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INSTITUT DE FORMATION DE MANIPULATEURS EN

ELECTRORADIOLOGIE MEDICALE
CHRU DE MONTPELLIER

Directeur : Mr Georges BOURROUNET


Conseiller scientifique : Mr Joseph PUJOL

LA PRISE EN CHARGE DES


PATIENTS HANDICAPES
MOTEURS DANS UN SERVICE DE
RADIOLOGIE

Mlle MAILLES Sarah


Mlle MINJARD Ludivine
Mr TREMOLIERE Stephan
Promotion 2006-2009

Directeur de recherche : Mr SAINT LEGER Jérôme


Référent : Mr RUBIO Jean-Pierre
PLAN DU MEMOIRE

I-INTRODUCTION 6

II- LE HANDICAP
1) Définitions 9
2) Origine du mot 10
3) Historique de la CIH 12
4) Les principales causes du handicap moteur 13
5) Quelques chiffres 14

III- LEGISLATION
1) La loi n° 75-534 du 30 juin 1975 15
2) La loi n° 87-157 du 10 juillet 1987 16
3) La loi de modernisation sociale du 17 janvier 2002 17
4) Loi n°2005-102 du 11 Février 2005 sur l’égalité des droits et
des chances des personnes handicapées. 18

IV- LA RELATION ET LES MOYENS


A- La Relation
1) « La perception » de la personne handicapée 22
2) La relation soignant-soigné 24
3) Le risque d’épuisement 25
B- Les Moyens
1) La manutention 26
2) L’accessibilité 28
3) Le matériel 29

V-ETUDE DE TERRAIN
1) Objectifs 30
2) Les outils 30
3) Enquête auprès des MERM 31

2
4) Synthèse du questionnaire des MERM 35
5) Enquête auprès des patients handicapés 39
6) Synthèse du questionnaire handicapé 40

VI-Conclusion 41

VII- Bibliographie 43

ANNEXE I : Charte Accessibilité 44

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REMERCIEMENTS

Tout au long de ce mémoire, nous avons été aidés et soutenus dans l’avancé de ce
TIP par différentes personnes que nous tenons particulièrement et sincèrement à remercier.

Nous souhaitons remercier notre directeur de recherche Mr Saint Léger Jérôme,


cadre de santé du service de Radiologie à la Clinique Beausoleil, pour le suivi et l’intérêt
qu’il a montré à notre travail de recherche, ainsi qu’à l’aide qu’il nous a apporté tout au
long de la réalisation de ce TIP.

Nous tenons aussi à remercier Mr Rubio Jean-Pierre, notre cadre référent de


l’IFMEM de Montpellier, qui a toujours été de bons conseils pour nous permettre
d’avancer plus rapidement ainsi que Monsieur Georges Bourrounet, Directeur de l’IFMEM
de Montpellier, pour son apport méthodologique.

Nous remercions :
- Les différents MERM qui ont pris le temps de répondre à nos quelques
questions.
- L’Institut Saint Pierre et le Centre Propara de nous avoir reçus.
- L’ensemble des patients ayants répondu à notre enquête

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Abréviations

AAH : Allocation aux Adultes Handicapés

ACTP : Allocation Compensatrice pour Tierce Personne

AVP : Accident de la Voie Publique

CAMSP : Centres d'Actions Médico-Sociaux Précoces

CDCPH : Conseils Départementaux Consultatitfs des Personnes Handicapées

CDES : Commision Départementale de l’Education Spéciale

CHSCT : Comité d’Hygiène de Sécurité et des Conditions de Travail

CHRU : Centre Hospitalier Régional Universitaire

CIFHS : Classification Internationale du Fonctionnement, du Handicap et de la Santé

CIH : Classification Internationale des Handicaps

CNSA : Caisse Nationale de Solidarité pour l’Autonomie

DDASS : Direction Départementale des Affaires Sanitaires et Sociales

INSERM : Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale

IFMEM : Institut de Formation des Manipulateurs en Electroradiologie Médicale

MDPH : Maisons Départementales des Personnes Handicapées

MERM : Manipulateur en Electroradiologie Médicale

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OMS : Organisation Mondiale de la Santé

PCH : Prestation de Compensation

TIP : Travail d’Intérêt Professionnel

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I-INTRODUCTION

Nous avons choisi pour réaliser notre Travail d’Intérêt Professionnel, de mettre en
avant la part du métier de Manipulateur d’électroradiologie consacrée aux personnes
handicapées.

Nous avons effectué ce choix pour deux raisons essentielles :

D’une part, il s’avère que cette prise en charge est souvent peu importante en nombre dans
les services d’imageries des établissements généraux. Seuls les centres, comme le Centre
Neuro-Médical Propara à Montpellier par exemple, accueillent en permanence des
personnes handicapées, d’où une spécialisation du secteur d’imagerie. De fait, nous ne
sommes que rarement confrontés à ces patients alors que dans le même temps, nous
sommes trop souvent pris au dépourvu d’une prise en charge particulièrement complexe !

D’autre part, nous pensons que la prise en charge de personnes handicapées requière une
attention particulière sur le plan humain quand il s’agit de faire face à des situations de vie
particulièrement douloureuses. Cette particularité, selon nous, fait particulièrement écho à
la part soignante de notre métier. Celle là même qui est au cœur de ce métier et qui fait que
nous avons choisi cette profession.

Nous allons donc étudier cette problématique sur le plan relationnel et/ou sur le
plan psychologique mais aussi sur le plan pratique de la prise en charge de ces personnes.
Plus précisément, sur le terrain, nous avons voulu observer l’attitude des patients
handicapés mais également celle du manipulateur en électroradiologie médicale (MERM)
lors d’un examen radiologique. Et pour finir, d’aborder un aspect plus pratique au niveau
des techniques radiologiques et de l’accueil du patient.

Ainsi, nous croyons que cette démarche nous permettra à la fois, de mieux cerner
les problèmes rencontrés tant du point de vue des manipulateurs que de celui des patients
et espérons que cette étude améliorera notre pratique de futurs manipulateurs.

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CONSTAT ET QUESTION DE DEPART

L’hôpital est un carrefour de soins pour tout type de patients, il se doit d’effectuer
des soins en continus, de façon neutre et égalitaire.
Cependant, nous avons constaté, sur le terrain, qu’il existe une différence entre la prise en
charge du patient valide et celle du patient présentant un handicap moteur.
Cette différence est-elle due à un manque de connaissance des problèmes liés au
handicap ?
Existe-t-il des moyens qui facilitent leur prise en charge ?
La prise en charge matérielle de ces personnes se fait-elle au détriment de leur prise en
charge psychologique ?
Autrement dit, l’aspect technique prend t-il le dessus sur l’aspect psychologique ?
De plus, le fait de méconnaître le milieu du handicap rend t-il moins évident l’approche et
la relation avec les patients handicapés moteurs ?
Quel rôle pourrons-nous jouer en tant que futurs manipulateurs ?

Du fait de toutes ces difficultés, de tous ces questionnements, nous imaginons qu’il peut
exister des formations internes ou initiales pour comprendre «l’handicap », qu’il peut
exister des différences entre établissements spécialisés et établissements généralistes d’où
notre volonté de creuser ces pistes.
Dans tous les cas, toutes ces interrogations nous ont amenés vers une seule question :

« Comment améliorer la prise en charge des personnes handicapés


moteurs dans un service de radiologie ? »

8
II-LE HANDICAP

1) Définitions

Selon le Petit Larousse, édition 2008 :


Le handicap est un désavantage quelconque, infirmité ou déficience, congénitale ou
acquise.
Un handicap peut être sensoriel (visuel, auditif), physique (neurologique, musculaire...) ou
encore mental (déficience intellectuelle, trouble psychiatrique). Les causes, très variées, en
sont surtout les traumatismes, les malformations, les anomalies génétiques, les infections,
les maladies cardio-vasculaires, respiratoires ou rhumatismales.

Selon l’organisation mondiale des personnes handicapées :


Le handicap est une perte ou une limitation des possibilités de participer à la vie
normale de la collectivité sur une base égalitaire avec les autres en raison d'obstacles
physiques et sociaux.

Selon la déclaration des droits des personnes handicapées proclamée par l’Assemblée
générale de l’Organisation des Nations Unies le 9 décembre 1975, il s’agit de toute
personne dans l’incapacité d’assurer par elle-même tout ou partie des nécessités d’une vie
individuelle ou sociale normale, du fait d’une déficience, congénitale ou non, de ses
capacités physiques ou mentales.

Selon la loi du 11 Février 2005, la définition du handicap est la suivante :


Constitue un handicap, au sens de la présente loi, toute limitation d’activité ou
restriction de participation à la vie en société subie dans son environnement par une
personne en raison d’une altération substantielle, durable ou définitive d’une ou plusieurs
fonctions physiques, sensorielles, mentales, cognitives ou psychiques, d’un polyhandicap
ou d’un trouble de santé invalidant.

