique, 2004.

3. Les textes internationaux

- Charte des Nations unies, 1945 ;


- Déclaration Universelle des droits de l’homme, 1948 ;
- Ensemble de règles minima pour le traitement des personnes détenues,
1955 ;
- Code international d’éthique médicale adopté par l’Association médicale
mondiale : www.wma.net voir aussi le serment de Genève, version
moderne du serment d’Hippocrate (460-380 av. J.-C.) adopté par cette
même association et reconnue en 1957 par le CICR et l’OMS ;
- Convention sur l’élimination de toutes formes de discrimination raciale,
1963 ;
- Pacte international relatif aux droits civils et politiques, 1966 ;
- Protocole facultatif se rapportant au Pacte international sur les droits civils
et politiques, 1966 ;
- Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels,
1966 ;
- Directives à l’intention des médecins en ce qui concerne la torture et
autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants en relation
avec la détention ou l’emprisonnement dites « Déclaration de Tokyo »,
1975 ;
- Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à
l‘égard des femmes, 1979 ;
- Code de conduite pour les responsables de l’application des lois, 1979 ;
- Principes d’éthique médicale applicables au rôle du personnel de santé, en
particulier des médecins, dans la protection des prisonniers et des

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personnes détenues contre la torture et autres peines ou traitements
cruels, inhumains ou dégradants, 1982 ;
- Garanties pour la protection des droits des personnes passibles de la peine
de mort, 1984 ;
- Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels,
inhumains ou dégradants, 1984 ;
- Ensemble de règles minima des Nations unies concernant l’administration
de la Justice pour mineurs (Règles de Beijing), 1985 ;
- Ensemble de principes pour la protection de toutes les personnes soumises
à une forme quelconque de détention ou d’emprisonnement, 1988 ;
- Convention relative aux droits de l’enfant, 1989 ;
- Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant, 1990 ;
- Principes fondamentaux relatifs au traitement des personnes détenues,
1990 ;
- Principes de base sur le recours à la force et l’utilisation des armes à feu
par les responsables de l’application des lois, 1990 ;
- Principes directeurs des Nations unies pour la prévention de la délinquance
juvénile (Principes directeurs de Riyad), 1990 ;
- Règles des Nations unies pour la protection des mineurs privés de liberté,
1990 ;
- Règles minima des Nations unies pour l’élaboration de mesures non
privatives de liberté (Règles de Tokyo), 1990 ;
- Déclaration sur l’élimination de la violence à l’égard des femmes, 1993 ;
- Protocole facultatif à la Convention contre la torture et autres peines ou
traitements cruels, inhumains ou dégradants, 2003 ;
- Code islamique d’éthique médicale et de santé :
www.islamset.com/ioms/code 2004/Islamic_code.html.

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