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ETABLISSEMENTS PENITENTIAIRES
Juillet 2009
réalisation du projet.
formation.
AP Administration pénitentiaire
EP Etablissement pénitentiaire
ANNEXES........................................................................134
ANNEXE 2 : Bibliographie......................................................................141
Créée en France le 7 Mars 1980, Médecins du Monde (ci-après « MDM ») est une
association de solidarité internationale qui est régie par la loi de 1901 et qui a été
reconnue d’utilité publique par le décret du 24 Janvier 1980.
Médecins du Monde a pour vocation de soigner les populations les plus vulnérables
dans des situations de crise et d’exclusion, partout dans le monde et en France, en
suscitant l’engagement volontaire et en s’assurant de l’appui de toutes les
compétences indispensables à la mise en œuvre des programmes.
Les premiers programmes France ont été implantés à partir de 1986, quelques
années après les missions internationales.
Les actions développées sont toujours au bénéfice des plus vulnérables tels que les
personnes sans domicile fixe et/ou mal logées, les migrants, les enfants, les gens
du voyage, les travailleurs du sexe, les toxicomanes et s’articulent autour de trois
axes :
l’accès aux soins,
la réduction des risques,
le développement des missions de proximité.
Les premières missions internationales ont été initiées dès 1980 et représentent
aujourd’hui 91 missions dans 51 pays :
34 en Afrique,
20 en Asie,
14 en Amérique latine,
13 en Europe de l’Est,
10 au Maghreb- Moyen Orient.
Les axes de travail développés autour de ces thématiques sont très nombreux. Il
convient notamment de citer: les soins de santé primaire, la protection materno -
infantile, la réduction de la transmission du VIH de la mère à l’enfant, la prévention
des infections sexuellement transmissibles dont le VIH, la prise en charge de
patients infectés par le VIH, la prise en charge médicale et psychosociale des
enfants de la rue, des victimes de conflits armés, la santé mentale, l’assistance aux
victimes de violence, aux personnes détenues… .
1- L’objectif général
Un livret pédagogique a été créé pour servir de guide pour les différents exercices à
traiter au cours de la formation.
Manuel de formation aux droits de l'homme à l'attention du personnel pénitentiaire malgache
Médecins du Monde – Juillet 2009
13
MODULE 1:
INTRODUCTION GENERALE AUX DROITS DE L'HOMME
OBJECTIFS DU MODULE
PLAN DU MODULE
Les questions et les obligations relevant des droits de l’homme sont désormais un
aspect important de la conduite des affaires publiques. Au fil des ans, depuis la
proclamation de la Déclaration universelle en 1948, les Etats ont mis au point un
nombre considérable d’instruments de promotion et de protection des droits de
l’homme, au niveau national, régional et international qu’ils se sont engagés à
respecter.
1
Voir le Préambule de la DUDH.
Quelles que soient les circonstances de leur vie, tous les êtres humains bénéficient
de droits fondamentaux qui ne peuvent être suspendus sans justification légale.
Les personnes détenues conservent tous leurs droits en tant qu’êtres humains, à
l’exception de ceux qu’elles ont perdu en conséquence de la privation de liberté. En
d’autres termes, les conditions de détention ne doivent pas constituer une
souffrance supplémentaire.
L’expression « droits de l’homme » recouvre les droits dont toute personne jouit. Ils
sont la reconnaissance juridique de la dignité humaine et de l’égalité entre les
hommes.
Les droits de l’homme ont pour vocation de protéger les individus et les groupes
contre tous les actes des gouvernements portant atteinte à leurs droits et libertés
fondamentales.
Les droits de l’homme imposent des obligations aux États et à ceux qui agissent en
leur nom. Le personnel des EP est donc, de par sa fonction, directement impliqué
dans l’application et le respect des droits de l’homme.
Selon leurs origines, les normes internationales n’ont pas la même valeur juridique
et n’engagent donc pas le même degré de responsabilité des Etats. En d’autres
termes, les obligations définies dans les Pactes et les Conventions sont
contraignantes alors que les orientations universelles, telles que définies dans les
différents types de déclarations, d’ensembles de règles minima et d’ensembles de
principes sont moralement persuasives. Ces instruments forment un cadre
juridique international complet et détaillé visant à garantir le respect des droits, de
la dignité, de la liberté de la personne humaine dans le contexte de la justice
pénale.
Tous les instruments internationaux qui relèvent du droit des traités sont
pleinement et juridiquement contraignants pour les Etats qui y sont
parties.
Il s’agit des textes, qui, par leur nature, sont juridiquement contraignants pour les
Etats qui les ont ratifiés.
En ce qui concerne, le cadre légal international applicable à la détention à
Madagascar, on peut citer :
la Convention sur l’élimination de toutes formes de discrimination
raciale, 1963 ;
le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, 1966 ;
le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et
culturels, 1966 ;
la Convention sur l’élimination de toutes les formes de
discrimination à l‘égard des femmes, 1979 ;
la Convention contre la torture et autres peines ou traitements
cruels, inhumains ou dégradants, 1984 ;
la Convention relative aux droits de l’enfant, 1989.
2
Voir art. 11 du PIDESC
A cela s’ajoute :
- l’Ensemble de règles minima pour le traitement des détenus, 1955 ;
la Déclaration sur la protection de toutes les personnes contre la
torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou
dégradants, 1975 ;
le Code de conduite pour les responsables de l’application des lois,
1979 ;
les Principes d’éthique médicale applicables au rôle du personnel
de santé, en particulier des médecins, dans la protection des
prisonniers et des détenus contre la torture et autres peines ou
traitements cruels, inhumains ou dégradants, 1982 ;
l’Ensemble de principes pour la protection de toutes les personnes
soumises à une forme quelconque de détention ou
d’emprisonnement, 1988 ;
les Garanties pour la protection des droits des personnes passibles
de la peine de mort, 1984 ;
les Principes relatifs à la prévention efficace des exécutions
extrajudiciaires, arbitraires et sommaires et aux moyens
d’enquêter efficacement, 1989 ;
les Principes fondamentaux relatifs au traitement des détenus,
1990 ;
les Règles minima des Nations Unies pour l’élaboration de mesures
non privatives de liberté dites « Règles de Tokyo », 1990 ;
la Déclaration sur la protection de toutes les personnes contre les
disparitions forcées, 1992 ;
CONCLUSION
Le respect des DDH améliore les droits des personnes détenues et facilite le
travail du personnel pénitentiaire en garantissant un climat de sécurité.
OBJECTIFS DU MODULE
PLAN DU MODULE
Toutes les personnes sont égales devant la loi et ont droit, sans distinction, à une
égale protection de la loi.
Une protection spécifique doit être prévue pour les droits des minorités en tant que
groupes.
Les personnes détenues qui sont des ressortissants étrangers doivent être dotées
de facilités raisonnables pour communiquer avec le représentant diplomatique.