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D’après cette loi les handicaps sont généralement classés en quatre types :
-le handicap auditif
-le handicap visuel
-le handicap moteur et le polyhandicap
-le handicap mental et les troubles du comportement

De plus, en 1980, le britannique Philip Wood introduit une clarification conceptuelle dans
la définition du handicap. Il définit en effet le handicap comme la conséquence des
maladies sur la personne suivant trois plans :

- la déficience, correspondant à l'altération d'une structure ou d'une fonction


psychologique, physiologique ou anatomique.
- l'incapacité, qui est une réduction partielle ou totale de la capacité d'accomplir de
façon normale une activité.
- le désavantage, conséquence de la déficience ou de l'incapacité sur les conditions
d'insertion sociale, scolaire ou professionnelle.

Pour faire comprendre la classification de Wood prenons un exemple un exemple simple


reliant entre eux les divers éléments du modèle descriptif. Soit une personne qui souffre
d'une hémiplégie droite. C'est une maladie. La description des limitations de la force
musculaire et des troubles du tonus se trouve sur le plan des déficiences. Cette personne ne
peut monter une marche de 35cm: c'est une incapacité. Ne pouvant plus prendre l'autobus,
elle ne peut plus quitter son quartier: c'est un désavantage social de mobilité.

2) Origine du mot

Le terme handicap est un mot d’origine anglaise. Il fait sa première apparition dans
cette langue écrite, au XVIIe siècle, il est la contraction de trois mots Hand in the Cap (la
main dans le chapeau). Il désigne une méthode de répartition « à parts égales » lors
d’échanges d’objets personnels entre deux personnes. Plus tard, c’est aux courses de
chevaux que l’on appliquera la règle des longueurs ou des charges supplémentaires
imposées aux meilleurs pour « égaliser les chances » de tous lors de courses à handicap.

Anobli par le sport, repris par la littérature (Maurois, Gide), intégré officiellement
dans le dictionnaire de l’Académie française dès 1913, le mot est adopté par les travailleurs
sociaux et les associations s’occupant des personnes avec des infirmités ou incapacités,

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comme moins réducteur, moins stigmatisant, voire promotionnel, surtout à partir des
années 1950. Il est définitivement admis avec son apparition dans le droit des personnes
handicapées dans la loi de 1957 sur les travailleurs handicapés et, surtout, par celle du 30
juin 1975 en faveur des personnes handicapées.

Au cours du temps, plusieurs termes ont été utilisés pour qualifier les différents
handicaps :« aliénés, anormaux, arriérés, boiteux, bossus, débiles, déficients, difformes,
diminués, estropiés, idiots, impotents, inadaptés, infirmes, invalides, malformés, mutilés,
paralysés, paralytiques, personnes à mobilité réduite, personnes dépendantes, personnes en
situation de handicap, etc… ».

L'évolution de ces termes ne traduit pas seulement l'image du handicap ou de la


personne handicapée, plus ou moins négative, mais également les différentes voies de
connaissance du handicap ainsi que les organisations sociales de sa prise en charge :
infirme, boiteux ou bossus sont des mots-stigmates (désignant l'apparence la plus grossière
de la personne), chronique ou incurable s'attachent au caractère durable et le plus souvent
définitif des atteintes, impotent, incapable ou personnes à mobilité réduite désignent non
plus la personne mais ses (im)possibilités, mutilés ou paralysés l'origine médicale du
handicap, inadapté enfin caractérise la place de la personne dans le corps social.

La caractéristique commune de presque toutes ces terminologies est de décrire la


personne par un seul de ses aspects, le plus souvent ses manques : un polio, une infirme, un
handicapé... à une époque, à Lourdes, on désignait les personnes en fauteuil roulant par le
terme « mécaniques » ! Enfin, ce catalogue morbide ne serait pas complet s'il n'était suivi
d'une catégorisation en bonne et due forme : infirme physique, handicapé mental, sensoriel
ou moteur etc. Regroupements prenant naissance à la fois autour de préoccupations et de
prises en charge spécifiques et du fait de l'évolution de la connaissance des affections
invalidantes.

C'est un peu la synthèse modernisée de ces différentes approches (causes du


handicap, atteintes corporelles, incapacités, conséquences sociales) qu'a tenté de réaliser la
CIH.

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3) Historique de la CIH

Le point de départ a été la publication par l’Organisation mondiale de la santé, en


1980, d’un projet expérimental de Classification Internationale des handicaps (CIH)
élaboré par un groupe de travail, initialement animé par André Grossiord de Garches,
médecin-rééducateur, et PHN Wood, de Manchester, épidémiologiste et rhumatologue
puis, par Wood seulement. En 1981, cette CIH à été traduite en français par l’INSERM,
puis adoptée par la France en 1988 comme référence des nomenclatures statistiques sur le
handicap.

Deux courants ceux sont établis : le courant « médical » qui définissait, à la suite
des propositions de Wood, le handicap, comme la conséquence d’un état pathologique
(maladie ou accident) et le courant « anthropologique » qui considérait que le handicap
était la résultante de la confrontation d’un être humain avec son environnement. On peut
donc résumer ceci en disant que d’une part c’est la lésion (ou déficience) corporelle
pathologique qui rend les personnes handicapées et d’autre part c’est la société qui crée les
situations de handicap.

À partir de 1997, devant la demande de nombreux professionnels de la


réadaptation, et des milieux associatifs de personnes handicapées, une révision de la CIH a
été entreprise. Elle a abouti, fin 2000, à la proposition d’un dispositif intermédiaire CIH-2,
remodelé et adopté, en mai 2001, par l’Assemblée mondiale de l’OMS, sous l’intitulé :
« Classification de la fonctionnalité, du handicap et de la santé » (CIF). On y distingue
cinq niveaux :
- Les fonctions organiques, elles désignent les fonctions physiologiques des systèmes
organiques
- Les structures anatomiques, elles désignent les parties du corps humain, telles que les
organes, les membres et leur composantes
- Les activités, elles signifient l’exécution d’une tâche ou le fait pour une personne de
faire quelque chose.
- Les participations ou « prendre part à une situation de la vie réelle » (les deux
niveaux des activités et des participations, bien différenciés dans le document sont
artificiellement regroupés), elles signifient l’implication dans une situation de la vie
réelle.

12
- Les Facteurs environnementaux, constituent l’environnement physique, social et
attitudinal dans lequel les gens vivent et mènent leur vie.

4) Les principales causes du handicap moteur

Les origines des déficiences motrices sont multiples, et pour les comprendre il
existe un mode de classement des causes de déficiences motrices.
Ce mode de classement se base sur deux types d’appréhensions différentes, le handicap est
alors soit :
- congénital ou acquis, c'est-à-dire qu’il survient à la suite d’un accident, d’une
maladie ou du fait de l’âge
- destiné à évoluer ou non

On parlera d’un handicap congénital, quand il est dépisté à la naissance de la


personne ou que la survenue de l’atteinte aura lieu pendant le temps de la vie intra-utérine
et, il sera acquis lorsqu’il sera dû à une maladie, à un traumatisme au cours de la vie ou aux
atteintes de l’âge. Mais, il convient de rappeler que certaines maladies congénitales ne sont
diagnostiquées qu’à l’apparition des premiers signes comme la myopathie de Duchenne
par exemple.

La période de la survenue du handicap, et ceci est vrai pour toutes les déficiences,
est une donnée importante pour la personne handicapée. Son vécu, ses acquisitions, son
accompagnement, ainsi que les relations qu’elle entretient avec son entourage seront très
différents selon que son handicap soit congénital ou acquis.

Ce handicap moteur peut être la conséquence de différentes causes, telles que :


- du à une malformation, qui est un trouble de l’enfant à naître (développement du
squelette, malformation des membres ou microcéphalie)
- du à un traumatisme ou par blessure médullaire. Ce sont par exemples les blessés
impliqué dans les AVP (traumatismes crâniens, amputations, paraplégique,
tétraplégique…)
- du à une maladie, ce sont ceux qui résultent ni d’une malformation ni d’un
traumatisme ou d’une blessure. Avec des maladies soit congénitales, soit acquises
(polymiélite, sclérose en plaque…)

13
- du à la vieillesse, en effet les personnes âgées sont plus exposées aux risques de
chutes et de problèmes de santé, et connaissent une altération naturelle de leurs
potentiels de mobilité qui, de ce fait, les conduisent vers des situations de handicaps
et de perte d’autonomie.
- Evolutif ou non, d’après Michel Delcey on entend « Par maladie évolutive, on
désigne donc de fait des affections dont l’évolution est attendue et péjorative
(aggravation, ou au mieux, stabilisation), dont le traitement est pour l’instant
symptomatique ou palliatif. Il faut souligner l’extrême variabilité de l’évolutivité et
de la sévérité de ces affections : maladie évolutive ne signifie pas maladie létale
(mortelle), ni même diminution de l’espérance de vie. »

5) Quelques chiffres

En France, plusieurs handicaps touchent la population. On estime à 5 millions le


nombre de personnes handicapées en France dont 2 millions atteintes de troubles moteurs,
principalement dus à des accidents de la route, du sport ou du travail. Les handicaps
sensoriels sont également très fréquents. Près d’un million et demi de personnes sont
malvoyantes (dont 77 000 sont aveugles). Par ailleurs, les déficiences auditives, moins
visibles sont néanmoins très handicapantes. Trois millions et demi de personnes seraient
ainsi malentendantes dont 450 000 sont atteintes de déficience auditive sévère ou profonde.

