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177:1591
Les 1re
1re édition Les
CARRés
......... L’essentiel du Contentieux de la sécurité sociale (1re éd.) est une synthèse à jour des dernières évolutions législatives et jurisprudentielles
CARRés
Droit
rigoureuse, pratique et à jour de l’ensemble des connaissances que le
lecteur doit avoir sur cette matière. 4 Chapitres. Tout y est ! .........
Réviser et faire Anaëlle Cappellari
L’essentiel
un point actualisé
Auteurs Sommaire
Anaëlle Cappellari est Maître de conférences à
la faculté de droit d’Aix-Marseille Université et
L es contentieux relevant du
Contentieux
du juge judiciaire
membre du Centre de droit social (EA 901). - L e contentieux de
Delphine Ronet-Yague est Maître de conférences la sécurité sociale
à la faculté de droit d’Aix-Marseille Université et - L ’expertise médicale
membre du Centre de droit social (EA 901). Les contentieux ne relevant pas
de la
du juge judiciaire
- L e contentieux du contrôle
technique
Public
- L e contentieux conventionnel
sécurité
- Étudiants en Licence et Master Droit
- Étudiants du 1er cycle universitaire
(Droit, Science politique, AES)
- Étudiants au CRFPA et candidats à l’ENM
sociale
- Praticiens des professions juridiques
et judiciaires
D. Ronet-Yague
A. Cappellari
Prix : 15,50 e
ISBN 978-2-297-07144-4
www.gualino.fr
international.scholarvox.com:ENCG Marrakech:1442897966:88876663:196.200.176.177:1591
Anaëlle Cappellari
Delphine Ronet-Yague
L’essentiel
du
Contentieux
de la
sécurité
sociale 1re édition
international.scholarvox.com:ENCG Marrakech:1442897966:88876663:196.200.176.177:1591
Cette collection de livres présente de manière synthétique,
Les rigoureuse et pratique l’ensemble des connaissances que
CARRés l’étudiant doit posséder sur le sujet traité. Elle couvre :
......... – le Droit et la Science Politique ;
– les Sciences économiques ;
– les Sciences de gestion ;
– les concours de la Fonction publique.
Présentation 3
Introduction – L’évolution de l’encadrement juridique du
contentieux de la sécurité sociale 15
1 – Arguments en faveur des réformes du contentieux de la sécurité
sociale 15
■ Difficultés d’ordre juridique 15
■ Difficultés pratiques 18
2 – Réforme des contentieux sociaux 18
■ Axes principaux posés par la loi J21 18
■ Textes ayant apporté des précisions subséquentes 19
■ Difficultés de mise en œuvre de la réforme 22
PARTIE 1
Les contentieux relevant du juge judiciaire
SOMMAIRE
Voies de recours 85
a) Opposition 85
b) Pourvoi en cassation 85
Chapitre 3 – Le contentieux
du contrôle technique 109
1 – Objet du contentieux 113
■ Professionnels concernés 113
■ Faits susceptibles d’être sanctionnés 113
a) Fautes 114
b) Abus 115
c) Fraudes 116
d) Tous faits intéressant l’exercice de la profession 116
2 – Juridictions 117
■ Médecins, chirurgiens-dentistes et sages-femmes 119
a) Hiérarchie des juridictions 119
b) Composition des juridictions 120
■ Cas particulier de certains auxiliaires médicaux 125
■ Pharmaciens 125
a) Hiérarchie des juridictions 125
b) Composition des juridictions 126
■ Infirmiers, masseurs-kinésithérapeutes et podologues 130
a) Hiérarchie des juridictions 130
b) Composition des juridictions 130
■ Sociétés exploitant un laboratoire de biologie médicale privé 133
3 – Procédure devant les juridictions du contentieux du contrôle
technique 134
■ Caractéristiques de la procédure 134
a) Caractère disciplinaire 134
b) Indépendance de la procédure 135
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■
SOMMAIRE
Déroulement de la procédure 137
a) Saisine de la juridiction de première instance compétente 137
b) Pouvoir du président de la juridiction de statuer sur ordonnance 141
c) Déroulement de l’instance 142
d) Décision 147
e) Voies de recours 154
A. Arrêté
AAH Allocation aux adultes handicapés
ACOSS Agence centrale des organismes de sécurité sociale
ACS Aide au paiement d’une complémentaire santé
AME Aide médicale d’État
AGS Assurance garantie des salaires
Ann. Annexe
APA Allocation personnalisée d’autonomie
APL Aide personnalisée au logement
ARS Agence régionale de santé
ASE Aide sociale à l’enfance
AT/MP Accidents du travail et maladies professionnelles
ASPA Allocation de solidarité aux personnes âgées
BOSS Bulletin officiel de la Sécurité sociale
Bull. civ. Bulletin des arrêts des chambres civiles de la Cour de cassation
C2P Compte professionnel de prévention
C3S Contribution sociale de solidarité des sociétés
C. rur. Code rural et de la pêche maritime
CAA Cour administrative d’appel
CAF Caisse d’allocation familiale
CANAM Caisse nationale d’assurance maladie et maternité des travailleurs non salariés des
professions non agricoles
CANSSM Caisse autonome nationale de la sécurité sociale dans les mines
CARSAT Caisse d’assurance retraite et de la santé au travail
CASF Code de l’action sociale et des familles
Cass. 1re civ. Cour de cassation, première chambre civile
Cass. 2e civ. Cour de cassation, deuxième chambre civile
Cass. ass. plén. Cour de cassation, assemblée plénière
Cass. civ. Cour de cassation, chambre civile
Cass. com. Cour de cassation, chambre commerciale
Cass. soc. Cour de cassation, chambre sociale
CCAM Classification commune des actes médicaux
CCAS Commission centrale d’aide sociale
CRRMP Comité régional de reconnaissance des maladies professionnelles
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CCSMA Caisse centrale de secours mutuels agricoles
CDAPH Commission des droits et de l’autonomie des personnes handicapées
CDAS Commission départementale d’aide sociale
CDPI Chambre disciplinaire de première instance
CDSSTI Caisse déléguée pour la sécurité sociale des travailleurs indépendants
CE Conseil d’État
CEDH Cour européenne des droits de l’homme
CFE Caisse des Français à l’étranger
CGSS Caisse générale de sécurité sociale
CJA Code de justice administrative
CMI Carte mobilité inclusion
CMRA Commission médicale de recours amiable
CMSA Caisse de mutualité sociale agricole
CMU-C Couverture maladie universelle complémentaire
CNAF Caisse nationale des allocations familiales
CNAM Caisse nationale d’assurance maladie
CNAMTS Caisse nationale de l’assurance maladie des travailleurs salariés
CNAV Caisse nationale d’assurance vieillesse
CNBF Caisse nationale des barreaux français
CNIEG Caisse nationale des industries électriques et gazières
CNITAAT Cour nationale de l’incapacité et de la tarification de l’assurance des accidents du travail
CNO Conseil national de l’ordre
CNOM Conseil national de l’ordre des médecins
CNOP Conseil national de l’ordre des pharmaciens
CNRACL Caisse nationale de retraites des agents des collectivités locales
COJ Code de l’organisation judiciaire
Cons. const. Conseil constitutionnel
Conv. Convention
Conv. EDH Convention européenne des droits de l’homme
Conv. méd. Convention médicale
CPAM Caisse primaire d’assurance maladie
CPC Code de procédure civile
CPEF Centre de planification et d’éducation familiale
CPL Commission paritaire locale
CPN Commission paritaire nationale
CPP Code de procédure pénale
CPR Commission paritaire régionale
CPSTI Conseil de la protection sociale des travailleurs indépendants
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CRA Commission de recours amiable
CRAMIF Caisse régionale d’assurance maladie d’Île-de-France
CRDS Contribution au remboursement de la dette sociale
CMRA Commission médicale de recours amiable
CROP Conseil régional de l’ordre des pharmaciens
CRPA Code des relations entre le public et l’Administration
CSG Contribution sociale généralisée
CSP Code de la santé publique
CSS Code de la sécurité sociale
D. Décret
D.-L. Décret-loi
DA Dépassement d’honoraires autorisé plafonné
DALO Droit au logement
DE Dépassement d’honoraires en cas de circonstances exceptionnelles de temps ou de lieu
dues à une exigence particulière du malade non liée à un motif médical
EMS Établissement médico-social
FMF Fédération des médecins de France
FNAL Fonds national d’aide au logement
IDIRA Instance départementale d’instruction des recours amiables
J21 Loi nº 2016-1547 du 18 novembre 2016 de modernisation de la justice du XXIe siècle
JAF Juge aux affaires familiales
JCl. JurisClasseur
JCP G JurisClasseur périodique (Semaine juridique), édition Générale
JCP S JurisClasseur périodique (Semaine juridique), édition Sociale
JE Juge des enfants
JO Journal officiel de la République française
L. Loi
LRAR Lettre recommandée avec avis de réception
MAECOPSA Mission d’audit, d’évaluation et de contrôle des organismes de protection sociale
agricole
MDPH Maison départementale des personnes handicapées
MNC Mission nationale de contrôle et d’audit des organismes de sécurité sociale
MSA Mutualité sociale agricole
NABM Nomenclature des actes de biologie médicale
NGAP Nomenclature générale des actes professionnels
Ord. Ordonnance
PCH Prestation de compensation du handicap
PUMA Protection universelle maladie
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QPC Question prioritaire de constitutionnalité
Règl. Règlement
Règl. adm. publ. Règlement d’administration publique
Rev. méd. Revue médicale de l’assurance maladie
ass. maladie
RJS Revue de jurisprudence sociale
RMI Revenu minimum d’insertion
RSA Revenu de solidarité active
RSI Régime social des indépendants (ancien régime des travailleurs indépendants
non agricoles)
SAS Section des assurances sociales
SDIS Service départemental incendie secours
T. confl. Tribunal des conflits
TA Tribunal administratif
TASS Tribunal des affaires de sécurité sociale
TCI Tribunal du contentieux de l’incapacité
TGI Tribunal de grande instance
TPS Travail et protection sociale
UNCAM Union nationale des caisses d’assurance maladie
URPS Union régionale des professionnels de santé
URSSAF Union de recouvrement des cotisations de sécurité sociale et d’allocations familiales
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L’évolution de l’encadrement
juridique du contentieux Introduction
de la sécurité sociale
Le contentieux de la sécurité sociale s’intègre dans un ensemble plus vaste, celui des contentieux sociaux, au
sein duquel il coexiste avec le contentieux de l’aide sociale et le contentieux prud’homal. Pour des raisons
d’ordre historique, les contentieux sociaux ont fait l’objet d’un traitement juridictionnel morcelé.
Avant de se pencher sur l’étude des litiges contenus dans le champ d’application de ce contentieux, il
convient d’aborder les réformes d’ampleur dont il a fait l’objet ces dernières années. Ces réformes – qui
s’expliquent principalement par les nombreuses critiques dont il a été l’objet – ont été conduites via l’adoption
de nombreux textes.
Il apparaît donc que le contentieux était éclaté non seulement entre les deux ordres de juridictions,
mais aussi entre les juridictions de droit commun et les juridictions spécialisées. Il en résultait des
renvois et des incohérences souvent dénoncés par la doctrine.
Concernant les renvois, on peut se référer au traitement juridictionnel des accidents du travail et
maladies professionnelles. En la matière, le TASS était compétent pour se prononcer sur la qualifi-
cation professionnelle ou non de l’accident. En revanche, le TCI connaissait des litiges portant sur
le taux d’incapacité permanente de l’assuré. Ainsi, lorsqu’une contestation portant sur le taux
d’incapacité permanente soulevait une difficulté quant au caractère professionnel de la lésion, le
TCI devait surseoir à statuer et attendre que le TASS se prononce (CSS, art. R. 143-2 ancien).
Les litiges liés à la tarification de l’assurance des accidents du travail dont les cotisations sont à la
charge de l’employeur relevaient de la CNITAAT, qui statuait en premier et dernier ressort. Mais le
recours de l’employeur contre la caisse d’assurance retraite et de la santé au travail (CARSAT) pour
absence de notification régulière du taux de cotisation relevait du contentieux général de la sécu-
rité sociale (Cass. 2e civ., 13 déc. 2007, nº 06-19324).
À ces renvois, venaient s’ajouter un certain nombre d’incohérences. En effet, des contentieux
concernant des prestations de même nature ou poursuivant un même but ou relatives à une
même population pouvaient être attribués à des juges différents – parfois jusqu’à quatre – sans
que cela corresponde à une logique rationnelle.
Ensuite, des difficultés étaient nées de la composition des juridictions. Contrairement à celle des
TASS (Cons. const., 3 déc. 2010, nº 2010-76 QPC), la composition des TCI (Cass. soc., 17 déc.
1998, nº 97-15389), de la CNITAAT (Cass. ass. plén., 22 déc. 2000, nos 99-11615 et 98-19376) et
des juridictions de l’aide sociale (Cons. const., 25 mars 2011, nº 2010-110 QPC ; Cons. const.,
8 juin 2012, nº 2012-250 QPC) avaient en effet été jugées contraires à la Constitution. Si une
réponse à ce problème avait rapidement été donnée concernant les juridictions du contentieux
technique (L. nº 2002-73, 17 janv. 2002 de modernisation sociale, art. 35 : JO 18 janv. 2002,
p. 1008), aucune intervention législative n’avait eu lieu pour les juridictions du contentieux de
l’aide sociale, alors même que les déclarations d’inconstitutionnalité prenaient effet à compter de
la publication des décisions du Conseil constitutionnel. Ces juridictions ont donc dû siéger
amputées d’une partie de leurs membres.
Enfin, l’accès aux juridictions était compliqué par la variété des règles procédurales applicables,
notamment en matière de procédures précontentieuses, de délais de saisine et de traitement des
contestations d’ordre médical (pour le détail, v. Cappellari A., « La réforme des contentieux sociaux
par la loi J21 du 18 novembre 2016 », Gaz. Pal. 23 mai 2017, nº 20, p. 77).
À l’ensemble de ces difficultés d’ordre juridique s’ajoutaient des difficultés plus pratiques.
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18 L’ESSENTIEL DU CONTENTIEUX DE LA SÉCURITÉ SOCIALE
■ Difficultés pratiques
Ces difficultés concernaient d’abord la composition des juridictions. 43 % des TASS étaient en
effet présidés par des magistrats honoraires, dont le recrutement était difficile en raison du
montant peu élevé des indemnités de vacation.
Ensuite, alors qu’en théorie les TCI devaient être présidés par des magistrats et, à défaut, par une
personnalité qualifiée, en pratique, 60 % des présidents de formation étaient des personnalités
qualifiées. Quant aux Commissions départementales d’aide sociale (CDAS), juridictions de l’ordre
administratif, elles étaient souvent présidés par des juges des enfants (JE) ou des juges aux affaires
familiales (JAF), qui n’exerçaient cette activité qu’à temps partiel et sans avoir nécessairement reçu
de formation préalable.
Des difficultés existaient en outre en matière d’expertise. L’expertise médicale technique était
marquée par des difficultés de recrutement des experts, notamment liées à la faiblesse des rému-
nérations. L’expertise devant les TCI n’était pas davantage épargnée car, dans certaines juridic-
tions, les modalités et la qualité des examens ainsi que le respect du contradictoire laissaient à
désirer.
En outre, les règles procédurales, notamment liées aux aménagements de la procédure orale,
étaient souvent méconnues. Le contentieux de l’aide sociale était le plus touché par ces dysfonc-
tionnements, les principes de publicité des audiences, d’archivage des dossiers et de motivation
des décisions étant parfois bafoués.
Enfin, les délais de jugement étaient relativement longs, notamment dans le cadre du conten-
tieux général et du contentieux technique.
C’est à ces difficultés que la réforme des contentieux sociaux a cherché à répondre.
La loi cherche à limiter le nombre de juridictions amenées à traiter des contentieux sociaux en
créant des blocs de compétence. Après les avoir définis (CSS, art. L. 142-1, L. 142-2 et L. 142-3,
dans leurs versions issues de la loi J21), le Code de la sécurité sociale (CSS) prévoit un socle de
règles communes aux litiges relevant du contentieux général, du contentieux technique de l’inca-
pacité et des contentieux de l’admission à l’aide sociale liés au droit à la protection de la santé
(CMU-C et ACS dont la fusion est prévue au 1er novembre 2019, voir infra).
À compter du 1er janvier 2019, ces trois contestations relèvent d’une même juridiction au sein de
laquelle est constitué un pôle social (CSS, art. L. 142-8, dans sa version issue de la loi J21). Plus
précisément, l’ensemble de ces litiges ainsi que ceux relatifs au compte professionnel de préven-
tion (C2P) sont transférés à des tribunaux de grande instance (TGI) (COJ, art. L. 211-16, dans
sa version issue de la loi J21) puis de cours d’appel spécialement désignés (COJ, art. L. 311-15,
dans sa version issue de la loi J21). Seul le contentieux technique de la tarification échappe à
cette règle puisqu’il est attribué à une seule cour d’appel (COJ, art. L. 142-2, dans sa version
issue de la loi J21). Il en résulte une nette diminution du nombre de juridictions, comme le
résume le tableau ci-dessous. En effet, les TASS, les TCI, les CDAS, la CCAS et la CNITAAT sont
désormais supprimés.
e
Situation postérieure à la loi de modernisation de la justice du XXI siècle
L’article 109 de la loi a habilité le gouvernement à créer, aménager ou modifier toutes dispositions de
nature législative dans les textes et codes en vigueur permettant d’assurer sa mise en œuvre et de
tirer les conséquences de la suppression des TASS, des TCI, de la CNITAAT, des CDAS et de la CCAS.
Des ordonnances devaient être prises dans un délai de 18 mois. Elles l’ont été in extremis, 2 jours
avant la date limite. Deux ordonnances ont plus spécifiquement été prises le 16 mai 2018 :
– la première est relative au traitement juridictionnel du contentieux de la sécurité sociale et
de l’aide sociale (ord. nº 2018-358, 16 mai 2018 : JO 17 mai 2018, texte nº 6). Ses dispositions
visent notamment « à donner sa pleine portée au recours préalable obligatoire instauré en
matière de contentieux technique à caractère médical » et « à préciser les dispositions relatives
au déroulement des mesures d’instruction pouvant porter sur des éléments à caractère médical
ou en lien avec le handicap ». L’ordonnance prévoit en sus que la Cour nationale de l’incapacité
et de la tarification de l’assurance des accidents du travail demeurera compétente jusqu’au
31 décembre 2020, ou à une date ultérieure qui ne pourra dépasser le 31 décembre 2022,
pour juger les procédures dont elle aura été saisie avant le 1er janvier 2019. Ainsi, seules les
affaires nouvelles relèvent des cours d’appel. Enfin, pour éviter de devoir nommer en urgence
des assesseurs et faciliter la mise en place des pôles sociaux, l’ordonnance prévoit que les asses-
seurs des TASS et des TCI dont le mandat n’est pas arrivé à terme siègent dans la formation
collégiale du tribunal de grande instance (TGI) jusqu’à la fin de leur mandat sans avoir à être
soumis à l’obligation de formation ;
– la seconde ordonnance, plus axée vers les ressources humaines, fixe les modalités de transfert
des personnels (ord. nº 2018-359, 16 mai 2018 : JO 17 mai 2018, texte nº 8).
Ces deux ordonnances ont été ratifiées par l’article 100 de la loi nº 2019-222 du 23 mars 2019 de
programmation 2018-2022 et de réforme de la justice (JO 24 mars 2019, texte nº 2).
De nombreux aspects de la réforme restaient par ailleurs suspendus à la prise de décrets d’applica-
tion. Il s’agissait notamment des conditions applicables aux recours préalables (CSS, art. L. 142-4
et L. 142-5, dans leurs versions issues de la loi J21), des conditions de transmission de l’entier
rapport médical (CSS, art. L. 142-6, L. 142-7 et L. 142-10, dans leurs versions issues de la loi J21),
de la procédure devant le TGI ainsi que des modalités de choix, de rémunération et de formation
des assesseurs (COJ, art. L. 218-3 et CSS, art. L. 218-12, dans leurs versions issues de la loi J21) :
– un premier décret a, comme l’on pouvait s’y attendre, désigné la cour d’appel d’Amiens en
tant que cour d’appel spécialisée pour connaître du contentieux de la tarification de
l’assurance des accidents du travail (D. nº 2017-13, 5 janv. 2017 : JO 7 janv. 2017, texte
nº 11) ;
– un deuxième décret a été pris pour l’application de l’ordonnance fixant les modalités de trans-
fert des personnels. Il organise les modalités du transfert des personnels administratifs vers les
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INTRODUCTION – L’évolution de l’encadrement juridique du contentieux de la sécurité sociale 21
juridictions sociales. Pour les fonctionnaires relevant des ministères sociaux qui exercent actuelle-
ment au sein des juridictions sociales, le décret définit les modalités d’exercice des droits
d’option (détachement, intégration directe). Pour les salariés de droit privé, il précise les moda-
lités d’organisation de recrutements réservés exceptionnels afin de leur permettre d’intégrer les
corps de fonctionnaires relevant du ministère de la Justice (D. nº 2018-360, 16 mai 2018 :
JO 17 mai 2018, texte nº 9) ;
– un troisième décret procède à la désignation des TGI et cours d’appel compétents en
matière de contentieux général et technique de la sécurité sociale et d’admission à
l’aide sociale (D. nº 2018-772, 4 sept. 2018 : JO 6 sept. 2016, texte nº 8) ;
– le dernier décret est le décret relatif au contentieux de la sécurité sociale et de l’aide sociale, dit
« décret procédure ». Il s’agit du principal texte de mise en œuvre de la réforme. Il fixe les
dispositions procédurales applicables aux contestations des décisions des organismes de
sécurité sociale, des maisons départementales des personnes handicapées (MDPH) et des
autorités administratives intervenant dans le domaine de l’aide sociale. Il concerne non
seulement les règles relatives aux recours préalables, mais aussi les règles relatives aux recours
juridictionnels. Il modifie le Code de l’organisation judiciaire (COJ) en précisant le fonctionne-
ment des formations échevinées des TGI (D. nº 2018-928, 29 oct. 2018 : JO 30 oct. 2018, texte
nº 11).
À peine entrée en vigueur au 1er janvier 2019, la réforme issue de la loi J21 a en partie été reprise
par la loi du 23 mars 2019 de programmation 2018-2022 et de réforme pour la justice, qui va
dans le sens d’un approfondissement des axes de la réforme précédente. Un article 53 bis AA a
été en effet été introduit en première lecture en séance publique par le gouvernement, dans
l’objectif affiché de simplifier le traitement du contentieux à caractère social. L’innovation majeure
du texte définitivement adopté (art. 96) réside dans la suppression de la distinction entre
contentieux général et contentieux technique de la sécurité sociale, lesquels sont fusionnés
dans un ensemble plus vaste et hétéroclite désormais intitulé « contentieux de la sécurité
sociale ». Plus largement, les TGI et TI fusionnent pour devenir les tribunaux judiciaires. Le
contenu de cette réforme est intégré dans le présent ouvrage.
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22 L’ESSENTIEL DU CONTENTIEUX DE LA SÉCURITÉ SOCIALE
Auparavant, c’est-à-dire avant la loi de modernisation de la justice du XXIe siècle du 18 novembre 2016, le
contentieux de la sécurité sociale était un contentieux épars. Ainsi, le contentieux général de la sécurité
sociale était de la compétence des tribunaux des affaires de sécurité sociale en première instance (CSS, art.
L. 142-2 ancien). Tandis que, le contentieux technique relevait, selon le litige (CSS, art. L. 143-1 ancien), en
première instance des tribunaux du contentieux de l’incapacité (CSS, art. L. 143-2 ancien) ou en premier et
dernier ressort de la Cour nationale de l’incapacité et de la tarification de l’assurance des accidents du travail
(CSS, art. L. 143-4 ancien). A noter que les dispositions des 1º à 3º de l’ancien article L. 143-1 du Code de la
sécurité sociale n’étaient pas applicables aux accidents survenus et aux maladies professionnelles constatées
dans l’exercice des professions agricoles dans les départements autres que ceux du Haut-Rhin, du Bas-Rhin et
de la Moselle (CSS, L. 143-1, dernier al. ancien). Par ailleurs, les appels contre les jugements rendus par les TCI
devaient être portés en appel devant cette dernière.
Depuis le 1er janvier 2019, en application de la loi précitée, ce sont des TGI spécialement désignés (le décret
no 2018-722 du 4 septembre 2018 détermine le siège et le ressort de ces TGI), qui deviendront au 1er janvier
2020 les tribunaux judiciaires (L. nº 2019-222, 23 mars 2019 de programmation 2018-2022 et de réforme de
la justice) spécialement désignés qui connaissent, des contestations relatives au contentieux de la sécurité
sociale, défini à l’article L. 142-1 du Code de la sécurité sociale, mais également des litiges relevant de
l’admission à l’aide sociale définis à l’article L. 134-3 du Code de l’action sociale et des familles, des litiges
relatifs à la protection complémentaire en matière de santé mentionnée à l’article L. 861-5 du Code de la
sécurité sociale et des litiges relatifs au compte professionnel de prévention (COJ, art. L. 211-16) (chapitre 1) .
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24 L’ESSENTIEL DU CONTENTIEUX DE LA SÉCURITÉ SOCIALE
Une exception à cette règle concerne le contentieux technique de la tarification (CSS, art. L. 142-1, 7º ; COJ,
art. L. 211-16, 1º), pour lequel une cour d’appel est dorénavant spécialement dédiée, qui statue en consé-
quence en premier et dernier ressort (COJ, art. L. 311-16).
Il faut préciser, que concernant le vocable juridique de la matière, la loi nº 2019-222 du 23 mars 2019 met un
terme à la distinction entre contentieux général et contentieux technique à compter d’une date fixée par
décret en Conseil d’État, et au plus tard le 1er janvier 2020.
Les appels contre les décisions rendues par les TGI et plus tard les tribunaux judiciaires spécialement désignés
(L. 23 mars 2019, art. 95, 21º. Le siège et le ressort de ces tribunaux sont fixés conformément au tableau VIII-
III annexé au COJ (art. D. 211-10-3 modif. D. no 2019-912, 30 août 2019 – art. 23 V), doivent être interjetés
auprès des cours d’appel, elles aussi spécialement désignées (le décret nº 2018-722 du 4 septembre 2018
détermine le siège et le ressort de ces cours d’appel) – puis à compter du 1er janvier 2020, l’art. D311-12-1
du COJ modifié par D. no 2019-912, 30 août 2019 – art. 23 (V), leur siège et leur ressort sont fixés conformé-
ment au tableau VIII-III annexé à ce code), dans les cas et les conditions prévus par le Code de la sécurité
sociale.
Les contestations relevant de l’expertise médicale, continuent quant à elles d’obéir à une procédure particu-
lière régie par le chapitre Ier du titre IV du livre Ier du Code de la sécurité sociale (chapitre 2).
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Le contentieux Chapitre
1
de la sécurité sociale
Le contentieux de la sécurité sociale est large, sa définition a fait l’objet d’une unification par l’article 96 de la
loi nº 2019-222 du 23 mars 2019 de programmation 2018-2022 et de réforme de la justice. Cette loi a en
effet supprimé la distinction entre contentieux général et contentieux technique et est applicable aux recours
préalables et aux recours juridictionnels introduits à compter d’une date fixée par décret en Conseil d’État, et
au plus tard le 1er janvier 2020.
■ Domaines inclus
C’est la nature du différend, qu’il ait trait au régime général ou à un autre régime, et non la
qualité des personnes en cause qui fonde le critère de compétence des juridictions du
contentieux de la sécurité sociale (T. confl., 25 mars 1996, nº 3011 ; T. confl., 2 mars 2009,
nº 3699). Il en résulte que même si la décision contestée a été prise par une autorité
administrative, le litige de sécurité sociale relève des juridictions de sécurité sociale (T. confl.,
20 févr. 2008, nº 3649).
La Cour de cassation a ainsi jugé, à l’occasion d’un litige relatif à l’ouverture des droits à la retraite
anticipée d’un agent d’une collectivité territoriale auprès de la Caisse nationale de retraites des
agents des collectivités locales (CNRACL), que « les litiges à caractère individuel qui peuvent
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26 L’ESSENTIEL DU CONTENTIEUX DE LA SÉCURITÉ SOCIALE
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À l’origine, le droit public – source d’immunité – était appliqué aux organismes de sécurité
sociale. Faisant fi des solutions retenues avant l’ordonnance du 21 août 1967 relative à l’orga-
nisation administrative et financière de la sécurité sociale (en 1956, le droit commun de la
responsabilité s’appliquait), la Cour de cassation a longtemps refusé d’appliquer les règles
civiles de responsabilité. Elle préféra transposer les règles de la responsabilité des services
publics complexes. Pour que soit reconnue la responsabilité de l’organisme, était alors exigée
que soit démontrée l’existence d’une faute grossière de la part de celui-ci ou que l’assuré ou
cotisant ait subi un préjudice anormal. Les critères utilisés par la Cour de cassation étaient par
ailleurs flous.
L’application aux organismes de sécurité sociale des modalités complexes de la responsabilité
des services publics reposait sur la forte empreinte publique de la sécurité sociale (l’existence
légale de ces organismes, la qualification d’établissement de droit public pour certains et la
présence d’une tutelle de l’État importante). Les juges se fondaient aussi sur l’objet des orga-
nismes de sécurité sociale, chargés d’une mission de service public.
Le recours aux principes du droit administratif relatifs à la responsabilité des services publics
complexes conférait une quasi-irresponsabilité à l’institution de la sécurité sociale.
La solution jurisprudentielle a évolué. En effet, les juges n’ont pas été insensibles aux critiques
émises. En 1995, ils abandonnèrent ainsi la responsabilité administrative des services publics
complexes et appliquèrent en lieu et place les principes de la responsabilité civile délictuelle
de droit commun.
Par un arrêt de principe de juillet 1995 (Cass. soc., 12 juill. 1995, nº 93-12196), confirmé
3 mois après (Cass. soc., 12 oct. 1995, nº 93-18365), la chambre sociale de la Cour de
cassation a radicalement changé de solution, au motif qu’« une caisse de sécurité sociale qui,
par sa faute, cause un préjudice à un assuré, est tenue de le réparer, peu important que la
faute soit ou non grossière, et que le préjudice soit ou non anormal ». Le recours au droit
commun de la responsabilité délictuelle est d’autant plus certain qu’à partir de 2001, la
chambre sociale vise expressément l’ancien article 1382 du Code civil. Dorénavant, les assurés
ou cotisants doivent, d’une part, prouver leur préjudice et la faute de l’organisme commise
dans l’application de la législation et la réglementation et, d’autre part, établir le lien de
causalité entre les deux.
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28 L’ESSENTIEL DU CONTENTIEUX DE LA SÉCURITÉ SOCIALE
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Cette action en responsabilité civile extracontractuelle engagée contre un organisme de sécu-
rité sociale ou de mutualité sociale agricole à raison des fautes commises dans l’application
des législations et réglementation relève de la compétence des juridictions du contentieux de
la sécurité sociale (T. confl., 13 janv. 1997, nº 3002), qu’elle soit engagée à titre principal ou
accessoire.
Seuls les organismes érigés en établissements publics à caractère administratif demeurent, en
ce qui concerne les litiges qui échappent au contentieux de la sécurité sociale, soumis au droit
administratif de la responsabilité (v. infra).
En application de l’article L. 136-5, IV, alinéa 2 du Code de la sécurité sociale, les différends nés de
l’assujettissement à la contribution sociale généralisée des revenus mentionnés aux articles L. 136-
1 à L. 136-4 relèvent des juridictions du contentieux de la sécurité sociale et sont réglés selon les
dispositions applicables aux cotisations de sécurité sociale, conformément aux dispositions du
chapitre III du titre III et des chapitres II, III et IV du titre IV du livre Ier dans leur rédaction publiée à
la date de la publication de la dernière loi de financement de la sécurité sociale.
Le Conseil d’État a par ailleurs précisé et reconnu la compétence exclusive des juridictions du
contentieux de sécurité sociale pour connaître des litiges intéressant la contribution sociale généra-
lisée lorsqu’elle porte sur des revenus d’activité ou de remplacement (CE, 30 juill. 1997,
nº 173006 ; CE, 22 mars 1999, nº 201043 ; CE, 28 avr. 2000, nº 216459 ; CE, 8 août 2002,
nº 242984 ; CE, 23 févr. 2004, nº 209234 ; CE, 21 mars 2007, nº 262779 ; CE, 4 juin 2007,
nº 269449). Il en va de même pour la contribution au remboursement de la dette sociale, en appli-
cation de l’article 14 de l’ordonnance nº 96-50 du 24 janvier 1996, qui renvoie à l’article L. 136-5
du Code de la sécurité sociale (v. exception à l’article 15 de ladite ordonnance).
De la même manière, en application de l’article L. 137-4 du Code de la sécurité sociale, les diffé-
rends nés de l’assujettissement aux différentes contributions mentionnées au chapitre VII du
livre Ier du Code de la sécurité sociale (par exemple, le forfait social) relèvent, sauf dispositions
expresses contraires, du contentieux de la sécurité sociale et sont réglés selon les dispositions
applicables aux cotisations de sécurité sociale, conformément aux dispositions du chapitre III du
titre III et du chapitre II du titre IV du livre Ier du Code de la sécurité sociale et, en outre, du
chapitre V du titre II du livre VII du Code rural et de la pêche maritime pour le régime agricole.
S’agissant des contributions instituées aux articles L. 138-1, L. 138-10, L. 138-19-1, L. 245-1,
L. 245-5-1, L. 245-5-5-1 et L. 245-6 du CSS, dès lors qu’elles sont recouvrées et contrôlées, selon
les règles et sous les sanctions et garanties applicables au recouvrement des cotisations du
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CHAPITRE 1 – Le contentieux de la sécurité sociale 29
régime général assises sur les rémunérations, par des unions de recouvrement des cotisations de
sécurité sociale et d’allocations familiales (URSSAF) désignées par le directeur de l’Agence centrale
des organismes de sécurité sociale (ACOSS) (CSS, art. L. 138-20), les litiges qui en découlent relè-
vent du contentieux de la sécurité sociale.
Le contentieux de la sécurité sociale comprend également les litiges relatifs au recouvrement des
contributions, versements et cotisations mentionnés au 5º de l’article L. 213-1 du Code de la sécu-
rité sociale et au recouvrement des contributions, versements et cotisations mentionnés aux arti-
cles L. 1233-66, L. 1233-69, L. 3253-18, L. 5422-6, L. 5422-9, L. 5422-11, L. 5422-12 et L. 5424-
20 du Code du travail (CSS, art. L. 142-1, 2º et 3º). Il s’agit, entre autres :
– de la contribution versée à l’organisme chargé de la gestion du régime d’assurance chômage
par l’employeur, à défaut de proposition de sa part du contrat de sécurisation professionnelle
au salarié, lorsque son ancien salarié adhère audit contrat proposé par Pôle emploi ;
– du versement patronal au financement du contrat de sécurisation ;
– des cotisations à l’Assurance garantie des salaires (AGS) ;
– des contributions destinées au financement de l’assurance chômage.
Sauf exceptions, ces cotisations et contributions sont recouvrées par le réseau URSSAF depuis le
1er janvier 2011 (L. nº 2008-126, 13 févr. 2008).
Les contestations relatives à la contribution sociale de solidarité des sociétés (C3S) sont également
soumises aux juridictions du contentieux de la sécurité sociale et il en est de même des litiges rela-
tifs aux cotisations alimentant le fonds national d’aide au logement (FNAL).
Selon le nouvel article L. 142-1 du Code de la sécurité sociale issu de la loi du 23 mars 2019 de
programmation 2018-2022 et de réforme de la justice, le contentieux de la sécurité sociale
comprend aussi les litiges relatifs à l’état ou au degré d’invalidité de la personne en cas d’accident
ou de maladie non professionnels, et à l’état d’inaptitude au travail (CSS, art. L. 142-1, 4º). Pour
ces derniers, il s’agit des litiges s’élevant à l’occasion de demandes d’obtention d’une pension
pour inaptitude au travail visée à l’article L. 351-7 du Code de la sécurité sociale. Pour être
reconnu inapte au travail, l’assuré ne doit pas être en mesure de poursuivre l’exercice de son
emploi sans nuire gravement à sa santé et doit se trouver définitivement atteint d’une incapacité
de travail médicalement constatée d’au moins 50 % (CSS, art. R. 351-21, al. 2), compte tenu de
ses aptitudes physiques et mentales à l’exercice d’une activité professionnelle.
Enfin, relèvent du contentieux de la sécurité sociale les litiges relatifs :
– à l’état d’incapacité permanente de travail, notamment au taux de cette incapacité, en cas
d’accident du travail ou de maladie professionnelle (CSS, art. L. 142-1, 5º) ;
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30 L’ESSENTIEL DU CONTENTIEUX DE LA SÉCURITÉ SOCIALE
– à l’état ou au degré d’invalidité en cas d’accidents ou de maladies régies par les titres III, IV et VI
du livre VII du Code rural et de la pêche maritime, à l’état d’inaptitude au travail ainsi que, en
cas d’accidents du travail ou de maladies professionnelles régies par les titres V et VI du même
livre VII, à l’état d’incapacité permanente de travail, notamment au taux de cette incapacité
(CSS, art. L. 142-1, 6º).
On note que le 4o et le 5o reprennent le contenu de l’ancien contentieux technique de l’incapacité
à droit constant (CSS, anc. art. L. 142-2, 1o et 2o ). En revanche, le 6o modifie la rédaction de
l’ancien article L. 142-2, 3o du Code la sécurité sociale (v. supra). Cette évolution traduit la fusion
du contentieux technique et général de la sécurité sociale par la loi no 2019-222 de programma-
tion 2018-2022 et de réforme de la justice. Cette refonte mettant par là même un terme au parti-
cularisme du régime agricole où, auparavant, seuls les litiges relatifs à l’état d’incapacité de travail
pour l’application des dispositions du livre VII du Code rural et de la pêche maritime autres que
celles relevant du contentieux général de la sécurité sociale, étaient de la compétence matérielle
des anciens TCI.
Il faut relever qu’en ce contentieux d’ordre médical, il appartient aux juges non pas de retenir
l’évaluation du médecin-conseil de la caisse, mais d’évaluer eux-mêmes le taux d’incapacité
permanente en recourant, le cas échéant, à toute mesure d’instruction utile afin de respecter
l’article 6, § 1 de la Convention européenne des droits de l’homme (Cass. 2e civ., 3 avr. 2014,
nº 13-12752).
L’autre pan du contentieux de la sécurité sociale concerne la tarification de l’assurance des acci-
dents du travail. Ce contentieux technique de la tarification est défini au 7º de l’article L. 142-1
du Code de la sécurité sociale (CSS, anc. art. L. 142-2, 4o). Il comprend les litiges relatifs aux déci-
sions des caisses d’assurance retraite et de la santé au travail (CARSAT) et des caisses de mutualité
sociale agricole (MSA) concernant, en matière d’accidents du travail agricoles et non agricoles, la
fixation du taux de cotisation, l’octroi de ristournes, l’imposition de cotisations supplémentaires
et, pour les accidents régis par le livre IV du Code de la sécurité sociale, la détermination de la
contribution prévue à l’article L. 437-1 dudit Code.
À ces litiges portant stricto sensu sur l’application des législations et réglementations de la sécurité
sociale et de la mutualité sociale agricole, sont ajoutés au contentieux de la sécurité sociale les
litiges relatifs aux décisions de la Commission des droits et de l’autonomie des personnes
handicapées (CDAPH) mentionnées au premier alinéa de l’article L. 241-9 du Code de l’action
sociale et des familles (CASF) (CSS, art. L. 142-1, 8º – T. confl., 14 mai 2012, C851).
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CHAPITRE 1 – Le contentieux de la sécurité sociale 31
– le recours contre une décision de l’autorité de tutelle qui, dans l’exercice de ses pouvoirs de
tutelle, annule une décision d’un organisme de sécurité sociale (Cass. soc., 15 févr. 1978,
no 76-12636) ;
– le recours pour apprécier la régularité de l’annulation par l’autorité de tutelle d’une décision
d’une commission de recours amiable (Cass. soc., 16 mai 1991, nº 89-14610 ; v. infra).