La Constitution dans son Préambule fixe parmi ses priorités « la lutte contre
l’injustice, la corruption, les inégalités et la discrimination sous toutes ses formes ».
Elle ajoute, dans son article 8, que « tous les individus sont égaux en droit et
jouissent des mêmes libertés fondamentales protégées par la Loi sans
Le décret 2006-015 stipule dans son article 23 qu’« aucune discrimination ne doit
être fondée à l’égard des personnes détenues sur des considérations tenant à l’état
de santé, au sexe, à la race, à la langue, à la religion, à l’origine, aux opinions
politiques ou à la situation sociale ».
2- La législation régionale
3- La législation internationale
L’article 2 de la DUDH confirme que ces droits s’appliquent à tous les êtres humains
sans exception.
C- LES IMPLICATIONS
La société considère tous les citoyens qui la composent comme égaux en droit.
L’Etat a donc le devoir de préserver l’égalité des droits de tous les individus,
indépendamment de leurs différences. Toutefois, certains doivent faire l’objet d’une
protection particulière de façon à garantir un traitement identique.
Dans chaque EP, un règlement intérieur doit être affiché à l’entrée et dans chaque
chambre. Son contenu doit être expliqué à tout nouveau détenu.
Le règlement doit énoncer dans son préambule les principes fondamentaux relatifs à
la détention dont la non-discrimination fait partie.
Les personnes détenues conservent tous leurs droits sauf ceux dont la perte est une
conséquence directe de la privation de liberté.
1- La législation malgache
La Constitution stipule dans son article 13 que « tout individu est assuré de
l’inviolabilité de sa personne (…) ».
2- La législation régionale
La Charte africaine stipule en son article 5 que :« Tout individu a droit au respect
de la dignité inhérente à la personne humaine et à la reconnaissance de sa
personnalité juridique. Toutes formes d’exploitation et d’avilissement de l’homme
notamment l’esclavage, la traite des personnes, la torture physique ou morale, et
les peines ou les traitements cruels, inhumains ou dégradants sont interdites. »
Les préambules de la DUDH des deux Pactes internationaux soulignent que :«La
reconnaissance de la dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine et
de leurs droits égaux et inaliénables constitue le fondement de la liberté, de la
justice et de la paix dans le monde ».
Les ordres d’un supérieur ne peuvent JAMAIS être invoqués pour justifier la
torture.
AUCUNE personne détenue ne sera soumise même avec son consentement à des
expérimentations médicales ou scientifiques susceptibles de nuire à sa santé.
AUCUNE déclaration faite sous la torture ne sera citée et reçue comme élément de
preuve dans une procédure, sinon pour traduire les AUTEURS de ces actes devant
la justice.
B- LES DEFINITIONS
1- La torture
Elle est infligée dans un objectif précis et par un agent de l’Etat ou une autre
personne agissant dans le cadre d’une fonction officielle.
C- LES CARACTERISTIQUES
3
Définition donnée par la Circulaire 436/ 2006- MJ/ DGAP du 11 août 2006
Les coups infligés à une personne détenue durant dix minutes par un
membre du personnel pénitentiaire constituent un traitement cruel, inhumain
ou dégradant. Ces mêmes coups infligés durant une période de temps plus
longue (plusieurs heures ou jours) constituent un acte de torture.
La seconde différence réside dans le fait que la torture est toujours un acte
délibéré et réfléchi visant à imposer une grande souffrance. Les traitements
cruels, inhumains ou dégradants peuvent survenir à la suite d’une négligence
ou d’une omission.
Exemples :
Le fait pour des personnes détenues de subir des conditions de
détention précaires, de se voir priver de conditions sanitaires
satisfaisantes, de ne pas avoir accès à des médicaments ou de ne recevoir de
la nourriture qu’en quantité insuffisante constitue une peine ou un
traitement cruel, inhumain ou dégradant.
Ne pas séparer les hommes des femmes, les adultes des mineurs constitue
un traitement cruel, inhumain ou dégradant. Si de cette promiscuité
découlent des actes de violence, ces derniers constituent de la torture.
1- La législation malgache
Le code pénal ne donne aucune définition précise de la torture. Son article 303
stipule que seront punis comme coupables d’assassinat 4, tous malfaiteurs, quelle
que soit leur dénomination, qui, pour l’exécution de leurs crimes, emploient des
tortures ou commettent des actes de barbaries. Par déduction, les actes de tortures
ne constituent pas en eux-mêmes des infractions autonomes. Toutefois, ils
constituent des circonstances aggravantes s’ils s’accompagnent d’une autre
infraction.
Le décret 2006-015 stipule dans son article 16 qu’il est interdit au personnel
pénitentiaire et aux personnes ayant accès dans les établissements pénitentiaires de
se livrer à des actes de tortures ou violences sur les personnes détenues.
4
Tout coupable d’assassinat sera puni de mort (article 302 du Code pénal malgache).
3- La législation internationale
« tout acte par lequel une douleur ou des souffrances aiguës, physiques ou
mentales, sont intentionnellement infligées à une personne aux fins
notamment d’obtenir d’elle ou d’une tierce personne des renseignements ou
des aveux, de la punir d’un acte qu’elle ou une tierce personne a commis ou
est soupçonnée d’avoir commis, de l’intimider ou de faire pression sur elle ou
d’intimider ou de faire pression sur une tierce personne, ou pour tout autre
motif fondé sur une forme de discrimination quelle qu’elle soit, lorsqu’une
telle douleur ou de telles souffrances sont infligées par un agent de la
fonction publique ou toute autre personne agissant à titre officiel ou à son
instigation ou avec son consentement exprès ou tacite. Ce terme ne s’étend
pas à la douleur ou aux souffrances résultant uniquement de sanctions
légitimes, inhérentes à ces sanctions ou occasionnées par elles. »
De plus, la Convention énonce les obligations des Etats, applicables aussi bien en
ce qui concerne les actes de torture que les mauvais traitements :
Tout Etat Partie assure à toute personne qui prétend avoir été soumise à la
torture sur tout territoire sous sa juridiction le droit de porter plainte devant
les autorités compétentes dudit Etat qui procéderont immédiatement et
impartialement à l’examen de sa cause. Des mesures seront prises pour
assurer la protection du plaignant et des témoins contre tout mauvais
traitement ou toute intimidation en raison de la plainte déposée ou de toute
déposition faite.8
Tout Etat Partie garantit, dans son système juridique, à la victime d’un acte
de torture, le droit d’obtenir réparation et d’être indemnisée équitablement et
de manière adéquate, y compris les moyens nécessaires à sa réadaptation la
plus complète possible. En cas de mort de la victime résultant d’un acte de
torture, les ayants cause de celle-ci ont droit à indemnisation.9
5
Voir art. 10§ 1 de la Convention contre la torture.
6
Voir art. 10§ 2 de la Convention contre la torture.
7
Voir art. 12 de la Convention contre la torture.
8
Voir art. 13 de la Convention contre la torture.
9
Voir art. 14 § 1 de la Convention contre la torture.