14
III-Legislation

L’ensemble du cadre juridique du Handicap repose sur quatres principaux textes de lois :

1) La loi n° 75-534 du 30 juin 1975

Cette loi marque le passage d'une prise en charge antérieurement basée sur la notion
d'assistance à une prise en charge reposant largement sur la notion de solidarité. A ce titre :

- Elle affirme que « la prévention et le dépistage des handicaps, les soins,


l'éducation, la formation et l'orientation professionnelle, l'emploi, la
garantie d'un minimum de ressources, l'intégration sociale et l'accès aux
sports et aux loisirs du mineur et de l'adulte handicapés [...] constituent une
obligation nationale »
- Elle rend l'ensemble des acteurs sociaux : familles, Etat, collectivités
locales, établissements publics, organismes de sécurité sociale,
associations, groupes, organismes et entreprises publics et privés
responsables de la mise en œuvre de cette obligation.
- Elle réforme les mécanismes d'orientation des personnes et les prestations
attribuables à ces personnes. Ces prestations doivent viser à : « assurer aux
personnes handicapées toute l'autonomie dont elles sont capables » en
privilégiant « chaque fois que les aptitudes des personnes handicapées et
de leur milieu familial le permettent [...] l'accès aux institutions ouvertes à
l'ensemble de la population et le maintien dans un cadre ordinaire de
travail et de vie. »

Ces mécanismes sont essentiellement les Commissions départementales de


l’éducation spéciale (CDES) et les Commissions techniques d’orientation et de
reclassement professionnel (COTOREP) qui, dans chaque département, apprécient le taux
d'incapacité, décident éventuellement de l'attribution de la reconnaissance de la qualité de
travailleur handicapé, proposent, aux enfants et adultes handicapés, une orientation vers les
structures les plus appropriées à leur situation et/ou déterminent si leur état justifue
l’attribution d’allocations spécifiques du domaine du handicap. L’attribution de ces
prestations n’est plus conditionnée, par le biais de l’obligation alimentaire, à la faiblesse de

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revenus des ascendants et descendants mais reste soumise à un plafond de ressources
personnelles assez basses.

Ces prestations sont :

- La reconnaissance et, par conséquent, la possibilité de développement des


centres d'action médico-sociaux précoce (CAMSP).
- L'instauration d'une obligation éducative pour les enfants, qui doit
prioritairement passer une « éducation ordinaire » et, seulement à défaut,
par une « éducation spéciale ».

2) La loi n° 87-157 du 10 juillet 1987

Cette loi a mis en place une obligation d'emploi des travailleurs handicapés et
assimilés pour tous les établissements de 20 salariés et plus dans la proportion de 6 % de
l'effectif total de leurs salariés (art L323-1)

Les bénéficiaires de cette loi sont les suivants (art.L323-3):

- Travailleurs handicapés reconnus par la COTOREP


- Victimes d'accidents du travail ou de maladie professionnelle ayant une
incapacité partielle permanente, au moins égale à 10 % et titulaires d'une
rente versée par un organisme de sécurité sociale
- Titulaires d'une pension d'invalidité d'un régime de sécurité sociale (à
condition que cette invalidité réduise des 2/3 leur capacité de travail ou de
gain)
- Anciens militaires titulaires d'une pension d'invalidité
- Veuves et orphelins de guerre
- Epouses d'invalides internés pour le service de guerre
- Sapeurs-pompiers volontaires blessés dans l'exercice de leurs fonctions.

Depuis 1991, l'obligation s'applique à un taux de 6 % à l'ensemble des établissements de 20


salariés et plus.

16
3) La loi de modernisation sociale du 17 janvier 2002

Cette loi concerne en priorité deux domaines :

- Le sécurité des personnes face aux risques du travail et de la vie


- Le droit à l’emploi

Elle est composée de deux titres :

Titre 1 : « Santé, Solidarité et Sécurité Sociale » notamment pour :

- Instaurer les Conseils Départementaux Consultatitfs des Personnes


Handicapés (CDCPH)
- Redéfinir la loi du 10 Juillet 1989 sur l’acceuil familial des personnes
handicapés (ou agées)

Titre 2 : « Travail, Emploi, Formation Professionnelle » notamment pour :

- Lutter contre l’emploi précaire de façon plus intensive


- Réformer la formation professionnelle
- Renouvellerle dispositif de validation des acquis

La plupart des dispositions prises par la loi de modernisation sociales sont entrées en
vigueur le 20 Janvier 2002.

17
4) Loi n°2005-102 du 11 Février 2005 sur l égalité des droits et des chances des personnes
handicapés.

Cette loi determine pour la première fois ce qu’est le Handicap et introduit la


dimension psychique dans cette definition, elle se base sur l’obligation de solidarité
nationale envers les personne handicapées affirmer dès la loi de 1975. Elle a pour but
d’integrer et de renforcer les droits, les services, les prestations, les procédures et les
institutions couvrant, les principaux aspects de la vie sociale des personnes handicapées.
En effet, dans la loi de 1975, bien qu’intitulé « Loi d’orientation en faveur des personnes
handicapées », elle ignorait la personne tout au long du texte étant donné que le legislateur
utilisait le terme « les handicapés » et non pas « les personne handicapées » ; cette loi vise
une population cible qu’elle transforme en catégorie sociale. Tout au long des textes elle
reste centrée sur la définition d’un statut pour le « handicapé » et n’aborde que très peu
leur participation à la vie sociale.
C’est là la différence, la loi de 2005 consacre cette participation à la vie sociale et
énonce dès son article 2, que « constitue un handicap, au sens de la présente loi, toute
limitation d’activité ou restriction de participation à la vie en société subie dans son
environnement par une personne en raison d’une altération substantielle, durable ou
définitive d’une ou plusieurs fonctions physiques, sensorielles, mentales, cognitives ou
psychiques, d’un polyhandicap ou d’un trouble de santé invalidant. ». L’expression
« limitation d’activité » montre les difficultés rencontrées par une personne dans
l’execution d’une tâche ou d’une action. Les « restrictions de participations », quant à
elles, désignent les problèmes rencontrés par une personne dans une situation de vie réelle.
C’est donc avec cette loi qu’apparaît pour la première fois une défintion juridique du
handicap.
Longue de 101 articles, et composée de 8 titres, elle met en place :
- Le « droit à la compensation » des conséquences de son handicap, quels que
soient la nature et l’origine de sa déficience, son âge ou son mode de vie.
C’est l’expression de la solidarité nationale et le moyen de l’égalité de
traitement entre les citoyens handicapés et l’ensemble des citoyens. La loi
mets donc en place la Prestation de Compensation (PCH) qui permet de
recourir à des aides humaines (tel que les auxilliaires de vie), de se procurer
des aides techniques ou animalières, comme l’achat d’un fauteuil roulant ou
l’entretien d’un chien d’assistance, d’aménager son logement ou son

18
véhicule. Son montant est determiné en fonction des besoins et du projet de
vie de la personne handicapée. Cette PCH remplace l’Allocation
Compensatrice pour Tierce Personne (ACTP), qui était attribuée aus
personnes handicapées de plus de 20ans dant l’état nécessitait le recours à
une tierce personne pour effectuer les actes essentiels. La PCH permet,
quant à elle, de prendre en compte, au delà des aides humaines, les autres
besoins de la personne handicapées, et contrairement à l’ACTP elle n’est
pas soumise à condition des resources.
- La création d’un observatoire nationale sur la formation, la recherche et
l’innovation sur le handicap (art 6). De plus, les professionnel de santé et du
secteur médico-social sont formés sur le handicap ( pathologies, innovations
thérapeutiques, technologiques, pédagogiques, éducatives et sociales)
(art. 7). Et il y a la mise en place de consultations médicales de prévention
pour les personnes handicapées afain de réduire les risques d’incapacité (art
8).
- Les maisons départementales des personnes handicapées (MDPH). C’est le
principe d’un lieu unique destiner à faciliter les demarches des personnes
handicapées. Dans chaque département une MDPH est créée (par exemple
dans l’Hérault elle se touve à Montpellier), elle offre un accés unique aux
droits et prestations prévus pour les personnes handicapées. De plus cette
MDPH exerce une mission d’accueil, d’information, d’accompagnement et
de conseil des personnes handicapées et de leur entourage.
- En ce qui concerne la scolarité de l’enfant, la loi définit le droit d’inscrire à
l’école tout enfant porteur d’un handicap, à présent tout enfant handicapé
peut être inscrit dans « l’école ou l’établissement du second degrés de son
quartier ». L’école ou l’établissement scolaire le plus proche du domicile
constiute son établissement de référence, et ce sera seulement avec l’accord
des ses parents ou de son représentant légal qu’il pourra être inscrit dans un
établissement autre que celui de référence, si l’enfant a besoin d’un
dispositif qui n’existe pas dans l’établissement le plus proche. Cette loi
oblige donc la collectivité nationale à donner une réponse aux familles :
l’inscription à l’école impose à l’institution d’accompagner la recherce de
solutions adaptées.