À ces exclusions légales s’ajoutent les limites naturelles du contentieux de la sécurité sociale.
Compte tenu de la définition stricto sensu de la sécurité sociale, les conflits impliquant une institu-
tion de retraite complémentaire obligatoire ou une institution de prévoyance prévue au livre IX du
Code de la sécurité sociale – qui ne sont pas des organismes de sécurité sociale mais de protection
sociale complémentaire – relèvent des juridictions de droit commun de l’ordre judiciaire et non des
juridictions du contentieux de la sécurité sociale (Cass. 2e civ., 20 déc. 2007, nº 07-12591).
À l’inverse, relèvent du contentieux de la sécurité sociale les litiges concernant l’affiliation,
les prestations et les cotisations des régimes complémentaires des travailleurs indépen-
dants gérés par les organismes de sécurité sociale et s’inscrivant dans le prolongement du
régime légal de base (Cass. soc., 21 févr. 2002, nº 00-13285).
De la même manière, les juges retiennent que les avocats étant exclus de la liste des professions
libérales rattachées au régime d’assurance vieillesse des travailleurs non-salariés non agricoles et
soumis à une organisation indépendante de droit privé astreinte à un contrôle particulier, il en
résulte que les litiges qui intéressent l’assurance vieillesse et/ou invalidité décès des avocats les
opposant à la Caisse nationale des barreaux français (CNBF) relèvent de la compétence des juridic-
tions civiles, donc du futur tribunal judiciaire (loi de programmation 2018-2022) de Paris, juridic-
tion de droit commun du lieu où siège la CNBF.
D’autres litiges échappent au contentieux de la sécurité sociale parce qu’ils relèvent, par nature,
d’un autre contentieux, tel que le contentieux du travail. Les juridictions prud’homales sont, en
effet, compétentes pour connaître de la question de la réparation du préjudice causé à un salarié
en raison du non-paiement du précompte ou de sa non-déclaration par son employeur aux orga-
nismes de la sécurité sociale (Cass. soc., 28 juin 2006, nº 04-43969). Relève également de la
compétence des conseils de prud’hommes le litige opposant l’employeur et le salarié relatif à la
retraite supplémentaire due à ce dernier en vertu d’un accord collectif, cet avantage résultant du
contrat de travail (Cass. soc., 10 juill. 2002, nº 00-43816).
Enfin, il est parfois conféré aux organismes de sécurité sociale un pouvoir discrétionnaire
excluant tout pouvoir de contrôle des juges. Premier exemple, le refus d’un échéancier ou d’un
sursis à poursuite d’un organisme de recouvrement de la sécurité sociale (CSS, art. R. 243-21 –
depuis le décret no 2017-864 du 9 mars 2017, art. 2, les organismes de recouvrement peuvent
dorénavant octroyer un sursis à poursuite ou un échéancier) ne pourra pas être remis en cause
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CHAPITRE 1 – Le contentieux de la sécurité sociale 33
devant un tribunal spécialement désigné (Cass. soc., 10 oct. 1996, nº 94-20887), sauf cas de force
majeure (Cass. soc., 5 janv. 1995, nº 92-15421). Ainsi, il y a une incompétence du juge du
contentieux de la sécurité sociale à pouvoir appliquer les délais de grâce de l’article 1343-5 du
Code civil. Le pouvoir exclusif de l’organisme n’est remis en cause qu’en cas de procédure de
conciliation (livre VI du Code de commerce), lors d’un traitement d’une situation de
surendettement d’un travailleur indépendant ou par le juge de l’exécution (Cass. soc., 19 juill.
2001, nº 00-12917 ; Cass. 2e civ., 16 sept. 2003, nº 02-10909). Ce dernier peut accorder des
délais de grâce au redevable de cotisation ayant fait l’objet d’un commencement d’exécution
forcée en application de l’article 9 du décret nº 2012-783 du 30 mai 2012. Autrement dit, après
la signification du commandement ou de l’acte de saisie, selon le cas, il a compétence pour
accorder un délai de grâce.
Second exemple, l’article L. 256-4 du Code de la sécurité sociale mentionne qu’à l’exception des
cotisations et majorations de retard, les créances des caisses nées de l’application de la législation
de sécurité sociale, notamment dans des cas mentionnés aux articles L. 244-8, L. 374-1, L. 376-1 à
L. 376-3, L. 452-2 à L. 452-5, L. 454-1 et L. 811-6 du CSS, peuvent être réduites en cas de préca-
rité de la situation du débiteur par décision motivée par la caisse, sauf en cas de manœuvre frau-
duleuse ou de fausses déclarations (disposition qui est aussi applicable à l’assurance vieillesse,
invalidité-décès des professions artisanales, commerciales et industrielles ; ainsi qu’à l’assurance
vieillesse et l’assurance invalidité des ministres des cultes et membres des congrégations et collec-
tivités religieuses). Seules les caisses de la sécurité sociale ont la faculté de remettre ou de réduire,
en raison de la précarité de la situation du débiteur, le montant de sa créance (Cass. soc., 19 mars
1992, nº 89-21056 ; Cass. 2e civ., 10 mai 2012, nº 11-11278). Saisie d’une question prioritaire de
constitutionnalité portant sur la conformité de ce texte, en ce qu’il violerait le principe d’égalité
des assurés en conférant aux caisses l’appréciation sans aucun contrôle judiciaire des juridictions
du contentieux de la sécurité sociale, ni règle précise des assurés qui peuvent bénéficier d’une
remise, la Cour de cassation a considéré qu’il n’y avait pas lieu de renvoyer cette question au
Conseil constitutionnel. La question n’est pas nouvelle dès lors qu’elle ne porte pas sur
l’interprétation d’une disposition constitutionnelle dont le Conseil constitutionnel n’aurait pas eu
l’occasion de faire application ; la question ne présente pas un caractère sérieux en ce que la
réduction de sa créance par la caisse n’est pas un droit pour le débiteur et que le principe
d’égalité ne s’oppose ni à ce que le législateur règle de façon différente des situations
différentes, ni à ce qu’il déroge à l’égalité pour des raisons d’intérêt général pourvu que, dans
l’un et l’autre cas, la différence de traitement qui en résulte soit en rapport direct avec l’objet de
la loi qui l’établit (Cass. 2e civ., 7 juill. 2011, nº 11-40028).
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34 L’ESSENTIEL DU CONTENTIEUX DE LA SÉCURITÉ SOCIALE
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l’intéressé peut être contestée devant la juridiction du contentieux de la sécurité sociale. Le
directeur de la caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) prononce alors une pénalité ne
pouvant être inférieure à un plancher fixé par les textes.
Ces agissements sont qualifiés de fraudes (CSS, art. R. 147-11, 5º).
La solution jurisprudentielle rendue par la Cour de cassation sous le sceau de l’article 6, § 1 de
la Convention européenne des droits de l’homme, par deux arrêts remarqués du 8 avril 2010
(Cass. 2e civ., 8 avr. 2010, nos 09-11232 et 08-20906) où elle confirme (Cass. 2e civ., 19 févr.
2009, nº 07-20374) qu’il appartient aux juridictions du contentieux de la sécurité sociale
d’apprécier « souverainement » l’adéquation d’une sanction à « caractère punitif » prononcée
par « tout organisme social » à la gravité de l’infraction commise, perpétue néanmoins le
contrôle de proportionnalité en matière d’infractions aux conditions du bénéfice des
indemnités journalières, dès lors que la position de la Cour consacre et généralise le pouvoir
juridictionnel de modulation de la sanction, en dehors de toute disposition spéciale, en visant
expressément tout organisme social et toute sanction à caractère punitif. Ainsi, le
recouvrement auprès de l’employeur des dépenses engagées par la caisse à l’occasion d’un
accident de travail tardivement déclaré ou non déclaré prévu à l’article L. 471-1 du Code de
la sécurité sociale constitue une sanction dont il appartient aux juges d’apprécier la
proportionnalité (Cass. 2e civ., 13 mars 2014, nº 13-16133). De même, la pénalité prononcée
en raison des manquements listés à l’article L. 114-17-1 ou L. 114-17 du CSS est soumise au
contrôle d’adéquation du montant de la pénalité à l’importance de l’infraction commise par
l’assuré du juge du contentieux de la sécurité sociale (Cass. 2e civ., 15 févr. 2018, nº 17-
12966). Ce contrôle s’exerce dans les limites fixées par le texte qui institue la pénalité
(Cass. 2e civ., 15 juin 2017, nº 16-19198).
Aussi, le remboursement des indemnités journalières imposé à un salarié en arrêt maladie qui
exerce néanmoins une activité rémunérée n’est pas une sanction, la condition du paiement de
l’indemnité journalière (la perte de revenus par suite de l’arrêt de travail) faisant défaut.
L’obligation de remboursement des indemnités journalières peut donc se cumuler avec la
pénalité financière infligée à tout salarié qui fraude aux droits de la sécurité sociale en
travaillant contre rémunération pendant une période d’arrêt de travail indemnisée
(Cass. 2e civ., 12 juill. 2018, nº 17-16539).
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36 L’ESSENTIEL DU CONTENTIEUX DE LA SÉCURITÉ SOCIALE
2 Recours préalable
Le règlement des litiges relevant du contentieux de la sécurité sociale obéit à des règles singu-
lières. Parmi ces particularismes, les recours contentieux sont précédés d’un recours
préalable.
Quant au contentieux de l’admission à l’aide sociale, il est précisé que ces recours préalables
peuvent être formés par le demandeur, ses débiteurs d’aliments, l’établissement ou le service qui
fournit les prestations, le représentant de l’État dans le département ainsi que les organismes de
sécurité sociale et de mutualité sociale agricole intéressés (CSS, art. L. 142-4, al. 2).
■ Recours préalable devant la CRA
Les réclamations du contentieux de la sécurité sociale relevant des matières mentionnées aux 1º,
2º et 3º de l’article L. 142-1 du Code de la sécurité sociale, tel qu’issu de la loi du 23 mars 2019,
formées contre les décisions implicites ou explicites prises par les organismes de sécurité sociale
et de mutualité sociale agricole de salariés ou de non-salariés sont soumises, sauf exceptions
(CSS, art. L. 142-4, al. 3), à une procédure gracieuse devant une commission de recours amiable
(CRA) composée et constituée au sein du conseil, du conseil d’administration ou de l’instance
régionale de chaque organisme (CSS, art. R. 142-1, al. 1). Il s’agit d’un recours préalable obliga-
toire (CSS, art. L. 142-4, al. 1), à l’exception du contentieux de la tarification (CSS, art. L. 142-1,
al. 7 ; v. infra).
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des invalides de la marine [ENIM], qui gère le régime des marins : Cass. 2e civ., 16 déc. 2011,
nº 10-26908).
S’ajoutent les exceptions suivantes :
– des contestations relatives à la répartition du coût de l’accident du travail ou de la maladie
professionnelle entre l’entreprise utilisatrice et l’entreprise de travail temporaire (CSS, art.
L. 241-5-1 ; C. rur., art. L. 751-14) ;
– des litiges concernant en application de l’article L. 133-4 les sommes réclamées aux profes-
sionnels de santé ou établissements en cas d’inobservation des règles de tarification ou de
facturation non réglées aux dates d’exigibilité mentionnées dans la mise en demeure ;
– les litiges nés des transactions conclues entre le directeur d’une URSSAF ou d’une caisse
générale de sécurité sociale (CGSS) ou d’une caisse de mutualité sociale agricole (CMSA) et
un cotisant (CSS, art. L. 243-6-5 ; C. rur., art. L. 725-26).
L’ordonnance nº 2018-358 du 16 mai 2018 relative au traitement juridictionnel du contentieux
de la sécurité sociale et de l’aide sociale est venue promouvoir légalement quatre dernières exclu-
sions relatives aux sanctions administratives figurant auparavant à l’article R. 142-7 du Code de la
sécurité sociale en les insérant dans le nouvel article L. 142-4, alinéa 3 du CSS, il s’agit :
– des contestations portant sur les pénalités administratives prononcées par le directeur de
l’organisme chargé de la gestion des prestations familiales ou des prestations d’assurance vieil-
lesse à l’encontre des assurés en cas de déclarations inexactes ou incomplètes faites pour le
service des prestations, d’absence de déclaration d’un changement dans la situation justifiant
le service des prestations, d’exercice d’un travail dissimulé par le bénéficiaire de prestations
versées sous conditions de ressources ou de cessation d’activité, d’agissements visant à
obtenir ou à tenter de faire obtenir le versement indu de prestations servies, même sans en
être le bénéficiaire, d’actions ou d’omissions ayant pour objet de faire obstacle ou de se sous-
traire aux opérations de contrôle exercées par les organismes (CSS, art. L. 114-17) ;
– des litiges portant la pénalité prononcée par le directeur d’une CPAM, d’une CARSAT, d’une
caisse locale de mutualité sociale agricole sanctionnant les fraudes des bénéficiaires, des
employeurs, des professionnels et établissements de santé et de tout individu impliqué dans
le fonctionnement d’une fraude en bande organisée (CSS, art. L. 114-17-1) ;
– les litiges portant sur les sanctions prises par la caisse en cas de non-respect par le médecin
des références médicales opposables (CSS, art. art. L. 162-12-16) ;
– les litiges survenant à l’occasion de la décision d’une CPAM de placer un professionnel hors
de l’une des conventions ou, en ce qui concerne les médecins, du règlement minimal (CSS,
art. L. 162-34).
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38 L’ESSENTIEL DU CONTENTIEUX DE LA SÉCURITÉ SOCIALE
1967 relative à l’organisation administrative et financière de la sécurité sociale, les conseils d’admi-
nistration des CPAM comprenaient pour moitié des représentants des assurés et pour moitié des
représentants des employeurs, l’article 1er de la loi du 17 décembre 1982 relative à la composition
des conseils d’administration des organismes du régime général de sécurité sociale a élargi la
composition de ces conseils à d’autres catégories de membres. Dès lors, il résulte de la combi-
naison de ces dispositions et de celles de l’article 2 du décret du 22 décembre 1958 que, depuis
l’entrée en vigueur de ces dispositions, les conseils d’administration des CPAM doivent désigner,
outre deux administrateurs appartenant à la même catégorie que le réclamant, deux administra-
teurs qu’ils peuvent choisir parmi toutes les autres catégories d’administrateurs. Pour le Conseil
d’État, la CRA étant une émanation du conseil d’administration, toutes les catégories de
membres dudit conseil doivent pouvoir y être choisies.
Le décret nº 2018-199 du 23 mars 2018 révise en ce sens la composition des CRA. Il procède ainsi
à un élargissement de la composition des CRA de ces organismes, entrant en vigueur dès une
nouvelle désignation des membres des CRA concernées et, au plus tard, le 31 mars 2019. Alors
qu’auparavant ces commissions étaient composées de manière paritaire avec quatre membres
issus du conseil d’administration (deux représentants des assurés sociaux et deux représentants
des employeurs et des travailleurs indépendants), s’ajoute aujourd’hui un administrateur ou un
conseiller de l’organisme choisi parmi les autres catégories d’administrateur ou conseillers (CSS,
art. R. 142-2, al. 1, 1º, c), issu d’une organisation intervenant dans le domaine de la famille ou de
l’assurance maladie. Toutefois, en application de la loi nº 2016-41 du 26 janvier 2016 de moderni-
sation de notre système de santé, seuls les membres des CPAM, des caisses communes et CGSS
désignés par les partenaires sociaux ont compétence pour connaître des différends auxquels
donne lieu l’application de la législation relative aux accidents du travail et aux maladies profes-
sionnelles. Ainsi, en ces hypothèses, ce cinquième administrateur ne siège pas (CSS, art. R. 142-2,
al. 2).
Dans ces organismes, les commissions de recours amiable peuvent valablement statuer si au moins
trois membres, dont au moins un représentant des assurés sociaux, un des employeurs et un
représentant des employeurs et des travailleurs indépendants sont présents. En matière d’acci-
dents du travail et de maladies professionnelles, la commission statue valablement si sont présents
au moins un représentant des assurés sociaux et un représentant des employeurs et travailleurs
indépendants (CSS, art. R. 142-2-1, al. 3).
2) Composition de la CRA de la CNAV
La commission de la Caisse nationale d’assurance vieillesse (CNAV) comprend trois administrateurs
choisis parmi les représentants des employeurs et trois administrateurs choisis parmi les représen-
tants des assurés sociaux (CSS, art. R. 142-2, al. 3).
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40 L’ESSENTIEL DU CONTENTIEUX DE LA SÉCURITÉ SOCIALE
3) Composition des CRA des autres organismes du régime général de sécurité sociale
et des organismes des régimes spéciaux de sécurité sociale mentionnés à l’article
R. 711-20 du CSS
Pour ces autres organismes, dont les URSSAF, la CRA comprend deux administrateurs ou conseil-
lers de l’organisme choisis parmi les représentants des assurés sociaux et deux administrateurs ou
conseillers de l’organisme choisis parmi les représentants des employeurs et des travailleurs indé-
pendants (CSS, art. R. 142-2, 1º, a et b).
Leurs CRA peuvent valablement statuer si est présent au moins un représentant de chacune de ces
catégories d’administrateurs ou de conseillers (CSS, art. R. 142-2-1, al. 4).
4) Composition des CRA des instances régionales du CPSTI et des organismes d’assurance
vieillesse et invalidité-décès des professions libérales
Pour les organismes de sécurité sociale des travailleurs indépendants, leur commission de recours
amiable est composée de quatre membres du conseil d’administration de l’organisme intéressé
ou de l’instance régionale (CSS, art. R. 142-2, 2º).
La protection sociale des travailleurs indépendants est chapeautée par le Conseil de la protection
sociale des travailleurs indépendants (CPSTI) (CSS, art. L. 612-1 et s.), qui dispose d’instances régio-
nales (CSS, art. L. 612-2, al. 3). Au sein des conseils et conseils d’administration des CPAM, des
URSSAF, des CARSAT, des CGSS et de la caisse commune de sécurité sociale de Lozère, un
membre de l’instance de la région dans laquelle se situent ces caisses représente le Conseil de la
protection sociale des travailleurs indépendants. Il dispose dans ces conseils et conseils d’adminis-
tration d’une voix consultative. Il est prévu de procéder aux autres désignations nécessaires à la
représentation des travailleurs indépendants dans les instances ou organismes au sein desquels
ceux-ci sont amenés à siéger (CSS, art. L. 612-4, al. 4).
Ces instances régionales de la protection sociale des travailleurs indépendants sont composées de
représentants des travailleurs indépendants et des retraités désignés par les organisations profes-
sionnelles représentatives de ces travailleurs au niveau national (définies à CSS, art. L. 612-6).
Elles décident de l’attribution des aides et prestations en matière d’action sanitaire et sociale
accordées aux travailleurs indépendants dans le cadre des orientations définies par le Conseil de
la protection sociale des travailleurs indépendants. Les demandes sont déposées auprès des orga-
nismes locaux et régionaux du régime général, qui les instruisent, saisissent les instances régio-
nales pour décision et procèdent au paiement des aides et prestations attribuées (CSS, art.
L. 612-4, al. 3).
S’agissant du régime d’assurance vieillesse et invalidité-décès des professions libérales, l’organisa-
tion autonome d’assurance vieillesse des professions libérales comprend une caisse nationale et
dix sections professionnelles à compétence nationale dotées de la personnalité juridique et de
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CHAPITRE 1 – Le contentieux de la sécurité sociale 41
l’autonomie financière (CSS, art. L. 641-1 et s.). Ce sont quatre de leurs membres de leurs conseils
d’administration respectifs qui composent leurs CRA.
Pour l’ensemble de ces organismes ou instances régionales, la commission peut valablement
statuer si sont présents au moins deux membres (CSS, art. R. 142-2-1, al. 5).
5) Composition des CRA des organismes de mutualité sociale agricole
Pour les organismes de mutualité sociale agricole, leur commission de recours amiable est
composée de deux administrateurs choisis parmi les représentants des non-salariés et de deux
administrateurs choisis parmi les représentants des salariés (CSS, art. R. 142-2, 3º, a et b).
Leurs CRA peuvent valablement statuer si est présent au moins un représentant de chacune de ces
catégories d’administrateurs ou de conseillers (CSS, art. R. 142-2-1, al. 4).
b) Saisine de la CRA
La saisine de la commission de recours amiable avant tout recours judiciaire est une formalité
substantielle (Cass. 2e civ., 19 févr. 1954 : JCP 1954, II, 8375 – Cass. soc., 19 mars 1969 :
Bull. civ. V, nº 197 – Cass. soc., 11 févr. 1981, nº 130, p. 98) d’ordre public. La demande présentée
directement au juge est irrecevable. Plus précisément, l’omission de ce recours préalable constitue
une fin de non-recevoir pouvant être soulevée en tout état de cause (Cass. 2e civ., 6 nov. 2014,
nº 13-24010 ; pour la première fois en appel : Cass. soc., 9 nov. 1978, nº 77-12487).
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La composition de cette CRA doit alors tenir compte de la catégorie à laquelle appartient le
réclamant. Dès lors, deux administrateurs de l’organisme appartenant à sa catégorie doivent
siéger.
Enfin, jusqu’au 31 décembre 2019, les réclamations portées par les travailleurs indépendants
sur ces sujets sont recevables, qu’elles soient adressées à la caisse déléguée pour la sécurité
sociale des travailleurs indépendants (CDSSTI), au Conseil de la protection sociale des travail-
leurs indépendants ou aux organismes du régime général compétents.
Ces règles ne sont pas applicables aux cotisations recouvrées et aux prestations servies par les
organismes vieillesse et invalidité-décès des professions libérales et au régime des avocats.
La CRA qui doit être saisie est celle de l’organisme émetteur de la décision contestée. Néanmoins,
des règles de compétence adaptées sont prévues en cas d’accident survenu dans la circonscription
d’un organisme de sécurité sociale ou de mutualité sociale agricole autre que l’organisme dont
relève l’assuré ou lorsque les bénéficiaires résident dans la circonscription d’un autre organisme
que celui dont relève l’assuré (CSS, art. R. 142-3).
Depuis le décret nº 2016-941 du 8 juillet 2016, le délai de recours est unifié. La commission de
recours amiable doit être saisie dans un délai de 2 mois à compter de la notification de la décision
contre laquelle les intéressés entendent former réclamation. Aucune forclusion ne peut être
opposée à l’auteur de cette réclamation s’il n’est pas porté mention de ce délai, ainsi que des
voies de recours, de manière apparente et non équivoque dans la notification de la décision
contestée ou, en cas de décision implicite, dans l’accusé de réception de sa demande (CSS,
art. R. 142-1-A, III). C’est à l’assuré ou au cotisant de rapporter la preuve que ce délai de recours
n’a pas été porté à sa connaissance. Le délai sera par ailleurs considéré comme respecté même si
la réclamation est portée devant un service incompétent (Cass. 2e civ., 5 juin 2008, nº 07-13046). Il
faut également que soient précisées les modalités d’exercice de ce recours préalable obligatoire.
L’indication des voies et délais de recours est néanmoins appréciée souplement, puisqu’a été jugé
que « les voies et délais de recours peuvent être mentionnés en petits caractères au dos de la mise
en demeure notifiée à une société à condition d’être parfaitement lisibles » (Cass. 2e civ., 6 juill.
2017, nº 16-22228). À défaut de saisine de la commission dans ce délai impératif, le demandeur
est forclos, la décision de l’organisme devient définitive. Tout recours judiciaire est alors frappé
d’une fin de non-recevoir dont le caractère d’ordre public impose au juge de le relever d’office
(Cass. 2e civ., 9 oct. 2014, nº 13-20669). Il a ainsi été jugé que le caractère tardif de la saisine de
la commission de recours amiable constitue une fin de non-recevoir pouvant être soulevée en
tout état de cause ; elle peut donc être évoquée devant la juridiction, quand bien même elle
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CHAPITRE 1 – Le contentieux de la sécurité sociale 43
n’aurait pas été soulevée devant la commission (Cass. 2e civ., 6 nov. 2014, nº 13-24010) ; il
appartient toutefois à celui qui invoque la tardiveté du recours d’en rapporter la preuve.
La saisine de la commission de recours amiable n’est soumise à aucune forme particulière. En
matière de contrôle cependant, l’article R. 243-59-9 du Code de la sécurité sociale impose que
les formalités prévues à l’article R. 142-1 puissent être effectuées par tout moyen donnant date
certaine à leur réception.
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ou aucun contrôle n’ait été engagé. Il est également précisé que l’engagement de la média-
tion suspend, à compter de la notification portant sur la recevabilité de la réclamation
jusqu’à la communication de sa recommandation, les délais de recours et les délais de pres-
cription, notamment de remboursement des cotisations indues.
L’exemple du traitement des réclamations des travailleurs indépendants
Les réclamations, formulées par les travailleurs indépendants, qui portent sur leurs cotisations
ou contributions de sécurité sociale ou le service de leurs prestations peuvent être présentées,
sans préjudice des voies de recours existantes, au médiateur régional de la protection sociale
des travailleurs indépendants.
Le médiateur régional – bénévole – désigné formule auprès du directeur ou des services de
l’organisme concerné des recommandations pour le traitement de ces réclamations. La réclama-
tion ne peut être traitée par le médiateur que si elle est précédée d’une démarche auprès de
l’organisme concerné et qu’elle ne fait l’objet d’aucune saisine de la CRA, d’aucun rescrit social
et d’aucune transaction, et qu’aucun contrôle n’a été engagé. La saisine du médiateur suspend
le délai de recours auprès de la CRA. La médiation s’achève au plus tard au bout de 3 mois.
La loi nº 2018-727 du 10 août 2018 pour un État au service d’une société de confiance
a généralisé et légalisé au sein de l’ensemble des organismes de sécurité sociale du régime
général la pratique de la médiation. A cette fin, a été inséré dans le chapitre du Code de la
sécurité sociale relatif aux dispositions communes aux organismes locaux et régionaux l’article
L. 217-7-1 ainsi rédigé :
« I. – Les réclamations concernant les relations entre un organisme de sécurité sociale relevant
du présent livre et ses usagers peuvent être présentées, sans préjudice des voies de recours
existantes, devant le médiateur de l’organisme concerné.
Le médiateur est désigné par le directeur de l’organisme. Il exerce ses fonctions en toute
impartialité et dans le respect de la confidentialité des informations dont il a à connaître.
Il formule auprès du directeur ou des services de l’organisme des recommandations pour le
traitement de ces réclamations, dans le respect des dispositions législatives et réglementaires
en vigueur.
II. – Toute réclamation mentionnée au I ne peut être traitée par le médiateur que si elle a été
précédée d’une démarche du demandeur auprès des services concernés de l’organisme et si
aucun recours contentieux n’a été formé. L’engagement d’un recours contentieux met fin à
la médiation.
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CHAPITRE 1 – Le contentieux de la sécurité sociale 45
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L’engagement de la procédure de médiation suspend, à compter de la notification portant sur
la recevabilité de la réclamation soumise au médiateur et jusqu’à ce que celui-ci ait commu-
niqué ses recommandations aux deux parties, les délais de recours prévus pour ces réclama-
tions.
III. – Un médiateur national est désigné, pour chacune des caisses nationales mentionnées au
présent livre, par le directeur de la caisse nationale, après consultation du président du
conseil ou du conseil d’administration.
Le médiateur national évalue la médiation dans l’ensemble de la branche concernée, notam-
ment par la réalisation d’un rapport annuel. Ce rapport formule des recommandations pour
améliorer le traitement des réclamations et propose, le cas échéant, des modifications de la
réglementation. Le rapport est présenté au conseil ou au conseil d’administration de la caisse
nationale et transmis au Défenseur des droits.
IV. – Le conciliateur mentionné à l’article L. 162-15-4 exerce les attributions prévues au I du
présent article. Le II est applicable aux réclamations qui lui sont présentées.
V. – Lorsque la réclamation mentionnée au I du présent article concerne le montant des cotisa-
tions dues par les travailleurs indépendants non agricoles en application de l’article L. 131-6,
l’organisme chargé du recouvrement de celles-ci transmet à l’usager, à sa demande ou à
celle du médiateur, les modalités de calcul retenues dans des conditions fixées par décret
(entre en vigueur au 1er janvier 2020).
VI. – Un décret précise les garanties encadrant l’exercice de la médiation prévue au I, notam-
ment en matière de formation préalable, de compétences requises, d’indépendance, d’impar-
tialité et de confidentialité dans le traitement des réclamations et dans la formulation de ses
recommandations. »
qu’il ne l’ait pas soulevée à l’occasion du recours amiable » (Cass. 2e civ., 14 sept. 2006 : Bull. civ. II
nº 235). Il peut alors soulever pour la première fois devant le juge la nullité de la mise en demeure.
D’ailleurs, la Cour de cassation est intervenue pour préciser que « la nullité de la mise en demeure
constitue une défense au fond, que par suite elle peut être proposée en tout état de cause,
conformément à l’article 72 du Code de procédure civile [CPC] ». Il s’ensuit que l’argument
reposant sur la nullité de la mise en demeure peut être présenté pour la première fois en appel
(Cass. soc., 5 déc. 1996 : RJS 1997, nº 200). Ce qui importe devant la commission c’est que soient
mentionnés tous les points contestés afin de conserver, le cas échéant, la voie de recours
contentieux sur l’ensemble de ces griefs (Cass. soc., 25 janv. 1989, nº 86-11940 : Bull. civ. V, nº 65
− Cass. soc., 29 mars 2001, nº 99-17912). Par exemple, le cotisant est lié par le contenu de sa
lettre de réclamation quant au champ de la contestation ou des chefs de redressement contestés
en matière de contrôle (Cass. 2e civ., 9 févr. 2017, nº 16-12242). À défaut, la décision de
l’organisme devient définitive et acquiert l’autorité de chose décidée (Cass. soc., 8 juill. 1980,
nº 78-15863) à l’expiration du délai de saisine de la commission à l’égard du ou des points non
contestés devant la CRA.
Dans la mesure où la commission de recours amiable n’est pas une juridiction (v. infra), sa saisine
ne suspend pas les délais de prescription. Il en est ainsi de la prescription triennale de l’action civile
en recouvrement (CSS, art. L. 244-8-1), qui court à compter de l’expiration du délai laissé par la
mise en demeure (ou l’avertissement) au cotisant pour régler celle-ci. De même, les majorations
de retard complémentaires fixées à 0,20 % (CSS, art. R. 243-18, al. 2) continuent à courir en
dépit de la saisine de la commission.
Les IDIRA
En raison de la régionalisation du réseau URSSAF, les anciennes commissions des URSSAF
départementales sont, depuis le 1er janvier 2014, devenues les instances départementales
d’instruction des recours amiables (IDIRA) (CSS, art. D. 213-7, II, dernier al.). Chargées d’ins-
truire les recours relevant du champ départemental, elles proposent, à l’issue de l’instruction,
une décision à la CRA de l’URSSAF régionale. Seule la CRA régionale a un pouvoir délibératif ;
sa décision doit être motivée et elle doit se justifier si sa position est divergente de la proposi-
tion de l’IDIRA, garante de l’application uniforme du droit dans la région. La CRA renvoie sa
décision à l’IDIRA, qui la notifie au cotisant. Le pouvoir de traitement et de décision est
délégué par le conseil d’administration à la CRA. Seuls les avis de la CRA recueillant un
partage des voix sont soumis pour décision au conseil d’administration.
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CHAPITRE 1 – Le contentieux de la sécurité sociale 47
c) Décision de la CRA
1) Décision explicite
La commission de recours amiable donne son avis au conseil, au conseil d’administration ou à
l’instance régionale, qui statue et notifie sa décision à l’intéressé. En pratique toutefois, le conseil,
le conseil d’administration ou l’instance régionale délègue souvent tout ou partie de ses pouvoirs à
la commission dans les conditions qu’il détermine (CSS, art. R. 142-4, al. 3).
En cas de partage égal des voix au sein de la commission, il est statué par le conseil, le conseil
d’administration ou l’instance régionale. Par ailleurs, lorsque la commission de la CPAM, de la CAF,
de la CGSS ou de la caisse commune de sécurité sociale de Lozère comprend un administrateur ou
un conseiller de l’organisme choisi parmi les autres catégories d’administrateurs, la décision ou l’avis
de la commission ne peut être adopté dès lors que deux membres au moins s’y opposent. Dans
cette hypothèse, c’est le conseil ou le conseil d’administration qui statue (CSS, art. R. 142-4, al. 4).
La commission de recours amiable peut soit faire droit (totalement ou partiellement) à la
demande, soit la rejeter (totalement ou partiellement).
La décision de la CRA doit être motivée. L’article R. 142-1-A, I du Code de la sécurité sociale
mentionne que « Sous réserve des dispositions particulières prévues par la section 2 du présent
chapitre et des autres dispositions législatives ou réglementaires applicables, la motivation des
décisions prises par les autorités administratives et les organismes de sécurité sociale ainsi que les
recours préalables mentionnés à l’article L. 142-4 du présent Code, sont régis par les dispositions
du Code des relations du public avec l’administration. Ces décisions sont notifiées aux intéressées
par tout moyen conférant date certaine à la notification. » (D. nº 2018-928, 29 oct. 2018 relatif au
contentieux de la sécurité sociale et de l’aide sociale, art. 2).
Plus encore, tel que modifié par le décret nº 2016-941 du 8 juillet 2016, l’article R. 142-4, alinéa 2
du Code de la sécurité sociale exige que dans les cas de redressement des cotisations de sécurité
sociale, la décision de la commission détaille par motif de redressement les montants qui, le cas
échéant, sont annulés et ceux dont le cotisant reste redevable au titre de la mise en demeure.
À défaut de répondre à cette exigence de motivation, le délai de recours judiciaire ne peut courir
et la forclusion ne peut être opposée à l’intéressé (Cass. soc., 11 mai 2001, nº 99-17794).
Avant sa communication au demandeur, la décision de la commission de recours amiable est
soumise au contrôle de la tutelle exercée par la mission nationale de contrôle et d’audit des orga-
nismes de sécurité sociale (MNC) (CSS, art. R. 155-1 tel que modifié par le décret no 2019-718 du
5 juillet 2019 procédant au regroupement et à la mise en cohérence des dispositions du Code de
la sécurité sociale applicables aux travailleurs indépendants, art. 9 ; circ. DSS nº 2009-191, 3 juill.
2009 relative à la création d’une mission nationale de contrôle et d’audit des organismes de
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48 L’ESSENTIEL DU CONTENTIEUX DE LA SÉCURITÉ SOCIALE
sécurité sociale ; circ. DSS/SD2/2009/390, 29 déc. 2009 relative à la création d’une mission natio-
nale de contrôle et d’audit des organismes de sécurité sociale). Cette dernière peut, dans les
8 jours (délai franc), soit annuler la décision de la commission lui paraissant illégale, soit lorsque
les éléments soumis à son appréciation nécessitent un complément d’instruction, suspendre l’exé-
cution jusqu’à décision du ministre chargé de la sécurité sociale, saisit aux fins d’annulation. En
cette hypothèse, le ministre informe la caisse nationale compétente, laquelle lui fait connaître, le
cas échéant, son avis. Lorsque la décision ministérielle n’intervient pas dans le délai de 40 jours à
compter de la date de suspension de la décision du conseil ou du conseil d’administration par le
responsable du service de la MNC, cette décision est exécutoire de plein droit. Lorsque les déci-
sions lui paraissent de nature à compromettre l’équilibre financier des risques, le responsable de
la MNC peut, dans un délai de 8 jours, en suspendre l’application. Il notifie cette suspension à la
caisse intéressée qui, si elle maintient sa décision, saisit la caisse nationale compétente (CSS,
art. R. 151-1).
La notification de la décision de la commission – ainsi contrôlée par la tutelle − se fait dans le délai
de 2 mois (CSS, art. R. 142-6, al. 1er).
Le délai de notification de la décision de la commission court à compter de la réception de la
contestation par l’organisme de sécurité sociale. En revanche, si des documents sont produits
après la saisine de la CRA, le délai de réponse de cette dernière ne court qu’à dater de leur récep-
tion (CSS, art. R. 142-6, al. 2). Le délai n’est toutefois prorogé que pour autant que l’envoi des
documents intervienne avant qu’il soit expiré (Cass. 2e civ., 12 mars 2015, nº 14-13521). Toute
saisine du juge de la sécurité sociale formée avant l’expiration de ce délai serait irrecevable, car
ne pouvant se fonder sur la contestation d’une décision de l’organisme destinataire de la
réclamation. Aussi, si le comité d’abus de droit a été saisi d’une demande relative au même litige
que celui qui donne lieu à la réclamation portée devant la CRA, le délai qu’a cette dernière pour
décider ne court qu’à compter de la réception de l’avis du comité par l’organisme de
recouvrement.
L’article R. 142-1-A, III du Code de la sécurité sociale précise que les délais de recours et voies de
recours – ici, contre la décision de la CRA – ne sont opposables à compter de la notification de la
décision qu’à la condition d’avoir été mentionnés dans cette notification ou, en cas de décision
implicite, dans l’accusé de réception de la demande.
Auparavant, la Cour de cassation, à propos d’une décision explicite d’une commission de recours
amiable, ajoutait au texte alors applicable en exigeant que figurent de manière apparente sur la
décision de la commission le délai de recours de la juridiction compétente et les modalités d’exer-
cice de ce recours (Cass. soc., 19 sept. 1991, nº 89-16002). Soucieuse des droits des assurés et
cotisants, la Cour de cassation soumettait les CRA au respect des exigences relatives à la mention
des délais d’exercice des voies de recours de l’article 680 du Code de procédure civile. Ainsi, le
délai de recours judiciaire ne commence à courir que sous réserve que le requérant soit informé
du délai de recours et de ses modalités d’exercice. Pareillement, si la décision de la commission
n’a pas été réclamée par l’intéressé, le délai de recours ne peut courir puisque l’intéressé n’a pu
en avoir connaissance (Cass. 2e civ., 16 sept. 2003, nº 02-30437 ; Cass. 2e civ., 8 oct. 2015, nº 14-
20252). Ce renvoi aux règles particulières à la notification des jugements était paradoxal dès lors
que les commissions de recours amiable ne sont pas des juridictions (v. infra). La nouveauté
apportée par le décret évite cet écueil.
Cette exigence, aujourd’hui réglementaire, doit néanmoins se combiner avec la faculté dont dispo-
sent les commissions de rendre des décisions implicites de rejet.
2) Décision implicite
Au terme du premier alinéa de l’article R. 142-6 du Code de la sécurité sociale, lorsque la décision
du conseil, du conseil d’administration ou de l’instance régionale ou de la commission n’a pas été
portée à la connaissance du requérant dans le délai de 2 mois, l’intéressé peut considérer sa
demande comme rejetée.
En cette hypothèse, le tribunal doit être saisi dans un délai de 2 mois à compter de l’expiration de
ce premier délai de 2 mois. La difficulté tient à ce qu’une décision implicite présente l’inconvénient
de ne pas informer expressément des voies et délais de recours possibles. Or, la fin de non-rece-
voir tirée de l’expiration de ce délai de recours a un caractère d’ordre public et doit être relevée
d’office par le juge (Cass. soc., 18 juill. 1997, nº 95-17008). La faculté des décisions implicites de
rejet doit alors se conjuguer avec le caractère impératif du délai de saisine du juge et la garantie
des droits des assurés. À cet effet, la Cour de cassation était venue poser que « la forclusion tirée
de l’expiration du délai de recours prévu par l’ancien article R. 142-18 du Code de la sécurité
sociale ne peut être opposée au requérant que si celui-ci a été informé du délai de recours et de
ses modalités d’exercice » (Cass. soc., 30 nov. 2000, nº 99-12651 ; v. aussi Cass. soc., 1er mars
2001, nº 99-12547).
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50 L’ESSENTIEL DU CONTENTIEUX DE LA SÉCURITÉ SOCIALE
En pratique, les organismes ont la possibilité d’indiquer dans la notification de la décision qu’en
cas de contestation de celle-ci devant la CRA, la demande est susceptible de donner lieu à une
décision implicite de rejet et d’indiquer à cet effet les délais et voies de recours judiciaire (après
une décision implicite). Ou bien la CRA peut porter ces indications dans le courrier de réception
de la réclamation. En effet, la CRA doit accuser réception des réclamations dont elle est saisie
(L. nº 2000-321, 12 avr. 2000, art. 19 ; CRPA, L. 112-3 et s.). Il a ainsi été jugé, au visa de cet
article notamment, que l’information incomplète et erronée dans l’accusé de réception empêche
le délai de recours contentieux de courir (Cass. 2e civ., 9 avr. 2009, nº 08-12935).