E- LES IMPLICATIONS
10
Voir art. 15 de la Convention contre la torture.
L’utilisation de tout instrument susceptible d’être employé comme une arme par le
personnel pénitentiaire doit être soigneusement réglementée. Il existe de
nombreuses circonstances dans lesquelles les membres du personnel sont munis
d’un bâton ou de matraque. Les circonstances dans lesquelles ce type d’instrument
peut être utilisé doivent toujours être liées à la nécessité d’empêcher ou d’éviter les
dommages corporels.
La procédure à suivre pour porter plainte doit être expliquée aux personnes
détenues et au membre du personnel pénitentiaire. Des moyens matériels doivent
être mis à la disposition des personnes détenues pour formuler ces plaintes.
Des dispositions doivent être mises en place pour permettre à une autorité
judiciaire, à des organisations non gouvernementales ou à d’autres personnes
indépendantes d’avoir régulièrement accès aux EP, afin de garantir qu’il ne se
produit aucun acte de torture ni aucune peine ou traitement cruel, inhumain ou
dégradant.
Les personnes privées de liberté doivent être détenues dans des lieux
reconnus officiellement en tant que lieux de détention.
L’exigence d’un traitement humain et digne des personnes détenues prévaut depuis
le moment de leur incarcération jusqu’à celui de leur libération.
Un registre détaillé de toutes les personnes privées de liberté doit être tenu à jour.
Toutes les personnes détenues doivent recevoir rapidement des informations écrites
et/ou orales au sujet de leur régime de détention, comme en ce qui concerne leurs
droits et obligations.
Les personnes détenues doivent être autorisées à informer leur famille du lieu de
leur détention et à consulter leurs représentants légaux.
1- La législation malgache
La Constitution stipule dans son article 13 §.3 que : « nul ne peut être poursuivi,
arrêté ou détenu que dans les cas déterminés par la Loi et selon les formes qu’elle a
prescrites ».
Le code pénal stipule dans son article 341 §.1 que : « seront punis de la peine de
travaux forcés à temps ceux qui, sans ordre des autorités constituées et hors les
cas où la Loi ordonne de saisir des prévenus, auront arrêté, détenu ou séquestré
des personnes quelconques ».
2- La législation régionale
La Charte africaine stipule en son article 6 que : « Tout individu a droit la liberté
et à la sécurité de sa personne. Nul ne peut être privé de sa liberté sauf pour des
motifs et dans des conditions préalablement déterminés par la loi ; en particulier nul
ne peut être arrêté ou détenu arbitrairement ».
3- La législation internationale
« 1) Dans tout endroit où des personnes sont détenues, il faut tenir à jour un
registre relié et coté indiquant pour chaque détenu :
a) Son identité;
C- LES IMPLICATIONS
La dignité humaine d’une personne détenue doit être reconnue dès le premier jour
de son incarcération. Selon l’une des premières exigences de la procédure
d’admission dans les EP, il incombe aux autorités pénitentiaires de veiller à ce qu’il
existe un document judiciaire ou administratif ordonnant la détention de la
personne. Lequel doit stipuler expressément le motif et la durée de l’incarcération.
11
Voir principe 16§1 de l’Ensemble de principes pour la protection de toutes les personnes soumises à une forme
quelconque de détention ou d’emprisonnement.
12
Voir principe 16§3 de l’Ensemble de principes pour la protection de toutes les personnes soumises à une forme
quelconque de détention ou d’emprisonnement.
13
Voir principe 18§1 de l’Ensemble de principes pour la protection de toutes les personnes soumises à une forme
quelconque de détention ou d’emprisonnement.
Manuel de formation aux droits de l'homme à l'attention du personnel pénitentiaire malgache
Médecins du Monde – Juillet 2009
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il doit mentionner les dates d’admission et de libération prévues pour
chaque personne détenue ;
I- LA GESTION DE LA SECURITE
Le recours à la force doit être réservé pour empêcher un crime ou pour arrêter ou
aider légalement des délinquants ou des suspects. Il ne peut être recouru à la
force au-delà de cette limite.
L’usage des armes à feu doit rester une réponse exceptionnelle à une situation
sécuritaire exceptionnelle et pour laquelle aucune autre réponse n’existe.
1- La législation malgache
2- La législation internationale
C- LES IMPLICATIONS
Manuel de formation aux droits de l'homme à l'attention du personnel pénitentiaire malgache
Médecins du Monde – Juillet 2009
51
Les autorités pénitentiaires sont responsables de la sécurité physique des personnes
détenues, du personnel pénitentiaire et des visiteurs.
La notion de sécurité implique bien davantage que les obstacles physiques destinés
à empêcher les évasions. Elle repose également sur un personnel attentif, qui
communique avec les personnes détenues et qui sait ce qui se passe à l’intérieur de
l’établissement. Ce type d’approche est qualifié de « sécurité dynamique ».
Chaque personne détenue devrait faire l’objet d’une évaluation portant sur les
points suivants :
Les membres du personnel doivent apprendre que la sécurité n’est pas une simple
question d’enceintes, de clôtures et de surveillance électronique.
Les établissements pénitentiaires doivent être des lieux sûrs pour y vivre et pour
travailler, c’est-à-dire pour les personnes détenues, pour le personnel et pour les
visiteurs.
Maintenir avec fermeté l’ordre et la discipline sans apporter plus de restrictions qu’il
n’est nécessaire au maintien de la sécurité et pour une vie communautaire bien
organisée.
1- La législation malgache
« L’ordre et la discipline doivent être maintenus avec fermeté, mais sans apporter
plus de restrictions qu’il n’est nécessaire pour le maintien de la sécurité et d’une vie
communautaire bien organisée».
C- LES IMPLICATIONS
Les établissements pénitentiaires sont des lieux de vie. Il est possible d’obtenir un
environnement peu contraignant tout en veillant à ne pas compromettre l’ordre et la
sécurité.
Les autorités pénitentiaires ne devraient placer aucune personne détenue dans une
situation qui l’autorise à imposer des mesures de discipline à d’autres personnes
détenues.
Les règles relatives au maintien de l’ordre des EP et des sanctions qui découlent de
leur non respect doivent clairement apparaître dans le règlement intérieur des EP.
Les personnes détenues doivent être informées du contenu de ces règles.
Si les personnes détenues restent occupées et s’il leur est donné la possibilité
d’utiliser positivement leur temps, elles se conformeront aux règles équitables et
justifiées indispensables au maintien de l’ordre dans tout groupe important.
Les personnes détenues ne doivent pas être utilisées pour compenser les pénuries
de personnel.
Toutes les infractions et les sanctions disciplinaires doivent être spécifiées par la loi
ou par un règlement dûment publié.
Aucune personne détenue ne sera puni avant d’avoir été informée de l’infraction
qu’elle est censée avoir commise et avant d’avoir eu la possibilité de présenter une
défense appropriée.
Les personnes détenues qui font l’objet d’une mesure disciplinaire doivent avoir le
droit de faire appel auprès d’une autorité supérieure.