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- Le principe de non-discrimantion en ce qui concerne l’emploi. Les
entreprises doivent prendre les mesures appropriées pour permettre aux
travailleurs handicapés d’accéder à un emploi ou de conserver un emploi
correspondant à leurs qualifications ou pour qu’une formation adaptée à leur
besoins leur soit dispensée. La totalité ou une partie des dépenses
supportées à ce titre par l’employeur peut être compensé par des aides. De
plus, depuis 1987 les entreprises de plus de 20 salariés étaient tenues à une
obligation d’emploi d’au moins 6% de personnes handicapées. La loi de
2005 réaffirme cette obligation et l’étend à de nouvelles catégories de
personnes handicapées tels que : les titulaires de la carte invalidité et les
titulaires de l’Allocation aux Adultes Handicapés (AAH). Cette loi donne
ainsi la priorité au travail en milieu ordinaire, en misant sur l’incitation. Le
dispositif de sanction est renforcé et étendu aux employeurs publics.
- La notion d’accessibilité, qui est une condition primordiale pour permettre à
tous d’exercer les actes de la vie quotidienne et de participer à la vie sociale.
Aussi, la loi prévoit-elle le principe d’accessibilité généralisée, quelque soit
le handicap (physique, sensoriel, mental, psychique, cognitif). Elle rend
obligatoire l’accessibilité des locaux d’habitations neufs , privés ou publics
et, dans certains cas, des locaux d’habitations existants à l’occasion de
travaux, excepté pour les propriétaires construisant ou améliorant un
logement pour leur propre usage. La personne handicapée doit pouvoir
également accéder à tous les bâtiments recevant du public et évoluer de
manière continue, sans rupture, dans la chaîne de déplacement :
aménagement de voiries, accés aux gares, transports en commun... Pour cela
la loi fixe des délais de mise en accessibilité de ces différents lieux, par
exemple 10ans pour la mise en accessibilité des réseaux de transports
collectifs, et ce même délai pour les établissements public recevant du
public déjà existant, mais ces établissement devront établir un diagnostique
avant le 1er Janvier 2011.
- Le financement de la PCH, en effet comme celle-ci concerne un nombre de
personnes plus élevé elle neccessite donc des financement complémentaires
à ceux apporté par les départements, ils sont apporté par la nouvelle Caisse
nationale de Solidarité pour l’Autonomie (CNSA). Ainsi les crédits
consacrés à l’aide individuelle aux personnes handicapés ont été doublé

20
grâce au nouveau dispositif législatif, en 2006 elles s’élèvent à près d’1.1
milliards d’euros. Le financement de la PCH est repartie entre :
1. départements qui apportent 590 millions d’euros,
correspondant aux sommes qu’ils consacraient à l’ACTP
2. la CNSA pour un montant de 500 millions d’euros, issus de
la « Journée Solidarité » et répartie entre les départements.
- La CNSA, c’est un nouvel établissement public administratif, crée par la loi
du 30 Juin 2004. En ce qui concerne la loi de 2005 , elle a précisé et
renforcé ses missions, qui sont doubles. La CNSA est à la fois une caisse
chargée de répartir les moyens financiers et une agence d’appui technique et
d’animation

21
IV-La relation et les moyens

A- La relation

1) « La perception » de la personne handicapée

Lorsque nous rencontrons une personne, nous sommes immédiatement assaillis par
différentes sensations, notamment visuelles et sonores, qui déterminent dès le départ une
première impression de la personne, en relation avec les multiples souvenirs que nous
portons en nous de rencontres avec d'autres. Si la physionomie, le corps, l'attitude, la voix
de cette personne sont particuliers, hors-normes, notre perception entraînera aussitôt une
réponse émotionnelle. En effet, c'est la dimension émotionnelle de notre fonctionnement
cérébral qui est la première touchée face à des stimuli non-verbaux. Cela explique que,
face à une personne handicapée dont le visage a une forme, des mimiques particulières et
inattendues, dont le corps est autre, dont la position (assise, couchée,…) n'est pas celle que
l'on attend, dont le langage est différent, nous ressentons instantanément une foule
d'impressions plus ou moins confuses, dont nous sommes plus ou moins conscients, et que
nous arrivons plus ou moins à maîtriser.

Une des premières impressions identifiable est celle d'être confronté à l'inconnu. Le
visage que nous regardons et qui nous regarde est autre. Cette impression d'inconnu peut
venir d'un manque d'apprentissage. En effet, au delà des discours sur l'intégration, de
nombreuses personnes handicapées vivent encore à l'heure actuelle de manière confinée,
nouant peu de contacts avec le monde extérieur. Dès lors, nous avons, depuis notre
enfance, été généralement peu confrontés avec des personnes porteuses de handicap, ce qui
nous empêche de les identifier comme faisant partie de notre monde quotidien, habituel.
Alors qu’une enquête sur le continent Africain, nous a montré à quel point ce phénomène
était culturel. En effet, dans la ville de Dakar, par exemple, on rencontre à tout moment,
dans la rue, des enfants et des adultes gravement handicapés, ayant souvent une activité de
mendiants, qui côtoient tout le monde et vis-à-vis desquels, personne, sauf nous,
occidentaux, ne réagit. Dans cette autre situation culturelle, la personne handicapée n'est
pas cachée, n'est pas mise à l'écart, ce qui banalise le contact avec elle. Il nous semble donc
que l'isolement social que vivent fréquemment, dans nos pays, les personnes handicapées

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constitue un facteur qui contribue au sentiment d'inconnu ressenti fréquemment face à
elles.

Dans cette impression d'inconnu, on se trouve aussi face à la difficulté de faire


entrer la personne dans des catégories qui nous sont familières. Avons-nous devant nous un
adulte ou un enfant? Les limites qu'impose le handicap physique entraînent fréquemment
une confusion chez l'interlocuteur, qui a tendance à infantiliser la personne handicapée. Le
handicap amène la nécessité, pour l'autre, de développer une conduite d'aide, qui va parfois
être implicitement confondue avec l'aide que l'on fournit à un enfant pour le nourrir,
l'habiller, le faire marcher... Cette assimilation va être perceptible dans la manière dont la
personne valide s'adresse à la personne handicapée, en utilisant un langage simple, voir
simpliste ou puéril. Le problème est encore plus aigu lorsque la personne handicapée a des
difficultés d'élocution. Dans ce cas, l'assimilation à un enfant est encore plus fréquente. On
comprend aisément ce que cette assimilation peut avoir de choquant pour la personne
handicapée qui interprète très lucidement la situation. Lorsque la relation démarre de cette
manière, elle débute sur de mauvaises bases.

Certains éléments non-verbaux entraînent également des réactions immédiates chez


l'interlocuteur. Par exemple, des mouvements brusques, imprévisibles, incontrôlés de la
personne handicapée peuvent déclencher chez la personne valide des sentiments de peur,
en raison d'une interprétation automatique de ces gestes comme une conduite d'agression.
Des attitudes figées, un regard fixe, certaines mimiques faciales peuvent aussi être vécues à
tort comme des signaux de menace, déclenchant des sentiments de peur et des conduites de
fuite, d'évitement, de prise de distance. A la limite, la différence ressentie peut être telle
que l'on se pose la question de l'humanité de la personne. De plus, ce qui peut aussi
mobiliser la personne qui rencontre une personne handicapée, c'est de ressentir la
souffrance vécue par celle-ci. Cela peut déboucher sur de la pitié, de la commisération, sur
une attitude d'empathie, ou au contraire sur du déni: on essaie de se protéger de cette
souffrance, on s'interdit de la vivre.

La personne porteuse d'une déficience constitue aussi, dans notre monde occidental,
un « anti-modèle » qui peut être ressenti comme gênant. En effet, elle ne correspond en
aucun cas à l'idée de la personne au corps parfait, vivant dans un bien-être matériel parfait,
ainsi que nous le montrent quotidiennement les publicités. Dans les feuilletons, qui
reflètent fidèlement les représentations sociales dominantes, on ne trouve nulle trace de

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personnes ayant une déficience. Ou, lorsqu'elles y sont présentes, elles sont figurées de
manière idéaliste, très lointaine de la réalité. Le nombre de sollicitations dont nous sommes
l'objet tous les jours visant à améliorer notre « look » et notre confort sont représentatives
d'une société valorisant un bonheur matériel, des relations superficielles, un monde de
l'apparence. A coup sûr, la personne handicapée se trouve encore plus disqualifiée que si
nous vivions dans un monde où les caractéristiques de la personnalité, les relations étaient
valorisées.

2) La relation soignant-soigné

Définition relation soignant-soigné: vise à établir un échange par le dialogue et


l’écoute en vue d’apporter un soutien psychologique à une personne ou un groupe, lors
d’actes médicaux. Cela est représenté par une communication patient-soignant.

Plus précisément, en ce qui concerne la rencontre avec le patient handicapé, le soignant


doit posséder certaines capacités, telles que :
- Celle d’écouter, c'est-à-dire porter un intérêt vrai à ce que l’autre lui dit, et ce que
lui seul peut lui dire. C’est permettre au patient de s’exprimer librement, ce qu’il vit, ce
qu’il ressent. C’est être ouvert à tout ce qu’il a à lui dire, sans interpréter, sans juger ;
c’est être attentif à quelqu’un en souffrance, pour l’aider à trouver son chemin. C’est lui
donner du temps, une présence.
- Celle de regarder, d’observer, c’est percevoir si l’atmosphère environnant le patient
s’alourdit ou se détend.
Dans une approche globale du patient, le regard du soignant est important.