Cette pratique articulant cette faculté avec les droits à un procès équitable du demandeur a été
codifiée par le décret no 2018-928 du 29 octobre 2018 (art. 2) à l’article R. 142-1-A, III du Code
la sécurité sociale, qui précise que le délai de saisine du juge de 2 mois n’est opposable qu’à la
condition d’avoir été mentionné, ainsi que les voies de recours, dans la notification de la décision
contestée ou, en cas de décision implicite, dans l’accusé de réception de la demande.
Enfin, la Cour de cassation a jugé que l’expiration du délai de 2 mois qui autorise le justiciable
dans le silence de la CRA à saisir le juge n’a pas pour effet de dessaisir la CRA de la réclamation
de l’intéressé (Cass. 2e civ., 12 févr. 2015, nº 14-11398). Il faut relever que déjà, en écho à cette
jurisprudence, l’article 6 du décret nº 2016-941 du 8 juillet 2016 relatif au renforcement des
droits des cotisants était venu ajouter un dernier alinéa à l’ancien article R. 142-18 du Code de la
sécurité sociale ainsi rédigé : « La forclusion ne peut être opposée au cotisant ayant introduit une
requête contestant une décision implicite de rejet d’un organisme effectuant le recouvrement pour
le seul motif de l’absence de saisine du tribunal contestant la décision explicite de rejet intervenue
en cours d’instance ». Aujourd’hui, c’est l’article R. 142-10-1, alinéa 2 du Code de la sécurité
sociale mentionne que la forclusion tirée de l’expiration du délai de recours ne peut être opposée
au demandeur ayant contesté une décision implicite de rejet au seul motif de l’absence de saisine
du tribunal contestant la décision explicite de rejet intervenue en cours d’instance.
3) Autorité de la décision de la CRA
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organisme (Cass. civ., 16 oct. 1963 : Bull. civ. II, nº 635, où la Cour rappelle que la commission
« n’est qu’un organe intérieur de la caisse » − Cass. 2e civ., 17 déc. 2009, nº 08-20797), la
procédure devant la CRA ne méconnaît pas l’article 6, § 1 de ladite Convention, dès lors que
les décisions qu’elle prend sont susceptibles d’un recours juridictionnel devant une juridiction
indépendante et impartiale de l’ordre judiciaire (Cass. soc., 12 juill. 2001, nº 00-10219 ;
Cass. soc., 28 janv. 2002, nº 01-20315 ; Cass. 2e civ., 6 avr. 2004, nº 02-20167).
Paradoxalement, le délai de saisine suit les règles posées par les articles 640 à 642 du Code
de procédure civile, ainsi que l’augmentation du délai dans les hypothèses énoncées à
l’article 643 du CPC (Cass. soc., 11 mars 1987, nº 82-16861). De même, la Cour de cassation
adopte à l’égard des décisions de la CRA la théorie posée par les articles 668 et s. du Code de
procédure civile, à savoir que la date de la notification par voie postale est à l’égard de celui
qui y procède, celle de l’expédition, et à l’égard de celui à qui elle est faite, la date de la
réception de la lettre (Cass. 2e civ., 3 mars 2011, nº 09-70315).
Le fait qu’une commission de recours amiable soit une émanation du conseil ou du conseil
d’administration ou l’instance régionale de l’organisme emporte des conséquences sur la portée
de ses décisions, auxquelles on exclut, notamment, l’application de l’article 480 du Code de procé-
dure civile (Cass. soc., 27 janv. 2000, nos 98-11203 à 98-11206). Toutefois, afin de conférer une
autorité aux décisions rendues par les commissions de recours amiable lorsqu’elles ne font pas
l’objet d’un recours juridictionnel, la Cour de cassation leur a consacré une autorité de la « chose
décidée » (Cass. 2e civ., 14 févr. 2007, nº 05-21212). Cet artifice, indispensable pour l’application
de la décision de la CRA, trouve sa justification dans l’option offerte au débiteur de contester ou
non celle-ci devant le juge.
La décision de la CRA étant une décision de l’organisme, ce dernier ne peut se prévaloir de la
qualité de tiers par rapport à la CRA pour prétendre ne pas être tenu par la décision prise
(Cass. soc., 7 janv. 1970, nº 68-10633). Le caractère obligatoire de la décision définitive de la CRA
s’impose à l’ensemble des parties et à l’organisme concerné.
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52 L’ESSENTIEL DU CONTENTIEUX DE LA SÉCURITÉ SOCIALE
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la défense. En définitive, une fois la voie de recours décidée, il faut s’y astreindre et en
accepter les modalités. Il s’agit d’une combinaison équilibrée entre l’opposition à contrainte
et à la contestation, d’abord amiable, de la mise en demeure.
La saisine du juge à l’expiration du délai de réponse de la CRA suspendra les effets de la
contrainte si cette dernière a été émise avant l’expiration de ce délai ou avant l’expiration du
délai de saisine du juge. Le débiteur peut néanmoins dans ce cas de figure former une
opposition à contrainte et demander la jonction des affaires. L’important étant pour le requérant
de ne pas oublier après la décision implicite ou explicite de rejet de la CRA de saisir le juge en
contestation de cette décision, puisque c’est la voie de contestation qu’il a initialement choisie.
la condition d’avoir été mentionné, ainsi que les voies de recours, dans la notification de la déci-
sion contestée.
Cette commission doit être saisie par tout moyen conférant date certaine (CSS, art. R. 142-8,
dernier al.).
Les alinéas 2 et 3 de l’article R. 142-8 du Code de la sécurité sociale déterminent les règles de
compétences territoriales de la CMAA, tandis que sa composition est fixée par l’article R. 142-8-1
du Code de la sécurité sociale (sur les honoraires et frais de déplacement des médecins la compo-
sant, v. CSS, art. R. 142-8-6, al. 1er). En ce qui concerne ses règles de fonctionnement ainsi que
celles de son secrétariat, l’article R. 142-8-7 du Code de la sécurité sociale renvoie aux précisions
d’un arrêté du ministre chargé de la sécurité sociale et du ministre chargé de l’agriculture.
Lorsque la contestation porte sur l’état ou le degré d’invalidité, en cas d’accident ou de maladie
non professionnels, sur l’état d’inaptitude au travail, sur l’état d’incapacité permanente de travail,
notamment au taux de cette incapacité, en cas d’accident du travail ou de maladie profession-
nelle, le praticien-conseil du contrôle médical du régime de sécurité sociale concernée transmet,
sans que puisse lui être opposé l’article 226-13 du Code pénal, à l’attention exclusive de l’autorité
médicale compétente pour examiner le recours préalable, l’intégralité du rapport médical repre-
nant les constats résultant de l’examen clinique de l’assuré ainsi que ceux résultant des examens
consultés par le praticien-conseil justifiant sa décision. À la demande de l’employeur, ce rapport
est notifié au médecin qu’il mandate à cet effet. La victime de l’accident du travail ou de la
maladie professionnelle est informée de cette notification (CSS, art. L. 142-6).
Les conditions d’application ont été précisées par le décret nº 2018-928 du 29 octobre 2018. Il en
résulte que le secrétariat de la CMRA transmet la copie du recours préalable au praticien-conseil
auteur de l’avis médical contesté ; celui-ci, dans un délai de 10 jours à compter de la date de sa
réception, transmet à la commission, sous pli confidentiel et par tout moyen conférant date
certaine, l’intégralité du rapport mentionné à l’article L. 142-6 ainsi que l’avis transmis à l’orga-
nisme sur l’état et le degré d’invalidité ou sur le taux d’incapacité permanente (CSS,
art. R. 142-8-2).
Les dispositions réglementaires distinguent ensuite selon que le recours préalable est formé par
l’assuré ou par l’employeur :
– lorsqu’il est formé par l’employeur, le secrétariat de la CMRA notifie sans délai, sous pli confi-
dentiel et par tout moyen conférant date certaine le rapport mentionné à l’article L. 142-6,
accompagné de l’avis au médecin mandaté par l’employeur à cet effet. Le secrétariat informe
l’assuré ou le bénéficiaire de cette notification ;
– lorsqu’il est formé par l’assuré, il lui notifie sans délai et par tout moyen conférant date certaine
le rapport mentionné à l’article L. 142-6, accompagné de l’avis (CSS, art. R. 142-8-3).
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CHAPITRE 1 – Le contentieux de la sécurité sociale 55
Étant précisé que lorsque le recours est exercé par l’assuré, la CMRA peut décider de procéder à
son examen médical ou, en cas d’impossibilité de déplacement liée à son éloignement géogra-
phique, de désigner un médecin spécialiste ou compétent pour l’affection considérée, en vue de
réaliser l’examen médical et de lui transmettre son avis motivé. Le secrétariat de la commission en
informe l’assuré, au moins 15 jours avant, en lui notifiant les lieu, date et heure de l’examen.
L’assuré peut se faire accompagner par le médecin de son choix (CSS, art. R. 142-8-4 ; sur les
honoraires et frais de déplacementdus aux médecins et sur les frais de déplacement du malade
ou de la victime : v. CSS, art. R. 142-8-6).
Par ailleurs, dans un délai de 20 jours à compter de la réception du rapport mentionné à l’article
L. 142-6 accompagné de l’avis, l’assuré ou le médecin mandaté par l’employeur peut, par tout
moyen conférant date certaine, faire valoir ses observations. Il en est informé par le secrétariat de
la commission par tout moyen conférant date certaine (CSS, art. R. 142-8-3, dernier al.).
Conformément à l’article R. 142-1-A, I du Code de la sécurité sociale, sous réserve de dispositions
particulières, la motivation des décisions prises suite aux recours préalables est régie par les dispo-
sitions du Code des relations du public avec l’administration. Ces décisions sont notifiées aux inté-
ressés par tout moyen conférant date certaine à la notification (D. nº 2018-928, 29 oct. 2018
relatif au contentieux de la sécurité sociale et de l’aide sociale, art. 2).
L’article L. 142-7-1 du Code de la sécurité sociale énonce que l’avis rendu par l’autorité médicale
compétente pour examiner le recours préalable en ce qui concerne les contestations de nature
médicale, hors celles formées au titre du 8º de l’article L. 142-1 du CSS, s’impose à l’organisme
de prise en charge.
Pour ce faire, la commission établit, pour chaque cas examiné, un rapport comportant son analyse
du dossier et ses constatations et statue par une décision comportant des conclusions motivées.
Son secrétariat notifie sans délai la décision à l’intéressé et transmet sans délai une copie de la
décision à l’organisme de prise en charge, une copie du rapport au service médical compétent et,
à la demande de l’assuré ou de l’employeur, une copie du rapport à l’assuré ou au médecin
mandaté par l’employeur lorsque celui-ci est à l’origine du recours. Le rapport est transmis sous
pli confidentiel (CSS, art. R. 142-8-5).
L’absence de décision de la commission médicale de recours amiable dans le délai de 4 mois à
compter de l’introduction du recours préalable vaut rejet de la demande (CSS, art. R. 142-8-5,
al. 3).
■ Recours préalable pour les litiges relevant du CASF
Pour les contestations des décisions de la Commission des droits et de l’autonomie des personnes
handicapées, le recours préalable est exercé et examiné dans les conditions fixées par les
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56 L’ESSENTIEL DU CONTENTIEUX DE LA SÉCURITÉ SOCIALE
dispositions de la section 2 du chapitre Ier bis du titre IV du livre II du Code de l’action sociale et des
familles (CSS, art. R. 142-9, al. 1er).
Pour ces contestations, les membres de l’équipe pluridisciplinaire communiquent à l’autorité
compétente pour examiner le recours préalable, sans que puisse être opposé l’article 226-13 du
Code pénal, tous les éléments ou informations à caractère secret ayant fondé la décision
contestée dès lors que leur transmission est strictement limitée à ceux qui sont nécessaires à la
prise de décision (CSS, art. L. 142-7). Un décret en Conseil d’Etat détermine les conditions d’appli-
cation du présent article.
Pour les contestations des décisions du président du conseil départemental relatives aux mentions
« invalidité » et « priorité » de la carte mobilité inclusion, le recours préalable mentionné est exercé
et examiné dans les conditions fixées par les dispositions de l’article R. 241-17-1 du Code de
l’action sociale et des familles (CSS, art. R. 142-9, al. 2).
En l’absence de liste ou de proposition, le premier président de la cour d’appel peut renouveler les
fonctions d’un ou de plusieurs assesseurs pour une durée de 3 ans.
Une indemnité est allouée aux assesseurs pour l’exercice de leurs fonctions et ils perçoivent une
indemnité pour perte de salaire ou de gain, de même qu’ils sont indemnisés de leurs frais de
déplacement et de séjour (COJ, art. R. 218-11 et R. 218-12).
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CHAPITRE 1 – Le contentieux de la sécurité sociale 59
Les assesseurs titulaires et suppléants doivent être de nationalité française, être âgés de 23 ans au
moins, remplir les conditions d’aptitude pour être juré fixées aux articles 255 à 257 du Code de
procédure pénale et n’avoir fait l’objet d’aucune condamnation pour une infraction prévue au
livre VII du Code rural et de la pêche maritime ou au CSS. Nonobstant le 2º de l’article 257 du
CPP, la fonction d’assesseur n’est pas incompatible avec celle de conseiller prud’homme (COJ,
art. L. 218-4, al. 1 et 2).
Les membres des conseils d’administration des organismes de sécurité sociale ou de la mutualité
agricole ne peuvent pas être désignés assesseurs (COJ, art. L. 218-4, dernier al.).
Les assesseurs exercent leurs fonctions en toute indépendance, impartialité, dignité et probité et se
comportent de façon à exclure tout doute légitime à cet égard. Ils s’abstiennent, notamment, de
tout acte ou comportement public incompatible avec leurs fonctions. Ils sont tenus au secret des
délibérations (COJ, art. L. 218-5).
Les assesseurs prêtent le serment suivant : « Je jure de bien et fidèlement remplir mes fonctions,
de garder le secret des délibérations et de me conduire en tout comme un assesseur digne et
loyal » (COJ, art. L. 218-6).
Les assesseurs veillent à prévenir ou à faire cesser immédiatement les situations de conflit d’inté-
rêts. Constitue un conflit d’intérêts toute situation d’interférence entre un intérêt public et des
intérêts privés ou publics de nature à influencer ou paraître influencer l’exercice indépendant,
impartial et objectif d’une fonction (COJ, art. L. 218-8).
Les assesseurs sont soumis à une obligation de formation initiale dans des conditions fixées par
décret. Tout assesseur qui n’a jamais exercé de mandat ne peut siéger que s’il justifie avoir suivi
une formation initiale (COJ, art. L. 218-12).
Les employeurs sont tenus de laisser à leurs salariés assesseurs d’un tribunal judiciaire le temps
nécessaire à l’exercice de leurs fonctions. L’exercice de ces fonctions ne peut être une cause de sanc-
tion ou de rupture du contrat de travail. Le licenciement d’un assesseur (salarié protégé) est soumis
à autorisation administrative telle que prévue pour les conseillers prud’homaux (COJ, art. L. 218-7).
En dehors de toute action disciplinaire, le premier président de la cour d’appel peut dresser un
avertissement aux assesseurs des tribunaux situés dans le ressort de la cour, après avoir recueilli
l’avis du président du tribunal (COJ, art. L. 218-10).
Tout manquement d’un assesseur aux devoirs de son état, à l’honneur, à la probité ou à la dignité
constitue une faute disciplinaire (COJ, art. L. 218-11).
Le pouvoir disciplinaire est exercé par le ministre de la Justice. Après audition de l’assesseur par le
premier président de la cour d’appel dans le ressort de laquelle le tribunal judiciaire a son siège,
assisté du président du tribunal, le ministre de la Justice peut être saisi par le premier président.
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60 L’ESSENTIEL DU CONTENTIEUX DE LA SÉCURITÉ SOCIALE
Sur proposition du premier président de la cour d’appel dans le ressort de laquelle le tribunal a
son siège, le ministre de la Justice peut suspendre de ses fonctions un assesseur, préalablement
entendu par le premier président, pour une durée maximale de 6 mois, lorsqu’il existe contre
l’intéressé des faits de nature à entraîner une sanction disciplinaire.
Les sanctions disciplinaires applicables sont :
1º Le blâme ;
2º La suspension des fonctions pour une durée maximale de 6 mois ;
3º La déchéance assortie de l’interdiction d’être désigné assesseur pour une durée maximale de
10 ans ;
4º La déchéance assortie de l’interdiction définitive d’être désigné assesseur.
L’assesseur qui, après sa désignation, perd la capacité d’être juré ou est condamné pour une
infraction pénale mentionnée au premier alinéa de l’article L. 218-4 du Code de l’organisation
judiciaire est déchu de plein droit (sur la récusation des assesseurs, v. COJ, art. R. 218-10).
Les articles R. 218-8 et R. 218-9 du Code de l’organisation judiciaire organisent le remplacement
de l’assesseur en cas d’empêchement ou de vacance par suite de décès, démission, déchéance
ou pour tout autre cause.
dimanche ou un jour férié ou chômé. La prorogation doit, le cas échéant, être invoquée par la
partie requérante à l’encontre du défendeur opposant la forclusion du recours juridictionnel. À
défaut, il appartient au juge de soulever d’office la prorogation. Tout requérant peut, le cas
échéant, invoquer un cas de force majeure pour obtenir un relevé de forclusion s’il n’a pas
formulé son recours judiciaire dans le délai imparti. La forclusion ne peut être opposée à l’intéressé
s’il n’a pas été clairement informé des voies, délais et modalités de recours (v. supra). La fin de
non-recevoir tirée de la forclusion peut être opposée en tout état de cause devant les juges du
fond en application de l’article 123 du Code de procédure civile (Cass. 2e civ., 19 janv. 2006,
nº 04-30508).
En matière médicale, le recours contentieux doit être présenté dans le délai de 2 mois à compter
soit de la date de notification de la décision de la commission médicale de recours amiable (ou
équivalent pour le contentieux des décisions mentionnées à l’article L. 241-9, al. 1er, CASF), soit à
l’expiration du délai de 4 mois pour que celle-ci tranche à compter de l’instruction du recours
préalable (CSS, art. R. 142-8-5, al. 5), dès lors que ce délai ainsi que les voies de recours ont été
mentionnés soit dans la notification de la décision explicite soit, en cas de décision implicite de
rejet, dans l’accusé réception de la demande (CSS, art. R. 142-1-A, III).
La forclusion tirée de l’expiration du délai de recours ne peut être opposée au demandeur ayant
contesté une décision implicite au seul motif de l’absence de saisine du tribunal en contestation
de la décision explicite de rejet de cette dernière intervenue en cours d’instance (CSS,
art. R. 142-10-1, al. 2).
Pour apprécier la recevabilité du recours, les dispositions des articles 668 et 669 du Code de procé-
dure civile s’appliquent. Autrement dit, la date de la notification par voie postale est, à l’égard de
celui qui y procède, celle de l’expédition et, à l’égard de celui à qui elle est faite, la date de la
réception de la lettre (Cass. 2e civ., 21 mai 2015, nº 14-18587).
Le tribunal est saisi par requête remise ou adressée au greffe par lettre recommandée avec avis de
réception (CSS, art. R. 142-10-1, al. 1).
Outre les mentions prescrites par l’article 58 du Code de procédure civile, la requête contient un
exposé sommaire des motifs de la demande. Elle est accompagnée :
– des pièces que le demandeur souhaite invoquer à l’appui de ses prétentions. Ces pièces sont
énumérées sur un bordereau qui lui est annexé. L’article 56, 2 du CPC est ainsi étendu au
contentieux de la sécurité sociale ;
– d’une copie de la décision contestée ou, en cas de décision implicite, de la copie de la décision
initiale de l’autorité administrative et de l’organisme de sécurité sociale ainsi que de la copie de
son recours préalable, lorsque ce préalable s’impose. En matière d’action en reconnaissance de
la faute inexcusable de l’employeur, le procès-verbal de carence de la caisse (non présentation
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CHAPITRE 1 – Le contentieux de la sécurité sociale 63
afin qu’il puisse être procédé, le cas échéant, à une consultation clinique à l’audience (CSS,
art. R. 142-10-3, II) (v. infra).
■ Communication et secret médical
Reprenant l’existant (L. no 2009-879, 21 juill. 2009 portant réforme de l’hôpital et relative aux
patients, à la santé et aux territoires, art. 79 codifié à l’anc. art. L. 143-10, CSS), il est prévu que
pour les contestations médicales, le praticien-conseil ou l’autorité médicale compétente pour
examiner le recours préalable transmet à l’expert ou au médecin consultant désigné par la juridic-
tion compétente, sans que puisse lui être opposé l’article 226-13 du Code pénal, l’intégralité du
rapport médical ayant fondé sa décision. À la demande de l’employeur, partie à l’instance, ce
rapport est notifié au médecin qu’il mandate à cet effet. La victime de l’accident du travail ou de
la maladie professionnelle est informée de cette notification (CSS, art. L. 142-10, al. 1).
Par parallélisme des formes, l’alinéa 2 de ce nouvel article précise que s’agissant des décisions de
la CDAPH mentionnées à l’article L. 241-9, al. 1 du Code de l’action sociale et des familles et de
celles du président du conseil départemental mentionnées à l’article L. 241-3 du même code rela-
tives aux mentions « invalidité » et « priorité », les éléments ou informations à caractère secret
ayant fondé la décision de l’autorité compétente pour examiner le recours préalable sont transmis
à l’expert ou au médecin consultant désigné par la juridiction compétente, sans que puisse être
opposé l’article 226-13 du Code pénal.
Ainsi, le greffe demande par tous moyens :
– soit à l’organisme de sécurité sociale de transmettre à l’expert ou au consultant désigné l’inté-
gralité du rapport médical du praticien-conseil et du rapport établi par la CMRA ayant fondé la
décision de celle-ci (CSS, art., R. 142-16-3, al. 1er) ;
– soit au président du conseil départemental ou à la maison départementale des personnes handi-
capées de transmettre l’ensemble des éléments ou informations à caractère secret au sens de
l’article L. 142-10, alinéa 2 ayant fondé sa décision.
Dans le délai de 10 jours à compter de la notification à l’employeur de la victime de l’accident du
travail ou de la maladie professionnelle, de la décision désignant l’expert, celui-ci peut demander,
par tous moyens conférant date certaine, à l’organisme de sécurité sociale de notifier au médecin,
qu’il mandate à cet effet, l’intégralité des rapports précités. S’il n’a pas déjà notifié ces rapports au
médecin ainsi mandaté, l’organisme de sécurité sociale procède à cette notification, dans le délai
de 20 jours à compter de la réception de la demande de l’employeur. Dans le même délai, l’orga-
nisme de sécurité sociale informe la victime de l’accident du travail ou de la maladie profession-
nelle de la notification de l’intégralité de ces rapports au médecin mandaté par l’employeur (CSS,
art. R. 142-16-3, al. 2).
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66 L’ESSENTIEL DU CONTENTIEUX DE LA SÉCURITÉ SOCIALE
Par la suite, à la demande de l’employeur, tout rapport de l’expert désigné par le juge ou du
consultant est notifié au médecin qu’il mandate à cet effet (CSS, art. R. 142-16-4, al. 1er). La
victime de l’accident du travail ou de la maladie professionnelle en est informée (CSS, art. L. 142-
10-1).
L’expert adresse son rapport médical intégral au greffe dans le délai imparti (CSS, art. R. 142-16-4,
al. 2).
Les rapports médicaux ou les éléments mentionnés sont transmis sous pli fermé avec la mention
« confidentiel » apposée sur l’enveloppe.
■ Mise en état
Pour l’instruction de l’affaire, en application des dispositions de l’article R. 142-10-5, I du Code de
la sécurité sociale, le président de la formation de jugement exerce les missions et dispose des
pouvoirs reconnus au juge de la mise en état par les articles 763 à 781 du Code de procédure
civile. Pour l’application de ces dispositions, lorsque les parties ne sont pas représentées par un
avocat, la référence aux avocats est remplacée par la référence aux parties.
Cette soumission du contentieux de la sécurité sociale aux règles de la mise en état des arti-
cles 763 à 781 du Code de procédure civile est des plus surprenantes, compte tenu du principe
d’oralité qui gouverne ce contentieux.
Par dérogation aux dispositions de l’alinéa 2 de l’article 774 du Code de procédure civile, le prési-
dent de la formation de jugement peut se prononcer sans débat, après avoir recueilli les observa-
tions écrites des parties ou les avoir invitées à présenter leurs observations (CSS, art. R. 142-10-5, II).
Cette faculté sera diversement employée par les tribunaux spécialement désignés.
■ Mesures d’instruction
Pour les contestations, autres que celles portant sur le recouvrement, le versement de cotisations
et contributions du Code de la sécurité sociale et énoncées limitativement dans le Code du
travail, il est prévu à l’article R. 142-16 du Code de la sécurité sociale que la juridiction peut
ordonner toute mesure d’instruction, qui peut prendre la forme d’une consultation clinique ou
sur pièces exécutée à l’audience, par un consultant avisé de sa mission par tous moyens, dans
des conditions assurant la confidentialité, en cas d’examen de la personne intéressée.
Cette mesure d’instruction en audience est la reprise de ce qui existait aux TCI (consultation clinique
ou sur pièces sur le champ), étendue par la réforme à l’ensemble des contentieux. Ces modalités
d’examen « sur le champ », au-delà de toujours avoir posé des difficultés liées à brièveté d’une telle
expertise ou au non-respect de la dignité, même si le nouvel article R. 142-16 insiste sur le fait que
l’examen clinique de la personne doit se faire dans des conditions assurant la confidentialité, vont
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CHAPITRE 1 – Le contentieux de la sécurité sociale 67
poser aux tribunaux judiciaires spécialement désignés d’autres difficultés, mises en exergue par un
rapport commun de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) et de l’IGSJ (Inspection géné-
rale des services judiciaires) (Rapp., « Appui à l’organisation du transfert du contentieux des TASS,
TCI et CDAS vers les nouveaux pôles sociaux des TGI », févr. 2016, pp. 78-79).
Ces difficultés sont :
– de nature immobilière, quant à l’existence d’une salle de consultation médicale accessible aux
personnes handicapées dès lors que cette consultation en audience sera possible pour les
contestations des décisions de la CDAPH et des décisions du président du conseil départemental
quant aux mentions « invalidité » ou « priorité » sur la carte « mobilité inclusion » ;
– de nature budgétaire concernant les travaux d’aménagement des locaux.
Les fonctions d’expert ou de consultant ne peuvent être exercées par :
– le médecin qui a examiné ou soigné le malade ou la victime ;
– un médecin attaché à l’entreprise ;
– un médecin appartenant au conseil d’administration de la caisse intéressée à l’instance ;
– le médecin participant au service de contrôle médical fonctionnant auprès de la caisse intéressée
(CSS, art. R. 142-16-2).
Les modalités de désignation de cet expert ou consultant sont précisées par les articles R. 142-16-1
du Code de la sécurité sociale.
L’expert ou le consultant adresse son rapport médical intégral au greffe dans le délai imparti selon
les modalités exposées à l’article R. 142-16-4 du Code de la sécurité sociale. À la demande de
l’employeur dans les contentieux ayant cette nature médicale (CSS, art. L. 142-1, 1º, 4º, 5º et 6º)
tout rapport de l’expert désigné ou du consultant est notifié au médecin qu’il mandate à cet effet.
En revanche, lorsque les contestations d’ordre médical sont relatives à l’état du malade ou de la
victime d’un accident du travail ou d’une maladie professionnelle, elles sont soumises à un expert
inscrit sur l’une des listes visées à l’article R. 141-1 du CSS ou à un médecin expert choisi en
dehors de la liste dont la spécialité figure parmi celles fixées par arrêté des ministres chargés de
la sécurité sociale, de la justice, de l’agriculture et du budget (CSS, art. R. 142-17).
Lorsque le différend porte sur la reconnaissance de l’origine professionnelle d’une maladie non
désignée dans un tableau de maladies professionnelles ou désignée dans l’un de ces tableaux,
mais dont une ou plusieurs conditions tenant au délai de prise en charge, à la durée d’exposition
ou à la liste limitative de travaux ne sont pas remplies, le tribunal recueille préalablement l’avis
d’un comité régional de reconnaissance des maladies professionnelles (CRRMP) autre que celui
qui a déjà été saisi par la caisse primaire d’assurance maladie (CSS, art. R. 142-17-2) dans le cadre
de la procédure de reconnaissance du caractère professionnel de la maladie fondée sur une
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68 L’ESSENTIEL DU CONTENTIEUX DE LA SÉCURITÉ SOCIALE
expertise individuelle (CSS, art. R. 142-17-2, al. 1er – Cass. 2e civ., 18 févr. 2010, nº 08-20718). Le
tribunal désigne alors le comité d’une des régions les plus proches (CSS, art. R. 142-17-2, al. 2).
Cette saisine est obligatoire pour le juge qui ne peut se fonder sur une expertise médicale
technique pour retenir l’origine professionnelle de la maladie (Cass. 2e civ., 6 mars 2008, no 06-
21985). La saisine d’un second comité autre que celui de la caisse s’impose même si le premier
avis est clair et dépourvu d’ambiguïté (Cass. 2e civ., 22 févr. 2005, no 03-30484 – Cass. 2e civ.,
18 févr. 2010, no 08-20718 – Cass. 2e civ., 18 déc. 2014, no 13-26842). La cour d’appel est
tenue de le faire lorsque le tribunal a omis de le faire (Cass. 2e civ., 30 mai 2013, nº 12-18021).
Lorsque le différend relatif à la prise en charge ou le remboursement par l’assurance maladie de
tout acte ou prestation réalisée par un professionnel de santé fait apparaître en cours d’instance
une difficulté d’ordre technique portant sur l’interprétation des dispositions relatives à la liste des
actes et prestations prévue par l’article L. 162-1-7 du CSS, le tribunal peut ordonner une expertise.
Celle-ci est confiée à un expert inscrit sur une des listes dressées en application des 1º et 2º du I de
l’article 2 de la loi nº 71-498 du 29 juin 1971 relative aux experts judiciaires sous la rubrique
« experts spécialisés dans l’interprétation de la liste des actes et prestations prévue à l’article
L. 162-1-7 » (CSS, art. R. 142-17-3).
■ Jugement
a) Notification
Le greffe notifie la décision à chacune des parties (CSS, art. R. 142-10-7). Il s’agit, comme aupara-
vant, d’une dérogation au droit commun, c’est-à-dire au principe de signification des jugements
(CPC, art. 675).
b) Décision
Le tribunal peut ordonner l’exécution par provision de toutes ses décisions (CSS, art. R. 142-10-6).
Étant précisé qu’aux termes de ce même article, les décisions relatives à l’indemnité journalière
sont, nonobstant appel, exécutoires par provision pour l’indemnité échue depuis l’accident
jusqu’au 30e jour qui suit l’appel. Passé ce délai, l’exécution provisoire ne peut être continuée que
de mois en mois, sur requête adressée, pour chaque période mensuelle, au président de la forma-
tion de jugement dont la décision a été frappée d’appel, statuant seul. Les décisions du président
sont susceptibles de recours en cassation pour violation de la loi. En revanche, le jugement du
tribunal est exécutoire de plein droit à titre provisoire lorsqu’il porte sur une opposition à
contrainte (CSS, art. R. 133-3, dernier al.).
Le tribunal statue, en principe, en premier ressort, c’est-à-dire à charge d’appel. Toutefois, il statue
en dernier ressort, d’une part, lorsque la demande est déterminée et qu’elle n’excède pas le taux
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CHAPITRE 1 – Le contentieux de la sécurité sociale 69
de ressort (5000 € à compter du 1er janv. 2020 – COJ, art. R. 211-3-24 et R. 211-3-25 : créés par
D. no 2019-912, 30 août 2019 – art. 2) et, d’autre part, lorsqu’il est saisi d’un recours contre des
décisions relatives aux demandes de remise gracieuse des majorations de retard et pénalités (CSS,
art. R. 244-2 – Cass. 2e civ., 4 avr. 2012, nº 10-14741).
Par exception, sans être exhaustif, sont susceptibles d’appel quel que soit le montant du litige, les
décisions jugeant des différends :
– portant sur la CSG sur les revenus d’activité et de remplacement (CSS, art. L. 136-5, IV, al. 2) ;
– portant sur la CRDS assise sur les revenus d’activité ou de remplacement (Ord. no 96-50,
24 janv. 1996, art. 14, III – Cass. 2e civ., 7 févr. 2008, no 07-10269) ;
– nés de l’assujettissement aux différentes contributions mentionnées au chapitre VII du titre III du
livre Ier du Code de la sécurité sociale (CSS, art. L. 137-4 – Cass. 2e civ., 22 janv. 2015, no 13-
28279 à 13-28292 et no 13-28294 à 13-28306).
■ Assistance et représentation
Le ministère d’un avocat n’est pas obligatoire. L’article L. 142-9 du Code de la sécurité sociale
mentionne que les parties peuvent se défendre elles-mêmes.
Outre les avocats, peuvent assister ou représenter les parties :
– leur conjoint ou un ascendant ou descendant en ligne directe ;
– leur concubin ou la personne à laquelle elles sont liées par pacte civil de solidarité ;
– suivant le cas, un travailleur salarié ou un employeur ou un travailleur indépendant exerçant la
même profession ou un représentant qualifié des organisations syndicales de salariés ou des
organisations professionnelles d’employeurs ;
– un administrateur ou un employé de l’organisme partie à l’instance ou un employé d’un autre
organisme de sécurité sociale ;
– un délégué des associations de mutilés et invalides du travail les plus représentatives ou des
associations régulièrement constituées depuis 5 ans au moins pour œuvrer dans les domaines
des droits économiques et sociaux des usagers ainsi que dans ceux de l’insertion et de la lutte
contre l’exclusion et la pauvreté ;
Ce dernier ajout par la réforme récente du contentieux de la sécurité sociale s’explique par
l’adjonction à ce dernier de celui de l’admission à l’aide sociale, qu’auront également à connaître
les tribunaux judiciaires spécialement désignés. Le représentant, s’il n’est pas avocat, doit justifier
d’un pouvoir spécial. Lorsque les parties feront appel à un avocat pour la défense de leurs intérêts,
les notifications par actes du palais pourront emprunter le réseau privé virtuel des avocats (RPVA)
(CPC, art. 748-1 et s.).
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70 L’ESSENTIEL DU CONTENTIEUX DE LA SÉCURITÉ SOCIALE
Rendu sous l’ancien texte applicable (CSS, art. R. 142-20 ancien), un arrêt de la Cour de cassation
considère qu’il s’agit d’une liste limitative (Cass. 2e civ., 9 févr. 2017, nº 16-10230).
Il faut relever qu’aux termes des dispositions des alinéas 3 et 4 de l’article L. 122-1 du Code de la
sécurité sociale, le directeur général ou le directeur décide des actions en justice à intenter au nom
de l’organisme dans les matières concernant les rapports dudit organisme avec les bénéficiaires
des prestations, les cotisants, les producteurs de biens et services médicaux et les établissements
de santé, ainsi qu’avec son personnel, à l’exception du directeur général ou du directeur lui-
même. Dans les autres matières, il peut recevoir délégation permanente du conseil ou du conseil
d’administration pour agir en justice. Il informe périodiquement le conseil ou le conseil d’adminis-
tration des actions qu’il a engagées, de leur déroulement et de leurs suites. Le directeur général
ou le directeur représente l’organisme en justice et dans tous les actes de la vie civile. Il peut
donner mandat à cet effet à certains agents de son organisme ou à un agent d’un autre orga-
nisme de sécurité sociale (pour une illustration : Cass. 2e civ., 9 oct. 2014, nº 11-28363). Ces dispo-
sitions ne sont pas applicables aux caisses ayant la forme d’établissements publics, à la Caisse
autonome nationale de la sécurité sociale dans les mines (CANSSM) et à la Caisse des Français à
l’étranger (CFE).
L’irrégularité de fond tirée du défaut de pouvoir du représentant d’une partie en justice peut être
couverte jusqu’au moment où le juge statue (CPC, art. 117 et 121). Telle est l’interprétation cons-
tante retenue par la Cour de cassation (Cass. 2e civ., 21 avr. 2005, nº 02-20183 ; Cass. 2e civ.,
25 mars 2010, nº 09-13672 : le demandeur s’était fait représenter par son ex-épouse devant le
tribunal, puis devant la cour d’appel par un avocat).
■ Grandes caractéristiques procédurales
a) Prise en charge des dépenses de contentieux
Les frais résultant des consultations et expertises ordonnées par les juridictions compétentes dans
le cadre des contentieux relatifs aux décisions de la CDAPH en application de l’article L. 241-9 du
CASF et aux décisions du président du conseil départemental concernant les mentions portées sur
la carte mobilité sont pris en charge par la CNAM (L. no 2018-1203 de financement de sécurité
sociale pour 2019 (art. 80) – CSS, art. L. 142-11). L’article ainsi créé précise qu’un décret doit
fixer les conditions dans lesquelles les frais exposés à ce titre peuvent être avancés par l’Etat ainsi
que les conditions dans lesquelles ils sont, dans ce cas, remboursés à ce dernier par la CNAM. Par
ailleurs, un arrêté détermine les conditions dans lesquelles les dépenses acquittées par la CNAM
sont réparties entre les organismes du régime général, du régime agricole, des régimes spéciaux
et les organismes dédiés aux travailleurs indépendants. Au 1er janvier 2019, les litiges propres aux
anciens contentieux général et technique de l’incapacité n’étaient donc pas concernés par cette
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CHAPITRE 1 – Le contentieux de la sécurité sociale 71
prise en charge par l’assurance maladie des frais exposés lors de consultations ou d’expertises
ordonnées par les juridictions de la sécurité sociale.
Il faut attendre la loi dite « santé » pour que cette même prise en charge soit étendue aux litiges
relatifs à l’état ou au degré d’invalidité, en cas d’accident ou de maladie non professionnelle, et à
l’état d’inaptitude au travail, à l’état d’incapacité permanente de travail, notamment au taux de
cette incapacité, en cas d’accident du travail ou de maladie professionnelle. L’expertise médicale
technique de l’article L. 141-1 est également expressément visée dans la nouvelle formulation de
l’art. L. 142-11 CSS (L. no 2019-774 du 24 juill. 2019 relative à l’organisation et à la transforma-
tion du système de santé, art. 61).
Par ailleurs, l’article R. 142-18 du Code de la sécurité sociale, dans sa rédaction issue du décret
nº 2018-928 du 29 octobre 2018, mentionne que « les requérants ou leurs ayants droit qui
doivent quitter leur commune de résidence ou celle de leur lieu de travail pour répondre à la
convocation d’un médecin expert ou d’un médecin consultant désigné par une juridiction
mentionnée à la présente section en première ou seconde instance en application du présent
titre sont indemnisés de leurs frais de déplacement et de séjour dans les conditions fixées par le
décret nº 2006-781 du 3 juillet 2006, sans préjudice de l’application des articles R. 322-10-1,
R. 322-10-2 et R. 322-10-4 » du CSS (prise en charge classique par l’assurance maladie).
Quant aux honoraires dus au médecin consultant ainsi que ses frais de déplacement, ils sont
réglés selon le tarif fixé par arrêté des ministres respectivement chargés de la sécurité sociale, de
la justice, de l’agriculture et du budget (CSS, art. R. 142-18-2).
Le juge doit par ailleurs statuer sur les dépens selon les règles de droit commun (CPC, art. 696).
Etant précisé que les mesures d’instruction (v. supra) telles que les examens médicaux « sur le
champ » auront un impact sur les dépens, qui ne se posait pas auparavant devant les anciens TCI.
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– les émoluments des greffiers des cours d’appel afférents aux recours formés contre les déci-
sions des tribunaux des affaires de sécurité sociale ;
– les frais de fonctionnement des tribunaux des affaires de sécurité sociale et des juridictions
du contentieux technique de la sécurité sociale (CSS, art. R. 144-11).