1- La législation malgache
2- La législation internationale
«29). Les points suivants doivent toujours être déterminés soit par la loi, soit
par un règlement de l’autorité administrative compétente :
30. 1) Aucun détenu ne peut être puni que conformément aux dispositions
d’une telle loi ou d’un tel règlement, et jamais deux fois pour la même
infraction.
31. Les peines corporelles, la mise au cachot obscur ainsi que toute sanction
cruelle, inhumaine ou dégradante doivent être complètement défendues
comme sanctions disciplinaires.
Cette règle 32.1 n’est pas en adéquation ni avec l’éthique médicale ni avec la
Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhu-
mains ou dégradants de 1984. D’une part, la réduction de nourriture peut
constituer un traitement inhumain et le médecin ne peut donc y contribuer.
D’autre part, l’isolement prolongé entraîne des troubles psychosociaux et
donc une dégradation de l’état de santé de la personne à laquelle le médecin
ne peut contribuer.
3) Le médecin doit visiter tous les jours les détenus qui subissent de telles
sanctions disciplinaires et doit faire rapport au directeur s’il estime nécessaire
de terminer ou modifier la sanction pour des raisons de santé physique ou
mentale.
C- LES IMPLICATIONS
Il importe que les personnes détenues soient informées de toutes les règles qui
régissent l’EP. Lorsqu’une personne détenue commet une infraction à la discipline,
son cas doit être jugé conformément à une série de procédures préalablement
rendues publiques et décrites dans le règlement intérieur de l’EP. Si elle est jugée
coupable, la personne détenue peut se voir imposer différentes peines, qui seront
Manuel de formation aux droits de l'homme à l'attention du personnel pénitentiaire malgache
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définies dans la même série de procédures. Les personnes détenues doivent être
informées de toutes les règles relatives aux procédures et sanctions disciplinaires.
Les procédures disciplinaires en vigueur dans le cadre des EP doivent être régies par
les principes élémentaires de justice. Parmi ces derniers figurent le droit à connaître
la nature l’accusation afin de préparer sa défense.
Le médecin ne peut pas contribuer à des sanctions qui atteignent l’état de santé de
la personne. Leur relation avec toute personne détenue est avant tout celle d’un
médecin avec son patient. Ils ne doivent jouer aucun rôle susceptible d’être
interprété comme une participation à l’imposition d’une sanction.
Il importe que le système de punition en vigueur dans les EP soit formalisé et bien
connu du personnel pénitentiaire comme des personnes détenues. Ce système doit
généralement comporter les différents éléments suivants :
dans les cas complexes, la personne détenue doit pouvoir faire appel à un
conseiller juridique ;
Toute forme de représailles est interdite. Toute forme de punitions imposées hors
cadre légal est rigoureusement interdite.
CONCLUSION
OBJECTIFS DU MODULE
Renforcer les connaissances des participants sur les règles générales applicables à
la détention.
PLAN DU MODULE
Les personnes détenues sont des êtres humains, elles ont droit à des conditions de
vie appropriées.
Priver une personne détenue d’un de ces droits équivaut à un mauvais traitement
voire même à un acte de torture.
Les personnes détenues ont droit à un espace de vie suffisant, assez aéré et
lumineux pour rester en bonne santé.
1- La législation malgache
La circulaire 51- MJ/ SP/ 06 du 02 Mai 2006 portant sur la santé dans
l’établissement pénitentiaire exige de « maintenir la salubrité des locaux de
détention » dans son paragraphe 3.
2- La législation internationale
La DUDH stipule dans son article 24 que : « toute personne a droit à un niveau de
vie suffisant pour assurer sa santé, son bien être et ceux de sa famille, notamment
pour l’alimentation, le logement, les soins médicaux ».
Le PIDESC dans son article 11 paragraphe 1 stipule que : «les Etats parties
reconnaissent le droit de toute personne à un niveau de vie suffisant pour elle-
14
Voir art. 70
15
Voir art. 71
Règle 10. : « Les locaux de détention et, en particulier, ceux qui sont destinés
au logement des détenus pendant la nuit, doivent répondre aux exigences de
l’hygiène, compte tenu du climat, notamment en ce qui concerne le cubage
d’air, la surface minimum, l’éclairage, le chauffage et la ventilation ».
L’état des chambres de détention a des impacts sur l’hygiène, la santé et même le
bien-être des personnes détenues.
Les locaux de détention doivent donc disposer des installations sanitaires (douches
et WC) en bon état et en nombre suffisant. En outre, elles doivent être disponibles,
propres16 et décentes. Cela répond à l’exigence du respect de l’intégrité physique et
morale de la personne détenue.
16
Décret 2006- 015 article 71
17
Source : Pier GIORGIO NEMDRINI, « Eau, assainissement, hygiène, habitat dans les
prisons », CICR, Août 2004.
1- La législation malgache
2- La législation internationale
La DUDH stipule dans son article 24 que « toute personne a droit à un niveau de
vie suffisant pour assurer sa santé, son bien être et ceux de sa famille, notamment
pour l’alimentation, le logement, les soins médicaux ».
C- LES IMPLICATIONS
Fournir aux personnes détenues une nourriture saine et propre permet de les
maintenir en bonne santé et en bonne forme.
La ration offerte aux personnes détenues doit être variée et suffisante. Elle doit
avoir une valeur nutritive suffisante au maintien de sa santé et de ses forces.
La préparation de ces nourritures doit respecter les règles de la diététique et de
l’hygiène21.
20
RMT règle 20
21
Idem
SEL 1,5 - -
OIGNONS 15 - -
PATSA 30 300 90
2 370
1- La législation malgache
Le décret 2006 -015 stipule dans son article 69 que « dans tous les
établissements pénitentiaires les personnes détenues prévenues ou condamnées
portent les vêtements personnels qu’elles possèdent ou qu’elles acquièrent par
l’intermédiaire de l’administration ou de leurs familles. Ils doivent être maintenus en
bon état et lavés avec une fréquence suffisante pour assurer leur propreté ».
2- La législation internationale
Le PIDESC stipule que les Etats parties reconnaissent le droit de toute personne à
un vêtement et un logement suffisants.22
22
Voir art. 11.
C- LES IMPLICATIONS
Les personnes détenues doivent porter des vêtements propres et en bon état 23.
Dans ce cadre, l’administration pénitentiaire doit prévoir des installations de lavage
et de séchage permettant d’assurer la propreté des vêtements et de les maintenir
en bon état.
23
RMT règle 17
IV. L’HYGIENE
1- La législation malgache
24
RMT règle 19
En outre, le décret précise en son article 80 que : « Le médecin fait des inspections
régulières et conseille le chef d’établissement en ce qui concerne :
- la quantité, la qualité, la préparation et la distribution des aliments ;
- l’hygiène et la propreté de l’établissement et des personnes détenues ;
- les installations sanitaires, l’éclairage et la ventilation des chambres ;
- la qualité et la propreté des vêtements et de la literie des personnes
détenues ».