Cette observation si importante lors de l’accueil ou dans le soin, demande au soignant


certaines aptitudes de :
- Disponibilité : se donner du temps, mais aussi accepter l’autre sans jugement de
valeur. « Je te reconnais comme un être ayant ses émotions, ses valeurs, ses limites, ses
ressources. » (Janine ROBERT LACAZE).
- Chaleur humaine.
- Acceptation de la différence de l’autre.
La qualité de cette rencontre, entre l’accueillant et l’accueilli, dépendra de la
capacité du soignant à savoir écouter, regarder, observer, accepter l’autre, avec ses

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différences. C’est le reconnaître en tant que personne unique. Il n’est pas toujours évident
de consacrer de l’intérêt et du temps au patient, et ce par manque de temps, parce que la
charge de travail est trop lourde ou encore parce que nous sommes très sollicités.

Le soignant œuvre pour soigner et guérir le patient, tout en sachant qu’il restera
handicapé et ne sera donc pas guéri. La méconnaissance du handicap, les relations du
professionnel, les préjugés peuvent parasiter la relation de soins avec la personne en
situation de handicap. Généralisation de l’absence d’autonomie motrice ou surestimation
des capacités, à se positionner entre le trop et le pas assez reste difficile pour le soignant.
L’essentiel dans cette relation est la reconnaissance du patient comme une personne et non
comme un objet de soin.

3) Le risque d’épuisement

Depuis le début du siècle, on prend enfin en compte ce risque d’épuisement pour


les équipes hospitalières .En effet, aujourd’hui on remarque notamment l’aide apportée
quotidiennement aux enfants et aux adultes dépendants dans les activités de la vie
quotidienne. Ce terme récent d’aidants professionnels désigne exclusivement ceux qui
apportent les aides à la vie quotidienne, garants de la qualité de vie des personnes
dépendantes .Il s’agit pour eux de travailler au plus près de la personne, dans un corps à
corps physiquement épuisant et une intimité chargée d’émotions. Il leur faut répéter chaque
jour et plusieurs fois par jour les mêmes gestes qui sont pourtant dévalorisés dans le public.
De plus les aidants professionnels ont également reçu une formation réduite voir
inexistantes ce qui ne leur permet jamais à elle seule de bien comprendre la personne
handicapée. Le signe constant de l’épuisement est une immense fatigue, avec une lassitude
physique, on parle souvent de « somatisation » mais également avec des signes physiques
et sociales .Les uns tentent de lutter contre cet épuisement et les autres s’en protègent en
adaptant une conduite de replie « perte de confiance » ce qui peut se traduire au niveau du
travail par un risque de maltraitance. Mais pour lutter contre cet épuisement, il faudrait des
formations préalables, si modestes soit elles,elles nous semblent indispensables, elles
devraient se poursuivre en formation continue. En plus de cela, il faudrait que les
responsables d’établissements, d’associations et de DDASS sachent que le risque
d’épuisement existe et que ce n’est pas une faute professionnelle, il faudrait que les
professionnels du travail puissent pouvoir parler, exprimer leurs émotions

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B- Les moyens.

1) La manutention

- Des Techniques appropriées

Il n'existe pas de recette magique ! Les techniques de manutention ne suppriment


pas la pesanteur. Elles permettent d'organiser la confrontation entre le soignant et son
patient, entre le soignant et une masse pondérale, humaine et fragile.

Le personne handicapée : le corps humain est ici caractérisé par son poids. Le poids
moyen du sujet est sensiblement supérieur à celui de la tierce personne, le plus souvent
féminine. La forme du sujet est aussi à prendre en considération : il faut pouvoir saisir la
charge et la maintenir pour qu'elle n'échappe pas. Le volume du sujet adulte pénalise les
tierces personnes de petite taille. Ce corps se présente parfois inerte, hypotonique, flasque,
ou l'inverse hypertonique, athétosique, voire raide, douloureux. De plus, il repose sur un lit
mou, creux, trop haut ou trop bas, d'accès mal commode.

La tierce personne : le sujet est-il capable de réactions, d'actions ou de participations ? Ou


est-il opposant et résistant ? Ces réactions positives ou négatives doivent être utilisées pour
faire émerger l'énergie du sujet : elles ont une incidence positive sur l'acte de manutention :
allègement, impulsion, guidage. il en résulte une stimulation et une facilitation vers
l'autonomie personnelle du patient. Les techniques doivent être partagées et non imposées
au patient. La recherche préalable de sa participation est donc essentielle. Il est également
déterminant de garder l'initiative qui imposera le déroulement de l'action dans le sens
prévu.

- Trois règles devront guider la tierce personne :

- pour résoudre une difficulté, il faut s'efforcer de la décomposer.

- tout faire pour éviter de porter.

- demander la participation du sujet.

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On peut dire qu'il existe neuf façons de déplacer une personne. L'observation
permet de classer les nécessités de déplacements des patients en neuf groupes principaux
distincts se distinguant chacun par une trajectoire caractéristique. Il s'agit des :
retournements, redressements, voltes, abaissements, rehaussements, translations, transferts,
transports, relevers.

Il existe deux modes : passif et actif, selon l'apport effectif du patient à l'action de
déplacement, deux modes d'exécution des techniques se distinguent :

- le mode passif : le patient est inactif, voire inerte, et ne peut pas contribuer à son
déplacement : paralysie totale, coma ou contre-indication à l'effort.

- le mode aidé ou actif : la participation, parfois très relative, ou plus importante, apporte
une contribution plus ou moins forte au déplacement. Il convient alors de tout mettre en
œuvre pour utiliser celle-ci dans le sens d’allégement du poids.

De plus, il est extrêmement précieux de connaître les capacités motrices et physiques du


sujet :

- d'abord pour éviter de lui demander sans cesse « Est-ce que vous pouvez faire ceci ou
cela? ». Ce qui atteste une évidente méconnaissance de votre sujet.

- ensuite pour être en mesure de lui demander exactement ce qu'il faut, pour le solliciter à
la limite de ses possibilités, pas au-delà.

- enfin pour induire activement le maintien et le développement de son autonomie


individuelle.

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- L'utilisation des aides techniques disponibles

L'aide technique est ici un accessoire qui favorise la manutention. Il est admis de classer
les aides techniques en plusieurs groupes :

- les aides techniques manuelles : les sangles, les bretelles, les bâches de manutention.
Elles sont peu encombrantes, peu onéreuses..

- les aides techniques fixes : les barres d'appui, les potences au lit, les portiques.

- les aides techniques mécanisées : les soulève-personnes, chariots plats de salle de bain,
chariot-douches.

Toutes ces aides techniques présentent l'avantage d'aider à la manutention par


l'appui que le patient peut y prendre. Elles facilitent la prise par et pour la tierce personne.
Elles rendent le port de charge réalisé efficace, voire performant, et cependant, il n'est pas
rare de constater que dans bien des cas ces aides techniques ne sont pas utilisées.

2) L’accessibilité au service d’imagerie

L’accessibilité est une obligation nationale régie par la loi du 30 Juin 1975, dite loi
d’orientation en faveur des personnes handicapées. En réalité, l’entrée en vigueur de cette
obligation a nécessité un délai beaucoup plus important que prévu. Il a fallu attendre 1991
pour voir apparaître le premier texte législatif exclusivement consacré à l’accessibilité et
fixant un cadre précis: les installations neuves ouvertes au public devant être accessibles
aux personnes handicapées. Les installations existantes doivent être aménagées
progressivement pour devenir accessible. Cette notion d’accessibilité est réapparue dans la
loi du 11 Février 2005, fixant ainsi un délai aux établissements déjà existant recevant du
public, comme par exemple les hôpitaux. Ce délai est de 10 ans, soit en 2015 mais en
faisant un premier diagnostique en Janvier 2011 pour cibler les lacunes ou retards.

Pour étudier cette accessibilité, nous avons réalisé un cas concret. Pour cela nous
nous sommes rendus dans un service d’imagerie du CHRU de Montpellier, sachant que ce
même CHRU à créé en 2006 une « Charte Accessibilité » (Annexe I), et nous avons
effectué le trajet d’un patient en fauteuil pour se rendre dans le service d’imagerie. Avec
cette étude, il en ressort que :

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- l’entrée de l’Hôpital est tout à fait accessible, avec des portes automatiques
et un trottoir bas qui permet le passage en fauteuil roulant.
- on dénombre quatre places de parkings handicapées devant l’entrée de
l’Hôpital.
- l’accueil central de l’Hôpital n’est pas adapté, puisqu’il est à hauteur d’une
personne debout.
- pour accéder au service d’imagerie le patient doit prendre l’ascenseur. En
soit cela n’est pas un souci, mais par contre ce qui pose problème c’est que
les boutons sont trop hauts.
- le comptoir de l’accueil de la radiologie, tout comme celui de l’entrée
principale, est trop haut.
- les couloirs pour accéder aux différentes salles de radiologie sont larges,
facile d’accès pour les personnes en fauteuil
- sur trois toilettes réservés aux publics dans le service, il y en a deux
accessibles aux handicapés.
- les portes des salles radios sont larges, et donc ne gênent pas l’accès.