Ainsi, les dépenses de toute nature afférentes au contentieux de la sécurité sociale étaient, à
l’exception des rémunérations des présidents et secrétaires des juridictions ainsi que de celles
du secrétaire général, à la charge des organismes de sécurité sociale. Ces dispositions étaient
d’interprétation large et conduisaient à imputer aux organismes toute dépense inhérente au
bon déroulement de la procédure contentieuse devant les juridictions du premier degré et
d’appel (frais de signification d’une nouvelle convocation à l’audience : Cass. 2e civ., 17 avr.
2008, nº 06-21859 ; frais d’un mandataire ad hoc d’une société liquidée : Cass. 2e civ., 24 mai
2017, nº 16-16038).
Il a été jugé par la Cour de cassation saisie d’une question prioritaire de constitutionnalité
(QPC) (Cass. 2e civ., 17 déc. 2015, nº 15-40037) que « l’article L. 144-5 qui concourt à la mise
en œuvre du principe de la gratuité du contentieux de la sécurité sociale, ayant pour objet
l’imputation indifférenciée aux organismes nationaux des principaux régimes de sécurité
sociale et de mutualité sociale agricole des dépenses de toute nature du contentieux général
et du contentieux technique de la sécurité sociale à l’exception des rémunérations des
présidents des juridictions et de leurs secrétaires ou secrétaire général, il ne saurait être
sérieusement soutenu qu’elle porte atteinte aux principes de l’indépendance et de
l’impartialité des juridictions de sécurité sociale et à la garantie du droit à un recours effectif
tels qu’ils résultent de l’article 64 de la Constitution et de l’article 16 de la Déclaration des
droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789 ; D’où il suit qu’il n’y a pas lieu de
renvoyer la question au Conseil constitutionnel ».
Limite à la gratuité, partie succombant, amende civile
La limite à la gratuité concernait la partie succombant. Les différents alinéas de l’article
R. 144-10 du Code de la sécurité sociale prévoyaient, en effet, que l’appelant qui succombe
est condamné au paiement d’un droit ne pouvant excéder le 10e du montant mensuel du
plafond de la sécurité sociale, sauf mention expresse contraire dans la décision. La deuxième
chambre civile a jugé que le droit au paiement duquel l’appelant peut être condamné, en
application des dispositions de l’alinéa 2 de l’article R. 144-10 du Code de la sécurité sociale,
n’était pas illégal. Il ne revêtait pas le caractère des impositions de toutes natures visées à
l’article 34 de la Constitution (Cass. 2e civ., 18 juin 2015, nº 14-18962).
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CHAPITRE 1 – Le contentieux de la sécurité sociale 73
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À tous les stades, la partie succombant avait la charge des honoraires et frais, notamment
d’examens complémentaires liés à la nouvelle expertise ordonnée par le tribunal, sauf
décision motivée contraire mettant la totalité ou une fraction à la charge d’une autre partie
(CSS, art. R. 144-10, al. 3). Néanmoins, la réglementation spécifique de la sécurité sociale, si
elle excluait la condamnation aux dépens, ne dérogeait pas à l’application de l’article 700 du
Code de procédure civile, qui s’appliquait aux frais engagés par la partie pour la défense de
ses intérêts (Cass. soc., 19 mars 1986 : Bull. civ., II, nº 96, p. 69 – Cass. soc., 2 mars 1995 :
Bull. civ., V, nº 104, p. 81).
Enfin, les alinéas 4 et 5 de l’article R. 144-10 du Code de la sécurité sociale prévoyaient que si
le recours était jugé dilatoire ou abusif, le demandeur ou, en cas d’opposition à contrainte, la
partie qui succombait en première instance ou en appel était condamnée en outre au
paiement d’une amende prévue à l’article 559 du Code de procédure civile et, le cas
échéant, au règlement des frais de procédure (notamment des frais d’enquête, de
consultations et d’expertises ordonnées). Les frais provoqués par la faute d’une partie
pouvaient être dans tous les cas mis à sa charge.
Lorsque le recours dilatoire ou abusif concernait un litige sur le recouvrement des cotisations
et majorations de retard, l’amende est fixée à 6 % des sommes dues en vertu du jugement,
avec un minimum de 150 € par instance.
De même, il était prévu que l’appelant qui succombait était condamné au paiement d’un droit
qui ne pouvait excéder le dixième du montant mensuel du plafond de sécurité sociale, sauf
mention expresse contraire dans la décision (CSS, art. R. 144-10, al. 2). En cas de recours jugé
dilatoire ou abusif, les mêmes amendes civiles qu’en première instance pouvaient être pronon-
cées (CSS, art. R. 144-10, al. 4 et 5).
b) Oralité
La procédure est orale (CSS, art. R. 142-10-4). L’oralité de la procédure est le corollaire de la libre
représentation. Il s’agit d’une dérogation à la procédure écrite (sauf exceptions, par ex. : JAF) de ce
tribunal.
La procédure orale dispense les parties de produire des écritures formalisées qui nécessitent le
recours à un avocat et dissuadent nombre d’entre eux d’engager une action en justice. L’oralité
est alors perçue comme une condition d’accessibilité aux tribunaux. Elle garantit l’égal accès à la
justice. En contrepartie, le justiciable a un devoir de présence à l’audience, même si dans les faits
le jour de l’audience en raison du nombre de dossiers, les parties sont régulièrement invitées à
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74 L’ESSENTIEL DU CONTENTIEUX DE LA SÉCURITÉ SOCIALE
procéder à un dépôt de leurs dossiers de plaidoirie (Cass. 2e civ., 18 juin 2015, nos 14-19080, 14-
19082 et 14-19083).
Pour le contentieux de la sécurité sociale, il est donc indispensable de faire comparaître personnel-
lement les parties. Dès lors, seuls les demandes et moyens réitérés verbalement à l’audience lors
des débats saisissent valablement le juge des prétentions. Aussi, la comparution personnelle des
parties ne peut, normalement, être suppléée par l’envoi de conclusions (Cass. 2e civ., 8 juill. 2004,
nº 03-12856).
Néanmoins, le décret nº 2010-1165 du 1er octobre 2010 avait déjà par le passé atténué cette
exigence présentielle en instaurant une dispense de comparution, codifiée à l’ancien article
R. 142-20-2 du Code de la sécurité sociale. Le président de la formation de jugement qui organi-
sait les échanges entre les parties comparantes pouvait ainsi dispenser une partie qui en faisait la
demande de se présenter à une audience ultérieure, conformément au second alinéa de
l’article 446-1 du Code de procédure civile. Dans cette hypothèse, la communication entre les
parties se faisait par lettre recommandée avec avis de réception ou par notification entre avocats
et il en était justifié auprès du tribunal dans les délais impartis par le président. En cours d’ins-
tance, les parties pouvaient également présenter leurs moyens par lettre adressée au tribunal
sous réserve de justifier que la partie adverse en avait eu connaissance avant l’audience par lettre
recommandée avec demande d’avis de réception. La partie qui usait de cette faculté pouvait ne
pas se présenter à l’audience (pour une illustration, v. Cass. 2e civ., 13 mars 2014, nº 13-16450).
Dorénavant, c’est l’article R. 142-10-4, alinéa 2 du Code de la sécurité sociale qui énonce, en
reprenant les mêmes modalités de communication, cette possibilité de faire application du
second alinéa de l’article 446-1 du Code de procédure civile. Les parties peuvent être autorisées à
formuler leurs prétentions par écrit sans se présenter à l’audience. Dans ce cas, il en est justifié
auprès du tribunal dans les délais impartis par le président. Le jugement rendu dans ces conditions
est contradictoire (CSS, art. R. 142-10-4).
■ Voies de recours
a) Voies ordinaires de recours
1) Appel
Pour l’appel, en dépit de la loi nº 2019-222 du 23 mars 2019 de programmation 2018-2022 et
de réforme de la justice mettant un terme à la distinction entre le contentieux général et le
contentieux technique, celle-ci doit néanmoins être prorogée à titre transitoire en raison
de la survie provisoire de la Cour nationale de l’incapacité et de la tarification de l’assurance des
accidents du travail (CNITAAT).
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CHAPITRE 1 – Le contentieux de la sécurité sociale 75
L’appel est formé par déclaration faite ou adressée par pli recommandé au greffe de la cour,
accompagnée de la copie de la décision contestée. Les mentions prescrites par l’article 58 du
Code de procédure civile s’imposent.
Avant cette réforme de grande ampleur initiée par la loi du 18 novembre 2016 de modernisation
de justice du XXIe siècle, l’appel adressé par lettre simple malgré tout enregistré était recevable et,
surtout, l’appel formé dans le délai légal auprès du greffe du tribunal compétent était recevable
peu important la section concernée (Cass. soc., 12 déc. 2002, nº 01-20750).
S’agissant des prétentions et moyens des parties, l’article 954 du Code de procédure civile a voca-
tion à s’appliquer.
Le greffe convoque les parties par lettre de notification. La Cour de cassation a eu l’occasion de
juger qu’aucune disposition du Code de procédure civile ne prévoit un délai maximum entre la
convocation et la date de l’audience (Cass. 2e civ., 9 juill. 2015, nº 14-15209).
En matière de contentieux de la sécurité sociale, la procédure d’appel est sans représentation obli-
gatoire (CSS, art. R. 142-11).
Les dispositions relatives aux mesures d’instruction et d’expertise sont applicables à la procédure
devant la cour d’appel (v. supra). Précision étant faite que la cour d’appel ne saurait se prononcer
sur l’origine professionnelle des maladies invoquées en se fondant sur une expertise judiciaire sans
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78 L’ESSENTIEL DU CONTENTIEUX DE LA SÉCURITÉ SOCIALE
recueillir préalablement l’avis d’un comité régional autre que celui qui a été saisi par la caisseen
application du huitième alinéa de l’article L. 461-1 du Code de sécurité sociale.
La cour d’appel doit, le cas échéant, satisfaire à cette obligation si le tribunal a omis de s’y
conformer (Cass. 2e civ., 30 mai 2013, no 12-18021).
La décision est rendue normalement de façon collégiale, sauf qu’en matière où la représentation
n’est pas obligatoire, le président de la cour d’appel peut décider que l’on statue à juge unique.
Les décisions des cours d’appel spécialement désignées sont notifiées aux parties par le greffe
(CSS, art. R. 142-12).
2) Opposition
Aux termes de l’alinéa 2 de l’ancien article R. 142-25 du Code de la sécurité sociale, la décision du
tribunal n’était pas susceptible d’opposition. À l’inverse, l’ancien article R. 142-31 du même Code
mentionnait que « l’opposition ne peut être formée par une partie contre l’arrêt de la cour d’appel
que s’il n’est pas établi que la lettre de convocation lui soit parvenue et si elle n’a pas été citée à
personne par exploit d’huissier ».
Le décret nº 2018-928 du 29 octobre 2018 relatif au contentieux de la sécurité sociale et de l’aide
sociale a abrogé ces articles et, en application du nouvel article R. 142-1-A, II du Code de la sécu-
rité sociale issu de ce décret, les demandes au fond comme en référé sont formées selon les dispo-
sitions du Code de procédure civile. Autrement dit, les articles 571 et suivants dudit Code ont
vocation à s’appliquer. Ainsi l’opposition n’est ouverte qu’au défaillant afin de faire rétracter la
décision d’appel ou le jugement rendu par défaut. Elle remet en question, devant le même juge,
les points jugés par défaut pour qu’il soit à nouveau statué en fait et en droit.
Lorsque l’opposition tend à faire rétracter une décision d’une cour d’appel rendue par défaut dans
une matière régie par la procédure sans représentation obligatoire, comme en contentieux de la
sécurité sociale, elle est formée par une déclaration que la partie ou tout mandataire fait, ou
adresse par pli recommandé, au greffe de la cour qui a statué. L’opposition est instruite et jugée
selon les règles applicables devant la cour d’appel à la procédure sans représentation obligatoire
(CPC, art. 573, al. 3).
Selon l’article 583 du Code de procédure civile, un tiers qui se considère lésé ou menacé de l’être
par une décision à laquelle il n’est pas partie, ni représenté, peut former une tierce opposition
obligeant la juridiction dont émane le jugement attaqué à statuer à nouveau. La notion d’intérêt
du tiers est appréciée strictement (n’est pas recevable à former tierce opposition le commissaire à
l’exécution du plan qui ni ne représente le débiteur, ni ne satisfait l’intérêt collectif des créanciers :
Cass. com., 11 déc. 2007, nº 06-16103).
La décision qui fait droit à la tierce opposition ne rétracte ou ne réforme le jugement attaqué que
sur les chefs préjudiciables au tiers opposant. Le jugement primitif conserve ses effets entre les
parties, même sur les chefs annulés.
Toutefois, la chose jugée sur tierce opposition l’est à l’égard de toutes les parties appelées à l’ins-
tance en application de l’article 584 du CPC (CPC, art. 591).
Recours en révision
Parmi les voies extraordinaires de recours, le recours en révision est possible en matière de
contentieux de la sécurité sociale dans les conditions prévues aux articles 593 à 603 du Code
de procédure civile, ce recours est communiqué au ministère public (CPC, art. 600, al. 1er).
2) Pourvoi en cassation
Le pourvoi est déposé au greffe de la Cour de cassation dans un délai de 2 mois à compter de la
notification de la décision d’appel ou du jugement rendu en dernier ressort (CSS, art. R. 142-15,
al. 2).
Dans les délais de recours imposés aux parties, les ministres chargés de la sécurité sociale, de l’aide
sociale et de l’agriculture peuvent se pourvoir en cassation (CSS, art. R. 142-14, al. 2).
Le pourvoi doit obligatoirement être formé par déclaration par ministère d’un avocat au Conseil
d’État et à la Cour de cassation (CSS, art. R. 142-15, al. 1er). Les dispositions du Code de procédure
civile ayant trait à la procédure avec représentation obligatoire devant la Cour de cassation s’appli-
quent (CPC, art. 974 et s.). Toutefois, les ministres chargés de la sécurité sociale, de l’aide sociale
et de l’agriculture sont dispensés de ministère d’avocat (CSS, art. R. 142-14, al. 2).
Le pourvoi est instruit et jugé conformément aux règles de la procédure ordinaire dans la mesure
où le Code de sécurité sociale ne dispose pas de mesures contraires (CSS, art. R. 142-15, al. 1er).
Lorsque l’une des parties au litige forme un pourvoi en cassation, l’organisme de sécurité sociale
est tenu d’informer l’autorité de tutelle étatique représentée par le responsable de la MNC ou de
la MAECOPSA (CSS, art. D. 144-1). Par ailleurs, à la lecture de l’article L. 225-1-1, 3º ter du Code
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80 L’ESSENTIEL DU CONTENTIEUX DE LA SÉCURITÉ SOCIALE
La cour d’appel d’Amiens a été désignée par décret nº 2017-13 du 5 janvier 2017 (COJ,
art. D. 311-12) pour traiter du contentieux de la tarification en premier et dernier ressort pour
l’ensemble du territoire national.
Néanmoins, une phase transitoire est prévue. Ainsi, pour le contentieux technique de la tarification
des accidents du travail qui relevait de la Cour nationale de l’incapacité et de la tarification de
l’assurance des accidents du travail (CNITAAT), celle-ci demeure compétente jusqu’au
31 décembre 2020, ou à une date ultérieure fixée par décret qui ne pourra dépasser le
31 décembre 2022, pour mettre en état et juger des affaires dont elle aura été saisie avant le
1er janvier 2019 (ord. nº 2018-358, 16 mai 2018, art. 7). Pour ce faire, pour les instances en cours
avant cette date, les dispositions du Code de la sécurité sociale, du Code rural et de la pêche
maritime et du Code de l’action sociale et des familles qui lui sont applicables avant le 1er janvier
2019 lui demeurent applicables jusqu’à cette date fixée par décret.
Toutefois, dans ces instances, le président de la CNITAAT ou le président de la section compétente
peut :
– dans l’intérêt d’une bonne justice, d’office ou à la demande d’une partie, dessaisir la cour d’une
affaire et en renvoyer en l’état la connaissance à la cour spécialement désignée mentionnée à
l’article L. 311-16 du Code de l’organisation judiciaire, lorsque l’affaire présente un lien étroit
avec une contestation relative au 7º de l’article L. 142-1 pendante devant cette juridiction. Dans
ce cas, la procédure se poursuit selon les règles applicables devant la cour spécialement désignée ;
– statuer sur les exceptions de procédure et sur les fins de non-recevoir (D. nº 2018-928, 29 oct.
2018, art. 17, V).
La formation de jugement mentionnée à l’article L. 311-16 du Code de l’organisation judiciaire est
composée d’un magistrat du siège et de deux assesseurs représentant l’un les travailleurs salariés,
et l’autre les employeurs et les travailleurs indépendants (COJ, art. L. 312-6-2, al. 1er). Ces asses-
seurs sont choisis par le premier président dans le ressort de la cour d’appel sur les listes dressées
en vertu de l’article L. 218-3 du Code de l’organisation judiciaire. Les articles L. 218-4 à L. 218-12
et les deux derniers alinéas de l’article L. 218-1 du même Code leur sont applicables (COJ, art.
L. 312-6-2, al. 2) dans des conditions fixées par le décret nº 2018-928 du 29 octobre 2018.
L’article R. 312-13-3, 2º du Code de l’organisation judiciaire est ainsi venu expliciter que la procé-
dure d’avertissement prévue à l’article L. 218-10 et la procédure disciplinaire prévue à l’article
L. 218-11 s’appliquent aux assesseurs qui siègent à la cour d’appel, à l’exception des dispositions
mentionnant l’intervention du président du tribunal.
Jusqu’au 1er septembre 2019, dans le cas où la formation collégiale de la cour d’appel d’Amiens
ne pouvait siéger avec la composition prévue par l’article L. 312-6-2 du Code de l’organisation
judiciaire précité par suite de la vacance, de la récusation ou de l’absence d’assesseurs titulaires
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82 L’ESSENTIEL DU CONTENTIEUX DE LA SÉCURITÉ SOCIALE
ou suppléants, l’audience était reportée, sauf accord des parties pour que le président statue seul
après avoir recueilli, le cas échéant, l’avis de l’assesseur présent. Lorsque l’audience était reportée,
les parties présentes en étaient avisées verbalement par mention au dossier et les parties absentes
étaient convoquées à nouveau selon les modalités prévues à l’article R. 142-10-3 du Code de la
sécurité sociale. L’audience ne pouvait être reportée plus d’une fois. Dans le cas où, à la deuxième
audience, la cour d’appel ne pouvait à nouveau siéger avec la composition prévue à l’article
L. 312-6-2 du Code de l’organisation judiciaire, le président statuait seul après avoir recueilli, le
cas échéant, l’avis de l’assesseur présent (D. nº 2018-928, 29 oct. 2018, art. 17, VIII).
Les employeurs sont tenus de laisser à leurs salariés assesseurs de la cour d’appel d’Amiens le
temps nécessaire à l’exercice de leurs fonctions (COJ, art. L. 218-7 par renvoi de COJ,
art. R. 312-13-3, 1º).
La cour d’appel d’Amiens connaît donc de tout litige portant sur la tarification de l’assurance des
accidents du travail. Il s’agit notamment, pour se limiter au régime général :
– du recours contre le classement catégoriel du risque professionnel (CSS, art. L. 242-5, al. 2) ;
– du recours contre la décision de fixation du taux de cotisation d’accidents du travail et maladies
professionnelles (AT/MP) ;
– du recours de l’employeur contre l’imposition de cotisations supplémentaires (CSS, art. L. 242-7) ;
– du recours de l’employeur contre le refus d’octroi de ristournes.
Relèvent également du contentieux technique de la tarification, et non du tribunal administratif,
les demandes de nullité de la décision de tarification en l’absence de délégation de signature
(Cass. 2e civ., 7 avr. 2011, nº 10-14458).
Cette compétence exclusive d’attribution est néanmoins interprétée strictement. En l’absence de
décision d’une caisse de mutualité sociale agricole ou d’une caisse d’assurance retraite et de la
santé au travail (CARSAT) ou de la Caisse régionale d’assurance maladie d’Île-de-France
(CRAMIF), la cour d’appel d’Amiens est incompétente (Cass. 2e civ., 13 déc. 2007, nº 06-19324 ;
v. aussi Cass. 2e civ., 13 janv. 2011, nº 10-13975).
Cette compétence est limitée et ne saurait s’étendre aux questions relevant d’autres juridictions.
■ Saisine
En application de l’article L. 142-4 du Code de la sécurité sociale, les recours contentieux formés
en matière de tarification n’ont pas à être précédés d’un recours préalable. La réclamation
gracieuse devant la CARSAT ou CMSA n’est nullement impérative.
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CHAPITRE 1 – Le contentieux de la sécurité sociale 83
Si l’on se limite au régime général (CSS, art. R. 142-13-2, al. 1 et 2), le recours est introduit devant
la cour d’appel d’Amiens :
– soit par l’employeur, dans le délai de 2 mois, à compter de la date de réception de la notifica-
tion par la caisse d’assurance retraite et de la santé au travail de sa décision concernant les
taux de cotisation, les ristournes, les cotisations supplémentaires et la contribution prévue à
l’article L. 437-1 ;
– soit, dans ce même délai, à compter du jour de la décision lorsque le recours est introduit par le
responsable de la MNC (CSS, art. R. 155-1).
En cas de réclamation gracieuse, dans le délai de 2 mois, auprès de la CARSAT, le délai de recours
contentieux de 2 mois commence à courir du jour où est notifiée la décision de la caisse sur le
recours gracieux. À défaut de réponse de la caisse à l’expiration d’un délai de 2 mois à compter
de l’introduction du recours gracieux, le recours est réputé implicitement rejeté et le délai imparti
pour saisir la cour d’appel d’Amiens court à compter du jour où intervient cette décision implicite
de rejet (CSS, art. R. 142-13-2, dernier al.).
Par dérogation aux dispositions du titre VI du livre II du Code de procédure civile, les recours
exercés devant la cour d’appel d’Amiens sont formés selon les dispositions des articles
R. 142-13-1 et suivants du Code de la sécurité sociale (CSS, art. R. 142-13).
Le recours est formé par voie d’assignation à une audience préalablement indiquée par le premier
président ou son délégué, qui comprend une copie de la décision attaquée. À peine de caducité,
que le premier président ou son délégué peut constater d’office par ordonnance, la saisine elle-
même de la cour d’appel d’Amiens est réalisée par le dépôt d’une copie de l’assignation au
greffe de la cour d’appel avant la date fixée pour l’audience (CSS, art. R. 142-13-1).
■ Assistance et représentation
Le ministère d’avocat n’est pas obligatoire. Les parties peuvent se défendre elles-mêmes. En tant
que contentieux de la sécurité sociale, il est fait application de l’article L. 142-9 du Code de la
sécurité sociale (v. supra) concernant la liste limitative de personnes, outre les avocats, pouvant
assister ou représenter les parties.
■ Instruction
Pour l’instruction, la procédure suivie devant la cour d’appel d’Amiens déroge aux dispositions du
titre VI du livre II du Code de procédure civile (CSS, art. R. 142-13).
Ainsi, lorsqu’une instruction est nécessaire, il est procédé selon les dispositions relatives à la procé-
dure orale. Les dispositions de l’article R. 142-10-5 sont applicables (CSS, art. R. 142-13-3). Par
renvoi à cet article, le premier président ou son délégué exerce les missions et dispose des
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84 L’ESSENTIEL DU CONTENTIEUX DE LA SÉCURITÉ SOCIALE
pouvoirs reconnus au juge de la mise en état par les articles 763 à 781 du Code de procédure
civile.
Aux termes de l’article R. 142-13-3 du Code de la sécurité sociale, le premier président ou son
délégué fixe les délais dans lesquels les parties à l’instance se communiquent leurs observations
écrites et en remettent copie au greffe de la cour.
Il peut être fait application des dispositions du second alinéa de l’article 446-1 du Code de procé-
dure civile. Dans ce cas, les parties communiquent par lettre recommandée avec avis de réception
(LRAR) ou par notification entre avocats et il en est justifié auprès du tribunal dans les délais
impartis par le président.
Le premier président ou son délégué peut inviter les parties à fournir les explications qu’il estime
nécessaires à la solution du litige et les mettre en demeure de produire, dans un délai qu’il déter-
mine, tous documents ou justifications propres à éclairer la cour, faute de quoi il peut passer outre
et renvoyer l’affaire devant la cour, qui tirera toute conséquence de l’abstention de la partie ou de
son refus. Il peut ordonner, le cas échéant à peine d’astreinte, la production de documents
détenus par un tiers s’il n’existe pas d’empêchement légitime. Il tranche les difficultés relatives à
la communication des pièces. Il procède aux jonctions et disjonctions d’instance. Il fixe la clôture
de l’instruction ainsi que la date des débats.
Postérieurement à la notification de l’ordonnance de clôture, les parties sont, sauf motif légitime,
irrecevables à présenter des prétentions ou moyens nouveaux ou à communiquer de nouvelles
pièces. Sont cependant recevables les demandes en intervention volontaire ainsi que les demandes
de révocation de l’ordonnance de clôture. Sont également recevables les conclusions qui tendent
à la reprise de l’instance en l’état où celle-ci se trouvait au moment de son interruption (CSS, art.
R. 142-13-3, al. 8).
Les décisions prises en vertu du présent article constituent des mesures d’administration judiciaire,
à l’exception des décisions qui constatent l’extinction de l’instance ou déclarent le recours irrece-
vable, qui sont susceptibles de pourvoi en cassation.
À l’audience, le président de la formation de jugement qui a procédé à l’instruction fait son
rapport, les parties présentes ou représentées sont entendues (CSS, art. R. 142-13-4).
Lorsque les parties font valoir à l’audience des prétentions ou des moyens nouveaux, la cour peut,
sans préjudice de l’application de l’alinéa 8 de l’article R. 142-13-3 du CSS, retenir l’affaire si les
parties sont en état d’en débattre contradictoirement, la renvoyer à une audience ultérieure ou,
en cas de nécessité, en confier l’instruction au président de la formation de jugement en révo-
quant, s’il y a lieu, l’ordonnance de clôture (CSS, art., R. 142-13-4).
Enfin aux termes de l’article R. 142-14 du Code de la sécurité sociale, les ministres chargés de la
sécurité sociale et de l’agriculture peuvent intervenir devant la cour d’appel d’Amiens dans toute
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CHAPITRE 1 – Le contentieux de la sécurité sociale 85
instance en cours mettant en cause la législation sociale, son application ou des enjeux financiers
en résultant.
■ Décision
La décision est notifiée aux parties par lettre recommandée avec demande d’avis de réception à
chaque partie (CSS, art. R. 142-13-5). La notification informe des voies et délais de recours.
■ Voies de recours
a) Opposition
Cette voie de recours est entendue strictement.
En application du nouvel article R. 142-1-A, II du Code de sécurité sociale issu du décret nº 2018-
928 du 29 octobre 2018 relatif au contentieux de la sécurité sociale et de l’aide sociale, les
demandes au fond comme en référé sont formées selon les dispositions du Code de procédure
civile sous réserve des dispositions particulières prévues par le Code de sécurité sociale. Or, l’article
R. 142-13 ne déroge qu’aux dispositions du titre VI du livre II du Code de procédure civile. Autre-
ment dit, les articles 571 et suivants dudit Code ont vocation à s’appliquer. Ainsi l’opposition n’est
ouverte qu’au défaillant afin de faire rétracter la décision d’appel ou le jugement rendu par
défaut. Elle remet en question, devant le même juge, les points jugés par défaut pour qu’il soit à
nouveau statué en fait et en droit.
b) Pourvoi en cassation
La cour d’appel d’Amiens statuant en tant que juridiction du premier degré, la seule voie de
recours envisageable est le pourvoi en cassation.
Le pourvoi contre les décisions ainsi rendues en premier et dernier ressort (CSS, art. R. 142-13-5)
est formé par ministère d’un avocat au Conseil d’État et à la Cour de cassation. Le pourvoi est
déposé au greffe de la Cour de cassation dans un délai de 2 mois à compter de la notification de
la décision (CSS, art. R. 142-15).
En application de l’article R. 142-14 du Code de la sécurité sociale, les ministres chargés de la
sécurité sociale et de l’agriculture peuvent se pourvoir en cassation dans les délais de recours
imposés aux parties. Ils sont dispensés du ministère d’avocat.
Lorsque l’une des parties au litige forme un pourvoi en cassation, l’organisme de sécurité sociale
est tenu d’informer l’autorité de tutelle étatique représentée par le responsable de la MNC ou de
la MAECOPSA (CSS, art. D. 144-1).
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86 L’ESSENTIEL DU CONTENTIEUX DE LA SÉCURITÉ SOCIALE
Une bonne compréhension de l’expertise médicale technique passe par l’étude de son champ d’application,
c’est-à-dire des cas dans lesquels il est nécessaire d’y recourir (1), ainsi que de la procédure applicable (2).
cette date, v. infra). L’article R. 141-2 du CSS ajoute qu’« en matière d’assurance maladie et
d’assurance des accidents du travail et des maladies professionnelles, les contestations relatives à
l’état du malade ou à sa prise en charge thérapeutique s’entendent également des contestations
concernant les affections de longue durée [...] et de celles relatives aux affections relevant du
protocole de soins ». Il doit enfin être procédé à cette expertise « lorsque la victime reprend avant
sa guérison ou la consolidation de sa blessure un travail léger avec l’autorisation de son médecin
traitant [...] en cas de désaccord entre le médecin traitant et le médecin-conseil » (CSS,
art. R. 433-15).
La formulation de l’article L. 141-1 invite à distinguer, d’une part, les contestations d’ordre médical
relevant du champ de l’expertise médicale technique et, d’autre part, les contestations exclues de
ce champ.
travail pour l’application des dispositions du livre VII du Code rural et de la pêche maritime autres
que celles relevant du contentieux général de la sécurité sociale », le 6º du nouvel article L. 142-1
visera les litiges relatifs « à l’état ou au degré d’invalidité, en cas d’accidents ou de maladies régies
par les titres III, IV et VI du livre VII du Code rural et de la pêche maritime, à l’état d’inaptitude au
travail ainsi que, en cas d’accidents du travail ou de maladies professionnelles régies par les titres V
et VI du même livre VII, à l’état d’incapacité permanente de travail, notamment au taux de cette
incapacité ».
la liste des actes et prestations prévue par l’article L. 162-1-7 ». Ladite liste est plus particulière-
ment composée de trois nomenclatures :
– la classification commune des actes médicaux (CCAM) ;
– la nomenclature générale des actes professionnels (NGAP) ;
– la nomenclature des actes de biologie médicale (NABM).
L’expertise est confiée à un expert judiciaire inscrit sous la rubrique « experts spécialisés dans
l’interprétation de la liste des actes et prestations » (CSS, art. R. 142-17-3, al. 2). Ce type d’exper-
tise peut, par exemple, être ordonné pour rechercher « si l’acte de mise en place d’un cathéter
sus-pubien constituait un acte distinct coté à la nomenclature » (Cass. soc., 27 juin 2002, nº 01-
00939 : Bull. civ. V, nº 227, p. 221).
Une fois la nécessité du recours à l’expertise établie, une procédure spécifique doit être suivie.
2 Procédure applicable
La procédure débute par une expertise initiale, à laquelle peut parfois succéder une nouvelle
expertise.
■ Expertise initiale
L’expertise initiale s’articule autour de plusieurs étapes qu’il est possible de présenter
chronologiquement.
a) Demande d’expertise
Ainsi que cela a déjà été indiqué, l’expertise médicale technique peut intervenir soit avant toute
saisine de la juridiction, sur demande de l’assuré (1) ou à l’initiative de la caisse (2), soit en cours
d’instance (3). Il s’agit donc d’une mesure d’instruction, mais aussi d’une modalité particulière de
règlement des différends, ce qui explique qu’elle soit souvent présentée à part. En toutes hypo-
thèses, l’employeur ne peut la solliciter (4).
1) Expertise sollicitée par l’assuré
En dehors de toute procédure contentieuse, la demande d’expertise peut, en premier lieu, émaner
de l’assuré (CSS, art. R. 141-2, al. 1 et 2). Une jurisprudence déjà ancienne a accepté que la
demande puisse être formulée par un médecin traitant avec l’accord de l’assuré (Cass. soc.,
15 janv. 1976, nº 74-12841 : Bull. civ., V, nº 33, p. 27). La victime d’un accident du travail ou
d’une maladie professionnelle peut toujours requérir une expertise médicale, même si la
matérialité de l’accident est contestée (CSS, art. R. 141-2, al. 1). La caisse sera tenue d’y faire
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92 L’ESSENTIEL DU CONTENTIEUX DE LA SÉCURITÉ SOCIALE
procéder lorsque la contestation porte sur une question d’ordre médical (CSS, art. R. 141-2, al. 1).
L’assuré dispose d’un délai d’un mois à compter de la notification de la décision contestée pour
faire sa demande d’expertise (CSS, art. R. 141-2, al. 2). Il s’agit là d’un délai de forclusion
(Cass. soc., 17 avr. 1985, no 82-11494). Antérieurement à l’entrée en vigueur du décret du 12 mai
2006 (D. nº 2006-546, 12 mai 2006 relatif aux experts médicaux judiciaires exerçant en application
des articles L. 141-1 et L. 141-2-1 du Code de la sécurité sociale et modifiant ce Code, art. 1er, II :
JO 14 mai 2006, p. 7092, texte nº 8 explicité par la circ. nº CIR-9/2007, 20 févr. 2007), le délai d’un
mois n’était prévu qu’en matière d’assurance maladie. Dans le silence des textes concernant les
accidents du travail, une circulaire avait préconisé de retenir le délai de prescription du droit à
indemnité, soit un délai de 2 ans courant à compter du jour de l’accident, du jour de la clôture
de l’enquête légale en cas d’accident grave ou du jour de la cessation de paiements des
indemnités journalières (circ. nº 53 SS, 4 juin 1959 : BOSS 1959, nº 22 ; CSS, art. L. 431-2). Un
délai unique est désormais prévu tant en matière d’accident du travail et de maladie
professionnelle qu’en matière d’assurance maladie (CSS, art. R. 141-2, al. 2).
La demande, qui doit être écrite, est adressée par LRAR ou déposée au guichet de la caisse contre
récépissé. Elle doit indiquer le nom et l’adresse du médecin traitant et préciser l’objet de la contes-
tation (CSS, art. R. 141-2, al. 3). S’il faut conseiller à la personne d’y adjoindre un certificat médical
(circ. nº 53 SS, 4 juin 1959 : BOSS 1959, nº 22), le simple envoi d’un certificat, sans plus de préci-
sions, ne peut pas être assimilé à une demande d’expertise médicale technique. C’est du moins
ce qu’a retenu la Cour de cassation dans une affaire dans laquelle un salarié s’était borné à
envoyer à la caisse un certificat médical de prolongation d’un arrêt de travail et n’avait ensuite
pas répondu à une lettre du médecin-conseil lui ayant demandé s’il entendait faire l’objet d’une
expertise (Cass. soc., 15 janv. 1976, nº 75-10066 : Bull. civ. V, nº 33, p. 27).
2) Expertise à l’initiative de la caisse
L’expertise médicale technique peut, en second lieu, être pratiquée à l’initiative de la caisse dont la
décision est contestée (CSS, art. R. 141-2, dans sa version issue du décret no 2019-718 du 5 juillet
2019 procédant au regroupement et à la mise en cohérence des dispositions du Code de la sécu-
rité sociale applicables aux travailleurs indépendants, JORF, 7 juillet 2019, texte no 23). La caisse
sera tenue d’y faire procéder lorsque la contestation porte sur une question d’ordre médical (CSS,
art. R. 141-2, al. 1).
3) Expertise ordonnée par la juridiction au cours d’une procédure contentieuse
Si l’expertise a parfois lieu en dehors de toute procédure contentieuse, l’expertise est quelquefois
ordonnée par la juridiction. Le juge doit ordonner cette expertise dès lors qu’il existe une difficulté
d’ordre médical relative à l’état du malade ou de la victime d’un AT/MP. On peut en prendre pour
exemple une affaire soumise à la chambre sociale le 24 octobre 1991. Dans cette affaire, une
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CHAPITRE 2 – L’expertise médicale 93
femme avait été victime d’un accident du travail. La CPAM lui verse des indemnités journalières au
titre de la législation sur les accidents du travail. Toutefois, au bout d’un certain temps, elle cesse
ce versement. Le TASS, qui avait été saisi de cette affaire, ordonne une expertise médicale tech-
nique avant dire droit. Le rapport d’expertise est rendu. Il annule le rapport d’expertise et accorde
à la salariée les indemnités journalières après avoir souligné que les conclusions du médecin expert
étaient en contradiction avec les éléments médicaux et documents produits par la demanderesse.
Le jugement est cassé pour violation des articles L. 141-2 et R. 142-24 du CSS dans leurs versions
alors en vigueur. Le tribunal « ne pouvait se prononcer sur la difficulté d’ordre médical [...] sans
recourir à un complément d’expertise ou à une nouvelle expertise médicale » (Cass. soc., 24 oct.
1991, nº 89-21268 : Bull. civ. V, nº 450, p. 279). Le juge ne peut donc pas se prononcer lui-même
sur la question d’ordre médical, il doit ordonner l’expertise.
4) Impossibilité pour l’employeur de solliciter une expertise médicale technique ou d’être
représenté à la procédure
La formulation de l’article R. 141-2 du CSS exclut, en revanche, toute demande d’expertise médi-
cale technique de la part de l’employeur. D’ailleurs, la contestation opposant un employeur à un
organisme de sécurité sociale à propos du caractère professionnel d’un accident ne relève pas de
cette procédure (Cass. 2e civ., 4 févr. 2010, nº 09-10584 : Bull. civ. II, nº 28). L’impossibilité pour
l’employeur de recourir à ce type d’expertise explique que les conclusions de l’expert technique
désigné dans le cadre d’un litige opposant l’assuré à la caisse ne lui soient pas opposables
(Cass. soc., 20 juill. 1995 : nº 93-12043 : Bull. civ. V, nº 260, p. 187 – Cass. 2e civ., 25 oct. 2007,
nº 06-18710 – Cass. 2e civ., 17 févr. 2011, nº 10-14925). Il n’est en effet pas autorisé à se faire
représenter dans cette procédure, qui est ordonnée par le juge dans les seuls rapports entre la
caisse et la victime. Il ne peut pas davantage prendre connaissance du rapport de cette mesure
d’instruction, celui-ci n’étant transmis qu’au service du contrôle médical de la caisse ainsi qu’à la
victime de l’accident du travail ou de la maladie professionnelle ou au médecin traitant du
malade (Cass. 2e civ., 17 févr. 2011, nº 10-14925 : Bull. civ. II, nº 53).
La seule possibilité ouverte à l’employeur consiste à solliciter une mesure d’expertise judiciaire que
les juges du fond peuvent décider d’ordonner ou non, la Cour de cassation renvoyant cette ques-
tion à leur pouvoir souverain d’appréciation (Cass. soc., 20 juill. 1995 : nº 93-12043 : Bull. civ. V,
nº 260, p. 187).
Si la procédure d’expertise médicale technique n’est pas en elle-même opposable à l’employeur, il
n’en va pas de même de la décision de la caisse prise à la suite de cette expertise (Cass. 2e civ.,
16 nov. 2004, nº 03-16484 : Bull. civ. II, nº 496, p. 422 ; TPS 2005, comm. 15). Ainsi, si une caisse
avait fixé la date de consolidation de l’état d’un salarié victime d’un accident du travail et le taux
de la rente réparant l’incapacité de travail par une décision irrégulière en raison de l’absence de
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94 L’ESSENTIEL DU CONTENTIEUX DE LA SÉCURITÉ SOCIALE
(§ 40). En effet, la caisse « ne disposait, pour prendre sa décision, que de l’avis médico-adminis-
tratif du médecin-conseil, lequel ne relève pas [...] de l’autorité hiérarchique de la CPAM mais de
celle de la CNAMTS ». Les services administratifs de la CPAM n’étaient donc, pas plus que
l’employeur « en possession des pièces médicales sollicitées » (§ 41).