2- La législation internationale
Règle 14 : « Tous les locaux fréquentés régulièrement par les détenus doivent
être maintenus en parfait état d’entretien et de propreté ».
C- LES IMPLICATIONS
La salubrité du milieu ambiant repose sur la coopération de tous dans un EP. Cela
implique :
une formation sanitaire pour le personnel pénitentiaire;
une éducation à la santé pour les personnes détenues.
Dans certains pays, les responsables de l’hygiène du milieu, qui ont parfois la
charge des problèmes d’hygiène publique ont le droit de visiter les EP et peuvent
contraindre les autorités pénitentiaires à adopter les mesures nécessaires pour
garantir le respect de règles d’hygiène adéquates.
Les personnes détenues qui accomplissent des travaux salissants, et ceux qui
préparent ou qui servent la nourriture doivent avoir la possibilité de se laver plus
régulièrement.
Les conditions de vie des personnes détenues doivent être contrôlées régulièrement
par un médecin.
Tout individu dispose du droit à la santé qu’il soit détenu ou non. Les personnes
détenues conservent leur droit fondamental à jouir d’une bonne santé physique et
mentale.
Toutes les personnes détenues doivent avoir librement accès aux services de santé
disponibles dans les pays où ils se trouvent.
Tous les traitements médicaux nécessaires doivent alors être fournis gratuitement.
Les décisions concernant la santé d’une personne détenue doivent être prises
uniquement pour des raisons médicales, par des personnes dotées des compétences
médicales requises.
Toute personne détenue doit faire l’objet d’une visite médicale dans un délai aussi
bref que possible (dans les 24 premières heures) après son entrée dans
l’établissement25.
25
RMT règle 24
1- La législation malgache
La Constitution stipule dans son article 19 que « l’Etat reconnaît pour tout individu
le droit à la protection de sa santé dès sa conception ».
26
Cette Note de service couvre tout le ressort de la Cour d’Appel de Mahajanga, notamment les Régions
administratives de Boeny, Betsiboka, Melaky, Sofia, et Diana.
Manuel de formation aux droits de l'homme à l'attention du personnel pénitentiaire malgache
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2- La législation régionale
3- La législation internationale
La DUDH stipule dans son article 24 que « toute personne a droit à un niveau de
vie suffisant pour assurer sa santé, son bien être et ceux de sa famille, notamment
pour l’alimentation, le logement, les soins médicaux ».
Le PIDESC dans son article 12 paragraphe 1 stipule que « les Etats parties au
présent Pacte reconnaissent le droit qu’a toute personne de jouir du meilleur état de
santé physique et mentale qu’elle soit capable d’atteindre ».
C- LES IMPLICATIONS
Une personne détenue doit bénéficier de soins et traitements médicaux chaque fois
que le besoin s’en fera sentir.
Le médecin référent doit pouvoir se rendre disponible quand cela est nécessaire.
Les personnes détenues doivent recevoir des soins tant préventifs que curatifs.
Lorsqu’une personne détenue souffre d’une quelconque maladie, elle a droit d’être
soignée par un médecin de l’EP ou si la maladie s’avère compliquée, une évacuation
à l’extérieur de l’EP doit être prévue.
Les soins et les traitements offerts doivent être gratuits qu’il soit à l’intérieur ou à
l’extérieur de l’établissement pénitentiaire27.
27
Ensemble de principes pour la protection de toutes les personnes soumises a une forme quelconque de détention
ou d’emprisonnement, Principes 24. Note de service n°446-PGM/2007 du 31/07/2007 relative au frais
d’hospitalisation des personnes détenues.
Manuel de formation aux droits de l'homme à l'attention du personnel pénitentiaire malgache
Médecins du Monde – Juillet 2009
80
II. L’ETHIQUE ET LA DEONTOLOGIE MEDICALE DANS LA PROTECTION DES
PERSONNES DETENUES
Ils ont le devoir de traiter toutes les personnes détenues sans discrimination
de races, ethnies, nations, sexes, religions ou croyances, groupes sociaux, opinions
politiques, mœurs, situation de famille, réputation, handicaps, fortune, états de
santé.
Si une personne détenue est victime d’actes de violence, elle doit pouvoir obtenir un
certificat médical auprès du médecin référent de l’EP qui attestera de ces lésions.
C’est un droit pour la personne et un devoir pour le médecin. Si la personne
ne demande pas de certificat, le médecin doit le lui proposer. Même si la personne
refuse de le prendre, le médecin doit le rédiger et le garder dans les archives en
informant la victime qu’elle pourra en disposer quand bon lui semblera.
Les soignants ont l’obligation de protéger les personnes détenues. Il s’agit bien sûr
ici de faire valoir une protection légale et non d’assurer soi-même une protection
physique encore qu’il existe, dans certains cas, des possibilités de protection
physique relative, passive, temporaire comme l’hospitalisation au sein d’une
structure médicale.
B- LES DEFINITIONS
1- La législation malgache
Il doit en outre :
« Accompagner un mourant jusqu’à ses derniers moments et assurer par des
soins la qualité de la vie qui prend fin, réconforter son entourage mais le
médecin n’a pas le droit de provoquer délibérément la mort.
Assurer la continuité des soins quelles que soient les circonstances
Etablir lui-même sa note d’honoraire avec tact et mesure. »
Pour la prise en charge d’un patient mineur ou d’un majeur protégé le médecin doit
prévenir les parents ou le représentant légal.
« Au cas où le médecin discerne qu’une personne est victime de sévices ou de
privations il doit mettre en œuvre les moyens pour la protéger avec toutefois
de prudence et circonspection. Si le sujet est mineur ou ne peut se défendre
(age, état mental ou physique), en son âme et conscience le médecin doit
alerter les autorités judiciaires ou administratives. »
L’utilisation très répandue dans les infirmeries des EP, de registres de consultation
où sont indiqués les noms des personnes, se prêtent très mal à l’indispensable
discrétion vis à vis des données à caractère personnel, voire à la protection des
données sensibles. On entend par « données à caractère personnel » toutes les
informations qui se rapportent à une personne identifiée ou identifiable. Les
« données sensibles » sont des données personnelles susceptibles d’être utilisées au
détriment de l’individu auxquels elles se rapportent. Or les données médicales
(information sur l’état de santé d’un individu) sont considérées comme des données
sensibles dans la plupart des textes nationaux et internationaux.
2- L’information et le consentement
Le certificat médical est destiné à constater ou interpréter des faits d’ordre médical.
La responsabilité disciplinaire, pénale et civile du médecin est engagée chaque fois
qu’il accepte de rédiger un certificat médical.
