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MOOC Les partenariats qui changent le monde

Episode 4 : Impact et facteurs-clés de réussite de ces alliances

Bienvenue dans ce dernier « Allons plus loin » du MOOC « les partenariats qui changent le monde ».
Maintenant que vous avez développé une connaissance plus fine des différents types de
partenariats, de leurs enjeux et de leurs modalités, nous allons entrer dans les détails de la dernière
étape d’un partenariat : vous le savez, il s’agit de l’évaluation !

Si nous insistons autant sur l’importance de l’évaluation, c’est que cette pratique est encore très loin
d’être systématique : seul un partenariat sur cinq donne lieu à une évaluation de la performance des
actions entreprises, et seuls 38% des acteurs font le bilan du partenariat en lui-même !

Vous aurez par ailleurs certainement senti au travers des nombreux témoignages que vous avez pu
voir à quel point les rapports entre entreprises et associations sont en train de se modifier. De plus
en plus de structures osent des partenariats stratégiques comme l’innovation sociétale, qui implique
que chaque partenaire partage sa Recherche et Développement. Bien sûr la plupart des partenariats
commencent par des relations de type « mécénat » ou « pratiques responsables », pour ensuite
évoluer vers des formes de coopération plus poussées une fois que la confiance est établie et que les
premières alliances ont fait la preuve de leur succès. Mais cette évolution et cet approfondissement
des partenariats sont réels et justifient encore plus la mise en œuvre d’une évaluation sérieuse et
rigoureuse.

Cette « preuve » du succès c’est donc justement l’évaluation qui va l’apporter.


L’évaluation d’un partenariat répond en effet à un quadruple objectif :
1) Mesurer et valoriser la réponse que les partenaires apportent ensemble à la problématique
de société pour laquelle ils se mobilisent,
2) Mesurer la contribution du partenariat aux objectifs de l’entreprise comme de l’association,
3) Se doter d’un outil d’aide à la décision qui permettra de réorienter le partenariat si besoin,
et de décider s’il est reconduit
4) Inspirer d’avantage d’acteurs à s’engager dans des alliances innovantes, en mettant en avant
des exemples de réussite

Dans le cas de partenariats de co-construction comme avec le modèle d’investisseur sociétal, je


devrais en fait parler d’évaluations au pluriel, car il s’agit non seulement d’évaluer l’impact social du
partenariat, mais aussi d’évaluer le partenariat en lui-même. Il arrive en effet qu’un partenariat
remplisse ses objectifs en terme de réduction de nombre de déchets par exemple, mais que
l’entreprise et l’association aient rencontré des difficultés plus importantes que prévues lors de leur
coopération, et que celle-ci n’ait pas produit l’effet de levier que l’on attendait.

Maintenant que vous avez saisi les objectifs de l’évaluation, nous allons vous donner quelques clés
concrètes pour la mettre en place.
Tout d’abord il est essentiel de se questionner et de chercher à évaluer l’impact du projet sur ses
trois principales parties prenantes : l’entreprise, l’association, et les bénéficiaires du programme
bien sûr.

On distingue pour cela trois niveaux d’analyse d’un partenariat :

Tout d’abord, l’analyse des objectifs du partenariat : nous avons insisté précédemment sur
l’importance de définir de façon claire les objectifs du partenariat pendant la phase de cadrage du
partenariat, et de coucher par écrit ces objectifs à la fois pour l’entreprise, pour l’association et pour
le bien commun.
Eh bien la phase d’évaluation va ainsi permettre de « boucler la boucle » en reprenant ces objectifs
initiaux lors de la phase d’évaluation, afin de déterminer s’ils ont été atteints, voire, espérons-le,
dépassés !

Nous vous conseillons de relire ces objectifs en prenant en compte les quatre dimensions évoquées
dans le deuxième épisode du MOOC.
Pour l’entreprise partenaire il s’agit donc de l’objectif RH, du dialogue avec les parties prenantes, de
la performance économique et de l’innovation.