Une fois que la demande d’expertise a été réalisée, il est nécessaire de désigner le médecin expert.
b) Désignation du médecin expert
La juridiction ne peut pas procéder elle-même à la désignation du médecin expert puisqu’il n’entre
« dans ses pouvoirs que de fixer l’étendue de sa mission » (Cass. soc., 14 oct. 1999, nº 97-20826 :
Bull. civ. V, nº 384, p. 282 – Cass. 2e civ., 21 juin 2005, nº 04-30335 : Bull. civ. II, nº 164, p. 147). La
procédure de désignation est donc identique que l’on se trouve en dehors ou dans le cadre d’un
contentieux.
Le service du contrôle médical de la caisse doit se mettre en rapport avec le médecin traitant dans
les 3 jours suivant :
– soit la date où est apparue la contestation d’ordre médical ;
– soit la réception de la demande d’expertise formulée par la victime ;
– soit la notification du jugement prescrivant l’expertise (CSS, art. R. 141-2, al. 4).
Le médecin expert est en principe désigné par un accord entre le médecin traitant et le service du
contrôle médical fonctionnant auprès de la caisse dont la décision est contestée (CSS,
art. R. 141-1, al. 1 dans sa version issue de l’article 90 du décret no 2019-718, préc.).
Si aucun accord n’est trouvé dans un délai d’un mois à compter de la contestation, le directeur
général de l’agence régionale de santé (ARS) procède lui-même à la désignation du médecin
expert. Il ne peut le choisir que parmi les médecins inscrits sur la liste des experts spécialisés en
matière de sécurité sociale et doit en aviser immédiatement la caisse (CSS, art. R. 141-1, al. 1).
Dans le cas particulier où la contestation porterait sur le diagnostic ou sur le traitement d’une
affection relevant d’une des disciplines mentionnées dans le règlement de qualification établi par
l’ordre des médecins et approuvé par le ministre en charge de la santé, l’expert doit être choisi
parmi les médecins spécialistes ou compétents pour l’affection considérée (CSS, art. R. 141-1,
al. 2, renvoyant à CSP, art. R. 4127-79, 4º).
Dans toutes ces hypothèses, il existe néanmoins une restriction dans le choix de l’expert liée à l’exis-
tence d’incompatibilités. En effet, ni le médecin ayant soigné le malade ou la victime, ni un médecin
attaché à l’entreprise ni même un médecin appartenant au conseil ou au conseil d’administration de
la caisse concernée ou un médecin participant au service du contrôle médical auprès de cette caisse
ne peuvent remplir les fonctions d’expert (CSS, art. R. 141-1, al. 3 dans sa version issue du décret
no 2019-718, préc.). La liste semble exhaustive. La jurisprudence avait ainsi considéré – sous
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96 L’ESSENTIEL DU CONTENTIEUX DE LA SÉCURITÉ SOCIALE
l’empire du décret du 7 janvier 1959 (D. nº 59-160, 7 janv. 1959 relatif à l’expertise médicale en
matière d’assurances sociales et d’accident du travail : JO 10 janv. 1959, p. 718) – que le fait que
l’expert ait déjà examiné l’intéressé pour un examen spécialisé en qualité de médecin consultant
n’était pas de nature à entraîner la nullité de l’expertise dès lors que le consultant n’appartenait à
aucune des catégories de praticiens visés par une incompatibilité (D. nº 59-160, 7 janv. 1959, art. 2,
dernier alinéa) et que la désignation dudit praticien n’avait pas été mise en cause en raison d’une
circonstance pouvant faire douter de son impartialité (Cass. soc., 14 juin 1989, nº 86-19122 :
Bull. civ. V, nº 455, p. 277). Pourtant, les juges ont parfois procédé à des assimilations en fonction
des circonstances de la cause. Ainsi, dans des arrêts anciens, la chambre sociale avait considéré que
le fait qu’un praticien ait été consulté par le service du contrôle médical de la caisse et ait rendu un
avis ayant servi de base à la fixation de la date de consolidation devait conduire à l’assimiler à celui-
ci (Cass. soc., 24 oct. 1958 : Bull. civ. IV, nº 1103, p. 838, concernant un médecin ayant présidé une
commission officieuse – Cass. soc., 9 avr. 1959 : Bull. civ. IV, nº 446, p. 368).
c) Détermination des missions confiées à l’expert
Il faut ensuite déterminer les missions confiées à l’expert, ce qui est l’objet du protocole d’accord (1),
voire de la décision de la juridiction (2).
1) Établissement du protocole d’accord
Dès qu’elle est informée de la désignation du médecin expert, la caisse doit établir un protocole
d’accord. Ce protocole doit contenir diverses mentions obligatoires, conformément à l’article
R. 141-3 du CSS dans sa version issue du décret no 2019-718, préc. Il s’agit :
– de l’avis du médecin traitant, lequel doit être nommément désigné (1º) ;
– de l’avis du médecin-conseil ayant fondé la décision contestée (2º) ;
– des motifs invoqués à l’appui de la demande, dans l’hypothèse où l’expertise a été demandée
par le malade ou la victime (3º) ;
– des missions confiées à l’expert ainsi que l’énoncé précis des questions posées (4º).
La demande d’expertise ainsi que le protocole doivent être envoyés par la caisse au médecin
expert par LRAR (CSS, art. R. 141-3 in fine).
Deux précisions s’imposent concernant les mentions obligatoirement contenues dans le protocole
d’accord :
– d’une part, elles sont prescrites à peine de nullité (Cass. 2e civ., 12 juin 1963 : Bull. civ. II, nº 444,
p. 329, l’expertise était à défaut déclarée sans effet entre les parties) ;
– d’autre part, il suffit que l’avis du médecin ait été sollicité. Cette solution avait déjà été affirmée
sous l’empire du décret du 7 janvier 1959 (D. nº 59-160, 7 janv. 1959 relatif à l’expertise
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CHAPITRE 2 – L’expertise médicale 97
technique spécifique, v. supra), la Cour de cassation a précisé que « les dispositions de l’article 160
du nouveau Code de procédure civile relatives aux modalités de la convocation des parties aux
mesures d’instruction s’appliquent à l’expertise technique spécifique ordonnée en application des
articles L. 141-2-1 et R. 142-24-3 du Code de la sécurité sociale ». Elle a par conséquent cassé le
jugement d’un TASS qui avait rejeté une demande de nullité du rapport d’expertise pour défaut
de convocation en se fondant sur l’absence de préjudice lié au défaut de convocation et sur la
connaissance par l’expert des arguments des parties (Cass. 2e civ., 19 janv. 2006, nº 04-30413) :
Bull. civ. II, nº 23, p. 20). On peut donc penser que la même solution serait applicable concernant
l’expertise médicale technique visée à l’article L. 141-1 du CSS.
Dans le cas où l’expertise est confiée à un seul médecin expert, il doit par ailleurs aviser le médecin
traitant et le service du contrôle médical fonctionnant auprès de la caisse dont la décision est
contestée qui peuvent assister à l’expertise (CSS, art. R. 141-4, al. 1 dans sa version issue du
décret no 2019-718, préc.), ce qui permet d’assurer le respect du contradictoire. Il s’agit là d’une
« formalité substantielle destinée à garantir les droits de la défense », si bien que le fait que le
rapport ne mentionne pas la convocation du médecin traitant et du médecin-conseil de la caisse
aux opérations d’expertise est de nature à entraîner l’annulation de l’expertise technique
(Cass. soc., 12 juill. 1988, nº 86-14759 : Bull. civ. V, nº 440, p. 283). Le respect du contradictoire
s’impose, y compris en cas de demande d’un avis complémentaire au médecin expert ; c’est ce
qui résulte d’une décision de la chambre sociale de la Cour de cassation rendue sous l’empire du
décret du 7 janvier 1959. Selon la haute juridiction, lorsqu’un avis complémentaire demandé à
l’expert porte sur un point essentiel de sa mission et non sur un point secondaire, il doit à
nouveau aviser le médecin traitant et le médecin-conseil de la caisse. En l’espèce, une expertise
médicale avait été mise en œuvre à la suite d’un accident de trajet, car la caisse avait refusé la
prise en charge au titre de cet accident des troubles psychiques présentés par la victime. L’expert
avait d’abord conclu que ces troubles relevaient de l’assurance maladie, puis il avait rendu un avis
complémentaire qui avait conduit la juridiction à admettre la prise en charge au titre de la
législation professionnelle. La caisse considère que l’expertise n’avait pas respecté le principe du
contradictoire dans la mesure où seul le médecin traitant de la victime avait été convoqué. À
l’inverse, la cour d’appel considérait que « lorsque le rapport complémentaire demandé à l’expert
a pour seul but de lui faire préciser un point de sa pensée sans nouvel examen, il n’y a pas lieu à
nouvelles explications contradictoires de toutes les parties ». L’arrêt est cassé au visa de l’article 5
du décret et de l’article 4 du Code de procédure civile dans la mesure où « le point sur lequel
l’expert a été invité à s’expliquer [n’avait] pas un caractère secondaire mais constituait l’essentiel
de sa mission » (Cass. soc., 8 juin 1983, nº 81-11875 : Bull. civ. V, nº 313, p. 222).
Les juges ne se contentent pas de vérifier que l’information du médecin traitant a bien eu lieu. Ils
veillent également à ce que celle-ci lui soit transmise dans un délai raisonnable, de nature à
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CHAPITRE 2 – L’expertise médicale 99
permettre un respect effectif du contradictoire. La chambre sociale a ainsi retenu, sous l’empire du
décret du 7 janvier 1959 – qui ne prévoyait pas plus que les textes actuels de délai d’information –,
que « le médecin traitant doit être avisé des opérations d’expertise dans un délai suffisant pour lui
permettre d’y assister ». Elle a ainsi approuvé une cour d’appel qui avait annulé une expertise pour
atteinte aux droits de la défense dans l’hypothèse où un médecin traitant n’avait été « avisé des
date, lieu et heure de l’examen que dans la matinée pour l’après-midi du même jour »
(Cass. soc., 16 déc. 1987, nº 86-11136 : Bull. civ. V, nº 735, p. 466).
2) Réalisation de l’examen
À partir du moment où le médecin expert reçoit le protocole, il dispose d’un délai de 5 jours pour
procéder à l’examen (CSS, art. R. 441-4, al. 2). Cet examen peut avoir lieu au cabinet du médecin
expert ou à la résidence du malade ou de la victime si ceux-ci ne peuvent se déplacer (CSS,
art. R. 441-4, al. 2). La chambre sociale de la Cour de cassation a précisé qu’il s’agissait d’un délai
indicatif de l’urgence de la procédure. Ainsi, le non-respect du délai n’est pas de nature à
entraîner la nullité de l’expertise, à moins que cela n’entraîne une violation des droits de la
défense, laquelle n’était pas invoquée en l’espèce (Cass. soc., 13 déc. 1990, nº 88-16477 :
Bull. civ. V, nº 674, p. 407) ou ait une incidence sur les résultats de l’expertise (Cass. soc., 5 avr.
1978, nº 76-13758 : Bull. civ. V, nº 292, p. 220).
Bien évidemment, l’utilisation du vocable « examen » par les textes implique que l’expert procède à
un examen clinique en la présence de l’assuré (Cass. soc., 8 nov. 1957 : Bull. civ. IV, nº 1040, p. 742,
rendu au visa de l’article 33 de l’ordonnance du 19 octobre 1945).
Après avoir examiné le malade ou la victime, le médecin expert doit rendre son avis.
service du contrôle médical fonctionnant auprès de la caisse dont la décision est contestée »
(al. 3) ;
– en matière d’assurance maladie, « les conclusions sont communiquées dans le même délai au
médecin traitant et au service du contrôle médical fonctionnant auprès de la caisse dont la déci-
sion est contestée (al. 4).
Sous l’empire du décret du 7 janvier 1959, la jurisprudence avait retenu que le non-respect de ce
délai n’était pas source de nullité, sauf s’il aboutissait à une violation des droits de la défense
(Cass. soc., 6 mars 1974, nº 73-11169 : Bull. civ. V, nº 159, p. 151). Cette jurisprudence selon laquelle
le délai de 48 heures constitue un délai indicatif nous semble devoir être maintenue dans la mesure
où, à l’instar de ce qui se passait sous le décret de 1959, les textes de droit positif ne précisent pas
que ce délai est prescrit à peine de nullité. Pour autant, les conclusions motivées du médecin expert
doivent obligatoirement être transmises préalablement au dépôt du rapport (Cass. 2e civ., 20 sept.
2012, nº 11-24173 : Bull. civ. II, nº 150). À défaut, l’expertise médicale technique ne peut pas être
homologuée, quand bien même le médecin du salarié aurait été avisé de la date des opérations
d’expertise et aurait eu la possibilité de faire valoir ses observations (Cass. 2e civ., 14 sept. 2006,
nº 04-30798 : Bull. civ. II, nº 236, p. 220).
2) Rapport détaillé
• C ONTENU DU RAPPORT
Le rapport détaillé constitue la seconde modalité d’expression de l’avis du médecin expert. Il
contient plus particulièrement un rappel du protocole d’accord, l’exposé des constatations faites
par l’expert au cours de l’examen, une discussion des points qui lui ont été soumis ainsi que les
conclusions (CSS, art. R. 141-4, al. 5).
• T RANSMISSION DU RAPPORT
Le rapport doit être déposé au service du contrôle médical fonctionnant auprès de la caisse dont
la décision est contestée dans un délai d’un mois à compter de la date de réception du protocole
par l’expert. Si tel n’est pas le cas, l’expert doit être remplacé, sauf si une prolongation de délai a
été obtenue en raison des circonstances particulières à l’expertise (CSS, art. R. 141-4, al. 6 dans sa
version issue du décret du 5 juillet 2019, préc., art. 9). Le service du contrôle médical fonctionnant
auprès de la caisse dont la décision est contestée doit ensuite adresser immédiatement une copie
intégrale du rapport au médecin traitant du malade ou directement à la victime en cas d’accident
du travail ou de maladie professionnelle (CSS, art. R. 141-4, al. 7 dans sa version issue du décret
du 5 juillet 2019, préc.). La Cour de cassation insiste particulièrement sur le respect de cette obli-
gation de transmission permettant « d’assurer le principe du contradictoire ». En effet, elle n’a pas
hésité à casser la décision d’une cour d’appel qui avait retenu qu’« aucune sanction n’est prévue
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CHAPITRE 2 – L’expertise médicale 101
par la loi pour cette omission qui ne porte pas atteinte aux intérêts de l’assuré » (Cass. soc., 8 mars
2001, nº 99-14044 : Bull. civ. V, nº 79, p. 61).
Dans l’hypothèse particulière où l’expertise a été demandée par une juridiction en cours d’ins-
tance, le médecin expert doit adresser « son rapport au greffe dans le délai d’un mois à compter
de la date de la réception de la demande d’expertise qui lui a été adressée par la caisse » (CSS,
art. R. 142-17-1, al. 2). Le greffe doit alors transmettre la copie du rapport sous 48 heures au
service du contrôle médical de la caisse ainsi qu’à la victime de l’accident du travail ou de la
maladie professionnelle ou au médecin traitant du malade (CSS, art. R. 142-17-1, al. 3).
3) Portée de l’avis
• À L ’ ÉGARD DE LA CAISSE ET DE L ’ ASSURÉ
L’avis rendu par le médecin expert a une forte portée, puisqu’il « s’impose à l’intéressé comme à la
caisse » (CSS, art. L. 141-2) dès lors qu’il est clair et qu’aucune expertise complémentaire n’a été
sollicitée (Cass. soc., 27 janv. 2000, nº 98-14535). Il n’appartient donc pas « à la caisse, simple
partie au procès, d’écarter cette expertise et d’en provoquer une nouvelle » qu’elle ferait réaliser
par un autre praticien (Cass. soc., 24 avr. 1985, nº 83-17221 : Bull. civ. V, nº 257, p. 185).
A la suite de la transmission de l’avis de l’expert par le service du contrôle médical fonctionnant
auprès d’elle, la caisse dont la décision est contestée doit prendre une nouvelle décision conforme
à cet avis et la notifier au malade ou à la victime dans un délai maximum de quinze jours suivant
la réception des conclusions motivées (CSS, art. R. 141-5 dans sa version issue du décret du
5 juillet 2019, préc.). En effet, l’avis de l’expert n’est pas applicable par lui-même et il appartient
à la caisse de le traduire. La jurisprudence a décidé, sous l’empire du décret du 7 janvier 1959
que le délai de 15 jours n’était pas prescrit à peine de nullité et que son inobservation n’était
donc pas de nature à entraîner l’annulation de l’expertise, du moins s’il n’en résulte aucune viola-
tion des droits de la défense (Cass. soc., 6 mars 1974, nº 73-11169 : Bull. civ. V, nº 159, p. 151). La
décision rendue par la caisse est exécutoire par provision nonobstant toute contestation (CSS,
art. R. 141-6).
• À L ’ ÉGARD DU JUGE
Quant à la portée de l’avis rendu par le médecin expert à l’égard du juge, elle a évolué au cours
du temps. Initialement, le décret du 7 janvier 1959 (décret nº 59-160 préc.) lui avait conféré une
portée très importante dans la mesure où son article 7 prévoyait qu’il « s’impos[ait] à la juridiction
compétente ». Depuis une loi du 23 janvier 1990, cette portée a été affaiblie, le Code ouvrant
désormais au juge la possibilité d’ordonner une nouvelle expertise sur demande d’une partie
(L. nº 90-86, 23 janv. 1990 portant diverses dispositions relatives à la sécurité sociale et à la santé,
art. 3 : JO 25 janv. 1990, p. 1009 ayant modifié CSS, art. L. 141-2).
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102 L’ESSENTIEL DU CONTENTIEUX DE LA SÉCURITÉ SOCIALE
médecin traitant de l’assuré ait émis un avis similaire à celui du médecin-conseil de la caisse
n’empêche pas que les frais soient mis à la charge de l’assuré dès lors que la contestation appa-
raît effectivement manifestement abusive (Cass. 2e civ., 16 mars 1966 : Bull. civ. II, nº 353,
p. 251) ;
– la seconde condition est liée à la procédure. En effet, la caisse ne peut pas directement et unila-
téralement solliciter le remboursement des frais à l’assuré. Une jurisprudence ancienne et
émanant d’une juridiction de première instance avait en effet retenu qu’elle était tenue de solli-
citer le tribunal des affaires de sécurité sociale, lequel pouvait accorder ou non satisfaction à sa
requête (Comm. 1re instance Boulogne, 15 déc. 1960 : Bull. juridique de l’Union des caisses
nationales de sécurité sociale, nº 11-1961).
■ Nouvelle expertise
La nouvelle expertise qui est susceptible d’être demandée se déroule, elle aussi, en plusieurs
phases. A la suite de la demande d’expertise (a), l’expert est désigné (b) afin de procéder à
l’examen de la victime ou du malade (c). Il lui revient alors de rendre son rapport (d). Se pose
enfin la question de la prise en charge des frais liés à la nouvelle expertise (e).
a) Demande d’expertise
1) Cas concernés
L’article R. 142-17-1, II du CSS dispose que « lorsque le différend porte sur une décision prise
après mise en œuvre de la procédure d’expertise médicale prévue à l’article L. 141-1, la juridiction
peut ordonner une nouvelle expertise si une partie en fait la demande ». Cette formulation permet
de tirer diverses conclusions :
– d’abord, la nouvelle expertise ne peut être ordonnée par le tribunal qu’à la demande des
parties. Ainsi, s’il estime que l’avis est trop succinct et que des précisions complémentaires sont
nécessaires, le juge doit les demander à l’expert. Il ne peut pas ordonner une nouvelle expertise
d’office en l’absence de demande en ce sens émanant de l’une des parties (Cass. soc., 26 janv.
1995, nº 91-18713 : Bull. civ. V, nº 43, p. 31) ni trancher lui-même la question d’ordre médical
(Cass. soc., 9 mai 1994, nº 92-14637 : Bull. civ. V, nº 171, p. 114) ;
– ensuite, le tribunal est lié par les conclusions de l’expertise initiale si aucune partie ne demande
de nouvelle expertise et que la régularité de l’avis de l’expert n’est pas contestée (Cass. soc.,
20 janv. 1994, nº 91-14984 : Bull. civ. V, nº 21 p. 15 – Cass. soc., 18 janv. 1996, nº 93-21735
– Cass. soc., 9 mai 1996, nº 94-17952 : Bull. civ. V, nº 185, p. 131) ;
– enfin, le tribunal saisi d’une demande en ce sens n’est pas obligé d’ordonner la nouvelle exper-
tise s’il considère qu’il est suffisamment informé. En revanche, s’il considère que les informations
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104 L’ESSENTIEL DU CONTENTIEUX DE LA SÉCURITÉ SOCIALE
d) Rapport de l’expert
Puis l’expert doit rédiger son rapport, qui se compose d’un rappel de l’énoncé de sa mission et des
questions fixées par le tribunal (CSS, art. R. 142-17-1, II). Il dispose ensuite d’un mois pour
l’envoyer au greffe du tribunal, ce délai courant à compter de la notification de sa désignation
(CSS, art. R. 142-17-1, II). Une fois qu’il l’a réceptionné, le secrétariat du tribunal a 48 heures
pour en transmettre une copie au service du contrôle médical de la caisse d’assurance maladie
ainsi qu’à la victime de l’accident du travail ou de la maladie professionnelle ou au médecin trai-
tant du malade en cas de maladie de droit commun (CSS, art. R. 142-17-1, II).
e) Prise en charge des frais liés à la nouvelle expertise
Avant l’entrée en vigueur de la loi de modernisation de la justice du XXIe siècle (L. nº 2016-1547,
18 nov. 2016 de modernisation de la justice du XXIe siècle : JO 19 nov. 2016, texte nº 1), l’article
R. 144-10 du CSS posait le principe selon lequel la procédure était gratuite et sans frais (al. 1)
avant d’indiquer que « les honoraires et frais, notamment d’examens complémentaires éventuels,
liés à la nouvelle expertise ordonnée par le tribunal [...] sont mis à la charge de la partie qui
succombe, à moins que le juge, par décision motivée, n’en mette la totalité ou une fraction à la
charge d’une autre partie » (al. 3 ; pour un exemple jurisprudentiel, v. Cass. 2e civ., 22 mars 2005,
nº 03-20044 : Bull. civ. II, no 74, p. 67.). Cet article spécifique n’existe plus en droit positif : désor-
mais, l’article R. 142-18-1 du CSS renvoie aux règles de l’article R. 141-7 concernant la prise en
charge des honoraires et frais de déplacement dus en cas de nouvelle expertise. Les dépenses
sont donc à la charge de la caisse dont la décision est contestée, sous réserve des dispositions de
l’article L. 142-11, sauf si cette dernière demande à la juridiction que ces frais soient mis à la
charge du malade ou de la victime en raison d’une contestation manifestement abusive de sa
part (art. R. 141-7 dans sa version issue du décret no 2019-718).
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Les contentieux ne
PARTIE
relevant pas du juge 2
judiciaire
Une part du contentieux de la sécurité sociale relève du juge administratif. En effet, ce dernier jouit d’une
« compétence de principe sur les actes structurant les régimes », c’est-à-dire sur les recours portant sur « les
actes réglementaires » traduisant des prérogatives de puissance publique, « les instructions administratives à
caractère général prises en matière de sécurité sociale » ou encore « dirigés contre les contrats administra-
tifs ». Le juge administratif dispose également d’une « compétence plus résiduelle sur les litiges individuels »
regroupant trois cercles :
– les « cas où la loi attribue expressément au juge administratif certains contentieux relatifs à l’application de
la législation ou réglementation de sécurité sociale » ;
– les litiges individuels mettant en cause « l’exercice par les organismes de sécurité sociale de prérogatives de
puissance publique » ;
– un troisième cercle ne faisant pas partie du contentieux de la sécurité sociale, mais ayant trait aux « presta-
tions d’aide sociale que les organismes de sécurité sociale servent pour le compte de l’État ou des départe-
ments » (pour une analyse détaillée, v. Lessi J., « Le juge administratif et la sécurité sociale », Regards 2015/1,
nº 47, p. 43 à 51).
Nous ne mentionnerons pas ce troisième cercle qui ne relève pas du contentieux de la sécurité sociale à
proprement parler. Rappelons seulement que depuis la suppression des CDAS et de la CCAS, ce contentieux
a été dévolu pour partie au juge judiciaire (v. supra) et pour partie au juge administratif.
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108 L’ESSENTIEL DU CONTENTIEUX DE LA SÉCURITÉ SOCIALE
Nous nous contenterons d’aborder ici deux catégories de litiges intéressant spécifiquement les professionnels
de santé : le contentieux du contrôle technique (chapitre 3) et le contentieux conventionnel (chapitre 4).
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Le contentieux Chapitre
3
du contrôle technique
Les juridictions du contentieux du contrôle technique trouvent leur origine dans la loi du 5 avril
1928 modifiée par la loi du 30 avril 1930 (L., 5 avr. 1928 sur les assurances sociales : JO 12 avr.
1928, p. 4086 – L., 30 avr. 1930 modifiant et complétant la loi du 5 avril 1928 sur les assurances
sociales : JO 1er mai 1930, p. 4819 – Ministère du Travail et de la Prévoyance sociale, Texte officiel
et complet de la loi sur les assurances sociales, Loi du 5 avril 1928 modifiée par la loi du 30 avril
1930, 1930, Paris, Étienne Chiron), dont l’article 7.1 disposait que « la caisse exerce un contrôle
général sur l’ensemble des services, les administrations hospitalières sur leurs établissements.
Dans les cas où il existe une convention avec la caisse, les syndicats professionnels contrôlent
eux-mêmes, soit sur la demande de la caisse, soit sur leur initiative, la façon dont les services tech-
niques sont assurés ». Un règlement d’administration publique pris en application de ces lois était
venu détailler les conditions d’exercice de ce contrôle technique sur les services médicaux et phar-
maceutiques. Pour ce qui concerne les malades soignés à domicile ou chez les praticiens, ce
contrôle pouvait être délégué par les caisses à des syndicats professionnels de praticiens via la
conclusion de conventions. Le syndicat professionnel s’engageait alors à « exercer ce contrôle
technique de sa propre initiative et sous sa propre responsabilité, de manière à en assurer la
pleine efficacité » (règl. adm. publ., 25 juill. 1930 pour l’exécution de la loi du 30 avril 1930 modi-
fiant et complétant la loi du 5 avril 1928, modifiée par la loi du 5 août 1929 sur les assurances
sociales, art. 26, § 1 : JO 26 juill. 1930, p. 8453).
Par la suite, un décret-loi du 28 octobre 1935, tout en reprenant le principe de l’exercice du
contrôle par les syndicats ayant conclu une convention (D.-L., 28 oct. 1935 modifiant le régime
des assurances sociales, régime applicable aux assurés du commerce et de l’industrie, art. 8, § 1 :
JO 31 oct. 1935, p. 11588), mit en place une Commission supérieure de contrôle. Présidée par un
conseiller d’État et composée d’un représentant des caisses et d’un représentant des groupements
de médecins, chirurgiens-dentistes, de sages-femmes ou de pharmaciens, suivant le professionnel
mis en cause, elle s’était vue attribuer pour mission de connaître des « difficultés auxquelles donne
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110 L’ESSENTIEL DU CONTENTIEUX DE LA SÉCURITÉ SOCIALE
lieu l’exécution du contrôle du service technique » (D.-L., 28 oct. 1935, préc., art. 8, § 5). Plus
particulièrement, cette commission :
– d’une part, devait statuer en premier et dernier ressort sur les litiges n’ayant pas été préalable-
ment soumis aux groupements professionnels nationaux de praticiens ;
– d’autre part, connaissait « en appel et en dernier ressort des décisions prises conformément à
leurs statuts par les groupements professionnels nationaux de praticiens » (D.-L., 28 oct. 1935,
art. 8, §5 préc.).
Dans un arrêt Sieur Simon, le Conseil d’État s’estima compétent pour se prononcer en tant que juge
de cassation sur les recours formés contre les décisions de la Commission supérieure de contrôle
(Recueil des arrêts du Conseil d’État statuant au contentieux, des décisions du Tribunal des conflits,
de la Cour des comptes et du Conseil des prises, 1937, tome 107, 2e série, Coll. Lebon et Panhard,
librairie du recueil Sirey, CE, sect., 17 déc. 1937, nº 55.554, Sieur Simon, p. 1051).
Avec l’entrée en vigueur de l’ordonnance du 19 octobre 1945, le contentieux du contrôle tech-
nique fut confié aux ordres professionnels. Les « fautes, abus, fraudes et tous faits intéressant
l’exercice de la profession, relevés à l’encontre des médecins, chirurgiens, dentistes ou sages-
femmes, à l’occasion des soins dispensés aux assurés sociaux » furent en effet soumis « en
première instance au conseil régional de discipline des médecins ou des chirurgiens-dentistes et
en appel à une section distincte de la section disciplinaire du Conseil national de l’ordre des méde-
cins et dite “section des assurances sociales” dudit Conseil » (ord. nº 45-2454, 19 oct. 1945 fixant
le régime des assurances sociales applicable aux assurés des professions non agricoles, art. 100 :
JO 20 oct. 1945, nº 0247, p. 6721).
Ainsi, il n’existait pas en première instance de sections des assurances sociales dédiées et le conseil
régional de l’ordre connaissait de l’affaire dans sa formation disciplinaire (Prieur J.-P., « Le
contentieux du contrôle technique entre les médecins et les caisses d’assurance maladie [I],
Quelques aspects de son élaboration des années 30 à nos jours », Rev. méd. ass. maladie 1996-3,
p. 70). Ce n’est qu’en 1963 que des instances distinctes furent créées en première instance pour le
contentieux disciplinaire et pour le contentieux du contrôle technique. Une loi précisa à cette
époque que ce dernier serait désormais soumis non plus au « conseil régional de discipline »,
mais « à une section du conseil régional de discipline » dite « section des assurances sociales du
conseil régional de discipline » (L. fin. rect. nº 63-1293, art. 3 : JO 24 déc. 1963, p. 11595). Un
décret du 7 janvier 1966 vint fixer le détail des règles procédurales applicables et détermina, en
outre, les conditions d’extension du contrôle technique aux pharmaciens, sages-femmes et
auxiliaires médicaux (D. nº 66-35, 7 janv. 1966 portant règlement d’administration publique pour
l’application des articles L. 403 à L. 408 du Code de la sécurité sociale relatifs au contentieux du
contrôle technique des praticiens, des auxiliaires médicaux et des pharmaciens : JO 9 janv. 1966,
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CHAPITRE 3 – Le contentieux du contrôle technique 111
p. 286). Ce texte se substitua à d’anciens décrets concernant ces professions (D. nº 60-644, 4 juill.
1960 relatif au contrôle technique des praticiens et auxiliaires médicaux et des pharmaciens :
JO 5 juill. 1960, p. 6090 – D. nº 45-0179, 29 déc. 1945 portant règlement d’administration
publique pour l’application de l’ordonnance 452454 du 19 décembre 1945 [régime social des
assurés des professions non agricoles], art. 116 à 126 concernant les pharmaciens et les auxiliaires
médicaux : JO 30 déc. 1945, p. 8707).
Ultérieurement, plusieurs textes vinrent ponctuellement modifier les règles applicables au conten-
tieux du contrôle technique (notamment L. nº 79-1129, 28 déc. 1979 portant diverses mesures de
financement de la sécurité sociale, art. 29 : JO 29 déc. 1979, p. 3279 – D. nº 81-207, 3 mars 1981
modifiant le décret nº 66-35 du 7 janvier 1966 portant règlement d’administration publique pour
l’application des articles L. 403 à L. 408 du Code de la sécurité sociale relatifs au contentieux du
contrôle technique des praticiens, des auxiliaires médicaux et des pharmaciens, art. 1er : JO 6 mars
1981, p. 706 – D. nº 88-484, 27 avr. 1988 modifiant les dispositions du Code de la sécurité sociale
[deuxième partie : décrets en Conseil d’État] relatives au contentieux du contrôle technique de la
sécurité sociale ainsi que les dispositions du Code de la santé publique, du décret nº 48-1671 du
28 octobre 1948 et du décret nº 59-388 du 4 mars 1959 relatives à la saisine des juridictions disci-
plinaires des ordres des médecins, des chirurgiens-dentistes, des sages-femmes et des pharma-
ciens, titre Ier : JO 3 mai 1988, p. 6019 – ord. nº 96-345, 24 avr. 1996 relative à la maîtrise médica-
lisée des dépenses de soins, titre V, chapitre II : JO 25 avr. 1996, p. 6311).
Les textes législatifs actuellement applicables en métropole résultent, pour l’essentiel, de :
– la loi du 4 mars 2002 (L. nº 2002-303, 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité
du système de santé, art. 62 et 74 : JO 5 mars 2002, p. 4118) ;
– la loi du 21 décembre 2006 (L. nº 2006-1668, 21 déc. 2006 portant création d’un ordre national
des infirmiers, art. 6 : JO 27 déc. 2006, p. 19689) ;
– la loi du 30 mai 2013 (L. nº 2013-442, 30 mai 2013 portant réforme de la biologie médicale :
JO 31 mai 2013, p. 8954) ;
– l’ordonnance du 27 avril 2017 (ord. nº 2017-644, 27 avr. 2017 relative à l’adaptation des dispo-
sitions législatives relatives au fonctionnement des ordres des professions de santé, art. 11 et
12 : JO 28 avr. 2017, texte nº 40 ; ratifiée par L. nº 2017-1841, 30 déc. 2017 : JO 31 déc. 2017,
texte nº 6).
Ces textes ont été modifiés à la marge par quelques autres textes :
– l’article 20.3 de la loi du 30 janvier 2007 (L. nº 2007-127, 30 janv. 2007 ratifiant l’ordonnance
nº 2005-1040 du 26 août 2005 relative à l’organisation de certaines professions de santé et à
la répression de l’usurpation de titres et de l’exercice illégal de ces professions et modifiant le
Code de la santé publique : JO 1er févr. 2007, p. 1937) ;
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112 L’ESSENTIEL DU CONTENTIEUX DE LA SÉCURITÉ SOCIALE
1 Objet du contentieux
L’objet du contentieux du contrôle technique peut être déterminé en se référant à cinq articles du
Code de la sécurité sociale : les articles L. 145-1, L. 145-5-1, L. 145-5-6, R. 145-1 et R. 145-8. Il est
possible de déduire de la combinaison de ces différents textes deux critères permettant d’appré-
hender l’objet du contentieux du contrôle technique. Le premier tient aux professionnels
concernés. Le second est lié aux faits susceptibles d’être sanctionnés.
■ Professionnels concernés
Le contentieux du contrôle technique implique les professions de santé. Il est plus particulièrement
susceptible de concerner :
– les médecins, les chirurgiens-dentistes, les sages-femmes (CSS, art. L. 145-1) ;
– les pharmaciens (CSS, art. R. 145-1) ;
– les auxiliaires médicaux pour lesquels des SAS n’ont pas été constituées (CSS, art. R. 145-8 et
L. 145-4).
En outre, le Code accorde une place particulière :
– aux masseurs-kinésithérapeutes, infirmiers (CSS, art. L. 145-5-1) ;
– aux pédicures podologues (CSS, art. L. 145-7-1).
Sont enfin concernées les sociétés qui exploitent un laboratoire de biologie médicale privé et qui
sont inscrites au tableau de l’ordre des médecins ou des pharmaciens (CSS, art. L. 145-5-6).
Mais il ne suffit pas que la contestation concerne l’un de ces professionnels pour qu’elle relève du
contentieux du contrôle technique, encore faut-il que les faits concernés soient susceptibles d’être
sanctionnés.
a) Fautes
La notion de faute était entendue largement par la circulaire de 2006 puisqu’il s’agissait « d’un
manquement aux obligations dont l’origine peut être un fait positif, une faute par omission, une
erreur, une ignorance, une imprudence, une maladresse, une négligence... » (circ. CNAM
nº CIR-30/2006 préc., point 1.2 archivée). Elle se distinguait le plus souvent de la fraude par son
caractère « diffus au sein d’une population correspondant le plus souvent à une attitude négli-
gente de la plupart des acteurs impliqués » (circ. CNAM no CIR-30/2006 préc., point 1.2 archivée).
La circulaire de 2012 qualifie d’activités fautives « celles qui rassemblent de manière réitérée des
faits irréguliers au regard des textes juridiques, commis par une ou plusieurs personnes physiques
ou morales en dehors des circonstances définissant la fraude et les activités abusives » (circulaire
du 2 janvier 2012 préc.). Il peut s’agir d’un manquement à une ou plusieurs obligations administra-
tive, législative, réglementaire ou déontologique (Rebecq G., « Contentieux du contrôle technique »,
JCl. Protection sociale Traité, 5 janv. 2015, § 157 et s.). Ont pu être qualifiés comme tels :
– le non-respect des règles d’utilisation de l’ordonnancier bizone (circ. CNAM nº CIR-30/
2006 préc., point 1.2, archivée) ;
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CHAPITRE 3 – Le contentieux du contrôle technique 115
pratiqué il équivaut à une absence de soins » (CE, 5e et 4e ss-sect. réunies, 24 oct. 2008,
nº 288051) ;
– lorsque leur « montant est établi sans tact ni mesure » (id.) ;
– en cas de « recours systématique à des cotations non prévues à la nomenclature générale, sans
demande d’entente préalable », sans qu’il soit nécessaire d’établir « une intention frauduleuse »
de la part du professionnel (CE, 4e et 1re ss-sect. réunies, 14 nov. 1990, nº 100899) ;
– lorsqu’un professionnel facture des majorations pour soins de nuit sans faire état d’une néces-
sité impérieuse de les exécuter de nuit conformément aux exigences de la NGAP (CE, 5e et
6e ch. réunies, 26 juill. 2018, nº 409631).
c) Fraudes
Selon la circulaire du 2 janvier 2012, la fraude correspond à des « faits illicites au regard des textes
juridiques, commis intentionnellement par une ou plusieurs personnes physiques ou morales [...]
dans le but d’obtenir ou de faire obtenir un avantage ou le bénéfice d’une prestation injustifiée
ou indue » (circ. CNAM nº CIR-1/2012 préc., point 1). La circulaire donne ensuite une liste de
comportements qualifiée par la circulaire de 2019 comme étant « exhaustive et limitative » (CIR
CNAM 24/2019, point 1). La jurisprudence a notamment retenu cette qualification lorsqu’un prati-
cien facture des actes fictifs (CE, 4e ss-sect., 27 oct. 2004, nº 252944) ou se prévaut faussement de
la qualité d’employeur de deux infirmières dont il avait facturé les soins tout en facturant des actes
qui, au vu de leur durée, « n’avaient pu être effectués dans des conditions satisfaisantes pour les
patients » (CE, 4e et 5e ss-sect. réunies, 25 oct. 2004, nº 254894).
d) Tous faits intéressant l’exercice de la profession
Enfin, il existe une quatrième catégorie – sorte de voiture-balai – englobant « tous faits intéressant
l’exercice de la profession ». La formulation volontairement large de ce texte traduit la volonté du
législateur de ne pas « enfermer la compétence d’attribution des sections des assurances sociales
dans l’étroit carcan d’une liste de faits répréhensibles établie par lui » au regard de « l’évolution
rapide prévisible des savoirs, des techniques, des pratiques et des mœurs dans le domaine des
soins ». Elle a pour objectif d’englober « tous les agissements de professionnels de santé, sans
qu’il soit nécessaire de les caractériser comme faute, abus ou fraude » (CNAM, Service du contrôle
médical, Guide du contentieux à l’encontre des professionnels de santé à l’usage du service du
contrôle médical, janv. 2002, point 2.3.1.2).
La formulation volontairement large de l’article L. 145-1 du CSS, qui fait référence à « tous faits
intéressant l’exercice de la profession relevés à l’encontre des médecins à l’occasion des soins
dispensés aux assurés sociaux », a fait l’objet d’une demande de transmission de question
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CHAPITRE 3 – Le contentieux du contrôle technique 117
2 Juridictions
Les juridictions sont spécifiques à chacune des professions concernées. Elles sont néanmoins
toutes construites sur un même modèle faisant appel au paritarisme, puisqu’elles se composent
d’assesseurs représentant l’ordre professionnel et d’assesseurs représentant les organismes de
sécurité sociale. La présence de ces derniers a été à l’origine de diverses contestations fondées
sur les règles du droit au procès équitable garanti par l’article 6, § 1 de la Convention européenne
des droits de l’homme.