Bien que le Code malgache considère le certificat de coups et blessures comme non
obligatoire, en examinant bien ce Code, on peut considérer que c’est un devoir :
- le médecin ne peut refuser des soins sauf dans quelques conditions et les
soins incluent les certificats médicaux ;
- il est interdit au médecin de cautionner l’atteinte à l’intégrité physique ou
mentale de la personne ou l’atteinte à sa dignité. Or, ne pas documenter
une telle atteinte par un certificat médical peut être considéré comme un
acquiescement ;
- le médecin doit porter assistance à un malade ou à une personne en
péril ;
- le médecin doit porter son concours à la promotion et la protection de la
santé ;
- au cas où le médecin discerne qu’une personne est victime de sévices ou
d’une privation, il doit mettre en œuvre les moyens pour la protéger. Cette
protection peut être physique mais elle est au mieux légale et ne peut
passer que par le certificat médical ;
- le serment médical précise : « J’interviendrai pour les (personnes)
protéger si elles sont affaiblies, vulnérables ou menacées dans leur
intégrité ou leur dignité ».
Au total, une fois que le médecin a connaissance de violences envers une
personne détenue ou un gardé à vue, il ne peut plus ne rien faire, il doit
au minimum documenter les faits et leurs conséquences.
Un dossier médical doit être crée pour chaque personne détenue dès son
incarcération. Il doit être correctement tenu et archivé afin de garantir la
confidentialité des données personnelles qu’il contient.
La rédaction de trois types de certificats médicaux dans les EP doit être rendue
obligatoire pour garantir la protection des personnes détenues et préserver leurs
droits. Il s’agit du :
Certificat médical de naissance ;
Certificat médical de décès ;
Certificat médical de constatation d’actes de violences et de blessures.
Tous les médecins et les infirmiers oeuvrant dans tous les établissements
pénitentiaires devraient être inscrits aux tableaux de leur Ordre national respectif.
Les personnes détenues, leurs proches (familles et amis) et leurs défenseurs ont
droit à la correspondance.
Les correspondances des personnes détenues avec leurs défenseurs et les autorités
judiciaires sont CONFIDENTIELLES conformément au respect des droits de la
défense.
Les personnes détenues, leurs proches (familles et amis) et leurs défenseurs ont le
droit de se rendre visite.
Les visites et/ou rencontres des personnes détenues avec leurs défenseurs sont
couverts par le secret professionnel conformément aux droits de la défense.
Les visites ne doivent jamais être suspendues pour des raisons disciplinaires.
Les personnes détenues ont le droit d’être informées des évènements à l’extérieur
de l’établissement.
La visite est un droit et non pas un privilège ou une récompense pour les personnes
détenues. Ce droit ne doit pas être restreint ou suspendu à titre de sanction, quelles
que soient les circonstances.
1- La législation malgache
Article 96 : « Les personnes détenues peuvent écrire à leurs frais tous les
jours et sans limitation. Les lettres sont adressées sous pli ouvert à
l’exception de celles envoyées aux autorités judiciaires ou aux défenseurs des
prévenus ».
Article 101 :« Les jours et heures de visites sont déterminés par le règlement
intérieur de l’établissement. La durée est fixée à 15 minutes, au minimum,
par parloir. Les personnes détenues prévenues ou condamnées peuvent être
visitées au moins, deux fois par semaine ».
Manuel de formation aux droits de l'homme à l'attention du personnel pénitentiaire malgache
Médecins du Monde – Juillet 2009
93
Article 102 : «Les avocats communiquent avec les personnes détenues
prévenues après présentation d’un permis délivré par le magistrat ou la
juridiction en charge du dossier. Le tableau des avocats demeure affiché dans
les locaux de détention.
L’avocat communique librement avec son client dans un local spécial hors la
présence d’un agent.
L’avocat peut, à titre exceptionnel, être autorisé par le procureur de la
République à communiquer avec son client après que celui-ci ait été
condamné à titre définitif.
Les agents d’affaires dans le cas où ils sont admis à la barre et les officiers
ministériels et autres auxiliaires de justice, régulièrement chargés de la
défense des intérêts civils des personnes détenues, peuvent être autorisés à
communiquer dans les même conditions.
La visite a lieu dans un local spécial déterminé par le chef d’établissement ».
2- La législation internationale
C- LES IMPLICATIONS
Les personnes détenues ont le droit d’envoyer et de recevoir des lettres de leurs
proches. Il en est de même pour leurs familles, proches et leurs Défenseurs.
Les autorités pénitentiaires doivent offrir toutes les facilités pour que le droit à la
visite et le droit à la correspondance soient pleinement respectés.
Les autorités pénitentiaires doivent donc mettre à disposition des personnes
détenues des moyens pour permettre leurs relations avec leurs proches et les
représentants légaux.
Les visites et les correspondances des personnes détenues doivent être consignées
dans des registres correctement tenus et archivés de manière à en faciliter la
consultation.
2- La législation internationale
Le PIDESC stipule en son article 13 que « les Etats au présent Pacte reconnaissent
le droit de toute personne à l’éducation. Ils conviennent que l’éducation doit viser
au plein épanouissement de la personnalité humaine et du sens de sa dignité et
renforcer le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales ».
C- LES IMPLICATIONS
Les activités éducatives devraient être obligatoires pour les mineurs détenus et pour
les personnes détenues illettrées.
28
RMT règle 40
1- La législation malgache
La circulaire 418 Bis MJ/ SG/ DGAP exige que les personnes détenues qui
travaillent soient rémunérées.
Les Notes de service29 relatives aux travaux des personnes détenues à l’extérieur
des EPs posent les conditions d’accès à ces activités.
29
Note de service n°35 –MJ/SG/DGAP/DAP- du 23/10/2008 et Note de service n°201 –MJ/DGAP/DAP- du
31/07/2008
Manuel de formation aux droits de l'homme à l'attention du personnel pénitentiaire malgache
Médecins du Monde – Juillet 2009
101
2- La législation internationale
C- LES IMPLICATIONS
30
Note de service n°35 –MJ/SG/DGAP/DAP- du 23/10/2008 et Note de service n°201 –MJ/DGAP/DAP- du
31/07/2008
Manuel de formation aux droits de l'homme à l'attention du personnel pénitentiaire malgache
Médecins du Monde – Juillet 2009
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détenues dictent les obligations que doivent remplir les personnes détenues qui
désirent travailler à l’extérieur de l’EP.
Ainsi, certaines personnes détenues sont frappées d’incapacité pour l’accès aux
travaux extra muros. Ces incapacités sont relatives à certaines catégories
d’infractions et à la durée de leur période de détention (uniquement pour les
condamnés).
Les prévenus ne sont pas obligés de travailler, mais, la possibilité de le faire doit
toujours lui être donnée. Par contre, les personnes condamnées reconnues aptes
sont tenues d’effectuer des travaux pénitentiaires31.
31
RMT article 71
32
Principes fondamentaux relatifs aux traitements des détenus, Principe 8.
Toute personne dont les droits ou les libertés ont été violés a le droit à un recours
utile, déterminé par un tribunal compétent.
Toute personne détenue a le droit de formuler une plainte par écrit ou oralement
Toute plainte formulée aux autorités compétentes doit être protégée par la
confidentialité dans un souci de protection de l’auteur.