3) Le matériel

Durant notre TIP nous avons cherché à savoir s’il existe des tables de radiologies
conçues pour patients handicapés moteurs, pour faciliter leur prise en charge. Et nous
avons appris qu’il n’existait pas au départ de tables construites spécialement pour les
patients handicapés moteurs, mais qu’à présent les tables sont pensées en fonction de
l’ergonomie et donc descendent plus bas, ce qui n’était pas le cas avant. Donc si le service
possède une table radio récente elle facilitera la prise en charge du patient handicapé
moteur.

Ensuite, au niveau des constructeurs (Général Electric, Siemens…), il n’existe


seulement que des sangles et poignets.

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V-Etudes de terrain

1) Objectif

L’objectif de cette enquête est d’étudier les differents aspects de la prise en charge
des patients handicapés dans un service de radiologie. Mais également le ressenti des
patients handicapés par rapport aux soignants.
Pour cela, nous avions pour objectif d’interroger des MERM de différents services,
spécialisés ou non, pour avoir une étude comparative. En ce qui concerne les patients
handicapées nous nous sommes dirigés vers un centre spécialisé.

2) Notre outil

Nous avons constitué trois types de questionnaires, dont deux destinés aux
soignants et un aux patients. Concernant le questionnaire destiné aux MERM nous nous
sommes ciblés sur trois axes :
- La population rencontrée
- L’aspect relationnel
- Les moyens mis à leur disposition.
Pour celui des patients handicapés, il s’oriente vers les mêmes objectifs, excepté la
population.

Tout d’abord, nous vous présentons nos questionnaires avec les réponses simples
des MERM et des patients interrogés, puis nous vous ferons une synthèse des réponses
détaillées que ces questionnaires nous ont apportés.

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3) Enquête auprès des MERM

Nous avons donc interrogé deux MERM dans des centres spécialisés, deux MERM
du CHU de Montpellier et deux MERM ayant travaillé dans les deux milieux.

Questionnaire N°1(MERM dans centres géneralistes)

M1 : H, MERM au CHU de Montpellier (Centrale)


M2 : F, MERM au CHU de Montpellier (Centrale)
M3 : F, MERM à Hôpital de Sète
M4 : H, MERM au CHU de Montpellier (Urgence)

Motivation/ Population :

- Etes-vous amené à manipuler beaucoup de patients handicapés


moteurs dans votre service ?

M1 : Non M3 : Non
M2 : Non M4 : Non

- Quel est le pourcentage de jeunes ?

M1 : 50% M3 : 30%
M2 : 50% M4 : 35%

Relationnel :

- Avez-vous une approche différente envers eux ?

M1 : Non M3 : Non
M2 : Oui M4 : Oui

- Avez-vous plus de difficultés à les prendre en charge ?


- sur le plan physique
M1 : Oui M3 : Oui
M2 : Oui M4 : Non

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- sur le plan psychologique
M1 : Non M3 : Non
M2 : Non M4 : Non

- Etes-vous plus sensible à leur prise en charge ?


M1 : Oui M3 : Oui
M2 : Oui M4 : Oui

Moyens :

- Pensez-vous que votre service est adapté aux personnes


handicapées ?
M1 : Non M3 : Non
M2 : Non M4 : Non

- Avez-vous du materiel particulier ?


M1 : Non M3 : Oui
M2 : Non M4 : Oui

- Aimeriez-vous avoir une formation adaptée ?


M1 : Oui M3 : Oui
M2 : Oui M4 : Oui

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Questionnaire N°2(MERM dans centres spécialisés)

M1 : H, MERM au CHU de Montpellier (Centrale)


M2 : F, MERM au CHU de Montpellier (Centrale)
M3 : F, MERM à Hôpital de Sète
M4 : H, MERM au CHU de Montpellier (Urgence)
M5 : F, MERM à PROPARA
M6 : H, MERM à l’INSTITUT SAINT-PIERRE

Motivation/ Population :

- Quelles sont les tranches d’âge que vous rencontrez dans le service ?
M3 : 12-25ans M4 : 30-50ans
M5 : 17-75, mais beaucoup 30-40ans M6 : nouveau né- 18ans

- Les radios effectuées sont-elles toujours en relation avec


l’handicap ?
M3 : Oui et Non M4 : Oui et Non
M5 : Oui et Non M6 : Oui et Non

Relationnel :

- Avez-vous fait le choix de travailler avec des personnes


handicapées?
M3 : Oui M4 : Oui
M5 : Non M6 : Non

- Avez-vous plus de difficultés à les prendre en charge ?


- sur le plan physique
M3 : Non M4 : Non
M5 : Oui M6 : Non

- sur le plan psychologique


M3 : Non M4 : Non
M5 : Oui M6 : Non

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- Le fait de côtoyer le milieu du handicap vous atteint-il
personnellement ?
M3 : Non M4 : Non
M5 : Non M6 : Non

Moyens :

- Avez-vous du matériel particulier ?


M3 : Oui M4 : Oui
M5 : Non M6 : Oui

- Y-a-t’il des manipulations spécifiques ?


M3 : Oui M4 : Oui
M5 : Non M6 : Non

- Avez-vous suivi une formation ?


M3 : Oui M4 : Non
M5 : Non M6 : Non

- Est-il important de connaître l’origine du handicap ?


M3 : Oui M4 : Oui
M5 : Non M6 : Oui

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4) Synthèse du questionnaire MERM

Dans un premier temps nous avons interrogé des MERM du CHU de Montpellier, il
en ressort qu’en effet ils rencontrent des patients handicapés, mais pas régulièrement (selon
les MERM 10% de l’activité au maximum). Sur cette population rencontrée, on dénombre
50% de jeunes (15-25ans).
En ce qui concerne l’accueil du patient, les MERM pensent que leur attitude ne change
pas mais qu’en effet il arrive des moments où ils ne savent pas comment s’y prendre car
selon les patients handicapés, certains veulent être beaucoup aidé alors que d’autres
préfèrent être autonome, du coup le MERM ne sait plus comment intervenir. Ensuite
durant l’examen, les MERM se sentent plus concernés sur le plan psychologique, ils sont
donc plus attentifs et sensibles à leur handicap et leurs besoins. D’un point de vue
physique, ils sont d’accord sur le fait que pour prendre en charge un patient handicapé il
faut plusieurs personnes, car la manutention est plus difficile mais surtout parce que leurs
salles radios ne sont pas adaptées (table collée au mur: on ne peut donc pas passer derrière,
table incurvée, table qui ne se baisse pas assez). Mais il n’y a pas que la salle qui n’est pas
adaptée selon eux, le service aussi car dès que l’on a posé la question sur le fait que le
service soit adapté, une MERM nous à dit « Non, déjà l’accueil est trop haut donc on ne
voit pas le patient, il est directement face au comptoir ». Donc, du fait de l’inadaptation de
leur service, ils souhaiteraient avoir des sangles, harnais, une table qui descend plus bas,
une araignée.
Pour finir, avoir une formation sur la prise en charge psychologique ne leur déplairait pas,
ils pensent qu’elle devrait rentrer dans le cursus scolaire de la formation. De plus, ils ont
confirmé qu’il existe des formations sur la manutention des patients, mais pas spécifique
aux personnes handicapés ce qu’ils trouvent regrettable.

Dans un second temps, nous nous sommes dirigés vers des MERM travaillant dans
des centres spécialisés pour patients handicapés (Propara, Institut St Pierre). Les patients
rencontrés à l’Instituts St Pierre sont en grande partie des enfants, du nouveau né à 18ans,
car ce centre est spécialisé en pédiatrie, alors qu’à Propara les patients ont entre 17 et
75ans, cependant la majorité se situe autour des 30/40 ans suite aux accidents de la voie
publique. Nous nous sommes rendus compte lors des ces interviews qu’après diagnostique
de l’handicap (paraplégique, tétraplégique, scoliose), les radios effectuées ne sont pas