De manière générale, la composition de ces juridictions a été validée par le Conseil d’État à
diverses reprises. Celui-ci a en effet retenu qu’« eu égard à la nature des contestations portées
devant les sections des assurances sociales, aux conditions de désignation des assesseurs ainsi
qu’aux modalités d’exercice de leurs fonctions qui les soustraient à toute subordination hiérar-
chique, les membres [de ces] juridictions [...] bénéficient de garanties leur permettant de porter,
en toute indépendance, une appréciation personnelle sur le comportement professionnel des
[praticiens] poursuivis devant la section des assurances sociales » (CE, 1re et 4e ss-sect. réunies,
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118 L’ESSENTIEL DU CONTENTIEUX DE LA SÉCURITÉ SOCIALE
14 janv. 1998, nº 184735 ; CE, 5e et 7e ss-sect. réunies, 16 juin 2000, nº 192966 ; CE, 4e et 6e ss-
sect. réunies, 19 oct. 2001, nº 214112 ; CE, 4e et 6e ss-sect. réunies, 30 janv. 2002, nº 203328 ;
CE, 4e et 6e ss-sect. réunies, 3 oct. 2003, nº 182739).
La principale cause de critique a résidé dans la faculté offerte aux organismes de sécurité sociale et
aux médecins-conseils de saisir la SAS – notamment à la suite d’un contrôle de l’activité médi-
cale –, alors même qu’ils constituent l’une des catégories d’assesseurs, membres de la juridiction.
La question s’est posée de savoir si cette possibilité était conforme aux principes d’indépendance
et d’impartialité. Pour rappel, le premier « impose que toute personne appelée à siéger dans une
juridiction se prononce en toute indépendance et sans recevoir quelque instruction de la part de
quelque autorité que ce soit », alors que le second « s’oppose à ce que soit conféré à une même
autorité le pouvoir de poursuivre et celui de juger » (CE, 4e ss-sect., 8 nov. 2010, nº 342699).
D’après le Conseil d’État, ces grands principes sont préservés dès lors qu’en tant que juridictions
administratives spécialisées, les sections des assurances sociales sont soumises aux règles procédu-
rales plus générales applicables à l’ensemble des juridictions de l’ordre administratif. Plusieurs
conditions doivent néanmoins être réunies pour aboutir à une telle conclusion :
– un membre de la section des assurances sociales ne peut pas participer au jugement d’un
recours portant sur une décision dont il est l’auteur (CE, 1re et 4e ss-sect. réunies, 14 janv. 1998,
nº 184735, repris dans : CE, 5e et 7e ss-sect. réunies, 16 juin 2000, nº 192966 ; CE, 4e et 6e ss-
sect. réunies, 19 oct. 2001, nº 214112 ; CE, 4e et 6e ss-sect. réunies, 30 janv. 2002, nº 203328 ;
CE, 4e ss-sect., 8 nov. 2010, nº 342699) ;
– l’auteur d’une plainte ne peut pas participer au jugement rendu à la suite du dépôt de celle-ci
(CE, 1re et 4e ss-sect. réunies, 14 janv. 1998, nº 184735, repris dans : CE, 5e et 7e ss-sect. réunies,
16 juin 2000, nº 192966 ; CE, 4e et 6e ss-sect. réunies, 19 oct. 2001, nº 214112 ; CE, 4e et 6e ss-
sect. réunies, 30 janv. 2002, nº 203328 ; CE, 4e ss-sect., 8 nov. 2010, nº 342699) ;
– un membre de la juridiction de jugement ne peut pas se prononcer sur un recours qui serait
formé contre une décision prise par une autorité avec laquelle il se trouverait dans un lien de
subordination (CE, 4e ss-sect., 8 nov. 2010, nº 342699) ;
– l’auteur de la plainte ne doit pas être le supérieur hiérarchique d’un des membres de la juridic-
tion. La seule circonstance que certains des assesseurs membres de la juridiction « appartiennent
au même corps que les praticiens-conseils qui, au sein des services de contrôle médical, enga-
gent les poursuites devant les SAS, ne permet de douter, compte tenu des garanties attachées
à leur statut [...] ni de leur indépendance, ni de leur impartialité » (CE, 4e ss-sect., 8 nov. 2010,
nº 342699). En effet, pour le Conseil d’État, « les praticiens-conseils appartiennent à un corps
autonome, proche d’un corps d’inspection, dont les conditions de nomination et d’avancement
des membres garantissent leur indépendance à l’égard des caisses de sécurité sociale, avec
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CHAPITRE 3 – Le contentieux du contrôle technique 119
lesquelles ils n’entretiennent aucun lien de subordination ». Qui plus est, il ne peut être mis fin à
leur mandat par voie d’autorité (CE, 4e ss-sect., 8 nov. 2010, nº 342699). Malgré cela, la section
des assurances sociales de l’ordre national prend soin de vérifier in concreto si « les praticiens-
conseils qui représentent les organismes d’assurance maladie au sein de la formation de juge-
ment ne sont pas placés sous l’autorité hiérarchique directe de l’auteur de la plainte » (CE, 5e et
4e ss-sect. réunies, 17 nov. 2008, nº 301553). Cette obligation ne va pas jusqu’à contraindre la
juridiction de première instance à « mentionner dans sa décision la qualité des membres qui la
composent, ni a fortiori, à désigner les caisses de sécurité sociale auxquelles sont rattachés les
praticiens-conseils qui représentent les organismes d’assurance maladie au sein de la formation
de jugement » (CE, 5e et 4e ss-sect. réunies, 17 nov. 2008, nº 301553). Cependant, elle peut
aboutir à censurer la composition particulière d’une juridiction si des liens hiérarchiques sont
avérés, par exemple si la plainte émane « du médecin-conseil, chef du service médical près la
caisse primaire d’assurance maladie de Nancy » et que la section des assurances sociales
compte parmi ses membres, en tant qu’assesseur représentant les organismes d’assurance
maladie, un « chirurgien-dentiste conseil au sein du service médical près la caisse primaire
d’assurance maladie de Nancy, placé en cette qualité sous l’autorité hiérarchique directe de
l’auteur de la plainte » (CE, 5e et 7e ss-sect. réunies, 29 mai 2002, nº 222279). Bien évidemment,
en présence d’une raison sérieuse de mettre en doute l’impartialité de l’un des membres de la
juridiction de jugement, sa récusation peut toujours être prononcée (CJA, art. L. 721-1).
Ces précisions étant faites, il est possible de décrire en détail la composition des différentes juridic-
tions, qu’elles soient compétentes pour juger les médecins, chirurgiens-dentistes et sages-femmes,
certains auxiliaires médicaux, les pharmaciens, infirmiers, masseurs-kinésithérapeutes et pédicures
podologues ou encore les sociétés exploitant un laboratoire de biologie médicale privé. Une telle
présentation pourrait paraître linéaire et parfois redondante. Elle a cependant été choisie afin de
faciliter l’accès aux fondements textuels spécifiques à chacune des professions. En effet, si
certaines règles sont communes, d’autres diffèrent parfois légèrement tantôt en raison des spécifi-
cités de la profession concernée, tantôt sans raison apparente.
Les décisions rendues par cette juridiction sont susceptibles d’appel devant une section de la
chambre disciplinaire nationale du Conseil national de l’ordre des médecins ou des chirurgiens-
dentistes ou des sages-femmes que l’on nomme « section des assurances sociales du Conseil
national de l’ordre des médecins » ou « section des assurances sociales du Conseil national de
l’ordre des chirurgiens-dentistes » ou « section des assurances sociales du Conseil national de
l’ordre des sages-femmes » (CSS, art. L. 145-1).
Un pourvoi en cassation peut enfin être formé devant le Conseil d’État (CSS, art. L. 145-5).
La composition de ces différentes juridictions mérite d’être détaillée.
• P RÉSIDENCE
I. Nomination
La présidence est assurée par « un membre du corps des tribunaux administratifs et des cours
administratives d’appel nommé par le vice-président du Conseil d’État pour une durée de 6 ans
renouvelable au vu des propositions du président de la cour administrative d’appel dans le ressort
duquel se trouve le siège du conseil régional ou interrégional » de l’ordre concerné. « Le cas
échéant, plusieurs présidents suppléants peuvent être nommés dans les mêmes conditions » (CSS,
art. L. 145-6, al. 1). Une condition d’âge est imposée, le Code de la sécurité sociale fixant l’âge
limite du président ou du suppléant à 77 ans révolus (CSS, art. L. 145-6, al. 2 – L. nº 2017-1841,
30 déc. 2017 ratifiant l’ordonnance nº 2017-644 du 27 avril 2017 relative à l’adaptation des dispo-
sitions législatives relatives au fonctionnement des ordres des professions de santé, art. 6 :
JO 31 déc. 2017, texte nº 6).
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CHAPITRE 3 – Le contentieux du contrôle technique 121
• A SSESSEURS
I. Nomination
Outre son président, la section des assurances sociales se compose d’assesseurs nommés par le
président de la cour administrative d’appel dans le ressort de laquelle la SAS de la CDPI a son
siège (CSS, art. R. 145-4, al. 1 pour les médecins ; art. R. 145-5, al. 1 pour les chirurgiens-dentistes ;
art. R. 145-6, al. 1 pour les sages-femmes).
Deux assesseurs sont issus de l’ordre de la profession concernée. Ils sont désignés en son sein par
le conseil régional ou interrégional de l’ordre pour 6 ans renouvelables (CSS, art. L. 145-6, al. 3 ;
art. R. 145-4, al. 2 pour les médecins ; art. R. 145-5, al. 2 pour les chirurgiens-dentistes ;
art. R. 145-6, al. 2 pour les sages-femmes).
Deux autres assesseurs représentent les organismes de sécurité sociale – plus particulièrement
d’assurance maladie (CSS, art. R. 145-4, al. 3 pour les médecins ; art. R. 145-5, al. 3 pour les chirur-
giens-dentistes ; art. R. 145-6, al. 3 pour les sages-femmes) :
– la nomination du premier d’entre eux intervient « sur proposition du médecin-conseil national
du régime général de sécurité sociale » (CSS, art. R. 145-4, 1º pour les médecins ; art. R. 145-5,
1º pour les chirurgiens-dentistes ; art. R. 145-6, 1º pour les sages-femmes). Le choix doit s’opérer
« parmi les médecins-conseils titulaires chargés du contrôle médical en dehors du ressort de la
SAS de la CDPI » concernant les médecins (CSS, art. R. 145-4, 1º) et les sages-femmes (CSS,
art. R. 145-6, 1º), et « parmi les chirurgiens-dentistes conseils titulaires chargés du contrôle
médical en dehors du ressort de la SAS de la CDPI » concernant les chirurgiens-dentistes (CSS,
art. R. 145-5, 1º) ;
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122 L’ESSENTIEL DU CONTENTIEUX DE LA SÉCURITÉ SOCIALE
suppléants par le vice-président du Conseil d’État pour une durée de 6 ans renouvelable » (CSS,
art. L. 145-7, al. 1) ;
– d’autre part, la SAS du CNO des chirurgiens-dentistes et celle du CNO des sages-femmes, qui
sont présidées par « le conseiller d’État qui préside la formation disciplinaire de chacun de ces
conseils » (CSS, art. L. 145-7, al. 4).
Une condition d’âge est imposée, le Code de la sécurité sociale fixant l’âge limite du président ou
du suppléant d’une SAS du CNO à 77 ans révolus (CSS, art. L. 145-7, al. 13 – L. nº 2017-1841,
30 déc. 2017, ratifiant l’ordonnance nº 2017-644 du 27 avril 2017 relative à l’adaptation des
dispositions législatives relatives au fonctionnement des ordres des professions de santé, art. 6 :
JO 31 déc. 2017, texte nº 6).
II. Incompatibilités
Le président ou le président suppléant de la SAS du Conseil national de l’ordre des médecins ne
peuvent pas exercer les fonctions de membre du Conseil d’État ou de suppléant ayant voix délibé-
rative au Conseil national de l’ordre des médecins (CSS, art. L. 145-7, al. 2, renvoyant à CSP, art.
L. 4122-1-1).
III. Indemnités et frais
Les présidents et, le cas échéant, les présidents suppléants des SAS du CNO perçoivent des indem-
nités dont le montant est fixé par un arrêté des ministres chargés du budget et de la santé, après
consultation de l’ordre (CSS, art. L. 145-7, al. 10). Leurs frais de déplacement sont remboursés en
suivant les règles applicables aux fonctionnaires de l’État (CSS, art. L. 145-7, al. 11). L’ensemble de
ces sommes sont à la charge du Conseil national de l’ordre concerné (CSS, art. L. 145-7, al. 12).
• A SSESSEURS
I. Nomination
La composition des juridictions obéit au paritarisme dans la mesure où elle comprend deux asses-
seurs représentant l’ordre et deux assesseurs représentant les organismes de sécurité sociale,
nommés pour 6 ans renouvelables (CSS, art. L. 145-7, al. 1, 4 et 5).
Une spécificité existe concernant la nomination des assesseurs représentant l’ordre des médecins,
ceux-ci étant « nommés par le Conseil national de l’ordre parmi les membres ou anciens membres
des conseils de l’ordre » (CSS, art. R. 145-7, I). Cette spécificité ne se retrouve pas dans les règles
relatives aux sages-femmes (CSS, art. R. 145-7, III) et aux chirurgiens-dentistes (CSS, art. R. 145-7,
II). Pour leurs parts, les assesseurs sont nommés « par le Conseil national de l’ordre en son sein ».
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124 L’ESSENTIEL DU CONTENTIEUX DE LA SÉCURITÉ SOCIALE
Les deux assesseurs restants représentent les organismes d’assurance maladie et sont nommés par
le ministre chargé de la sécurité sociale (CSS, art. R. 145-7, I pour les médecins ; art. R. 145-7, II
pour les chirurgiens-dentistes ; art. R. 145-7, III pour les sages-femmes) :
– le premier d’entre eux est nommé sur proposition du médecin-conseil national du régime
général de sécurité sociale. Il est choisi parmi les médecins-conseils chefs de service ou régio-
naux concernant les médecins (CSS, art. R. 145-7, I) et les sages-femmes (CSS, art. R. 145-7, III)
et parmi les chirurgiens-dentistes-conseils chefs de service pour les chirurgiens-dentistes (CSS,
art. R. 145-7, II) ;
– le second est nommé sur proposition du médecin-conseil national du régime de protection
sociale agricole. Il est choisi parmi les médecins-conseils chefs de service ou régionaux chargés
du contrôle médical pour ce qui concerne les médecins (CSS, art. R. 145-7, I) et les sages-
femmes (CSS, art. R. 145-7, III) et parmi les chirurgiens-dentistes-conseils pour les chirurgiens-
dentistes (CSS, art. R. 145-7, II).
II. Remplacement
Les assesseurs n’étant pas des juges professionnels, le Code anticipe la situation dans laquelle il
serait nécessaire de pourvoir à leur remplacement. Si cette situation venait à se produire, un
nouvel assesseur devrait être nommé pour la durée du mandat restant à courir (CSS, art. L. 145-
7, al. 7).
III. Incompatibilités
Le Code de la sécurité sociale édicte un triple régime d’incompatibilité ayant un périmètre distinct
quant aux professionnels concernés :
– en premier lieu, les fonctions d’assesseur à la SAS de l’ordre des médecins sont incompatibles
avec les fonctions de président ou de secrétaire général d’un conseil (CSS, art. L. 145-7, al. 3) ;
– en second lieu, il n’est pas possible d’être membre des SAS des CNO et assesseur de la SAS
d’une CDPI (CSS, art. L. 145-7, al. 8) ;
– en troisième lieu, aucun membre de la SAS d’un CNO ne peut siéger s’il a déjà eu connaissance
de l’affaire « à raison de l’exercice d’autres fonctions ordinales », et notamment s’il « a participé
à la délibération par laquelle le Conseil national a, le cas échéant, initié l’action disciplinaire ou
fait appel de la décision rendue par la SAS de la CDPI » (CSS, art. L. 145-7, al. 9).
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CHAPITRE 3 – Le contentieux du contrôle technique 125
■ Pharmaciens
La hiérarchie des différentes juridictions sera précisée (a), avant de détailler leur composition (b).
a) Hiérarchie des juridictions
Au regard de la spécificité organisationnelle de l’ordre, les juridictions de première instance varient
selon la section à laquelle appartient le pharmacien :
– les pharmaciens titulaires d’officine relèvent de la SAS du conseil régional de l’ordre des phar-
maciens (CSS, art. R. 145-1, a) ;
– les pharmaciens mutualistes et salariés relèvent de la SAS du conseil central de la section D (CSS,
art. R. 145-1, b) ;
– les pharmaciens biologistes-responsables, biologistes-coresponsables et biologistes médicaux des
laboratoires d’analyses de biologie médicale sont jugés par la SAS du conseil central de la
section G de l’ordre (CSS, art. R. 145-1, c) ;
– les pharmaciens des établissements de santé ou établissements médico-sociaux (EMS), des
établissements de transfusion sanguine, des services départementaux incendie secours (SDIS),
des dispensaires antituberculeux, des centres de planification et d’éducation familiale (CPEF)
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126 L’ESSENTIEL DU CONTENTIEUX DE LA SÉCURITÉ SOCIALE
ainsi que des centres spécialisés de soins aux toxicomanes (CSST) relèvent de la SAS du conseil
central de la section H (CSS, art. R. 145-1, d).
Les décisions rendues par ces juridictions sont susceptibles d’appel devant une section distincte du
Conseil national de l’ordre des pharmaciens dite « section des assurances sociales du Conseil
national de l’ordre des pharmaciens » (CSS, art. R. 145-1, dernier al.). En raison de la réticence
initiale des pharmaciens, cette juridiction n’a rendu sa première décision qu’en 1967 et n’a vérita-
blement fonctionné à un rythme normal qu’à compter de 1969 (pour les détails, v. Lamy Droit de
la santé, nº 153-134).
Un pourvoi en cassation peut être formé devant le Conseil d’État (CSS, art. L. 145-5).
b) Composition des juridictions
La composition des sections des assurances sociales est fixée par les articles L. 145-6-2 et
R. 145-10 du CSS. Elle répond toujours à un même modèle, à savoir un président et quatre asses-
seurs représentant respectivement l’ordre et les organismes d’assurance maladie, mais fait tout de
même l’objet de certaines spécificités. Il convient donc de distinguer les règles générales applica-
bles à l’ensemble des SAS – celles du conseil régional de l’ordre des pharmaciens, des conseils
centraux des sections D, G et H ainsi que du Conseil national de l’ordre des pharmaciens – et les
règles spécifiques à chacune d’entre elles.
1) Règles générales applicables à l’ensemble des SAS
• N OMINATION DU PRÉSIDENT DE LA SAS
La nomination des magistrats délégués en qualité de présidents et, le cas échéant, des présidents
suppléants intervient pour 6 ans renouvelables (CSS, art. L. 145-6-2, al. 1).
I. Limite d’âge du président de la SAS
Un âge limite de 77 ans a été fixé pour l’exercice de ses fonctions (CSS, art. L. 145-6-2, al. 2).
II. Indemnités et frais des présidents des SAS
Les présidents et, le cas échéant, présidents suppléants des SAS perçoivent des indemnités dont le
montant est fixé par un arrêté des ministres chargés du budget et de la santé, après consultation
de l’ordre (CSS, art. L. 145-6-2, al. 8). Leurs frais de déplacement sont remboursés en suivant les
règles applicables aux fonctionnaires de l’État (CSS, art. L. 145-6-2, al. 9). L’ensemble de ces
sommes sont à la charge soit des conseils régionaux, soit des conseils centraux, soit du Conseil
national de l’ordre des pharmaciens (CSS, art. L. 145-6-2, al. 10).
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CHAPITRE 3 – Le contentieux du contrôle technique 127
• I NCOMPATIBILITÉS
Une incompatibilité est édictée entre les fonctions d’assesseurs des différentes SAS et celles de
président ou de secrétaire général d’un conseil régional, d’un conseil central ou du Conseil
national (CSS, art. L. 145-6-2, al. 7).
En outre, « aucun membre des SAS [...] ne peut siéger lorsqu’il a eu connaissance des faits de la
cause à raison de l’exercice d’autres fonctions ordinales » (CSS, art. L. 145-6-2, al. 11).
• R EMPLACEMENT DES ASSESSEURS DE LA SAS
Si le remplacement d’un assesseur est nécessaire, son remplaçant est nommé pour la durée du
mandat restant à courir (CSS, art. L. 145-6-2, al. 6).
• D URÉE DE LA NOMINATION DES ASSESSEURS DE LA SAS
Les assesseurs des SAS sont « désignés pour une durée de 6 ans renouvelable par les conseils
concernés parmi leurs membres » (CSS, art. L. 145-6-2, al. 5).
2) Règles spécifiques à chacune des juridictions
• R ÈGLES SPÉCIFIQUES AUX SAS DES CROP
I. Président
La SAS du conseil régional de l’ordre des pharmaciens (CROP) comprend en qualité de président le
président du tribunal administratif dans le ressort duquel se trouve le siège du conseil régional ou
un magistrat délégué par lui (CSS, art. R. 145-10, I).
II. Assesseurs
Il est accompagné par quatre assesseurs nommés par le président de la cour administrative d’appel
dans le ressort de laquelle la SAS du CROP a son siège :
– deux assesseurs représentent l’ordre des pharmaciens. « Ils sont désignés par le CROP en son
sein » ;
– les deux autres assesseurs représentent les organismes d’assurance maladie. « Ils sont nommés,
en dehors du ressort de la SAS du conseil régional concerné, parmi les pharmaciens conseils des
caisses d’assurance maladie » :
• le premier est nommé « sur proposition du médecin-conseil national du régime général de
sécurité sociale »,
• le second est nommé « sur proposition conjointe du médecin-conseil national du régime
général de sécurité sociale et [de] celui du régime agricole ». Si aucun accord n’est trouvé, le
président de la cour administrative d’appel doit les mettre en demeure de procéder à la nomi-
nation. Si le désaccord persiste à l’expiration d’un délai de 15 jours courant à compter de la
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128 L’ESSENTIEL DU CONTENTIEUX DE LA SÉCURITÉ SOCIALE
I. Président
Bien qu’elle soit également concernée, nous ne ferons pas mention ici des dispositions concernant
la section E, qui regroupe les pharmaciens exerçant outre-mer, l’ouvrage s’en tenant aux disposi-
tions applicables en métropole au vu du volume de la collection.
Les SAS des conseils centraux des sections D, G et H sont présidées par le président du tribunal
administratif de Paris ou un magistrat délégué par lui (CSS, art. R. 145-10, II pour la section D ;
art. R. 145-10, III pour la section G ; art. R. 145-10, IV pour la section H).
II. Assesseurs
Le président est accompagné par quatre assesseurs nommés par le ministre chargé de la Sécurité
sociale (art. R. 145-10 VI) :
– deux d’entre eux sont proposés par le conseil central de la section concernée (D, G ou H) et choisis
en son sein (art. R. 145-10 II pour la section D, III pour la section G et IV pour la section H) ;
– les assesseurs représentant les organismes d’assurance maladie sont désignés parmi les pharma-
ciens conseils des caisses d’assurance maladie :
• le premier est nommé « sur proposition du médecin-conseil national du régime général de
sécurité sociale »,
• le second est nommé « sur proposition conjointe du médecin-conseil national du régime
général de sécurité sociale et [de] celui du régime agricole ». Si aucun accord n’est trouvé, le
ministre chargé de la sécurité sociale doit les mettre en demeure de procéder à la nomination.
Si le désaccord persiste à l’expiration d’un délai de 15 jours courant à compter de la mise en
demeure, il procédera d’office à la désignation du deuxième représentant des organismes
d’assurance maladie parmi les pharmaciens-conseils titulaires (soit du régime général, soit du
régime agricole), après avis du médecin-conseil national du régime général de sécurité sociale
(CSS, art. R. 145-10, I).
Ainsi, deux principales différences existent entre la composition de la SAS du CROP et celle des
conseils centraux des sections E, G et H :
– la présidence revient tantôt au président du tribunal administratif dans le ressort duquel se
trouve le siège du CROP, tantôt au président du tribunal administratif de Paris ;
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CHAPITRE 3 – Le contentieux du contrôle technique 129
II. Incompatibilités
Il existe une double incompatibilité :
– d’une part, une incompatibilité est édictée entre les fonctions de président ou de président-
suppléant de la SAS du CNOP et les fonctions de conseiller d’État assistant le CNOP avec voix
délibérative (CSS, art. L. 145-6-2, al. 4, renvoyant à CSP, art. L. 4231-6) ;
– d’autre part, les pharmaciens membres de la SAS du CNOP ne peuvent être membres d’une SAS
de première instance de cet ordre (CSS, art. R. 145-10, VII).
du corps des tribunaux administratifs et cours administratives d’appel nommé par le vice-président
du Conseil d’État pour « 6 ans renouvelables » au vu des propositions du président de la cour
administrative d’appel dans le ressort de laquelle se trouve le siège du conseil régional ou interré-
gional » (CSS, art. L. 145-7-1, al. 1). « Le cas échéant, deux présidents suppléants peuvent être
nommés dans les mêmes conditions » (CSS, art. L. 145-7-1, al. 1). La limite d’âge de 77 ans leur
est applicable (CSS, art. L. 145-7-1, al. 2).
II. Indemnités et frais
Les présidents et, le cas échéant, présidents suppléants des SAS de la CDPI perçoivent des indem-
nités dont le montant est fixé par un arrêté des ministres chargés du budget et de la santé, après
consultation de l’ordre (CSS, art. L. 145-7-1, al. 7). Leurs frais de déplacement sont remboursés en
suivant les règles applicables aux fonctionnaires de l’État (CSS, art. L. 145-7-1, al. 8). L’ensemble
de ces sommes est à la charge du conseil régional (CSS, art. L. 145-7-1, al. 9).
• A SSESSEURS
I. Nomination
Les SAS des CDPI comprennent en outre deux assesseurs représentant respectivement l’ordre des
masseurs-kinésithérapeutes, l’ordre des pédicures podologues et l’ordre des infirmiers, ainsi que
deux assesseurs représentant les organismes d’assurance maladie :
– les deux assesseurs représentant l’ordre sont désignés par le conseil régional ou interrégional de
l’ordre concerné. Ils sont choisis en son sein pour une durée de 6 ans renouvelable (CSS, art.
L. 145-7-1, al. 3 et R. 145-6-1, al. 2) ;
– les deux assesseurs représentant les organismes d’assurance maladie sont également nommés
pour une durée de 6 ans renouvelable (CSS, art. L. 145-7-1, al. 3) :
• le premier d’entre eux l’est « sur proposition du médecin-conseil national du régime général
de sécurité sociale, parmi les médecins-conseils titulaires chargés du contrôle médical en
dehors du ressort de la SAS de la CDPI concernée » (CSS, art. R. 145-6-1, 1º),
• le second est nommé « sur proposition du médecin-conseil national du régime de protection
sociale agricole, parmi les médecins-conseils titulaires chargés du contrôle médical en dehors
du ressort de la SAS de la CDPI concernée » (CSS, art. R. 145-6-1, 2º).
La nomination des assesseurs est l’oeuvre du premier président de la CAA dans le ressort de
laquelle la SAS de la CDPI a son siège (CSS, art. R. 145-6-1, al. 1).
II. Remplacement
Si un assesseur doit être remplacé, le nouvel assesseur est nommé pour la durée du mandat
restant à courir (CSS, art. L. 145-7-1, al. 4).
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132 L’ESSENTIEL DU CONTENTIEUX DE LA SÉCURITÉ SOCIALE
III. Incompatibilités
Il existe, d’abord, une incompatibilité entre les fonctions de président ou de secrétaire général du
conseil régional ou interrégional et celles d’assesseur de la SAS de la CDPI (CSS, art. L. 145-7-1,
al. 5).
En outre, aucun membre de la SAS de la CDPI ne peut siéger s’il a eu connaissance de l’affaire en
cause « à raison de l’exercice d’autres fonctions ordinales » (CSS, art. L. 145-7-1, al. 6).
2) SAS du CNO
• P RÉSIDENT
I. Nomination
Les dispositions du Code de la sécurité sociale conduisent à distinguer les modalités de nomination
des différents présidents :
– les présidents de la SAS des CNO des infirmiers et des masseurs-kinésithérapeutes sont des
conseillers d’État, nommés en même temps qu’un ou plusieurs conseillers d’État suppléants par
le vice-président du Conseil d’État pour une durée de 6 ans renouvelable (CSS, art. L. 145-7-4,
al. 1) ;
– le président de la SAS du CNO des pédicures-podologues est nécessairement le conseiller d’État
qui préside la formation disciplinaire de ce conseil (CSS, art. L. 145-7-4, al. 3).
L’âge limite de ces présidents est fixé à 77 ans (CSS, art. L. 145-7-4, al. 12).
II. Incompatibilités
Concernant l’ordre des infirmiers, les fonctions de président ou de président suppléant de la SAS
du CNO sont incompatibles avec celles de conseiller d’État assistant le CNO avec voix délibérative
(CSS, art. L. 145-7-4, al. 2, renvoyant à CSP, art. L. 4312-7). La même règle s’applique aux
masseurs-kinésithérapeutes (CSS, art. L. 145-7-4, al. 2, renvoyant à CSP, art. L. 4122-1-1). Depuis
la loi du 24 juillet 2019 (L. no 2019-774, 24 juillet 2019 relative à l’organisation et à la transforma-
tion du système de santé, art. 77 : JORF, 26 juillet 2019, no 172, texte no 3), les pédicures podolo-
gues sont également concernés (CSS, art. L. 145-7-4, al. 4 renvoyant à l’art. L. 4122-1-1 du CSP).
III. Indemnités et frais
Les présidents et, le cas échéant, présidents suppléants des SAS du CNO des infirmiers, masseurs-
kinésithérapeutes et pédicures-podologues perçoivent des indemnités dont le montant est fixé par
un arrêté des ministres chargés du budget et de la santé, après consultation de l’ordre (CSS, art.
L. 145-7-4, al. 9). Leurs frais de déplacement sont remboursés en suivant les règles applicables
aux fonctionnaires de l’État (CSS, art. L. 145-7-4, al. 10). L’ensemble de ces sommes est à la
charge du Conseil national (CSS, art. L. 145-7-4, al. 11).
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CHAPITRE 3 – Le contentieux du contrôle technique 133
• A SSESSEURS
I. Nomination
Outre leurs présidents, les SAS du CNO des masseurs-kinésithérapeutes, du CNO des pédicures-
podologues et du CNO des infirmiers se composent chacune de quatre assesseurs (CSS,
art. R. 145-7, IV) :
– les deux assesseurs représentant l’ordre concerné sont désignés par la CNO en son sein (CSS,
art. R. 145-7, IV) pour six ans renouvelables (CSS, art. L. 145-7-4, al. 5) ;
– les deux assesseurs représentant les organismes d’assurance maladie sont nommés par le
ministre chargé de la sécurité sociale (CSS, art. R. 145-7, IV) :
• le premier d’entre eux est nommé « sur proposition du médecin-conseil national du régime
général de sécurité sociale. Il est choisi parmi les médecins-conseils chefs de service ou régio-
naux » (CSS, art. R. 145-7, IV, 1o ),
• le second est nommé « sur proposition du médecin-conseil national du régime de protection
sociale agricole. Il est choisi parmi les médecins-conseils chefs de service ou régionaux
chargés du contrôle médical » (CSS, art. R. 145-7, IV, 2o ).
II. Remplacement
Les assesseurs n’étant pas des juges professionnels, le Code anticipe la situation dans laquelle il
serait nécessaire de pourvoir à leur remplacement. Si cette situation venait à se produire, un
nouvel assesseur devrait être nommé pour la durée du mandat restant à courir (CSS, art. L. 145-
7-4, al. 6).
III. Incompatibilités
Les membres des SAS du CNO sont touchés par plusieurs incompatibilités :
– d’une part, il n’est pas possible d’être membre des SAS des CNO et assesseur de la SAS d’une
CDPI (CSS, art. L. 145-7-4, al. 7 et art. R. 145-7, V) ;
– d’autre part, aucun membre de la SAS d’un CNO ne peut siéger s’il a déjà eu connaissance de
l’affaire à raison de l’exercice d’autres fonctions ordinales (CSS, art. L. 145-7-4, al. 8).
– inversement, si la société est inscrite à l’ordre des pharmaciens, la SAS de l’ordre des pharma-
ciens est compétente ;
– enfin, si la société est inscrite simultanément au tableau de l’ordre des médecins et à celui de
l’ordre des pharmaciens, il est nécessaire d’analyser sa composition :
• si les biologistes exerçant dans le laboratoire sont majoritairement inscrits au tableau de
l’ordre des médecins, alors la SAS de l’ordre des médecins sera compétente,
• si les biologistes exerçant dans le laboratoire sont majoritairement inscrits au tableau de
l’ordre des pharmaciens, la SAS de l’ordre des pharmaciens sera compétente,
• si les biologistes médecins et pharmaciens sont en nombre égal, le plaignant pourra saisir au
choix la SAS de l’ordre des pharmaciens ou la SAS de l’ordre des médecins.
■ Caractéristiques de la procédure
La procédure devant les sections des assurances sociales se caractérise par sa dimension discipli-
naire (a) et par son indépendance (b).
a) Caractère disciplinaire
Le contentieux du contrôle technique présente un caractère disciplinaire. Les décisions rendues par
les SAS et par le Conseil d’État sont susceptibles d’avoir une incidence sur l’exercice de l’activité
du professionnel concerné, c’est pourquoi l’article 6, § 1 de la Convention européenne des droits
de l’homme est applicable.
Pendant longtemps, le Conseil d’État a refusé d’appliquer cette solution. Dans un arrêt du
30 janvier 1987, il a retenu que les SAS ne statuaient pas en matière pénale et ne tranchaient
pas des contestations sur des droits et obligations de caractère civil. Il a donc refusé de leur appli-
quer l’article 6, § 1. Dans cette même affaire, il a considéré « qu’aucun principe général du droit
n’impos[ait] la publicité des débats dans le cas où une juridiction statue en matière disciplinaire ».
Ainsi, il retenait qu’une décision de la SAS du Conseil national de l’ordre des médecins prise en
audience non publique conformément aux textes réglementaires alors applicables n’était pas irré-
gulière (CE, 4e et 1re ss-sect. réunies, 30 janv. 1987, nº 82139 ; dans le même sens : CE, 4e et 1re ss-
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CHAPITRE 3 – Le contentieux du contrôle technique 135
sect. réunies, 22 sept. 1993, nº 88656 ; concernant l’ordre des chirurgiens-dentistes, v. CE, 4e et
1re ss-sect. réunies, 23 nov. 1988, nº 68165).
Le Conseil d’État est ensuite revenu sur sa jurisprudence. Dans un arrêt du 30 décembre 1996, il a
considéré que les SAS des conseils régionaux et la SAS du Conseil national de l’ordre des méde-
cins pouvaient prendre des décisions susceptibles de porter atteinte à l’exercice du droit d’exercer
la profession de médecin, lequel revêt le caractère d’un droit civil au sens des stipulations de la
Convention européenne des droits de l’homme. Ainsi, le Conseil d’État a retenu que l’article 6,
§ 1 s’appliquait à la procédure suivie devant les SAS et que l’absence de publicité de l’audience
qui était prévue par l’article R. 145-21 du CSS violait cet article (CE, 4e et 1re ss-sect. réunies,
30 déc. 1996, nº 141853). La même solution avait déjà été posée concernant la SAS du Conseil
national de l’ordre des pharmaciens (CE, 4e ss-sect., 11 sept. 1996, nº 168260).
b) Indépendance de la procédure
Outre son caractère disciplinaire, le contentieux du contrôle technique se caractérise par son indé-
pendance. Il est indépendant des procédures disciplinaires (1), civiles (2) ou pénales (3), et du
prononcé de pénalités financières (4) ou de sanctions conventionnelles (5).
1) Indépendance par rapport aux actions disciplinaires devant les ordres professionnels
L’action devant la SAS est indépendante de l’action disciplinaire (CE, 5e et 3e ss-sect. réunies,
22 oct. 1975, nº 92872). L’action disciplinaire n’entrave pas la poursuite devant la SAS (CE,
12 juill. 1955). Cette règle est expressément prévue par l’article L. 4126-5, 4º du Code de la santé
publique, qui dispose que « l’exercice de l’action disciplinaire ne met obstacle [...] aux instances
qui peuvent être engagées contre les médecins, les chirurgiens-dentistes ou les sages-femmes en
raison des abus qui leur seraient reprochés dans leur participation aux soins médicaux prévus par
les lois sociales ». Inversement, la poursuite devant la SAS n’empêche pas qu’une action discipli-
naire soit ultérieurement menée (CE, 1re et 5e ss-sect. réunies, 16 déc. 1970, nº 78079). Ainsi, un
professionnel de santé peut faire l’objet de poursuites relativement aux mêmes faits, devant deux
juridictions différentes, les poursuites répondant à des objectifs différents :
– l’une devant la SAS en cas de faute, fraude, abus ou en raison de tous faits intéressant l’exercice
de la profession commis à l’occasion de soins donnés aux assurés sociaux ;
– l’autre devant les juridictions ordinales disciplinaires pour non-respect des règles de déontologie
professionnelle.
Des restrictions sont néanmoins posées au stade des sanctions susceptibles d’être prononcées
(v. infra). Certains justiciables ont critiqué cette possibilité en invoquant l’article 14, § 7 du Pacte
international relatif aux droits civils et politiques (selon lequel « nul ne peut être poursuivi ou puni
en raison d’une infraction pour laquelle il a déjà été acquitté ou condamné par un jugement
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136 L’ESSENTIEL DU CONTENTIEUX DE LA SÉCURITÉ SOCIALE
passe en matière pénale, où la loi nouvelle plus douce rétroagit, « la circonstance qu’entre le
moment où une violation de la nomenclature a été commise et celui où elle vient à être sanc-
tionnée, la réglementation à laquelle il a été contrevenu a été modifiée ou même abrogée, ne
saurait, eu égard à la nature propre de la répression disciplinaire, faire échapper à cette dernière
le manquement antérieurement commis » (CE, 5e et 3e ss-sect. réunies, 8 nov. 1999, nº 191630).
4) Indépendance par rapport aux pénalités financières
La procédure devant la SAS peut se cumuler avec les pénalités financières qui peuvent être
prononcées à l’encontre du professionnel de santé (CSS, art. L. 162-1-14-1, al. 13 a contrario, qui
exclut uniquement le cumul des pénalités financières et de la procédure conventionnelle).
5) Indépendance par rapport aux sanctions conventionnelles
Les poursuites devant les juridictions du contentieux du contrôle technique sont indépendantes de
la procédure conventionnelle. En effet, selon l’article L. 162-15-1 du CSS, « la CPAM peut décider
de placer un professionnel de santé hors de la convention pour violation des engagements prévus
par celle-ci ». Cette décision ne fait pas obstacle à la récupération de l’indu et à l’application des
dispositions relatives au contentieux du contrôle technique de la sécurité sociale. D’ailleurs, le
« moyen tiré de l’annulation de la convention nationale des médecins [...] [est] inopérant » dès
lors que de multiples violations de la NGAP ressortent des pièces du dossier (CE, 4e et 1re ss-sect.
réunies, 24 janv. 1996, nº 154942).
■ Déroulement de la procédure
La procédure obéissant pour l’essentiel à un tronc commun, aucune distinction n’est faite en fonc-
tion des professionnels concernés. Les spécificités éventuelles seront précisées au fur et à mesure
des développements.
a) Saisine de la juridiction de première instance compétente
1) Auteur de la saisine
Les juridictions de première instance (SAS des chambres disciplinaires de première instance des
ordres intéressés et SAS des conseils régionaux ou centraux des sections D, G et H de l’ordre des
pharmaciens) peuvent d’abord être saisies par les organismes d’assurance maladie, les caisses de
mutualité sociale agricole ou les autres organismes assureurs (CSS, art. R. 145-15, al. 1). Une
caisse d’assurance maladie a d’ailleurs qualité pour saisir une section des assurances sociales sans
qu’il lui soit nécessaire de justifier d’une atteinte à ses droits dès lors que les faits ont été relevés à
l’occasion de prestations servies à un assuré social (CE, 4e et 6e ss-sect. réunies, 4 nov. 2002,
nº 224529).