Toute personne détenue a droit à ce que sa requête soit examinée sans retard.
Si nécessaire, la plainte peut être déposée au nom de la personne détenue par son
représentant légal ou par sa famille.
Lors de son admission, chaque personne détenue doit recevoir des informations sur
le règlement intérieur lequel doit énoncer les procédures de plainte et les
procédures disciplinaires dans une langue qu’elle comprend. Si nécessaire, ces
règles doivent être exposées oralement.
Les plaintes des personnes détenues doivent être consignées dans un registre et
correctement archivées.
1- La législation malgache
2- La législation régionale
Les Lignes directrices de Robben Island stipulent que les Etats devraient :
Ligne17 : « Prendre les mesures nécessaires à la mise en place de
mécanismes indépendants et accessibles qui puissent recevoir toute personne
se plaignant des actes de torture ou de mauvais traitements ».
3- La législation internationale
Les principes généraux concernant les recours sont énoncés à l’article 2 du PIDCP:
« Les Etats Parties au présent Pacte s’engagent à:
4. Toute requête ou plainte doit être examinée sans retard et une réponse
doit être donnée sans retard injustifié. En cas de rejet de la requête ou de la
plainte ou en cas de retard excessif, le demandeur est autorisé à saisir une
autorité judiciaire ou autre. Ni la personne détenue ou emprisonnée ni aucun
demandeur aux termes du paragraphe 1 du présent principe ne doit subir de
préjudice pour avoir présenté une requête ou une plainte ».
C- LES IMPLICATIONS
Il est essentiel que tous les systèmes pénitentiaires soient administrés de manière
juste et équitable et considérés comme tels. L’existence d’un ensemble de
procédures clairement définies permettant à un détenu de formuler une requête ou
une plainte ou d’exprimer un grief, sans crainte de représailles, constitue un moyen
garantissant la réalisation de cet objectif.
Tout système d’examen des plaintes et de réparation des griefs doit s’appuyer sur
des principes d’équité et de justice.
Toutes les personnes concernées ont intérêt à ce que le système de traitement des
requêtes, des plaintes et des griefs présente certaines caractéristiques, parmi
lesquelles figurent l’accessibilité, la crédibilité, l’ouverture, le bien-fondé,
l’objectivité, la sensibilité, la souplesse, l’efficacité et la rapidité.
Si nécessaire, la plainte peut être déposée au nom de la personne détenue par son
représentant légal ou par sa famille.
Les autorités pénitentiaires doivent tenir à jour des registres complets de toutes les
plaintes.
La procédure de plainte doit être inscrite dans le règlement intérieur, expliqué aux
personnes détenues et au personnel pénitentiaire y compris le personnel médical.
Il faut que le registre des plaintes soit correctement tenu et archivé pour faciliter la
consultation par le représentant légal de la personne ou des institutions œuvrant
dans la protection des droits de l’homme. Le registre de plainte doit être confidentiel
et gardé sous clé.
CONCLUSION
OBJECTIFS DU MODULE
PLAN DU MODULE
Les femmes détenues doivent être protégées contre toutes les formes de violence
ou d’exploitation.
Les femmes détenues doivent être surveillées et fouillées (si nécessaire) par un
personnel pénitentiaire féminin.
Un accès aux soins spécifique doit être accordé aux femmes détenues.
Les femmes enceintes et les mères allaitant détenues doivent être dotées de
facilités spéciales requises par leur état.
1- La législation malgache
Article 28 : « Les hommes, les femmes et les mineurs sont incarcérés dans des
établissements ou des quartiers distincts. Les personnes détenues sont
surveillées par des personnes de leur sexe.
Toutes dispositions doivent être prises pour qu’il ne puisse y avoir aucune
communication entre les uns et les autres ».
Article 37 : « 2) Les personnes détenues ne peuvent être fouillées que par des
agents de leur sexe dans des conditions qui, tout en garantissant l’efficacité du
contrôle, préservent le respect de la dignité inhérente à la personne humaine ».
2- La législation régionale
Les Lignes directrices de Robben Island prévoient à la Ligne 36 que « les Etats
doivent prendre des mesures pour que les jeunes, les femmes ou toute autre
personne appartenant à un groupe vulnérable soient détenus séparément dans des
locaux appropriés ».
3- La législation internationale
La DUDH en son article 2 stipule que « chacun peut se prévaloir de tous les droits
et de toutes les libertés proclamés dans la présente déclaration, sans distinction
aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d’opinion
politique ou autre, d’origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de
toute autre situation »
L’article 3 des PIDCP et PIDESC stipule que les Etats Parties « s’engagent à
assurer le droit égal des hommes et des femmes de jouir de tous les droits civils et
politiques, économiques, sociaux et culturels énoncés respectivement dans les
Pactes ».
33
Voir art. 15 §1
34
Voir principe 5 §2
C- LES IMPLICATIONS
Toutes les normes de droits de l’homme en vigueur exigent clairement que les
femmes détenues soient à l’abri des harcèlements sexuels et exploitations des
hommes.
Contraindre une femme à une fouille corporelle effectuée par un agent de sexe
masculin constitue une atteinte à sa dignité et un traitement inhumain et
dégradant.
Les autorités pénitentiaires doivent tenir compte des besoins spécifiques des
femmes détenues en matière de soins de santé. Chaque fois que cela est possible,
elles doivent pouvoir consulter des femmes médecins et avoir accès à des
consultations spécialisées de gynécologues (et en particulier des soins génésiques).
Les femmes ont en outre des besoins spécifiques d’hygiène qui doivent être pris en
compte. Elles doivent disposer des produits nécessaires à leur hygiène intime.
Les femmes détenues doivent pouvoir suivre des activités éducatives.
Les agents pénitentiaires de sexe masculin ne doivent JAMAIS fouiller les femmes
détenues.
Les femmes doivent être incarcérées dans des quartiers différents de ceux des
hommes.
L’emprisonnement des mineurs doit être évité toutes les fois où cela est possible.
Plus la personne concernée est jeune, plus il faut être résolu à éviter la détention.
La détention des mineurs doit rester une décision exceptionnelle. Ils doivent être
déférés devant un tribunal dans les meilleurs délais.
Toutes les garanties des droits de l’homme en matière de détention sont applicables
aux mineurs.
Les mineurs doivent avoir un accès aux soins libre et de qualité ainsi qu’à des soins
spécifiques compte tenu de leur vulnérabilité.
Les mineurs ont le droit de recevoir des visites et de correspondre avec leur proche
et leurs défenseurs.
Les mineurs d’âge scolaire doivent recevoir une éducation et/ou formation
professionnelle.
1- La législation malgache
Le décret 2006-015 stipule en son article 28 que « les hommes, les femmes et
les mineurs doivent être placés dans des établissements ou quartiers distincts »
2- La législation régionale
Le paragraphe 36 des Lignes directrices de Robben Island exige des Etats qu’ils
prévoient pour les mineurs des installations de détention appropriées et distinctes.