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toujours en relation direct avec ce même handicap mais avec les pathologies secondaires
qu’il engendre (problèmes urinaires, rénaux, infections pulmonaires….).
Sur le plan relationnel, les MERM interrogés n’ont pas fait les choix de travailler avec les
patients handicapés, mais en aucun cas il ne le regrette et ils ont par contre fait le choix d’y
rester. Au début ils ont du s’adapter, s’habituer à côtoyer les patients handicapés, pour cela
ils ont beaucoup dialogué avec les patients, les ont mis en confiance, par exemple à
Propara les soignants et patients se tutoie. Mais il en ressort principalement qu’avec le
temps, pour ces MERM l’handicap disparaît, la prise en charge est la même mais avec une
approche différente. Pour eux la connaissance de l’origine de l’handicap n’est pas
indispensable, mais cela facilite la prise en charge pour la réalisation des clichés . De plus,
nous pensions que le fait de travailler dans le milieu du handicap pouvez atteindre
psychologiquement les MERM, mais en fait cela dépends des gens, des caractères, de
l’éducation… mais il est vrai que de rencontrer des gens du même âge avec un handicap
moteur peut toucher. C’est pourquoi les soignants prennent du recul, ils ne peuvent pas
prendre leur place, c’est pour cela qu’ils mettent des barrières sans mettre de distance. On
note également que le fait de revoir régulièrement le même patient crée un lien, le MERM
peut s’attacher, un peu comme en Radiothérapie.
Enfin, en ce qui concerne la prise en charge du patient, il existe très peu de matériels
spécifiques (araignée ou lève-personne, potences, sangles, tables descendant plus bas,
planche de transferts ou « roller-board ») dont se sert le MERM de Propara. Mais par
contre à l’Institut St Pierre, du fait de la présence d’un atelier d’appareillage et de
l’expérience du MERM y travaillant, celui-ci a créé ses propres moyens de contentions
pour faciliter la réalisation des examens :
- Cales en polystyrène.
- Mousses, qui permettent de caler le crâne de l’enfant et grâce à celles-ci ont
ne voit plus les gants plombés car elles ne sont plus au contact de la tête de
l’enfant, et cela amène un confort pour l’enfant.
- Plaques en plastique radio transparente, elles permettent de maintenir à plat
les mains et pieds des enfants.
- « Bandes » pour maintenir en position le patient pour la prise de cliché.
- Sacs remplis de sable et recouverts par du jersey, pour l’esthétique et le
confort. Ils sont en forme de boudin pour caler les patients.

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- Une table de Kiné utilisée pour faire les radios avec un tube qui se déplace,
pour les radios en direct. Cette table est plus confortable, la hauteur de table
varie.
- Une boite pour mettre les cassettes, on la met sous l’endroit à radiographier
et après cela nous permet de changer les cassettes pour les différentes
incidences en mobilisant au moins le patient.
- Des semelles en bois pour compenser la différence de hauteur lors des
radios du rachis, du bassin.

De plus, concernant la manutention, pour eux il n’y a pas de manipulations


spécifiques mais par contre il y a des précautions à prendre par rapport à l’handicap. Ces
précautions s’apprennent sur le terrain, elles s’adaptent à chaque patient pour réaliser les
radiographies. Les MERM n’ont pas suivis de formations sur le plan psychologique et sur
la manutention spécifique à la prise en charge des handicapés, mais certains sont
demandeurs.

Lors de nos entretiens, nous avons rencontré deux MERM qui ont eu l’occasion au
cours de leur carrière de travailler dans le milieu du handicap et qui maintenant exercent
dans des centres hospitaliers .De ce fait, nous avons pu leur poser les deux questionnaires.
Nous allons d’abord traiter le ressenti de leur expérience passée avec les patients
handicapés. Selon les services où ils ont travaillé les MERM ont rencontré des patients
d’âges différents : 12 /25 ans (Polio, AVP) pour l’une, et 30-50 ans pour l’autre. Les radios
effectuées ne sont pas toujours en relation directe avec le handicap mais sont souvent la
conséquence du handicap (infection pulmonaire, infection urinaire) ce qui confirme les
réponses recueillies lors des questionnaires précédents. Concernant leur motivation, à la
différence des deux MERM précédents, ils ont fait le choix de travailler avec les patients
handicapés, soit pour un enrichissement personnel, soit pour avoir une approche différente.
Au niveau des difficultés physiques, ils n’ont pas connu forcément de problèmes dans la
mesure où pour eux le service était adapté. Etant donné que leur démarche était volontaire,
leur travail ne les pas atteint psychologiquement mais pour eux c’est une belle leçon de vie,
ils relativisent leurs petits problèmes quotidiens. Cela change la vision sur les handicapés,
la barrière entre eux et les handicapés disparaît. De plus, à leur arrivée dans le service, l’ un
d’entre eux a été formé très rapidement, en effet seulement deux après-midi, alors que

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l’autre a été en doublon pendant 3 mois, ce qui pour cette personne a été très formateur et
plus agréable.
En ce qui concerne leur service les deux MERM sont d’accord pour dire qu’il était adapté.
En effet, ils avaient à leur disposition du matériel facilitant la prise en charge du patient
handicapés, tel que :
- poulies.
- roller.
- table plus basse.
- plan incliné.
- porte plus large.
- brancard avec tiroir, pour les rachis.
- porte cassette, pour les profils.
- sangles, pour les radios debout.
- barres rondes le long du mur, pour que les patients se tiennent avec les mains.
En plus de ce matériel qui facilite leur prise en charge, il y a aussi le patient qui dans
certains cas peut se déplacer lui-même (par exemple : phénomène de translation chez le
paraplégique), c’est pour cela qu’il faut toujours leur demander ceux qu’ils peuvent réaliser
seul, ils ont besoin d’être autonome. Lors de leur prise en charge, les MERM pensent qu’il
est indispensable de connaître l’origine de l’handicap, cela permet de ne pas faire d’erreurs
dans ce que l’on dit et fait.

Nous allons maintenant traiter les réponses aux questionnaires concernant leur
service actuel, c'est-à-dire dans deux Centres Hospitaliers différents, l’un en service
d’urgence et l’autre en service général mais accueillant également des urgences.
A présent, ils ne rencontrent plus beaucoup de patients handicapés, en effet 10 par an pour
le service général et 8 par mois pour le service d’urgence, avec là des patients qui sont en
train de découvrir leur handicap (par exemple suite a un AVP, ce qui concerne plus
souvent les jeunes 15-25ans) et des patients qui vivent déjà avec.
Lors de leur prise en charge, les MERM ne font aucune différence, mais au niveau
psychologique ils feront plus attention aux patients, plus de vigilance et ils essayent de
prendre plus de temps si cela est possible. Et sur le plan physique, elle est un peu plus
difficile c’est pourquoi il faut plusieurs personnes pour mobiliser le patient. De plus, pour
le MERM travaillant dans le service d’urgence, il adapte sa prise en charge en fonction du
patient, c'est-à-dire s’il connaît son handicap il lui demande s’il peut se mobiliser seul,

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mais par contre si c’est un patient qui fait une radio, ou un scanner par exemple, pour
déceler une paralysie suite à une chute, un AVP, là il reste discret et se débrouille seul.
Concernant le service, ils leur semble inadapté, par exemple les tables sont trop
hautes, marche pour rentrer dans une salle… Mais par contre ils disposent de quelques
moyens leur facilitant la prise en charge, comme une nouvelle table qui descend plus bas,
le roller, un brancard pour les traumatisés, celui-ci est radio-transparent ceux qui évitent les
transferts. Vis-à-vis des formations, ils pensent que cela pourrait être bénéfique, mais l’un
nous a dit que c’est l’expérience qui forme.

5) Enquête auprès des patients handicapés

Pour réaliser cette enquête nous avons interrogé une dizaine de patients, rencontrés
dans le centre spécialisé Propara.

- Etes-vous souvent amené à faire des radios ?


Dans un centre spécialisé : Oui : 90 % Non : 10%

Relationnel :

- Vous sentez-vous bien accueilli ?


Dans un centre spécialisé : Oui : 100 % Non : 0%
A l’Hôpital : Oui : 50% Oui/Non : 50%

- Vous sentez-vous en sécurité lors des manipulations ?


Dans un centre spécialisé : Oui : 100 % Non : 0%
A l’Hôpital : Oui : 50% Non : 50%

- Êtes-vous à l’aise avec le manipulateur ?


Dans un centre spécialisé : Oui : 100 % Non : 0%
A l’Hôpital : Oui : 100% Non : 0%

Moyens :

- Pensez-vous que le matériel est adapté à votre handicap ?


Dans un centre spécialisé : Oui : 80 % Non : 20%
A l’Hôpital : Oui : 30% Non : 70%

39
6) Synthèse du questionnaire handicapé

Pour poursuivre notre étude de terrain, nous nous sommes penchés sur le ressenti
du patient et pour cela nous avons interrogés une dizaine de personnes.
Ces patients handicapés sont amenés à faire quelques radios soit pour suivre l’évolution de
leur handicap soit par rapport aux pathologies secondaires qu’il engendre. Selon
l’établissement fréquenté, leur ressenti est différent, en effet ils se sentent mieux accueillis
dans les centres spécialisés du fait que le personnel soignant a l’habitude de les côtoyer, ce
qu’il n’est pas le cas dans les hôpitaux. Lors des manipulations en radiologie, les patients
ont le sentiment d’être plus en sécurité dans les centres spécialisés car le personnel
soignant a plus l’habitude. Malgré le manque de confiance pendant les manipulations, les
patients se sentent en confiance avec les MERM de n’importe quel centre, pour eux le
MERM est une personne accessible avec qui l’on peut discuter.
Concernant le matériel de radiologie :
-Dans les centres spécialisés, ils leur semblent plus ou moins adaptés, en effet les
moyens de contentions sont suffisants mais la hauteur de table de radiologie ne leur permet
pas de se déplacer tous seul.
-Dans les hôpitaux, la majorité des patients mettent en évidence la différence de
moyens avec les centres spécialisés, en effet la hauteur de table ne leur est pas adaptée et il
manque aussi des moyens de contentions et des aides techniques (l’araignée).
De plus, pour essayer d’améliorer leur prise en charge, nous leur avons posé une question
ouverte : « Avez-vous des idées pour améliorer votre prise en charge ? ».Ils nous ont
proposés : des poulies, un matelas pour le confort, une table descendant plus bas c'est-à-
dire au niveau de leur fauteuil, des potences, un tremplin pour accéder à la table.