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138 L’ESSENTIEL DU CONTENTIEUX DE LA SÉCURITÉ SOCIALE
toutefois d’avoir mis au préalable l’intéressé en mesure de présenter utilement sa défense sur ces
griefs ». Si l’intéressé n’a pas pu le faire, la décision attaquée peut être annulée en raison du non-
respect du caractère contradictoire de la procédure (CE, 4e et 6e ss-sect. réunies, 30 juin 2000,
nº 186820).
2) Juridiction territorialement compétente
La juridiction qui doit être saisie varie en fonction du professionnel concerné.
La section des assurances sociales territorialement compétente « est celle de la chambre discipli-
naire dans le ressort de laquelle le médecin, le chirurgien-dentiste, la sage-femme ou l’auxiliaire
médical exerce sa profession à la date de la saisine de la section » (CSS, art. R. 145-16, I).
Pour les pharmaciens, « la SAS compétente est celle du conseil régional dans le ressort duquel
ceux-ci exercent leur profession à la date de la saisine de la section ». Une règle particulière existe
concernant les pharmaciens inscrits aux sections D, G et H à la date des faits poursuivis. En effet,
ils « continuent à relever de cette section », et ce même s’ils ont été ultérieurement inscrits à une
autre section. Si un pharmacien exerce des activités relevant de plusieurs sections, il est jugé par la
« SAS dont relève le fait commis » (CSS, art. R. 145-16, II).
3) Transmission du dossier à une autre SAS
Le dossier est parfois susceptible d’être transmis à une autre SAS, ce qui se produit plus particuliè-
rement dans deux situations : lorsqu’une SAS primitivement saisie s’estime incompétente et pour
garantir le principe de l’impartialité de la juridiction.
• I NCOMPÉTENCE D ’ UNE SAS
Lorsqu’une SAS est saisie d’une plainte et qu’elle estime que cette plainte relève de la compétence
d’une autre SAS, son président doit transmettre sans délai le dossier à cette seconde SAS « par
une ordonnance non motivée et non susceptible de recours » (CSS, art. R. 145-17, al. 1). Cette
dernière doit être notifiée aux parties immédiatement (CSS, art. R. 145-17, al. 3).
Si le président de la SAS ayant reçu le dossier estime qu’elle n’est pas non plus compétente, il
transmet sans délai le dossier au président de la SAS du Conseil national de l’ordre afin qu’il
tranche la question (CSS, art. R. 145-17, al. 4). S’il n’a pas procédé à cette transmission ou si,
après transmission, le président de la SAS du CNO a retenu que l’affaire relevait bien de la
seconde SAS, la compétence de cette juridiction est définitivement acquise. En effet, ni la
seconde SAS, ni les parties, ni le juge d’appel ou de cassation ne peuvent plus la remettre en
cause, à moins qu’il ne soit argué de l’incompétence de la juridiction administrative (CSS,
art. R. 145-17, al. 5).
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140 L’ESSENTIEL DU CONTENTIEUX DE LA SÉCURITÉ SOCIALE
• G ARANTIE DE L ’ IMPARTIALITÉ
Un mécanisme de transmission des affaires a par ailleurs été mis en place afin de garantir l’impar-
tialité de la juridiction. Il concerne l’hypothèse dans laquelle le président de la SAS qui a été saisie
d’une affaire constate soit que « l’un des membres de la section est en cause », soit qu’« il existe
une raison objective de mettre en cause l’impartialité de la section ». Il doit alors transmettre le
dossier au président de la SAS du CNO, qui attribuera le dossier à une autre SAS qu’il désigne
(CSS, art. R. 145-17, al. 6).
4) Modalités de saisine
Les juridictions de première instance (SAS des CDPI de l’ordre des médecins, des chirurgiens-
dentistes, des sages-femmes, des masseurs-kinésithérapeutes, des infirmiers et des pédicures-
podologues ainsi que les SAS des conseils régionaux ou centraux des sections D, G et H de l’ordre
des pharmaciens) sont saisies « par LRAR adressée au secrétariat de la section intéressée dans un
délai de 3 ans à compter de la date des faits » (depuis un D. nº 88-484, 27 avr. 1988 modifiant les
dispositions du Code de la sécurité sociale [deuxième partie : décrets en Conseil d’État] relatives au
contentieux du contrôle technique de la sécurité sociale ainsi que les dispositions du Code de la
santé publique, du décret nº 48-1671 du 28 octobre 1948 et du décret nº 59-388 du 4 mars
1959 relatives à la saisine des juridictions disciplinaires des ordres des médecins, des chirurgiens-
dentistes, des sages-femmes et des pharmaciens : JO 3 mai 1988, p. 6019). Il est également
possible de déposer les plaintes et les mémoires produits au secrétariat de la SAS compétente
(CSS, art. R. 142-22).
Les SAS du premier degré de juridiction appartenant à l’ordre administratif, les règles spéciales
doivent être combinées aux règles plus générales, ainsi que le précise l’article R. 145-23 du CSS.
Cet article renvoie à un certain nombre de règles du Code de justice administrative (CJA) :
– l’article R. 411-1 du CJA, tout d’abord, qui dispose que « la juridiction est saisie par requête »,
laquelle « indique les nom et domicile des parties » et « contient l’exposé des faits et moyens,
ainsi que l’énoncé des conclusions soumises au juge ». Si aucun moyen n’a été exposé, l’auteur
ne peut régulariser sa requête « que par le dépôt d’un mémoire exposant un ou plusieurs
moyens » avant l’expiration du délai de recours ;
– les articles R. 411-2 et R. 411-2-1 du CJA, ensuite, qui concernaient l’aide juridique et qui ont
été abrogés ;
– l’article R. 411-6 du CJA, enfin, concernant la requête signée par un mandataire.
Les plaintes et les mémoires produits doivent être accompagnés de copies. Le nombre de copies
doit être égal au nombre « des autres parties en cause, augmenté de deux » (CSS, art. R. 145-24,
al. 1), sous réserve de la faculté offerte au président de la formation de jugement d’exiger la
production de copies supplémentaires en cas de nécessité (CSS, art. R. 145-24, al. 3). Si ce n’est
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CHAPITRE 3 – Le contentieux du contrôle technique 141
pas le cas, le secrétariat de la juridiction doit en avertir le demandeur par LRAR. Il lui indique qu’il
a 15 jours à compter de la réception de cet avertissement pour transmettre ces productions
complémentaires. Si les pièces demandées ne sont pas produites dans les délais, la plainte est irre-
cevable et elle sera rejetée (CSS, art. R. 145-24, al. 2). Dans l’hypothèse où les parties souhaite-
raient joindre des pièces à l’appui de leurs plaintes ou de leurs mémoires, elles doivent également
en fournir des copies, sauf circonstances particulières tenant au volume ou aux caractéristiques des
pièces (pour le détail, v. CSS, art. R. 145-24, al. 4).
Lors de leur arrivée, les plaintes sont inscrites sur le registre d’ordre tenu par le secrétaire (CSS, art.
R. 145-24, al. 5). Le secrétariat de la section doit alors informer le conseil départemental, régional,
interrégional ou central au tableau duquel le professionnel de santé est inscrit de la plainte (CSS,
art. R. 145-24, al. 6).
b) Pouvoir du président de la juridiction de statuer sur ordonnance
Afin de raccourcir les délais de jugement, le président de la juridiction bénéficie de pouvoirs spéci-
fiques qui ont notamment été précisés par la loi du 30 janvier 2007 (L. nº 2007-127, 30 janv. 2007
ratifiant l’ordonnance nº 2005-1040 du 26 août 2005 relative à l’organisation de certaines profes-
sions de santé et à la répression de l’usurpation de titres et de l’exercice illégal de ces professions
et modifiant le Code de la santé publique, art. 20, 3º : JO 1er févr. 2007, p. 1937). Ils sont
énumérés à l’article L. 145-9 du CSS concernant les médecins, chirurgiens-dentistes et sages-
femmes (CSS, art. L. 145-9-2 pour les masseurs kinésithérapeutes et les infirmiers ; art. R. 145-20
pour les pharmaciens).
Les présidents des différentes SAS (SAS de la CDPI, SAS des conseils régionaux ou centraux des
sections D, G et H, SAS du CNO) peuvent, par ordonnance :
– donner acte des désistements ;
– rejeter une requête ne relevant manifestement pas de la compétence de leur juridiction ;
– statuer sur les requêtes qui ne présentent plus à juger de questions autres que la condamnation
à payer une somme au titre des frais exposés et non compris dans les dépens (CSS, art. L. 761-1),
la charge des dépens ou la fixation des dates d’exécution des sanctions prononcées à l’encontre
du professionnel concerné ;
– constater qu’il n’y a pas lieu de statuer sur une requête ;
– rejeter les conclusions entachées d’une irrecevabilité manifeste insusceptible d’être couverte au
cours de l’instance.
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142 L’ESSENTIEL DU CONTENTIEUX DE LA SÉCURITÉ SOCIALE
c) Déroulement de l’instance
1) Échanges des parties : respect du contradictoire
Une fois que la plainte ou la requête et les pièces jointes requises ont été reçues, la plainte, le
mémoire et les pièces jointes sont notifiés aux parties par LRAR (CSS, art. R. 145-25, al. 1). Cette
notification les invite à produire un mémoire en défense et toutes les pièces utiles. Le président
de la SAS fixe le nombre d’exemplaires à transmettre et le délai de transmission, lequel ne peut
pas être inférieur à un mois à compter de la réception de la notification de la plainte (CSS,
art. R. 145-25, al. 2). Le premier mémoire de chaque défendeur et les pièces jointes sont commu-
niqués aux parties en se conformant aux règles prévues aux articles R. 611-3 et R. 611-5 du CJA
(CSS, art. R. 145-25, al. 3). Si l’une des parties ne respecte pas le délai qui lui a été imparti pour
produire son mémoire, « le président de la formation de jugement peut lui adresser une mise en
demeure » (CSS, art. R. 145-25, al. 4).
De manière plus générale, le Code de la sécurité sociale prévoit que la procédure devant les SAS
présente un caractère contradictoire (CSS, art. L. 145-8 pour la SAS de la CDPI et la SAS du CNO
des médecins, chirurgiens-dentistes et sages-femmes ; art. L. 145-9-1 pour la SAS de la CDPI et la
SAS du CNO des masseurs-kinésithérapeutes et des infirmiers).
Ce principe, qui doit irriguer toutes les étapes de la procédure, transparaît clairement dans la juris-
prudence du Conseil d’État. Il implique que l’intéressé puisse prendre connaissance des informa-
tions essentielles pour pouvoir assurer sa défense, et ce dans un délai satisfaisant. Dans une
ancienne affaire, le Conseil d’État avait considéré que le fait pour la SAS du CNO des médecins
d’informer un praticien par lettre datée du 5 mars et reçue le 6 que la plainte le concernant serait
examinée le 26 mars et qu’il pouvait prendre connaissance de son dossier à compter du 14 mars a
été considéré comme étant un délai suffisant pour préparer sa défense eu égard à la nature des
griefs portés à son encontre (en l’espèce, dépassements d’honoraires injustifiés à l’origine d’un
blâme : CE, 1er juill. 1970, nº 78209). À l’inverse, la juridiction retient la violation des droits de la
défense lorsqu’« un document essentiel n’[a] été versé au dossier que le jour même de l’audience
au cours de laquelle a été examinée par le Conseil régional de l’Ordre des médecins la plainte
dirigée contre l’intéressé, qui n’a pu ainsi en avoir connaissance utilement » (CE, 1re et 5e ss-sect.
réunies, 16 déc. 1970, nº 78079).
Le contentieux du contrôle technique constituant l’une des suites du contrôle de l’activité du
professionnel de santé concerné, le Conseil d’État a également dû se prononcer sur l’incidence
du non-respect du contradictoire au cours de cette phase préalable. Il a considéré que le fait que
la caisse n’ait pas communiqué au professionnel concerné toutes les pièces en sa possession lors
de l’enquête préalable à la procédure juridictionnelle qui s’est tenue dans le cadre d’un contrôle
de l’activité, n’influe pas sur la régularité de la procédure devant la SAS, « dès lors que celle-ci a
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CHAPITRE 3 – Le contentieux du contrôle technique 143
respecté le principe du contradictoire » (CE, 4e et 1re ss-sect. réunies, 24 janv. 1996, nº 154942).
Qui plus est, si une plainte d’une caisse est irrecevable faute d’avoir informé le professionnel de
santé contrôlé dans les délais fixés sur les suites que la caisse entend donner aux griefs notifiés à
l’issue d’un contrôle d’activité, cela ne fait « pas obstacle à ce que la plainte déposée par une
caisse qui a satisfait en temps utile à cette obligation d’information fasse état d’autres manque-
ments reprochés à ce praticien – la juridiction disciplinaire, saisie de l’ensemble du comportement
du praticien, pouvant au demeurant se fonder elle-même sur des griefs qui n’ont pas été
dénoncés dans la plainte – sous réserve que, conformément aux droits de la défense, le praticien
poursuivi soit mis à même de s’expliquer, dans le cadre de la procédure suivie devant cette juridic-
tion, sur l’ensemble des griefs susceptibles d’être retenus à son encontre » (CE, 4e et 5e ss-sect.
réunies, 31 mars 2014, nº 342699). Par ailleurs, il a retenu que le fait qu’il soit expressément
prévu que la procédure d’analyse de l’activité des professionnels de santé dispensant des soins
aux assurés sociaux doit se dérouler dans le respect des droits de la défense, n’a pas abouti à
faire de ce respect une condition de recevabilité de la plainte devant les juridictions du contentieux
du contrôle technique. Le respect des droits de la défense étant alors, selon les magistrats, assuré
par le biais des règles relatives à la procédure juridictionnelle (CE, 4e et 5e ss-sect. réunies, 26 oct.
2011, nº 329295).
2) Représentation
« La procédure devant les SAS est écrite ». « Devant les SAS des CDPI ou devant les SAS des
conseils régionaux ou centraux des sections D, G et H de l’ordre des pharmaciens, les intéressés
peuvent comparaître personnellement ou se faire assister ou représenter » (CSS, art. R. 145-21).
Les parties sont averties qu’elles peuvent choisir un défenseur (CSS, art. R. 145-28, I). Si elles font
ce choix, elles doivent en informer par écrit et sans délai le secrétariat de la SAS (CSS,
art. R. 145-28, VII).
L’article R. 145-28 du CSS prévoit une liste des personnes susceptibles de représenter les parties.
« Les médecins, chirurgiens-dentistes, sages-femmes, pharmaciens ou auxiliaires médicaux
peuvent se faire assister ou représenter soit par un membre de leur profession inscrit au tableau
ou dont le diplôme est régulièrement enregistré (...), soit par un avocat ». Dans la première hypo-
thèse, un mandat régulier est nécessaire pour la représentation (CSS, art. R. 145-28, II). Le conseil
national, départemental, régional, interrégional ou central de l’ordre « peut se faire représenter
soit par un membre titulaire ou suppléant de son conseil, soit par un avocat » (CSS,
art. R. 145-28, III). « Les organismes de sécurité sociale peuvent se faire représenter soit par leur
représentant légal, soit, selon les cas, par un médecin-conseil, un chirurgien-dentiste-conseil ou
un pharmacien-conseil du régime intéressé, soit par un avocat » (CSS, art. R. 145-28, IV). Le direc-
teur général de l’ARS peut se faire représenter par son représentant légal ou par un avocat (CSS,
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144 L’ESSENTIEL DU CONTENTIEUX DE LA SÉCURITÉ SOCIALE
art. R. 145-28, V). Enfin, « les syndicats sont représentés soit par un représentant légal, soit par un
membre de la profession [auquel un mandat régulier a été confié], soit par un avocat » (CSS,
art. R. 128-28, VI).
3) Instruction
Dès que la plainte ou la requête a été enregistrée au secrétariat, le président doit désigner un
rapporteur qu’il choisit parmi les membres de la SAS (CSS, art. R. 145-29). Le rapporteur a la
charge d’« entendre les parties, de recueillir tous témoignages et de procéder à toutes les consta-
tations utiles à la manifestation de la vérité ». Il lui est loisible [de] demander aux parties « toutes
pièces ou tous documents utiles à la solution du litige » (CSS, art. R. 145-30, al. 1). À chaque audi-
tion, le rapporteur doit dresser un procès-verbal. Les parties ou témoins en reçoivent lecture, puis il
est signé ou, à défaut, mentionné que la personne ne veut ou ne peut procéder à la signature
(CSS, art. R. 145-30, al. 2). Les pièces et les procès-verbaux d’audition sont versés au dossier et
communiqués aux parties. Ces dernières sont invitées à présenter des observations. Les mêmes
règles que celles applicables à la communication des mémoires doivent alors être respectées
(CSS, art. R. 145-30, al. 3). Le rapporteur peut ensuite remettre son rapport au président de la
section. Celui-ci « constitue un exposé objectif des faits, des pièces du dossier et des actes d’ins-
truction accomplis » (CSS, art. R. 145-30, al. 4).
Une expertise (CSS, art. R. 145-31, renvoyant aux articles CJA, R. 621-1 à R. 621-11 et R. 621-14)
ou une enquête (CSS, art. R. 145-32, renvoyant aux articles CJA, R. 623-1 à R. 623-7) peuvent en
outre être ordonnées dans les conditions fixées par le CJA.
Les règles du CJA concernant la notification des mesures d’instruction et le désistement s’appli-
quent devant les SAS (CJA, art. R. 145-34 envoyant aux art. R. 626-4 et R. 636-1 du CJA).
Comme devant les juridictions de droit commun, la question de la conformité du rôle dévolu au
rapporteur devant les SAS s’est posée au regard de l’article 6, § 1 de la Convention européenne
des droits de l’homme. Le Conseil d’État a d’abord été amené à se prononcer dans une affaire
relative à la section disciplinaire du Conseil national de l’ordre. Il a alors considéré que si « un des
membres composant la section disciplinaire est désigné comme rapporteur et peut procéder, dans
le cadre et pour les besoins du débat contradictoire entre les parties, à des mesures d’instruction
qui ont pour objet de vérifier la pertinence des griefs et observations des parties et dont les résul-
tats sont versés au dossier pour donner lieu à communication contradictoire, de telles attributions
ne diffèrent pas de celles que la formation collégiale de jugement pourrait elle-même exercer et
ne confèrent pas au rapporteur le pouvoir de décider par lui-même de modifier le champ de la
saisine de la juridiction ; qu’ainsi et alors même qu’il incombe par ailleurs au rapporteur, en vertu
de l’article 26 du même décret, de faire à l’audience un exposé des faits consistant en une présen-
tation de l’affaire, l’ensemble de ces dispositions n’ont pas pour effet de lui conférer des fonctions
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CHAPITRE 3 – Le contentieux du contrôle technique 145
qui, au regard du principe d’impartialité comme des autres stipulations de l’article 6-1 de la
convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales,
feraient obstacle à sa participation au délibéré de la section disciplinaire » (CE, sect., 3 déc. 1999,
nº 195512). La doctrine considérait que cette solution pouvait être étendue aux sections des assu-
rances sociales, les pouvoirs du rapporteur étant les mêmes que devant les juridictions discipli-
naires (Lamy droit de la santé, nº 153-137). La jurisprudence l’a ensuite confirmé dans une affaire
concernant la section des assurances sociales de l’ordre des pharmaciens (CE, 1re ss-sect., 21 mars
2001, nº 209160) et de l’ordre des médecins (CE, 4e et 6e ss-sect. réunies, 30 janv. 2002,
nº 203328) dans laquelle le juge soulignait que les attributions du rapporteur « ne lui confèrent
pas le pouvoir d’apprécier dans son rapport les moyens développés par le praticien poursuivi ou
de donner une qualification juridique aux faits reprochés ».
Pour mémoire, devant les juridictions de droit commun où le rôle du rapporteur public consiste
quant à lui à « exposer publiquement, et en toute indépendance, son opinion sur les questions
soulevées par la requête et sur la solution qu’elle appelle », la question de la participation du
rapporteur public au délibéré a définitivement été tranchée à la suite des arrêts Kress (CEDH,
7 juin 2001) et Martinie (CEDH, 12 avril 2006). Devant les TA et CAA, les décisions sont délibérées
en dehors de sa présence (CJA, art. R. 732-2) alors qu’elles le sont uniquement en cas de
demande contraire des parties devant le Conseil d’Etat (CJA, art. R. 733-3). En cette dernière
hypothèse, le rapporteur public « assiste au délibéré. Il n’y prend pas part » (CJA, art. R. 733-3).
4) Audience
L’audience peut ensuite se tenir. « Le rôle de chaque audience est établi par le président de la
SAS » concernée (CSS, art. R. 145-37, al. 1).
• C ONVOCATION
Les parties doivent être convoquées à l’audience par LRAR, laquelle doit leur parvenir « au moins
15 jours avant la date de l’audience » (CSS, art. R. 145-37, al. 2), sauf délais supplémentaires liés
à la distance (CSS, art. R. 145-37, al. 3, renvoyant à CPC, art. 643 et 644).
Les règles générales prévues par les articles R. 721-2 à R. 721-9 du CJA décrivant la procédure de
récusation sont applicables devant les SAS (CSS, art. R. 145-36).
• P UBLICITÉ
Contrairement à ce qui prévalait antérieurement (v. supra), les affaires sont en principe examinées
en audience publique. Par exception, le président de la formation de jugement peut « interdire
l’accès à la salle pendant tout ou partie de l’audience dans l’intérêt de l’ordre public ou lorsque
le respect de la vie privée ou du secret médical le justifie ». Il peut le faire « d’office ou à la
demande d’une des parties après avoir, le cas échéant; pris l’avis du rapporteur » (CSS,
art. R. 145-38).
Les articles R. 731-1 et R. 731-2 du CJA, qui prévoient respectivement que le président de la
formation de jugement veille à l’ordre de l’audience et qui obligent les personnes assistant à
l’audience à avoir une attitude digne et respectueuse de la justice sous peine de sanctions, sont
applicables devant les SAS (CJA, art. R. 145-40).
• QPC
Les règles relatives à la question prioritaire de constitutionnalité applicables devant les tribunaux
administratifs et les cours administratives d’appel sont expressément étendues aux SAS par l’article
R. 145-44 du CSS (lequel renvoie au CJA, art. R. 771-3 à R. 771-6, art. R. 771-9, al. 2 et 3, et
art. R. 771-10 à R. 771-13).
• D ÉLIBÉRÉ
Les décisions sont prises à la majorité des voix et en dehors de la présence des parties (CSS,
art. R. 145-39).
• P RISE EN CHARGE DES FRAIS
Les dépens comprennent les frais d’expertise, d’enquête et toute autre mesure d’instruction dont
les frais ne sont pas à la charge de l’État. Ils sont en principe mis à la charge de toute partie
perdante, à moins que les circonstances particulières de l’affaire ne justifient qu’ils soient mis à la
charge d’une autre partie ou partagés entre les parties. L’État peut être condamné aux dépens
(CSS, art. R. 145-52, renvoyant à CJA, art. R. 761-1 ; le même renvoi est opéré par l’article R. 145-
23 concernant spécifiquement les SAS des CDPI).
Les dépens peuvent être mis à la charge du plaignant ou du requérant en cas de désistement
(CSS, art. R. 145-52, al. 2).
L’organe amené à recouvrer les dépens varie selon que l’on se trouve en première instance ou en
appel : en première instance, le conseil régional ou central procède au recouvrement pour l’ordre
des pharmaciens quand les conseils régionaux ou interrégionaux y procèdent pour les autres
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CHAPITRE 3 – Le contentieux du contrôle technique 147
ordres (CSS, art. R. 145-53, al. 1). En revanche, les dépens des décisions des SAS du CNO sont
recouvrés par le Conseil national (CSS, art. R. 145-53, al. 2). Dans toutes ces hypothèses, les frais
déboursés pour mettre en œuvre les voies d’exécution de droit commun viennent s’y ajouter si
cela s’est avéré nécessaire pour recouvrer les dépens (CSS, art. R. 145-53, al. 4).
Quant aux frais exposés et non compris dans les dépens, le juge condamne la partie qui est tenue
aux dépens ou, à défaut, la partie perdante, à les payer à l’autre partie. Il doit en déterminer la
somme et, pour ce faire, tenir compte de l’équité ou de la situation économique de la partie
condamnée. Ces raisons peuvent même le conduire à retenir qu’il n’y a pas lieu à condamnation
(CJA, art R. 145-23, renvoyant à l’article L. 145-9, L. 145-9-2 et R. 145-20 du CSS, ces articles
renvoyant à L. 761-1 du CJA).
d) Décision
1) Absence de décision rendue dans un délai d’un an
Si la juridiction de première instance ne s’est pas prononcée dans un délai d’un an, la SAS du
Conseil national compétent peut être saisie par les requérants. « La juridiction de première
instance est alors dessaisie à la date d’enregistrement de la requête au Conseil national ». Le
délai d’un an commence à courir à compter de la date à laquelle la juridiction de première
instance a reçu le dossier complet de la plainte. Les délais sont décomptés conformément aux
règles posées par les articles 640 à 644 du CPC (CSS, art. R. 145-19).
Ce dessaisissement au profit de la SAS du Conseil national est surprenant dans la mesure où il
aboutit à supprimer le double degré de juridiction. Cette règle a toutefois été considérée comme
conforme à l’article 6, § 1 de la Convention européenne des droits de l’homme, qui n’impose pas
l’existence d’un double degré de juridiction, notamment dans la mesure où son objectif vise à
« garantir aux intéressés que leur cause sera entendue dans un délai raisonnable » (CE, 5e et
7e ss-sect. réunies, 9 févr. 2000, nº 185667, concernant l’ancien article R. 145-23 du CSS, qui
posait une règle de dessaisissement à l’issue d’un délai de 8 mois). Il n’y a pas davantage violation
du « principe d’égal accès à la justice », ni d’« aucun autre principe général du droit », ni
d’« aucune autre disposition législative » (CE, 4e ss-sect., 11 juill. 1991, nº 84335, concernant
l’article R. 145-23 du CSS qui posait un délai de 6 mois à propos des SAS des chirurgiens-
dentistes).
2) Sanctions susceptibles d’être prononcées
Les sanctions sont prévues par des textes différents en fonction des professions concernées. Si les
grandes lignes sont relativement proches, quelques différences marquantes existent entre les
professions, ce qui justifie de procéder à un examen séparé.
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148 L’ESSENTIEL DU CONTENTIEUX DE LA SÉCURITÉ SOCIALE
poursuivi et sanctionné deux fois pour les mêmes faits par les chambres disciplinaires de l’ordre
des médecins et par les juridictions du contentieux du contrôle technique de la sécurité sociale »
(2e considérant). Ces griefs sont écartés par les juges de la rue de Montpensier. Après avoir
considéré que ces principes ne concernent pas seulement les peines de nature pénale mais
s’appliquent aussi à « toute sanction ayant le caractère d’une punition », ils retiennent que « le
principe de nécessité des peines ne fait pas obstacle à ce que les mêmes faits commis par une
même personne puissent faire l’objet de poursuites différentes aux fins de sanctions de nature
disciplinaire ou administrative en application de corps de règles distincts devant leurs propres
ordres de juridictions ». Néanmoins, « si l’éventualité que soient engagées deux procédures peut
ainsi conduire à un cumul des sanctions, le principe de proportionnalité implique qu’en tout état
de cause, le montant global des sanctions éventuellement prononcées ne dépasse pas le montant
le plus élevé de l’une des sanctions encourues » (3e considérant). Le Conseil d’État a également été
amené à préciser la portée de l’article L. 145-2 du CSS dans l’hypothèse où les faits susceptibles
d’être sanctionnés ne sont qu’en partie les mêmes. La SAS qui se prononcerait en second lieu
doit alors tenir compte de la sanction disciplinaire prononcée par la chambre disciplinaire. En
l’espèce, elle avait prononcé une sanction d’interdiction de donner des soins aux assurés sociaux
pour 3 ans, mais avait réduit la durée d’exécution de cette sanction de 2 ans afin de prendre en
considération la sanction disciplinaire préalablement prononcée (CE, 4e et 5e ss-sect. réunies,
25 févr. 2015, nº 361995).
Troisième précision, certaines sanctions sont assorties de la privation du droit de faire partie du
conseil de l’ordre, qu’il s’agisse d’un conseil départemental, régional, interrégional ou national.
Cette interdiction a une durée de 3 ans si le praticien a reçu un blâme ou un avertissement (CSS,
art. L. 145-2-1, al. 1). L’interdiction est en revanche définitive si une interdiction temporaire ou
permanente de servir des soins a été prononcée avec ou sans sursis ou en cas d’abus d’honoraires
(CSS, art. L. 145-2, al. 1). Il est toujours possible d’être relevé de l’incapacité résultant d’une déci-
sion définitive d’interdiction permanente du droit de donner des soins aux assurés sociaux. La
chambre de première instance qui a prononcé la sanction est alors compétente et le relèvement
peut être prononcé après un délai de 3 ans suivant la sanction. En cas de refus, il faut attendre
3 années supplémentaires pour présenter une nouvelle demande (CSS, art. L. 145-2-3, al. 3 et 4).
Enfin, dernière précision, si le praticien ne respecte pas l’interdiction de donner des soins à un
assuré social, il doit rembourser à l’organisme de sécurité sociale le montant des prestations (CSS,
art. L. 145-3). Une décision ancienne a retenu que dans une telle hypothèse, le professionnel
n’était pas tenu de « rembourser aux assurés la part des honoraires restée à leur charge » (CE,
3e et 5e ss-sect. réunies, 9 mars 1979, nº 96596).
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150 L’ESSENTIEL DU CONTENTIEUX DE LA SÉCURITÉ SOCIALE
L’interdiction du droit de donner des soins aux assurés sociaux a été interprétée de manière large
par le Conseil d’État d’un triple point de vue :
– en premier lieu, elle s’applique à toute personne ayant la qualité d’assuré social sans distinction
(CE, 23 févr. 1951, nº 4700 : Lebon, p. 110), qu’elle relève du régime général ou d’un autre
régime de sécurité sociale (CE, 4 déc. 1964, nº 61603 : Lebon, p. 620). Aujourd’hui, avec la
mise en place de la protection universelle maladie (PUMA), cette sanction concerne l’ensemble
des personnes travaillant ou résidant en France ;
– en deuxième lieu, le Conseil d’État a jugé – à propos des auxiliaires médicaux qui se voient
appliquer le régime juridique des médecins (v. supra) – que « la sanction de l’interdiction de
donner des soins aux assurés sociaux pendant 2 mois faisait obstacle à ce que [le praticien] se
fasse remplacer dans son cabinet, au cours de cette période, par des confrères qui lui
reversaient une partie des honoraires perçus, alors même que ce reversement aurait
éventuellement correspondu aux frais de gestion des installations techniques » (CE, 4e et 1re ss-
sect. réunies, 30 juin 1993, nos 90559, 90661 et 90662). La même solution a été retenue
récemment à propos d’un chirurgien-dentiste ne tirant aucune contrepartie financière de ce
remplacement (CE, 4e et 1re ch. réunies, 13 avr. 2018, nº 391895) ;
– en troisième lieu, le praticien doit s’abstenir de donner des soins aux assurés sociaux, y compris
à titre gratuit (CE, 4e et 1re ss-sect. réunies, 29 juill. 1994, nº 122492 ; CE, 4e et 1re ch. réunies,
13 avr. 2018, nº 391895).
• À L ’ ENCONTRE DES MASSEURS - KINÉSITHÉRAPEUTES ET DES INFIRMIERS
Pour les masseurs-kinésithérapeutes et les infirmiers (CSS, art. L. 145-5-2), les sanctions sont :
– « l’avertissement (1º) ;
– le blâme, avec ou sans publication (2º) ;
– l’interdiction temporaire ou permanente, avec ou sans sursis, du droit de dispenser des soins aux
assurés sociaux (3º) ;
– le remboursement à l’assuré du trop-perçu ou le reversement aux organismes de sécurité sociale
du trop remboursé, en cas d’abus d’honoraires (4º) ».
Les sanctions peuvent être assorties d’une publication dont les modalités sont fixées par la SAS
(CSS, art. L. 145-5-2, al. 6). Si le jugement le prévoit ou en cas d’interdiction temporaire ou perma-
nente, la décision doit faire l’objet d’une publication par les organismes de sécurité sociale (CSS,
art. L. 145-5-2, al. 9). Les décisions définitives ont force exécutoire (CSS, art. L. 145-5-2, dernier
alinéa).
Les précisions faites pour les médecins sont également valables pour les masseurs-kinésithéra-
peutes et les infirmiers. On les rappellera ici afin d’en préciser les fondements textuels. Si dans les
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CHAPITRE 3 – Le contentieux du contrôle technique 151
5 ans suivant la notification de la décision, une nouvelle faute est commise et sanctionnée par une
interdiction de donner des soins aux assurés sociaux, la sanction assortie du sursis devient exécu-
toire, sans préjudice de l’application de la nouvelle sanction (CSS, art. L. 145-5-2, al. 7). On
applique également la règle du non-cumul avec les peines prononcées par la chambre disciplinaire
de première instance (visées par CSP, art. L. 4124-6) pour les mêmes faits. Il faut alors appliquer la
sanction la plus forte (CSS, art. L. 145-5-2, al. 8). Le professionnel de santé est privé du droit de
faire partie du conseil de l’ordre (départemental, régional, interrégional, national) pendant 3 ans
si un blâme ou un avertissement a été prononcé à son encontre. L’interdiction est définitive si
une interdiction temporaire ou permanente de servir des soins a été prononcée ou s’il y a eu
abus d’honoraires (CSS, art. L. 145-5-3, al. 1). L’interdiction permanente du droit de dispenser des
soins aux assurés sociaux peut être relevée. La compétence revient à la chambre de première
instance, qui peut procéder au relèvement à compter d’un délai de 3 ans suivant la sanction. Si la
juridiction le refuse, le professionnel doit attendre un second délai de 3 ans pour présenter une
nouvelle demande (CSS, art. L. 145-5-3). Enfin, le non-respect de l’interdiction de donner des
soins à un assuré social donne lieu au remboursement à l’organisme de sécurité sociale du
montant des prestations qu’il a payé à cet assuré (CSS, art. L. 145-5-4).
• À L ’ ENCONTRE DES SOCIÉTÉS EXPLOITANT UN LABORATOIRE DE BIOLOGIE MÉDICALE PRIVÉ
En principe, pour les sociétés exploitant un laboratoire de biologie médicale privé, les sanctions
sont les mêmes que pour les médecins et pour les pharmaciens (CSS, art. L. 145-5-6, al. 3,
renvoyant respectivement à CSS, art. L. 145-2 et L. 145-4). Il existe une seule différence notable :
« l’interdiction, avec ou sans sursis, de donner des soins aux assurés sociaux est remplacée par
l’interdiction, avec ou sans sursis, de pratiquer des examens de biologie médicale pour les assurés
sociaux. L’interdiction temporaire, avec ou sans sursis, d’exercer des activités de biologie médicale
ne peut excéder un an » (CSS, art. L. 145-5-6).
• À L ’ ENCONTRE DES PHARMACIENS
Les sanctions à l’encontre des pharmaciens sont prévues par l’article R. 145-2 du CSS. Il s’agit :
– de « l’avertissement (1º) ;
– du blâme, avec ou sans publication (2º) ;
– de l’interdiction temporaire ou permanente, avec ou sans sursis, de servir des prestations aux
assurés sociaux (3º) ».
Cette sanction doit faire l’objet d’une publication, contrairement aux autres sanctions qui sont
susceptibles de publication, si le jugement le prévoit (CSS, art. R. 145-2, al. 8). La publication est
effectuée par les soins de la caisse (CSS, art. R. 145-51, al. 1). En cas « d’abus des prix de vente
des médicaments et des produits de santé, ou des prix des examens de biologie médicale, les
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152 L’ESSENTIEL DU CONTENTIEUX DE LA SÉCURITÉ SOCIALE
aux parties, au directeur général de l’ARS, au ministre chargé de la sécurité sociale, au ministre
chargé de la santé, au ministre chargé de l’agriculture et au Conseil national de l’ordre intéressé
(CSS, art. R. 145-45, al. 1). La notification doit comporter les délais et les voies de recours (CSS,
art. R. 145-45, al. 2).
Deux précisions s’imposent quant aux modalités de notification :
– d’une part, la notification doit être faite le même jour pour toutes les parties. Elle a lieu par
LRAR ou, le cas échéant, par signification par huissier à leur dernier domicile connu (CSS,
art. R. 145-47, al. 2) ;
– d’autre part, une fois qu’il s’est vu notifier les décisions et ordonnances, le directeur de l’ARS
doit les communiquer au directeur de l’établissement de santé dans lequel le professionnel
exerce, le cas échéant (CSS, art. R. 145-48).
Des spécificités existent par ailleurs en fonction de la profession concernée :
– pour les pharmaciens, les décisions des SAS des conseils régionaux ou centraux des sections D,
G et H doivent en sus être notifiées au conseil régional ou central dont relève le pharmacien
poursuivi (CSS, art. R. 145-45, al. 3) ;
– pour les autres professionnels, les décisions des SAS des CDPI doivent également être notifiées,
selon les situations, au conseil départemental, régional ou interrégional au tableau duquel le
professionnel poursuivi est inscrit (CSS, art. R. 145-45, al. 4). Il en résulte que seul le conseil
départemental de l’ordre au tableau duquel le praticien est inscrit doit être informé, à l’exclusion
de tout autre conseil départemental (CE, 5e et 7e ss-sect. réunies, 10 avr. 2002, nº 230531).
Des règles particulières s’appliquent enfin :
– si le professionnel de santé exerce dans plusieurs lieux (CSS, art. R. 145-45, dernier alinéa) ;
– s’il est ressortissant de l’un des États membres de l’UE ou de l’espace économique européen
(CSS, art. R. 145-46) ;
– s’il est chargé de fonctions d’enseignement (CSS, art. R. 145-49).
Afin que les parties soient en mesure d’exercer les voies de recours (v. infra) en pleine
connaissance de cause, il est prévu que la lettre de notification qui accompagne l’ampliation de
la décision de la SAS ou de l’ordonnance de son président indique, premièrement, que la
décision contestée doit être jointe et, deuxièmement, que l’appel à un effet suspensif (CSS,
art. R. 145-47, al. 1). L’article R. 145-23 du CSS renvoyant à l’article R. 751-5, alinéa 2 du CJA (qui
renvoie lui-même à CJA, art. R. 431-2), la notification doit, sauf dispense particulière, mentionner
que le recours ne peut être présenté que par un avocat ou par un avocat au conseil.
Plusieurs voies de recours sont ouvertes à l’encontre de la décision de la juridiction de première
instance.
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154 L’ESSENTIEL DU CONTENTIEUX DE LA SÉCURITÉ SOCIALE
e) Voies de recours
1) Appel
L’appel contre les décisions rendues en première instance est porté devant la SAS du Conseil
national de l’ordre concerné. L’appel a un effet suspensif (CSS, art. R. 145-58, al. 1). Il peut être
formé dans un délai de 2 mois à compter de la notification de la décision (CSS, art. R. 145-59,
al. 1) par les parties intéressées, les organismes d’assurance maladie, les directeurs généraux des
ARS, le ministre chargé de la sécurité sociale, le ministre chargé de la santé et le ministre chargé
de l’agriculture (CSS, art. R. 145-58, al. 2). Ces ministres peuvent faire appel dans l’intérêt de la
loi sans condition de délai (CSS, art. R. 145-61).
En revanche, en l’absence de disposition le prévoyant expressément, l’appel incident a été jugé
irrecevable. Il n’en résulte pas de violation des articles 6 et 13 de la Convention européenne des
droits de l’homme, dès lors que cette impossibilité « vaut de manière égale pour chacune des
parties à l’instance et ne fait obstacle ni à la présentation d’une défense en appel, ni à l’exercice
dans les délais d’un appel principal, ni à l’exercice ultérieur d’un pourvoi en cassation » (CE, 4e et
6e ss-sect. réunies, 5 mars 2003, nº 221643).