Pour l’association partenaire, il faudra prendre en compte les objectifs de mobilisation de


compétences, de l’implication d’acteurs, d’obtention de ressources financières et d’innovation.

Premier niveau d’analyse donc : les objectifs du partenariat. Deuxième niveau : l’analyse des
résultats du partenariat.
Les résultats sont la déclinaison opérationnelle des objectifs : il va donc s’agir de mesurer l’écart
éventuel entre les résultats attendus et ceux obtenus dans la réalité.

3e niveau d’analyse d’un partenariat : son contenu, c’est-à-dire ce qui a été fait concrètement dans
le cadre du partenariat.
On va ici analyser :
- Les actions prévues dans le cadre du partenariat, et celles qui ont été mises en place
- Les moyens initialement prévus et ceux effectivement engagés pour soutenir le projet
- et enfin les pratiques d’animation et de pilotage du partenariat.

Une évaluation permet donc de mesurer l’écart entre les actions et les résultats initialement
attendus, et celles constatées dans la réalité. C’est un travail essentiel car il va ainsi permettre de
redéfinir les contours du partenariat et d’actualiser ses objectifs, et donc les moyens alloués comme
les actions attendues.
Il est donc important que l’entreprise, comme l’association, fasse preuve de flexibilité dans la
conduite opérationnelle du partenariat : l’entreprise va peut-être être amenée à financer d’avantage
le projet si l’évaluation met en avant le fait que les résultats sont là, mais les moyens légèrement
insuffisants par exemple. L’association de son côté peut être amenée à réorienter son action vers
certains types de bénéficiaires pour qui l’action menée s’avère être particulièrement utile, ou au
contraire élargir son action à de nouveaux publics.
Pour pouvoir analyser les objectifs, les résultats et le contenu du partenariat, il faut bien sûr se
munir des outils nécessaires à la conduite de cette évaluation.

Pour cela il faut définir dans un premier temps des indicateurs pertinents, à la fois quantitatifs, le
nombre de bénéficiaires touchés par le partenariat par exemple, mais aussi qualitatifs, comme
l’évolution du bien-être des bénéficiaires avant et après le programme. La définition de ces
indicateurs est un exercice délicat, tant du point de vue de leur quantité que de leur qualité. En effet
il est évident que ces indicateurs doivent être multiples, pour rendre compte des différents aspects
du partenariat. Mais s’ils sont trop nombreux, le risque est que le temps et les ressources humaines
manquent pour les collecter puis pour les analyser et les utiliser.
Au plan de la qualité ensuite : ces indicateurs doivent être facilement compréhensibles. Attention
donc à ne pas créer une usine à gaz, au risque de mettre de côté l’évaluation du partenariat car elle
serait trop complexe ! En effet une évaluation doit d’abord et avant tout être utile.

Une fois ces indicateurs définis il convient de préciser les modalités de collecte des données : à qui
appartient-il de les fournir ? Nous avons vu avec l’exemple de Renault et Wimoov qu’il peut être
intéressant de croiser les données recueillies par l’entreprise avec celles de l’association.
Autre question : comment ces informations vont-elles ensuite être compilées et suivies ?

Pour structurer cette démarche évaluative, il peut être intéressant de poser un cadre écrit
comprenant :
1) Le rappel de l’ambition du projet en termes d’utilité sociale et les indicateurs pertinents choisis
pour évaluer cette utilité sociale
2) La définition des objectifs stratégiques des partenaires, et les indicateurs choisis pour évaluer
l’atteinte de ces objectifs,
3) La description des moyens et des actions du partenariat et les résultats attendus,
4) Les engagements pris par les partenaires quant au pilotage de leur partenariat, en termes de
rapports d’activités par exemple.

Vous vous dites certainement que cette démarche paraît bien complexe, et représente une charge
supplémentaire dans le partenariat, et en effet mener une évaluation demande à mobiliser des
ressources, notamment financières. C’est la raison pour laquelle il est essentiel de définir les
ressources nécessaires à la conduite de l’évaluation dès le début du partenariat !