3- La législation internationale
Aux termes de l’article 37, les Etats Parties sont tenus de veiller à ce qu’aucun
enfant ne soit soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains
ou dégradants.
Le PIDCP prévoit en son article 10 §.2(b) que : « les jeunes prévenus seront
séparés des adultes et il sera décidé de leur cas aussi rapidement que possible ».
Les Règles des Nations Unies pour la protection des mineurs privés de
liberté prévoient que :
Règle 56 : « La famille ou le tuteur du mineur et toute autre personne
désignée par celui-ci ont le droit d’être informés de l’état de santé du mineur,
sur leur demande, ainsi que dans le cas de modifications importantes de cet
état de santé.
C- LES IMPLICATIONS
- Les mineurs sont censés avoir une moins grande responsabilité de leurs
actes, leur niveau de responsabilité augmentant néanmoins en fonction de
leur âge ;
- les mineurs qui ont commis des délits sont jugés plus réceptifs à un
changement d’attitude et à l’acquisition de comportements différents, par
comparaison aux adultes.
Les mineurs doivent être incarcérés dans des quartiers différents de ceux des
adultes.
Les prévenus doivent être logés dans des quartiers ou chambres différents des
personnes condamnées.
Ils ont droit à la santé au même titre que toute personne détenue. Toutefois, s’ils le
désirent, ils peuvent demander à être soignés par son médecin personnel.
Ils ont droit au travail mais ne doivent jamais être obligés de le faire.
Les prévenus ont droit à un défenseur légal. L’Etat doit lui en commettre un d’office
s’il ne dispose pas d’un avocat personnel.
1- La législation malgache
La Constitution stipule en son article 13 §.7 que « tout prévenu ou accusé a droit à
la présomption d’innocence jusqu’à ce que sa culpabilité soit établie par une
juridiction compétente ».
Le décret 2006 -015 stipule en son article 28 §3 que « Les prévenus doivent être
séparés des condamnés ».
Manuel de formation aux droits de l'homme à l'attention du personnel pénitentiaire malgache
Médecins du Monde – Juillet 2009
126
Il ajoute dans son article 105 que : «Les personnes détenues, quelle que soit leur
catégorie pénale, peuvent demander qu’il leur soit proposé un travail. Elles sont
soumises à un examen médical en vue de déterminer leur aptitude au travail »
2- La législation régionale
La Charte africaine stipule dans son article 7 §.1 que : « toute personne a droit à
ce que sa cause soit entendue. Ce droit comprend le droit à la présomption
d’innocence, jusqu’à ce que sa culpabilité ait été légalement établie par une
juridiction compétente ».
3- La législation internationale
La DUDH stipule dans son article 11 §.1 que : « toute personne accusée d’un acte
délictueux est présumé innocente jusqu’à ce que sa culpabilité ait été légalement
établie au cours d’un procès public où toutes les garanties nécessaires à sa défense
lui auront été assurées ».
Le PIDCP stipule en son article 10 §2 que : « Les prévenus sont, sauf, dans des
circonstances exceptionnelles, séparés des condamnés et sont soumis à un régime
distinct, approprié à leur condition de personnes non condamnées.
Les jeunes prévenus sont séparés des adultes et il est décidé de leur cas aussi
rapidement que possible ».
Règle n°91 : « Un prévenu doit être autorisé à recevoir la visite et les soins
de son propre médecin ou dentiste si sa demande est raisonnablement fondée
et s’il est capable d’en assurer la dépense ».
C- LES IMPLICATIONS
Les prévenus doivent être incarcérés dans des quartiers différents des condamnés.
B- LA LEGISLATION MALGACHE
Les articles 574 et suivants du code de procédure pénale décrivent les conditions
d’octroi et la procédure à suivre pour bénéficier de la liberté conditionnelle.
La libération conditionnelle est régie par le décret n°2005- 711 du 25 Octobre
2005 et la circulaire n°002-MJ/ DAJ- Circ/ 06 du 17 Janvier 2006 en explique
les modalités d’application.
QUI ? CONDITIONS
-Avoir purgé 3 mois pour les condamnés
de six mois ;
Les délinquants primaires35 -Avoir accompli la moitié de leur peine
pour les condamnés à six mois et plus.
-Avoir purgé 6 mois si condamné à une
peine inférieure à neuf mois ;
Les récidivistes36 -Avoir accompli les deux tiers de leur
peine si condamné à neuf mois et plus.
Les condamnés à perpétuité Avoir purgé quinze ans de détention
35
Il s’agit des personnes qui sont incarcérées pour la première fois.
36
Il s’agit des personnes qui ont été condamnées à plusieurs reprises.
Sur requête
Le condamné adresse une requête au Ministre de la Justice par l’intermédiaire du
Chef d’établissement pénitentiaire (ci-après « CEP ») ou du Procureur de la
République.
Constitution d’office
Le CEP constitue lui même (en l’absence de demande de la personne détenue) le
dossier de proposition de libération conditionnelle.
Le contenu du dossier
Le dossier doit comporter :
- L’avis motivé du CEP sur le comportement en détention de la personne
condamnée et sur ses gages sérieux de réadaptation sociale ;
- un extrait du registre d’écrou ;
- le relevé des mesures disciplinaires prises contre l’intéressé ;
- l’adresse à laquelle la personne condamnée déclare vouloir résider.
C- LES IMPLICATIONS
CONCLUSION
Il (elle) déclare avoir été victime d’une agression sexuelle le …… (Heure, jour, mois,
année), à ………………. (Lieu) par ……………………. (Inconnu ou personne connue).
L’incapacité Totale de Travail (ITT) pourrait être de ….. jours sous réserve de
complications. Des séquelles pourraient persister donnant lieu à une Incapacité
Permanente Partielle (IPP) à expertiser ultérieurement.
Certificat fait ce jour et remis en mains propres à l’intéressé (e) pour valoir ce que
ce droit.
Signature du Médecin.
En conclusion, cet enfant présente (ou non) des traces de violences récentes et une
réaction psychique compatible (ou non) avec l’agression qu’il (elle) dit avoir subie.
(Rappel : l’absence de lésions ne permet pas de conclure à l’absence de l’agression
sexuelle).
L’incapacité Totale de Travail (ITT) pourrait être de ….. jours sous réserve de
complications. Des séquelles pourraient persister donnant lieu à une Incapacité
Permanente Partielle (IPP) à expertiser ultérieurement.
Certificat fait ce jour et remis en mains propres à pour faire valoir ce que ce
droit.
Signature du Médecin.
A l’entretien :
- Déclaration de la personne :(quoi ? qui ? Comment ? Quand ? Où ?)
« . …………………………………………………………………………………………………………………………….. ».
Signature du Médecin.
3. Andrew Cole, Gérer les prisons dans le souci du respect des droits de
l’homme, Manuel destiné au personnel pénitentiaire, Centre International
d’Etudes Pénitentiaires, Londres, 2002.