40
VI-CONCUSION

Grâce à notre étude de terrain, et nos diverses recherches théoriques, nous avons pu
confirmer et contester les différentes questions émises en début de ce TIP.
Malgré les diverses recherches que nous avons pu réaliser nous sommes conscients
qu’il y a des sujets que nous n'avons pas pu aborder. Par exemple, le fait qu’il n’y ait pas
beaucoup de MERM qui travaille en permanence avec des patients handicapés moteurs a
restreint notre nombre de questionnaire. De plus, nous aurions aimé avoir plus
d’information sur la Charte Accessibilité, telles que les travaux déjà réalisés et ceux qui le
seront dans le futur, mais à ce jour nous n’avons eu aucune réponse.
Tout d’abord, nous avons lors de nos entretiens confrontés les centres spécialisés
pour les patients atteints d’un handicap moteur avec les centres « non spécialisés ». Ce qui
nous permet de dire que dans ces centres il existe des moyens supplémentaires mais
surtout, il y a un personnel soignant qui connaît bien le milieu du handicap et qui est donc
plus à l’aise avec ces patients et les considèrent comme des personnes à part entière et non
comme une personne en fauteuil roulant (à mobilité réduite)
Ensuite, au cours de l’avancée de notre TIP nous nous sommes rendu compte que
les moyens améliorent la prise en charge du patient, mais ils ne sont pas primordiaux, en
effet on aura beau avoir tous les moyens existants si le personnel soignant n’est pas à
l’écoute de la personne handicapée moteur alors le patient repartira avec une mauvaise
impression. Mais cette même écoute du personnel soignant est dépendante de chaque
personne, du caractère, de l’implication et de son expérience professionnel.
La première approche est très importante, puisque celle-ci amorcera tout le
déroulement de l’examen, mais dans les centres « non spécialisés » elle peut être bâclée du
fait de la méconnaissance du milieu du handicap. Concrètement, avant les rencontres que
nous avons faites pendant notre étude de terrain, nous ne nous étions jamais dit que la
personne handicapée moteur pouvait se mobiliser seule, et c’est donc la première chose à
demander au patient quand il arrive, il ne faut pas lui enlever son autonomie.
De plus, nous croyons que si le personnel spécialisé avait eu des formations pour
travailler dans le milieu du handicap, et ce n’est pas le cas, il ne serait pas obligé d’attendre
d’acquérir un minimum d’expérience afin d’appréhender au mieux la relation au patient
handicapé moteur.

41
Donc, pour améliorer la prise en charge des patients handicapés moteurs il faudrait
avoir des tables radios qui descendent plus bas, que ce soit dans les centres spécialisés ou
les autres. Dans les centres « non spécialisé » il faudrait plus de moyens (araignée,
potence…), et des formations sur l’accueil du patient handicapé moteur. Concernant la
formation initiale, pourquoi ne pas aborder le milieu du handicap pour ne pas y être
inconnu, et voire même passer un ou deux jours en stage dans un service spécialisé pour
avoir une première impression.

Finalement, ce TIP nous a apporté un enrichissement personnel important, avec des


connaissances sur ce thème qui nous ont passionnées. Et nous espérons que ce TIP
intéressera d’autre futur MERM, et qui sait améliorera la prise en charge des patients
handicapés moteurs dans les centres non spécialisés.

42
VII- Bibliographie

OUVRAGES

Dictionnaire Larousse 2008

Jean-François Ravaux Les aspects sociaux du handicap. Année 2000.

Bulletin d'Education du patient, de la communication et de la relation. Volume 17, n°1,


Avril 1998

MEMOIRES

- "Impact de la Loi Handicap du 11 Février 2005 sur les modalités de la prise en charge des
usagers des hôpitaux",
Groupe de Travail, Module interprofessionnel de Santé Publique, 2006

- "Loi Handicap, un an après"


, Lancement de la Campagne Nationale d'Information, 9 Février 2006

- "Hôpital et Handicap Moteur, vers une amélioration de la prise en charge"


Dominique Grosse, Mémoire de l'Ecole Nationale de la Santé Publique, 2004

REVUES

Réadaptation, édition de Février 2007

INTERNET

www.handiplace.org
www.med.univ-rennes1.fr
www.insee.fr

43
Annexe I

Une Charte pour un Hôpital accessible à tous.

44
Une Charte pour un Hôpital accessible à tous.

L'accueil de tous les publics dans les meilleures conditions est une préoccupation constante
des établissements de santé. Pour faire vivre ce grand principe, le 23 janvier 2006, le
CHRU de Montpellier et l'Institut St Pierre de Palavas-les-Flots ont signé avec l'association
des Ingénieurs Hospitaliers de France la charte "un hôpital accessible à tous", en présence
de Monsieur Philippe BAS, Ministre délégué à la Sécurité Sociale, aux Personnes Agées,
aux Personnes Handicapées et à la Famille. Parmi les mesures préconisées, on retiendra la
désignation d'un référent accessibilité au sein de l'équipe technique, pour chaque projet de
travaux neufs, la concertation avec les associations d’aide aux personnes handicapées, la
création à l’accueil d’un registre de doléances « accessibilité », le lancement d’un
programme annuel de travaux pour améliorer l’accessibilité et enfin l’affichage de la charte
dans le halle d’accueil.

Un Hôpital accessible à TOUS dans une société qui promeut l'égalité des droits et des
chances

Le 11 février 2005, une nouvelle loi sur le handicap, intitulée loi pour l'égalité des droits et
des chances, la participation et la citoyenneté des Personnes Handicapées, a vu le jour.
Dans cette loi, il est explicitement demandé aux établissements recevant du public de se
mettre en conformité des règles constructives et d'aménagement sur l'accessibilité, dans les
10 années à venir.

L' hôpital est l'établissement qui reçoit chaque jour le plus de personnes à mobilité réduite.
Les architectes et ingénieurs de l'association des Ingénieurs Hospitaliers de France ne
pouvaient qu'apporter leur concours à ce grand élan citoyen et de solidarité.

L’hôpital montrera ainsi l’exemple. Sa détermination sera affichée dans un souci d’accueil,
de confort et de sécurité des malades hospitalisés, mais aussi des personnels qui chaque
jours œuvrent dans les hôpitaux.

45
Cette charte a été rédigée par l'association des Ingénieurs Hospitaliers de France. Elle est
parrainée par le Professeur Jacques Domergue, chirurgien au CHRU de Montpellier.

Le CHRU de Montpellier et l’Institut Saint Pierre de Palavas-les-Flots sont les deux


premiers hôpitaux à signer cette charte. D’autres établissements ont exprimer leur souhait
de s’engager, et de rejoindre ainsi ce grand élan national.

Les signataires de la charte engageront leurs établissements sur les points suivants

1-Respecter et faire respecter la loi sur le principe d’accessibilité

2-Désigner dans l'équipe technique un référent, véritable spécialiste des normes techniques
d'accessibilité, chargé des dossiers, travaillant en collaboration avec les institutions
compétentes. Il sera l'interlocuteur privilégié des associations, et du CHSCT de
l'établissement.

3-Organiser une formation continue sur la réglementation relative à l'accessibilité, pour les
personnels techniques intervenants sur les opérations de travaux neufs ou de rénovations.

4-Consulter pour chaque projet de travaux neufs ou de grande restructuration, de la


conception à la réception, les associations d'aide aux personnes handicapées.

5-Ouvrir à l'accueil de l'hôpital un registre de doléances « accessibilité » à disposition de


tous pour informer la direction technique immobilière et le chef d'établissement de tout
problème d’accessibilité

6-Elaborer un programme annuel de travaux pour améliorer l'accessibilité à l'hôpital.

7-Pour marquer la volonté d'améliorer l'accessibilité à l'hôpital, cette charte sera affichée à
la vue du Public dans le hall de réception.

46
Problématique

La prise en charge de personnes handicapées dans un service généraliste est souvent


très ponctuelle, de ce fait elle devient souvent très problématique aussi bien sur le plan
pratique que sur le plan relationnel.
Ce qui nous a amené vers une seule et même question : « Comment améliorer la prise en
charge des personnes handicapées moteurs dans un service de radiologie ? ».

Résumé

L'évolution des techniques, le contexte socio-économique actuel, la législation sur


la prise en charge de la personne handicapée impose que les modalités de travail soient
justement réfléchies.
Notre travail s'inscrit par ailleurs dans l'objectif de prise en conservation des besoins de la
personne handicapée motrice, et dans ce cadre dans une approche du handicap du point de
vue de sa représentation et de son impact sur les professionnels.

Mots clés

Handicap - Moyens - Relation soignant-soigné - Prise en charge - Accessibilité-


Epuisement

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