Malgré tout, entreprises comme associations sont unanimes quant aux bénéfices de cet exercice : il
permet d’avoir des éléments concrets pour encourager le dialogue entre les partenaires, de piloter
plus efficacement ce partenariat, d’améliorer les pratiques internes des structures, et surtout de
valoriser ce formidable effort commun, notamment auprès de leurs collaborateurs en interne.

Pour lever les freins liés à la mise en œuvre de cette démarche, n’hésitez pas à vous outiller et à
vous faire accompagner !
Il existe pour cela un certain nombre de ressources gratuites, comme le référentiel du RAMEAU sur
« l’évaluation de l’utilité sociétale des partenariats associations-entreprises » ou encore le « Guide
de l’auto-évaluation de l’utilité sociale » de l’AVISE que vous trouverez dans les ressources
complémentaires de cet épisode.
Vous pouvez également choisir d’externaliser cette évaluation en la faisant réaliser par des experts
spécialisés comme ceux de Kimso, qui sont associés à la chaire entrepreneuriat social de l’Essec ou
encore de faire monter en compétences certains de vos collaborateurs sur ce sujet. L’ESSEC propose
pour cela un cycle de formation à la mesure de l’impact social.
Si ces questions de mesure de l’impact social vous intéressent, vous pouvez suivre le 4ème module de
mon MOOC sur le business plan social « Changer le monde : passons à l’action », actuellement en
ligne sur Coursera.

Nous touchons maintenant à la fin de ce MOOC sur les partenariats qui changent le monde. Nous
espérons que vous avez été inspirés par les témoignages de ces entreprises, associations et experts,
qui malgré des expériences et des points de vue très variés soulignent tous à quel point ces
partenariats, et en particulier les alliances innovantes comme la co-construction, ont eu un impact
fort sur leur structure. Et surtout un impact positif sur la société bien plus large que si ces acteurs
n’avaient mené leurs programmes seuls !
Il faut savoir qu’aujourd’hui 21% des entreprises, toutes tailles confondues, développent déjà des
partenariats avec des associations. 79% de ces partenariats ont moins de 5 ans. Il s’agit donc d’un
mouvement récent mais puissant, et qui est appelé à s’amplifier au vu de la réussite de ces alliances
innovantes.

Bien sûr, le passage à l’acte reste difficile, en raison de la persistance de certains clivages entre ces
deux mondes, et de l’absence de cadre juridique pour des partenariats innovants du type
investisseur sociétal. L’articulation de ces partenariats avec les politiques publiques reste également
en grande partie à définir.
Enfin, la question se pose, en ce qui concerne le modèle d’investisseur sociétal, de la sortie de ces
investisseurs : leur investissement se fait sur des durées longues mais qui restent limitées. Alors
comment transformer leur soutien une fois le projet arrivé à terme ? Comment d’autres
investisseurs et partenaires, publics ou privés, peuvent-ils prendre le relais ? Les réponses viendront
des pionniers qui ont eu le courage de s’engager dans cette voie.

Malgré tout cette nouvelle dynamique d’alliances entre secteur privé lucratif et secteur d’intérêt
général est indéniable : « le climat d’indifférence – voire de défiance – qui régnait entre ces deux
mondes a progressivement laissé la place à un espace de dialogue et de coopération.»1, ainsi que
l’exprimait Charles Benoit Heidsieck le 9 juin 2015 lors du lancement du référentiel « Modèle
d’investisseur sociétal »

Vous savez maintenant quelles formes peuvent prendre ces partenariats, quels sont leurs enjeux,
comment les construire, et enfin comment en évaluer l’utilité. Alors, aurez-vous l’audace de vous
joindre à ce mouvement ?
Nous l’espérons, car face à l’ampleur des défis sociétaux et environnementaux auxquels nous
sommes confrontés, il est certain que la puissance économique des entreprises seules ou la
mobilisation unique des associations ne seront pas suffisantes. Mais si ces deux mondes partagent

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Référentiel, Le RAMEAU
leurs expertises et unissent leurs forces pour le bien commun, alors certainement, ces partenariats
peuvent changer le monde !

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