L’« appel doit être déposé ou adressé par LRAR au secrétariat de la SAS du Conseil national de
l’ordre concerné » (CSS, art. R. 145-60, al. 1). Dès que le secrétariat a reçu la requête d’appel, il
doit avertir tous les destinataires de la décision attaquée de l’enregistrement de l’appel et de son
effet suspensif. Il doit aussi avertir la SAS qui a statué en première instance afin que celle-ci lui
transmette le dossier de l’affaire sous 8 jours (CSS, art. R. 145-60, al. 2).
Sous réserve de ces précisions, la procédure devant la SAS des conseils nationaux est la même que
celle suivie devant les SAS intervenant en première instance (CSS, art. R. 145-57).
Une fois que la décision de la SAS du Conseil national a été rendue, elle doit être notifiée au
professionnel concerné, ce qui a pour effet de la rendre définitive au jour de sa réception (CSS,
art. R. 145-62, al. 1). Si la notification revient au secrétariat car elle n’a pas été réclamée, « elle
devient définitive à la date de présentation du pli à l’adresse du professionnel » (CSS,
art. R. 145-62, al. 2). « Si la notification est retournée avec la mention « n’habite pas à l’adresse
indiquée », elle devient définitive à la date du cachet de la poste » (CSS, art. R. 145-62, al. 3). Si
la notification est faite par huissier, elle devient définitive à la date de la signification (CSS,
art. R. 145-62, al. 4).
La notification doit comprendre un certain nombre de mentions obligatoires, et notamment qu’un
recours en cassation peut être formé dans les 2 mois suivant la réception de la notification de la
décision par le biais d’un avocat aux conseils (CSS, art. R. 145-63, al. 1).
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CHAPITRE 3 – Le contentieux du contrôle technique 155
2) Opposition
L’opposition à la décision rendue par défaut est ouverte au praticien de santé qui est mis en cause
devant la SAS du CNO et qui n’a pas produit de défense écrite régulière en la forme (CSS,
art. R. 145-64). En revanche, l’opposition n’est pas ouverte à l’encontre des jugements et ordon-
nances des SAS intervenant en première instance (CSS, art. R. 145-65, al. 5). Dans les hypothèses
dans lesquelles l’opposition est ouverte, la notification de la décision qui est adressée au profes-
sionnel de santé doit mentionner que l’opposition peut être formée dans un délai de 5 jours
(CSS, art. R. 145-65, al. 1).
L’opposition doit être introduite en suivant les mêmes règles que celles relatives à l’introduction de
l’instance d’appel (CSS, art. R. 145-65, al. 2 ; à propos de celles-ci, v. supra). Les dispositions des
articles R. 145-15 à R. 145-18 (personnes habilitées à saisir les SAS et règles de compétence),
R. 145-21 à R. 145-29 (introduction de l’instance devant les SAS, pièces jointes et productions,
contradictoire et représentation des parties), R. 145-52, R. 145-53 (dépens) et R. 145-56 (secret
professionnel) du Code de la sécurité sociale sont également applicables (CSS, art. R. 145-65,
al. 3).
La décision admettant l’opposition a pour effet de remettre les parties dans le même état que
celui dans lequel elles se trouvaient auparavant (CSS, art. R. 145-65, al. 4).
3) Recours en rectification d’erreur matérielle
Le recours en rectification d’erreur matérielle est ouvert devant les SAS des CNO. Il s’exerce
conformément aux dispositions de l’article R. 833-1 du CJA (CSS, art. R. 145-66). Cet article
précise les cas et modalités d’exercice du recours. Celui-ci peut être mené lorsqu’une décision de
la SAS du CNO est « entachée d’une erreur matérielle susceptible d’avoir exercé une influence sur
le jugement de l’affaire » (CJA, art. R. 833-1, al. 1). Concrètement, le recours est introduit devant
la juridiction ayant rendu la décision dans les 2 mois de la notification ou de la signification de la
décision à rectifier. Il suit les mêmes formes que la requête initiale (CJA, art. R. 833-1, al. 2).
4) Recours en révision
Contrairement à l’opposition et au recours en rectification d’erreur matérielle, le recours en révi-
sion est ouvert contre toutes les décisions définitives des SAS (rendues en première instance ou
en appel). Ce recours nécessite toutefois que deux conditions cumulatives soient réunies :
– en premier lieu, la décision en cause doit avoir ordonné une « interdiction temporaire avec ou
sans sursis du droit de donner des soins ou de servir des prestations » (CSS, art. R. 145-67, al. 1) ;
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156 L’ESSENTIEL DU CONTENTIEUX DE LA SÉCURITÉ SOCIALE
Elles doivent être accompagnées d’une copie du pourvoi (CJA, art. R. 821-5-1, auquel renvoie CSS,
art. R. 145-63, al. 3).
Le Conseil d’État exerce un contrôle de la motivation des décisions des juges du fond, qui doivent
expliquer en quoi il y a faute, fraude, abus ou tous faits intéressant l’exercice de la profession. La
motivation doit non seulement exister, mais aussi être suffisamment détaillée pour permettre au
Conseil d’État d’exercer son contrôle (CE, 4e ss-sect., 30 sept. 2015, nº 374024). Les juges doivent
en outre prendre soin de répondre explicitement à tout moyen qui n’est pas inopérant (CE, 5e et
4e ss-sect. réunies, 12 juill. 2006, nº 275017). Si le choix de la sanction relève des juges du fond
qui n’ont pas à le motiver (CE, 4e ss-sect., 14 oct. 2011, nº 342091 ; CE, 4e et 5e ss-sect. réunies,
23 juill. 2010, nº 329191 concernant le juge d’appel), le Conseil d’État – revenant sur sa jurispru-
dence antérieure (CE, 4e et 1re ss-sect. réunies, 7 janv. 1998, nº 163581 : « il n’appartient pas au
juge de cassation de contrôler l’adéquation de la sanction à la faute ») – vérifie désormais que
« la sanction retenue n’est pas hors de proportion avec la faute commise » (CE, 4e et 5e ss-sect.
réunies, 25 févr. 2015, nº 361995).
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Le contentieux Chapitre
4
conventionnel
Le contentieux conventionnel découle des dispositions issues des négociations entre les profession-
nels de santé et les organismes de sécurité sociale. Les conventions sont conclues entre l’Union
nationale des caisses d’assurance maladie (UNCAM) et les organisations syndicales les plus repré-
sentatives. On compte des conventions applicables aux médecins (CSS, art. L. 162-5), chirurgiens-
dentistes, sages-femmes, auxiliaires médicaux (CSS, art. L. 162-9), masseurs-kinésithérapeutes
(CSS, art. L. 162-12-9), infirmiers (CSS, art. L. 162-12-2), directeurs de laboratoires privés d’ana-
lyses médicales (CSS, art. L. 162-14), centres de santé (CSS, art. L. 162-32-1), établissements ther-
maux (CSS, art. L 162-39) ou encore aux entreprises de transport sanitaire (CSS, art. L. 322-5-2).
Dans la mesure où le volume du présent ouvrage ne permet pas de présenter l’ensemble du
contentieux découlant de ces différents contrats, seules les grandes lignes du contentieux conven-
tionnel national relatif aux médecins seront abordées.
La validité de la convention médicale nationale est conditionnée par sa signature par une ou
plusieurs organisations reconnues comme représentatives au niveau national ayant obtenu au
moins 30 % des suffrages exprimés aux élections à l’union régionale des professionnels de santé
regroupant les médecins dans chacun des deux collèges (CSS, art. L. 162-14-1-2).
En cas de rupture des négociations ou d’opposition à la convention, on recourt au mécanisme du
règlement arbitral. L’arbitre est désigné par l’UNCAM et au moins une organisation syndicale
représentative. Il arrête un projet de convention. Ce projet est ensuite soumis aux ministres pour
approbation et publication. Le règlement arbitral est valable pour une durée de 5 ans, mais il est
obligatoire d’engager une négociation au plus tard dans les 2 ans (CSS, art. L. 162-14-2).
Rappelons que la convention nationale s’applique aux « professionnels de santé qui s’installent en
exercice libéral ou qui souhaitent adhérer à la convention pour la première fois s’ils en font la
demande ». Quant aux autres professionnels, ils relèvent de la convention « tant qu’ils n’ont pas
fait connaître à la CPAM qu’ils ne souhaitent plus être régis par ces dispositions » (CSS, art.
L. 162-15, al. 8 et s.).
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160 L’ESSENTIEL DU CONTENTIEUX DE LA SÉCURITÉ SOCIALE
Le contenu des conventions est fixé par l’article L. 162-14-1 du CSS. De nos jours, les conventions
médicales sont essentiellement tournées vers la qualité des soins, la maîtrise des dépenses de
santé et la démographie médicale.
Le contentieux lié aux conventions médicales s’articule autour de deux grands thèmes : le conten-
tieux relatif à l’arrêté d’approbation (1) et le contentieux des sanctions conventionnelles (2).
étaient divisibles des autres stipulations de la convention. Dès lors, il n’a annulé que la partie de
l’arrêté ministériel approuvant les stipulations concernées.
Résumé du contentieux des conventions médicales
Convention
Arrêté d’approbation Contentieux lié à l’arrêté d’approbation
médicale
Conv. méd., A., 29 oct. 1971 portant CE, 3e et 5e ss-sect. réunies, 19 févr. 1975, nos 86672
28 oct. 1971 approbation de la convention et 86672 bis : juge l’arrêté d’approbation illégal
nationale des médecins : (violation de CSS, art. L. 261-1) en raison de l’absence
JO 31 oct. 1971, p. 10758 de signature par la Fédération des médecins de France
Conv. méd., A., 30 mars 1976 portant
3 févr. 1976 approbation de la convention
nationale des médecins :
JO 1er avr. 1976, p. 1978
Conv. méd., A., 5 juin 1980 portant CE, ass., 2 déc. 1983, nº 25549 :
29 mai 1980 approbation de la convention – juge illégales les dispositions conventionnelles
conclue entre, d’une part, la (art. 35 et 36) prévoyant que les médecins en
Caisse nationale de l’assurance honoraires libres ont la charge intégrale de leur
maladie des travailleurs salariés couverture sociale, en contrariété avec les articles
[CNAMTS] et conjointement la L. 613-10 et L. 683 du CSS
Caisse centrale de secours – l’illégalité de ces dispositions entache d’illégalité la
mutuels agricoles [CCSMA] et la convention dans son ensemble
Caisse nationale d’assurance
maladie et maternité des
travailleurs non salariés des
professions non agricoles
[CANAM] et, d’autre part, la
Fédération des médecins de
France : JO 6 juin 1980,
nº complémentaire, p. 4938
Conv. méd., A., 4 juill. 1985 portant
1er juill. 1985 approbation de la convention
nationale des médecins :
JO 5 juill. 1985, p. 7554
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162 L’ESSENTIEL DU CONTENTIEUX DE LA SÉCURITÉ SOCIALE
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Conv. méd., A., 27 mars 1990 portant CE, 1 et 4 ss-sect. réunies, 10 juill. 1992,
9 mars 1990 approbation de la convention nº 116876 :
nationale des médecins : – lorsque la convention n’est pas conclue séparément
JO 30 mars 1990, p. 3882 pour les médecins généralistes et les médecins
spécialistes, il est nécessaire qu’elle soit signée par au
moins deux organisations syndicales représentatives,
l’une de médecins généralistes et l’autre de médecins
spécialistes ce qui, en l’espèce, n’était pas le cas ; il y a
donc violation de l’article L. 162-5 du CSS, entraînant
l’illégalité de l’arrêté d’approbation
– l’article 1er de l’arrêté n’a approuvé l’annexe I qu’en
tant qu’elle fixe les tarifs d’honoraires applicables à la
date d’entrée en vigueur de la convention ; en
écartant les modifications postérieures, alors que
l’ensemble de ces stipulations présentait un caractère
indivisible, les ministres ont modifié l’économie de la
convention sur un point essentiel ; l’arrêté est entaché
d’excès de pouvoir
– annulation de la convention médicale
Conv. méd., A., 25 nov. 1993 portant
21 oct. 1993 approbation de la convention
nationale des médecins :
JO 26 nov. 1993, p. 16297
Conv. méd., • A., 28 mars 1997 portant • CE, 1re et 4e ss-sect. réunies, 26 juin 1998,
12 mars 1997 approbation de la convention nos 186855, 186906, 187997, 188003 et 188005 :
nationale des médecins annulation de l’arrêté d’approbation de la convention
spécialistes : JO 29 mars 1997, des médecins spécialistes en raison de l’absence de
p. 4922 représentativité de l’unique syndicat signataire
• A., 28 mars 1997 portant • CE ass., 3 juill. 1998, nº 188004, 188006, 188014,
approbation de la convention 188035, 188051 et 188064 :
nationale des médecins – annulation de l’arrêté d’approbation de la
généralistes : JO 29 mars 1997, convention nationale des médecins généralistes pour
p. 4897 les raisons suivantes :
1) les articles 19 à 26 relatifs à l’option
conventionnelle organisent, sans se conformer aux
prescriptions de l’article L. 162-31-1 du CSS, un type
de filière de soins axé sur la médecine générale
analogue à celui que définit cet article dans le 1 de
son paragraphe I ; les syndicats signataires ont excédé
leur compétence
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CHAPITRE 4 – Le contentieux conventionnel 163
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2) illégalité des articles 32 et 32 bis prévoyant que « le
montant national du reversement exigible des
médecins est affecté aux seules zones qui n’ont pas
respecté leur objectif, et ce à due concurrence de la
part du dépassement de chacune d’entre elles dans le
dépassement constaté nationalement » ; ces
dispositions ne respectent pas les articles L. 162-5-2 et
L. 162-5-3 du CSS.
– les illégalités affectant les articles 19 à 26 et 32 et 32 bis
sont indivisibles des autres stipulations de la convention ;
l’arrêté d’approbation de la convention est illégal
Règl. A., 10 juill. 1998 portant
conventionnel règlement conventionnel
minimal minimal applicable aux
applicable aux médecins, en l’absence de
médecins convention médicale : JO 12 juill.
1998, p. 10781
Règl. A., 13 nov. 1998 portant CE, 1re et 4e ss-sect. réunies, 28 juill. 1999,
conventionnel règlement conventionnel nos 202606, 203438, 203487, 203541 et 203589 :
minimal applicable aux médecins en – délégations illégales de leur compétence par les
applicable aux l’absence de convention auteurs du règlement conventionnel minimal
médecins médicale : JO 14 nov. 1998, – annulation des dispositions relatives aux sanctions
p. 17147 en cas de méconnaissance de références médicales
opposables au regard de l’article 8 de la Déclaration
des droits de l’homme et du citoyen de 1789 posant
le principe de nécessité des peines
– erreur de droit concernant les dispositions relatives
aux médecins autorisés à pratiquer des honoraires
différents
– annulation de certaines dispositions de l’arrêté
d’approbation
Conv. médecins A., 4 déc. 1998 portant • CE, sect., 14 avr. 1999, nos 202605 et 203623 :
généralistes, approbation de la convention – retient l’illégalité de certaines dispositions
26 nov. 1998 nationale des médecins conventionnelles
généralistes : JO 5 déc. 1998, – ces dispositions étant divisibles des autres
p. 18329 stipulations conventionnelles, le Conseil d’État ne
procède qu’à une annulation partielle de l’arrêté
• CE, 1re et 4e ss-sect. réunies, 10 nov. 1999,
nos 203779, 204071, 204188, 204266 et 204271 :
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164 L’ESSENTIEL DU CONTENTIEUX DE LA SÉCURITÉ SOCIALE
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annulation des seuls articles de la convention
concernant les sanctions applicables en cas de non-
respect des références médicales opposables
Conv. méd., A., 3 févr. 2005 portant CE, 1re et 6e ss-sect. réunies, 30 nov. 2005,
12 janv. 2005 approbation de la convention nº 278291 : annulation de certaines dispositions de
nationale des médecins l’arrêté d’approbation
généralistes et des médecins
spécialistes : JO 11 févr. 2005,
p. 2275.
Règl. arbitral A., 3 mai 2010 portant
organisant les approbation du règlement
rapports entre arbitral applicable aux médecins
les médecins libéraux en l’absence de
libéraux et convention médicale : JO 5 mai
l’assurance 2010, p. 8110
maladie
Conv. méd., A., 22 sept. 2011 portant • CE, 1re et 6e ss-sect. réunies, 22 oct. 2014,
26 juill. 2011 approbation de la convention no 364384 : annulation de l’arrêté du 29 novembre
nationale des médecins 2012 en tant qu’il approuve l’article 4 de l’avenant
généralistes et spécialistes : no 8 à la convention nationale organisant les rapports
JO 25 sept. 2011, p. 16080 entre les médecins libéraux et l’assurance maladie
signée le 26 juillet 2011
• CE, 1re et 6e ss-sect. réunies 17 mars 2014,
no 353154 : annulation de l’arrêté du 22 septembre
2011 en tant qu’il approuve les clauses de l’article 30
et de l’article 79 de la convention nationale des
médecins généralistes et spécialistes du 26 juillet
2011.
Conv. méd., A., 20 oct. 2016 portant
25 août 2016 approbation de la convention
nationale organisant les rapports
entre les médecins libéraux et
l’assurance maladie signé le
25 août 2016 : JO 23 oct. 2016,
texte nº 10
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CHAPITRE 4 – Le contentieux conventionnel 165
par LRAR. Ils doivent également en adresser une copie aux présidents des deux sections de la CPL,
c’est-à-dire de la section professionnelle et de la section sociale. Le relevé des constatations
contient les manquements reprochés, les sanctions encourues, les délais de réponse et une infor-
mation sur la possibilité de demander un entretien ou de transmettre des observations écrites.
Une fois qu’il a reçu le relevé des constatations, le médecin a un mois pour présenter, le cas
échéant, ses observations écrites par LRAR. Il peut également être entendu s’il en fait la demande
par le directeur de la caisse ou son représentant et un praticien-conseil du service médical. À cette
occasion, il peut se faire assister par un avocat et/ou un confrère qu’il choisit librement.
Deux issues sont ici susceptibles de se présenter :
– soit les manquements justifient la poursuite de la procédure. La caisse dresse alors un compte
rendu d’entretien et le verse aux débats après en avoir avisé la CPL. Ce compte rendu est signé
par le directeur et le médecin. Si ce dernier ne le signe pas, la procédure peut tout de même se
poursuivre ;
– soit la caisse met fin à la procédure si elle l’estime opportun. Elle doit alors nécessairement
aviser la CPL tant de l’entretien que de cet abandon et un compte rendu doit également être
rédigé.
Si le médecin, tout en ayant initialement modifié sa pratique à la suite de l’avertissement, renou-
velle les faits reprochés dans un délai de 3 ans, la CPAM procède à l’envoi du relevé des
constatations.
3) Examen par la CPL (ann. 24, art. 1.3)
• D ÉLAIS
La procédure se poursuit par la troisième phase, à savoir l’examen par la commission paritaire
locale. Lorsque les manquements sont dûment établis, la caisse demande au président de la CPL
de la réunir. La réunion est de droit et doit se tenir dans un délai de maximum 60 jours. Ce délai
commence à courir à compter de la réception des observations ou de l’entretien ou, à défaut, à
compter de l’expiration du délai d’un mois – depuis la réception du relevé des constatations –
pendant lequel le médecin aurait pu être entendu ou présenter ses observations.
• D OUBLE INFORMATION
L’annexe de la convention réglemente ensuite les modalités de transmission de l’information,
laquelle doit doublement transiter :
– divers documents doivent d’abord être transmis aux membres de la CPL au moins 15 jours avant
la réunion. Il s’agit plus particulièrement de l’ordre du jour, qui doit être accompagné du cour-
rier d’avertissement, du relevé des constatations, des observations du médecin, du compte
rendu d’entretien s’il a eu lieu et de tout document utile ;
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168 L’ESSENTIEL DU CONTENTIEUX DE LA SÉCURITÉ SOCIALE
Que l’avis de la CPL ait été rendu en formation plénière ou de manière alternative par la formation
médecins, l’avis doit ensuite être transmis au médecin. Vient alors la phase de décision et de noti-
fication de la sanction.
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170 L’ESSENTIEL DU CONTENTIEUX DE LA SÉCURITÉ SOCIALE
Pour les médecins exerçant en secteur II ou titulaires d’un droit à dépassement permanent, la
sanction est d’un montant équivalent à la participation que supporteraient les caisses au finan-
cement de leurs avantages sociaux, sur une durée de 3 mois, s’ils exerçaient en secteur à hono-
raires opposables. En cas de nouveau manquement après sanction définitive prononcée pour le
même motif, la sanction peut être portée à 6 mois de suspension ;
– la suspension de la possibilité d’exercer dans le cadre de la convention. Cette suspension
constitue la sanction la plus forte. Elle peut être prononcée avec ou sans sursis. Elle peut être
temporaire ou prononcée pour la durée d’application de la convention. Si la mise hors conven-
tion dure 3 mois ou plus, la participation de la caisse aux avantages sociaux est supprimée
pendant cette durée. Si un sursis a été prononcé, la sanction de mise hors convention devient
exécutoire si, dans un délai de 2 ans à compter de la notification de la première sanction, la
CPL relève de nouveaux manquements réalisés par le médecin. La deuxième sanction qui serait
alors prononcée vis-à-vis de ces nouveaux manquements pourrait alors se cumuler avec celle de
mise hors convention. Le sursis ne s’applique pas dans deux cas :
• d’une part, en cas de suspension de la participation des caisses à la prise en charge des avan-
tages sociaux inhérente à la procédure de mise hors convention,
• d’autre part, en cas de suspension du droit permanent à dépassement ou du droit de prati-
quer des honoraires différents.
La situation du médecin placé hors convention est particulièrement délicate. En effet, il ne peut se
faire remplacer pendant la durée de la mise hors convention ni exercer en tant que remplaçant
d’un médecin libéral conventionné (conv. méd., art. 87).
Lorsque la sanction a été rendue, elle peut faire l’objet de deux types de recours : la procédure de
recours conventionnel et le recours contentieux.
a) Recours consultatif devant la CPR (ann. 24, art. 2 et conv. méd., art. 88)
Composition et rôle des commissions paritaires régionales (Conv. méd., art. 83)
Une commission paritaire régionale est créée dans chaque région. Les CPR sont mis en place
dans les 3 mois suivant l’entrée en vigueur de la convention. La CPR se compose de deux
sections :
– la section professionnelle qui comprend 12 représentants titulaires des organisations syndi-
cales représentatives des médecins libéraux signataires de la convention (6 généralistes et 6
spécialistes) ainsi que 12 suppléants ;
– la section sociale qui comprend 12 représentants titulaires de l’UNCAM ainsi que 12 suppléants.
Un représentant du Conseil de l’ordre des médecins participe aux séances de la CPR.
La « formation médecins » – qui est susceptible de se réunir dans le cadre de la procédure des
art. 85 et annexe 24 de la conv. – se compose de :
– la section professionnelle de la CPR en formation plénière, soit les 12 représentants titulaires ;
– quatre médecins-conseils de l’UNCAM qui siègent dans la section sociale de la CPR. Ils
possèdent alors chacun 3 voix.
La CPR a pour mission d’assurer la coordination de la politique conventionnelle au niveau de
la région. Elle se réunit :
– en formation orientations pour délibérer sur les orientations de la politique conventionnelle
au niveau régional ;
– en formation exécutive, notamment lorsqu’elle émet un avis sur
• le recours suspensif formé par un médecin à l’encontre duquel une sanction a été décidée
par les caisses (art. 86 et s.) ;
• les situations de pratiques tarifaires excessives qui lui sont soumises par le directeur de la
CPAM du lieu d’implantation d’exercice principal du médecin. Son avis porte alors tant sur
le caractère sanctionnable de la pratique que sur la nature et le quantum de la sanction.
1) Cas d’appel
Il est possible de saisir la commission paritaire régionale d’un recours consultatif lorsque le
médecin fait l’objet de trois types de décisions :
– lorsque le médecin fait l’objet d’une mise hors convention d’une durée inférieure ou égale à
1 mois ;
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CHAPITRE 4 – Le contentieux conventionnel 173
– lorsqu’il y a eu suspension de la prise en charge des cotisations sociales d’une durée inférieure
ou égale à 6 mois ;
– en cas de suspension de la participation de l’assurance maladie aux cotisations sociales ou lors
d’une sanction financière équivalente en cas de non-respect de manière systématique de l’obli-
gation de transmission électronique des documents de facturation.
Dans l’hypothèse où la formation médecin de la CPL aurait préalablement été saisie, la formation
médecin de la CPR est compétente en tant que commission d’appel (ann. 24, art. 2.1.1).
2) Délais et modalités de saisine
La commission paritaire régionale peut être saisie par le médecin dans les 2 mois qui suivent la
réception de la notification de la décision de la CPL. La saisine se fait par LRAR adressée au prési-
dent de la CPR (ann. 24, art. 2.1.2).
À côté de ce recours consultatif formé devant la commission paritaire régionale, il existe égale-
ment des cas de recours consultatif devant la commission paritaire nationale.
b) Recours consultatif devant la CPN
-- ---- --- ---- ---- --- ---- --- ---- --- ---- ---- --- ---- --- ---- --- ---- ---- --- ---- --- ---- --- ---- ---- ---
Le représentant de l’UNOCAM n’est pas présent lorsque la CPN se réunit en formation
restreinte, notamment à l’occasion de l’examen d’un recours consultatif formé par un
médecin à l’encontre duquel une sanction a été décidée par les caisses dans les conditions de
l’article 85 de la convention (voir supra). Le Président de la section professionnelle dispose
alors d’une seule voix.
– un représentant du Conseil de l’ordre des médecins qui participe aux séances de la CPN à
titre consultatif. Celui-ci n’est pas habilité à assister aux délibérations de la CPN lorsqu’elle
se réunit pour instruire une procédure de sanction conventionnelle à l’encontre d’un
médecin (Conv., ann. 23).
Lorsque la CPN se réunit en « formation médecins », elle se compose exclusivement de médecins :
– douze d’entre eux appartiennent à la section professionnelle en formation plénière ;
– quatre médecins-conseils de l’UNCAM siégeant dans la section sociale de la CPN en formation
plénière. Ils disposent chacun de trois voix.
La CPN a une « mission générale de suivi de la vie conventionnelle et du respect des engage-
ments respectifs des parties ». Dans ce cadre, elle « a une double vocation d’impulsion et de
coordination des actions menées tant au niveau national que local en application de la
convention ». La CPN peut se réunir en formation orientations ou en formation exécutive :
– en formation orientations, elle délibère sur les orientations de la politique conventionnelle et
plus particulièrement sur un certain nombre de thématiques listées par l’article 80. 3 de la
convention médicale ;
– en formation exécutive, elle a notamment la charge :
• de veiller au respect des dispositions conventionnelles par les caisses et les médecins au
niveau local ;
• d’émettre un avis sur le recours consultatif formé par le médecin à l’encontre duquel une
sanction a été décidée par les caisses dans le cadre de la procédure décrite aux art. 85 et
à l’annexe 24 de la convention.
1) Cas d’appel
La commission paritaire nationale peut également être saisie à titre de commission d’appel dans
trois hypothèses :
– lorsque le médecin a fait l’objet d’une décision de mise hors convention d’une durée supérieure
à 1 mois ;
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CHAPITRE 4 – Le contentieux conventionnel 175
– lorsque le médecin a fait l’objet d’une suspension de la prise en charge des cotisations sociales
d’une durée supérieure à 6 mois ;
– pour les sanctions de suspension du droit permanent à dépassement et du droit à pratiquer des
honoraires différents ou, quelle que soit sa durée, pour toute sanction applicable en cas de
pratique tarifaire excessive (ce troisième cas figure bien dans l’article 88 de la convention, mais
pas dans l’annexe 24, art. 2.2.1, issue d’un arrêté du 1er août 2018).
Si la formation médecin de la CPL a été initialement saisie, la formation médecin de la CPN inter-
vient en tant que commission d’appel (ann. 24, art. 2.2.1).
2) Délais et modalités de saisine
En ce qui concerne les délais et les modalités de saisine de la CPL, on retiendra que la CPL peut
être saisie par un médecin dans un délai de 2 mois suivant la date de réception de la notification
de la sanction. La saisine se fait par LRAR. Elle doit être adressée à l’UNCAM et au secrétariat de la
CPN (ann. 24, art. 2.2.2).
Les compétences matérielles de la CPR et de la CPN sont exclusives l’une de l’autre. Les recours
consultatifs menés devant ces deux organes obéissent néanmoins à des dispositions communes.
L’avis est ensuite notifié par LRAR dans les 30 jours suivant la réunion de la commission au
médecin et aux directeurs des caisses qui ont décidé de la première sanction (ann. 24, art. 2.3.4).
À l’issue du recours consultatif devant la commission, les directeurs des caisses qui ont décidé de
la première sanction ont une option. Ils peuvent :
– soit modifier la sanction initiale afin de tenir compte des éléments nouveaux apportés par la
commission d’appel ;
– soit maintenir la sanction initiale.
La décision est enfin notifiée au médecin par LRAR dans les 30 jours de la réception de l’avis de la
commission. La notification – qui est à l’initiative des directeurs des caisses membres de l’UNCAM
du même ressort géographique – doit préciser les voies et délais de recours (contestation devant la
juridiction compétente, v. infra) et la date d’application de la décision. Cette dernière ne peut pas
intervenir moins de 15 jours après la date de la décision (ann. 24, art. 2.3.5).
Dans l’hypothèse particulière où la sanction aurait été prononcée à l’encontre d’un médecin exer-
çant en secteur II ou titulaire d’un droit à dépassement permanent et viserait un cas de manque-
ment lié au non-respect systématique de l’obligation de transmission électronique des documents
de facturation, la notification doit indiquer que si le médecin ne paye pas dans le délai alloué, le
directeur de la caisse procédera au recouvrement dans les conditions de droit commun (ann. 24,
art. 2. 3. 5).
Le contenu du relevé est clairement délimité. Il doit préciser les éléments susceptibles de constituer une
pratique tarifaire excessive. En outre, le médecin doit recevoir les valeurs moyennes des critères lui
permettant de comparer sa pratique à celle des médecins de la même spécialité au niveau national et
régional et/ou départemental. Enfin, le médecin doit être informé des sanctions encourues, des délais
de réponse et de la possibilité de demander un entretien ou de transmettre des observations écrites.
Lorsqu’il reçoit le relevé des constatations, le médecin a un mois pour présenter ses observations
écrites. Il peut, en outre, demander à être entendu par le directeur de la caisse ou son représentant.
Il s’agit là de simples facultés, qui peuvent se cumuler ou non. L’assistance par un avocat et/ou un
membre de la profession inscrit au conseil de l’ordre est ouverte et laissée au libre choix du médecin.
Si un entretien a été sollicité, un compte rendu doit être rédigé et signé par le médecin et le direc-
teur de la caisse ou son représentant. Le fait que le médecin n’ait pas apposé sa signature
n’empêche pas de poursuivre la procédure. Le compte rendu doit ensuite être versé aux débats
lors de la réunion de la CPR, qui constitue la phase suivante de la procédure.
d) Examen par la CPR (ann. 24, art. 3.3)
Si les faits reprochés apparaissent suffisants, la procédure se poursuit par la saisine du président de la
commission paritaire régionale. La CPR est convoquée et, à cette occasion, ses membres doivent rece-
voir la lettre d’avertissement, le relevé des constatations, les observations éventuelles du médecin, le
compte rendu de l’entretien si celui-ci a été demandé, ainsi que tout autre document utile.
Afin de garantir le contradictoire, le médecin doit être informé de la date de la séance de la CPR. Il
peut demander à être entendu et peut, s’il le souhaite, bénéficier de l’assistance d’un confrère et/
ou d’un avocat. Il peut également produire un mémoire en défense, à condition de l’envoyer au
secrétariat de la commission au plus tard 3 jours avant la réunion. À défaut de demande en ce
sens du professionnel, la commission émet en principe son avis sur pièces. L’avis est émis dans
les conditions définies aux articles 83.1 et suivants de la convention. Les règles de votes sont simi-
laires à celles déjà présentées (ann. 23, art. 2.2). L’avis de la CPR doit être motivé en se fondant sur
les différents éléments susceptibles de caractériser une pratique tarifaire excessive ainsi que, le cas
échéant, sur la violation des dispositions législatives ou réglementaires. Il doit être rendu et notifié
dans un délai de 3 mois calendaires, à défaut de quoi il est réputé rendu.
Lorsque la CPR considère qu’une suspicion de manquement à la déontologie médicale ressort du
dossier, elle doit produire un argumentaire afin de demander au directeur de la CPAM de porter
plainte contre le médecin auprès du conseil départemental de l’ordre.
À l’issue de l’émission de l’avis de la CPR vient la phase de prise de décision.
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CHAPITRE 4 – Le contentieux conventionnel 179
d’avis exprimé, à partir de l’expiration du délai dont bénéficiait le président du CNOM pour
émettre son avis.
Pour qu’elle puisse rendre son avis, les membres de la CPN doivent être convoqués. Leur convoca-
tion doit être accompagnée du courrier d’avertissement, du relevé des constatations, des observa-
tions du médecin, du compte rendu d’entretien, de la décision du directeur de la CPAM, de la
saisine du médecin, de l’avis du CNOM et de tout autre document utile.
La CPN se réunit en formation restreinte, c’est-à-dire en dehors de la présence du représentant de
l’UNCAM.
En principe, elle se prononce sur pièces. Cependant, le médecin peut faire valoir ses arguments en
envoyant au plus tard 3 jours avant la séance un mémoire en défense ou en demandant à être
entendu, assisté, s’il le souhaite, d’un confrère et/ou d’un avocat.
L’avis de la CPN doit être motivé au regard des éléments d’appréciation susceptibles de caracté-
riser une pratique tarifaire excessive mais aussi, le cas échéant, au regard du non-respect des
dispositions législatives ou réglementaires.
3) Décision
L’avis de la CPN est ensuite transmis aux directeurs des caisses membres de l’UNCAM du même
ressort géographique afin qu’ils prennent une décision. Si la CPN a émis un avis, ils ne peuvent
prononcer une sanction supérieure à celle proposée par la commission. La décision qui est prise
doit être motivée. Elle doit préciser les voies et délais de recours ainsi que la date à laquelle elle
devra être appliquée, étant précisé que la mise en application de la sanction ne peut intervenir
que 15 jours après la décision. Elle doit être notifiée au professionnel, accompagnée de l’avis de
la CPN. Elle doit en parallèle être communiquée aux présidents des CPN, CPR, CPL et du CNOM.
b) Procédure applicable
Lorsqu’un tel manquement est constaté, le directeur de la caisse du lieu d’exercice du profes-
sionnel a la faculté de décider d’une suspension des effets de la convention après avoir obtenu
l’accord du directeur général de l’UNCAM ou de son représentant désigné à cet effet. Pour ce
faire, il doit notifier au professionnel – par tout moyen permettant de dater la réception – les faits
qui lui sont reprochés ainsi que la suspension envisagée à son encontre.
Lorsqu’il reçoit la notification, le professionnel a alors 15 jours pour demander à être entendu, en
étant assisté, s’il le souhaite, par la personne de son choix. Il peut également présenter ses obser-
vations écrites. Après audition ou réception des observations écrites ou, à défaut, à l’expiration du
délai de 15 jours, le directeur de la caisse a également 15 jours pour notifier la suspension, qui doit
faire l’objet d’une décision motivée. S’il ne le fait pas, la procédure est réputée abandonnée.
La suspension provisoire ne peut être supérieure à 3 mois. Ainsi, en parallèle, le directeur de la
caisse doit engager une procédure de déconventionnement.
Le professionnel faisant l’objet d’une suspension provisoire peut saisir le tribunal administratif en
référé contre la décision du directeur. En effet, tout comme dans le cadre des autres procédures,
les voies de recours contentieuses sont ouvertes.
■ Recours contentieux
Les modalités du recours contentieux à l’encontre des décisions prononçant des sanctions conven-
tionnelles ont fait l’objet d’une évolution en trois temps :
– dans un premier temps, la loi nº 75-603 du 10 juillet 1975 (loi no 75-603 du 10 juillet 1975 rela-
tive aux conventions entre les caisses d’assurance maladie du régime général de la sécurité
sociale, du régime agricole et du régime des travailleurs non salariés des professions agricoles
et non agricoles et les praticiens et auxiliaires médicaux : JO, 11 juillet 1975, p. 7127) prévoyait
qu’« en cas de violation des engagements conventionnels par un membre de l’une des profes-
sions intéressées, la CPAM peut décider [...] de le placer hors de la convention » (art. 3). « Les
litiges pouvant survenir à l’occasion de l’application [de ces dispositions] sont de la compétence
des tribunaux administratifs » (art. 4) ;
– dans un second temps, l’ordonnance du 24 avril 1996 (ord. no 96-346 du 24 avril 1996 relative
à la maîtrise médicalisée des dépenses de santé : JO, 25 avril 1996, p. 6311) [...] est revenue sur
cette règle. Son article 28, I disposait en effet que « les litiges pouvant survenir à l’occasion de la
décision d’une CPAM de placer un professionnel hors de l’une des conventions [...] sont de la
compétence des tribunaux des affaires de sécurité sociale ». Cette ordonnance modifiait donc
l’ordre de juridiction compétent, puisque le contentieux conventionnel était confié aux juridic-
tions de l’ordre judiciaire ;
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182 L’ESSENTIEL DU CONTENTIEUX DE LA SÉCURITÉ SOCIALE
– cette solution a toutefois été remise en cause par une décision du Tribunal des conflits en date
du 20 octobre 1997 (T. confl., 20 oct. 1997, nº 03032), qui a constitué le troisième temps de
l’évolution. Dans cette affaire, un infirmier libéral avait saisi le tribunal administratif de
Montpellier d’un recours en annulation d’une décision de déconventionnement. Le tribunal
administratif de Montpellier s’étant déclaré incompétent, l’infirmier saisit le TGI de Carcassonne
aux fins de condamnation des caisses à l’indemnisation du préjudice subi du fait de cette
décision. Le TGI retient que la juridiction judiciaire est incompétente et renvoie devant le
Tribunal des conflits. Selon le Tribunal des conflits, l’article 34 de la Constitution confère au
législateur le soin de fixer les limites de la compétence des juridictions administratives et
judiciaires. Le pouvoir réglementaire ne peut intervenir dans ce domaine, à moins d’avoir été
habilité à intervenir par voie d’ordonnance dans le domaine législatif. Si en l’espèce il y a bien
eu habilitation, la loi du 30 décembre 1995 n’a pas habilité le gouvernement à agir sur le point
litigieux. En outre, l’ordonnance de 1996 n’a pas été ratifiée (si bien qu’elle a gardé valeur
réglementaire). Ainsi, les juridictions administratives demeurent compétentes pour connaître des
litiges relatifs à la mise hors convention d’un auxiliaire médical. Cette solution a été confirmée
tant par le Conseil d’État (CE, 1re et 4e ss-sect. réunies 1er déc. 1997, no 176352) que par la
Cour de cassation (Cass. soc., 19 juill. 2001, no 00-13.503 : Bull. civ. V, no 289, p. 231).
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BIBLIOGRAPHIE 185
58500 Clamecy
Dépôt légal : novembre 2019
Numéro d’impression : 910708
Imprimé en France
L’essentiel
un point actualisé
Auteurs Sommaire
Anaëlle Cappellari est Maître de conférences à
la faculté de droit d’Aix-Marseille Université et
L es contentieux relevant du
Contentieux
du juge judiciaire
membre du Centre de droit social (EA 901). - L e contentieux de
Delphine Ronet-Yague est Maître de conférences la sécurité sociale
à la faculté de droit d’Aix-Marseille Université et - L ’expertise médicale
membre du Centre de droit social (EA 901). Les contentieux ne relevant pas
de la
du juge judiciaire
- L e contentieux du contrôle
technique
Public
- L e contentieux conventionnel
sécurité
- Étudiants en Licence et Master Droit
- Étudiants du 1er cycle universitaire
(Droit, Science politique, AES)
- Étudiants au CRFPA et candidats à l’ENM
sociale
- Praticiens des professions juridiques
et judiciaires
D. Ronet-Yague
A. Cappellari
Prix : 15,50 e
ISBN 978-2-297-07144-4
www.gualino.fr